Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-11-06
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 novembre 1908 06 novembre 1908
Description : 1908/11/06 (A2,N403). 1908/11/06 (A2,N403).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76460566
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2e Année. « N° 403 CQuotidien> ,'- ,
^Vendredi 6 Novembre 190d.
COMŒDIA
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKÏ
- RÉDACTION & ADMINISTRATION :
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Adresse î élégraphique : COMOEDIA.PARIS Il
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UN M eMOtt
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 »
La Coquille
- Clodomir, glapit Lurcay, secrétaire
de rédaction du Réveil social, Clo-do-
mir !
II poussait avec furie le bouton élec-
trique comme Argan agite fiévreusement
sa sonnette quand il appelle Toinette.
- Clo-o-do-o-mir !
Clodomir ne répondait pas. Lurcay
déclara tout haut :
— Quelle boîte. Ah! on peut ap-
Peler !
A ce moment, deux coups timides fu-
- - ; rent frappés.
| - Entrez donc, n. d.
L ■ Monsieur, c'est un monsieur qui
vous demande.
— Eh bien! moi, voici deux heures
trente-cinq que je demande Clodomir !
Lurcay n'exagérait que de deux heu-
res trente-quatre minutes. Le garçon,
Victorien, expliqua que c'était le jour de
repos-hebdomadaire de Clodomir et que
lui n'avait pas entendu la sonnerie. Il ve-
mait parce que ce monsieur voulait voir
Lurcay.
,- — Quel monsieur?
— Voilà. Maintenant, je ne me rap-
pelle plus son nom.
Lurcay eut la rage calme et résignée
de l'homme qui sait à peu près que tous
ses efforts seront inutiles.
- Victorien, que faut-il faire pour ob-
tenir de vous que vous voulussiez bien
Prier les visiteurs de remplir une fiche?
Victorien, vexé, partit dignement et
revint avec lynche:
NOM DU VISITEUR
Cr. (plusieurs lettres illisibles).
OBJET DE LA VISITE
Personnel.
- Qu'est-ce que c'est que ce nom-là?
interrogea Lurcay. Victorien ne répondit
Que d'un geste vaguement ironique ou
impertinent, signifiant que la fiche, au
fond, cette fiche exigée, indispensable,
c'était bien de la fichaise.
— Personnel, personnel! - Encore un
Sapeur?
— Ce monsieur est très bien. Cha-
peau haut de forme, gants, binocles.
- Allons, faites-le entrer; (
It E. n effet, lç, monsieur, était, tou-t-4 fait,
correct.
Il s'excusa: .;
- Je sais, monsieur le secrétaire de
rédaction, combien vos occupations sont
touffues. Je n'aurais pas osé vous déran-
ger, si la chose n'était pour moi fort im-
portante. Brièvement, voici : Vous savez,
naturellement, qu'aujourd'hui le chef de
cabinet du sous-secrétaire d'Etat des Pos-
tes a inauguré l'Exposition des objets de
ménage. Or, j'ai inventé, j'ai fait fabri-
quer un fer à repasser automatique tout
a fa it ingénieux. Il s'agit d'une caisse
d'acier.
- Je suis bien peu technicien.
- Oui, pardon, j'abrège. Le représen-
tant de M. le ministre a bien voulu m'a-
dresser des félicitations chaleureuses.
J ai engagé toute ma petite fortune dans
Ce fer à repasser. Si donc, d'une ligne
dans le compte rendu, vous pouviez cons-
tater l'approbation officielle que j'ai eu
honneur de recevoir, vous me rendriez
Un grand service, et je vous en serais,
monsieur, profondément reconnaissant.
L'étranger s'était levé, en prononçant
ces dernières phrases. Il avait posé sa
, carte de visite sur le bureau de Lurcay
et regardait le journaliste, tête un peu
Penchée et main droite sur la poitrine,
en une attitude de prière ardente, de dé
vouement respectueux, et de gratitude
Prématurée. Il ajouta : « Je suis un vieux
lecteur , un vieux défenseur du Réveil
social.
- Nous disposons de peu de place,
monsieur, et votre désir me paraîtrait
Plutôt concerner le service de la publi-
cité. Mais enfin, je vais tâcher de vous
etre agréable.
ë — D'avance, merci. Et encore pardon
e vous importuner.
- Vincenois, disait quelques instants
après cet entretien Lurcay à un de ses
camarades, faites-moi deux lignes qu'on
Œntercalera dans le compte rendu de
Exposition des serres de la Ville. Ce
monsieur Groscar — et il lui tendait la
:arte de visite — a reçu des compliments
i«r>vi ur le fer à repasser qu'il offre à l'ad-
ration des foules visiteuses.
- Si c'est pas malheureux, grommela
en S'en aUant Vincenois qui venait d'ê-
tre arraché pour si peu de chose aux
joies d'une série heureuse, et qui tenait
enm e à la main son bilboquet — un
geant, un monstre de bilboquet.
1S n eut jamais une belle écri-
ture Est-ce ou non volontairement que
It nom de M. Groscar, dans les deux
lignes cdrnrnandées paf Lurcay, fut tra-
duit par les typographes: « Groscor »?
Le lendemain matin en tout cas, le
journal ,antait l'invention de M. Gros-
cor. Et x six- heures du soir, un petit
mot de a S/X heures du soir, un petit
mot de chale ureux remerciements ve-
nait toucher le secrétaire du Réveil.
Mais au bas, il y avait ce post-scriptum :
Un dernier tout petit service. Pourriez-
vous faire rectifier l'orthographe de mon
cor. e m'appelle Groscar et point Gros-
cor.
Lurcay prit le numéro, non encore
déplié, du in qu'il avait fait-la nuit,
ouvrit, regarda en seconde page, la cin-
quième colonne.
— C'est pourtant vrai. Clodomir ! Fai-
tes-moi venir M. Vincenois.
Quand Vincenois fut là :
— Une ligne pour rétablir le vrai nom,
dans les « tuyaux hachés ».
Vincenois avait les yeux gros et 'ab-
sents du dormeur réveillé en sursaut. Il
s'était écroulé dans un fauteuil; il lut
lentement la missive que lui avait com-
muniquée Lurcay, se leva brusquement
et repartit en déclarant de nouveau :
— Si c'est pas malheureux, tout de
même !
--*--
Hélas! Ce n'est pas encore le mot
Groscar qui parut dans la rectification.
Ce fut Groscaiz. Et la même scène se
répéta dès lors chaque jour, pour aboutir
à des Groscel, Groscol, Grosdol, Grôz-
dal. Et d'autres choses aussi, que je
n'ose pas dire, et d'autres choses aussi,
qu'il ne faut pas dire ici.
D'abord, la victime de ces erreurs ty-
pographiques protesta gentiment, se dé-
rangeant, montrant combien peu la
chance le favorisait.
Puis l'inventeur dépêcha un ami
qui vint montrer au journal le pré-
judice causé, qui le prit un jour
très haut, menaça, parla de papier
timbré, de dommages, de procès, et
fut le lendemain doux, aimable et con-
ciliant. Que faire effectivement contre
la coquille qui, acharnée, implacable,
inexpugnable, se glissait parmi les « pa-
quets», à l'imprimerie, alors que toutes
les précautions avaient été prises pour
prévenir le retour de la plus petite co-
quille?
Puis - il avoua son impuissance, se con-
tentant d'envoyer sa carte de visite avec
«prière d'insérer». On avait, de façon
indirecte, par quelqu'un qui l'approchait,
des nouvelles de Groscar. On sut qu'il
avait été successivement étonné, surpris,
navré, vexé, colère, furieux— et qu'il
y avait maintenant lieu de craindre la
folie. -
Si bien qu'un matin parut la note sui-
vante : -
« Ce n'est ni Groscor, ni Groscaiz, ni
Groscel, ni Groscol,. ni Grosdol, etc.
mais bien GROSCAR que s'appelle l'in-
venteur du fer à repasser économique,
si admiré, il y a deux mois, àT Exposi-
tion. etc. »
- A '., trois h$ur$s l'après-ma^f; llV
« pneumatique » était glissé dans la boîte
de Lurcay. Il contenait cette simple
phrase :
Remerciements définitifs
A quoi l'on vit que Groscar n'avait
point perdu toute sa raison, puisqu'il lui
restait un peu d'esprit.
Jacques MAY.
Homœopathie
Les médecins homœopathes qui préten-
dent que les médicaments ne peuvent agir
utilement que lorsqu'ils sont administrés à
des doses infinitésimales feraient, je crois,
d'excellents auteurs dramatiques. -
Il faut bien le reconnaître, en effet, une
pièce de théâtre, pour être bonne, doit con-
tenir quelques gouttes seulement deJittéra-
ture, qu'il est nécessaire de diluer dans
une sauce abondante pour que le public soit
capable de les absorber.
Tous les auteurs dramatiques de métier
l'ont toujours bien compris. Ils ont com-
mencé, à leurs débuts, par faire de la litté-
rature et par écrire, en cent ou deux cents
pages, un' extrait bien compris de leurs
idées véritablement personnelles et sponta-
nées. Naturellement, ce premier essai con-
centré reste toujours complètement inconnu
du public, et si l'on voulait le lui imposer
de force, il ne ferait que l'empoisonner.
C est alors que, soutenu par les encourage-
ments de quelques amis littéraires, rameur
se décide à noyer cet extrait primitif dans
quelques tonnes d'eau tiède qu'il détaillera
ensuite durant toute sa vie, pour la plus
giande joie du public. Cela s'appelle faire
du théâtre.
Examinez la vie littéraire de la plupart
de nos meilleurs auteurs, et vous verrez
qu'elle se conforme invariablement à ce
programme. Une fois sa décision prise,
l'auteur vivra des quelques gouttes d'extrait
qu'il distilla à ses débuts; il en fera de nou-
velles solutions; il ajoutera, tel un mar-
chand de vins, de nouveaux seaux d'eau
dans des solutions déjà trop claires, et le
public manifestera toujours davantage son
désir de les acheter. Et ce- sera pour lui
une véritable mine d'or. Ce flacon d'extrait
qu'il n'eût point vendu vingt-cinq francs, et
qui l'eût fait arrêter comme empoisonneur
lui rapportera plus tard des millions et
l'Institut.
Peut-être en peut-on conclure qu'un très
petit livre vaut mieux que tout un réper-
toire dramatique; que la littérature vérita-
ble, à notre époque, ne saurait nourrir son,
homme, et que le public n'est point, en gé-
néral, d'une intelligence très supérieure;
mais ce sont là des constatations tellement
affligeantes qu'il vaut mieux ne point les
produire en ces jours brumeux d'automne.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures, au Théâtre Ly-
rique municipal de la Gaîté, première re-
présentation (à ce théâtre) de La Bohème.
comédie lyrique en quatre actes, d'après
Henri Murger, paroles et musique de
M. R. Leoncavallo, traduction de M. Eu.
gène Crosti.
Ce soir, à neuf heures, au Vaudeville.
première représentation de La Patronne,
comédie en cinq, actes, de Mi, Màtyrice
Donnay.
Cet après-midi, à deux heures, répétition
générale; ce soir, à huit heures et demie,
première représentation au théâtre Cluny
de Moulard s'émancipe, vaudeville en un
acte, de M. Mouézy-Eon, et de Plumard
et Barnabé, vaudeville en trois actes, de
MM. Henry Moreau et Charles Quinel.
Ce soir, a neuf heures, - à l'Olympia, at-
tractions nouvelles et répétition générale à
bureaux ouverts de Véra Violetta, opérette
viennoise à grand spectacle, de M. Stein,
musique de M. Eyster, adaptée par M. Re-
delsperger. --
M
Antoine conférencier.
C'est à 1894 qu'il nous faut re-
monter pour retrouver le souvenir d An-
toine assis à une table à tapis vert, avec le
classique verre d'eau sucrée. Et ce souve-
nir nous ramène précisément à la dernière
représentation du Théâtre-Libre, du moins
du Théâtre-Libre, direction Antoine, sur la
scène — qui porte maintenant son nom —
des Menus-Plaisirs.
Il avait monté Le Missionnaire, roman
théâtral (sic) en cinq tableaux, de M. Mar-
cel Luguet. Tantôt Gémier, Arquillière,
Etiévant, Paul Edmond, Marguerite Rol-
land; (cette dernière devenue depuis roman-
cière) - dialoguaient; tantôt Antoine, dissi-
mulé dans une loggia à droite : du décor,
prenait la parole pour lire des pages d'ana-
lyse" psychologique continuant la scène à
laquelle on venait d'assister et préparant la
suivante..
Pour dire la vérité, c'était d'un singulier
effet, et le public était houleux chaque fois
que le lecteur-conférencier reprenait son
texte. Mais Antoine était un innovateur, et
ainsi, il; batailla jusqu'au dernier jour du
Théâtre-Libre. -
A
.'h! jeunesse!.
*
il Encore un nouveau théâtre. mais
en Amérique.
Marck :Twain ne se contente pas d'être
un très grand écrivain, il veut aussi être un
moraliste.- Constatant l'influence : néfaste,
dit-il,. qu'exercent les music-halls, sur la
jeunesse, il a voulu la combattre. Pour cela,
il a lancé à New-York l'idée de construire
un théâtre pour enfants adolescents. - Cette
conception a été si favorablement accueillie
que ((; L'Education Théâtre fort children and
Young people : » sera bientôt.; une réalité.
Les interprètes bénévoles seront des - ama-
teurs qui ne" joueront que dés pièces classi-
ques. ., :'
Et voilà une concurrence outre-Atlantique
d'épiants, JVU J^pc-,
k LA COMEDIE-FRANÇAIS*
{P. Eoyer- et Bert,. phot.)
M. Georges Berr
dans - « Le Bon Roi Dagobert"
M
oi seul, et c'est assez.
Au cours d'une des dernières re-
présentations a la rorte-baint-martin, quel-
ques comédiens de second rang se livraient
en scène à certaines facéties d'usage.
Et - Constant Coquelin, à' qui cette cir-
constance n'avait point échappé, leur en fai-
sait assez sévèrement la remarque:
- Faites comme moi, leur disait-il. Je
joue toujours comme si, de la salle, quel-
qu'un que je connais me surveillait.
- Mais lorsque vous n'y connaissez pet-
sonne? v
Ce jour-la, il y a moi!
c
omme au Chat-Noir.
M. Frank Wedekind, l'auteur alle-
mand de la pièce que joue le Théâtre des
Arts, et qu'a traduite M. Robert d 'Humiè-
res, L'Eveil du Printemps, fit ses débuts
d'auteur, tout comme M. Maurice Donnay,
dans un cabaret artistique. h..
C'était à Munich. Il existait encore, il Y
a quelques années, un cabaret à l'enseigne
des « Onze Bourreaux ». Les « Onze
Bourreaux » avait été créé par un Fran-
çais, et le spectacle était composé, par par-
ties égales, de pièces allemandes et de piè-
ces françaises.
Le cabaret obtint un succès fou et ne
disparut que le jour où' ses auteurs ,et in.
terprètes, ayant acquis la notoriété, aban-
donnèrent, pour de plus grandes scènes, le
berceau de leurs succès.
M. Wedekind fut de. ceux-là.
L
e revers de la médaille.
Poursuivre quelqu'un sans -trêve
avec l'énergie que donne le bon droit, et
s'apercevoir un beau matin que l'on est
soi-même poursuivi avec la même ardeur,
est une surprise pénible. ,
i Un 4e nos littérateurs qui Jj^it .beaucoup
parler de lui à propos d'une pièce de théâ-
tre - vient d'en faire l'expérience au sujet
d'une analogie un peu trop frappante qui
existerait entre un de ses. romans et celui
d'un monsieur très inconnu.
Et le littérateur ne peut pas menacer le
plaignant de donner sa démission.
M.
Serge de Diaghilew, à qui revient
l'initiative de la Saison d'Opéra et
ac canet misse qui aoir avoir lieu en mai
et juin au théâtre du Châtelet, a délégué
à M. Gabriel Astruc la direction adminis-
trative et l'organisation de ces représenta-
tions.
u
n début dans la vie.
Le cri classique des messieurs dis-
tingues et si corrects dans leurs habits, qui
offrent chaque soir sur un plateau aux spec-
tateurs de nos théâtres: « Valence, pastil-
les de menthe, bonbons acidulés ,», va bien-
tôt, dans huit jours, subir une petite va-
riante.
Un grand chocolatier lance, en effet, un
nouveau bonbon, un délicieux et fin bonbon
qui s'appellera - et nous n'en sommes pas
peu fiers — le ; bonbon Comcedia.
On le trouvera très prochainement chez
Gib£rt, rue de la Chaussée-d'Antin, et dans
tous les buffets de théâtre.-
Bonne chance à notre petit cousin.
D
iner chez Paillard est non seulement
un brevet de bon goût, mais c'est
également atnrmer que i on sait apprécIer
la déiîcâte cuisine et les vins exquis qui ne
se tfrôuvént qu'au célèbre établissement du
boulevard
", La Masque de Verre.
Les Conférences
de rOdéon
en 1908=1909
M. ANTOINE PARLE DE L'ODÉON, DE CE
QU'IL Y A TENTÉ, DE CE QU'IL VOU-
DRAIT Y FAIRE* IL DEMANDE - AU
PUBLIC DE L'AIDER DANS
SON ŒUVRE
- Je sorsrde : la matinée de kl'G4éon. : Ce que
j'avais prévu's'est réalisé. M. Antoine a été.
acclamé. De fait, sa conférence fut des plus atta-
chantes, des mieux documentées, des, mieux
dites. Tour à tour spirituelle et émouvante, elle
souleva un enthousiasme général,
"";tr%e ~BttMit là ïa~Nathtï pfmï' tw
k raconter » et la commenter, «t ae aérait em-
piéter par trop. sur les rubriques confraternelles !
je me réserve, d'en examiner divers points en
détail au cours de mes notes quotidiennes, le
succès de Parmi les Pierres, me créant aussi
bien des loisirs que je ne saurais mieux em-
ployer.
M. Antoine n'a entretenu que "fort peu ses
auditeurs de L'Ecole des Femmes, cédant son
« tour de parole » 11 Molière. Vous entendrez
Vargas, a-t-il expliqué, vous parler en son nom
sous les traits du Chevalier de la Critique, et ce
que le grand comique fait dire à son interprète
représente bien mieux, et pour cause, sa pensée
véritable, que tout ce que j'en pourrais déduire
moi-même, d'après le chef-d'œuvre qui va être
représenté devant vous.
C'est de l'Odéon surtout que le conférencier
s'est occupé. Il nous en a conté l'histoire avec
infiniment d'esprit et de netteté. L'Odéon n'a
jamais attiré le public. L'Odéon a toujours été
isolé et on l'a toujours cru lointain.'Aucun di-
recteur n'a réellement réussi à l'Odéon. Et à
l'appui de ses affirmations, M. Antoine a accu-
mulé. preuves sur preuves, les unes plus con-
vaincantes que les autres !
Pourquoi donc a-t-il voulu, à son tour, devenir
directeur du second Théâtre-Français ? Parce
qu'il a cru devoir, après avoir servi vingt années
durant les jeunes auteurs modernes,"se consa-
crer ensuite aux maîtres du théâtre d'autrefois,
aux immortels chefs-d'œuvre français et'étran-
gers et que l'Odéon lui a semblé convenir à la
tâche qu'il désirait ardemment mener à bien.
Malheureusement, les difficultés de l'entre-
prise étaient plus grandes encore qu'il ne le sup-
posait. Il a eu à lutter contre la légende créée
autour de son nom, et il a eu aussi le tort,croyant
que ses actes parleraient pour lui, de ne pas
couper court de suite aux mauvais bruits répan-
dus sur son compte. Il ne s'est pas expliqué pu-
bliquement, il reconnaît son erreur. On a dit
qu'il détestait les classiques ; or, depuis sa prime
jeunesse, il les connaît et les admire. C'est à
leur fréquentation qu'il s'est formé. C'est eux
qui ont fait naître, en lui, sa vocation d'artiste,
son amour du théâtre! On a insinué qu'il n'ai-
mait pas les œuvres en vers. Encore une erreur ;
que les poètes, viennent à lui, mais qu'ils lui
laissent le temps de se retourner ! Les pièces en
vers, signées d'un nom inconnu, ne font pas
d'argent. Il ne peut les jouer qu'en profitant des
moments favorables et des circonstances propi-
ces. Il demande aux poètes d'avoir foi en son
ingéniosité pour agir au mieux de leurs intérêts,
sans s'endetter encore plus qu'il ne:l'est déjà.
Ici, il s'est produit quelque chose de très beau,
de - très grand.
M. Antoine, qui consultait de temps en temps
de courtes notes éparses devant lui,, a repoussé
ses-papiers'd'un geste brusque, et c'est de lui
qu'il a parlé; il l'a fait avec une franchise à
la fois déconcertante et empoignante.
Ce n'est pas pour moi que je travaille, s'est-il
écrié. Je n'agis point dans le but de gagner de
l'argent à mon profit. Je suis ruiné, irrémédia-
blement ruiné. J'ai 400.000 francs de dettes.
Jusqu'à mon dernier souffle, ce que je gagnerai
ne servira qu'atteindre mon passif. Il y a quel-
ques mois, je me suis trouvé presque acculé à
la faillite. Tout ce que j'avais amasse ailleurs
est perdu pour moi depuis longtemps! Eh bien;
malgré cela, je conserve une loi ardente en la
réalisation de mon rêve. Ai-je tort? Ai-je rai-
son? le l'ignore - mais ie voudrais avoir raison!
J'ai - trouvé cette dernière phrase belle com-
me un joli mot d'enfant. M. Antoine l'a dite
-sur un-ton-plein d'une - telle—sincérité naïve
qu'on a bien septi, dans toute la .salle, l'ardeur
de conviction et la force de volonté de l'homme
qui se livrait aussi spontanément, aussi com-
plètement, à la foule pour laquelle il travaille
et s'exténue sans trêve ni répit depuis tant d'an-
nées déjà !
Galvanisés, les spectateurs ont fait en ce
moment, au directeur de l'Odéon, une ovation
interminable. Tous les cœurs battaient à l'unis-
son du sien. Je le répète, ce fut très beau.
Mais de -cet- emballement-d'un momeat,-va"t-H
résulter quelque chose de sérieux, de vraiment
pratique? L'avenir, un avenir prochain, nous le
dira.
MAXIMIN ROLL.
Nous publierons demain un article de
«M fciSTgMAECKERS
,., 4
Lfâ prochaine Saison russe à Paris
Chaliapine et le ballet de l'Opéra Impérial de Moscou
': en seront les grandes attractions
Les Parisiens accueilleront avec , plaisir la nou-
velle que M. Serge de Diaghilew. prépare pour ce
printemps des festivals russes encore plus im-
portants que ceux de mai dernier.. Deux opéras
et trois ballets seront montés avec un éclat in-
comparable. • Comme l'an - dernier, - costumes et
décors tiendront de Russie. Et Mme Pétrenko,
Chaliapine, Smirnow, Kastorsky, Charonow, les
chœurs de. Moscou, qui tous contribuèrent de la
manière qu'on sait au mémorable triomphe de
Boris Golfounow, reviendront. Mme ; Félia. Lit-
vinne créera le principal rôle féminin du Prince
Igor. D'autres chanteurs de premier ordre, com-
me le ténor Damerew et Mlle Lipkowska, seront
entendus pour la première fois. L'orchestre du
théâtre Impérial de Moseou viendra au complet,
avec l'éminent chef Félix Blumenfeld, de-même
que le ballet des théâtres Impériaux, qui consti-
tuera, peut-être, la plus, surprenante des attrac-
tions. Il n'y a point, au monde, d'ensemble cho-
régraphique qui * se puisse comparer - à celui-là :
la Russie est seule à conserver la grande tradi-
tion de l'école de danse classique.-En Italie, par
exemple, on se préoccupe par trop exclusivement
de 'la virtuosité pure : on veut surtout des danseu-
ses-étoiles, que le corps de ballet propremènt dit
se borne à encadrer. En. Russie, au - contraire,
rien n'est secondaire, rien n'est négligé; on veut
la perfection en tout. Chaque premier sujet,
homme ou femme ( des. danseurs comme Ni-
jinsky, Gerth, Koslow ne sont pas moins extra-
ordinaires et appréciés que les prime • ballerine
Préobràjenskaïa, Karalli, etc.)'- chaque soliste,
chaque coryphée'a sa, valeur individuelle et son
rôle à jouer; on ne peut se figurer l'effet de cet
ensemble si on ne l'a".vu.
Cette grande tradition est maintenue grâce à
l'Ecole impériale de danse, où les élèves entrent
à neuf ans pour-en sortir à quinze. Ils Jont alors
deux débuts et appartiennent aux théâtres impé-
riaux pendant vingt ans. A trente-cinq ans, ils
prennentxleur retraite, et sont pensionnés. Cette
sévère limite d'âge ne souffre aucune exception.
Sur les vingt spectacles qui seront donnés, dix
seront- réservés aux ballets ; la -Raymonda, de
Glazounow, alternant avec le Pavillon d'Ârmide,
de Tchérepnine, qu'accompagnera sur l'affiche;
un : nouveau 'ballet du même compositeur. YOi- ;
seau d'or. Ces œuvres ont été "choisies cCTtme
réunissant les danses. les plus caractéristiqhis Et
les plus diverses, et forment*le meilleur du,-ré-
pertoire. Le Prince îgor, de Borodine, comportai
de; magnifiques danses de caractère orientai. où(
l'art du'ballet se révélera sous un nouvel aspects
Enfin, -1'opéra du regretté maître Rimsky-Korsa-
kow, La Pskovitaine, nous dit M. Calvocoressij
l'aimable collaborateur de M. de Diaghiiew, ea(
le premier en date des quinze opéras produits p#
Rimsky-Korsakow. Il fut écrit en 1871-1873 ; à
cette époque, Rimsky et Moussorgsky habitaient
le même appartement, et l'un .travaillait à saPsko^
vitaine pendant que l'autre achevait et remaniait!
son Boris Godounow. La première représentatio !
de l'œuvre de Rimsky a eu lieu à Saint-Péters-<
bourg en 1873. Plus de vingt ans après, ",Ie mû
tre, avec cette conscience rigoureuse qui lç ca
ractérise,. révisa de bout en ; bout sa partition.
Chaliapine a, dans cet opéra, un rôle magnifique,
celui - d'Ivan le Terrible, - et- vous pouvez -être
assuré -qu'il, y. sera tout aussi impressionnant que
dans -Bons Godounow" Il y. a aussi^ nombre de
grands ensembles choraux qui seront interprétés
avec la perfection que vous savez, par-les admi-
rables ch'oeurs;de Moscou.
Je ne puis entrer aujourd'hui dans plus de dé-
tails, mais je veux tout au moins vous dire que
Le Prince Igor, ie chef-d'œuvre auquel Boradin
mettait la dernière main quand-la mort le Sttrpnt,
ne sera pas une .moindre révélation, bien. au con-j
traire: II n'y a point de musique plus somptueuse^
plus expressive, plus riche-de caractère! et d 'o!"j"\
'ginalité, Chaliapine- a accepté -d 'y-. jouer - deux
rôles: celui du prince Galitsky et ceiui-du Khan
Kontschak." Vous. vous souvenez, peut-être. dix
triomphe qu'il avait remporté aux concerts rus-
ses de 190(3, simplement avec la chanson du prin-
'ce. Galitsky. comme du spiendide duo que lui
et Mme Litvinne firent, tant applaudir..
Fidèle « ses habitudes, Comœdia tiendra ses
lecteurs au courant de tout ce qui concerne 1
nouvelle saison que M. de Diaghilew organise.
P.
Lettre ouverte B .9S0ft1
Ler.e ¡.y, à M. Adolphe Brissonj
M.-Ad.-Brisson, ayant déclaré dans « Le Temps»
que M. Georges Thurner avait. déshonoré. le jour-
nalisme dans '« Le Passe-fartout;), la nouvelle co-
médLe. représentée avec un si. grand succès au
Théâtre du Gymnase, voici la réponse que M.
Georges: Thurner noùs. a communiquée au sujet de
cette.pièce.à la Renaissance.
,Il 'r deviendra téméraire - d'oser - se - mettre en
travers du< courant actuel.
((Le Temps". 14 janvier 1907. Critique
de M. Ad. Brissuii sur,,, Le Bluff
'Monsieur,
J'ai;trop:1e vicient amour de l'indépendance
pour. ne pas Jouer votre indépendante critique.
Cependant, je ne. puis. laisser - passer sans pro-
tester j deux de vos phrases qui: atteignent, l'une
la., direction du Gymnase, l'autre. l'auteur du
Passe-Partout. : Deux modestes phrases, ce n'est
point excessif, n'est-ce pas ?. Vous êtes ab-
solument libre d'aimer ou dene point aimer
ma pièce. Je vous l'offre : elle vous, appartient.
Vous poussez, même la bonne grâce jusqu'à dire
qu'elle a été •« furieusement applaudie ». Je ne
puis vraiment que' vous en remercier. Jadis vous
affirmiez que le « Bluff » c'était du Georges
Ancey, corrigé. et dénoué par Tolstoï. Aujour-
d'hui vous me donnez comme parrains Scribe,
cet ouvrier étonnant, et Bavard, cet écrivain au
charme discret ; libre à vous. Moi aussi je ré-
vère les grands anciens, et parmi ceux-là je
puis vous avouer qu'Emile Augier, le puissant
maître delà comédie de caractères, m'a tou-
jours le plus passionné. A mon tour je vous
k SUBIES 4« îm bien 'comprendre et ; de ne pas
croire que j'aie la prétention devoir voulu faire?
du; Passe-Partout de nouveaux Effrontés. ]
Tout cela importe peu.. J'en arrive tout de j
suite : à mes. deux griefs. Le premier, c'est3
« Après trente-cinq minutes'd'entr'acte, 'le ri-'
deau se relève sur le cabinet direotivial dui
Passe-Partout. » Vraiment, monsieur, cette Ie-i
marque chronométrique n'est' pas très digne de)
vous. Vous n'êtes pas sans ignorer les diflicuti-j
tés de la mise en scène. Notre décor ,ic- fui
complet que dans l'après-midi même de la hh
pétition générale. Il y a un escalier, un PRMP
cable, des charnières à poser, toutes choses dé-
licates. Et si, .d'une part, Franck ne voulait
pas voir se reproduire chez lui l'accident des
Variétés, je ne pouvais pas non plus le forcer
à continuer ses relâches, à perdre ainsi de gros*
ses sommes chaque jour à cause d'un entr'acte.
D'ailleurs, tout cela s'est tassé ; les tren:e-cinq
minutes ont été ramenées à vingt, puis même fe
quinze. Tout le monde n'a pas la maiechanc®
d'assister aux répétitions générales.
Mon second grief est infiniment plus ;;;raveJ
Je cite votre phrase concernant Duménv : u Il
réhabilite, par sa parfaite tenue, le journalisme
que M. Thurner déshonore. » Non, monsieur,
cela, vous n'avez pas le droit de le dire — el
je m'explique.
Le Passe-Partout, ce n'est pas le journalisme,
c'est un journal, c'est surtout le directeur d'uaî
journal. Déshonorer le journalisme?. N!.isi
j'en fais partie, monsieur; nous en faisoi*s 1OU.
partie. Il n'y a pas d'homme d'action, • n'y s
pas d'homme de talent, il n'y a pas c noren»
de cœur-qui, de près ou de loin, ne rr.uche M
^Vendredi 6 Novembre 190d.
COMŒDIA
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKÏ
- RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boufeuard Poissonnïère, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
i.
Adresse î élégraphique : COMOEDIA.PARIS Il
ABONNEMENTS
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
- Jfc Boulevard Poissonnière, PARIS
, TÉLÉPHONE : 288-0*5 i
Numéro provisoire : 401-44;
ABONNEMENTS
UN M eMOtt
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 »
La Coquille
- Clodomir, glapit Lurcay, secrétaire
de rédaction du Réveil social, Clo-do-
mir !
II poussait avec furie le bouton élec-
trique comme Argan agite fiévreusement
sa sonnette quand il appelle Toinette.
- Clo-o-do-o-mir !
Clodomir ne répondait pas. Lurcay
déclara tout haut :
— Quelle boîte. Ah! on peut ap-
Peler !
A ce moment, deux coups timides fu-
- - ; rent frappés.
| - Entrez donc, n. d.
L ■ Monsieur, c'est un monsieur qui
vous demande.
— Eh bien! moi, voici deux heures
trente-cinq que je demande Clodomir !
Lurcay n'exagérait que de deux heu-
res trente-quatre minutes. Le garçon,
Victorien, expliqua que c'était le jour de
repos-hebdomadaire de Clodomir et que
lui n'avait pas entendu la sonnerie. Il ve-
mait parce que ce monsieur voulait voir
Lurcay.
,- — Quel monsieur?
— Voilà. Maintenant, je ne me rap-
pelle plus son nom.
Lurcay eut la rage calme et résignée
de l'homme qui sait à peu près que tous
ses efforts seront inutiles.
- Victorien, que faut-il faire pour ob-
tenir de vous que vous voulussiez bien
Prier les visiteurs de remplir une fiche?
Victorien, vexé, partit dignement et
revint avec lynche:
NOM DU VISITEUR
Cr. (plusieurs lettres illisibles).
OBJET DE LA VISITE
Personnel.
- Qu'est-ce que c'est que ce nom-là?
interrogea Lurcay. Victorien ne répondit
Que d'un geste vaguement ironique ou
impertinent, signifiant que la fiche, au
fond, cette fiche exigée, indispensable,
c'était bien de la fichaise.
— Personnel, personnel! - Encore un
Sapeur?
— Ce monsieur est très bien. Cha-
peau haut de forme, gants, binocles.
- Allons, faites-le entrer; (
It E. n effet, lç, monsieur, était, tou-t-4 fait,
correct.
Il s'excusa: .;
- Je sais, monsieur le secrétaire de
rédaction, combien vos occupations sont
touffues. Je n'aurais pas osé vous déran-
ger, si la chose n'était pour moi fort im-
portante. Brièvement, voici : Vous savez,
naturellement, qu'aujourd'hui le chef de
cabinet du sous-secrétaire d'Etat des Pos-
tes a inauguré l'Exposition des objets de
ménage. Or, j'ai inventé, j'ai fait fabri-
quer un fer à repasser automatique tout
a fa it ingénieux. Il s'agit d'une caisse
d'acier.
- Je suis bien peu technicien.
- Oui, pardon, j'abrège. Le représen-
tant de M. le ministre a bien voulu m'a-
dresser des félicitations chaleureuses.
J ai engagé toute ma petite fortune dans
Ce fer à repasser. Si donc, d'une ligne
dans le compte rendu, vous pouviez cons-
tater l'approbation officielle que j'ai eu
honneur de recevoir, vous me rendriez
Un grand service, et je vous en serais,
monsieur, profondément reconnaissant.
L'étranger s'était levé, en prononçant
ces dernières phrases. Il avait posé sa
, carte de visite sur le bureau de Lurcay
et regardait le journaliste, tête un peu
Penchée et main droite sur la poitrine,
en une attitude de prière ardente, de dé
vouement respectueux, et de gratitude
Prématurée. Il ajouta : « Je suis un vieux
lecteur , un vieux défenseur du Réveil
social.
- Nous disposons de peu de place,
monsieur, et votre désir me paraîtrait
Plutôt concerner le service de la publi-
cité. Mais enfin, je vais tâcher de vous
etre agréable.
ë — D'avance, merci. Et encore pardon
e vous importuner.
- Vincenois, disait quelques instants
après cet entretien Lurcay à un de ses
camarades, faites-moi deux lignes qu'on
Œntercalera dans le compte rendu de
Exposition des serres de la Ville. Ce
monsieur Groscar — et il lui tendait la
:arte de visite — a reçu des compliments
i«r>vi ur le fer à repasser qu'il offre à l'ad-
ration des foules visiteuses.
- Si c'est pas malheureux, grommela
en S'en aUant Vincenois qui venait d'ê-
tre arraché pour si peu de chose aux
joies d'une série heureuse, et qui tenait
enm e à la main son bilboquet — un
geant, un monstre de bilboquet.
1S n eut jamais une belle écri-
ture Est-ce ou non volontairement que
It nom de M. Groscar, dans les deux
lignes cdrnrnandées paf Lurcay, fut tra-
duit par les typographes: « Groscor »?
Le lendemain matin en tout cas, le
journal ,antait l'invention de M. Gros-
cor. Et x six- heures du soir, un petit
mot de a S/X heures du soir, un petit
mot de chale ureux remerciements ve-
nait toucher le secrétaire du Réveil.
Mais au bas, il y avait ce post-scriptum :
Un dernier tout petit service. Pourriez-
vous faire rectifier l'orthographe de mon
cor. e m'appelle Groscar et point Gros-
cor.
Lurcay prit le numéro, non encore
déplié, du in qu'il avait fait-la nuit,
ouvrit, regarda en seconde page, la cin-
quième colonne.
— C'est pourtant vrai. Clodomir ! Fai-
tes-moi venir M. Vincenois.
Quand Vincenois fut là :
— Une ligne pour rétablir le vrai nom,
dans les « tuyaux hachés ».
Vincenois avait les yeux gros et 'ab-
sents du dormeur réveillé en sursaut. Il
s'était écroulé dans un fauteuil; il lut
lentement la missive que lui avait com-
muniquée Lurcay, se leva brusquement
et repartit en déclarant de nouveau :
— Si c'est pas malheureux, tout de
même !
--*--
Hélas! Ce n'est pas encore le mot
Groscar qui parut dans la rectification.
Ce fut Groscaiz. Et la même scène se
répéta dès lors chaque jour, pour aboutir
à des Groscel, Groscol, Grosdol, Grôz-
dal. Et d'autres choses aussi, que je
n'ose pas dire, et d'autres choses aussi,
qu'il ne faut pas dire ici.
D'abord, la victime de ces erreurs ty-
pographiques protesta gentiment, se dé-
rangeant, montrant combien peu la
chance le favorisait.
Puis l'inventeur dépêcha un ami
qui vint montrer au journal le pré-
judice causé, qui le prit un jour
très haut, menaça, parla de papier
timbré, de dommages, de procès, et
fut le lendemain doux, aimable et con-
ciliant. Que faire effectivement contre
la coquille qui, acharnée, implacable,
inexpugnable, se glissait parmi les « pa-
quets», à l'imprimerie, alors que toutes
les précautions avaient été prises pour
prévenir le retour de la plus petite co-
quille?
Puis - il avoua son impuissance, se con-
tentant d'envoyer sa carte de visite avec
«prière d'insérer». On avait, de façon
indirecte, par quelqu'un qui l'approchait,
des nouvelles de Groscar. On sut qu'il
avait été successivement étonné, surpris,
navré, vexé, colère, furieux— et qu'il
y avait maintenant lieu de craindre la
folie. -
Si bien qu'un matin parut la note sui-
vante : -
« Ce n'est ni Groscor, ni Groscaiz, ni
Groscel, ni Groscol,. ni Grosdol, etc.
mais bien GROSCAR que s'appelle l'in-
venteur du fer à repasser économique,
si admiré, il y a deux mois, àT Exposi-
tion. etc. »
- A '., trois h$ur$s l'après-ma^f; llV
« pneumatique » était glissé dans la boîte
de Lurcay. Il contenait cette simple
phrase :
Remerciements définitifs
A quoi l'on vit que Groscar n'avait
point perdu toute sa raison, puisqu'il lui
restait un peu d'esprit.
Jacques MAY.
Homœopathie
Les médecins homœopathes qui préten-
dent que les médicaments ne peuvent agir
utilement que lorsqu'ils sont administrés à
des doses infinitésimales feraient, je crois,
d'excellents auteurs dramatiques. -
Il faut bien le reconnaître, en effet, une
pièce de théâtre, pour être bonne, doit con-
tenir quelques gouttes seulement deJittéra-
ture, qu'il est nécessaire de diluer dans
une sauce abondante pour que le public soit
capable de les absorber.
Tous les auteurs dramatiques de métier
l'ont toujours bien compris. Ils ont com-
mencé, à leurs débuts, par faire de la litté-
rature et par écrire, en cent ou deux cents
pages, un' extrait bien compris de leurs
idées véritablement personnelles et sponta-
nées. Naturellement, ce premier essai con-
centré reste toujours complètement inconnu
du public, et si l'on voulait le lui imposer
de force, il ne ferait que l'empoisonner.
C est alors que, soutenu par les encourage-
ments de quelques amis littéraires, rameur
se décide à noyer cet extrait primitif dans
quelques tonnes d'eau tiède qu'il détaillera
ensuite durant toute sa vie, pour la plus
giande joie du public. Cela s'appelle faire
du théâtre.
Examinez la vie littéraire de la plupart
de nos meilleurs auteurs, et vous verrez
qu'elle se conforme invariablement à ce
programme. Une fois sa décision prise,
l'auteur vivra des quelques gouttes d'extrait
qu'il distilla à ses débuts; il en fera de nou-
velles solutions; il ajoutera, tel un mar-
chand de vins, de nouveaux seaux d'eau
dans des solutions déjà trop claires, et le
public manifestera toujours davantage son
désir de les acheter. Et ce- sera pour lui
une véritable mine d'or. Ce flacon d'extrait
qu'il n'eût point vendu vingt-cinq francs, et
qui l'eût fait arrêter comme empoisonneur
lui rapportera plus tard des millions et
l'Institut.
Peut-être en peut-on conclure qu'un très
petit livre vaut mieux que tout un réper-
toire dramatique; que la littérature vérita-
ble, à notre époque, ne saurait nourrir son,
homme, et que le public n'est point, en gé-
néral, d'une intelligence très supérieure;
mais ce sont là des constatations tellement
affligeantes qu'il vaut mieux ne point les
produire en ces jours brumeux d'automne.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures, au Théâtre Ly-
rique municipal de la Gaîté, première re-
présentation (à ce théâtre) de La Bohème.
comédie lyrique en quatre actes, d'après
Henri Murger, paroles et musique de
M. R. Leoncavallo, traduction de M. Eu.
gène Crosti.
Ce soir, à neuf heures, au Vaudeville.
première représentation de La Patronne,
comédie en cinq, actes, de Mi, Màtyrice
Donnay.
Cet après-midi, à deux heures, répétition
générale; ce soir, à huit heures et demie,
première représentation au théâtre Cluny
de Moulard s'émancipe, vaudeville en un
acte, de M. Mouézy-Eon, et de Plumard
et Barnabé, vaudeville en trois actes, de
MM. Henry Moreau et Charles Quinel.
Ce soir, a neuf heures, - à l'Olympia, at-
tractions nouvelles et répétition générale à
bureaux ouverts de Véra Violetta, opérette
viennoise à grand spectacle, de M. Stein,
musique de M. Eyster, adaptée par M. Re-
delsperger. --
M
Antoine conférencier.
C'est à 1894 qu'il nous faut re-
monter pour retrouver le souvenir d An-
toine assis à une table à tapis vert, avec le
classique verre d'eau sucrée. Et ce souve-
nir nous ramène précisément à la dernière
représentation du Théâtre-Libre, du moins
du Théâtre-Libre, direction Antoine, sur la
scène — qui porte maintenant son nom —
des Menus-Plaisirs.
Il avait monté Le Missionnaire, roman
théâtral (sic) en cinq tableaux, de M. Mar-
cel Luguet. Tantôt Gémier, Arquillière,
Etiévant, Paul Edmond, Marguerite Rol-
land; (cette dernière devenue depuis roman-
cière) - dialoguaient; tantôt Antoine, dissi-
mulé dans une loggia à droite : du décor,
prenait la parole pour lire des pages d'ana-
lyse" psychologique continuant la scène à
laquelle on venait d'assister et préparant la
suivante..
Pour dire la vérité, c'était d'un singulier
effet, et le public était houleux chaque fois
que le lecteur-conférencier reprenait son
texte. Mais Antoine était un innovateur, et
ainsi, il; batailla jusqu'au dernier jour du
Théâtre-Libre. -
A
.'h! jeunesse!.
*
il Encore un nouveau théâtre. mais
en Amérique.
Marck :Twain ne se contente pas d'être
un très grand écrivain, il veut aussi être un
moraliste.- Constatant l'influence : néfaste,
dit-il,. qu'exercent les music-halls, sur la
jeunesse, il a voulu la combattre. Pour cela,
il a lancé à New-York l'idée de construire
un théâtre pour enfants adolescents. - Cette
conception a été si favorablement accueillie
que ((; L'Education Théâtre fort children and
Young people : » sera bientôt.; une réalité.
Les interprètes bénévoles seront des - ama-
teurs qui ne" joueront que dés pièces classi-
ques. ., :'
Et voilà une concurrence outre-Atlantique
d'épiants, JVU J^pc-,
k LA COMEDIE-FRANÇAIS*
{P. Eoyer- et Bert,. phot.)
M. Georges Berr
dans - « Le Bon Roi Dagobert"
M
oi seul, et c'est assez.
Au cours d'une des dernières re-
présentations a la rorte-baint-martin, quel-
ques comédiens de second rang se livraient
en scène à certaines facéties d'usage.
Et - Constant Coquelin, à' qui cette cir-
constance n'avait point échappé, leur en fai-
sait assez sévèrement la remarque:
- Faites comme moi, leur disait-il. Je
joue toujours comme si, de la salle, quel-
qu'un que je connais me surveillait.
- Mais lorsque vous n'y connaissez pet-
sonne? v
Ce jour-la, il y a moi!
c
omme au Chat-Noir.
M. Frank Wedekind, l'auteur alle-
mand de la pièce que joue le Théâtre des
Arts, et qu'a traduite M. Robert d 'Humiè-
res, L'Eveil du Printemps, fit ses débuts
d'auteur, tout comme M. Maurice Donnay,
dans un cabaret artistique. h..
C'était à Munich. Il existait encore, il Y
a quelques années, un cabaret à l'enseigne
des « Onze Bourreaux ». Les « Onze
Bourreaux » avait été créé par un Fran-
çais, et le spectacle était composé, par par-
ties égales, de pièces allemandes et de piè-
ces françaises.
Le cabaret obtint un succès fou et ne
disparut que le jour où' ses auteurs ,et in.
terprètes, ayant acquis la notoriété, aban-
donnèrent, pour de plus grandes scènes, le
berceau de leurs succès.
M. Wedekind fut de. ceux-là.
L
e revers de la médaille.
Poursuivre quelqu'un sans -trêve
avec l'énergie que donne le bon droit, et
s'apercevoir un beau matin que l'on est
soi-même poursuivi avec la même ardeur,
est une surprise pénible. ,
i Un 4e nos littérateurs qui Jj^it .beaucoup
parler de lui à propos d'une pièce de théâ-
tre - vient d'en faire l'expérience au sujet
d'une analogie un peu trop frappante qui
existerait entre un de ses. romans et celui
d'un monsieur très inconnu.
Et le littérateur ne peut pas menacer le
plaignant de donner sa démission.
M.
Serge de Diaghilew, à qui revient
l'initiative de la Saison d'Opéra et
ac canet misse qui aoir avoir lieu en mai
et juin au théâtre du Châtelet, a délégué
à M. Gabriel Astruc la direction adminis-
trative et l'organisation de ces représenta-
tions.
u
n début dans la vie.
Le cri classique des messieurs dis-
tingues et si corrects dans leurs habits, qui
offrent chaque soir sur un plateau aux spec-
tateurs de nos théâtres: « Valence, pastil-
les de menthe, bonbons acidulés ,», va bien-
tôt, dans huit jours, subir une petite va-
riante.
Un grand chocolatier lance, en effet, un
nouveau bonbon, un délicieux et fin bonbon
qui s'appellera - et nous n'en sommes pas
peu fiers — le ; bonbon Comcedia.
On le trouvera très prochainement chez
Gib£rt, rue de la Chaussée-d'Antin, et dans
tous les buffets de théâtre.-
Bonne chance à notre petit cousin.
D
iner chez Paillard est non seulement
un brevet de bon goût, mais c'est
également atnrmer que i on sait apprécIer
la déiîcâte cuisine et les vins exquis qui ne
se tfrôuvént qu'au célèbre établissement du
boulevard
", La Masque de Verre.
Les Conférences
de rOdéon
en 1908=1909
M. ANTOINE PARLE DE L'ODÉON, DE CE
QU'IL Y A TENTÉ, DE CE QU'IL VOU-
DRAIT Y FAIRE* IL DEMANDE - AU
PUBLIC DE L'AIDER DANS
SON ŒUVRE
- Je sorsrde : la matinée de kl'G4éon. : Ce que
j'avais prévu's'est réalisé. M. Antoine a été.
acclamé. De fait, sa conférence fut des plus atta-
chantes, des mieux documentées, des, mieux
dites. Tour à tour spirituelle et émouvante, elle
souleva un enthousiasme général,
"";tr%e ~BttMit là ïa~Nathtï pfmï' tw
k raconter » et la commenter, «t ae aérait em-
piéter par trop. sur les rubriques confraternelles !
je me réserve, d'en examiner divers points en
détail au cours de mes notes quotidiennes, le
succès de Parmi les Pierres, me créant aussi
bien des loisirs que je ne saurais mieux em-
ployer.
M. Antoine n'a entretenu que "fort peu ses
auditeurs de L'Ecole des Femmes, cédant son
« tour de parole » 11 Molière. Vous entendrez
Vargas, a-t-il expliqué, vous parler en son nom
sous les traits du Chevalier de la Critique, et ce
que le grand comique fait dire à son interprète
représente bien mieux, et pour cause, sa pensée
véritable, que tout ce que j'en pourrais déduire
moi-même, d'après le chef-d'œuvre qui va être
représenté devant vous.
C'est de l'Odéon surtout que le conférencier
s'est occupé. Il nous en a conté l'histoire avec
infiniment d'esprit et de netteté. L'Odéon n'a
jamais attiré le public. L'Odéon a toujours été
isolé et on l'a toujours cru lointain.'Aucun di-
recteur n'a réellement réussi à l'Odéon. Et à
l'appui de ses affirmations, M. Antoine a accu-
mulé. preuves sur preuves, les unes plus con-
vaincantes que les autres !
Pourquoi donc a-t-il voulu, à son tour, devenir
directeur du second Théâtre-Français ? Parce
qu'il a cru devoir, après avoir servi vingt années
durant les jeunes auteurs modernes,"se consa-
crer ensuite aux maîtres du théâtre d'autrefois,
aux immortels chefs-d'œuvre français et'étran-
gers et que l'Odéon lui a semblé convenir à la
tâche qu'il désirait ardemment mener à bien.
Malheureusement, les difficultés de l'entre-
prise étaient plus grandes encore qu'il ne le sup-
posait. Il a eu à lutter contre la légende créée
autour de son nom, et il a eu aussi le tort,croyant
que ses actes parleraient pour lui, de ne pas
couper court de suite aux mauvais bruits répan-
dus sur son compte. Il ne s'est pas expliqué pu-
bliquement, il reconnaît son erreur. On a dit
qu'il détestait les classiques ; or, depuis sa prime
jeunesse, il les connaît et les admire. C'est à
leur fréquentation qu'il s'est formé. C'est eux
qui ont fait naître, en lui, sa vocation d'artiste,
son amour du théâtre! On a insinué qu'il n'ai-
mait pas les œuvres en vers. Encore une erreur ;
que les poètes, viennent à lui, mais qu'ils lui
laissent le temps de se retourner ! Les pièces en
vers, signées d'un nom inconnu, ne font pas
d'argent. Il ne peut les jouer qu'en profitant des
moments favorables et des circonstances propi-
ces. Il demande aux poètes d'avoir foi en son
ingéniosité pour agir au mieux de leurs intérêts,
sans s'endetter encore plus qu'il ne:l'est déjà.
Ici, il s'est produit quelque chose de très beau,
de - très grand.
M. Antoine, qui consultait de temps en temps
de courtes notes éparses devant lui,, a repoussé
ses-papiers'd'un geste brusque, et c'est de lui
qu'il a parlé; il l'a fait avec une franchise à
la fois déconcertante et empoignante.
Ce n'est pas pour moi que je travaille, s'est-il
écrié. Je n'agis point dans le but de gagner de
l'argent à mon profit. Je suis ruiné, irrémédia-
blement ruiné. J'ai 400.000 francs de dettes.
Jusqu'à mon dernier souffle, ce que je gagnerai
ne servira qu'atteindre mon passif. Il y a quel-
ques mois, je me suis trouvé presque acculé à
la faillite. Tout ce que j'avais amasse ailleurs
est perdu pour moi depuis longtemps! Eh bien;
malgré cela, je conserve une loi ardente en la
réalisation de mon rêve. Ai-je tort? Ai-je rai-
son? le l'ignore - mais ie voudrais avoir raison!
J'ai - trouvé cette dernière phrase belle com-
me un joli mot d'enfant. M. Antoine l'a dite
-sur un-ton-plein d'une - telle—sincérité naïve
qu'on a bien septi, dans toute la .salle, l'ardeur
de conviction et la force de volonté de l'homme
qui se livrait aussi spontanément, aussi com-
plètement, à la foule pour laquelle il travaille
et s'exténue sans trêve ni répit depuis tant d'an-
nées déjà !
Galvanisés, les spectateurs ont fait en ce
moment, au directeur de l'Odéon, une ovation
interminable. Tous les cœurs battaient à l'unis-
son du sien. Je le répète, ce fut très beau.
Mais de -cet- emballement-d'un momeat,-va"t-H
résulter quelque chose de sérieux, de vraiment
pratique? L'avenir, un avenir prochain, nous le
dira.
MAXIMIN ROLL.
Nous publierons demain un article de
«M fciSTgMAECKERS
,., 4
Lfâ prochaine Saison russe à Paris
Chaliapine et le ballet de l'Opéra Impérial de Moscou
': en seront les grandes attractions
Les Parisiens accueilleront avec , plaisir la nou-
velle que M. Serge de Diaghilew. prépare pour ce
printemps des festivals russes encore plus im-
portants que ceux de mai dernier.. Deux opéras
et trois ballets seront montés avec un éclat in-
comparable. • Comme l'an - dernier, - costumes et
décors tiendront de Russie. Et Mme Pétrenko,
Chaliapine, Smirnow, Kastorsky, Charonow, les
chœurs de. Moscou, qui tous contribuèrent de la
manière qu'on sait au mémorable triomphe de
Boris Golfounow, reviendront. Mme ; Félia. Lit-
vinne créera le principal rôle féminin du Prince
Igor. D'autres chanteurs de premier ordre, com-
me le ténor Damerew et Mlle Lipkowska, seront
entendus pour la première fois. L'orchestre du
théâtre Impérial de Moseou viendra au complet,
avec l'éminent chef Félix Blumenfeld, de-même
que le ballet des théâtres Impériaux, qui consti-
tuera, peut-être, la plus, surprenante des attrac-
tions. Il n'y a point, au monde, d'ensemble cho-
régraphique qui * se puisse comparer - à celui-là :
la Russie est seule à conserver la grande tradi-
tion de l'école de danse classique.-En Italie, par
exemple, on se préoccupe par trop exclusivement
de 'la virtuosité pure : on veut surtout des danseu-
ses-étoiles, que le corps de ballet propremènt dit
se borne à encadrer. En. Russie, au - contraire,
rien n'est secondaire, rien n'est négligé; on veut
la perfection en tout. Chaque premier sujet,
homme ou femme ( des. danseurs comme Ni-
jinsky, Gerth, Koslow ne sont pas moins extra-
ordinaires et appréciés que les prime • ballerine
Préobràjenskaïa, Karalli, etc.)'- chaque soliste,
chaque coryphée'a sa, valeur individuelle et son
rôle à jouer; on ne peut se figurer l'effet de cet
ensemble si on ne l'a".vu.
Cette grande tradition est maintenue grâce à
l'Ecole impériale de danse, où les élèves entrent
à neuf ans pour-en sortir à quinze. Ils Jont alors
deux débuts et appartiennent aux théâtres impé-
riaux pendant vingt ans. A trente-cinq ans, ils
prennentxleur retraite, et sont pensionnés. Cette
sévère limite d'âge ne souffre aucune exception.
Sur les vingt spectacles qui seront donnés, dix
seront- réservés aux ballets ; la -Raymonda, de
Glazounow, alternant avec le Pavillon d'Ârmide,
de Tchérepnine, qu'accompagnera sur l'affiche;
un : nouveau 'ballet du même compositeur. YOi- ;
seau d'or. Ces œuvres ont été "choisies cCTtme
réunissant les danses. les plus caractéristiqhis Et
les plus diverses, et forment*le meilleur du,-ré-
pertoire. Le Prince îgor, de Borodine, comportai
de; magnifiques danses de caractère orientai. où(
l'art du'ballet se révélera sous un nouvel aspects
Enfin, -1'opéra du regretté maître Rimsky-Korsa-
kow, La Pskovitaine, nous dit M. Calvocoressij
l'aimable collaborateur de M. de Diaghiiew, ea(
le premier en date des quinze opéras produits p#
Rimsky-Korsakow. Il fut écrit en 1871-1873 ; à
cette époque, Rimsky et Moussorgsky habitaient
le même appartement, et l'un .travaillait à saPsko^
vitaine pendant que l'autre achevait et remaniait!
son Boris Godounow. La première représentatio !
de l'œuvre de Rimsky a eu lieu à Saint-Péters-<
bourg en 1873. Plus de vingt ans après, ",Ie mû
tre, avec cette conscience rigoureuse qui lç ca
ractérise,. révisa de bout en ; bout sa partition.
Chaliapine a, dans cet opéra, un rôle magnifique,
celui - d'Ivan le Terrible, - et- vous pouvez -être
assuré -qu'il, y. sera tout aussi impressionnant que
dans -Bons Godounow" Il y. a aussi^ nombre de
grands ensembles choraux qui seront interprétés
avec la perfection que vous savez, par-les admi-
rables ch'oeurs;de Moscou.
Je ne puis entrer aujourd'hui dans plus de dé-
tails, mais je veux tout au moins vous dire que
Le Prince Igor, ie chef-d'œuvre auquel Boradin
mettait la dernière main quand-la mort le Sttrpnt,
ne sera pas une .moindre révélation, bien. au con-j
traire: II n'y a point de musique plus somptueuse^
plus expressive, plus riche-de caractère! et d 'o!"j"\
'ginalité, Chaliapine- a accepté -d 'y-. jouer - deux
rôles: celui du prince Galitsky et ceiui-du Khan
Kontschak." Vous. vous souvenez, peut-être. dix
triomphe qu'il avait remporté aux concerts rus-
ses de 190(3, simplement avec la chanson du prin-
'ce. Galitsky. comme du spiendide duo que lui
et Mme Litvinne firent, tant applaudir..
Fidèle « ses habitudes, Comœdia tiendra ses
lecteurs au courant de tout ce qui concerne 1
nouvelle saison que M. de Diaghilew organise.
P.
Lettre ouverte B .9S0ft1
Ler.e ¡.y, à M. Adolphe Brissonj
M.-Ad.-Brisson, ayant déclaré dans « Le Temps»
que M. Georges Thurner avait. déshonoré. le jour-
nalisme dans '« Le Passe-fartout;), la nouvelle co-
médLe. représentée avec un si. grand succès au
Théâtre du Gymnase, voici la réponse que M.
Georges: Thurner noùs. a communiquée au sujet de
cette.pièce.
,Il 'r deviendra téméraire - d'oser - se - mettre en
travers du< courant actuel.
((Le Temps". 14 janvier 1907. Critique
de M. Ad. Brissuii sur,,, Le Bluff
'Monsieur,
J'ai;trop:1e vicient amour de l'indépendance
pour. ne pas Jouer votre indépendante critique.
Cependant, je ne. puis. laisser - passer sans pro-
tester j deux de vos phrases qui: atteignent, l'une
la., direction du Gymnase, l'autre. l'auteur du
Passe-Partout. : Deux modestes phrases, ce n'est
point excessif, n'est-ce pas ?. Vous êtes ab-
solument libre d'aimer ou dene point aimer
ma pièce. Je vous l'offre : elle vous, appartient.
Vous poussez, même la bonne grâce jusqu'à dire
qu'elle a été •« furieusement applaudie ». Je ne
puis vraiment que' vous en remercier. Jadis vous
affirmiez que le « Bluff » c'était du Georges
Ancey, corrigé. et dénoué par Tolstoï. Aujour-
d'hui vous me donnez comme parrains Scribe,
cet ouvrier étonnant, et Bavard, cet écrivain au
charme discret ; libre à vous. Moi aussi je ré-
vère les grands anciens, et parmi ceux-là je
puis vous avouer qu'Emile Augier, le puissant
maître delà comédie de caractères, m'a tou-
jours le plus passionné. A mon tour je vous
k SUBIES 4« îm bien 'comprendre et ; de ne pas
croire que j'aie la prétention devoir voulu faire?
du; Passe-Partout de nouveaux Effrontés. ]
Tout cela importe peu.. J'en arrive tout de j
suite : à mes. deux griefs. Le premier, c'est3
« Après trente-cinq minutes'd'entr'acte, 'le ri-'
deau se relève sur le cabinet direotivial dui
Passe-Partout. » Vraiment, monsieur, cette Ie-i
marque chronométrique n'est' pas très digne de)
vous. Vous n'êtes pas sans ignorer les diflicuti-j
tés de la mise en scène. Notre décor ,ic- fui
complet que dans l'après-midi même de la hh
pétition générale. Il y a un escalier, un PRMP
cable, des charnières à poser, toutes choses dé-
licates. Et si, .d'une part, Franck ne voulait
pas voir se reproduire chez lui l'accident des
Variétés, je ne pouvais pas non plus le forcer
à continuer ses relâches, à perdre ainsi de gros*
ses sommes chaque jour à cause d'un entr'acte.
D'ailleurs, tout cela s'est tassé ; les tren:e-cinq
minutes ont été ramenées à vingt, puis même fe
quinze. Tout le monde n'a pas la maiechanc®
d'assister aux répétitions générales.
Mon second grief est infiniment plus ;;;raveJ
Je cite votre phrase concernant Duménv : u Il
réhabilite, par sa parfaite tenue, le journalisme
que M. Thurner déshonore. » Non, monsieur,
cela, vous n'avez pas le droit de le dire — el
je m'explique.
Le Passe-Partout, ce n'est pas le journalisme,
c'est un journal, c'est surtout le directeur d'uaî
journal. Déshonorer le journalisme?. N!.isi
j'en fais partie, monsieur; nous en faisoi*s 1OU.
partie. Il n'y a pas d'homme d'action, • n'y s
pas d'homme de talent, il n'y a pas c noren»
de cœur-qui, de près ou de loin, ne rr.uche M
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