Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-11-05
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 novembre 1908 05 novembre 1908
Description : 1908/11/05 (A2,N402). 1908/11/05 (A2,N402).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646055s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2e Annêe. - N° 402 (quotidien)
~.aS&j~
Jeudi 5 Novembre 1908.
COMŒDIA
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
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Les Nôtres
*
Avec un grand succès, avec un grand
talent, M. Georges Thurner vient de
Lettre à la scène le monde des journaux
et des journalistes. Le sujet était vaste.
L'auteur ne s'y est pas perdu, et le ta-
bleau qu'il nous en a tracé est d'une très
véridique observation.
Il est assez difficile à un journaliste -
et dans un journal — d'écrire ce qu'il
pense des mœurs actuelles de la presse.
Le moins qu'on en puisse dire, c'est que,
si tous les journaux ne sont pas comme
Le Passe-Partout, la plupart d'entre eux
fe déplorent.
En feuilletant l'autre jour de vieux au-
tographes, nous avons trouvé, écrite sur
ce papier bleu pâle qu'il affectionnait,
une lettre de Gustave Flaubert à Mau-
r'Ce Schlesinger, et nous en avons trans-
crit ce passage :
« .Vous ne vous imaginez pas les
Infamies qui règnent et ce qu'est main-
tenant la petite presse. Tout cela, du
reste, est fort légitime, car le public se
trouve à la hauteur de toutes les canail-
leries dont on le régale. Mais ce qui
m'attriste profondément, c'est la bêtise
générale. L'océan n'est pas plus profond
ni plus large. Il faut avoir une fière san-
té morale, je vous assure, pour vivre à
Paris maintenant. Qu'importe, après
tout! Il faut fermer sa porte et ses fe-
nêtres, se ratatiner sur soi comme un
hérisson, allumer dans sa cheminée un
large feu, puisqu'il fait froid, évoquer
dans son cœur une grande idée (souve-
nir ou rêve) et remercier Dieu quand
elle arrive. »
Et cela se passait en des temps très
anciens. voici plus d'un demi-siècle, en
1857.
Que dirait Flaubert s'il revenait et
quelle appréciation porterait-il sur tous
les Passe-Partout et les Voudrais-passer-
Partout qui constituent la grande et la
Petite presse d'aujourd'hui!
Entendons-nous. Jamais on ne vit plus
de vrais talents quitter les hauts sommets
de la littérature pour aller vers le jour-
nal ; mais, en revanche, avec qui se ren-
contrent-ils, dans cette époque où le jour-
nal est presque toute la littérature, et le
reportage presque tout le journalisme?
r Il n'est pas un mythe cet amusant Val-
JUche de la délicieuse comédie du Gym-
nase qui se destine au journalisme parce
qu'il ne sait rien. Des Valluche,, vous en
trouverez dix par rédaction. Ils sont par-
tout, ils sont même partout les maîtres.
Une vie apparente, des agréments fa-
cIles, des fréquentations brillantes, une
Notoriété immédiate, un libre accès dans
es milieux les plus divers, un solide ins-
trument d'attaque ou de défense qui per-
met de dispenser à plaisir l'éloge ou le
lâme. de faire trembler ses contempo-
rains ou de s'attirer leur gratitude, de
régner, enfin ; voilà de quoi séduire plus
d'un ambitieux.
Aussi, vers cette Terre Promise se
bâtent, pèlerins avides et passionnés,
tous les médiocres, tous les ratés, tous
les tarés. Si le journalisme mène à tout,
tout mène au journalisme. On y vient de
la politique, de la finance, des lettres, du
monde, de la magistrature, de l'armée,
de l'industrie, de la prison même, et si
c est un tremplin, c'est plus souvent un
refuge.
Des diplômes, des brevets, des certifi-
as sont indispensables à tous ceux qui
veulent aborder une de ces carrières dont
ont dit, ironiquement sans doute, qu'el-
les sont libérales. Il n'est pas possible
d enseigner, d'exercer la médecine, de
Plaider, d'être officier, de servir dans les
arnbassades, les ministères, les gares ou
les bureaux de poste; on n'a pas le droit
d'être cantonnier, égoutier, balayeur ou
cocher de fiacre, sans un concours ou
Un examen, et il est permis au premier
enu d'exercer la plus haute des mis-
ons : celle de renseigner, d'éduquer et
de diriger la foule.
t Vraiment, même pour la presse, c'est
trOP de liberté! Il serait bon, puisque
tant i de directeurs de journaux sont in-
capables de choisir et de juger, qu'un
vilement, qu'une loi empêchassent les
vandales, les philistins et les pickpockets
de Pénétrer aussi librement dans nos
rnples.
Ce serait trop beau! Le malheur,
Voyez-vous, c'est que le journalisme n'est
plus du tout ce qu'il était jadis, il n'est
même Plus ce qu'il était encore lorsque
Flaubert le flétrissait. Comparé au nôtre,
c'était alors le bon temps. Il est loin.
Parlez à un homme qui veut entrer
dans la presse des devoirs et des respon-
sabilités qu'il devra assumer, du talent
quotidien qu'il devra dépenser, des con-
naissances multiples et diverses qu'il de-
Vra accumuler, de la bravoure qu'il de-
vra montrer, des dangers qu'il devra
rnoncre, des embûches qu'il devra sur-
mont et des tentations auxquelles il
devra résister ; parlez-lui de la belle tâ-
che qu'il pourra accomplir, des justes
causes qu'il pourra soutenir, de tout le
bien qu'il Pourra faire. il haussera les
Epaules et Vous rira dédaigneusement au
nez.
- Des responsabilités, du talent, de
la culture, de la bravoure, de l'honnête-
té, du désintéressement du bien?.
Pourquoi faire ? A quoi bon ? Quelle
drôle d'idée vous vous faites du journa-
lisme? Le Journalisme, c'est des billets
de théâtre, des Permis de chemin de fer,
des petites f f1?11168' des décorations, des
sinécures, de 1 arient facile et le moyen
de faire marcher ceux qui vous em-
bêtent!
De fait, ce n'est plus autre chose. On
dirige un journal comme on dirigerait
une banque, un comptoir, une usine. Un
journal, c'est une affaire et, pour qu'elle
réussisse, les seuls talents indispensa-
bles sont ceux de l'administrateur et du
chef de la publicité.
Le reste, c'est de la littérature, c'est-
à-dire que c'est le contraire de la litté-
rature.
Je sais que je devrais, pour avoir l'air
équitable, impartial et optimiste, parler
aussi, en une conclusion convention-
nelle, des fameuses qualités de la pres-
se. Je ne me sens pas le courage de
cette hypocrisie. ,Les fameuses qualités
de la presse?. Où sont-elles?. Je de-
mande à les voir!. En fait de qualités,
je n'aperçois que l'amour de la ven-
geance, l'intérêt, le goût du scandale et
de la calomnie, la corruption, la courti-
sanerie, la passion du cabotinage et un
penchant général vers la vulgarité.
Comme qualités, c'est peu! Mais que
voulez-vous demander à des journaux
qui consacrent trois colonnes à un assas-
sinat et deux lignes à un acte d'hé-
roïsme!
« Tout journal est une boutique où
l'on vend au public des paroles de la
couleur dont il les veut. », écrivait Bal-
zac.
Nous avons les journaux que nous
méritons !
Pierre MORTIER.
Nous publierons demain un article de
JACQUES MAY
Une main de velours
dans un gant de fer
Voici donc qui semble définitif: M. Cla-
retie reste au Théâtre-Français, et nous ne
saurions trop l'en féliciter. Ce n'est point
que le métier de critique ne soit particu-
lièrement séduisant, mais M. Claretie est
à un âge où il vàut mieux persister dans la
carrure que l'on s'est choisie plutôt que
d'en chercher une autre.
De douze à seize ans on peut changer
d'avis suivant les idées du moment: on se
destine à l'Ecole navale lorsque l'on achète
un nouveau torpilleur mécanique, à P91y-
technique lorsque les étrennes ;vous appor-
tent un. chemin de fer, et â la diplomatie
lorsque l'on va pour la première fois dans
le monde. Mais, à la longue, on s'aperçoit
que la vie est beaucoup plus courte qu'on
ne le pensait tout d'abord, et que l'on a
tout juste le temps d'aborder une seule des
petites spécialités auxquelles les hasards de
la vie nous vouent le plus souvent malgré
nous.
M. Claretie a conservé beaucoup d'illu-
sions de sa jeunesse, et volontiers il eût
accepté sans doute, en quittant le Français,
d'être nommé par le ministre, à titre de
compensation, ambassadeur à Constantino-
ple ou gouverneur général du Haut-Ouban-
:ghi, ce qui lui eût permis de rester parmi
nous.
M. Doumergue, qui est un homme rai-
sonnable et pondéré, lui a conseillé d'at-
tendre deux ans encore la retraite à laquelle
il aura droit, et ce conseil administrant est
empreint d'une sage philosophie.
J'aurais voulu toutefois que le ministre,
à ce propos, fit mieux encore. Il est incon-
testable, je l'ai répété souvent ici même,
que la situation n'est point tenable au Fran-
çais pour un administrateur quel qu'il soit.
Si, lorsque M. Claretie s'en ira, on prend
un homme d'action, ce sera dans la maison
une brusque révolution et une série de
coups d'État. Si l'on fait de nouveau un
bail emphytéotique avec un homme affable
et doux, c'en sera fait à tout jamais de la
Maison de Molière, qui sera vite débordée
par. le flot montant des mœurs contempo-
raines.
Ne serait-il pas infiniment plus sage de
ménager les transitions en opérant dès au-
jourd'hui et progressivement les réformes
nécessaires? Faites sous la régence de
M. Claretie, elles ne pourront jamais pa-
raître révolutionnaires et elles faciliteraient
dans la suite une mise au point indispensa-
ble. Pour commencer, il suffirait de ces
quelques notes officieuses dont la pdlitique
contemporaine semble avoir le secret et qui
provoquent l'admiration des masses. On ap-
prendrait par exemple que M. Doumergue
a eu un entretien amical avec M. Claretie,
qu'il est décidé, en toutes circonstances, à
soutenir son administrateur jusqu'au bout,
qu'il est entièrement d'accord avec lui sur
tous les points et qu'il lui donnera raison
quoi qu'il advienne.
C'est peu de chose pour l'Agence Four-
nier, ce serait déjà beaucoup pour relever
le prestige moral très affaibli de la Comé-
die-Française, et cela vaudrait mieux qu'un
brusque incendie du décret de Moscou en-
traînant une retraite désastreuse.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à neuf heures, au Vaudeville,
répétition générale de La Patronne, comé-
die en cinq actes de M. Maurice Donnay.
B
,,iaille de dames.
Il s'agit d'une pièce autour de la-
quelle on a mené grand tapage dans un
très grand théâtre. Des retards d exécu-
tion, un dissentiment retentissant entre au-
teur et directeur viennent de défrayer nos
chroniques..
Or, la pièce a deux rôles de femme. Le
premier échut à une très grande artiste,
tragédienne considérable, qui fut consultée
la première. L'autre fut distribué à une
jeune tragédienne dont la gloire naissante
porte ombrage à son aînée.
Mais les rétrétitiotis firent éclater la sm.
périorité du second rôle sur lé premier. De
quoi se dépita la grande tragédienne, et qui
fit dessein que la pièce ne serait pas jouée.
Elle n'apprit jamais son rôle; la pièce,
déjà retardée, ne fut pas prête, et.
Et c'est ainsi que vient de naître urY
procès.
HISTOIRES VRAIES
LA LOGE ENCHANTEE
Il s'agit de celle de mon concierge.
Impossible de passer au devant, sans ouïr de
vagues rugissements. On s'inquiète incontinent
de savoir s'il s'agit d'une rage de dents, de
quelque drame intime, ou bien d'ainimaux mal-
traités,, à moins que ce ne soient les meubles sug-
gestionnés en branle, et dansant un pas.
La prudence conseille de filer sans en deman-
der davantage, et, l'on s'aperçoit assez vite,
dans un cas pareil, que la couardise est fré-
quente, à moins que ce ne soit la discrétion à
l'endroit des affaires d'autrui.
— Ah! Monsieur fait du théâtre? me crie une
voix caverneuse, à mon dernier passage.
Une lettre a compromis mon incognito. Un
amateur de titres m'a comblé de celui d'auteur
dramatique.
Je me retourne, prends la lettre, frémis, et
fais mine de poursuivre mon chemin
Un bras vigoureux m'impose un par-le-flanc,
d'autorités
— Moi aussi, Monsieur, je fais du théâtre.
— Ah! parfaitement. Mais, vous savez. un
débutant!. peu de relations encore!. les enga-
gements et moi!.
Et les roucoulades sonores, perçues à 1 i-
promptu, me sont immédiatement expliquées.
— Moi, je n'ai point à quémander d'engage-
ment!! J'en ai un.
— Ah! tant mieux! J'en suis bien aise.
— Il faudra que Monsieur m'entende.
— Volontiers. un jour.
— Non! tout de suite.
— Je suis attendu.
- Que peuvent nous faire ces infiniment pe-
tits, entre nous autres artistes? Ecoutez-mot.
Et, campé solidement, le thorax bombé, les
jarrets tendus, le front terrible, les yeux rou-
lant:
- cc J'ai tout vu! J'ai tout entendu! » hurle
mon concierge.
Je demeure inquiet et béat.
- C'est beau, hein!
— Très! très!. Mais qu'est-ce que c'est?
— Mon rôle. « J'ai tout vu, j'ai tout en-
tendu! ». jmoue cela tous les soirs, aux Gobe-
lins. Oui! cela ne vous paraît rien, Mon-
sieur!. Vous verrez quand vous aurez plus de
planches!. Il y a la façon. « J'ai tout vu, j'ai
tout entendu! ». Et puis, c'est le nœud du
drame.
Jerne vois, par convenance, dans la nécessité
de tirer mon mouchoir pour y pouffer, sans frois-
ser, et. je m'enfuis. j
Sur mes pas, sarcastique, entre les dents, ces
mots très distincts m'accompagnèrent, avec
conviction:
- Pas de talent, mon locataire ! !
A.-JACQUES BALLIEU. ;
s
A". R.
N'ayez aucune émotion; ce ne sont
point là les initiales combatives de quelque
syndicat d'artistes; c'est, tout simplement,
le titre de la prochaine pièce des Bouffes.
Eh! oui, Le Prince Consort, comme l'on
sait, ne plaisait plus aux auteurs. Il a fal-
lu trouver autre chose, et Comoedia a
même ouvert un concours entre ses lec-
teurs à l'effet de baptiser l'opérette tirée de
la comédie de Xanrof.
Et voilà que S. A. R. — Son Altesse
Royale — va s'étaler dans le « fromage
blanc » de l'affiche des Bouffes.
Nous vous dirons même, en confidence,
que le projet de ladite affiche vient d'être
adopté par M. Richemond : tout simplement,
les trois lettres S. A. R. surmontées de la
couronne fermée.
Il ne nous reste plus qu'à souhaiter à
S. A. R. des recettes. royales.
L
e jour et la nuit.
Elle l'a ravi par son joli sourire, par
son allure gamine, par sa jambe bien faite
-et son bras si dodu. Elle joue, là-haut, à
Montmartre, dans .un music-hall et y chante
les couplets de la Demoiselle du Téléphone.
Il s'est fait présenter. Il est un peu ti-
mide. Il n'a pas encore l'habitude:
— Pourrais-je me présenter chez vous?
Si vous vouliez bien m'indiquer votre jour?
— Mon jour? Mais je n'en ai pas!
— Ah !
— Je n'ai que mes nuits.
T
héâtre, mystère et restaurant populaire.
L'affaire Steinheil semble revenir sur
l'eau, et, d'une façon plutôt rocambolesque,
le théâtre serait mêlé à cette résurrection.
Et quel théâtre! Un théâtre toujours fer-
mé dont là devanture verte, les petits gui-
chets extérieurs donnant sur la rue et les
affiches rédigées en hébreu invitent le pas-
sant non » averti à fuir vers des contrôles
plus hospitaliers. Car, vous vous en dou-
tez, il faut montrer patte blanche pour en
trer au « théâtre hébreu » de la rue Saint-
Denis, à l'angle de la rue Etienne-Marcel,
où, paraît-il, trois lévites auraient été vo-
lées jadis, les trois lévites dans lesquelles
se seraient drapés les assassins présumés
de M. Steinheil.
Nous passons devant le néo-théâtre hé-
breu, et nous nous souvenons que, il y a
vingt ans, ce théâtre était un brave petit
restaurant populaire où, pour quinze sous,
nos dix-huit ans affamés trouvaient une
nourriture saine, suffisante, et des servan-
tes accortes.
Puis le restaurant sombra. Qui eût dit
qu'un jour les Hébreux en feraient leur
theâtre national?
Après tout, le théâtre de Montrouge, que
dirige si adroitement M. Beineix, n'est-il
pas un ancien temple protestant rendu au
culte. de Thespis.
p
(Iusieujs millions à la disposition de
l'expèrt Dusausoy, 4, boulevard des
Italiens, qui achète de suite, à première
vue et à leur réelle valeur; bijoux, diamants
et pierres fines. Grand choix d'occasions.
D:
ans un théâtre des boulevards.
— Admirable, votre pièce, mon
cher ami! fait le directeur. C'est la petn-
ture la plus hardie, la plus exacte et la
plus émouvante qui ait été faite de lia so-
ciété contemporaine. C'est pris sur le vif-
C'est la vie même. Et c'est là raison, rJus-
Isirtfcnt, 0our laquelle ne ~iis y
, - Com-ment?
— Mais oui. Tout le monde s'y recon-
naîtrait. Vous voyez la débâcle!
NOS ARTISTES
(Reutlinger, phot.)
Mlle Germaine Gallois
qui triomphe dans ses chansons aux Folies-Bergère
o
n parle déjà des merveilles de méca-
nique du prochain Salon; c'est évi-
demment en songeant aux modèles 1909
des marques Fiat, ; Zedel et Renault, que
Lamberjack présentera encore cette année
à son élégante clientèle.
L
e Crépuscule des Dieux, où Siegfried,
grâce au philtre infâme de Hagen,
oublie tlrunnhilde, tait mieux apprécier en-
core l'exquise liqueur qu'est le quinquina
Dubonnet. Agréable et tonique, c'est en-
core la liqueur de gaieté. parce qu'à base
de bon vin.
Mme de Lilo chante, en ce moment,
7V Endors mon cœur, une très prenante valse-
berceuse de Gaston Lemaire, qui devient,
grâce à sa délicieuse interprète, le vrai suc-
cès de la saison.
L
es quinze conférences qui seront don-
nées le samedi à cinq heures, à luni-
versité des Annales, sur l'histoire de la
musique, promettent d'être bien intéressan-
tes. A l'attrait de conférences par tous les
érudits et les plus illustres critiques de la
musique, s'ajoutera le plaisir d'auditions in-
comparables. Diémer se fera entendre sur
le clavecin; il y accompagnera la jolie
Mme H. Lavedan, dont le talent délicat et
charmant ne se prodigue plus assez au gré
de ses admirateurs. Des artistes de l'enver-
gure de Delmas, de Mme Rose Caron, de
Litvinne, d'Adiny s'y feront applaudir, et,
à côté de ces rois du théâtre, ils écouteront
des artistes que, les concerts ont rendus cé-
lèbres : les Auguez-Montaland, Truffier
Mellot, Joubert, Lormont, le quatuor vocaf
Bâttaille. Enfin, tandis que Mlle Chasles
ressuscitera les jolies danses anciennes des
XVIIe et XVIIIe siècles, Mlle Zambelli, cette
étoile délicieuse de la danse moderne, es-
quissera les pas célèbres du répertoire.
L
es tournées en province des pièces S
succès ont, au dire de certains, à tel
point monopolisé les faveurs du public que
les virtuoses du piano, du violon, du vio-
loncelle, terrorisés à l'avance par la pers-
pective d'évoquer, devant des banquettes
vides, l'âme de Beethoven, de Schumann,
de Chopin, se contentent désormais d'exer-
cer dans la capitale leur coupable industrie,
Eh bien! 'non. ces prophètes de malheur:
ont tort, et leurs craintes sont vaines!
Jugez plutôt: au cours du seul mois dô
novembre, la Maison Pleyel devra mobili-
ser trente grands pianos à queue pour as-'
surer, rien qu'en France, les quarante cinq
concerts donnés par MM. Pugno* Wurmser,
Harold Bauer, Casals-Socias, et, enfin, par'
Mme Litvinne et M. Niederhofheim.
Pendant ce temps, d'autres tournées
pleyelistes parcourent la Belgique, la Hoi..
lande, l'Angleterre, la Suisse, etc.
Il n'y a plus de concerts!.
Le Masque de Verre.
VOIR EN TMtStÊME PAGE
LE RAPPORT
DE M. LOUIS BUYAT
THEATRE DU CHATELET
La Chatte
Blanche
Féerie en trois actes
et Vingt-cinq tableaux
DES
Frères COGNIARD
M M
(Photo-Progranj me.1
Si j# vous disais, pimpante-lectrice, que j'ai
assiste, lé 14 août 1852, dans une avant-scène
du Théâtre Impérial, à la première de la Chatte
Blanche, un aimable sourire d'incrédulité fleu-
rirait sur vos lèvres.
Et il aurait fichtrement raison d'y fleurir -
d'abord parce que vos lèvres sont exquises et
ensuite parce que j'avais encore, à l'époque, une
bonne Quinzaine d'années à attendre avant de
(Plioto-Programme) M. Dombreval M. Vandenne ,M. Claudlua M. Chambéry
faire mon apparition dans notre vallée de lar-
mes, de misères et d'interviews.
J'ai souvenir cependant — mais c'est loin,
loin, et tout à fait brumeux aux confins de ma
mémoire — d'avoir « badé » d'admiration de-
vant les défilés de la Chatte Blanche que don-
nait alors le curieux théâtre Vallette, à Mar-
seille.
Ceci devait se passer vers 1878. Céline Mon-
taland iouait le rôle .de Blanchette, et la brune
En haut : la Tribunal des Animaux. -1En bas s la Ballat des Papillons (Photo-Programme)
commère avait du chien, ae la hanche, du mon-
tant - et comment !
Elle vous envoyait le couplet badin avec un
de ces brios qui déchaînait des tonnerres dans
Ï4 salle électrisée.
Et le tonnerre marseillais, vê, ça vous se-
coue le lustre quand ça se met à rouler !
Un peu plus tard, on me mena à la Gaîté, à
Paris, parce que j'avais décroché quelque acces-
sit de gymnastique, me rincer la rétine iax
splendeurs d'une Chatte Blanche, nouvelle ma-
nière.
Et longtemps, dans la nuit solitaire et gla-
ciale du dortoir, mon rêve de potache poursui-
vit la fugace vision de belles fées moulées dans
la trame indiscrète du collant ; de jolis pages
frétillants et court-vêtus : df, ballerines ennua-
gées de mousselines suggestives et gantées étroi-
tement de soie «( chair ».
Ah! ce que j'aurais donné, en ce temps d'il-
lusions vivaces et d'ardeurs toutes neuves, pour
approcher - comme je l'ai fait hier dans les
loges d'artistes du Châtelet — les fées, les
pages, les ballerines!.
Mais bah ! ne regrettons rien ! Mon accessit
de gymnastique en eût peut-être été compromis,
pour l'année suivante.
Vingt ans après, M. Fontanes remet à la scène
l'oeuvre des frères Cosoiard.
Vingt ans après, car le Châtelet a repris 1A
Chatte Blanche en 1888, avec Simon-Girard dans
le rôle de Pierrette. Petitpatapon, c'était Simon-
Max; le délicieux et élégant Tauffenberger, aus-
si bon chanteur que fin comédien, jouait Pim.
pondor.
Les points de comparaison me font quelque
peu défaut, sans quoi je serais curieux!
de préciser ce qu'il reste de la Chatte Blan-
che 3e 1852, dans cette reprise de 1908/
Par tradition, ces trois actes ont été remanies,,
tripatouillés, revus, augmentés et assaisonnés à
l'aide d'épices inédites, chaque fois que les ta-
bleaux en ont reparu devant la rampe.
Hier, il m'a semblé que les trois ballets et
le défilé militaire du troisième acte étaient en-
tièrement nouveaux.
Et les deux ballets — celui des Papillons et
celui des Roses — sont un pur enchantement.
Imaginez, sur cette magnifique scène du CH' -
telet, large, haute, profonde, permettant ex
défilés de poindre aux lointains pour s'épant; ir
largement à l'avant-scène comme un flot de cou-
leurs et de beauté, imaginez ce que peut ié-
~.aS&j~
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Les Nôtres
*
Avec un grand succès, avec un grand
talent, M. Georges Thurner vient de
Lettre à la scène le monde des journaux
et des journalistes. Le sujet était vaste.
L'auteur ne s'y est pas perdu, et le ta-
bleau qu'il nous en a tracé est d'une très
véridique observation.
Il est assez difficile à un journaliste -
et dans un journal — d'écrire ce qu'il
pense des mœurs actuelles de la presse.
Le moins qu'on en puisse dire, c'est que,
si tous les journaux ne sont pas comme
Le Passe-Partout, la plupart d'entre eux
fe déplorent.
En feuilletant l'autre jour de vieux au-
tographes, nous avons trouvé, écrite sur
ce papier bleu pâle qu'il affectionnait,
une lettre de Gustave Flaubert à Mau-
r'Ce Schlesinger, et nous en avons trans-
crit ce passage :
« .Vous ne vous imaginez pas les
Infamies qui règnent et ce qu'est main-
tenant la petite presse. Tout cela, du
reste, est fort légitime, car le public se
trouve à la hauteur de toutes les canail-
leries dont on le régale. Mais ce qui
m'attriste profondément, c'est la bêtise
générale. L'océan n'est pas plus profond
ni plus large. Il faut avoir une fière san-
té morale, je vous assure, pour vivre à
Paris maintenant. Qu'importe, après
tout! Il faut fermer sa porte et ses fe-
nêtres, se ratatiner sur soi comme un
hérisson, allumer dans sa cheminée un
large feu, puisqu'il fait froid, évoquer
dans son cœur une grande idée (souve-
nir ou rêve) et remercier Dieu quand
elle arrive. »
Et cela se passait en des temps très
anciens. voici plus d'un demi-siècle, en
1857.
Que dirait Flaubert s'il revenait et
quelle appréciation porterait-il sur tous
les Passe-Partout et les Voudrais-passer-
Partout qui constituent la grande et la
Petite presse d'aujourd'hui!
Entendons-nous. Jamais on ne vit plus
de vrais talents quitter les hauts sommets
de la littérature pour aller vers le jour-
nal ; mais, en revanche, avec qui se ren-
contrent-ils, dans cette époque où le jour-
nal est presque toute la littérature, et le
reportage presque tout le journalisme?
r Il n'est pas un mythe cet amusant Val-
JUche de la délicieuse comédie du Gym-
nase qui se destine au journalisme parce
qu'il ne sait rien. Des Valluche,, vous en
trouverez dix par rédaction. Ils sont par-
tout, ils sont même partout les maîtres.
Une vie apparente, des agréments fa-
cIles, des fréquentations brillantes, une
Notoriété immédiate, un libre accès dans
es milieux les plus divers, un solide ins-
trument d'attaque ou de défense qui per-
met de dispenser à plaisir l'éloge ou le
lâme. de faire trembler ses contempo-
rains ou de s'attirer leur gratitude, de
régner, enfin ; voilà de quoi séduire plus
d'un ambitieux.
Aussi, vers cette Terre Promise se
bâtent, pèlerins avides et passionnés,
tous les médiocres, tous les ratés, tous
les tarés. Si le journalisme mène à tout,
tout mène au journalisme. On y vient de
la politique, de la finance, des lettres, du
monde, de la magistrature, de l'armée,
de l'industrie, de la prison même, et si
c est un tremplin, c'est plus souvent un
refuge.
Des diplômes, des brevets, des certifi-
as sont indispensables à tous ceux qui
veulent aborder une de ces carrières dont
ont dit, ironiquement sans doute, qu'el-
les sont libérales. Il n'est pas possible
d enseigner, d'exercer la médecine, de
Plaider, d'être officier, de servir dans les
arnbassades, les ministères, les gares ou
les bureaux de poste; on n'a pas le droit
d'être cantonnier, égoutier, balayeur ou
cocher de fiacre, sans un concours ou
Un examen, et il est permis au premier
enu d'exercer la plus haute des mis-
ons : celle de renseigner, d'éduquer et
de diriger la foule.
t Vraiment, même pour la presse, c'est
trOP de liberté! Il serait bon, puisque
tant i de directeurs de journaux sont in-
capables de choisir et de juger, qu'un
vilement, qu'une loi empêchassent les
vandales, les philistins et les pickpockets
de Pénétrer aussi librement dans nos
rnples.
Ce serait trop beau! Le malheur,
Voyez-vous, c'est que le journalisme n'est
plus du tout ce qu'il était jadis, il n'est
même Plus ce qu'il était encore lorsque
Flaubert le flétrissait. Comparé au nôtre,
c'était alors le bon temps. Il est loin.
Parlez à un homme qui veut entrer
dans la presse des devoirs et des respon-
sabilités qu'il devra assumer, du talent
quotidien qu'il devra dépenser, des con-
naissances multiples et diverses qu'il de-
Vra accumuler, de la bravoure qu'il de-
vra montrer, des dangers qu'il devra
rnoncre, des embûches qu'il devra sur-
mont et des tentations auxquelles il
devra résister ; parlez-lui de la belle tâ-
che qu'il pourra accomplir, des justes
causes qu'il pourra soutenir, de tout le
bien qu'il Pourra faire. il haussera les
Epaules et Vous rira dédaigneusement au
nez.
- Des responsabilités, du talent, de
la culture, de la bravoure, de l'honnête-
té, du désintéressement du bien?.
Pourquoi faire ? A quoi bon ? Quelle
drôle d'idée vous vous faites du journa-
lisme? Le Journalisme, c'est des billets
de théâtre, des Permis de chemin de fer,
des petites f f1?11168' des décorations, des
sinécures, de 1 arient facile et le moyen
de faire marcher ceux qui vous em-
bêtent!
De fait, ce n'est plus autre chose. On
dirige un journal comme on dirigerait
une banque, un comptoir, une usine. Un
journal, c'est une affaire et, pour qu'elle
réussisse, les seuls talents indispensa-
bles sont ceux de l'administrateur et du
chef de la publicité.
Le reste, c'est de la littérature, c'est-
à-dire que c'est le contraire de la litté-
rature.
Je sais que je devrais, pour avoir l'air
équitable, impartial et optimiste, parler
aussi, en une conclusion convention-
nelle, des fameuses qualités de la pres-
se. Je ne me sens pas le courage de
cette hypocrisie. ,Les fameuses qualités
de la presse?. Où sont-elles?. Je de-
mande à les voir!. En fait de qualités,
je n'aperçois que l'amour de la ven-
geance, l'intérêt, le goût du scandale et
de la calomnie, la corruption, la courti-
sanerie, la passion du cabotinage et un
penchant général vers la vulgarité.
Comme qualités, c'est peu! Mais que
voulez-vous demander à des journaux
qui consacrent trois colonnes à un assas-
sinat et deux lignes à un acte d'hé-
roïsme!
« Tout journal est une boutique où
l'on vend au public des paroles de la
couleur dont il les veut. », écrivait Bal-
zac.
Nous avons les journaux que nous
méritons !
Pierre MORTIER.
Nous publierons demain un article de
JACQUES MAY
Une main de velours
dans un gant de fer
Voici donc qui semble définitif: M. Cla-
retie reste au Théâtre-Français, et nous ne
saurions trop l'en féliciter. Ce n'est point
que le métier de critique ne soit particu-
lièrement séduisant, mais M. Claretie est
à un âge où il vàut mieux persister dans la
carrure que l'on s'est choisie plutôt que
d'en chercher une autre.
De douze à seize ans on peut changer
d'avis suivant les idées du moment: on se
destine à l'Ecole navale lorsque l'on achète
un nouveau torpilleur mécanique, à P91y-
technique lorsque les étrennes ;vous appor-
tent un. chemin de fer, et â la diplomatie
lorsque l'on va pour la première fois dans
le monde. Mais, à la longue, on s'aperçoit
que la vie est beaucoup plus courte qu'on
ne le pensait tout d'abord, et que l'on a
tout juste le temps d'aborder une seule des
petites spécialités auxquelles les hasards de
la vie nous vouent le plus souvent malgré
nous.
M. Claretie a conservé beaucoup d'illu-
sions de sa jeunesse, et volontiers il eût
accepté sans doute, en quittant le Français,
d'être nommé par le ministre, à titre de
compensation, ambassadeur à Constantino-
ple ou gouverneur général du Haut-Ouban-
:ghi, ce qui lui eût permis de rester parmi
nous.
M. Doumergue, qui est un homme rai-
sonnable et pondéré, lui a conseillé d'at-
tendre deux ans encore la retraite à laquelle
il aura droit, et ce conseil administrant est
empreint d'une sage philosophie.
J'aurais voulu toutefois que le ministre,
à ce propos, fit mieux encore. Il est incon-
testable, je l'ai répété souvent ici même,
que la situation n'est point tenable au Fran-
çais pour un administrateur quel qu'il soit.
Si, lorsque M. Claretie s'en ira, on prend
un homme d'action, ce sera dans la maison
une brusque révolution et une série de
coups d'État. Si l'on fait de nouveau un
bail emphytéotique avec un homme affable
et doux, c'en sera fait à tout jamais de la
Maison de Molière, qui sera vite débordée
par. le flot montant des mœurs contempo-
raines.
Ne serait-il pas infiniment plus sage de
ménager les transitions en opérant dès au-
jourd'hui et progressivement les réformes
nécessaires? Faites sous la régence de
M. Claretie, elles ne pourront jamais pa-
raître révolutionnaires et elles faciliteraient
dans la suite une mise au point indispensa-
ble. Pour commencer, il suffirait de ces
quelques notes officieuses dont la pdlitique
contemporaine semble avoir le secret et qui
provoquent l'admiration des masses. On ap-
prendrait par exemple que M. Doumergue
a eu un entretien amical avec M. Claretie,
qu'il est décidé, en toutes circonstances, à
soutenir son administrateur jusqu'au bout,
qu'il est entièrement d'accord avec lui sur
tous les points et qu'il lui donnera raison
quoi qu'il advienne.
C'est peu de chose pour l'Agence Four-
nier, ce serait déjà beaucoup pour relever
le prestige moral très affaibli de la Comé-
die-Française, et cela vaudrait mieux qu'un
brusque incendie du décret de Moscou en-
traînant une retraite désastreuse.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à neuf heures, au Vaudeville,
répétition générale de La Patronne, comé-
die en cinq actes de M. Maurice Donnay.
B
,,iaille de dames.
Il s'agit d'une pièce autour de la-
quelle on a mené grand tapage dans un
très grand théâtre. Des retards d exécu-
tion, un dissentiment retentissant entre au-
teur et directeur viennent de défrayer nos
chroniques..
Or, la pièce a deux rôles de femme. Le
premier échut à une très grande artiste,
tragédienne considérable, qui fut consultée
la première. L'autre fut distribué à une
jeune tragédienne dont la gloire naissante
porte ombrage à son aînée.
Mais les rétrétitiotis firent éclater la sm.
périorité du second rôle sur lé premier. De
quoi se dépita la grande tragédienne, et qui
fit dessein que la pièce ne serait pas jouée.
Elle n'apprit jamais son rôle; la pièce,
déjà retardée, ne fut pas prête, et.
Et c'est ainsi que vient de naître urY
procès.
HISTOIRES VRAIES
LA LOGE ENCHANTEE
Il s'agit de celle de mon concierge.
Impossible de passer au devant, sans ouïr de
vagues rugissements. On s'inquiète incontinent
de savoir s'il s'agit d'une rage de dents, de
quelque drame intime, ou bien d'ainimaux mal-
traités,, à moins que ce ne soient les meubles sug-
gestionnés en branle, et dansant un pas.
La prudence conseille de filer sans en deman-
der davantage, et, l'on s'aperçoit assez vite,
dans un cas pareil, que la couardise est fré-
quente, à moins que ce ne soit la discrétion à
l'endroit des affaires d'autrui.
— Ah! Monsieur fait du théâtre? me crie une
voix caverneuse, à mon dernier passage.
Une lettre a compromis mon incognito. Un
amateur de titres m'a comblé de celui d'auteur
dramatique.
Je me retourne, prends la lettre, frémis, et
fais mine de poursuivre mon chemin
Un bras vigoureux m'impose un par-le-flanc,
d'autorités
— Moi aussi, Monsieur, je fais du théâtre.
— Ah! parfaitement. Mais, vous savez. un
débutant!. peu de relations encore!. les enga-
gements et moi!.
Et les roucoulades sonores, perçues à 1 i-
promptu, me sont immédiatement expliquées.
— Moi, je n'ai point à quémander d'engage-
ment!! J'en ai un.
— Ah! tant mieux! J'en suis bien aise.
— Il faudra que Monsieur m'entende.
— Volontiers. un jour.
— Non! tout de suite.
— Je suis attendu.
- Que peuvent nous faire ces infiniment pe-
tits, entre nous autres artistes? Ecoutez-mot.
Et, campé solidement, le thorax bombé, les
jarrets tendus, le front terrible, les yeux rou-
lant:
- cc J'ai tout vu! J'ai tout entendu! » hurle
mon concierge.
Je demeure inquiet et béat.
- C'est beau, hein!
— Très! très!. Mais qu'est-ce que c'est?
— Mon rôle. « J'ai tout vu, j'ai tout en-
tendu! ». jmoue cela tous les soirs, aux Gobe-
lins. Oui! cela ne vous paraît rien, Mon-
sieur!. Vous verrez quand vous aurez plus de
planches!. Il y a la façon. « J'ai tout vu, j'ai
tout entendu! ». Et puis, c'est le nœud du
drame.
Jerne vois, par convenance, dans la nécessité
de tirer mon mouchoir pour y pouffer, sans frois-
ser, et. je m'enfuis. j
Sur mes pas, sarcastique, entre les dents, ces
mots très distincts m'accompagnèrent, avec
conviction:
- Pas de talent, mon locataire ! !
A.-JACQUES BALLIEU. ;
s
A". R.
N'ayez aucune émotion; ce ne sont
point là les initiales combatives de quelque
syndicat d'artistes; c'est, tout simplement,
le titre de la prochaine pièce des Bouffes.
Eh! oui, Le Prince Consort, comme l'on
sait, ne plaisait plus aux auteurs. Il a fal-
lu trouver autre chose, et Comoedia a
même ouvert un concours entre ses lec-
teurs à l'effet de baptiser l'opérette tirée de
la comédie de Xanrof.
Et voilà que S. A. R. — Son Altesse
Royale — va s'étaler dans le « fromage
blanc » de l'affiche des Bouffes.
Nous vous dirons même, en confidence,
que le projet de ladite affiche vient d'être
adopté par M. Richemond : tout simplement,
les trois lettres S. A. R. surmontées de la
couronne fermée.
Il ne nous reste plus qu'à souhaiter à
S. A. R. des recettes. royales.
L
e jour et la nuit.
Elle l'a ravi par son joli sourire, par
son allure gamine, par sa jambe bien faite
-et son bras si dodu. Elle joue, là-haut, à
Montmartre, dans .un music-hall et y chante
les couplets de la Demoiselle du Téléphone.
Il s'est fait présenter. Il est un peu ti-
mide. Il n'a pas encore l'habitude:
— Pourrais-je me présenter chez vous?
Si vous vouliez bien m'indiquer votre jour?
— Mon jour? Mais je n'en ai pas!
— Ah !
— Je n'ai que mes nuits.
T
héâtre, mystère et restaurant populaire.
L'affaire Steinheil semble revenir sur
l'eau, et, d'une façon plutôt rocambolesque,
le théâtre serait mêlé à cette résurrection.
Et quel théâtre! Un théâtre toujours fer-
mé dont là devanture verte, les petits gui-
chets extérieurs donnant sur la rue et les
affiches rédigées en hébreu invitent le pas-
sant non » averti à fuir vers des contrôles
plus hospitaliers. Car, vous vous en dou-
tez, il faut montrer patte blanche pour en
trer au « théâtre hébreu » de la rue Saint-
Denis, à l'angle de la rue Etienne-Marcel,
où, paraît-il, trois lévites auraient été vo-
lées jadis, les trois lévites dans lesquelles
se seraient drapés les assassins présumés
de M. Steinheil.
Nous passons devant le néo-théâtre hé-
breu, et nous nous souvenons que, il y a
vingt ans, ce théâtre était un brave petit
restaurant populaire où, pour quinze sous,
nos dix-huit ans affamés trouvaient une
nourriture saine, suffisante, et des servan-
tes accortes.
Puis le restaurant sombra. Qui eût dit
qu'un jour les Hébreux en feraient leur
theâtre national?
Après tout, le théâtre de Montrouge, que
dirige si adroitement M. Beineix, n'est-il
pas un ancien temple protestant rendu au
culte. de Thespis.
p
(Iusieujs millions à la disposition de
l'expèrt Dusausoy, 4, boulevard des
Italiens, qui achète de suite, à première
vue et à leur réelle valeur; bijoux, diamants
et pierres fines. Grand choix d'occasions.
D:
ans un théâtre des boulevards.
— Admirable, votre pièce, mon
cher ami! fait le directeur. C'est la petn-
ture la plus hardie, la plus exacte et la
plus émouvante qui ait été faite de lia so-
ciété contemporaine. C'est pris sur le vif-
C'est la vie même. Et c'est là raison, rJus-
Isirtfcnt, 0our laquelle ne ~iis y
, - Com-ment?
— Mais oui. Tout le monde s'y recon-
naîtrait. Vous voyez la débâcle!
NOS ARTISTES
(Reutlinger, phot.)
Mlle Germaine Gallois
qui triomphe dans ses chansons aux Folies-Bergère
o
n parle déjà des merveilles de méca-
nique du prochain Salon; c'est évi-
demment en songeant aux modèles 1909
des marques Fiat, ; Zedel et Renault, que
Lamberjack présentera encore cette année
à son élégante clientèle.
L
e Crépuscule des Dieux, où Siegfried,
grâce au philtre infâme de Hagen,
oublie tlrunnhilde, tait mieux apprécier en-
core l'exquise liqueur qu'est le quinquina
Dubonnet. Agréable et tonique, c'est en-
core la liqueur de gaieté. parce qu'à base
de bon vin.
Mme de Lilo chante, en ce moment,
7V
berceuse de Gaston Lemaire, qui devient,
grâce à sa délicieuse interprète, le vrai suc-
cès de la saison.
L
es quinze conférences qui seront don-
nées le samedi à cinq heures, à luni-
versité des Annales, sur l'histoire de la
musique, promettent d'être bien intéressan-
tes. A l'attrait de conférences par tous les
érudits et les plus illustres critiques de la
musique, s'ajoutera le plaisir d'auditions in-
comparables. Diémer se fera entendre sur
le clavecin; il y accompagnera la jolie
Mme H. Lavedan, dont le talent délicat et
charmant ne se prodigue plus assez au gré
de ses admirateurs. Des artistes de l'enver-
gure de Delmas, de Mme Rose Caron, de
Litvinne, d'Adiny s'y feront applaudir, et,
à côté de ces rois du théâtre, ils écouteront
des artistes que, les concerts ont rendus cé-
lèbres : les Auguez-Montaland, Truffier
Mellot, Joubert, Lormont, le quatuor vocaf
Bâttaille. Enfin, tandis que Mlle Chasles
ressuscitera les jolies danses anciennes des
XVIIe et XVIIIe siècles, Mlle Zambelli, cette
étoile délicieuse de la danse moderne, es-
quissera les pas célèbres du répertoire.
L
es tournées en province des pièces S
succès ont, au dire de certains, à tel
point monopolisé les faveurs du public que
les virtuoses du piano, du violon, du vio-
loncelle, terrorisés à l'avance par la pers-
pective d'évoquer, devant des banquettes
vides, l'âme de Beethoven, de Schumann,
de Chopin, se contentent désormais d'exer-
cer dans la capitale leur coupable industrie,
Eh bien! 'non. ces prophètes de malheur:
ont tort, et leurs craintes sont vaines!
Jugez plutôt: au cours du seul mois dô
novembre, la Maison Pleyel devra mobili-
ser trente grands pianos à queue pour as-'
surer, rien qu'en France, les quarante cinq
concerts donnés par MM. Pugno* Wurmser,
Harold Bauer, Casals-Socias, et, enfin, par'
Mme Litvinne et M. Niederhofheim.
Pendant ce temps, d'autres tournées
pleyelistes parcourent la Belgique, la Hoi..
lande, l'Angleterre, la Suisse, etc.
Il n'y a plus de concerts!.
Le Masque de Verre.
VOIR EN TMtStÊME PAGE
LE RAPPORT
DE M. LOUIS BUYAT
THEATRE DU CHATELET
La Chatte
Blanche
Féerie en trois actes
et Vingt-cinq tableaux
DES
Frères COGNIARD
M M
(Photo-Progranj me.1
Si j# vous disais, pimpante-lectrice, que j'ai
assiste, lé 14 août 1852, dans une avant-scène
du Théâtre Impérial, à la première de la Chatte
Blanche, un aimable sourire d'incrédulité fleu-
rirait sur vos lèvres.
Et il aurait fichtrement raison d'y fleurir -
d'abord parce que vos lèvres sont exquises et
ensuite parce que j'avais encore, à l'époque, une
bonne Quinzaine d'années à attendre avant de
(Plioto-Programme) M. Dombreval M. Vandenne ,M. Claudlua M. Chambéry
faire mon apparition dans notre vallée de lar-
mes, de misères et d'interviews.
J'ai souvenir cependant — mais c'est loin,
loin, et tout à fait brumeux aux confins de ma
mémoire — d'avoir « badé » d'admiration de-
vant les défilés de la Chatte Blanche que don-
nait alors le curieux théâtre Vallette, à Mar-
seille.
Ceci devait se passer vers 1878. Céline Mon-
taland iouait le rôle .de Blanchette, et la brune
En haut : la Tribunal des Animaux. -1En bas s la Ballat des Papillons (Photo-Programme)
commère avait du chien, ae la hanche, du mon-
tant - et comment !
Elle vous envoyait le couplet badin avec un
de ces brios qui déchaînait des tonnerres dans
Ï4 salle électrisée.
Et le tonnerre marseillais, vê, ça vous se-
coue le lustre quand ça se met à rouler !
Un peu plus tard, on me mena à la Gaîté, à
Paris, parce que j'avais décroché quelque acces-
sit de gymnastique, me rincer la rétine iax
splendeurs d'une Chatte Blanche, nouvelle ma-
nière.
Et longtemps, dans la nuit solitaire et gla-
ciale du dortoir, mon rêve de potache poursui-
vit la fugace vision de belles fées moulées dans
la trame indiscrète du collant ; de jolis pages
frétillants et court-vêtus : df, ballerines ennua-
gées de mousselines suggestives et gantées étroi-
tement de soie «( chair ».
Ah! ce que j'aurais donné, en ce temps d'il-
lusions vivaces et d'ardeurs toutes neuves, pour
approcher - comme je l'ai fait hier dans les
loges d'artistes du Châtelet — les fées, les
pages, les ballerines!.
Mais bah ! ne regrettons rien ! Mon accessit
de gymnastique en eût peut-être été compromis,
pour l'année suivante.
Vingt ans après, M. Fontanes remet à la scène
l'oeuvre des frères Cosoiard.
Vingt ans après, car le Châtelet a repris 1A
Chatte Blanche en 1888, avec Simon-Girard dans
le rôle de Pierrette. Petitpatapon, c'était Simon-
Max; le délicieux et élégant Tauffenberger, aus-
si bon chanteur que fin comédien, jouait Pim.
pondor.
Les points de comparaison me font quelque
peu défaut, sans quoi je serais curieux!
de préciser ce qu'il reste de la Chatte Blan-
che 3e 1852, dans cette reprise de 1908/
Par tradition, ces trois actes ont été remanies,,
tripatouillés, revus, augmentés et assaisonnés à
l'aide d'épices inédites, chaque fois que les ta-
bleaux en ont reparu devant la rampe.
Hier, il m'a semblé que les trois ballets et
le défilé militaire du troisième acte étaient en-
tièrement nouveaux.
Et les deux ballets — celui des Papillons et
celui des Roses — sont un pur enchantement.
Imaginez, sur cette magnifique scène du CH' -
telet, large, haute, profonde, permettant ex
défilés de poindre aux lointains pour s'épant; ir
largement à l'avant-scène comme un flot de cou-
leurs et de beauté, imaginez ce que peut ié-
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