Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-11-29
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 novembre 1908 29 novembre 1908
Description : 1908/11/29 (A2,N426). 1908/11/29 (A2,N426).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76460796
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2e Année. »= N° 426 (Quotidien)
Le Numéro : S centimes
Dimanche 29 Novembre 1908
:7q%
I Rédacteur en Chef : Q, de PAWLOWSKl
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : C0MŒD1 A-PARIS
ABONNEMENTS
UN AN ..018
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 > 20 »
REDACTION & ADMINISTRATION S 1
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Numéro provisoire : 401-46
ABONNEMENTS
UN AN a mais
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 »
Un Écart
Voyez-la passer sur le boulevard, fine,
rapide, sérieuse, irréprochable, sans un
grain de poussière ou de boue, de l'ex-
frémité de la plume légère de son petit
chapeau harmonieusement fondu dans la
chevelure, jusqu'au talon bien ciré des bot-
tines au bout verni. Elle semb1, être la
jeune fille à dot honorable qui regagne sans
retard le logis de la rue du Bac. Comment
la maman n'est-elle pas aux côtés de son
enfant, l'accompagnant fidèlement dans tou-
tes ses courses ? Et le père : un haut ma-
gistrat, un président de section au Conseil
d:Etat, un important directeur dans un mi-
nistère !. De bonnes vieilles rentes, cer-
tes, coulent dans la famille, et depuis des
générations, sans doute, pour. que l'allure
de la fillette se soit ainsi aristocratisée, que
tout en ses gestes soit gracieux et sobre,
même sa façon jolie de se ganter, de tenir
son parapluie mince et correct, de tirer sa
Blette mollement et parfois, pour la re-
Pousser un peu, de faire une gentille moue
avec ses lèvres un peu pâles.
Un peu pâles. oui. Que je vous dise:
Rosette Ninon, contrairement aux apparen-
ts, n'est point une .bourgeoise. Elle n'a
Point de dot, point de rente, point de père
« pourvu » et de mère attentive. Elle ga-
gne cent soixante-cinq francs par mois. Elle
est honnête et sage, habite un sixième au
Pont-de-Flandre, et se contente de ses huit
louis et quart. Elle parvient à équilibrer
son budget et à donner l'illusion de la pe-
tite mondaine du boulevard Saint-Germain
- quand elle est la petite travailleuse de la
rue de Joinville. Dame! il ne doit pas, vers
le vingt-sept ou le vingt-huit, rester grand'-
chose dans la vieille bourse qui sert de
coffre-fort et qui est cachée parmi les mou-
choirs dans l'armoire de l'unique chambre,
^à-haut, à Belleville. Les repas, forcément,
s en ressentent, alors, jusqu'au premier,.
le sang s'affaiblit, les lèvres pâlissent.
1 Cependant, les difficultés du début sont
loi n. A dix-neuf ans, orpheline sans doute,
,en tout cas terriblement toute seule dans la
^®pitale, elle se mit à potasser la science
z* Duployé ou celle de Provoât-Delaunay.
:far quels miracles arriva-t-elle, pagnant le
leur quelques francs à des travaux minus-
cules, couture ou lingerie; par quels prodi-
ges parvint-elle à « faire » successivement
Quarante, cinquante, soixante-dix mots à
él. nlIoute », et enfin à atteindre le chiffre
creusement recherché de cent mots aux
Axante secondes. C'est (te qu'expliquera
ceJui qui expliquera aussi, l'existence ac-
tuelle de Rosette Ninon. Parallèlement à la
Rapidité, notre petite héroïne s'était exercée
a la machine à écrire: c'était plus amusant,
cela; les progrès étaient plus pro.mpts. Et
voici qu'un beau jour, la chance la proté-
geant, Rosette avait été envoyée chez un
avocat par la maîtresse du cours du soir -
a l'essai i avait-elle dit.
En effet, l'avocat ayant eu la dizaine de
lettres qui lui était nécessaire trouva su-
perflu de poursuivre l'expérience et décou-
vrit d'irrémédiables tares à sa jeune em-
ployée. Il regretta, il la salua, et ne lui
PaYa rien.
Elle ragea, pleura, se désola, attendit, fit
Quelques suppléances, et finalement tout de
même fut agréée aux « Compagnies des
gavons et sulfates réunies ». Cent quarante
francs par mois pour commencer. Elle y est
a huit heures du matin et s'en va le soir à
sept heures. Trois f OIi S, huit ou dix mois
d'intervalle, ses appoinftments furent aug-
mentés de cinq francs. ftlle en est là.
Ce qui ne l'empêche pas d'avoir un gros
Défaut charmant. Elle est coquette, terri-
blement coquette — elle aime trop les jo-
lits choses. Mais quoi, Paris en est bien un
~U la cause ! Comment, étant femme et
Passant tous les jours entre la Madeleine
et-v le Cardinal, serait-on insensible aux
plaisirs de la toilette?
Assez raisonnable pour savoir se passer
de ce qu'elle ne peut se procurer — il le
faut bien, mais avec quels regrets! Des
dentelles, surtout, elle raffole. Depuis des
Itiois et des mois elle admire presque cha-
(ue jour celles que vend une maison instal-
le tout près des boulevards, dans une rue
qUi leur est perpendiculaire. Certaines sont
tavissantes, de ces dentelles, si légères, si
qu'elïes semblent délicates comme la
Quille ancienne, sans parenchyme, que les
fanées ont rendues transparentes, diapha-
'~s, et décolorées; d'autres, plus robustes,
rivent au contraire défier le temps avec
çUr tracé rigoureux et net de dessins symé-
tt-lques. d'autres encore sont d'un point bi-
i.arre qui paraît avoir été fait pour dérouter
es recherches même du connaisseur.
Toute l'exposition de la boutique étroite,
Jais réputée, est comme saupoudrée de
'cilxe. Et Rosette, attirée, regarde, étudie,
t'Hnaît par cœur l'étalage, remarque cha-
1"2 jour le changement apporté à la vitrine
fc la veille, observe, mesure — sans ins-
.■t.l^nient, à vue d'œil— d'un œil allumé
envie.
Une circonstance la sauve : elle est pres-
sée. Que ce soit le matin, ou bien après
le déjeuner, ou encore en sortant du bu-,
reau il faut qu'elle se hâte. Elle ne peut
s'attarder trop longuement à ces joies gra-
tuites de la capitale: ce n'est pas le désir
qui lui manque, mais le temps.
L'autre fois, pourtant, en semaine, les
savonneries donnèrent l'après-midi à leur
pe. rsorinel » On faisait l'inventaire. Rosette
disposait donc de plusieurs heures. Elle put
flâner à son aise. Sa boutique préférée, na-
turel ^eiTt' la retint. C'est que cette fois,
on avait sorit tout un lot adorable de den-
tëlles ^?Ur éventails. Quels insectes de gé-
nie avaient ainsi dépouillé jusqu'à la trame
le lin ge ?n qui paraissait devoir s'émietter
de la ge qui paraissait devoir s'émietter
de la main. Cette pensée de la main fouil-
lant 1'ls beautes du magasin remua Rosette.
Tant tT - elle avait le temps. La boutique
était vide baissant le bec de cuivre, pous-
&ant la Porte, Rosette entra. Et tout aussi-
tôt, devant la vieille dame correcte aux che-
veux ^ji ncs imposants, elle regretta son
audace imposants, elle regretta son
— Je venais seulement, madame, pour
savoir le prix de.
- Mais asseyez-vous, madame. De
quelle pièce voulez-vous parler?
— De celle-ci, au fond. Mais le prix
seulement. Je ne puis acheter aujourd'hui!
— Qu'importe, madame. Je suis à votre
disposition. Asseyez-vous, je vous en prie.
Rosette dut s'asseoir. La lingère, bonne
commerçante, chercha la pièce désignée, en
chercha d'autres, tira de longues boîtes
plates, monta sur des escabeaux, donna des
explications.
Un instant, Rosette avait été interdite.
Maintenant, grisée par la vue et le con-
tact d'objets qui lui paraissaient les plus
beaux du monde, elle se laissait entraîner
dans la douceur de vivre même une seule
minute une vie qu'elle ne croyait point
faite pour elle — et qu'elle voyait toujours
à travers la glace épaisse de la boutique.
— Voici du malines, madame, dont le
motif est assez, rare.
C'était une fleur étrange aux bords en-
tourés d'un fil plat et qui se répétait mé-
thodiquement.
.-Voyez. -
La patronne aimait à montrer ses tré-
sors, elle le faisait avec une sorte de jouis-
sance, étendant sur ses poignets encore po-
telés les réseaux des pièces qu'elle dérou-
lait, soulignant la particularité de chacune,
s'excitant elle-même en excitant sa
« cliente »,
— Et ce vieux valenciennes que nous
n'avons pas voulu céder pour douze cents
francs 1
Rosette faisait un geste.
— Oh ! mais, madame, cela ne fait rien.
Je vous la montre simplement, parce que je
vois que vous vous y connaissez. Vous
achèterez ce que vous voudrez, quand;
vous voudrez!
Et le défilé reprenait. Malines, bruges,i
valenciennes; valenciennes, bruges, ma-
lines. Et le point d'Alençon. Et le tissu,
du Velay. Et les ouvrages de Bruxelles.
Et le caen. Et le venise. Toute la gamme
des blancs et des jaunes se trouvait éparse
sur la table, en un désordre enchanteur,
soumise à Rosette Ninon, dactylographe à
cent soixante-cinq francs, par la digne pa-
tronne peut-être millionnaire.
Les rosaces d'un blanc éclatant, et les,
petits arceaux crème, et le festonné plus
écru, et les cols à jour, et les entre-deux
insaisissables et les longues guipures, et
les fragiles antiquités du Puy, et la,
(( blonde » en soie légère, et la « noire » •
qui venait de Bayeux.
Rosette était bien loin, bien loin. Le
bruit de la porte qu'on ouvre, la ramena
aux moins enchanteresses réalités. Une
acheteuse entrait emmitouflée dans le noir
liseré de blanc d'astrakan et. Qe zibeline.
Rosette en profita.
— Merci, madame. Je réfléchirai, je re-
viendrai.
Vite, le cœur gonflé, elle s'en alla. -
Dehors, elle eut un sanglot, s'écarta
dans un passage, pleura quelques secondes
releva sa voilette, s'épongea les yeux, pas-
sa sur son visage le soupçon de poudre
sans lequel, bien sûr, elle ne saurait être
elle-même, regarda dans le miroir étroit
d'une boutique, replaça selon son geste
coutumier sa coiffure, tira sa voilette, pous-
sa un soupir et repartit, légère et vive.
La petite bourgeoise, élégante et cossue
regagnait sa chambrette de la rue de Join-
ville, là-bas, au Pont de Flandre.
Jacques MAY.
Nous publierons demain un article de
DAVIN DE CHAMPCLOS
Pièces blanches
Je ne sais si l'essai de lecture publique
d'une pièce nouvelle, donné à l'Odéon,
sera suivi d'essais analogues, mais on peut
penser dès maintenant que cette tentative
sera sans lendemain.
Elle a été dictée, on le devine, par l'ar-
dent désir qu'ont tous les directeurs et les
auteurs d'être renseignés à l'avance sur le
succès que peut remporter une pièce au-
près d'un collaborateur que l'on ne prévient
qu'au dernier moment, je veux parler du
public, et l'on essaie de le figurer a l'avance
par des comités de lecture toujours plus
nombreux.
Il suffit cependant d'avoir assisté à une
seule répétition de couturières pour savoir
combien un pareil procédé est utopique.
Rien ne vaut, en effet, on l'avouera, une
pareille répétition. A peu de chose près,
tout s'y trouve présenté comme dans une
représentation courante : mêmes décors,
mêmes costumes, mêmes jeux de scène,
même salle manifestant son opinion, accla-
mant les interprètes ou félicitant les au-
teurs, et cependant il- suffit Que quelque
chose soit dérangé dans cette machine in-
finiment fragile, qu'un photographe prenne
un cliché, que le régisseur apparaisse un
moment sur la scène, pour que l'impres-
sion soit entièrement faussée, et l'on n'en
est plus à citer les cas où une pièce fut
accueillie avec enthousiasme aux répéti-
tions particulières, Qui ne connut ensuite
que l'indifférence du public.
Sans décors, sans costumes, sans acteurs,
que peut être l'impression produite par une
lecture publique ? Comment s'intéresser à
ce monsieur en habit noir qui nous appren-
dra : qu'elle fait trois pas vers la droite, re-
monte vers le fond, se ravise soudain et
prononce enfin ce simple mot: Oui.
Comment se passionner lorsque le même
orateur nous annoncera que le vengeur se
lève lentement de son fauteuil et s'écrie
sourdement : Voici ma. — long jeu
dî scène, Edouard sort lentement un revol-
ver de sa poche, le dirige vers sa tempe,
s-î i avise, vise son adversaire qui est tou-
jours en train d'écrire, et le tue — ré-
ponse!
Comme il serait plus simple de jouer la
pièce à la courte vaille, de mettre des noms
Jans un chapeau et le chapeau au vestiaire !
G. DE PAWLOTSKI.
Échos
B
loc-notes de la semaine.
Mardi, aux. Nouveautés, reprise
d'Occupe-toi d'Amélie, de M. Georges Fey-
deau; — Aux Folies-Dramatiques, pre-
mière représentation (à ce théâtre) du
Petit Faust, d'Hervé (répétition générale,
lundi) ; — Au Vaudeville, reprise de Ma-
riage d'Etoile, de MM. Bisson' et Georges
Thurner.
Mercredi, à l'Ambigu, première repré-
sentation de La Boscotte, de Mme George
Maldague (répétition générale, mardi soir) ;
—Au Théâtre Michel, première représenta-
tion de: LefPoulailler, de M. Tristan Ber-
nard; Après.-, de M. Sacha Guitry; As-
seyez-vous, de MM. Pierre Mortier et An-
dré Mycho (répétition générale mardi).
Vendredi, au théâtre Femina, pour les
représentations de « La Renaissance tragi-
que », première représentation de : Le
Tasse, de M. Paul Souchon (répétition gé-
nérale, jeudi soir).
Samedi après midi, à la Comédie-Fran-
çaise, répétition générale de: Le Foyer, de
MM. Octave Mirbeau et Thadée Natanson.
Nous aurons, en outre, à des dates ncm
encore déterminées :
A l'Odéon, Le Poussin, de M. Edmond
Guiraud.
A la Renaissance, L'Oiseau blessé, de M.
Alfred Capus.
Au théâtre Mévisto, LI Affaire des Va-
riétés, de M. Gabriel Timmorv.
Aux Folies-Bergère, La Revue, de M.
P.-L. Fiers.
AU THÉÂTRE on ART*
(H. Manuel, phot.)
Mlle Bertile Leblanc
(Madame Bouzin. dans « Monsieur Mesiafl »}
u
n joli mot de Godefroy de Bouillon.
A deux pas de la Madeleine. Trois
heures — du matin — on fume de bons
cigares, on parle théâtre. Tout le monde est
retour d'une générale à musique. On parle
de la pièce, des auteurs. On vante le talent
du compositeur, on l'égratigne un peu ; on
lui prête du génie: il entre. Poignées de
mains. Félicitations. Adulations. Silence.
M. Alexandre Duval, le directeur des* fa-
meux bouillons qui portent son nom, lançant
un coup d'œil malin, risque d'une voix dou-
cereuse :
— Il faut tout de même que vous ayez
un f. talent pour reconnaître votre mu-
sique là-dedans!
Ternes froid. Tziganes. Champagne I
F
éminin, masculin?
En pleine répétition, un directeur, M.
Porel, arrête un mouvement et s adresse a
un de ses pensionnaires:
— Mon cher petit, vous n'y êtes pas du
tout. Ça n'est pas ça. A ce moment, vous
sortez en ressentant 'un sorte d'émotion
que vous comprenez depuis huit jours.
L'auteur — c'était Victorien Sardou -
la main crispée sur le foulard blanc qui ne
le quittait jamais, rectifie à mi-voix, en riant
de bon cœur:
— Allons! allons!. On ne dit point
un sorte, tu n'es qu'une ânel
La répétition continue.
Q
ui est-ce?
Ouel est celui de nos auteurs dra-
matiques que préfèrent nos comédiennes ?
On répondra, sans doute : Sarah Ber-
nhard préfère Rostand; Bartet, Paul Her-
vieu; Jeanne Granier, Maurice Donnàv;
Berthe Bady, Henry Bataille; Simone, Hen-
ry Bernstein. ; on pourrait continuer la
liste, et ce n'est pas ce que nous voulons
dire. Nous demandons seulement à nos lec-
teurs quel est l'auteur le plus aimable, ce-
lui dont l'amabilité agrée le plus à nos ar-
tistés ?
Est-ce M. Pierre WoW? Est-ce M. Geor-
ges Thurner? Est-ce 1 M. Alfred Capus?
Est-ce M. Paul Gavault? Est-ce M. Geor-
ges Feydeau?
Oui - est-ce?
E
n visite.
Six académiciens sont morts dans
ces derniers temps, mais quatre fauteuils
seulement sont déclarés vacants en ce mo-
ment. Les visites académiques vont, toute-
fois, bon train.
L'autre jour, un candidat, qui sera certai-
nement élu, se présente chez un académi-
cien des plus influents:
— Mon cher maître, lui dit-il, docile aux
lois du cardinal, je viens.
Et le cher maître lui répondit:
— Oui. je sais. Mais, mon cher con-
frère, vous n'y songez pas! Nous sommes
déjà dotize écrivains à l'Académie ! Vous
entendez bien, douze! Vous savez si j'aime
les lettres! Mais, douze!. Franchement,
c'est un peu le tour des autres 1
0
n en a! On en a!.
Un de nos aimables confrères, que
les plaisirs de la table attirent souvent chez
Lapré, ne fut pas peu surpris, l'autre soir,
d'être assailli par un couple de jolies fem-
mes qui s'avançaient, les mains derrière le
dos.
On en a! On en a!
Mais sa surprise ne fut pas longue. Heu-
reuses de leur petit effet, les belles mali-
cieuses lui montrèrent alors chacune une
boîte de Bonbons Comœdia, les savoureux
et délicats Bonbons Comœdia, fabriqués
par Gibert, 68, Chaussée d'Antin.
On en a 1 On en a!
p
arlez au valet.
Ceci n'est pas un conte. Une déli-
cieuse artiste, qui fut une divette exquise,
et s'affirma soudain, il y a quelques années,
aux côtés de Guitry, comme une grande,
une très grande comédienne,dans une pièce
devenue célèbre, sonnait, il y a soixante et
douze heures, à la porte de l'auteur qu'elle
défend — c'est bien le cas de le dire -
depuis quelques représentations.
L'huis s'entre-bâille. Un valet montre sa
face glabre.
— Le maître est visible?
- Monsieur n'est pas là, madame.
- Mais il va rentrer. Je vais l'attendre.
- C'est que.
— C'est que quoi?
— Madame ferait mieux de ne pas in-
sister.
- Comment?
- C'est un conseil que je donne à ma-
dame.
— Un conseil? Mais savez-vous à qui
vous parlez?
- Oui, madame. I
- Et alors?
- Aloré, je préfère le dire tout de suite
à madame, monsieur m'a dit: « Si elle
vient jamais ici, vous la foulerez à la porte.
L'artiste a un haut-le-corps. La porte
s'est refermée, brutalement.
En titubant, la pauvre femme descend
lès quatre étapes; elle monte dans son au-
to, s'effondré sur les coussins et là, san-
glote, sanglote éperdûment.
, Ah! vous fûtes bien disposée, ce soir-la,
pour. paraître, ailleurs, douloureuse, chère
madame 1 ,.- -
L
e f l'ère aîné.
C'est dans une brasserie du quar-
tier où fréquente Paul Mounet. L'excellent
sociétaire, qu'admire tout un auditoire,,
tient un discours vibrant.
— Mon frère est l'être que j'aime et que;
j'admire le plus. J'ai, devant lui, des timi-
dités d'enfant. C'est à peine si j'ose lui;
répondre.
.1 A cet instant, Mounet-Sully entrait par
hasard dans la brasserie et, apercevant son
frère :
—Comment, lui dit-il, pas encore couché T
Tu pars pourtant de bonne heure demain..
—- Toi, s'écria Paul, tu m'em.1
L
'âge d'aimer.
L'excellent artiste Maurice Renaud
sortait de scène avec un de ses camarades
de l'Opéra, vieilli sous le harnais lyrique
et imbu des traditions de l'ancien réper-
toire.
— Ah! mon vieux, lui disait cet ancien
bon chanteur, ancien bel homme aussi,
avec un regard de mépris pour les jeunes
cantatrices qui attendaient dans le foyer —
tout se perd. Elles ne font même plus at-
tention à nous. Comme elles ont changé 1
— Mais non, lui dit Renaud; ce n'est,
pas elles. c'est nous qui avons changé!
c
'est à la marque de Dion-Bouton que
l'automobilisme doit sont dévelop-
pement. Grâce à ses admirables voitures, ;
les profanes furent de suite conquis à la
locomotion nouvelle, et aujourd'hui encore
la quatre cylindres de Dion-Bouton reste
le plus joli chef-d'œuvre de mécanique.
Le Masque de Verre.
Un Coup
de théâtre
RÉVÉLATIONS
SENSATIONNELLES
Le nom mystérieux
M M
oomœdia, seul de tous les Jûliçjiaux. connaî;
maintenant la vérité tout entier \mj. révolution
nera demain Paris. La voici en nata -le» aujour-
d'hui : Comœdia illustré paraîtra te secona uisan
che de Décembre.
Un Théâtre de Luxe
PARIS
Va avoir
aussi
, son
THÉÂTRE-
MICHEL
(Dessin de Sacha GuitryJ
M. Tristan Bernard
M. Michel Mortier n'est pas un directeur ordi-
naire.
Peu enclin à suivre les sentiers rebattus, dé-
goûté des redites banales, il invente des idées
neuves, audacieuses et surprenantes, qu'il réa-
lise infailliblement au mépris de tous les obsta-
cles, si bien qu'on ne sait ce que l'on doit le plus
admirer chez cet homme inlassable, de son ingé-
niosité ou de son énergie.
Appliqué depuis, longtemps à préparer des loi-
sirs choisis à la société élégante, il fut subitement
frappé, voici déjà plusieurs mois, de cette ob-
servation.
— Il n'y a, à Paris, que de trop grandes ou de
trop petites scènes. Ce qu'il faudrait créer, ce
serait un théâtre, un vrai théâtre, qui tiendrait
dans un cadre intime. Il faudrait que les gens
du monde pussent trouver réunis et les joies du
spectacle et les agréments d'un salon.
Il n'était pas aisé de résoudre ce problème.
Mais M. Michel Mortier s'obstina.
Il fit construire, aux numéros 38 et 40 de la
rue des Mathurins, sur l'emplacement d'un jarv
din, un miracle de petite salle qu';Õn. va inaugu-
rer dès le début de cette semaine.
Je suis allé, hier, visiter le magicien qui, de sa
baguette dorée — les travaux d'installation o ni
coûté 500.000 francs —a fait écloré ce palais.
J'ai dû le poursuivre à travers des couloir?
frais de peinture claire. Il surveillait, d'un œil
(Ernesto Brod, phot.)
En Haut: M. Michel Mortier
Au milieu : Un coin de la salie
En bas 1
Les ouvriers terminent la façade
rapide et sûr, la pose d'un tapis, un dernier coup t
de pinceau, un effet d'éclairage.
Enfin, je parvins à le rejoindre sur la scène,
où venait de l'arrêter, enthousiaste et complimen-
teur, M. Serge Basset. *
— Avant de vous parler de ce que je compte
faire, me dit en souriant M. Michel Moitié.,
laissez-moi vous montrer ce que j'ai déjà fait
Il m'entraîne alors à travers des salons
t
M. !~ah~ Quitry
.1 M* de Max
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Un Écart
Voyez-la passer sur le boulevard, fine,
rapide, sérieuse, irréprochable, sans un
grain de poussière ou de boue, de l'ex-
frémité de la plume légère de son petit
chapeau harmonieusement fondu dans la
chevelure, jusqu'au talon bien ciré des bot-
tines au bout verni. Elle semb1, être la
jeune fille à dot honorable qui regagne sans
retard le logis de la rue du Bac. Comment
la maman n'est-elle pas aux côtés de son
enfant, l'accompagnant fidèlement dans tou-
tes ses courses ? Et le père : un haut ma-
gistrat, un président de section au Conseil
d:Etat, un important directeur dans un mi-
nistère !. De bonnes vieilles rentes, cer-
tes, coulent dans la famille, et depuis des
générations, sans doute, pour. que l'allure
de la fillette se soit ainsi aristocratisée, que
tout en ses gestes soit gracieux et sobre,
même sa façon jolie de se ganter, de tenir
son parapluie mince et correct, de tirer sa
Blette mollement et parfois, pour la re-
Pousser un peu, de faire une gentille moue
avec ses lèvres un peu pâles.
Un peu pâles. oui. Que je vous dise:
Rosette Ninon, contrairement aux apparen-
ts, n'est point une .bourgeoise. Elle n'a
Point de dot, point de rente, point de père
« pourvu » et de mère attentive. Elle ga-
gne cent soixante-cinq francs par mois. Elle
est honnête et sage, habite un sixième au
Pont-de-Flandre, et se contente de ses huit
louis et quart. Elle parvient à équilibrer
son budget et à donner l'illusion de la pe-
tite mondaine du boulevard Saint-Germain
- quand elle est la petite travailleuse de la
rue de Joinville. Dame! il ne doit pas, vers
le vingt-sept ou le vingt-huit, rester grand'-
chose dans la vieille bourse qui sert de
coffre-fort et qui est cachée parmi les mou-
choirs dans l'armoire de l'unique chambre,
^à-haut, à Belleville. Les repas, forcément,
s en ressentent, alors, jusqu'au premier,.
le sang s'affaiblit, les lèvres pâlissent.
1 Cependant, les difficultés du début sont
loi n. A dix-neuf ans, orpheline sans doute,
,en tout cas terriblement toute seule dans la
^®pitale, elle se mit à potasser la science
z* Duployé ou celle de Provoât-Delaunay.
:far quels miracles arriva-t-elle, pagnant le
leur quelques francs à des travaux minus-
cules, couture ou lingerie; par quels prodi-
ges parvint-elle à « faire » successivement
Quarante, cinquante, soixante-dix mots à
él. nlIoute », et enfin à atteindre le chiffre
creusement recherché de cent mots aux
Axante secondes. C'est (te qu'expliquera
ceJui qui expliquera aussi, l'existence ac-
tuelle de Rosette Ninon. Parallèlement à la
Rapidité, notre petite héroïne s'était exercée
a la machine à écrire: c'était plus amusant,
cela; les progrès étaient plus pro.mpts. Et
voici qu'un beau jour, la chance la proté-
geant, Rosette avait été envoyée chez un
avocat par la maîtresse du cours du soir -
a l'essai i avait-elle dit.
En effet, l'avocat ayant eu la dizaine de
lettres qui lui était nécessaire trouva su-
perflu de poursuivre l'expérience et décou-
vrit d'irrémédiables tares à sa jeune em-
ployée. Il regretta, il la salua, et ne lui
PaYa rien.
Elle ragea, pleura, se désola, attendit, fit
Quelques suppléances, et finalement tout de
même fut agréée aux « Compagnies des
gavons et sulfates réunies ». Cent quarante
francs par mois pour commencer. Elle y est
a huit heures du matin et s'en va le soir à
sept heures. Trois f OIi S, huit ou dix mois
d'intervalle, ses appoinftments furent aug-
mentés de cinq francs. ftlle en est là.
Ce qui ne l'empêche pas d'avoir un gros
Défaut charmant. Elle est coquette, terri-
blement coquette — elle aime trop les jo-
lits choses. Mais quoi, Paris en est bien un
~U la cause ! Comment, étant femme et
Passant tous les jours entre la Madeleine
et-v le Cardinal, serait-on insensible aux
plaisirs de la toilette?
Assez raisonnable pour savoir se passer
de ce qu'elle ne peut se procurer — il le
faut bien, mais avec quels regrets! Des
dentelles, surtout, elle raffole. Depuis des
Itiois et des mois elle admire presque cha-
(ue jour celles que vend une maison instal-
le tout près des boulevards, dans une rue
qUi leur est perpendiculaire. Certaines sont
tavissantes, de ces dentelles, si légères, si
qu'elïes semblent délicates comme la
Quille ancienne, sans parenchyme, que les
fanées ont rendues transparentes, diapha-
'~s, et décolorées; d'autres, plus robustes,
rivent au contraire défier le temps avec
çUr tracé rigoureux et net de dessins symé-
tt-lques. d'autres encore sont d'un point bi-
i.arre qui paraît avoir été fait pour dérouter
es recherches même du connaisseur.
Toute l'exposition de la boutique étroite,
Jais réputée, est comme saupoudrée de
'cilxe. Et Rosette, attirée, regarde, étudie,
t'Hnaît par cœur l'étalage, remarque cha-
1"2 jour le changement apporté à la vitrine
fc la veille, observe, mesure — sans ins-
.■t.l^nient, à vue d'œil— d'un œil allumé
envie.
Une circonstance la sauve : elle est pres-
sée. Que ce soit le matin, ou bien après
le déjeuner, ou encore en sortant du bu-,
reau il faut qu'elle se hâte. Elle ne peut
s'attarder trop longuement à ces joies gra-
tuites de la capitale: ce n'est pas le désir
qui lui manque, mais le temps.
L'autre fois, pourtant, en semaine, les
savonneries donnèrent l'après-midi à leur
pe. rsorinel » On faisait l'inventaire. Rosette
disposait donc de plusieurs heures. Elle put
flâner à son aise. Sa boutique préférée, na-
turel ^eiTt' la retint. C'est que cette fois,
on avait sorit tout un lot adorable de den-
tëlles ^?Ur éventails. Quels insectes de gé-
nie avaient ainsi dépouillé jusqu'à la trame
le lin ge ?n qui paraissait devoir s'émietter
de la ge qui paraissait devoir s'émietter
de la main. Cette pensée de la main fouil-
lant 1'ls beautes du magasin remua Rosette.
Tant tT - elle avait le temps. La boutique
était vide baissant le bec de cuivre, pous-
&ant la Porte, Rosette entra. Et tout aussi-
tôt, devant la vieille dame correcte aux che-
veux ^ji ncs imposants, elle regretta son
audace imposants, elle regretta son
— Je venais seulement, madame, pour
savoir le prix de.
- Mais asseyez-vous, madame. De
quelle pièce voulez-vous parler?
— De celle-ci, au fond. Mais le prix
seulement. Je ne puis acheter aujourd'hui!
— Qu'importe, madame. Je suis à votre
disposition. Asseyez-vous, je vous en prie.
Rosette dut s'asseoir. La lingère, bonne
commerçante, chercha la pièce désignée, en
chercha d'autres, tira de longues boîtes
plates, monta sur des escabeaux, donna des
explications.
Un instant, Rosette avait été interdite.
Maintenant, grisée par la vue et le con-
tact d'objets qui lui paraissaient les plus
beaux du monde, elle se laissait entraîner
dans la douceur de vivre même une seule
minute une vie qu'elle ne croyait point
faite pour elle — et qu'elle voyait toujours
à travers la glace épaisse de la boutique.
— Voici du malines, madame, dont le
motif est assez, rare.
C'était une fleur étrange aux bords en-
tourés d'un fil plat et qui se répétait mé-
thodiquement.
.-Voyez. -
La patronne aimait à montrer ses tré-
sors, elle le faisait avec une sorte de jouis-
sance, étendant sur ses poignets encore po-
telés les réseaux des pièces qu'elle dérou-
lait, soulignant la particularité de chacune,
s'excitant elle-même en excitant sa
« cliente »,
— Et ce vieux valenciennes que nous
n'avons pas voulu céder pour douze cents
francs 1
Rosette faisait un geste.
— Oh ! mais, madame, cela ne fait rien.
Je vous la montre simplement, parce que je
vois que vous vous y connaissez. Vous
achèterez ce que vous voudrez, quand;
vous voudrez!
Et le défilé reprenait. Malines, bruges,i
valenciennes; valenciennes, bruges, ma-
lines. Et le point d'Alençon. Et le tissu,
du Velay. Et les ouvrages de Bruxelles.
Et le caen. Et le venise. Toute la gamme
des blancs et des jaunes se trouvait éparse
sur la table, en un désordre enchanteur,
soumise à Rosette Ninon, dactylographe à
cent soixante-cinq francs, par la digne pa-
tronne peut-être millionnaire.
Les rosaces d'un blanc éclatant, et les,
petits arceaux crème, et le festonné plus
écru, et les cols à jour, et les entre-deux
insaisissables et les longues guipures, et
les fragiles antiquités du Puy, et la,
(( blonde » en soie légère, et la « noire » •
qui venait de Bayeux.
Rosette était bien loin, bien loin. Le
bruit de la porte qu'on ouvre, la ramena
aux moins enchanteresses réalités. Une
acheteuse entrait emmitouflée dans le noir
liseré de blanc d'astrakan et. Qe zibeline.
Rosette en profita.
— Merci, madame. Je réfléchirai, je re-
viendrai.
Vite, le cœur gonflé, elle s'en alla. -
Dehors, elle eut un sanglot, s'écarta
dans un passage, pleura quelques secondes
releva sa voilette, s'épongea les yeux, pas-
sa sur son visage le soupçon de poudre
sans lequel, bien sûr, elle ne saurait être
elle-même, regarda dans le miroir étroit
d'une boutique, replaça selon son geste
coutumier sa coiffure, tira sa voilette, pous-
sa un soupir et repartit, légère et vive.
La petite bourgeoise, élégante et cossue
regagnait sa chambrette de la rue de Join-
ville, là-bas, au Pont de Flandre.
Jacques MAY.
Nous publierons demain un article de
DAVIN DE CHAMPCLOS
Pièces blanches
Je ne sais si l'essai de lecture publique
d'une pièce nouvelle, donné à l'Odéon,
sera suivi d'essais analogues, mais on peut
penser dès maintenant que cette tentative
sera sans lendemain.
Elle a été dictée, on le devine, par l'ar-
dent désir qu'ont tous les directeurs et les
auteurs d'être renseignés à l'avance sur le
succès que peut remporter une pièce au-
près d'un collaborateur que l'on ne prévient
qu'au dernier moment, je veux parler du
public, et l'on essaie de le figurer a l'avance
par des comités de lecture toujours plus
nombreux.
Il suffit cependant d'avoir assisté à une
seule répétition de couturières pour savoir
combien un pareil procédé est utopique.
Rien ne vaut, en effet, on l'avouera, une
pareille répétition. A peu de chose près,
tout s'y trouve présenté comme dans une
représentation courante : mêmes décors,
mêmes costumes, mêmes jeux de scène,
même salle manifestant son opinion, accla-
mant les interprètes ou félicitant les au-
teurs, et cependant il- suffit Que quelque
chose soit dérangé dans cette machine in-
finiment fragile, qu'un photographe prenne
un cliché, que le régisseur apparaisse un
moment sur la scène, pour que l'impres-
sion soit entièrement faussée, et l'on n'en
est plus à citer les cas où une pièce fut
accueillie avec enthousiasme aux répéti-
tions particulières, Qui ne connut ensuite
que l'indifférence du public.
Sans décors, sans costumes, sans acteurs,
que peut être l'impression produite par une
lecture publique ? Comment s'intéresser à
ce monsieur en habit noir qui nous appren-
dra : qu'elle fait trois pas vers la droite, re-
monte vers le fond, se ravise soudain et
prononce enfin ce simple mot: Oui.
Comment se passionner lorsque le même
orateur nous annoncera que le vengeur se
lève lentement de son fauteuil et s'écrie
sourdement : Voici ma. — long jeu
dî scène, Edouard sort lentement un revol-
ver de sa poche, le dirige vers sa tempe,
s-î i avise, vise son adversaire qui est tou-
jours en train d'écrire, et le tue — ré-
ponse!
Comme il serait plus simple de jouer la
pièce à la courte vaille, de mettre des noms
Jans un chapeau et le chapeau au vestiaire !
G. DE PAWLOTSKI.
Échos
B
loc-notes de la semaine.
Mardi, aux. Nouveautés, reprise
d'Occupe-toi d'Amélie, de M. Georges Fey-
deau; — Aux Folies-Dramatiques, pre-
mière représentation (à ce théâtre) du
Petit Faust, d'Hervé (répétition générale,
lundi) ; — Au Vaudeville, reprise de Ma-
riage d'Etoile, de MM. Bisson' et Georges
Thurner.
Mercredi, à l'Ambigu, première repré-
sentation de La Boscotte, de Mme George
Maldague (répétition générale, mardi soir) ;
—Au Théâtre Michel, première représenta-
tion de: LefPoulailler, de M. Tristan Ber-
nard; Après.-, de M. Sacha Guitry; As-
seyez-vous, de MM. Pierre Mortier et An-
dré Mycho (répétition générale mardi).
Vendredi, au théâtre Femina, pour les
représentations de « La Renaissance tragi-
que », première représentation de : Le
Tasse, de M. Paul Souchon (répétition gé-
nérale, jeudi soir).
Samedi après midi, à la Comédie-Fran-
çaise, répétition générale de: Le Foyer, de
MM. Octave Mirbeau et Thadée Natanson.
Nous aurons, en outre, à des dates ncm
encore déterminées :
A l'Odéon, Le Poussin, de M. Edmond
Guiraud.
A la Renaissance, L'Oiseau blessé, de M.
Alfred Capus.
Au théâtre Mévisto, LI Affaire des Va-
riétés, de M. Gabriel Timmorv.
Aux Folies-Bergère, La Revue, de M.
P.-L. Fiers.
AU THÉÂTRE on ART*
(H. Manuel, phot.)
Mlle Bertile Leblanc
(Madame Bouzin. dans « Monsieur Mesiafl »}
u
n joli mot de Godefroy de Bouillon.
A deux pas de la Madeleine. Trois
heures — du matin — on fume de bons
cigares, on parle théâtre. Tout le monde est
retour d'une générale à musique. On parle
de la pièce, des auteurs. On vante le talent
du compositeur, on l'égratigne un peu ; on
lui prête du génie: il entre. Poignées de
mains. Félicitations. Adulations. Silence.
M. Alexandre Duval, le directeur des* fa-
meux bouillons qui portent son nom, lançant
un coup d'œil malin, risque d'une voix dou-
cereuse :
— Il faut tout de même que vous ayez
un f. talent pour reconnaître votre mu-
sique là-dedans!
Ternes froid. Tziganes. Champagne I
F
éminin, masculin?
En pleine répétition, un directeur, M.
Porel, arrête un mouvement et s adresse a
un de ses pensionnaires:
— Mon cher petit, vous n'y êtes pas du
tout. Ça n'est pas ça. A ce moment, vous
sortez en ressentant 'un sorte d'émotion
que vous comprenez depuis huit jours.
L'auteur — c'était Victorien Sardou -
la main crispée sur le foulard blanc qui ne
le quittait jamais, rectifie à mi-voix, en riant
de bon cœur:
— Allons! allons!. On ne dit point
un sorte, tu n'es qu'une ânel
La répétition continue.
Q
ui est-ce?
Ouel est celui de nos auteurs dra-
matiques que préfèrent nos comédiennes ?
On répondra, sans doute : Sarah Ber-
nhard préfère Rostand; Bartet, Paul Her-
vieu; Jeanne Granier, Maurice Donnàv;
Berthe Bady, Henry Bataille; Simone, Hen-
ry Bernstein. ; on pourrait continuer la
liste, et ce n'est pas ce que nous voulons
dire. Nous demandons seulement à nos lec-
teurs quel est l'auteur le plus aimable, ce-
lui dont l'amabilité agrée le plus à nos ar-
tistés ?
Est-ce M. Pierre WoW? Est-ce M. Geor-
ges Thurner? Est-ce 1 M. Alfred Capus?
Est-ce M. Paul Gavault? Est-ce M. Geor-
ges Feydeau?
Oui - est-ce?
E
n visite.
Six académiciens sont morts dans
ces derniers temps, mais quatre fauteuils
seulement sont déclarés vacants en ce mo-
ment. Les visites académiques vont, toute-
fois, bon train.
L'autre jour, un candidat, qui sera certai-
nement élu, se présente chez un académi-
cien des plus influents:
— Mon cher maître, lui dit-il, docile aux
lois du cardinal, je viens.
Et le cher maître lui répondit:
— Oui. je sais. Mais, mon cher con-
frère, vous n'y songez pas! Nous sommes
déjà dotize écrivains à l'Académie ! Vous
entendez bien, douze! Vous savez si j'aime
les lettres! Mais, douze!. Franchement,
c'est un peu le tour des autres 1
0
n en a! On en a!.
Un de nos aimables confrères, que
les plaisirs de la table attirent souvent chez
Lapré, ne fut pas peu surpris, l'autre soir,
d'être assailli par un couple de jolies fem-
mes qui s'avançaient, les mains derrière le
dos.
On en a! On en a!
Mais sa surprise ne fut pas longue. Heu-
reuses de leur petit effet, les belles mali-
cieuses lui montrèrent alors chacune une
boîte de Bonbons Comœdia, les savoureux
et délicats Bonbons Comœdia, fabriqués
par Gibert, 68, Chaussée d'Antin.
On en a 1 On en a!
p
arlez au valet.
Ceci n'est pas un conte. Une déli-
cieuse artiste, qui fut une divette exquise,
et s'affirma soudain, il y a quelques années,
aux côtés de Guitry, comme une grande,
une très grande comédienne,dans une pièce
devenue célèbre, sonnait, il y a soixante et
douze heures, à la porte de l'auteur qu'elle
défend — c'est bien le cas de le dire -
depuis quelques représentations.
L'huis s'entre-bâille. Un valet montre sa
face glabre.
— Le maître est visible?
- Monsieur n'est pas là, madame.
- Mais il va rentrer. Je vais l'attendre.
- C'est que.
— C'est que quoi?
— Madame ferait mieux de ne pas in-
sister.
- Comment?
- C'est un conseil que je donne à ma-
dame.
— Un conseil? Mais savez-vous à qui
vous parlez?
- Oui, madame. I
- Et alors?
- Aloré, je préfère le dire tout de suite
à madame, monsieur m'a dit: « Si elle
vient jamais ici, vous la foulerez à la porte.
L'artiste a un haut-le-corps. La porte
s'est refermée, brutalement.
En titubant, la pauvre femme descend
lès quatre étapes; elle monte dans son au-
to, s'effondré sur les coussins et là, san-
glote, sanglote éperdûment.
, Ah! vous fûtes bien disposée, ce soir-la,
pour. paraître, ailleurs, douloureuse, chère
madame 1 ,.- -
L
e f l'ère aîné.
C'est dans une brasserie du quar-
tier où fréquente Paul Mounet. L'excellent
sociétaire, qu'admire tout un auditoire,,
tient un discours vibrant.
— Mon frère est l'être que j'aime et que;
j'admire le plus. J'ai, devant lui, des timi-
dités d'enfant. C'est à peine si j'ose lui;
répondre.
.1 A cet instant, Mounet-Sully entrait par
hasard dans la brasserie et, apercevant son
frère :
—Comment, lui dit-il, pas encore couché T
Tu pars pourtant de bonne heure demain..
—- Toi, s'écria Paul, tu m'em.1
L
'âge d'aimer.
L'excellent artiste Maurice Renaud
sortait de scène avec un de ses camarades
de l'Opéra, vieilli sous le harnais lyrique
et imbu des traditions de l'ancien réper-
toire.
— Ah! mon vieux, lui disait cet ancien
bon chanteur, ancien bel homme aussi,
avec un regard de mépris pour les jeunes
cantatrices qui attendaient dans le foyer —
tout se perd. Elles ne font même plus at-
tention à nous. Comme elles ont changé 1
— Mais non, lui dit Renaud; ce n'est,
pas elles. c'est nous qui avons changé!
c
'est à la marque de Dion-Bouton que
l'automobilisme doit sont dévelop-
pement. Grâce à ses admirables voitures, ;
les profanes furent de suite conquis à la
locomotion nouvelle, et aujourd'hui encore
la quatre cylindres de Dion-Bouton reste
le plus joli chef-d'œuvre de mécanique.
Le Masque de Verre.
Un Coup
de théâtre
RÉVÉLATIONS
SENSATIONNELLES
Le nom mystérieux
M M
oomœdia, seul de tous les Jûliçjiaux. connaî;
maintenant la vérité tout entier \mj. révolution
nera demain Paris. La voici en nata -le» aujour-
d'hui : Comœdia illustré paraîtra te secona uisan
che de Décembre.
Un Théâtre de Luxe
PARIS
Va avoir
aussi
, son
THÉÂTRE-
MICHEL
(Dessin de Sacha GuitryJ
M. Tristan Bernard
M. Michel Mortier n'est pas un directeur ordi-
naire.
Peu enclin à suivre les sentiers rebattus, dé-
goûté des redites banales, il invente des idées
neuves, audacieuses et surprenantes, qu'il réa-
lise infailliblement au mépris de tous les obsta-
cles, si bien qu'on ne sait ce que l'on doit le plus
admirer chez cet homme inlassable, de son ingé-
niosité ou de son énergie.
Appliqué depuis, longtemps à préparer des loi-
sirs choisis à la société élégante, il fut subitement
frappé, voici déjà plusieurs mois, de cette ob-
servation.
— Il n'y a, à Paris, que de trop grandes ou de
trop petites scènes. Ce qu'il faudrait créer, ce
serait un théâtre, un vrai théâtre, qui tiendrait
dans un cadre intime. Il faudrait que les gens
du monde pussent trouver réunis et les joies du
spectacle et les agréments d'un salon.
Il n'était pas aisé de résoudre ce problème.
Mais M. Michel Mortier s'obstina.
Il fit construire, aux numéros 38 et 40 de la
rue des Mathurins, sur l'emplacement d'un jarv
din, un miracle de petite salle qu';Õn. va inaugu-
rer dès le début de cette semaine.
Je suis allé, hier, visiter le magicien qui, de sa
baguette dorée — les travaux d'installation o ni
coûté 500.000 francs —a fait écloré ce palais.
J'ai dû le poursuivre à travers des couloir?
frais de peinture claire. Il surveillait, d'un œil
(Ernesto Brod, phot.)
En Haut: M. Michel Mortier
Au milieu : Un coin de la salie
En bas 1
Les ouvriers terminent la façade
rapide et sûr, la pose d'un tapis, un dernier coup t
de pinceau, un effet d'éclairage.
Enfin, je parvins à le rejoindre sur la scène,
où venait de l'arrêter, enthousiaste et complimen-
teur, M. Serge Basset. *
— Avant de vous parler de ce que je compte
faire, me dit en souriant M. Michel Moitié.,
laissez-moi vous montrer ce que j'ai déjà fait
Il m'entraîne alors à travers des salons
t
M. !~ah~ Quitry
.1 M* de Max
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