Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-11-13
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 novembre 1908 13 novembre 1908
Description : 1908/11/13 (A2,N410). 1908/11/13 (A2,N410).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646063b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
v *2*Année.» N°410 (Quotidien)
le Numéro : ^centime#:
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Vendredi 13 Novembre 1908*
,, 1
COMŒDIA
rédacteur en Chef : o. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boufeuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS
UN AN « MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION =
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Numéro provisoire : 401-48
ABONNEMENTS
UN AN 8 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 *
CONTES A LIQUETTE
La Baylone
Oui, petite Liquette! Ne trépignez
donc plus sur place car je m'en vais
vous 'la conter cette piquante histoire.
Mais aussi bien, ferez-vous meilleure
contenance si vous frottez de blanc vos
joues, à cette seule fin qu'on n'y voie
Point monter le rouge. Vous n'avez pas
froid aux yeux ekfréquenteriez le corps
de garde?. Sans doute, sans doute.
Nonobstant, suivez mon conseil ou alors
soufflons quelques chandelles, parce que
l'on goûte mieux farces et grivoiseries
dans la douce et mystérieuse pénombre.
Et puis si, d'aventure, ma main s'égare.
Mais il suffit; souffrez que je com-
mence :
Or, il s'agit de la touchante aventure
d'une certaine abbesse répondant au nom
de Guillaumette, qui demeurait à Beau-
caire. Presque en Avignon, petite Li-
sette. Imaginez ce que cela pouvait être
que vivre à cette époque dans les ruis-
sellements du soleil d'or de la Provence,
sous un éternel firmament d'azur cons-
• tellé des joyaux célestes, au milieu des
Velours coloriés de toute la campagne,
saupoudrée par le mistral de fines pous-
sières, diaphanes et légères comme le
sucre en poudre étendu sur les frian-
dises.
Cette Guillaumette - ne vous y trom-
pez point, Liquette - exerçait un sin-
gulier sacerdoce et dirigeait un singulier
couvent, car il était d'usage, au com-
mencement du siècle treizième, de faire
des « abbayes » de femmes débau-
chées. La coutume en remontait à Guil-
laume VII, duc d'Aquitaine et comte de
Poitou, qui avait fait construire, dans la
Petite ville de Niort, un bâtiment sem-
blable à un monastère où il recueillait
toutes les filles de « joye ».
Guillaumette n'était donc autre que
l'abbesse ou « baylone» du — comment
m'exprimer? — du couvent de Beau-
caire — nous nous entendons, n'est-ce
pas? — et n'allez pas croire que ce fût
une condition méprisable!. Depuis
longtemps, il existait pareillement, à
Toulouse, un semblable lieu de plaisir
Fameux auquel plusieurs de nos rois con-
cédèrent des privilèges. Il portait aussi
le nom d'abbaye, ainsi qu'il appert des
Annales de Toulouse, rapportées par La
Faille.
Toutefois, la « baylone » de Beaucaire
était soumise à une curieuse interdiction.
Elle ne pouvait. Mais vous l'appren-
drez par la suite de ce récit.
Certain après-dîner, vers la tombée
de la nuit, s'en vint frapper à la porte
de l'abbaye toute une théorie de jeunes
et francs lurons, qui de Tarascon, qui
d'Orange, qui d'Arles, peut-être -de Va-
lence ou même encore de Lyon, s'étaient
mis dans la cervelle de faire, en cette
accueillante demeure, belle et bonne ri-
paille, en compagnie des dames de céans.
Vous jugez de l'aubaine, et peu s'en
fallut que les nonnes du lieu, la prieure
et l'abbesse ne s'en allassent incontinent
remercier le ciel d'un aussi réjouissant
envoi. Mais comme, après tout, peut-être
était-ce le diable auquel on devait cette
heureuse fortune, elles s'abstinrent de
rendre grâce à qui que ce fut, vu la
complexe conjoncture.
Le plus beau de ces jeunes gens — je
ne vous le cacherai pas plus longtemps
- il se nommait Bruneau, s'éprit de
Guillaumette, lui conta mille choses fol-
les et sensées, tant et si bien qu'il ob-
tint d'être son galant et de passer la nuit
entière dans son séduisant voisinage.
Lorsque le jour fut venu, notre ga-
lant, plus que jamais épris des charmes
de la belle abbesse, ne voulut rien en-
tendre pour ne point revenir et jura de
mourir branché au prochain arbre ou
transpercé de son épée si Guillaumette
ne faisait aussitôt serment d'être encore
sienne la nuit suivante.
- Hé! je le voudrais bien, répliqua
Guillaumette; mais, de par la croix de
ma mère, cela m'est défendue!
— Quelle est cette gageure? interro-
gea le galant incrédule.
Et Guillaumette de lui raconter:
— Mon doux ami, 1 abbesse de Beau-
Caire, si vous ne le savez, est soumise
e une singulière interdiction : elle ne
Peut coucher plus d'une nuit avec le
même quidam. En 1414, la « baylone »
à laquelle je succédai ayant passé dix
nUits de suite avec un de ses amoureux,
eut payer au châtelain une amende de
dix sols tournois !
Petite Liquette, l'abbesse Guillau-
mette disait vrai, et vous trouverez le
Técit authentique de cette pénible pres-
cription dans l'opuscule de Pansier, si
ViioUS avez jamais souci d'aller le véri-
fier.
Notre galant fut bien marri, car s'il
etait riche d'amour, il ne possédait ni
sou ni maille en suffisante quantité pour
assurer à la délectable Guillaumette le
entant de l'amende qu'elle eût risqué
d encourir pour l'accueillir derechef
Ca"s son lit.
Ce qu'il fit en cet état, je ne vous le
eOTine pas en mille, petite Liquette, car
IIITle brûle de vous en informer sans
Plus tarder.
Le premier soir, à la nuit tombante,
qui frappa discrètement à la porte du
coUVent? Un vieux capucin, ma mie, tout
s dans la bure et très encapu-
thon é
-:- Un saint homme en ce lieu, se ré-
i
cria Guillaumette, sûrement il se trompe !
Le saint homme insista, et lorsque,
dans la chambre de l'abbesse, la lumière
fut éteinte. Mais je passe à la nuit sui-
vante.
Le second soir, un hallebardier, cas-
que en tête et visière baissée, sollicita de
partager la couche de Guillaumette et
lorsqu'on eut soufflé la chandelle.
Mais j'en arrive à la troisième nuit.
Au crépuscule — et c'est ici que l'a-
venture devient réjouissante à souhait —■
une jolie fillette se présenta. Jolie comme
vous, Liquette, d'une gracieuse tournure
et d'un élégant maintien, Liquette.
comme vous ; son visage, par modestie,
était voilé de gaze.
- Je voudrais, madame, dit-elle à
Guillaumette, faire ici pénitence, et j'en-
tendis parler si bien de vous qu'il me
tourmente de vous mieux connaître. Ne
me laissez pas seule, de grâce. accueil-
lez-moi.
Pour ne point désoler la pauvrette dé-
jà prête à pleurer, la bonne Guillau-
mette lui fit place en sa couche ; or,
dans l'obscurité, voici que la charmante
abbesse, au lieu d'une compagne, crut
bien découvrir qu'elle avait un compa-
gnon, et.
.Et vous trépignez d'impatience, pe-
tite Liquette; vous voudriez savoir ce
qu'il advint dans la soirée du prochain
jour. car vous avez bien deviné que ce
capucin, ce hallebardier et cette piquante
luronne étaient autant de déguisements
imaginés par notre Bruneau - très sub-
til galant — pour déjouer la perspicaci-
té du guet aussi bien que les scrupules
de l'abbesse.
Eh bien! petite Liquette, dussiez-vous
en faire une moue longue d'une aune,
par sympathie pour votre sexe, la -nuit
suivante, il ne vint ni religieux, ni mili-
taire, ni soubrette de comédie, mais sim-
plement quelques marchands de Beau-
caire, un procureur et deux clercs fort
connus au couvent, qui ne s'inquiétèrent
point de Guillaumette.
Car le galant était parti pour ne plus
revenir. N'allez point supposer quelque
drame ou mystère. Il était parti simple-
ment ce galant, parce qu'il était lassé,
lassé de Guillaumette comme de tout, ici-
bas, on se lasse.
Comme vous vous lassez vous-même,
petite Liquette, d'écouter ce rédit- qui
aura, d'ailleurs, bien assez duré lorsque
je vous aurai dit que l'abbesse de Beau-
caire, à propos de cette aventure, versa
quelques larmes d'abord et. rit beaucoup
ensuite.
Pierre SOUVESTRE.
Nous publierons demain un article de
PAUL GINISTY
La débâcle -
Je ne connais rien de plus profondément
maladroit que la manie qu'ont, aujourd'hui,
les théâtres de ne point terminer leur spec-
tacle à l'heure convenable.
Lorsqu'un journal paraît en retard, on
peut penser que cela est dû aux exigences
de la dernière heure (il est bon, en tout
cas, d'accréditer cette légende!). Lorsque le
train qui part à midi d'Asnières arrive à
six heures du soir à la gare Saint-Lazare,
on peut penser également que ce temps lui
est nécessaire et qu'il est difficile, sans dé-
ranger les habitudes des voyageurs, de le
faire partir six heures plus tôt; mais lors-
qu'un spectacle finit en retard, il est im-
possible, on en conviendra, de justifier
d'une façon quelconque ce manque d'égard
à l'endroit du public.
Seul l'auteur peut se figurer que si toute
la salle est debout, c'est pour l'acclamer;
mais lorsqu'on regarde plus près les vi-
sages crispés des spectateurs, on sent, à
n'en point douter, que leur préoccupation
est toute différente. Ils ressemblent assez
aux coureurs anxieux qui attendent le si-
gnai du starter. Ils apprêtent leurs poings
pour lutter au vestiaire; ils mesurent du
coin de l'œil le bond qu'il faudra faire par-
dessus la vieille dame impotente et'le sen-
tier de montagne qu'ils franchirent d'un
seul élan sur le dos des fauteuils et les cloi-
sons des loges. On dirait une répétition gé-
nérale d'incendie.
On s'écrase au vestiaire sans pitié. La
descente des escaliers rappelle les enchevê-
trements humains chers au Dante et à
Gustave Doré; et dans la rue, parmi les voi-
tures et sur le pavé gras, la lutte devient
sauvage.
Remarquez bien qu'il ne s'en faut, la plu-
part du temps, que de cinq ou dix minutes
pour que les derniers trains, les derniers
métros et les ultimes omnibus soient man-
qués. Pour dix malheureuses minutes, au-
teur et directeur s'aliènent toutes les sym-
pathies du public et donnent ainsi aux spec-
tateurs l'impression définitive que la pièce
la mieux construite se termine d'une façon
lamentable.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à neuf heures, au théâtre des
NouveautéS; première représentation de
Dix minutes d'auto, vaudeville en trois ac-
tes, de MM. Georges Berr et Pierre De-
courcelle.
L
eurs fils.
M. Messager fils est un charmant
poète et un musicien d'élite.
A l'exemple de son père, il fait de la
délicieuse musique sur des vers d'Alfred
de Musset.
Mais le jeune Messager est surtout
d'une modestie qui peut Servir d'exemple.
A la caserne, à certaines soirées récréa-
tives, il vient comme plusieurs de ses ca-
marades sur une scène improvisée chanter
quelque jolie romance aux jeunes soldats,
ses compagnons de chambrée.
Tous l'estiment et aiment son caractère
gai et bon, mais beaucoup, heureux de la
bonne amitié de-leur jeune camarade, igno-
rent qu'il est le fils de M. Messager, direc-
teur de l'Opéra, chef d'orchestre et com-
positeur célèbre. --
M
ot de situation.
Dans une petite ville de province,
une troupe ae passage vient ae aonner un
vaudeville désopilant. La salle entière a ri
aux éclats et les acteurs eux-mêmes ont eu
toutes les peines du monde à garder leur
sérieux.
Et, comme le rideau s'est baissé sur le
mariage traditionnel, une brave ménagère
qui attend son vestiaire conclut philosophi-
quement :
— Maintenant, les voilà mariés! C'est
fini - de rire!.
L
a Belle Tortalla Valemia des Folies-
Bergère. -- t
Il y a huit jours, elle était inconnue des
Parisiens, et, aujourd'hui, l'on ne parle que
d'elle. AprèS'avoir fait courïr tout Londres,
elle fait courir tout Paris. Son nom est sur
toutes les lèvres et, déjà, l'on y a ajouté
- (Dover Street Studios)
Mlle Tortalla Valemia
le qualificatif de belle qu'elle mérite au
même titre au'Otéro ou la Cavallieri, car
sa beauté tient un peu de l'une et de l'au-
tre. Mais Tortalla Valemia n'est pas qu'une
jolie femme, c'est une danseuse souple,
étrange, lascive; c'est une artiste. Il faut
aller la voir, l'admirer, l'applaudir aux Fo-
lies-Bergère où, chaque soir, elle obtient
un double succès de grâce et de beauté.
B
ulletin.
Des bruits alarmants ont couru sur
la santé du grand poète provençal Frédéric
Mistral, dont l'admirable Mireio inspira
Charles Gounod, pour la joie de tant de
spectateurs et pour celle du caissier de
l'Opéra-Comique.
Nous sommes heureux d'apprendre que
le restaurateur du Félibrige va mieux et
nous lui adressons les plus sincères vœux
de très prompt rétablissement.
E
n Angleterre.
Un de nos lecteurs nous adresse la
très amusante et véridique information sui-
vante :
Mon cher Masque,
Etant un fidèle lecteur de Comœdia, il serait
assez piquant, je crois, de vous signaler la façon
dont on célèbre, en Angleterre, le talent du re-
gretté Victorien Sardou.
Voyez plutôt l'article consacré à l'auteur de
Fédora dans le numéro du Daily News du 9 no-
vembre. Je traduis littéralement -la phrase sui-
vante: « La personnalité de l'écrivain décédé
est le sujet des conversations sur les boulevards,
ce soir. Mesdames Réjane et Ditry et la troupe
des Variétés, où la brillante pièce de Sardou
Le Roi, avec de Fiers dans le rôle principal, dé-
clarent, etc.
Découvrir une nouvelle étoile : Mme Ditry ! ? !
est bon. - Attribuer le Roi h Sardou est iro-
nique. sans le vouloir. — Mais confondre M.
de Fiers avec Brasseur ou Max Dearly!. Quant
à la dernière phrase, elle est des plus flatteuses
pour des Parisiens. (Toujours en parlant de Sar-
dou) : Paris (!!!) qui ne comptait que des amis ».
Sans commentaires, et bien à vous.
RENÉ LOUBET.
D
iscrétion.
C'était alors une petite « servatoire » :
elle joue maintenant dans un théâtre sub-
ventionné.
Elle adorait bien l'art, elle aimait bien
son métier, mais elle aimait. — comment
pourrait-on dire — elle aimait aussi s'amu-
ser: Il faut bien que jeunesse se passe.
Elle recevait chez elle beaucoup de cama-
rades, beaucoup d'amis, mais comme elle
n'était pas riche, son appartement était loin
d'être luxueux et grandiose: on prenait le.
thé, sans façons, dans sa chambre.
Un jour, où il y avait affluence de visi-
teurs, il manqua un siège pour le dernier
arrivant. Très aimablement, la petite « ser-
vatoire » dit au monsieur debout :
— Asseyez-vous donc sur mon lit.
— Je vous remercie beaucoup, répondit
galamment le monsieur, mais je ne voudrais
prendre la place de personne.
c
e n'était pas moi.
Nous recevons du poète Ernest
Gaubert la jolie lettre que voici:
Mon cher Masque,
Les échos de Comœdia m'attribuent, ce mg-
tin, un livre et une ballade. C'est beaucoup.
Je ne connais pas le livre, mais la ballade est
très belle et je regrette de n'en pas être l'auteur.
Je partage du moins son admiration pour Mlle
Sorel, que mes vingt ans célébraient au Courrier
Fraycais, en un poème ci-joint. Je songé que les
typographes ont, sans doute, confondu Ernest
Jaubert et Ernest Gaubert. Cet été, ils attri-
buaient un duel que j'avais eu au premier; ils
attribuent, aujourd'hui, une jolie ballade au der-
nier. C'est moi qui y gagne. C'est mon seul
désir d'éouité qui proteste donc!
Mes deux mains,
ERNEST GAUBERT.
A Mlle Sorel.
Vos yeux, comme un cristal étoilé, dans la fête,
Gardent l'autorité hautaine des Caylus !
Et toutes les splendeurs d'un règne révolu
Pour vous plaire, Madame, à vos regards s'arrê-
tent.
Même en le nonchaloir de vos gestés charmants
Renaît l'urbanité des mortes favorites
Dont les façons avaient la noblesse d'un rite
Par de bleus Tenons, près d'un royal amant!
Marquise de vieux Saxe et simple Parisienne,
Vous avez ce prestige efdans la comédienne
On aime l'attitude exquise et l.'apparat.
Et voici qu'au delà de l'horizon immense,
Au-dessus des toits d'or où son cœur rayonna,
Le soleil, astre roi, vous fait la révérence.
Fév. 1901. ERNEST GAUBERT.
APOLOGUES SANS MORALE
LA CRITIQUE EST AISÉE
Parce qu'il avait un cousin directeur de jour-
tial, Narcisse Crassan, jeune millionnaire, se
sentit, un beau matin, une impérieuse vocation
pour la critique musicale.
Il s'en ouvrit à Gédéon Pluque — c'est le
cousin — directeur du Petit ouotidien hebdoma-
daire — c'est le journal.
- Parfait, répondit cet homme de lettres pa-
tenté, tu connais mes principes: la famille avant
tout. Tu es mon cousin, donc tu as du talent.
Seulement, voilà., mon critique musical Robert
Clédut, a une part de 50.000 francs dans la com-
mandite du Petit quotidien hebdomadaire. Dame,
tu comprends, avant de le mettre à la porte, il
serait correct de le rembourser. Et je ne peux
pas en ce moment.
— Qu'à cela ne tienne! dit Narcisse Crassan,
je prends sa parti
—■ AH rightf. conclut Gédéon, qui était an-
glomane.
Et Narcisse Crassan saisit d'une main ferme
le sceptre musical du Petit quotidien hebdo-
madaire.
Malheureusement, il confondait Berlioz avec
Paul Delmet, et il prenait la clef de sol pour
une caricature d'Abel Faivre représentant une
femme enceinte (sans doute à cause de la por-
tée). Il y eut des réclamations.
Gédéon Pluque invita Narcisse à déjeuner.
— Mon petit, lui dit-il entre le fromage et la
poire symbolique, tu es un écrivain, c'est en-
tendu. Mais tu n'es pas un musicien, c'est in-
contestable. Tes papiers manquent de corps.
Alors, j'ai pensé à une chose: si, au lieu de
la critique musicale, tu faisais la critique dra-
matique?
r Très volontiers, .acquiesça Crassan.
- Seulement, voilà, Villèdrirr" mon critiqrie
dramatique, a une part de 100.000 francs dans
la commandite du Petit quotidien hebdomadaire.
Ce serait un supplément de 50.000 à verser.
— Entendu
Et Narcisse Crassan se commanda aussitôt un
cent de cartes de visite portant mention de sa
nouvelle qualité.
A partir de ce jour, on ne vit plus que lui
aux générales. Il serrait la main aux secrétaires,
saluait M. Adrien Bernheim, et coudoyait Char-
les Akar.
Son premier article fut très remarqué.
Rendant compte d'un vaudeville — qui eut,
d'ailleurs, sept représentations — il terminait par
cette phrase lapidaire:
« A bientôt, la centième »
Gédéon Pluque invita Narcisse à dîner.
Aux liqueurs, avec des larmes dans la voix,
il lui explioua qu'il avait pris la résolution de se
débarrasser du Petit quotidien hebdomadaire.
— Je me sens fatigué; j'ai besoin de repos.
Et puis, c'est une occasion superbe: on m'offre
200.000 francs!
Narcisse Crassan pensa se trouver mal. En
une minute il envisagea sa carrière brisée. Il
se vit chassé des générales. Il ne serrerait
plus la main aux secrétaires, ne saluerait plus
Charles Akar. Il cesserait de coudoyer Adrien
Bernheim. *
— A moins, poursuivit Pluque gouailleur, que
tu ne veuilles acheter toi-même le journal. En
ce cas je te donnerai la préférence, et comme
tu as déjà une part de 100.000 francs, cela ne
t'en ferait plus que 100.000 à verser.
L'âme de Narcisse Crassan se mua, à ces
mots, en un champ clos, où l'Intérêt et l'Ambi-
tion se livrèrent un combat acharné. Ce fut
l'Ambition qui triompha. Narcisse versa les
100.000 francs et prit la direction du Petit quo-
tidien hebdomadaire.
Mais comme il n'entend rien à l'administra-
tion, il a engagé Gédéon Pluque en qualité de di-
recteur appointé, et il s'est réservé seulement
la critique dramatique.
On le rencontre de plus en plus aux généra-
les. Il a pris de l'imvortance. Ce sont les se-
crétaires qui lui serrent la main. Charles Akar
lui tape sur le ventre, et Adrien Bernheim l'ap-
pelle: « mon cher tonfrère. »
Narcisse Crassan est un homme heureux.
LÉO MARCHES.
F
antasio, le plus spirituel, le plus indis-
cret des magazines, est encore celui
qui s'occupe le plus de théâtre. Il faut lire,
dans le numéro d'aujourd'hui, L'Après-
midi byzantine, de Nozière; les Lettres de
femmes, toutes authentiques, reçues par
le séduisant André Brulé; la « Mare aux
Cabots », enfin, la plus aiguë des critiques,
signée. « Un cochon de payant». Toutes
les rubriques sont à lire, toutes les pages
sont à voir: tous les amateurs de théâtre
lisent Fantasio.
c
uisine exquise, vins rares, orchestre
suave, service rapide et silencieux;
voilà ce que met à la disposition de son
élégante clientèle, Paillard, roi des restau-
rateurs. restaurateur des rois.
u
ne Parisienne aime à diaphanéiser son
visage, et rien ne l'aide dans cet art
comme la poudre de riz de l Lbulet iviorny,
qu'elle doit à L. Plassard, le parfumeur
bien connu, 17, rue du Quatre-Septembre.
L
a clientèle riche, qui prisera toujours,
de préférence, les voitures de grandes
marques aux autres, s adresse également de
préférence aux intermédiaires les mieux
qualifiés et placés pour la vente, comme
M. E. Lamberjack, boulevard Gouvion-
Saint-Cvr,. 95, par exemple, le concession-
naire exclusif des Fiat, et toujours bien
approvisionné en Panhard-Levassor, Re-
nault frères et Zedel. !
Li MaÍduédê Verrj.
THEATRE DÉJAZET
1
L'ENFANT DE MA SŒUR
Pièce en treis actes,
de MM. Mouézy=Eon et FrancheVille.
Etudiant en droit, Valérien Daverne s'est
épris de Mlle Berthe Mâcon-Parthenay, fille
d'un de ses professeurs. Il se peut recom-
mander d'un oncle — un oncle d'Afrique
- planteur sur la Côte d'Ivoire et riche
à quinze millions; mais, membre de la ligue
Bérenger et admirateur des vertueux dis-
cours prononcés par M. Ernest-Charles, le
père Mâcon-Parthenay — qui, d'ailleurs,
fornique avec une nommée Liquette — exi-
ge de son futur gendre autre chose que de
magnifiques espérances; il ne veut donner
sa fille qu'à un juriste distingué; or, Valé-
rien, qui, tout à son amour, n'a pas tra-
vaillé, va infailliblement être « recalé » à
la licence. Que faire? Il déniche une façon
de bohème, Loche, instruit et poivrot, qui,
moyennant cent louis, passera l'examen à
la place du candidat insuffisant.
Par malheur, Loche prend une cuite ter-
rible le jour même où il doit, sous le nom
de Valérien, éblouir la Faculté de sa
science, et c'est un certain Napoléon, gar-
çon de café, qui, alléché par la prime pro-
mise, se substitue au suppléant pochard et
va affronter les examinateurs. A peine Na-
poléon est-il parti pour subir l'épreuve que
Gabarrou, le planteur sénégalais, survient,
réclamant à tous les échos son neveu Valé-
rien, qu'il ne peut reconnaître, car il ne
l'a. pas vu depuis une quinzaine d'années.
Tout arrive: le garçon de café Napoléon,
peu ferré sur le code qui porte son nom,
est, pourtant, reçu licencié pour le compte
de Valérien, grâce à la surdité d'un de ses
juges, et à la complaisance d'un autre.
Mais, présenté à Gabarrou comme son ne-
veu et au professeur Mâcon-Parthenay
comme le prétendant de sa fille, il se com-
porte, ensuite, d'une façon désolante, ac-
cumulant les gaffes, et les incongruités. A
la fin, exaspéré par l'attitude de son rem-
plaçant, Valérien avoue la supercherie à
l'oncle Gabarrou; celui-ci, qui éprouvait
pour le jeune homme une sympathie ins-
tinctive, est enchanté de retrouver son vrai
neveu, dont il assurera le mariage avec
Berthe en lui constituant une dote assez
forte pour détruire, même dans l'esprit d'un
professeur à la Faculté de drpit, tout sou-
venir d'un examen frauduleux.
Cete farce a bruyamment réussi. On s'en
amusera longtemps de Belleville à Ménil-
» Mlle Maia (Pbotfc Bert, Paris)
Mlle Maia
(H. Manuel, phot
Mme Paule Rolle
muche, et les mots de L'Enfant de ma
sœur seront répétés, de nombreux soirs, par
les manilleurs du café Américain — celui
de la place de la République.
Certes, je ne pense pas que ce vaude-
ville judiciaire puisse égaler la gloire du mi-
litariste Tire-au-Flanc, et les lettrés de Po-
pincourt n'auront point l'occasion de placer,'
le Cédant arma togae. Néanmoins, le suc-
cès n'en est pas contestable, et je me gar-
derai bien de n'y point souscrire.
D'abord, l'auteur est un ancien « StaA
(Brod. phot.?
Mlle de Massol
1UI. Morlns
M. Vlnot
et je suis un « Sta » plus ancien. Comme
moi, il a, de la bouche de « Pitard » ou de
« Canard n, dignes maîtres dont je ne me
rappelle que les sobriquets, recueilli les
principes d'une philosophie résolument spi-
ritualiste. Il sied que j'applaudisse à la
réussite de mon jeune camarade.
Et puis, sa pièce n'est pas médiocrement
gaie : des rires fusaient de tous les coins
de la salle, gros rires soulevant les poi«
trines masculines, rires aigus des femmes.
Et moi, qui faisais le renchéri, moi-que les
lentes préparations du premier acte avaient!
mal disposé, moi qui avais pris froid sur le
dallage du corridor-glacière, où la presse
parisienne était parquée par l'omnipotence
affolée et verbeuse du contrôleur de ce pe-
tit théâtre quasi-département. je n'ai pu
m'en défendre, et j'ai ri comme les autres.
Et les dieux, chantés par le divin rapsode,
auraient ri, eux aussi, de ce rire inextin-
guible qui s'éleva dans l'Olympe au spec-
tacle d'Héphaistos empressé, s'ils avaient
pu voir, sur la scène de Déjazet, le faux
Valérien interrogé sur la condition juridique
des étrangers et répondant d'énormes fari-
boles à l'examinateur sourd qui ne manque.
ra pas de recouvrer l'ouïe, vers minuit un
quart, grâce au traitement du docteur Moi*
neaux (Jules), spécialiste.
En somme, M. Mouézy-Eon transporte
dans le milieu juridique de 1908 le procéda
employé avec maestria par Sardou dans
le cadre de la France impériale. Au lieu de
l'ancienne blanchisseuse scandalisant la
cour de Marie-Louise, on nous montre, s'é^
le Numéro : ^centime#:
>r ■
Vendredi 13 Novembre 1908*
,, 1
COMŒDIA
rédacteur en Chef : o. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boufeuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
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UN AN « MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
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UN AN 8 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 *
CONTES A LIQUETTE
La Baylone
Oui, petite Liquette! Ne trépignez
donc plus sur place car je m'en vais
vous 'la conter cette piquante histoire.
Mais aussi bien, ferez-vous meilleure
contenance si vous frottez de blanc vos
joues, à cette seule fin qu'on n'y voie
Point monter le rouge. Vous n'avez pas
froid aux yeux ekfréquenteriez le corps
de garde?. Sans doute, sans doute.
Nonobstant, suivez mon conseil ou alors
soufflons quelques chandelles, parce que
l'on goûte mieux farces et grivoiseries
dans la douce et mystérieuse pénombre.
Et puis si, d'aventure, ma main s'égare.
Mais il suffit; souffrez que je com-
mence :
Or, il s'agit de la touchante aventure
d'une certaine abbesse répondant au nom
de Guillaumette, qui demeurait à Beau-
caire. Presque en Avignon, petite Li-
sette. Imaginez ce que cela pouvait être
que vivre à cette époque dans les ruis-
sellements du soleil d'or de la Provence,
sous un éternel firmament d'azur cons-
• tellé des joyaux célestes, au milieu des
Velours coloriés de toute la campagne,
saupoudrée par le mistral de fines pous-
sières, diaphanes et légères comme le
sucre en poudre étendu sur les frian-
dises.
Cette Guillaumette - ne vous y trom-
pez point, Liquette - exerçait un sin-
gulier sacerdoce et dirigeait un singulier
couvent, car il était d'usage, au com-
mencement du siècle treizième, de faire
des « abbayes » de femmes débau-
chées. La coutume en remontait à Guil-
laume VII, duc d'Aquitaine et comte de
Poitou, qui avait fait construire, dans la
Petite ville de Niort, un bâtiment sem-
blable à un monastère où il recueillait
toutes les filles de « joye ».
Guillaumette n'était donc autre que
l'abbesse ou « baylone» du — comment
m'exprimer? — du couvent de Beau-
caire — nous nous entendons, n'est-ce
pas? — et n'allez pas croire que ce fût
une condition méprisable!. Depuis
longtemps, il existait pareillement, à
Toulouse, un semblable lieu de plaisir
Fameux auquel plusieurs de nos rois con-
cédèrent des privilèges. Il portait aussi
le nom d'abbaye, ainsi qu'il appert des
Annales de Toulouse, rapportées par La
Faille.
Toutefois, la « baylone » de Beaucaire
était soumise à une curieuse interdiction.
Elle ne pouvait. Mais vous l'appren-
drez par la suite de ce récit.
Certain après-dîner, vers la tombée
de la nuit, s'en vint frapper à la porte
de l'abbaye toute une théorie de jeunes
et francs lurons, qui de Tarascon, qui
d'Orange, qui d'Arles, peut-être -de Va-
lence ou même encore de Lyon, s'étaient
mis dans la cervelle de faire, en cette
accueillante demeure, belle et bonne ri-
paille, en compagnie des dames de céans.
Vous jugez de l'aubaine, et peu s'en
fallut que les nonnes du lieu, la prieure
et l'abbesse ne s'en allassent incontinent
remercier le ciel d'un aussi réjouissant
envoi. Mais comme, après tout, peut-être
était-ce le diable auquel on devait cette
heureuse fortune, elles s'abstinrent de
rendre grâce à qui que ce fut, vu la
complexe conjoncture.
Le plus beau de ces jeunes gens — je
ne vous le cacherai pas plus longtemps
- il se nommait Bruneau, s'éprit de
Guillaumette, lui conta mille choses fol-
les et sensées, tant et si bien qu'il ob-
tint d'être son galant et de passer la nuit
entière dans son séduisant voisinage.
Lorsque le jour fut venu, notre ga-
lant, plus que jamais épris des charmes
de la belle abbesse, ne voulut rien en-
tendre pour ne point revenir et jura de
mourir branché au prochain arbre ou
transpercé de son épée si Guillaumette
ne faisait aussitôt serment d'être encore
sienne la nuit suivante.
- Hé! je le voudrais bien, répliqua
Guillaumette; mais, de par la croix de
ma mère, cela m'est défendue!
— Quelle est cette gageure? interro-
gea le galant incrédule.
Et Guillaumette de lui raconter:
— Mon doux ami, 1 abbesse de Beau-
Caire, si vous ne le savez, est soumise
e une singulière interdiction : elle ne
Peut coucher plus d'une nuit avec le
même quidam. En 1414, la « baylone »
à laquelle je succédai ayant passé dix
nUits de suite avec un de ses amoureux,
eut payer au châtelain une amende de
dix sols tournois !
Petite Liquette, l'abbesse Guillau-
mette disait vrai, et vous trouverez le
Técit authentique de cette pénible pres-
cription dans l'opuscule de Pansier, si
ViioUS avez jamais souci d'aller le véri-
fier.
Notre galant fut bien marri, car s'il
etait riche d'amour, il ne possédait ni
sou ni maille en suffisante quantité pour
assurer à la délectable Guillaumette le
entant de l'amende qu'elle eût risqué
d encourir pour l'accueillir derechef
Ca"s son lit.
Ce qu'il fit en cet état, je ne vous le
eOTine pas en mille, petite Liquette, car
IIITle brûle de vous en informer sans
Plus tarder.
Le premier soir, à la nuit tombante,
qui frappa discrètement à la porte du
coUVent? Un vieux capucin, ma mie, tout
s dans la bure et très encapu-
thon é
-:- Un saint homme en ce lieu, se ré-
i
cria Guillaumette, sûrement il se trompe !
Le saint homme insista, et lorsque,
dans la chambre de l'abbesse, la lumière
fut éteinte. Mais je passe à la nuit sui-
vante.
Le second soir, un hallebardier, cas-
que en tête et visière baissée, sollicita de
partager la couche de Guillaumette et
lorsqu'on eut soufflé la chandelle.
Mais j'en arrive à la troisième nuit.
Au crépuscule — et c'est ici que l'a-
venture devient réjouissante à souhait —■
une jolie fillette se présenta. Jolie comme
vous, Liquette, d'une gracieuse tournure
et d'un élégant maintien, Liquette.
comme vous ; son visage, par modestie,
était voilé de gaze.
- Je voudrais, madame, dit-elle à
Guillaumette, faire ici pénitence, et j'en-
tendis parler si bien de vous qu'il me
tourmente de vous mieux connaître. Ne
me laissez pas seule, de grâce. accueil-
lez-moi.
Pour ne point désoler la pauvrette dé-
jà prête à pleurer, la bonne Guillau-
mette lui fit place en sa couche ; or,
dans l'obscurité, voici que la charmante
abbesse, au lieu d'une compagne, crut
bien découvrir qu'elle avait un compa-
gnon, et.
.Et vous trépignez d'impatience, pe-
tite Liquette; vous voudriez savoir ce
qu'il advint dans la soirée du prochain
jour. car vous avez bien deviné que ce
capucin, ce hallebardier et cette piquante
luronne étaient autant de déguisements
imaginés par notre Bruneau - très sub-
til galant — pour déjouer la perspicaci-
té du guet aussi bien que les scrupules
de l'abbesse.
Eh bien! petite Liquette, dussiez-vous
en faire une moue longue d'une aune,
par sympathie pour votre sexe, la -nuit
suivante, il ne vint ni religieux, ni mili-
taire, ni soubrette de comédie, mais sim-
plement quelques marchands de Beau-
caire, un procureur et deux clercs fort
connus au couvent, qui ne s'inquiétèrent
point de Guillaumette.
Car le galant était parti pour ne plus
revenir. N'allez point supposer quelque
drame ou mystère. Il était parti simple-
ment ce galant, parce qu'il était lassé,
lassé de Guillaumette comme de tout, ici-
bas, on se lasse.
Comme vous vous lassez vous-même,
petite Liquette, d'écouter ce rédit- qui
aura, d'ailleurs, bien assez duré lorsque
je vous aurai dit que l'abbesse de Beau-
caire, à propos de cette aventure, versa
quelques larmes d'abord et. rit beaucoup
ensuite.
Pierre SOUVESTRE.
Nous publierons demain un article de
PAUL GINISTY
La débâcle -
Je ne connais rien de plus profondément
maladroit que la manie qu'ont, aujourd'hui,
les théâtres de ne point terminer leur spec-
tacle à l'heure convenable.
Lorsqu'un journal paraît en retard, on
peut penser que cela est dû aux exigences
de la dernière heure (il est bon, en tout
cas, d'accréditer cette légende!). Lorsque le
train qui part à midi d'Asnières arrive à
six heures du soir à la gare Saint-Lazare,
on peut penser également que ce temps lui
est nécessaire et qu'il est difficile, sans dé-
ranger les habitudes des voyageurs, de le
faire partir six heures plus tôt; mais lors-
qu'un spectacle finit en retard, il est im-
possible, on en conviendra, de justifier
d'une façon quelconque ce manque d'égard
à l'endroit du public.
Seul l'auteur peut se figurer que si toute
la salle est debout, c'est pour l'acclamer;
mais lorsqu'on regarde plus près les vi-
sages crispés des spectateurs, on sent, à
n'en point douter, que leur préoccupation
est toute différente. Ils ressemblent assez
aux coureurs anxieux qui attendent le si-
gnai du starter. Ils apprêtent leurs poings
pour lutter au vestiaire; ils mesurent du
coin de l'œil le bond qu'il faudra faire par-
dessus la vieille dame impotente et'le sen-
tier de montagne qu'ils franchirent d'un
seul élan sur le dos des fauteuils et les cloi-
sons des loges. On dirait une répétition gé-
nérale d'incendie.
On s'écrase au vestiaire sans pitié. La
descente des escaliers rappelle les enchevê-
trements humains chers au Dante et à
Gustave Doré; et dans la rue, parmi les voi-
tures et sur le pavé gras, la lutte devient
sauvage.
Remarquez bien qu'il ne s'en faut, la plu-
part du temps, que de cinq ou dix minutes
pour que les derniers trains, les derniers
métros et les ultimes omnibus soient man-
qués. Pour dix malheureuses minutes, au-
teur et directeur s'aliènent toutes les sym-
pathies du public et donnent ainsi aux spec-
tateurs l'impression définitive que la pièce
la mieux construite se termine d'une façon
lamentable.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à neuf heures, au théâtre des
NouveautéS; première représentation de
Dix minutes d'auto, vaudeville en trois ac-
tes, de MM. Georges Berr et Pierre De-
courcelle.
L
eurs fils.
M. Messager fils est un charmant
poète et un musicien d'élite.
A l'exemple de son père, il fait de la
délicieuse musique sur des vers d'Alfred
de Musset.
Mais le jeune Messager est surtout
d'une modestie qui peut Servir d'exemple.
A la caserne, à certaines soirées récréa-
tives, il vient comme plusieurs de ses ca-
marades sur une scène improvisée chanter
quelque jolie romance aux jeunes soldats,
ses compagnons de chambrée.
Tous l'estiment et aiment son caractère
gai et bon, mais beaucoup, heureux de la
bonne amitié de-leur jeune camarade, igno-
rent qu'il est le fils de M. Messager, direc-
teur de l'Opéra, chef d'orchestre et com-
positeur célèbre. --
M
ot de situation.
Dans une petite ville de province,
une troupe ae passage vient ae aonner un
vaudeville désopilant. La salle entière a ri
aux éclats et les acteurs eux-mêmes ont eu
toutes les peines du monde à garder leur
sérieux.
Et, comme le rideau s'est baissé sur le
mariage traditionnel, une brave ménagère
qui attend son vestiaire conclut philosophi-
quement :
— Maintenant, les voilà mariés! C'est
fini - de rire!.
L
a Belle Tortalla Valemia des Folies-
Bergère. -- t
Il y a huit jours, elle était inconnue des
Parisiens, et, aujourd'hui, l'on ne parle que
d'elle. AprèS'avoir fait courïr tout Londres,
elle fait courir tout Paris. Son nom est sur
toutes les lèvres et, déjà, l'on y a ajouté
- (Dover Street Studios)
Mlle Tortalla Valemia
le qualificatif de belle qu'elle mérite au
même titre au'Otéro ou la Cavallieri, car
sa beauté tient un peu de l'une et de l'au-
tre. Mais Tortalla Valemia n'est pas qu'une
jolie femme, c'est une danseuse souple,
étrange, lascive; c'est une artiste. Il faut
aller la voir, l'admirer, l'applaudir aux Fo-
lies-Bergère où, chaque soir, elle obtient
un double succès de grâce et de beauté.
B
ulletin.
Des bruits alarmants ont couru sur
la santé du grand poète provençal Frédéric
Mistral, dont l'admirable Mireio inspira
Charles Gounod, pour la joie de tant de
spectateurs et pour celle du caissier de
l'Opéra-Comique.
Nous sommes heureux d'apprendre que
le restaurateur du Félibrige va mieux et
nous lui adressons les plus sincères vœux
de très prompt rétablissement.
E
n Angleterre.
Un de nos lecteurs nous adresse la
très amusante et véridique information sui-
vante :
Mon cher Masque,
Etant un fidèle lecteur de Comœdia, il serait
assez piquant, je crois, de vous signaler la façon
dont on célèbre, en Angleterre, le talent du re-
gretté Victorien Sardou.
Voyez plutôt l'article consacré à l'auteur de
Fédora dans le numéro du Daily News du 9 no-
vembre. Je traduis littéralement -la phrase sui-
vante: « La personnalité de l'écrivain décédé
est le sujet des conversations sur les boulevards,
ce soir. Mesdames Réjane et Ditry et la troupe
des Variétés, où la brillante pièce de Sardou
Le Roi, avec de Fiers dans le rôle principal, dé-
clarent, etc.
Découvrir une nouvelle étoile : Mme Ditry ! ? !
est bon. - Attribuer le Roi h Sardou est iro-
nique. sans le vouloir. — Mais confondre M.
de Fiers avec Brasseur ou Max Dearly!. Quant
à la dernière phrase, elle est des plus flatteuses
pour des Parisiens. (Toujours en parlant de Sar-
dou) :
Sans commentaires, et bien à vous.
RENÉ LOUBET.
D
iscrétion.
C'était alors une petite « servatoire » :
elle joue maintenant dans un théâtre sub-
ventionné.
Elle adorait bien l'art, elle aimait bien
son métier, mais elle aimait. — comment
pourrait-on dire — elle aimait aussi s'amu-
ser: Il faut bien que jeunesse se passe.
Elle recevait chez elle beaucoup de cama-
rades, beaucoup d'amis, mais comme elle
n'était pas riche, son appartement était loin
d'être luxueux et grandiose: on prenait le.
thé, sans façons, dans sa chambre.
Un jour, où il y avait affluence de visi-
teurs, il manqua un siège pour le dernier
arrivant. Très aimablement, la petite « ser-
vatoire » dit au monsieur debout :
— Asseyez-vous donc sur mon lit.
— Je vous remercie beaucoup, répondit
galamment le monsieur, mais je ne voudrais
prendre la place de personne.
c
e n'était pas moi.
Nous recevons du poète Ernest
Gaubert la jolie lettre que voici:
Mon cher Masque,
Les échos de Comœdia m'attribuent, ce mg-
tin, un livre et une ballade. C'est beaucoup.
Je ne connais pas le livre, mais la ballade est
très belle et je regrette de n'en pas être l'auteur.
Je partage du moins son admiration pour Mlle
Sorel, que mes vingt ans célébraient au Courrier
Fraycais, en un poème ci-joint. Je songé que les
typographes ont, sans doute, confondu Ernest
Jaubert et Ernest Gaubert. Cet été, ils attri-
buaient un duel que j'avais eu au premier; ils
attribuent, aujourd'hui, une jolie ballade au der-
nier. C'est moi qui y gagne. C'est mon seul
désir d'éouité qui proteste donc!
Mes deux mains,
ERNEST GAUBERT.
A Mlle Sorel.
Vos yeux, comme un cristal étoilé, dans la fête,
Gardent l'autorité hautaine des Caylus !
Et toutes les splendeurs d'un règne révolu
Pour vous plaire, Madame, à vos regards s'arrê-
tent.
Même en le nonchaloir de vos gestés charmants
Renaît l'urbanité des mortes favorites
Dont les façons avaient la noblesse d'un rite
Par de bleus Tenons, près d'un royal amant!
Marquise de vieux Saxe et simple Parisienne,
Vous avez ce prestige efdans la comédienne
On aime l'attitude exquise et l.'apparat.
Et voici qu'au delà de l'horizon immense,
Au-dessus des toits d'or où son cœur rayonna,
Le soleil, astre roi, vous fait la révérence.
Fév. 1901. ERNEST GAUBERT.
APOLOGUES SANS MORALE
LA CRITIQUE EST AISÉE
Parce qu'il avait un cousin directeur de jour-
tial, Narcisse Crassan, jeune millionnaire, se
sentit, un beau matin, une impérieuse vocation
pour la critique musicale.
Il s'en ouvrit à Gédéon Pluque — c'est le
cousin — directeur du Petit ouotidien hebdoma-
daire — c'est le journal.
- Parfait, répondit cet homme de lettres pa-
tenté, tu connais mes principes: la famille avant
tout. Tu es mon cousin, donc tu as du talent.
Seulement, voilà., mon critique musical Robert
Clédut, a une part de 50.000 francs dans la com-
mandite du Petit quotidien hebdomadaire. Dame,
tu comprends, avant de le mettre à la porte, il
serait correct de le rembourser. Et je ne peux
pas en ce moment.
— Qu'à cela ne tienne! dit Narcisse Crassan,
je prends sa parti
—■ AH rightf. conclut Gédéon, qui était an-
glomane.
Et Narcisse Crassan saisit d'une main ferme
le sceptre musical du Petit quotidien hebdo-
madaire.
Malheureusement, il confondait Berlioz avec
Paul Delmet, et il prenait la clef de sol pour
une caricature d'Abel Faivre représentant une
femme enceinte (sans doute à cause de la por-
tée). Il y eut des réclamations.
Gédéon Pluque invita Narcisse à déjeuner.
— Mon petit, lui dit-il entre le fromage et la
poire symbolique, tu es un écrivain, c'est en-
tendu. Mais tu n'es pas un musicien, c'est in-
contestable. Tes papiers manquent de corps.
Alors, j'ai pensé à une chose: si, au lieu de
la critique musicale, tu faisais la critique dra-
matique?
r Très volontiers, .acquiesça Crassan.
- Seulement, voilà, Villèdrirr" mon critiqrie
dramatique, a une part de 100.000 francs dans
la commandite du Petit quotidien hebdomadaire.
Ce serait un supplément de 50.000 à verser.
— Entendu
Et Narcisse Crassan se commanda aussitôt un
cent de cartes de visite portant mention de sa
nouvelle qualité.
A partir de ce jour, on ne vit plus que lui
aux générales. Il serrait la main aux secrétaires,
saluait M. Adrien Bernheim, et coudoyait Char-
les Akar.
Son premier article fut très remarqué.
Rendant compte d'un vaudeville — qui eut,
d'ailleurs, sept représentations — il terminait par
cette phrase lapidaire:
« A bientôt, la centième »
Gédéon Pluque invita Narcisse à dîner.
Aux liqueurs, avec des larmes dans la voix,
il lui explioua qu'il avait pris la résolution de se
débarrasser du Petit quotidien hebdomadaire.
— Je me sens fatigué; j'ai besoin de repos.
Et puis, c'est une occasion superbe: on m'offre
200.000 francs!
Narcisse Crassan pensa se trouver mal. En
une minute il envisagea sa carrière brisée. Il
se vit chassé des générales. Il ne serrerait
plus la main aux secrétaires, ne saluerait plus
Charles Akar. Il cesserait de coudoyer Adrien
Bernheim. *
— A moins, poursuivit Pluque gouailleur, que
tu ne veuilles acheter toi-même le journal. En
ce cas je te donnerai la préférence, et comme
tu as déjà une part de 100.000 francs, cela ne
t'en ferait plus que 100.000 à verser.
L'âme de Narcisse Crassan se mua, à ces
mots, en un champ clos, où l'Intérêt et l'Ambi-
tion se livrèrent un combat acharné. Ce fut
l'Ambition qui triompha. Narcisse versa les
100.000 francs et prit la direction du Petit quo-
tidien hebdomadaire.
Mais comme il n'entend rien à l'administra-
tion, il a engagé Gédéon Pluque en qualité de di-
recteur appointé, et il s'est réservé seulement
la critique dramatique.
On le rencontre de plus en plus aux généra-
les. Il a pris de l'imvortance. Ce sont les se-
crétaires qui lui serrent la main. Charles Akar
lui tape sur le ventre, et Adrien Bernheim l'ap-
pelle: « mon cher tonfrère. »
Narcisse Crassan est un homme heureux.
LÉO MARCHES.
F
antasio, le plus spirituel, le plus indis-
cret des magazines, est encore celui
qui s'occupe le plus de théâtre. Il faut lire,
dans le numéro d'aujourd'hui, L'Après-
midi byzantine, de Nozière; les Lettres de
femmes, toutes authentiques, reçues par
le séduisant André Brulé; la « Mare aux
Cabots », enfin, la plus aiguë des critiques,
signée. « Un cochon de payant». Toutes
les rubriques sont à lire, toutes les pages
sont à voir: tous les amateurs de théâtre
lisent Fantasio.
c
uisine exquise, vins rares, orchestre
suave, service rapide et silencieux;
voilà ce que met à la disposition de son
élégante clientèle, Paillard, roi des restau-
rateurs. restaurateur des rois.
u
ne Parisienne aime à diaphanéiser son
visage, et rien ne l'aide dans cet art
comme la poudre de riz de l Lbulet iviorny,
qu'elle doit à L. Plassard, le parfumeur
bien connu, 17, rue du Quatre-Septembre.
L
a clientèle riche, qui prisera toujours,
de préférence, les voitures de grandes
marques aux autres, s adresse également de
préférence aux intermédiaires les mieux
qualifiés et placés pour la vente, comme
M. E. Lamberjack, boulevard Gouvion-
Saint-Cvr,. 95, par exemple, le concession-
naire exclusif des Fiat, et toujours bien
approvisionné en Panhard-Levassor, Re-
nault frères et Zedel. !
Li MaÍduédê Verrj.
THEATRE DÉJAZET
1
L'ENFANT DE MA SŒUR
Pièce en treis actes,
de MM. Mouézy=Eon et FrancheVille.
Etudiant en droit, Valérien Daverne s'est
épris de Mlle Berthe Mâcon-Parthenay, fille
d'un de ses professeurs. Il se peut recom-
mander d'un oncle — un oncle d'Afrique
- planteur sur la Côte d'Ivoire et riche
à quinze millions; mais, membre de la ligue
Bérenger et admirateur des vertueux dis-
cours prononcés par M. Ernest-Charles, le
père Mâcon-Parthenay — qui, d'ailleurs,
fornique avec une nommée Liquette — exi-
ge de son futur gendre autre chose que de
magnifiques espérances; il ne veut donner
sa fille qu'à un juriste distingué; or, Valé-
rien, qui, tout à son amour, n'a pas tra-
vaillé, va infailliblement être « recalé » à
la licence. Que faire? Il déniche une façon
de bohème, Loche, instruit et poivrot, qui,
moyennant cent louis, passera l'examen à
la place du candidat insuffisant.
Par malheur, Loche prend une cuite ter-
rible le jour même où il doit, sous le nom
de Valérien, éblouir la Faculté de sa
science, et c'est un certain Napoléon, gar-
çon de café, qui, alléché par la prime pro-
mise, se substitue au suppléant pochard et
va affronter les examinateurs. A peine Na-
poléon est-il parti pour subir l'épreuve que
Gabarrou, le planteur sénégalais, survient,
réclamant à tous les échos son neveu Valé-
rien, qu'il ne peut reconnaître, car il ne
l'a. pas vu depuis une quinzaine d'années.
Tout arrive: le garçon de café Napoléon,
peu ferré sur le code qui porte son nom,
est, pourtant, reçu licencié pour le compte
de Valérien, grâce à la surdité d'un de ses
juges, et à la complaisance d'un autre.
Mais, présenté à Gabarrou comme son ne-
veu et au professeur Mâcon-Parthenay
comme le prétendant de sa fille, il se com-
porte, ensuite, d'une façon désolante, ac-
cumulant les gaffes, et les incongruités. A
la fin, exaspéré par l'attitude de son rem-
plaçant, Valérien avoue la supercherie à
l'oncle Gabarrou; celui-ci, qui éprouvait
pour le jeune homme une sympathie ins-
tinctive, est enchanté de retrouver son vrai
neveu, dont il assurera le mariage avec
Berthe en lui constituant une dote assez
forte pour détruire, même dans l'esprit d'un
professeur à la Faculté de drpit, tout sou-
venir d'un examen frauduleux.
Cete farce a bruyamment réussi. On s'en
amusera longtemps de Belleville à Ménil-
» Mlle Maia (Pbotfc Bert, Paris)
Mlle Maia
(H. Manuel, phot
Mme Paule Rolle
muche, et les mots de L'Enfant de ma
sœur seront répétés, de nombreux soirs, par
les manilleurs du café Américain — celui
de la place de la République.
Certes, je ne pense pas que ce vaude-
ville judiciaire puisse égaler la gloire du mi-
litariste Tire-au-Flanc, et les lettrés de Po-
pincourt n'auront point l'occasion de placer,'
le Cédant arma togae. Néanmoins, le suc-
cès n'en est pas contestable, et je me gar-
derai bien de n'y point souscrire.
D'abord, l'auteur est un ancien « StaA
(Brod. phot.?
Mlle de Massol
1UI. Morlns
M. Vlnot
et je suis un « Sta » plus ancien. Comme
moi, il a, de la bouche de « Pitard » ou de
« Canard n, dignes maîtres dont je ne me
rappelle que les sobriquets, recueilli les
principes d'une philosophie résolument spi-
ritualiste. Il sied que j'applaudisse à la
réussite de mon jeune camarade.
Et puis, sa pièce n'est pas médiocrement
gaie : des rires fusaient de tous les coins
de la salle, gros rires soulevant les poi«
trines masculines, rires aigus des femmes.
Et moi, qui faisais le renchéri, moi-que les
lentes préparations du premier acte avaient!
mal disposé, moi qui avais pris froid sur le
dallage du corridor-glacière, où la presse
parisienne était parquée par l'omnipotence
affolée et verbeuse du contrôleur de ce pe-
tit théâtre quasi-département. je n'ai pu
m'en défendre, et j'ai ri comme les autres.
Et les dieux, chantés par le divin rapsode,
auraient ri, eux aussi, de ce rire inextin-
guible qui s'éleva dans l'Olympe au spec-
tacle d'Héphaistos empressé, s'ils avaient
pu voir, sur la scène de Déjazet, le faux
Valérien interrogé sur la condition juridique
des étrangers et répondant d'énormes fari-
boles à l'examinateur sourd qui ne manque.
ra pas de recouvrer l'ouïe, vers minuit un
quart, grâce au traitement du docteur Moi*
neaux (Jules), spécialiste.
En somme, M. Mouézy-Eon transporte
dans le milieu juridique de 1908 le procéda
employé avec maestria par Sardou dans
le cadre de la France impériale. Au lieu de
l'ancienne blanchisseuse scandalisant la
cour de Marie-Louise, on nous montre, s'é^
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