Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-11-20
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 novembre 1908 20 novembre 1908
Description : 1908/11/20 (A2,N417). 1908/11/20 (A2,N417).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646070g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
V
2® Année. == N° 417 (Quotidien)
---
Le Numéro : S centimes
'Vendrear20 Novembre 1908.
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Rédacteur en Chef : a. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
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Étranger .--_u. 40 » 20 »
Poor Mister Clown !
Je fréquente beaucoup le cirque, non
élément pour les écuyers, écuyères, jon-
cteurs ou gymnasiarques, mais surtout à
c&use de Mister Clown que l'absurde Ci-
néma est en train de tuer comme il tue le
roman-feuilleton et le mélo, ce qui n'est
t Pas une perte. Le Cinéma, en effet, devrait
T iniquement servir d'informateur illustré et
'non nous accabler de ses pantomimes sac-
rées invraisemblables ou niaises.
Je vais donc au cirque de préférence la
Veille d'un jour de fête, un soir populaire
Par excellence. Le coup d'oeil est charmant.
t.es gradins de la vaste enceinte sont gar-
nIS de parents accompagnés de leurs naïves
Progénitures. Il y a des fillettes, des gar-
Ç?nnets de trois ans, voire plus jeunes, et
c est ce petit public qui m'intéresse le plus.
Comment les bébés vont-ils comprendre
Ie spectacle? Seront-ils saisis d'une peur
Maisonnée? Non. Leurs yeux sont erands
ouverts, hypnotisés par la lumière, et, s'ils
SOnt impatients, une prudence remarqua-
blement précoce leur conseille de -ne pas le
i Montrer.
7 Clartés électriques, orchestre, tintamar-
> re. remue-ménage du côté des écuries; les
&Uyers avec Retira habits à boutons de mé-
i. fal' et leurs pantalons galonnés d'argent ou
d'or rabattent les battants du pourtour et
! Se rangent formant la haie comme des nuées
étendant le soleil. Par cette entrée pénètre
Un splendide cheval portant un cavalier ou
Une amazone, et, après quelques tours de
Piste et des exercices de voltige ou de hau-
te-école, s'arrête.
Enfin, voilà qu'apparaît Mister Clown,
''ami des petiots. Il est coiffé de son bonnet
Pointu d'astrologue, vêtu de sa petite veste
j* Paillettes qui contient mal ses épaules ro-
bustes et son torse musclé, il a ses vastes
Flottes sur lesquelles sont brodées la lune
et les étoiles, ses culottes qui laissent dé-
couvertes ses belles jambes nues et ses
chaussettes noires qui tiennent toutes seu-
les sans le secours des jarretelles tant ses
Collets sont pleins; le voici avec son mas-
que crayeux, aux orbites on dirait cre-
vées comme les yeux du masque antique,
le voici, lui et toute son exquise attitude
de garçon espiègle et incorrigible, le voici
aVec sa vigueur, son humour et son accent
ariglais.
- Bonn'soir, Môssieu Loyal!
- Bonn'soir, Mister Clown.
— Comment vô allez?
Etc. ■;>'
nr*w JJt « îmi Ofl u M fuit fMVUte •
qu'un murmure hilare commence à s'élever
eu la foule comme une jolie brise sur les
flots de la mer.
Bientôt la farce se déroule, voici les pi-
rouettes volontairement gauches, les équi-
libres qui sont autant d'extrêmes tours de
force accomplis sans difficultés apparentes,
Voici les lazzis effrontés qui lui valent des
Hasardes, des coups de fouet ou de pied
quelque part, voici les sauts périlleux et
les chutes à plat ventre qui font presque
mal à entendre tant elles claquent sur le
Paillasson de la piste, et voici l'inconsola-
ble chagrin de Mister Clown qui s'exhale
en braiements formidables.
C'est alors, c'est dans ces inoubliables
Minutes que, dominant l'ouragan joyeux
des adultes, monte jusqu'aux derniers gra-
ins, ainsi qu'une source fraîche jaillie sou-
I dain du sol, le Rire, le Rire perlé et divin
t des Enfants.
Ils rient, ils rient aux anges, les amours,
'( t et leur rire, pareil au chant de l'alouette,
1 s élève, s'amplifie, décroit, meurt pour, a
la moindre gambade de Mister Clown, re'
naître et s'élancer encore interminable et
t Pur hors de leurs cœurs chéris.
Je ferme les yeux pour mieux me re-
cueillir, mieux entendre et m'enivrer du
rire des Enfants.
Réellement, je le vois, comme un musi-
ci% en voit les sons, et cela ressemble à une
quantité de colliers ou de bracelets de per-
les fines qui se brisent et cascadent dans
Une vasque de cristal.
Je rouvre les paupières et regarde autour
*te moi. Ce ne sont que bouchettes épa-
nouies, quenottes aiguëes et nacrées corn-
ue des dents de ratons qui brillent décou-
vertes, petits yeux reflétant le plus ineffa-
ble, le plus complet bonheur.
f Ils rient aux anges, les amours, et cela
1 aIt' tout de même un peu de peine, car plus
les mésaventures de Mister Clown sont
ruelles, plus ses chutes grotesques se mul-
{[Plient, plus on le fouette, plus lamenta-
lement il pleure, plus éperdu et naïf re-
bondit et s'envole le rire des innocents.
, Pas un de ces mignons, hélas! n'a l'om-
bre fugitive d'une pensée de pitié, pas un
qui se dise:
- Oh! pauvre Mister Clown, il s'est
Peut-être fait mal en tombant!
Les mœurs et l'éducation françaises ne
Ctl Itivent point la sensibilité de l'enfance et
la grâce naturelle de son cœur.
, Prenons-en notre parti, tout ça c'est de
* Poésie; la sainte majorité en est dépour-
fI Ue et dressons des légions de petits mu-
fles et d'automates à coups de formules
a straites et de manuels.
Maintenant, l'entr'acte.
Allons voir les box des chevaux, les ac-
lessoires, les appareils que voiturent déjà
les valets de cirque sur des chariots à hautes
roues.
Au bar, installé dans la galerie-prome-
tloir nous retrouvons Mister Clown qui sert
es consommations, tient l'emploi de gar-
çon de café, rend la monnaie et reçoit des
pourboires.
Mais je ne me trompe pas, c'est là l'in-
souciant garçon d'il y a cinq minutes dont
les drôleries déchaînaient la plus folle gaie-
té parmi les petits et grands spectateurs, et
qui, somme toute, paraissait s'amuser lui-
même?
Quelle transformation dans sa physiono-
mie! La tristesse est descendue sur ce
faciès de .Plâtre, si comique à distance; une
détresse infinie, une lassitude sans espoir a
fait place aux grimaces désopilantes, et
c'est si eloquent, si émouvant, cela dévoile
une peine morale si grande que j'en ai le
cœur bouleversé et des larmes sous les cils.
Oh ! oh ! mister Clown, obscurément (je
le souhaite), se rend compte de l'ingratitude
oublieuse dont sont payés les amuseurs, les
donneurs de joie comme lui. Il pense
qu'il n'est qu'un pauvre pantin de chair
qui sera vieux et détraqué un jour.
N'est-il pas le Grand Humilié, celui
qui, bénévolement, a sacrifié sa dignité hu-
maine pour assumer toute la dérision, les
chiquenaudes, les rebuffades, celui-là dont
même les pleurs ne comptent point, carica-
ture perpétuelle de la Douleur; et n'a-t-il
pas choisi cette mission, ce rôle dévoué
pour faire s'épanouir le Rire des Petits
Enfants des Hommes?
Pourtant Mister Clown est plus que bien
des pitres illustres: un grand, un complet,
un magnifique artiste.
Son art résume tous les genres où
tant d'autres s'illustrent en s'y spé-
cialisant. A lui seul, il reconstitue toutes
les ressources du Guignol humain, et il
doit posséder les qualités diverses de toutes
les espèces d'interprètes. Pour devenir un
bon clown, il faut être non seulement tra-
gédien et comédien, mais encore, mime,
acrobate, cavalier, musicien, équilibriste,
gymnaste, jongleur, illusionniste, prestidi-
gitateur, danseur, grime, athlète, que sais-
je, et posséder encore de la voix au besoin
et dos dons d'observation ot d'expression.
Trente, ans de périlleux métier souvent,
si on compte l'apprentissage exercé de
bonne heure, et d'un dur métier, car il né-
cessite quotidiennement un entretien mus-
culaire sans relâche, et des efforts physi-
ques considérables; des salaires"insuffisants
qui n'assureront pas le pain et l'abri de sa
vieillesse, une mésestime injuste attachée
à sa profession, car je n'ai jamais vu qu'un
clown ait obtenu un. prix Monthyon ou la
moindre récompense officielle, tout cela y
compris l'amertume que vous cause l'in-
gratitude de ceux que vous avez distraits
et qui ne s'en souviennent plus; tout cela
pour s'en aller, un jour, au cimetière, es-
corté seulement de quelques frères du trem-
plin aux jambes rendues torses par les con-
tinuelles dislocations, et sans la moindre
délégation enfantine derrière son corbillard.
Tout cela fait comprendre l'incurable mé-
lancolie de poor Mister Clown.
Jehan RICTUS.
Nous publierons demain un article de
EDMOND SEE ",,'
Seconafè main
Les manuels élémentaires d'histoire nous
apprennent qu'aux premiers temps de notre
pays la Gaule était dévastée par les au-
rochs, que les promeneurs se réunissaient
autour des pierres druidiques, et que les
Gaulois aimaient, par dessus tout, écouter
les histoires Qu'on voulait bien leur racon-
ter.
- A cette différence près que les aurochs
ont été remplacés par les autobus, rien n'esi
changé depuis lors dans notre pays. Les
pierres druidiques intéressent toujours les
touristes et nous aimons, avant toute chose,
à écouter les histoires qu'on nous raconte
plutôt que de les lire dans des livres. C'est
là, du reste, ce qui tait tout le succès de no-
tre théâtre. :
Avec l'apparition des sports nouveaux
s'est déclaré ce que l'on a appelé la crise
de la librairie. Nous avons découvert sur
nos routes des livres ouverts qui se dépla-
cent au gré de notre fantaisie, et nous ai-
mons mieux contenter ces paysages de
France tels qu'ils sont Que d'en lire les des-
criptions dans des bibliothèques poussiéreu-
ses.
Le Théâtre, lui, n'a point souffert, tout
naturellement, de cette évolution. Il nous
apporte, lui aussi, des idées toutes faites;
il déroule devant nos yeux des événements
imprévus sans que nous les ayons cherches
et c'est pour cela qu'il nous plaît. Au sur-
plus, it taut bien le dire, ce sentiment est
des plus louables; il prouve bien un peu
que nous sommes toujours des latins que te
travail effraie, mais il démontre tout en
même temps que nous savons choisir et que
nous n'aimons que les choses qu'on sait
ncus présenter avec art.
Malheureusement, il faut bien le dire, de-
puis quelque temps, cette façon de vivre du
travail des autres et de n'accepter que des
idées de seconde main, semble s'étendre à
nos auteurs. Il est très rare, aujourd'hui,
qu'un écrivain consente à tirer quelque
chose de son propre fond; il cherche, de
préférence, à s'appuyer sur des sujets d'his-
toire ou d'actualité et à éviter ainsi toute
responsabilité directe.
Les mémoires, les souvenirs, les pièces
historiques se multiplient chaque jour da-
vantage, et, lorsqu'un auteur dramatique
cherche un sujet, vous pouvez être assuré
que ce n'est point en lui-même. C'est peut-
être à cela que tient la décadence de la Co-
médie. Il serait temps, pour nos auteurs, de
répudier ce rôle d'interprète et de renou-
veler les initiatives qui firent, jadis, tout le
succès de notre littérature.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir à huit heures et demie, au théâ-
tre Sarah-Bernhardt, première représenta-
tion de : Les Révoltés, drame en cinq actes
et six tableaux, de MM. Henri Cain et
Edouard Adenis.
Ce soir, à huit heures un quart, au Théâ-
tre Lyrique municipal de la Gaité, première
représentation (reprise) de Lucie de Lam-
mermoor, opéra en quatre actes, de Al-
phonse Royer et Gustave Vaëz, musique de
Donizetti.
Ce soir, à neuf heures, au théâtre du
Grand-Guignol, répétition générale de:
Nuit d'IIJyrie, Cent lignes émues, La Pre-
mière mise, Machin fils et Une présenta-
tion.
L
e billet de faveur.
Si l'on se reporte au siècle du
grand roi, à une ordonnance de Louis XIV
du 16 novembre 1691, on n'est pas médio-
crement étonné de voir qu'à cette époque
les gens de qualité entraient au théâtre non
pas comme maintenant avec un billet ob-
tenu par relations, mais d'autorité, de force;
« Sa Majesté étant informée que les dé-
fenses qu'Elle a ci-devant faites à toutes
personnes d'entrer aux Comédies, tant fran-
çaises qu'italiennes, sans payer, ne sont pas
observées, fait de nouveau très expresses
inhibitions à toutes personnes, de quelque
qualité et condition qu'elles soient, même
aux officiers de sa .Maison, gendarmes,
chevau-légers, mousquetaires et autres,
d'entrer auxdites Comédies sans payer. »
Et comme une circulaire se prescrit vite,
le 19 janvier 1701, Louis XIV confirmait
sa précédente ordonnance.
Autres temps autres mœurs, mais il est
toujours chic d'entrer sans payer 1
]
1 n'y a pas de grand homme pour.
La scène se passe dans un magasin,
au rayon des tapis. Un monsieur tout rase,
très convenablement vêtu cependant, exa-
mine une marchandise.
Le chef de rayon, familier, dit au mon-
sieur tout rasé, en qui il voit sans doute un
domestique de grande maison:
— Je te - conseille de prendre celui-là.
Tu verras qu'on sera satisfait.
— Bien, répond le monsieur tout rasé;
c'est une affaire entendue. Vous l'enverrez
à mon adresse.
Et il remet alors au chef de rayon une
carte de visite sur laquelle ce dernier- put
lire: « Louis Delaunay, de la Comédie-
Française », et M. Delaunay, car c'était
bien lui, s'en alla tranquillement.
Quant au chef de rayon, familier et gaf-
feur, il ne rayonnait pas du tout.
c
andidat! - -
Des affiches nombreuses jettent leur
note claire, un peu criarde, sur les murs
des immeubles du quartier des Arts-et-Mé-
tiers.
Un nom aimé et admiré entre tous se dé-.
tache en noir sur le jaune ou le vert du pa-
pier:
COQUELIN
A quelles élections peut bien se présen-
ter l'immortel Cyrano? Aurait-il son violon
d'Ingres, lui aussi? Pourquoi pas; on a cer-
tes annoncé ces jours-ci d'autres candida-
■étonrwrtos- -©«ne- ~?~«,4~ ~ët
vfài.
Rien de tout cela. D'un peu plus près on
s'aperçoit qu'il s'agit d'un homonyme, can-
didat ciseleur au Conseil des Prud'hom-
mes.
.1.. A L'OPÉRA
(Photo Bert, Paris)
Mlle Charbonnel
dans le rôle de la Reine, d' « Hamlet »
M
me Victorien Sardou et ses enfants,
très touchés et très émus des in-
nombrables marques de sympathie qui leur
sont venues de toutes parts, à l'occasion de
la mort de l'illustre dramaturge, nous prient,
ne pouvant répondre à ces miniers de té-
moignages, d'exprimer leur profonde grati-
tude à ceux qui ont bien voulu, en appor-
tant leur hommage au glorieux maître dis-
paru, prendre part à leur douleur.
L
es petite mystères. -
Mais si, on le saura. Car, à Comœ-
- 8 * _1 11 -
uia, sans qu usoit urne ae se placer i index
sur le front et de gonfler ses joues, on fi-
nit par tout savoir.
Et la raison est très simple. George
Grand se fait appeler ainsi, parce que sa
mère, écrivain très distingué, avait pris ce
pseudonyme. Et l'on sait que George, pour
les dames, n'a point d's. Georges Berr
s'appelle: Georges. On écrit: Georges.
Voilà. L'affiche a raison. Et il n'y a plus
de mystère.
s
ymphonie en vert.
On n'a pas plutôt annoncé la candida-
ture académique de M. Edouard Drumont,
que, déjà, on annonce des candidatures ri-
vales. ',
Au. fauteuil de Victorien Sardou, en même
temps que l'auteur de La France juive, se
porteront; nous dit-on, M. Boutroux, le cé-
lèbre philosophe; M. Delafosse, un autre
journaliste, et M. Henri Roujon, l'éminent
écrivain, secrétaire perpétuel de l'Académie
des Beaux-Arts.
On parle aussi — et cela a plus direc-
tement rapport avec le théâtre — de la
candidature de M. Marcel Prévost et de
celles de MM. Georges de Porto-Riche et
Alfred Capus, qui se présenteraient simul-
tanément aux fauteuils de Ludovic Halévy
ej de Victorien Sardou.
Mais la vacance de ce dernier fauteuil ne
sera officielle que dans trois semaines; l'é-
f lection n'aura pas lieu avant le mois de
juin prochain. D'ici là, il coulera de l'eau
sous le pont des Arts.
*& LIOPÊRA-COMIQUO
(H. Manuel, phot.)
Mlle Chenal
qui chantera demain « La Tosca »
c
a porte bonheur.
La scène se passait un de ces der-
niers jours dans un grand théâtre voisin des
.boulevards, où l'on répète en ce moment
une pièce en prose.
C'est précisément pendant la répétition.
L'auteur est là, manuscrit en main, suivant
les répliques de ses acteurs;, c'est mainte-
nant le plus ancien et le plus illustre de la
maison qui parle, mais tout à coup l'auteur
l'arrête et lui fait observer:
— Ce n'est pas ça, mon cher ami. Vous
faites erreur. Vous marchez dans ma
prose. l'acteur interpellé, superbe, jette
Alors l'acteur interpellé, superbe, jette
un terrible regard à l'auteur et lui répond
triomphalement:
— Ort dit que çû porte botihëUt
LES PETITES CONFIDENCES
1
L'OUVREUR DE PORTIÈRES
L'infran, mon prince. étrennez-moi, ce soir.
y a pas de « générale » et je ne fais rien. ah!
les temps sont durs! Mais écoutez-moi. marchez
pas si vite. je sais bien qui vous êtes. allez,
et si je vous appelle mon prince, c'est pour ne
pas avair l'air de vous reconnaître. et vous met-
tre à l'aise. On se voit à presque toutes les ré-
pétitions. Vous ne me remettez pas ? Eh bien !
c'est très chic à vous, ça, tenez, c'est parce que
vous m'avez obligé plus d'une fois. si, si.
mais vous verrez, je ne suis pas un ingrat, je
ne l'oublierai jamais. achetez-moi L'Iatran,
dites!. prenez-le. même pour rien si vous
voulez. vous êtes un ami. Pour ce prix-là,
hélas! que j'en ai ouvert de portières, dans ma
pauvre bougresse de vie. que j'en ai appelé des
autos, à la sortie, et des chauffeurs Pierre, du
boulevard de Courcelles, et des Georges de la
rue Feydeau, et des Gauthier de avenue de
Villars. c'est même moi que M. Tristan Ber-
nard, un rigolo, m'a envoyé chercher le cocher
Lucie- de la -rue Mardms; -nous avons bien ri,
ce soir-là!.
Et tenez, c'est moi qui, au commencement de
chaque saison, aux premières générales, ap-
prends, avant les autres, les nouveaux. mariages
et les récentes ruptures. Y a des fois où ça me
fait plaisir; y a des fois aussi où ça me taquine.
quand je vois, par exemple, que la petite Une
telle n'est plus avec le petit Chose. Il avait
pourtant l'air de bien l'aimer. Ainsi, cette an-
née, j'ai déjà appris avec satisfaction — oh! ils
ne m'ont pas envoyé de lettre de faire part —
que le ménage *** était remis. Et puis, sur les
marches, pendant les entr'actes, il y a des au-
teurs qui viennent griller une cigarette. j'en
ai fumé de bonnes, celles de M. Francis de Crois-
set, avec des bouts en or. et les cigares de M.
Catulle Mondes. alors, pendant qu'ils fument
ils causent et ils ne se gênent pas pour parler
devant moi. D'aillqurs, ils peuvent être tran-
quilles, je ne le répéterai pas. je suis discret.
Allons. mon prince, un bon mouvement.
voulez-vous que je vienne de temps en temps
et que, sans avoir l'air de vous connaître, je
vous suive. et vous raconte les derniers petits
potins. Voulez-vous. Ah! dites, voulez-vous
pour vingt ronds deux places pour la dernière
des Bouffes. moins cher qu'au bureau; mais
chut. surtout faut pas le dire, c'est le chauffeur
de M. Dujardin-Beaumetz qui me 'les a données,
hier.
- J. BEHO.
L
a main leste.
On jouait, sur une scène des bou-
levaras, une de ces pièces dont le genre,
fort en honneur pendant ces dernières an-
nées, est d'exciter les passions religieuses
cjps spectateurs.
Le directeur, estimant que les incidents
de salle diminuaient dans des proportions
inquiétantes pour le succès de la-pièce, ré-
solut de les rafraîchir.
Il promit dix louis à un énergumène
pour qu'il souffletât un juif dans la salle.
Celui-ci .hésita plusieurs jours, et avisant
enfin un homme d'un certain âge, au profil
significatif, s'installa à ses côtés et lui ad-
ministra deux gifles soudaines et retentis-
santes. •
Tout se dénoua au commissariat ; et la vic-
time, au moment de déclarer ses nom et
qualités, prononça: « Je suis le marquis
de X. »
L
1 J1
'habit de couleur.
Hélas! hélas! on ne parle plus de
nabit de couleur.
C'est à peine si, depuis le début de la
saison, nous en avons aperçu deux dans
nos salles de théâtre:
Celui de M. Alexandre Duval, le spiri-
tuel Godefroy de Bouillon, et celui de no-
tre brillant collaborateur Marcel Boulengèr.
Et. cela nous remet en mémoire ce joli
mot d'Emmanuel Arène qui, lors de la cam-
pagne retentissante entreprise par notre ami
Pierre Mortier, lui écrivit:
« Entendu, cher ami, je suis avec vous.
Je m'engage à ne plus porter désormais
qu'un habit de couleur; et ma couleur, je
l'ai déjà choisie, ce sera le noir. »
Il semble bien que nos contemporains
partageront longtemps encore cette manière
de voir..,!
BALLADE DU GLORIEUX FIGURANT
Las de longs jours sans jouissance,
J'ai maudit la divinité,
Pestant de n'avoir la licence
De vivre en somptuosité.
Mais j'en vins à résipiscence,
Car mon ciel, un soir, s'éclaira
Au gré de ma concupiscence,
En figurant à l'Opéra.
l'y fus empereur de Byzance, oflO
Jupiter, dont l'autorité
Contraignit à l'obéissance
Les Titans pour l'éternité;
Templier plein de suffisance-
Mage savant qu'on révéra,
Principicule de Vicence,
En figurant à l'Opéra.
Ecartant la réminiscence
D'une triste dualité,
Je sus goûter sans réticence
Ma précaire félicité.
Pour corser la réjouissance,
La caisse me rémunéra,
Oh! certes, sans munificence,:
En figurant à l'Opéra.
ENVOI
Prince"! J'ai ma part de puissance,
Et, Dieu, roi, duc, etcœtera,
J'efface ta magnificence
En figurant à l'Opéra.
FORTUNÉ PAILLOTE
Q
uo non ascendam?
A l'issue de l'un des derniers soec-
tacles de la Gaîté-Lyrique, un - compositeur
connu—et non des moindres-qui,prochaine-
ment, d'ailleurs, sera joué dans la maison,
s'en fut, sur la scène, féliciter les artistes
de l'interprétation. -
Comme il arrivait en présence du ténor,
le compositeur ne put se défendre d'une
certaine hésitation. Le disciple du bel canto
se chargea de le mettre aussitôt à son aise.
— Je sais, je sais, dit-il ; vous allez sans
doute me dire que je ne chante pas assez
juste. Je l'admets bien volontiers. Mais vous
remarquerez, mon cher maître, que je
chante toujours au-dessus 1
— Mon ami, lui dit le musicien, yous
êtes un interprète supérieur!
]
J.. l ~w - -
1 y a portraits et portraits.
On sait que Victorien Sardou fut tou-
jours rebelle aux peintres-portraitistes et 1
aux sculpteurs, estimant que la pose faisait
perdre trop de temps et exigeait une trop
longue immdbilité. Par contre, il n'était nul-
lement rebelle à la caricature, et il envoya
cette autorisation à André Gill: « J'autorise
le journal La Lune à publier ma charge,
une charge étant, par comparaison, le meil-
leur moyen de faire passer l'original pour
très beau. ))
i
oces d'argent.
Il va y avoir vingt-cinq ans que M.
rernand Samuel est directeur de théâtre.
Lorsqu'il débuta dans cette dure profession,
il n'était pas majeur.
S'il est superflu de retracer ici les étapes
d'une carrière qui fut constamment heu-
reuse et s'il est vain de rappeler que M.
Samuel joua les pièces les plus importantes
de MM. Lavedan, Capus et Donnay, il n'est
pas inutile de signaler, au moment où ce'
chef-d'œuvre va être repris au Théâtre-
Français, que M. Samuel fut le premier à
accueillir et à monter La Parisienne.
c
'est chez Paillard, le restaurateur à
l'universelle réputation, que se re-
trouvent, chaque soir, les personnalités en
vue du monde parisien, amateurs de bonne
chère, arrosée des vins les plus rares et leS
plus exquis qui soient au monde,
L
'hygiène connaît tous les raffinements;
le dernier en date fut l'apparition de
la Lotion à l'Œillet de Morny dont L. Pias-
sard, 17, rue du Quatre-Septembre, est la
créateur avisé. Cette lotion a conquis les
suffrages de toutes nos élégantes, elle les
gardera longtemps encore.
T
out le monde sait le souci que Georgear
Richard a toujours eu d'établir des
voitures pratiques. Il l a bien prouve en
donnant le jour, il y a déjà quatre ans, ait
célèbre modèle « Unie » 12 chevaux, 4 cy-
lindres, que tous les constructeurs copient
et annoncent pour 1909.
Aujourd'hui, toujours à la recherche des,
innovations utiles, la Société des Automo-
biles Unie prépare une surprise à sa clien-
tèle.
A la construction pratique,, elle veut ad-
joindre un mode de vente pratique. Maie
nous avons promis d'être discret.
Devinez, si vous pouvez.
NOUVELLE A LA MAIN
E
ntre professeurs de chant du Conser-
vatofre, à la suite de l'examen d'ad-
mission.,
- Ët X.?
;— Il n'est pas reçu. Il n'a eu, dans le
jury, que quatre voix sur seize.
— Oui. Il a toujours manqué de voix.
Le Masque de Verre.
Le Nouveau Théâtre d'Art
LE HEURT, Trois actes, de M. Paul Granet.
LA LOGIQUE DU DOUTE, Deux actes, de M. A. Mortier.
La Société du Nouveau Théâtre d'Art, aux
destinées duquel préside notre sympathique con-
frère Alphonse Séché, est une vaillante phalan-
ge de jeunes auteurs, épris de hardiesse et de
jolie sincérité. Ils ont mis au jour, ces dernières
années, quelques œuvres qui ont marqué; je
me borne à citer, pour mémoire, La Tentation
de l'abbé Jean, de Louis Payen ; Les Moribonds,
d'Auguste Achaume; Les Requins, de Jean
d'Aguzan; Le Réveil de l'Instinct, de M. H.-R.
Lenormand ; Le Monsieur aux Chrysanthèmes,
de M. Armory.
Leur premier spectacle de la saison nouvelle
se donnait hier, au Palais-Royal, et se composait
de deux pièces: Le Heurt, trois actes, de M.
Paul Grânet ; La Logique du Doute, deux actes,
de M. Alfred Mortier.
Je suis obligé de dire tout
de suite que cette journée ne
comptera pas parmi les meil-
leures du Nouveau Théâtre
d'Art. Elle eut même été tout
à fait compromise si l'œuvre
de M. Alfred Mortier n'avait
finalement sauvé la partie.
La Logique du doute est
un drame intérieur qui se
passe dans l'âme du princi-
pal personnage.
Henri, dont le passé amou-
reux a quelque peu fané le
cœur, a épousé Clotilde, une
jeune fille neuve qui, elle,
vient à l'amour et au mariage
avec toute la foi et l'ardeur
de ses vingt ans. Ils pren-
nent à l'instant possession de
leur nouvelle demeure, et,
pour la première fois, se
trouvent « enfin seuls ».
Lui s'échappe un moment:
il vient dans le salon brûler
quelques lettres, derniers ves-
tiges de son passé, oubliés
dans un tiroir de son secré-
taire. Et tandis que, mélan-
colique, il regarde la flamme
achever son œuvre, Clotilde
entre inopinément et, voyant
son mari troublé, s'inquiète.
Pressé de questions, lui
fait alors toute la confession
de son passé. Mais, s'écrie-
t-il, c'est un passé mort, dont
il ne reste plus que les cen-
dres qui achèvent de se con-
sumer. Il aime Clotilde, com-
me il ne croyait plus pouvoir
aimer; il a l'impression de
renaître à l'amour; il a enfin
trouvé près d'elle le.refuge,
la guérison.
Elle s'exalte à son tour, lui
dit son amour, sa foi, son-
bonheur d'être à lui, tou-
jours; et tous deux, unis dans
un baiser, se murmurent ce
mot doux aux nouveaux
amants: toujours!
Mais la nuit s'avance. Lasse,
la jeune femme s'étend sur
une chaise-longue, tandis que
lui, souriant et heureux, se
penche tendrement vers elle
pour la regarder dormir.
tout a coup il se relève, la figure boulever-
sée, comme en proie à une anxiété, à une
tentation atroce. Titubant, avec les gestes d'un
homme qui lutte contre une suggestion mau-
vaise, il se dirige vers le secrétaire. où sans
doute restent encore des lettres d'autrefois, au-
tres vestiges de son passé, qu'il brûle de revoir
une dernière fois.
C'est la supposition logique que font à ce
moment les spectateurs. Mais ils se trompent,
les spectateurs! Ils ne tardent pas à le consta-
ter.
Henri a ouvert un tiroir, y a pris un poi-
gnard ; va-t-il se tuer? mon Dieu ! Non. Il se
précipite sur la jeune femme endormie, lui
plonge la lame en plein cœur, tandis qu'il
clame ces mots d'une profondeur inquiétante :
« Toujours! Jamais ! »
Si l'art du théâtre est l'art des préparations,
(Dessin de Hermann-Pauïl
Mlle Marie Kattf
ce n'est pâs celui que cultive M. Alfred Mor-
tier. Il fait, lui, du théâtre essentiel; il a pris
soin. d'ailleurs* de nous en avertir. Après tout,
2® Année. == N° 417 (Quotidien)
---
Le Numéro : S centimes
'Vendrear20 Novembre 1908.
J ■' ^at&- JOFTI^k
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nfe&*» ka>"ib Kjgf&'<^k ^Blfc' r^jfl ^^fl| Bfc;jBKkJ|B|. g|9 wt ilft jB^aj MSB V 1^
B?* :- H ^BB S bf wl B^ r.j|B H h
Rédacteur en Chef : a. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
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Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
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UN AN 8 MOI.
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Étranger .--_u. 40 » 20 »
Poor Mister Clown !
Je fréquente beaucoup le cirque, non
élément pour les écuyers, écuyères, jon-
cteurs ou gymnasiarques, mais surtout à
c&use de Mister Clown que l'absurde Ci-
néma est en train de tuer comme il tue le
roman-feuilleton et le mélo, ce qui n'est
t Pas une perte. Le Cinéma, en effet, devrait
T iniquement servir d'informateur illustré et
'non nous accabler de ses pantomimes sac-
rées invraisemblables ou niaises.
Je vais donc au cirque de préférence la
Veille d'un jour de fête, un soir populaire
Par excellence. Le coup d'oeil est charmant.
t.es gradins de la vaste enceinte sont gar-
nIS de parents accompagnés de leurs naïves
Progénitures. Il y a des fillettes, des gar-
Ç?nnets de trois ans, voire plus jeunes, et
c est ce petit public qui m'intéresse le plus.
Comment les bébés vont-ils comprendre
Ie spectacle? Seront-ils saisis d'une peur
Maisonnée? Non. Leurs yeux sont erands
ouverts, hypnotisés par la lumière, et, s'ils
SOnt impatients, une prudence remarqua-
blement précoce leur conseille de -ne pas le
i Montrer.
7 Clartés électriques, orchestre, tintamar-
> re. remue-ménage du côté des écuries; les
&Uyers avec Retira habits à boutons de mé-
i. fal' et leurs pantalons galonnés d'argent ou
d'or rabattent les battants du pourtour et
! Se rangent formant la haie comme des nuées
étendant le soleil. Par cette entrée pénètre
Un splendide cheval portant un cavalier ou
Une amazone, et, après quelques tours de
Piste et des exercices de voltige ou de hau-
te-école, s'arrête.
Enfin, voilà qu'apparaît Mister Clown,
''ami des petiots. Il est coiffé de son bonnet
Pointu d'astrologue, vêtu de sa petite veste
j* Paillettes qui contient mal ses épaules ro-
bustes et son torse musclé, il a ses vastes
Flottes sur lesquelles sont brodées la lune
et les étoiles, ses culottes qui laissent dé-
couvertes ses belles jambes nues et ses
chaussettes noires qui tiennent toutes seu-
les sans le secours des jarretelles tant ses
Collets sont pleins; le voici avec son mas-
que crayeux, aux orbites on dirait cre-
vées comme les yeux du masque antique,
le voici, lui et toute son exquise attitude
de garçon espiègle et incorrigible, le voici
aVec sa vigueur, son humour et son accent
ariglais.
- Bonn'soir, Môssieu Loyal!
- Bonn'soir, Mister Clown.
— Comment vô allez?
Etc. ■;>'
nr*w JJt « îmi Ofl u M fuit fMVUte •
qu'un murmure hilare commence à s'élever
eu la foule comme une jolie brise sur les
flots de la mer.
Bientôt la farce se déroule, voici les pi-
rouettes volontairement gauches, les équi-
libres qui sont autant d'extrêmes tours de
force accomplis sans difficultés apparentes,
Voici les lazzis effrontés qui lui valent des
Hasardes, des coups de fouet ou de pied
quelque part, voici les sauts périlleux et
les chutes à plat ventre qui font presque
mal à entendre tant elles claquent sur le
Paillasson de la piste, et voici l'inconsola-
ble chagrin de Mister Clown qui s'exhale
en braiements formidables.
C'est alors, c'est dans ces inoubliables
Minutes que, dominant l'ouragan joyeux
des adultes, monte jusqu'aux derniers gra-
ins, ainsi qu'une source fraîche jaillie sou-
I dain du sol, le Rire, le Rire perlé et divin
t des Enfants.
Ils rient, ils rient aux anges, les amours,
'( t et leur rire, pareil au chant de l'alouette,
1 s élève, s'amplifie, décroit, meurt pour, a
la moindre gambade de Mister Clown, re'
naître et s'élancer encore interminable et
t Pur hors de leurs cœurs chéris.
Je ferme les yeux pour mieux me re-
cueillir, mieux entendre et m'enivrer du
rire des Enfants.
Réellement, je le vois, comme un musi-
ci% en voit les sons, et cela ressemble à une
quantité de colliers ou de bracelets de per-
les fines qui se brisent et cascadent dans
Une vasque de cristal.
Je rouvre les paupières et regarde autour
*te moi. Ce ne sont que bouchettes épa-
nouies, quenottes aiguëes et nacrées corn-
ue des dents de ratons qui brillent décou-
vertes, petits yeux reflétant le plus ineffa-
ble, le plus complet bonheur.
f Ils rient aux anges, les amours, et cela
1 aIt' tout de même un peu de peine, car plus
les mésaventures de Mister Clown sont
ruelles, plus ses chutes grotesques se mul-
{[Plient, plus on le fouette, plus lamenta-
lement il pleure, plus éperdu et naïf re-
bondit et s'envole le rire des innocents.
, Pas un de ces mignons, hélas! n'a l'om-
bre fugitive d'une pensée de pitié, pas un
qui se dise:
- Oh! pauvre Mister Clown, il s'est
Peut-être fait mal en tombant!
Les mœurs et l'éducation françaises ne
Ctl Itivent point la sensibilité de l'enfance et
la grâce naturelle de son cœur.
, Prenons-en notre parti, tout ça c'est de
* Poésie; la sainte majorité en est dépour-
fI Ue et dressons des légions de petits mu-
fles et d'automates à coups de formules
a straites et de manuels.
Maintenant, l'entr'acte.
Allons voir les box des chevaux, les ac-
lessoires, les appareils que voiturent déjà
les valets de cirque sur des chariots à hautes
roues.
Au bar, installé dans la galerie-prome-
tloir nous retrouvons Mister Clown qui sert
es consommations, tient l'emploi de gar-
çon de café, rend la monnaie et reçoit des
pourboires.
Mais je ne me trompe pas, c'est là l'in-
souciant garçon d'il y a cinq minutes dont
les drôleries déchaînaient la plus folle gaie-
té parmi les petits et grands spectateurs, et
qui, somme toute, paraissait s'amuser lui-
même?
Quelle transformation dans sa physiono-
mie! La tristesse est descendue sur ce
faciès de .Plâtre, si comique à distance; une
détresse infinie, une lassitude sans espoir a
fait place aux grimaces désopilantes, et
c'est si eloquent, si émouvant, cela dévoile
une peine morale si grande que j'en ai le
cœur bouleversé et des larmes sous les cils.
Oh ! oh ! mister Clown, obscurément (je
le souhaite), se rend compte de l'ingratitude
oublieuse dont sont payés les amuseurs, les
donneurs de joie comme lui. Il pense
qu'il n'est qu'un pauvre pantin de chair
qui sera vieux et détraqué un jour.
N'est-il pas le Grand Humilié, celui
qui, bénévolement, a sacrifié sa dignité hu-
maine pour assumer toute la dérision, les
chiquenaudes, les rebuffades, celui-là dont
même les pleurs ne comptent point, carica-
ture perpétuelle de la Douleur; et n'a-t-il
pas choisi cette mission, ce rôle dévoué
pour faire s'épanouir le Rire des Petits
Enfants des Hommes?
Pourtant Mister Clown est plus que bien
des pitres illustres: un grand, un complet,
un magnifique artiste.
Son art résume tous les genres où
tant d'autres s'illustrent en s'y spé-
cialisant. A lui seul, il reconstitue toutes
les ressources du Guignol humain, et il
doit posséder les qualités diverses de toutes
les espèces d'interprètes. Pour devenir un
bon clown, il faut être non seulement tra-
gédien et comédien, mais encore, mime,
acrobate, cavalier, musicien, équilibriste,
gymnaste, jongleur, illusionniste, prestidi-
gitateur, danseur, grime, athlète, que sais-
je, et posséder encore de la voix au besoin
et dos dons d'observation ot d'expression.
Trente, ans de périlleux métier souvent,
si on compte l'apprentissage exercé de
bonne heure, et d'un dur métier, car il né-
cessite quotidiennement un entretien mus-
culaire sans relâche, et des efforts physi-
ques considérables; des salaires"insuffisants
qui n'assureront pas le pain et l'abri de sa
vieillesse, une mésestime injuste attachée
à sa profession, car je n'ai jamais vu qu'un
clown ait obtenu un. prix Monthyon ou la
moindre récompense officielle, tout cela y
compris l'amertume que vous cause l'in-
gratitude de ceux que vous avez distraits
et qui ne s'en souviennent plus; tout cela
pour s'en aller, un jour, au cimetière, es-
corté seulement de quelques frères du trem-
plin aux jambes rendues torses par les con-
tinuelles dislocations, et sans la moindre
délégation enfantine derrière son corbillard.
Tout cela fait comprendre l'incurable mé-
lancolie de poor Mister Clown.
Jehan RICTUS.
Nous publierons demain un article de
EDMOND SEE ",,'
Seconafè main
Les manuels élémentaires d'histoire nous
apprennent qu'aux premiers temps de notre
pays la Gaule était dévastée par les au-
rochs, que les promeneurs se réunissaient
autour des pierres druidiques, et que les
Gaulois aimaient, par dessus tout, écouter
les histoires Qu'on voulait bien leur racon-
ter.
- A cette différence près que les aurochs
ont été remplacés par les autobus, rien n'esi
changé depuis lors dans notre pays. Les
pierres druidiques intéressent toujours les
touristes et nous aimons, avant toute chose,
à écouter les histoires qu'on nous raconte
plutôt que de les lire dans des livres. C'est
là, du reste, ce qui tait tout le succès de no-
tre théâtre. :
Avec l'apparition des sports nouveaux
s'est déclaré ce que l'on a appelé la crise
de la librairie. Nous avons découvert sur
nos routes des livres ouverts qui se dépla-
cent au gré de notre fantaisie, et nous ai-
mons mieux contenter ces paysages de
France tels qu'ils sont Que d'en lire les des-
criptions dans des bibliothèques poussiéreu-
ses.
Le Théâtre, lui, n'a point souffert, tout
naturellement, de cette évolution. Il nous
apporte, lui aussi, des idées toutes faites;
il déroule devant nos yeux des événements
imprévus sans que nous les ayons cherches
et c'est pour cela qu'il nous plaît. Au sur-
plus, it taut bien le dire, ce sentiment est
des plus louables; il prouve bien un peu
que nous sommes toujours des latins que te
travail effraie, mais il démontre tout en
même temps que nous savons choisir et que
nous n'aimons que les choses qu'on sait
ncus présenter avec art.
Malheureusement, il faut bien le dire, de-
puis quelque temps, cette façon de vivre du
travail des autres et de n'accepter que des
idées de seconde main, semble s'étendre à
nos auteurs. Il est très rare, aujourd'hui,
qu'un écrivain consente à tirer quelque
chose de son propre fond; il cherche, de
préférence, à s'appuyer sur des sujets d'his-
toire ou d'actualité et à éviter ainsi toute
responsabilité directe.
Les mémoires, les souvenirs, les pièces
historiques se multiplient chaque jour da-
vantage, et, lorsqu'un auteur dramatique
cherche un sujet, vous pouvez être assuré
que ce n'est point en lui-même. C'est peut-
être à cela que tient la décadence de la Co-
médie. Il serait temps, pour nos auteurs, de
répudier ce rôle d'interprète et de renou-
veler les initiatives qui firent, jadis, tout le
succès de notre littérature.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir à huit heures et demie, au théâ-
tre Sarah-Bernhardt, première représenta-
tion de : Les Révoltés, drame en cinq actes
et six tableaux, de MM. Henri Cain et
Edouard Adenis.
Ce soir, à huit heures un quart, au Théâ-
tre Lyrique municipal de la Gaité, première
représentation (reprise) de Lucie de Lam-
mermoor, opéra en quatre actes, de Al-
phonse Royer et Gustave Vaëz, musique de
Donizetti.
Ce soir, à neuf heures, au théâtre du
Grand-Guignol, répétition générale de:
Nuit d'IIJyrie, Cent lignes émues, La Pre-
mière mise, Machin fils et Une présenta-
tion.
L
e billet de faveur.
Si l'on se reporte au siècle du
grand roi, à une ordonnance de Louis XIV
du 16 novembre 1691, on n'est pas médio-
crement étonné de voir qu'à cette époque
les gens de qualité entraient au théâtre non
pas comme maintenant avec un billet ob-
tenu par relations, mais d'autorité, de force;
« Sa Majesté étant informée que les dé-
fenses qu'Elle a ci-devant faites à toutes
personnes d'entrer aux Comédies, tant fran-
çaises qu'italiennes, sans payer, ne sont pas
observées, fait de nouveau très expresses
inhibitions à toutes personnes, de quelque
qualité et condition qu'elles soient, même
aux officiers de sa .Maison, gendarmes,
chevau-légers, mousquetaires et autres,
d'entrer auxdites Comédies sans payer. »
Et comme une circulaire se prescrit vite,
le 19 janvier 1701, Louis XIV confirmait
sa précédente ordonnance.
Autres temps autres mœurs, mais il est
toujours chic d'entrer sans payer 1
]
1 n'y a pas de grand homme pour.
La scène se passe dans un magasin,
au rayon des tapis. Un monsieur tout rase,
très convenablement vêtu cependant, exa-
mine une marchandise.
Le chef de rayon, familier, dit au mon-
sieur tout rasé, en qui il voit sans doute un
domestique de grande maison:
— Je te - conseille de prendre celui-là.
Tu verras qu'on sera satisfait.
— Bien, répond le monsieur tout rasé;
c'est une affaire entendue. Vous l'enverrez
à mon adresse.
Et il remet alors au chef de rayon une
carte de visite sur laquelle ce dernier- put
lire: « Louis Delaunay, de la Comédie-
Française », et M. Delaunay, car c'était
bien lui, s'en alla tranquillement.
Quant au chef de rayon, familier et gaf-
feur, il ne rayonnait pas du tout.
c
andidat! - -
Des affiches nombreuses jettent leur
note claire, un peu criarde, sur les murs
des immeubles du quartier des Arts-et-Mé-
tiers.
Un nom aimé et admiré entre tous se dé-.
tache en noir sur le jaune ou le vert du pa-
pier:
COQUELIN
A quelles élections peut bien se présen-
ter l'immortel Cyrano? Aurait-il son violon
d'Ingres, lui aussi? Pourquoi pas; on a cer-
tes annoncé ces jours-ci d'autres candida-
■étonrwrtos- -©«ne- ~?~«,4~ ~ët
vfài.
Rien de tout cela. D'un peu plus près on
s'aperçoit qu'il s'agit d'un homonyme, can-
didat ciseleur au Conseil des Prud'hom-
mes.
.1.. A L'OPÉRA
(Photo Bert, Paris)
Mlle Charbonnel
dans le rôle de la Reine, d' « Hamlet »
M
me Victorien Sardou et ses enfants,
très touchés et très émus des in-
nombrables marques de sympathie qui leur
sont venues de toutes parts, à l'occasion de
la mort de l'illustre dramaturge, nous prient,
ne pouvant répondre à ces miniers de té-
moignages, d'exprimer leur profonde grati-
tude à ceux qui ont bien voulu, en appor-
tant leur hommage au glorieux maître dis-
paru, prendre part à leur douleur.
L
es petite mystères. -
Mais si, on le saura. Car, à Comœ-
- 8 * _1 11 -
uia, sans qu usoit urne ae se placer i index
sur le front et de gonfler ses joues, on fi-
nit par tout savoir.
Et la raison est très simple. George
Grand se fait appeler ainsi, parce que sa
mère, écrivain très distingué, avait pris ce
pseudonyme. Et l'on sait que George, pour
les dames, n'a point d's. Georges Berr
s'appelle: Georges. On écrit: Georges.
Voilà. L'affiche a raison. Et il n'y a plus
de mystère.
s
ymphonie en vert.
On n'a pas plutôt annoncé la candida-
ture académique de M. Edouard Drumont,
que, déjà, on annonce des candidatures ri-
vales. ',
Au. fauteuil de Victorien Sardou, en même
temps que l'auteur de La France juive, se
porteront; nous dit-on, M. Boutroux, le cé-
lèbre philosophe; M. Delafosse, un autre
journaliste, et M. Henri Roujon, l'éminent
écrivain, secrétaire perpétuel de l'Académie
des Beaux-Arts.
On parle aussi — et cela a plus direc-
tement rapport avec le théâtre — de la
candidature de M. Marcel Prévost et de
celles de MM. Georges de Porto-Riche et
Alfred Capus, qui se présenteraient simul-
tanément aux fauteuils de Ludovic Halévy
ej de Victorien Sardou.
Mais la vacance de ce dernier fauteuil ne
sera officielle que dans trois semaines; l'é-
f lection n'aura pas lieu avant le mois de
juin prochain. D'ici là, il coulera de l'eau
sous le pont des Arts.
*& LIOPÊRA-COMIQUO
(H. Manuel, phot.)
Mlle Chenal
qui chantera demain « La Tosca »
c
a porte bonheur.
La scène se passait un de ces der-
niers jours dans un grand théâtre voisin des
.boulevards, où l'on répète en ce moment
une pièce en prose.
C'est précisément pendant la répétition.
L'auteur est là, manuscrit en main, suivant
les répliques de ses acteurs;, c'est mainte-
nant le plus ancien et le plus illustre de la
maison qui parle, mais tout à coup l'auteur
l'arrête et lui fait observer:
— Ce n'est pas ça, mon cher ami. Vous
faites erreur. Vous marchez dans ma
prose. l'acteur interpellé, superbe, jette
Alors l'acteur interpellé, superbe, jette
un terrible regard à l'auteur et lui répond
triomphalement:
— Ort dit que çû porte botihëUt
LES PETITES CONFIDENCES
1
L'OUVREUR DE PORTIÈRES
L'infran, mon prince. étrennez-moi, ce soir.
y a pas de « générale » et je ne fais rien. ah!
les temps sont durs! Mais écoutez-moi. marchez
pas si vite. je sais bien qui vous êtes. allez,
et si je vous appelle mon prince, c'est pour ne
pas avair l'air de vous reconnaître. et vous met-
tre à l'aise. On se voit à presque toutes les ré-
pétitions. Vous ne me remettez pas ? Eh bien !
c'est très chic à vous, ça, tenez, c'est parce que
vous m'avez obligé plus d'une fois. si, si.
mais vous verrez, je ne suis pas un ingrat, je
ne l'oublierai jamais. achetez-moi L'Iatran,
dites!. prenez-le. même pour rien si vous
voulez. vous êtes un ami. Pour ce prix-là,
hélas! que j'en ai ouvert de portières, dans ma
pauvre bougresse de vie. que j'en ai appelé des
autos, à la sortie, et des chauffeurs Pierre, du
boulevard de Courcelles, et des Georges de la
rue Feydeau, et des Gauthier de avenue de
Villars. c'est même moi que M. Tristan Ber-
nard, un rigolo, m'a envoyé chercher le cocher
Lucie- de la -rue Mardms; -nous avons bien ri,
ce soir-là!.
Et tenez, c'est moi qui, au commencement de
chaque saison, aux premières générales, ap-
prends, avant les autres, les nouveaux. mariages
et les récentes ruptures. Y a des fois où ça me
fait plaisir; y a des fois aussi où ça me taquine.
quand je vois, par exemple, que la petite Une
telle n'est plus avec le petit Chose. Il avait
pourtant l'air de bien l'aimer. Ainsi, cette an-
née, j'ai déjà appris avec satisfaction — oh! ils
ne m'ont pas envoyé de lettre de faire part —
que le ménage *** était remis. Et puis, sur les
marches, pendant les entr'actes, il y a des au-
teurs qui viennent griller une cigarette. j'en
ai fumé de bonnes, celles de M. Francis de Crois-
set, avec des bouts en or. et les cigares de M.
Catulle Mondes. alors, pendant qu'ils fument
ils causent et ils ne se gênent pas pour parler
devant moi. D'aillqurs, ils peuvent être tran-
quilles, je ne le répéterai pas. je suis discret.
Allons. mon prince, un bon mouvement.
voulez-vous que je vienne de temps en temps
et que, sans avoir l'air de vous connaître, je
vous suive. et vous raconte les derniers petits
potins. Voulez-vous. Ah! dites, voulez-vous
pour vingt ronds deux places pour la dernière
des Bouffes. moins cher qu'au bureau; mais
chut. surtout faut pas le dire, c'est le chauffeur
de M. Dujardin-Beaumetz qui me 'les a données,
hier.
- J. BEHO.
L
a main leste.
On jouait, sur une scène des bou-
levaras, une de ces pièces dont le genre,
fort en honneur pendant ces dernières an-
nées, est d'exciter les passions religieuses
cjps spectateurs.
Le directeur, estimant que les incidents
de salle diminuaient dans des proportions
inquiétantes pour le succès de la-pièce, ré-
solut de les rafraîchir.
Il promit dix louis à un énergumène
pour qu'il souffletât un juif dans la salle.
Celui-ci .hésita plusieurs jours, et avisant
enfin un homme d'un certain âge, au profil
significatif, s'installa à ses côtés et lui ad-
ministra deux gifles soudaines et retentis-
santes. •
Tout se dénoua au commissariat ; et la vic-
time, au moment de déclarer ses nom et
qualités, prononça: « Je suis le marquis
de X. »
L
1 J1
'habit de couleur.
Hélas! hélas! on ne parle plus de
nabit de couleur.
C'est à peine si, depuis le début de la
saison, nous en avons aperçu deux dans
nos salles de théâtre:
Celui de M. Alexandre Duval, le spiri-
tuel Godefroy de Bouillon, et celui de no-
tre brillant collaborateur Marcel Boulengèr.
Et. cela nous remet en mémoire ce joli
mot d'Emmanuel Arène qui, lors de la cam-
pagne retentissante entreprise par notre ami
Pierre Mortier, lui écrivit:
« Entendu, cher ami, je suis avec vous.
Je m'engage à ne plus porter désormais
qu'un habit de couleur; et ma couleur, je
l'ai déjà choisie, ce sera le noir. »
Il semble bien que nos contemporains
partageront longtemps encore cette manière
de voir..,!
BALLADE DU GLORIEUX FIGURANT
Las de longs jours sans jouissance,
J'ai maudit la divinité,
Pestant de n'avoir la licence
De vivre en somptuosité.
Mais j'en vins à résipiscence,
Car mon ciel, un soir, s'éclaira
Au gré de ma concupiscence,
En figurant à l'Opéra.
l'y fus empereur de Byzance, oflO
Jupiter, dont l'autorité
Contraignit à l'obéissance
Les Titans pour l'éternité;
Templier plein de suffisance-
Mage savant qu'on révéra,
Principicule de Vicence,
En figurant à l'Opéra.
Ecartant la réminiscence
D'une triste dualité,
Je sus goûter sans réticence
Ma précaire félicité.
Pour corser la réjouissance,
La caisse me rémunéra,
Oh! certes, sans munificence,:
En figurant à l'Opéra.
ENVOI
Prince"! J'ai ma part de puissance,
Et, Dieu, roi, duc, etcœtera,
J'efface ta magnificence
En figurant à l'Opéra.
FORTUNÉ PAILLOTE
Q
uo non ascendam?
A l'issue de l'un des derniers soec-
tacles de la Gaîté-Lyrique, un - compositeur
connu—et non des moindres-qui,prochaine-
ment, d'ailleurs, sera joué dans la maison,
s'en fut, sur la scène, féliciter les artistes
de l'interprétation. -
Comme il arrivait en présence du ténor,
le compositeur ne put se défendre d'une
certaine hésitation. Le disciple du bel canto
se chargea de le mettre aussitôt à son aise.
— Je sais, je sais, dit-il ; vous allez sans
doute me dire que je ne chante pas assez
juste. Je l'admets bien volontiers. Mais vous
remarquerez, mon cher maître, que je
chante toujours au-dessus 1
— Mon ami, lui dit le musicien, yous
êtes un interprète supérieur!
]
J.. l ~w - -
1 y a portraits et portraits.
On sait que Victorien Sardou fut tou-
jours rebelle aux peintres-portraitistes et 1
aux sculpteurs, estimant que la pose faisait
perdre trop de temps et exigeait une trop
longue immdbilité. Par contre, il n'était nul-
lement rebelle à la caricature, et il envoya
cette autorisation à André Gill: « J'autorise
le journal La Lune à publier ma charge,
une charge étant, par comparaison, le meil-
leur moyen de faire passer l'original pour
très beau. ))
i
oces d'argent.
Il va y avoir vingt-cinq ans que M.
rernand Samuel est directeur de théâtre.
Lorsqu'il débuta dans cette dure profession,
il n'était pas majeur.
S'il est superflu de retracer ici les étapes
d'une carrière qui fut constamment heu-
reuse et s'il est vain de rappeler que M.
Samuel joua les pièces les plus importantes
de MM. Lavedan, Capus et Donnay, il n'est
pas inutile de signaler, au moment où ce'
chef-d'œuvre va être repris au Théâtre-
Français, que M. Samuel fut le premier à
accueillir et à monter La Parisienne.
c
'est chez Paillard, le restaurateur à
l'universelle réputation, que se re-
trouvent, chaque soir, les personnalités en
vue du monde parisien, amateurs de bonne
chère, arrosée des vins les plus rares et leS
plus exquis qui soient au monde,
L
'hygiène connaît tous les raffinements;
le dernier en date fut l'apparition de
la Lotion à l'Œillet de Morny dont L. Pias-
sard, 17, rue du Quatre-Septembre, est la
créateur avisé. Cette lotion a conquis les
suffrages de toutes nos élégantes, elle les
gardera longtemps encore.
T
out le monde sait le souci que Georgear
Richard a toujours eu d'établir des
voitures pratiques. Il l a bien prouve en
donnant le jour, il y a déjà quatre ans, ait
célèbre modèle « Unie » 12 chevaux, 4 cy-
lindres, que tous les constructeurs copient
et annoncent pour 1909.
Aujourd'hui, toujours à la recherche des,
innovations utiles, la Société des Automo-
biles Unie prépare une surprise à sa clien-
tèle.
A la construction pratique,, elle veut ad-
joindre un mode de vente pratique. Maie
nous avons promis d'être discret.
Devinez, si vous pouvez.
NOUVELLE A LA MAIN
E
ntre professeurs de chant du Conser-
vatofre, à la suite de l'examen d'ad-
mission.,
- Ët X.?
;— Il n'est pas reçu. Il n'a eu, dans le
jury, que quatre voix sur seize.
— Oui. Il a toujours manqué de voix.
Le Masque de Verre.
Le Nouveau Théâtre d'Art
LE HEURT, Trois actes, de M. Paul Granet.
LA LOGIQUE DU DOUTE, Deux actes, de M. A. Mortier.
La Société du Nouveau Théâtre d'Art, aux
destinées duquel préside notre sympathique con-
frère Alphonse Séché, est une vaillante phalan-
ge de jeunes auteurs, épris de hardiesse et de
jolie sincérité. Ils ont mis au jour, ces dernières
années, quelques œuvres qui ont marqué; je
me borne à citer, pour mémoire, La Tentation
de l'abbé Jean, de Louis Payen ; Les Moribonds,
d'Auguste Achaume; Les Requins, de Jean
d'Aguzan; Le Réveil de l'Instinct, de M. H.-R.
Lenormand ; Le Monsieur aux Chrysanthèmes,
de M. Armory.
Leur premier spectacle de la saison nouvelle
se donnait hier, au Palais-Royal, et se composait
de deux pièces: Le Heurt, trois actes, de M.
Paul Grânet ; La Logique du Doute, deux actes,
de M. Alfred Mortier.
Je suis obligé de dire tout
de suite que cette journée ne
comptera pas parmi les meil-
leures du Nouveau Théâtre
d'Art. Elle eut même été tout
à fait compromise si l'œuvre
de M. Alfred Mortier n'avait
finalement sauvé la partie.
La Logique du doute est
un drame intérieur qui se
passe dans l'âme du princi-
pal personnage.
Henri, dont le passé amou-
reux a quelque peu fané le
cœur, a épousé Clotilde, une
jeune fille neuve qui, elle,
vient à l'amour et au mariage
avec toute la foi et l'ardeur
de ses vingt ans. Ils pren-
nent à l'instant possession de
leur nouvelle demeure, et,
pour la première fois, se
trouvent « enfin seuls ».
Lui s'échappe un moment:
il vient dans le salon brûler
quelques lettres, derniers ves-
tiges de son passé, oubliés
dans un tiroir de son secré-
taire. Et tandis que, mélan-
colique, il regarde la flamme
achever son œuvre, Clotilde
entre inopinément et, voyant
son mari troublé, s'inquiète.
Pressé de questions, lui
fait alors toute la confession
de son passé. Mais, s'écrie-
t-il, c'est un passé mort, dont
il ne reste plus que les cen-
dres qui achèvent de se con-
sumer. Il aime Clotilde, com-
me il ne croyait plus pouvoir
aimer; il a l'impression de
renaître à l'amour; il a enfin
trouvé près d'elle le.refuge,
la guérison.
Elle s'exalte à son tour, lui
dit son amour, sa foi, son-
bonheur d'être à lui, tou-
jours; et tous deux, unis dans
un baiser, se murmurent ce
mot doux aux nouveaux
amants: toujours!
Mais la nuit s'avance. Lasse,
la jeune femme s'étend sur
une chaise-longue, tandis que
lui, souriant et heureux, se
penche tendrement vers elle
pour la regarder dormir.
tout a coup il se relève, la figure boulever-
sée, comme en proie à une anxiété, à une
tentation atroce. Titubant, avec les gestes d'un
homme qui lutte contre une suggestion mau-
vaise, il se dirige vers le secrétaire. où sans
doute restent encore des lettres d'autrefois, au-
tres vestiges de son passé, qu'il brûle de revoir
une dernière fois.
C'est la supposition logique que font à ce
moment les spectateurs. Mais ils se trompent,
les spectateurs! Ils ne tardent pas à le consta-
ter.
Henri a ouvert un tiroir, y a pris un poi-
gnard ; va-t-il se tuer? mon Dieu ! Non. Il se
précipite sur la jeune femme endormie, lui
plonge la lame en plein cœur, tandis qu'il
clame ces mots d'une profondeur inquiétante :
« Toujours! Jamais ! »
Si l'art du théâtre est l'art des préparations,
(Dessin de Hermann-Pauïl
Mlle Marie Kattf
ce n'est pâs celui que cultive M. Alfred Mor-
tier. Il fait, lui, du théâtre essentiel; il a pris
soin. d'ailleurs* de nous en avertir. Après tout,
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