Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-11-04
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 novembre 1908 04 novembre 1908
Description : 1908/11/04 (A2,N401). 1908/11/04 (A2,N401).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646054c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
I.. -i ii- - 1
la 2" Années. N° 401 (Quotidien) %ê Numéro : S centimes
Mercredi 4 Novembre 1908
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- Rédacteur en Chef G. de PAWLOWSKl
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Ëtranger 40 » 20 » ,
Conte bleu
Or, c'était, dans un pays des plus fa-
Eul eux, un vieux roi, aux vêtements
somptueux et ridicules ; une jeune reine,
une vieille cour. Les choses se passaient
là comme dans tous les pays de légen-
de; les dames recevaient, sous le fard
rose, les déclarations d'usage, et le peu-
suCcombait sous les impôts. Les ar-
br du parc étaient, d'ailleurs, aussi sé-
aIres qu'on pouvait le désirer.
le personnage le plus important de
la cour était le bouffon du roi. On l'ap-
pelait Sibémol. Il avait une grosse tête
laide avec des cheveux en désordre, et
klan air était plein de fatuité. Toutes les
dames l'adoraient, à cause de sa sottise.
Sibémol passait son temps à composer
des calembours et des rébus, qu'il reco-
piait ensuite en beaux caractères sur un
cahier, avec de l'encre de Chine pour
les rébus. Quand il ne travaillait pas, il
dormait. Quand il ne dormait pas, il fu-
it la pipe. C'était un intellectuel.
On le rencontrait aussi par les cuisi-
nes, à humer le parfum des plats et des
basseroles, comme un exégète. des fri-
cots. Les maîtres-queux aux grands bon-
nets blancs pointus se promenaient gra-
vement. il y avait, dans les embrasures
des fenêtres, des chats assis sur les ge-
e des marmitons, et des vieilles fem-
mes de cent ans, toutes noires, accrou-
pies le manteau de la cheminée,
avec ,sur la figure, l'incendie rouge du
feu. Sibémol, dans son vêtement mi-par-
tie et ses brodequins pointus, arrivait
prés des tables, coupait de grands mor-
ceaux de mie et les trempait dans le
bouillon. Il étaiï devenu très gras, et ses
allures prenaient du ventre. Sa gourman-
dise était, pour le peuple idiot, un sujet
de plaisenteries intéressantes et toujours
Mais un jour que des arbres du grand
parc tombaient, dans le vent, par la folie
de l'automne, des feuillées de mélanco-
lie, a jeune reine déjà nommée fit ruis-
seler ses cheveux blonds sur le balcon
d' or de son boudoir. Elle se pencha vers
la forêt. Au même instant passait Sibé-
mol. Ce fut une rencontre de décor pour
drame. Il allait ramasser des feuilles sè-
ches Pour sa pipe. On avait oublié de
dire qu' il était avare autant que laid.
La reine était trop jolie, mais Sibémol
ne la vit pas, et comme si grande beauté
demandait qu'un cœur y fût pris, ce fut
celui de la reine, de par la faute de l'au-
tomne et de la forêt.
Dès que la reine fut amoureuse, elle
rentra dans son boudoir et se mit à son-
ger fort tristement. Assise en sa chaise
sculptée, aux coussins de velours vieil
or, elle eut quelques gestes très beaux et
trés l as, puis demanda ses dames d'hon-
neur et s'en fut trouver le roi. Les hal-
lebardiers s'écartèrent, dans le calme des
gale ries et des tapis, et près des portiè-
res qu'elle frôla, les pages, en vêtement
tr Satin blanc, très dolents, vinrent pleu-
— Madame, lui dit le roi, il déplairait
à notre puissance très courtoise de vous
défendre, étant la reine, quelque vo-
lupté ou quelque rêve, si qu'il puisse
être somptueux. J'exige seulement que
l'élu se rende digne du grand honneur
réservé. Son instruction est très pauvre.
Son éducation, déplorable. Je vais lui
faire donner, dès aujourd'hui. les meil-
leurs maîtes. Quand il sera devenu un
trés grand savant, vous pourrez, sans
déroger, offrir à votre imagination les
M0J 118 et la fête amoureuse qu'elle veut.
Aussitôt, on exécuta les ordres du roi.
Les meilleurs maîtres furent choisis. Si-
bémol apprit l'escrime, le latin, le japo-
nais p lIèI gymnastique, le piano. Après ce-
la, pour compléter son éducation, on
l'envoya faire un an de rhétorique à
Louis-le-Grand.
Sibémol, qui cachait une belle âme
sous des dehors grossiers, lentement prit
1 » étude. Il devint un homme gra-
ve, am Ureux de la logique et des scien-
ces rigoureuses. Comme la reine, en ca-
chette du roi, lui envoyait beaucoup d'ar-
gent, il avait acheté des livres et des ins-
truments de philosophie.
On 14 dit que sa laideur primitive,
laiSSé etne temps, avait disparu. Il avait
laissé dPn 0usser ses cheveux, et ne faisait
plus de calembours. Aussi, quand il dut
revenir, crd ?ns tout le royaume montèrent
des cris d'admiration. Des carrosses à
grands panaches sortirent des écuries
royales nt tournèrent majestueusement
pour l'aller chercher, et, le long de l'a-
venue dont l'herbe dessinait les pavés,
le peuple, en vêtements de fête, agita ses
mains tendues et ses chaperons, quand
les hallebardiers ouvrirent le cortège de
gala. Sibémol prit à peine le temps de re-
vêtir son habit de cour, et se présenta
devant la reine. Pendant son absence, ne
la voyant pas, Pas, il en était devenu amou-
reux, naturellement. Il lui fit un fort
beau '- Cours.
— Ce n'est plus Sibémol, dit la reine.
Celui-ci parle trop bien. Et puis, il a
l'air t un POète, avec ses cheveux longs.
kle Se ton/nant vers lui, tristement : « Je
ne saurais vous aimer, dit-elle. » Pen-
dant l'absence de Sibémol, on avait en-
gagé louilr8; certain jour, un palefre-
nier nouveau. Il était fort bête, mais très
robuste. C'est lui qui accompagnait la
reine quand elle allait seule dans la fo-
Dés que le roi vit Sibémol et sut la
réponse de la reine, en grande colère
il vint de la trouver : « Madame, dit-il, une
reine doit tenir ses engagements. Vous
vous êtes parj urée; donc, vous mour-
rez ! »
Il fit aussitôt convoquer le peuple, à
son de trompe, sur la terrasse du châ-
teau royal. On dressa l'échafaud drapé
de velours noir, autour duquel, aux
mains des pages tristes, des torches rou-
gissaient la nuit. Et la reine eut la tête
tranchée avec une hache d'or.
Le bourreau fut très maladroit. De mé-
moire d'homme, jamais une exécution
capitale n'avait eu lieu dans le pays. Les
journaux en profitèrent pour attaquer
avec violence le gouvernement.
Sibémol regretta beaucoup la reine. Sa
conduite, le jour de l'enterrement, fut
au-dessus de tout éloge. Il eut constam-
ment sur les yeux un fin mouchoir de
dentelles et prononça sur la tombe quel-
ques paroles pleines de tact.
Puis il donna sa démission de bouf-
fon, ne pouvant demeurer dans une ville
qui lui rappelait de si tristes souvenirs.
Il alla s'installer dans un pays voisin, où
il vécut, en écrivant ses mémoires, d'une
pension que le roi lui servait très exac-
tement. Il habitait une vieille maison con-
fortable, avec des meubles en vieux
chêne et des assiettes peintes sur les
murs. Dans une grande salle dont les
fenêtres s'ouvraient sûr la rue, Sibémol
fumait une longue pipe hollandaise. Il y
avait, au plafond de la salle, de larges
poutres noires sculptées, et, sur la fe-
nêtre, des pots de tulipes de toutes les
couleurs — comme à Rotterdam.
Gabriel de LAUTREC.
Nous publierons demain un article de
PIERRE MORTIER
La musique est un art
--
Notre époque matérialiste a ceci de cu-
rieux que jamais on n'eut davantage qu'au-
jourd'hui la superstition des adjectifs et le
respect des abstractions.
Au seul mot de a sensation » on s'écarte
avec horreur, et il faut parler à tout propos
des hautes spéculations de l'âme pour être
compris. C'est ainsi que j'ai commis, pa-
rait-il, un crime véritable en énonçant cette
vérité, digne de M. de La Palisse, que c'est
par l'oreille que nous percevons la musi-
que. C'est même, si j'en excepte l'jisage
qu'en fit Gargamelle, sa principale utilité,
ët Je ne pensais pdïnt se- pUt TltV
discutée.
Il paraît qu'il n'en est rien et qu'il y a
une véritable musique d'idées capable, en
dehors de tout rythme, c'est-à-dire de tout
mouvement, de jouer avec des abstractions
et d'associer des idées comme le ferait le
plus grand philosophe. C'est avec impa-
tience que j'attends donc, dans le program-
me de nos prochains concerts, l'orchestra-
tion de la Monadologie et les variations sur
les syllogismes en barbara.
Je pensais cependant qu'il n'v avait au-
cune honte, dans un monde où toute joie
esthétique est fournie par la sensation, à
revendiquer pour la Musique cette intime
communion avec la nature, et il me sem-
blait indigne d'un art charmant que de vou-
loir lui faire apprendre les Mathématiques.
Les personnes qui revendiquent avec tant
de passion la gloire des idées associées pour
la musique ignorent en effet que cette gloire
est cependant fort modeste. Enumérer les
chiffres 1, 2, 3, 4 et 5, c'est faire des abs-
tractions, car une pareille division n'existe
point dans la nature, et multiplier deux par
deux, si nous n'y étions accoutumés, depuis
fort longtemps paraîtrait une des idées au
second degré des plus abstraites de l'esprit
humain.
Il n'y a rien là cependant qui soit capa-
ble de tenter un artiste.
La musique, digne de ce nom, provo-
que des sensations, c'est-à-dire des idées de
mouvements; cela ne veut dire en aucune
façon qu'il lui faille reproduire les bruits
de la nature, cette musique imitative étant
la plus basse que l'on puisse concevoir. Les
mouvements qu'elle provoque sont indéfi-
nissables, comme toute sensation d'art; ils
se traduisent chez l'enfant comme chez l'a-
dulte par la possibilité d'exprimer en pan-
tomime une page musicale quelconque; elle
se traduit même vulgairement par les mou-
vements inconscients que font des gens qui
croient battre la mesure alors Que leurs
gestes ne suffiraient point à diriger un or-
chestre; mais, une fois encore, ce sont là
des successions d'idées, ce n'en est point
un groupement.
L'auditeur est semblable à un voyageur
qui, assis dans un train, verrait défiler de-
vant lui une succession de paysages choi-
sis; il peut en tirer une idée d'ensemble,
c'est certain, mais ce n'est Point la musi-
que qui la lui fournit directement.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures et demie, au Châ-
telet, première représentation de La Chatte
Blanche, féerie en trois actes et vingt-trois
tableaux, de Cogniard frères, musique nou-
velle.de M. Marius Baggers.
L
'hommage aux morts.
Au cimetière Montmartre, hier, en
un coin triste, une tombe fleurie.
A notre surprise, sur la pierre blanche,
nous vîmes le nom, pas trop oublié encore,
d'une jolie artiste de théâtre morte trop tôt.
Elle fut, en son temps, très aimée.
Nous demeurions songeurs, un peu
émus, lorsque, parmi les fleurs, nous pû-
mes distinguer. des cartes de visite, cor-
nées. Il y en avait plusieurs, trois, qua-
tre, cinq même. Nous eûmes la curiosité
de lire; c'étaient tous des noms connus, ap-
paremment des anciens amis de la belle.
Mais pourquoi, au lieu de l'anonyme et
touchant envoi de fleurs, ce prosaïque et
vaniteux bout de carton?.
Publicité?. Economie?. Muflerie?.
Peut-être.
L
opérette mène à tout, à condition d'en
sortir.
Huguenet, arrivant de Bruxelles, est aile
hier répéter pour la première fois Le Foyer
dans la Maison de Molière. Tout le monde
se rappelle que Huguenet a débuté à Paris
dans Puycardas. de Miss Helyett.
Mme Jeanne Granier, avant d'être la
-grftiitfo coiiiédicnnio qui' va'triompher cfâns
La Patronne, de Maurice Donnay, fut une
exquise diva d'opérette.
Jean Périer, qui s'est fait une place si
enviable à l'Opéra-Comique, a commencé
par l'opérette.
De l'opérette s'est aussi évadé notre dé-
licieux Fugère, une des gloires ds l'Opéra-
Comique.
M.. André Messager doit sa notoriété de
compositeur à l'opérette; et cela ne l'a pas
empêché d'être un remarquable musicien.
Il n'est pas jusqu'à M. Broussan que sa
carrière falotte de baryton d'opérette n'ait
poussé jusqu'à la direction de l'Opéra.
Et l'on dit que l'opérette est morte! Elle
renaît de ses cendres.
c
eux qui s'en vont.
Le peintre Rouby vient de mourir
des suites dune pneumonie, à 1 hôpital La-
riboisière.
Les habitués des Variétés se souvien-
dront que, il y a une quinzaine d'années,
dans une revue, Rouby peignait des ta-
bleaux en trois minutes. Ces toiles, que la
direction encadrait luxueusement, étaient
fort appréciées et attribuées par le sort à
certains spectateurs. Que sont devenues ces
œuvres, aujourd'hui posthumes?
L
a femme nue.
1 Le prochain Salon de peinture, au
Grand Palais, verra le portrait d'une, de
nos plus jolies comédiennes qui, cédant aux
instances d'un peintre non moins célèbre,
a consenti .à poser nue, le visage simple-
ment masqué.
Dans un petit théâtre, où elle répète en
ce moment, on bavardait dernièrement sur
ce futur et sensationnel tableau.
— Mais alors, lui dit quelqu'un, cela ne
vous gêne pas d'apparaître, telle Phryné,
devant votre peintre?
— Oh! non, répond-elle, il y avait du
feu dans l'atelier!
u
n énorme héritage vient d'être fait
par une artiste; les diamants, perles
lurent soumis a aitterents experts et ie
maximum du prix fut trouvé chez Dusau
soy, 4, boulevard des Italiens. Grand choix
d'occasions.
D
élassements poétiques.
Les jolis panneaux du foyer de la
danse à 1 Opéra sont dus au peintre tiou-
langer. Récemment, dans des papiers lui
appartenant, on a découvert cet amusant
huitain de Charles Garnier, écrit entière-
ment de la main du célèbre architecte et
dédié à « son ami Bolo » :
Un canard au bas d'une échelle,
Dans une mare se baignait,
Tout en haut et battant de l'aile
Un autre canard en sortait;
Celui du bas, le plus sage,
Se ferait moins mal, -s'il tombait.
Le canard bas avait donc l'avantage
Que le canard haut n'avait.
Charles Garnier, on le voit, était, comme
dit mon propriétaire, « poète à ses heu-
res ». - Mais, heureusement pour sa mé-
moire. il a aussi fait l'Opéra.
L
es sourires de la fortune.
Depuis longtemps, cet illustre co-
rneaien caressait le reve, si souvent ca-
ressé déjà, de devenir directeur.
Jouer chez les autres ne lui suffisait plus,
et, à l'instar de MM. Porel, Antoine, Gi-
nisty, Gémier, Abel Deval, de Mmes Sarah
Bernhardt, Réjane, et de tant d'autres, il
voulait se mettre dans ses meubles.
Notre homme chercha une salle. Comme
elles étaient toutes occupées, il dé-
cida d'en faire construire une à son goût. Il
trouva, près des grands boulevards et de
la rue Royale, un emplacement merveil-
leux - l'emplacement rêvé!
Cet endroit choisi, l'option obtenue, il
restait à réunir les fonds nécessaires, car
pour le surplus, des pièces et des acteurs,
on en trouve toujours.
Le candidat directeur entreprit alors des
démarches. Pendant trois mois, il courut
à la recherche des souscripteurs. Mais les
•tapïtalisres cha éhèôtre. sont" une espace
rare. De nombreuses et récentes expérien-
ces les ont rendus prudents, et ils regar-
dent *à deux fois avant de desserrer les
cordons de leur bourse.
Enfin, on signala à notre artiste un ama-
teur fort riche qui résidait dans le Midi.
Il fit aussitôt le déplacement.
C'était dans le Midi, tout près du littoral.
Les passe-temps étaient très rares, et le sé-
jour de l'artiste se prolongeait, fort mo
notone.
Comme il faut bien se distraire un peu,
le futur directeur s'en fut à Monte-Carlo.
Que faire à Monte-Carlo?. Il joua, et, tant
à la roulette qu'au trente et quarante :—
le fait est exact, et vingt témoins peuvent
l'affirmer — il gagna en trois jours qua-
tre cents beaux billets de mille francs.
Mais maintenant qu'il possède cette pre.
mière mise de fonds, on dit qu'il est bien
moins pressé de s'établir. Il hésite, et en
attendant, il. vient d'acheter une superbe
limousine 40 HP sur laquelle il a entrepris
une excursion dans le Tyrol.
Vous verrez qu'il ne s'occupera de
son théâtre que lorsqu'il sera ruiné.
L
es deux plateaux.
C'est, depuis quelque temps, unè
vraie invasion d'artistes de théâtre au con-
cèrt, d'artistes de concert au théâtre.
Depuis les débuts aux Variétés de Max
Dearly, qui n'a cessé de chevaucher les
deux genres, nous avons vu Reschal quit-
ter la Scala pour le Palais-Royal, Saidreau
quitter le Vaudeville pour Parisiana, An-
dreyor émigrer de la Renaissance au Mou-
lin-Rouge; Claudius a souvent joué aux Va-
rités, et Prince, dans plusieurs music-halls,
et Polin, dont on n'oubliera pas le triomphe
éphémère au Théâtre-Français, créera, on
le sait, cet hiver. à côté de Guitry, les
Aventures de Télémaque.
Sait-on que Louise Balthy fut jadis ten-
tée ainsi de quitter la fantaisie pour le théâ-
tre sérieux; elle rêvait de jouer La Glu et
elle en entretint Jean Richepin, que ce pro-
jet séduisait beaucoup.
Et puis, et puis le temps a passé. Quand
Balthy jouera-t-elle La Glu?
L
a mécanique des voitures automobiles
a atteint une telle perfection que le
progrès ne se manifeste plus que dans leurs
carrosseries — style et confortable. On sait
que c'est cependant Védrine qui en est le
merveilleux ouvrier, et que nul comme lui
ne sait habiller un châssis.
A
près être allé voir jouer la pièce en
- vogue, nombre de Parisiens se de-
mandent ou aller souper. Le luxueux res-
taurant Lapré, rue Drouot, à deux pas des
boulevards, est tout indiqué aussi bien pour
sa délicieuse cuisine que pour les huîtres
exquises et les excellentes écrevisses qu'on
V savoure.
E
n se substituant à la Nature, grâce à
l'aide de la Science, le Professeur
Técla a fait beaucoup pour le sexe aimable.
Il a mis à la portée de presque toutes les
femmes les trésors de la terre et des mers
et il est maintenant possible d'être à la fois
charmante et somptueuse sans avoir une
fortune qui suffise à satisfaire les désirs fé-
minins pour les bijoux.
Les Perles-Técla sont produites scienti-
fiquement (de même que les. Rubis Recons-
titués, les Saphirs et les Emeraudes Té-
cla) et elles possèdent l'éclat, la composi-
tion, la douceur de ton et l'inaltérabilité des
Perles d'Orient.
Les créations de Técla sont faites d'après
des dessins originaux sortant des ateliers de
vrais artistes et tous ses bijoux sont montés
avec de véritables diamants dans des mon-
tures de platine et d'or.
Le magasin de la Société Técla, situé 10,
rue de la Paix, est unique dans les Anna-
les de la joaillerie française.
Il apparaît comme une émanation du pays
des fées et sa disposition élégante en fait
plutôt un boudoir de style Marie-Antoinette
qu'un magasin de vente.
Le public est cordialement invité à venir
vfeifér ^ses" expositions permanentes de
joyaux artistiques, ainsi que ses collections
éblouissantes de pierres précieuses.
Il n'est pas nécessaire d'avoir l'idée
d'acheter pour faire ces visites., Vous ne
perdrez pas votre temps si vous consacrez
un instant le matin ou l'après-midi à inspec-
ter les rares conceptions en joaillerie de la
Société Técla. -
u
'ne nouvelle royauté.
Nous avons eu saint Louis, Louis XI
et Louis XIV, nous avons maintenant le
« Louis d'or », royal par son élégance et
sa beauté, s'il ne l'est pas par sa naissance.
Paris est doté de ce nouveau Louis, grâce
au souci que J. Paquin, Bertholle et Cie ont
du bien-être de leur clientèle. Demain tout
Paris portera le. « Louis d'or », le fameux
chapeau de soie, brillant, léger et d'un coif-
fant sans pareil. Le rayon de chapeaux-cha-
peliers pour hommes et pour dames est
vraiment, chez J. Paquin, Bertholle et CtJ,
un nouveau souverain à qui gentilshommes
et belles dames rendent journellement de
nombreuses visites. Gageons que nos mi-
nistres viendront lui faire la cour!
R
ouler. Rouler éperdument sur les
grandes routes, dans ce merveilleux au-
tomne, n'est une joie qu'à bord d'une li-
mousine Boyard, dont les usines Clément
ont fait un engin définitif et parfait pour le
grand tourisme.
Le Masque de Verre.
ce L'AFFAIRE DES POISONS" A LA PORTE SAINT-MARTIN
-4 , ■
~mer-eeue'Mt~ ~"e~!'a~arthw
M. C«QUELIN A,NÉ
IINË SCÉNB DU TROISIÈME ACT.
(Photo-Programme)
OPÉRA DE MARSEILLE -
"Madame
Butterfly"
CRÉATION A MARSEILLE
PREMIÈRE REPRÉSENTATION EN PROVINCE
Un mois n'est pas écoulé depuis l'ouverture de
la saison et déjà M. Saugey, notre actif: direc-
teur, nous conviait, hier soir, à la première re-
présentation de Madame Butterfly>, cette œuvre,'à
notre avis la meilleure, de Puccini.
Tout ce que Marseille compte d'élégances et
de personnalités était présent à cette importante
manifestation artistique. Aussi, la salle, depuis
longtemps louée, offrait-elle le plus réjouissant
aspect qui se puisse rêver. -.
Nous ne revieindrons pas sur la valeur propre
de l'œuvre, qui a été suffisamment jugée et ana-
lysée par tous nos confrères parisiens,, et chan-
tons tout de suite cette triomphale soirée.
Jamais on n'avait vu à Marseille pareiïïe magni-
ficence de décors et de costumes, pareille mise
en scène, pareil éclairage, rarement enfin pareil
ensemble d'interprètes nous fut offert..
Combien était hardie, la tentative de monter
en province une œuvre aussi difficile que Ma-
dame Butterfly; combien était ardue la tâche de
l'artiste qui devait assumer la responsabiHtéjet
la succession d'un rôle que Mme Marguerite
Carré a marqué de son sceau !
Mais M. Saugey ne nous a-t-il pas habitués aux
tours de force! N'est-ce pas lai qui a ie pre-
mier monté Louise en province, n'est-ce pas lui
qui joua L'Or du Rhin pour la première fois en
France, qui mit Marie-Magdeleine à la scène',
qui fit jouer tant d'œuvres inédites et de jeunes
compositeurs ?
Il a apporté à la création de Madame Butterfly
à Marseille tout le tact et le doigté qui le ca-
ractérisent..
Il n'est pas de petits détails qui aient été né-
gligés, et l'ensemble fut charmant à voir.,
Les décors, signés Apy, ressemblent à ceux
de l'Opéra-Comique et sont délicieux dérou-
leurs et de goût.
On a fort admiré l'éclairage, qui joue un rôle
continuel dans la pièce, et l'illumination. très
réussie, de la baie de Nagasaki.
La mise en scène de M. Saugey, secondé par
MM. Depère et Vincent, a un cachet tout exo-
tique et est pleine de vie; les costumes-dé "ta
maison Monrose sont exquis qui cadrent -si bien
le décor..
En un mot, tout fut parfait, et on imagine tii?-
ficilement meilleure présentation de loçuvre.
J'ai gardé pour la fin l'interprétation,
Le rôle de Mme Butterfly, est, -en. > réalité. !c
seul de la pièce. Le personnage est de compo-
sition très difficile et tient constamment la ssènî.
Il n'est donc pas seulement difficile, it 'êst aûtii
très fatigant. • ; ,
'Et c'est'énwre-,iin cûup d~ a:~B~~ M~JW~
gey que d'avoir fatt débuter. oui,, débuter,,;cfc :.r-
ce rôle une chanteuse légère du plus grand
avenir.
Mme Zorah Daily a la plus jolie voix qui
soit, une de ces voix italiennes mordantes ':t
timbrées, au registre très étendu, à la sonorité
troublante et. délicieuse. Et quelle intelligence
scénique elle a montrée dans son jeu! De taillé
petite, très jolie, elle semblait une figurine japo-..
naise qui se mouvait délicatement et souple-
ment. Elle a joué en artiste accomplie. Son 'suc-
cès fut grandiose.
Elle formait avec Mlle Van Gelder, SoUiould
fluette et mignonne, un couple très harmonieux.
Mlle Van Gelder était une Souzouki, ser-
vante fidèle, très intéressante et très étudiée.
M. Delmas, notre premier ténor léger, fut.
dans le rôle de Pinkerton, à son ordinaire, l'excel-
lent chanteur et l'excellent artiste que nous con-
naissons.
M. Lafont montra certaine originalité et fit ré-
sonner sa voix magnifique dans le rôle très ingrat
de Sharpless.
M. Depère fut un Goro amusant, et M. Sor-
rèze,. un prince Yamatori séduisant.
Les chœurs méritent une mention toute spé-
ciale, ainsi que leur chef, M. Bergier. "Ils fur^nfr
acclamés après le final si beau du deuxième acfe.
L'orchestre, sous la conduite de M. Rey, en-
leva brillamment cette périlleuse partition. -
L'œuvre nouvelle du maître italien, dont la
musique est très aimée à Marseille. a vivement
charmé et conquis l'auditoire. Nous le constatons
avec grand plaisir.
PIERRE MOISSON.
M. HUGUENET
prend pour la première fois
son service- -
au Théâtre-Français,.-,.
C'était hier, au Théâtre-Français, le jour, le
beau jour du retour, comme dit la chanson.
On attendait M. Mounet-Sully, rentré de Ber-
gerac, et M. Huguenet, rentré de Bruxelles.
Mais M. Mounet-Sully n'est pas venu. Seules,
les répétitions d'Andromaque, pour le double
début de MM. Alexandre et Le Roy -' M.
Alexandre fera le roi Pyrrhus et M. Le Roy fera
le prince Oreste _— doivent l'appeler actuelle-
ment rue Richelieu.. Or, les deux nouveaux
pensionnaires ont déjà et depuis longtemps tra-
vaillé leurs rôles sous la direction du doyen.
Ils ne débuteront que vers le 15, M. Mour.et-
Sully peut donc se reposer un peu des fatigues
que lui ont valu la fête offerte par lui à :.ei
compatriotes.
M. Huguenet, lui, était impatiemment, espéré
par M. Mirbeau, et, à l'heure fixée, il a — pour
la première fois — franchi le seuil du Temple
Sacré.
C'est cependant sans émotion apparente et*
plutôt avec des marques de vive bonne humeur
qu'il a passé devant la loge où veille Ljèclérc.
Il est arrivé un peu pressé, un peu bouscule
A peine revenu de Belgique, ou il connut un
mois brillant et où* on le voulait retenir dt.
force, il a trouvé ici les soucis, terre-à-ferrc
peut-être, mais très absorbants d'un déména-
gement.
— Que voulez-vous, dit-il gaiement, en chan-
geant de théâtre, j'ai cru devoir. ausgi change:
de foyer. Que de complications, mon Dieu ! ni
la rue Nouvelle où j'habitais à Maisons-Laffitte,
qui m'a hospitalisé pendant les beaux jours;
de Maisons-Laffitte à la rue de la Chaussée-
d'Antin, c'est pour moi un va-et-vient accablant.
Bref, il lui tarde d'être définitivement ins-
tallé et dans son bel appartement tout neuf à
ses regards et dans sa loge de la Comédie-Fran-
çaise, sa loge où il se complait par avance
Puisse-t-il, malgré les souvenirs laissés chez les
Belges, ne pas la déserter trop souvent.
PIERRE RANTZ.
COMŒDIA
demain
six pages
la 2" Années. N° 401 (Quotidien) %ê Numéro : S centimes
Mercredi 4 Novembre 1908
***^n
- U:f" -..-- ,
^■ -^^HHIV ^r ^HBlMfefÉii^HHiH^^ VHHHHHI^H^ - '^RliÉtfMIÉ^P VBÉIflV VHMÉËifli^V
- Rédacteur en Chef G. de PAWLOWSKl
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Ëtranger 40 » 20 » ,
Conte bleu
Or, c'était, dans un pays des plus fa-
Eul eux, un vieux roi, aux vêtements
somptueux et ridicules ; une jeune reine,
une vieille cour. Les choses se passaient
là comme dans tous les pays de légen-
de; les dames recevaient, sous le fard
rose, les déclarations d'usage, et le peu-
suCcombait sous les impôts. Les ar-
br du parc étaient, d'ailleurs, aussi sé-
aIres qu'on pouvait le désirer.
le personnage le plus important de
la cour était le bouffon du roi. On l'ap-
pelait Sibémol. Il avait une grosse tête
laide avec des cheveux en désordre, et
klan air était plein de fatuité. Toutes les
dames l'adoraient, à cause de sa sottise.
Sibémol passait son temps à composer
des calembours et des rébus, qu'il reco-
piait ensuite en beaux caractères sur un
cahier, avec de l'encre de Chine pour
les rébus. Quand il ne travaillait pas, il
dormait. Quand il ne dormait pas, il fu-
it la pipe. C'était un intellectuel.
On le rencontrait aussi par les cuisi-
nes, à humer le parfum des plats et des
basseroles, comme un exégète. des fri-
cots. Les maîtres-queux aux grands bon-
nets blancs pointus se promenaient gra-
vement. il y avait, dans les embrasures
des fenêtres, des chats assis sur les ge-
e des marmitons, et des vieilles fem-
mes de cent ans, toutes noires, accrou-
pies le manteau de la cheminée,
avec ,sur la figure, l'incendie rouge du
feu. Sibémol, dans son vêtement mi-par-
tie et ses brodequins pointus, arrivait
prés des tables, coupait de grands mor-
ceaux de mie et les trempait dans le
bouillon. Il étaiï devenu très gras, et ses
allures prenaient du ventre. Sa gourman-
dise était, pour le peuple idiot, un sujet
de plaisenteries intéressantes et toujours
Mais un jour que des arbres du grand
parc tombaient, dans le vent, par la folie
de l'automne, des feuillées de mélanco-
lie, a jeune reine déjà nommée fit ruis-
seler ses cheveux blonds sur le balcon
d' or de son boudoir. Elle se pencha vers
la forêt. Au même instant passait Sibé-
mol. Ce fut une rencontre de décor pour
drame. Il allait ramasser des feuilles sè-
ches Pour sa pipe. On avait oublié de
dire qu' il était avare autant que laid.
La reine était trop jolie, mais Sibémol
ne la vit pas, et comme si grande beauté
demandait qu'un cœur y fût pris, ce fut
celui de la reine, de par la faute de l'au-
tomne et de la forêt.
Dès que la reine fut amoureuse, elle
rentra dans son boudoir et se mit à son-
ger fort tristement. Assise en sa chaise
sculptée, aux coussins de velours vieil
or, elle eut quelques gestes très beaux et
trés l as, puis demanda ses dames d'hon-
neur et s'en fut trouver le roi. Les hal-
lebardiers s'écartèrent, dans le calme des
gale ries et des tapis, et près des portiè-
res qu'elle frôla, les pages, en vêtement
tr Satin blanc, très dolents, vinrent pleu-
— Madame, lui dit le roi, il déplairait
à notre puissance très courtoise de vous
défendre, étant la reine, quelque vo-
lupté ou quelque rêve, si qu'il puisse
être somptueux. J'exige seulement que
l'élu se rende digne du grand honneur
réservé. Son instruction est très pauvre.
Son éducation, déplorable. Je vais lui
faire donner, dès aujourd'hui. les meil-
leurs maîtes. Quand il sera devenu un
trés grand savant, vous pourrez, sans
déroger, offrir à votre imagination les
M0J 118 et la fête amoureuse qu'elle veut.
Aussitôt, on exécuta les ordres du roi.
Les meilleurs maîtres furent choisis. Si-
bémol apprit l'escrime, le latin, le japo-
nais p lIèI gymnastique, le piano. Après ce-
la, pour compléter son éducation, on
l'envoya faire un an de rhétorique à
Louis-le-Grand.
Sibémol, qui cachait une belle âme
sous des dehors grossiers, lentement prit
1 » étude. Il devint un homme gra-
ve, am Ureux de la logique et des scien-
ces rigoureuses. Comme la reine, en ca-
chette du roi, lui envoyait beaucoup d'ar-
gent, il avait acheté des livres et des ins-
truments de philosophie.
On 14 dit que sa laideur primitive,
laiSSé etne temps, avait disparu. Il avait
laissé dPn 0usser ses cheveux, et ne faisait
plus de calembours. Aussi, quand il dut
revenir, crd ?ns tout le royaume montèrent
des cris d'admiration. Des carrosses à
grands panaches sortirent des écuries
royales nt tournèrent majestueusement
pour l'aller chercher, et, le long de l'a-
venue dont l'herbe dessinait les pavés,
le peuple, en vêtements de fête, agita ses
mains tendues et ses chaperons, quand
les hallebardiers ouvrirent le cortège de
gala. Sibémol prit à peine le temps de re-
vêtir son habit de cour, et se présenta
devant la reine. Pendant son absence, ne
la voyant pas, Pas, il en était devenu amou-
reux, naturellement. Il lui fit un fort
beau '- Cours.
— Ce n'est plus Sibémol, dit la reine.
Celui-ci parle trop bien. Et puis, il a
l'air t un POète, avec ses cheveux longs.
kle Se ton/nant vers lui, tristement : « Je
ne saurais vous aimer, dit-elle. » Pen-
dant l'absence de Sibémol, on avait en-
gagé louilr8; certain jour, un palefre-
nier nouveau. Il était fort bête, mais très
robuste. C'est lui qui accompagnait la
reine quand elle allait seule dans la fo-
Dés que le roi vit Sibémol et sut la
réponse de la reine, en grande colère
il vint de la trouver : « Madame, dit-il, une
reine doit tenir ses engagements. Vous
vous êtes parj urée; donc, vous mour-
rez ! »
Il fit aussitôt convoquer le peuple, à
son de trompe, sur la terrasse du châ-
teau royal. On dressa l'échafaud drapé
de velours noir, autour duquel, aux
mains des pages tristes, des torches rou-
gissaient la nuit. Et la reine eut la tête
tranchée avec une hache d'or.
Le bourreau fut très maladroit. De mé-
moire d'homme, jamais une exécution
capitale n'avait eu lieu dans le pays. Les
journaux en profitèrent pour attaquer
avec violence le gouvernement.
Sibémol regretta beaucoup la reine. Sa
conduite, le jour de l'enterrement, fut
au-dessus de tout éloge. Il eut constam-
ment sur les yeux un fin mouchoir de
dentelles et prononça sur la tombe quel-
ques paroles pleines de tact.
Puis il donna sa démission de bouf-
fon, ne pouvant demeurer dans une ville
qui lui rappelait de si tristes souvenirs.
Il alla s'installer dans un pays voisin, où
il vécut, en écrivant ses mémoires, d'une
pension que le roi lui servait très exac-
tement. Il habitait une vieille maison con-
fortable, avec des meubles en vieux
chêne et des assiettes peintes sur les
murs. Dans une grande salle dont les
fenêtres s'ouvraient sûr la rue, Sibémol
fumait une longue pipe hollandaise. Il y
avait, au plafond de la salle, de larges
poutres noires sculptées, et, sur la fe-
nêtre, des pots de tulipes de toutes les
couleurs — comme à Rotterdam.
Gabriel de LAUTREC.
Nous publierons demain un article de
PIERRE MORTIER
La musique est un art
--
Notre époque matérialiste a ceci de cu-
rieux que jamais on n'eut davantage qu'au-
jourd'hui la superstition des adjectifs et le
respect des abstractions.
Au seul mot de a sensation » on s'écarte
avec horreur, et il faut parler à tout propos
des hautes spéculations de l'âme pour être
compris. C'est ainsi que j'ai commis, pa-
rait-il, un crime véritable en énonçant cette
vérité, digne de M. de La Palisse, que c'est
par l'oreille que nous percevons la musi-
que. C'est même, si j'en excepte l'jisage
qu'en fit Gargamelle, sa principale utilité,
ët Je ne pensais pdïnt se- pUt TltV
discutée.
Il paraît qu'il n'en est rien et qu'il y a
une véritable musique d'idées capable, en
dehors de tout rythme, c'est-à-dire de tout
mouvement, de jouer avec des abstractions
et d'associer des idées comme le ferait le
plus grand philosophe. C'est avec impa-
tience que j'attends donc, dans le program-
me de nos prochains concerts, l'orchestra-
tion de la Monadologie et les variations sur
les syllogismes en barbara.
Je pensais cependant qu'il n'v avait au-
cune honte, dans un monde où toute joie
esthétique est fournie par la sensation, à
revendiquer pour la Musique cette intime
communion avec la nature, et il me sem-
blait indigne d'un art charmant que de vou-
loir lui faire apprendre les Mathématiques.
Les personnes qui revendiquent avec tant
de passion la gloire des idées associées pour
la musique ignorent en effet que cette gloire
est cependant fort modeste. Enumérer les
chiffres 1, 2, 3, 4 et 5, c'est faire des abs-
tractions, car une pareille division n'existe
point dans la nature, et multiplier deux par
deux, si nous n'y étions accoutumés, depuis
fort longtemps paraîtrait une des idées au
second degré des plus abstraites de l'esprit
humain.
Il n'y a rien là cependant qui soit capa-
ble de tenter un artiste.
La musique, digne de ce nom, provo-
que des sensations, c'est-à-dire des idées de
mouvements; cela ne veut dire en aucune
façon qu'il lui faille reproduire les bruits
de la nature, cette musique imitative étant
la plus basse que l'on puisse concevoir. Les
mouvements qu'elle provoque sont indéfi-
nissables, comme toute sensation d'art; ils
se traduisent chez l'enfant comme chez l'a-
dulte par la possibilité d'exprimer en pan-
tomime une page musicale quelconque; elle
se traduit même vulgairement par les mou-
vements inconscients que font des gens qui
croient battre la mesure alors Que leurs
gestes ne suffiraient point à diriger un or-
chestre; mais, une fois encore, ce sont là
des successions d'idées, ce n'en est point
un groupement.
L'auditeur est semblable à un voyageur
qui, assis dans un train, verrait défiler de-
vant lui une succession de paysages choi-
sis; il peut en tirer une idée d'ensemble,
c'est certain, mais ce n'est Point la musi-
que qui la lui fournit directement.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures et demie, au Châ-
telet, première représentation de La Chatte
Blanche, féerie en trois actes et vingt-trois
tableaux, de Cogniard frères, musique nou-
velle.de M. Marius Baggers.
L
'hommage aux morts.
Au cimetière Montmartre, hier, en
un coin triste, une tombe fleurie.
A notre surprise, sur la pierre blanche,
nous vîmes le nom, pas trop oublié encore,
d'une jolie artiste de théâtre morte trop tôt.
Elle fut, en son temps, très aimée.
Nous demeurions songeurs, un peu
émus, lorsque, parmi les fleurs, nous pû-
mes distinguer. des cartes de visite, cor-
nées. Il y en avait plusieurs, trois, qua-
tre, cinq même. Nous eûmes la curiosité
de lire; c'étaient tous des noms connus, ap-
paremment des anciens amis de la belle.
Mais pourquoi, au lieu de l'anonyme et
touchant envoi de fleurs, ce prosaïque et
vaniteux bout de carton?.
Publicité?. Economie?. Muflerie?.
Peut-être.
L
opérette mène à tout, à condition d'en
sortir.
Huguenet, arrivant de Bruxelles, est aile
hier répéter pour la première fois Le Foyer
dans la Maison de Molière. Tout le monde
se rappelle que Huguenet a débuté à Paris
dans Puycardas. de Miss Helyett.
Mme Jeanne Granier, avant d'être la
-grftiitfo coiiiédicnnio qui' va'triompher cfâns
La Patronne, de Maurice Donnay, fut une
exquise diva d'opérette.
Jean Périer, qui s'est fait une place si
enviable à l'Opéra-Comique, a commencé
par l'opérette.
De l'opérette s'est aussi évadé notre dé-
licieux Fugère, une des gloires ds l'Opéra-
Comique.
M.. André Messager doit sa notoriété de
compositeur à l'opérette; et cela ne l'a pas
empêché d'être un remarquable musicien.
Il n'est pas jusqu'à M. Broussan que sa
carrière falotte de baryton d'opérette n'ait
poussé jusqu'à la direction de l'Opéra.
Et l'on dit que l'opérette est morte! Elle
renaît de ses cendres.
c
eux qui s'en vont.
Le peintre Rouby vient de mourir
des suites dune pneumonie, à 1 hôpital La-
riboisière.
Les habitués des Variétés se souvien-
dront que, il y a une quinzaine d'années,
dans une revue, Rouby peignait des ta-
bleaux en trois minutes. Ces toiles, que la
direction encadrait luxueusement, étaient
fort appréciées et attribuées par le sort à
certains spectateurs. Que sont devenues ces
œuvres, aujourd'hui posthumes?
L
a femme nue.
1 Le prochain Salon de peinture, au
Grand Palais, verra le portrait d'une, de
nos plus jolies comédiennes qui, cédant aux
instances d'un peintre non moins célèbre,
a consenti .à poser nue, le visage simple-
ment masqué.
Dans un petit théâtre, où elle répète en
ce moment, on bavardait dernièrement sur
ce futur et sensationnel tableau.
— Mais alors, lui dit quelqu'un, cela ne
vous gêne pas d'apparaître, telle Phryné,
devant votre peintre?
— Oh! non, répond-elle, il y avait du
feu dans l'atelier!
u
n énorme héritage vient d'être fait
par une artiste; les diamants, perles
lurent soumis a aitterents experts et ie
maximum du prix fut trouvé chez Dusau
soy, 4, boulevard des Italiens. Grand choix
d'occasions.
D
élassements poétiques.
Les jolis panneaux du foyer de la
danse à 1 Opéra sont dus au peintre tiou-
langer. Récemment, dans des papiers lui
appartenant, on a découvert cet amusant
huitain de Charles Garnier, écrit entière-
ment de la main du célèbre architecte et
dédié à « son ami Bolo » :
Un canard au bas d'une échelle,
Dans une mare se baignait,
Tout en haut et battant de l'aile
Un autre canard en sortait;
Celui du bas, le plus sage,
Se ferait moins mal, -s'il tombait.
Le canard bas avait donc l'avantage
Que le canard haut n'avait.
Charles Garnier, on le voit, était, comme
dit mon propriétaire, « poète à ses heu-
res ». - Mais, heureusement pour sa mé-
moire. il a aussi fait l'Opéra.
L
es sourires de la fortune.
Depuis longtemps, cet illustre co-
rneaien caressait le reve, si souvent ca-
ressé déjà, de devenir directeur.
Jouer chez les autres ne lui suffisait plus,
et, à l'instar de MM. Porel, Antoine, Gi-
nisty, Gémier, Abel Deval, de Mmes Sarah
Bernhardt, Réjane, et de tant d'autres, il
voulait se mettre dans ses meubles.
Notre homme chercha une salle. Comme
elles étaient toutes occupées, il dé-
cida d'en faire construire une à son goût. Il
trouva, près des grands boulevards et de
la rue Royale, un emplacement merveil-
leux - l'emplacement rêvé!
Cet endroit choisi, l'option obtenue, il
restait à réunir les fonds nécessaires, car
pour le surplus, des pièces et des acteurs,
on en trouve toujours.
Le candidat directeur entreprit alors des
démarches. Pendant trois mois, il courut
à la recherche des souscripteurs. Mais les
•tapïtalisres cha éhèôtre. sont" une espace
rare. De nombreuses et récentes expérien-
ces les ont rendus prudents, et ils regar-
dent *à deux fois avant de desserrer les
cordons de leur bourse.
Enfin, on signala à notre artiste un ama-
teur fort riche qui résidait dans le Midi.
Il fit aussitôt le déplacement.
C'était dans le Midi, tout près du littoral.
Les passe-temps étaient très rares, et le sé-
jour de l'artiste se prolongeait, fort mo
notone.
Comme il faut bien se distraire un peu,
le futur directeur s'en fut à Monte-Carlo.
Que faire à Monte-Carlo?. Il joua, et, tant
à la roulette qu'au trente et quarante :—
le fait est exact, et vingt témoins peuvent
l'affirmer — il gagna en trois jours qua-
tre cents beaux billets de mille francs.
Mais maintenant qu'il possède cette pre.
mière mise de fonds, on dit qu'il est bien
moins pressé de s'établir. Il hésite, et en
attendant, il. vient d'acheter une superbe
limousine 40 HP sur laquelle il a entrepris
une excursion dans le Tyrol.
Vous verrez qu'il ne s'occupera de
son théâtre que lorsqu'il sera ruiné.
L
es deux plateaux.
C'est, depuis quelque temps, unè
vraie invasion d'artistes de théâtre au con-
cèrt, d'artistes de concert au théâtre.
Depuis les débuts aux Variétés de Max
Dearly, qui n'a cessé de chevaucher les
deux genres, nous avons vu Reschal quit-
ter la Scala pour le Palais-Royal, Saidreau
quitter le Vaudeville pour Parisiana, An-
dreyor émigrer de la Renaissance au Mou-
lin-Rouge; Claudius a souvent joué aux Va-
rités, et Prince, dans plusieurs music-halls,
et Polin, dont on n'oubliera pas le triomphe
éphémère au Théâtre-Français, créera, on
le sait, cet hiver. à côté de Guitry, les
Aventures de Télémaque.
Sait-on que Louise Balthy fut jadis ten-
tée ainsi de quitter la fantaisie pour le théâ-
tre sérieux; elle rêvait de jouer La Glu et
elle en entretint Jean Richepin, que ce pro-
jet séduisait beaucoup.
Et puis, et puis le temps a passé. Quand
Balthy jouera-t-elle La Glu?
L
a mécanique des voitures automobiles
a atteint une telle perfection que le
progrès ne se manifeste plus que dans leurs
carrosseries — style et confortable. On sait
que c'est cependant Védrine qui en est le
merveilleux ouvrier, et que nul comme lui
ne sait habiller un châssis.
A
près être allé voir jouer la pièce en
- vogue, nombre de Parisiens se de-
mandent ou aller souper. Le luxueux res-
taurant Lapré, rue Drouot, à deux pas des
boulevards, est tout indiqué aussi bien pour
sa délicieuse cuisine que pour les huîtres
exquises et les excellentes écrevisses qu'on
V savoure.
E
n se substituant à la Nature, grâce à
l'aide de la Science, le Professeur
Técla a fait beaucoup pour le sexe aimable.
Il a mis à la portée de presque toutes les
femmes les trésors de la terre et des mers
et il est maintenant possible d'être à la fois
charmante et somptueuse sans avoir une
fortune qui suffise à satisfaire les désirs fé-
minins pour les bijoux.
Les Perles-Técla sont produites scienti-
fiquement (de même que les. Rubis Recons-
titués, les Saphirs et les Emeraudes Té-
cla) et elles possèdent l'éclat, la composi-
tion, la douceur de ton et l'inaltérabilité des
Perles d'Orient.
Les créations de Técla sont faites d'après
des dessins originaux sortant des ateliers de
vrais artistes et tous ses bijoux sont montés
avec de véritables diamants dans des mon-
tures de platine et d'or.
Le magasin de la Société Técla, situé 10,
rue de la Paix, est unique dans les Anna-
les de la joaillerie française.
Il apparaît comme une émanation du pays
des fées et sa disposition élégante en fait
plutôt un boudoir de style Marie-Antoinette
qu'un magasin de vente.
Le public est cordialement invité à venir
vfeifér ^ses" expositions permanentes de
joyaux artistiques, ainsi que ses collections
éblouissantes de pierres précieuses.
Il n'est pas nécessaire d'avoir l'idée
d'acheter pour faire ces visites., Vous ne
perdrez pas votre temps si vous consacrez
un instant le matin ou l'après-midi à inspec-
ter les rares conceptions en joaillerie de la
Société Técla. -
u
'ne nouvelle royauté.
Nous avons eu saint Louis, Louis XI
et Louis XIV, nous avons maintenant le
« Louis d'or », royal par son élégance et
sa beauté, s'il ne l'est pas par sa naissance.
Paris est doté de ce nouveau Louis, grâce
au souci que J. Paquin, Bertholle et Cie ont
du bien-être de leur clientèle. Demain tout
Paris portera le. « Louis d'or », le fameux
chapeau de soie, brillant, léger et d'un coif-
fant sans pareil. Le rayon de chapeaux-cha-
peliers pour hommes et pour dames est
vraiment, chez J. Paquin, Bertholle et CtJ,
un nouveau souverain à qui gentilshommes
et belles dames rendent journellement de
nombreuses visites. Gageons que nos mi-
nistres viendront lui faire la cour!
R
ouler. Rouler éperdument sur les
grandes routes, dans ce merveilleux au-
tomne, n'est une joie qu'à bord d'une li-
mousine Boyard, dont les usines Clément
ont fait un engin définitif et parfait pour le
grand tourisme.
Le Masque de Verre.
ce L'AFFAIRE DES POISONS" A LA PORTE SAINT-MARTIN
-4 , ■
~mer-eeue'Mt~ ~"e~!'a~arthw
M. C«QUELIN A,NÉ
IINË SCÉNB DU TROISIÈME ACT.
(Photo-Programme)
OPÉRA DE MARSEILLE -
"Madame
Butterfly"
CRÉATION A MARSEILLE
PREMIÈRE REPRÉSENTATION EN PROVINCE
Un mois n'est pas écoulé depuis l'ouverture de
la saison et déjà M. Saugey, notre actif: direc-
teur, nous conviait, hier soir, à la première re-
présentation de Madame Butterfly>, cette œuvre,'à
notre avis la meilleure, de Puccini.
Tout ce que Marseille compte d'élégances et
de personnalités était présent à cette importante
manifestation artistique. Aussi, la salle, depuis
longtemps louée, offrait-elle le plus réjouissant
aspect qui se puisse rêver. -.
Nous ne revieindrons pas sur la valeur propre
de l'œuvre, qui a été suffisamment jugée et ana-
lysée par tous nos confrères parisiens,, et chan-
tons tout de suite cette triomphale soirée.
Jamais on n'avait vu à Marseille pareiïïe magni-
ficence de décors et de costumes, pareille mise
en scène, pareil éclairage, rarement enfin pareil
ensemble d'interprètes nous fut offert..
Combien était hardie, la tentative de monter
en province une œuvre aussi difficile que Ma-
dame Butterfly; combien était ardue la tâche de
l'artiste qui devait assumer la responsabiHtéjet
la succession d'un rôle que Mme Marguerite
Carré a marqué de son sceau !
Mais M. Saugey ne nous a-t-il pas habitués aux
tours de force! N'est-ce pas lai qui a ie pre-
mier monté Louise en province, n'est-ce pas lui
qui joua L'Or du Rhin pour la première fois en
France, qui mit Marie-Magdeleine à la scène',
qui fit jouer tant d'œuvres inédites et de jeunes
compositeurs ?
Il a apporté à la création de Madame Butterfly
à Marseille tout le tact et le doigté qui le ca-
ractérisent..
Il n'est pas de petits détails qui aient été né-
gligés, et l'ensemble fut charmant à voir.,
Les décors, signés Apy, ressemblent à ceux
de l'Opéra-Comique et sont délicieux dérou-
leurs et de goût.
On a fort admiré l'éclairage, qui joue un rôle
continuel dans la pièce, et l'illumination. très
réussie, de la baie de Nagasaki.
La mise en scène de M. Saugey, secondé par
MM. Depère et Vincent, a un cachet tout exo-
tique et est pleine de vie; les costumes-dé "ta
maison Monrose sont exquis qui cadrent -si bien
le décor..
En un mot, tout fut parfait, et on imagine tii?-
ficilement meilleure présentation de loçuvre.
J'ai gardé pour la fin l'interprétation,
Le rôle de Mme Butterfly, est, -en. > réalité. !c
seul de la pièce. Le personnage est de compo-
sition très difficile et tient constamment la ssènî.
Il n'est donc pas seulement difficile, it 'êst aûtii
très fatigant. • ; ,
'Et c'est'énwre-,iin cûup d~ a:~B~~ M~JW~
gey que d'avoir fatt débuter. oui,, débuter,,;cfc :.r-
ce rôle une chanteuse légère du plus grand
avenir.
Mme Zorah Daily a la plus jolie voix qui
soit, une de ces voix italiennes mordantes ':t
timbrées, au registre très étendu, à la sonorité
troublante et. délicieuse. Et quelle intelligence
scénique elle a montrée dans son jeu! De taillé
petite, très jolie, elle semblait une figurine japo-..
naise qui se mouvait délicatement et souple-
ment. Elle a joué en artiste accomplie. Son 'suc-
cès fut grandiose.
Elle formait avec Mlle Van Gelder, SoUiould
fluette et mignonne, un couple très harmonieux.
Mlle Van Gelder était une Souzouki, ser-
vante fidèle, très intéressante et très étudiée.
M. Delmas, notre premier ténor léger, fut.
dans le rôle de Pinkerton, à son ordinaire, l'excel-
lent chanteur et l'excellent artiste que nous con-
naissons.
M. Lafont montra certaine originalité et fit ré-
sonner sa voix magnifique dans le rôle très ingrat
de Sharpless.
M. Depère fut un Goro amusant, et M. Sor-
rèze,. un prince Yamatori séduisant.
Les chœurs méritent une mention toute spé-
ciale, ainsi que leur chef, M. Bergier. "Ils fur^nfr
acclamés après le final si beau du deuxième acfe.
L'orchestre, sous la conduite de M. Rey, en-
leva brillamment cette périlleuse partition. -
L'œuvre nouvelle du maître italien, dont la
musique est très aimée à Marseille. a vivement
charmé et conquis l'auditoire. Nous le constatons
avec grand plaisir.
PIERRE MOISSON.
M. HUGUENET
prend pour la première fois
son service- -
au Théâtre-Français,.-,.
C'était hier, au Théâtre-Français, le jour, le
beau jour du retour, comme dit la chanson.
On attendait M. Mounet-Sully, rentré de Ber-
gerac, et M. Huguenet, rentré de Bruxelles.
Mais M. Mounet-Sully n'est pas venu. Seules,
les répétitions d'Andromaque, pour le double
début de MM. Alexandre et Le Roy -' M.
Alexandre fera le roi Pyrrhus et M. Le Roy fera
le prince Oreste _— doivent l'appeler actuelle-
ment rue Richelieu.. Or, les deux nouveaux
pensionnaires ont déjà et depuis longtemps tra-
vaillé leurs rôles sous la direction du doyen.
Ils ne débuteront que vers le 15, M. Mour.et-
Sully peut donc se reposer un peu des fatigues
que lui ont valu la fête offerte par lui à :.ei
compatriotes.
M. Huguenet, lui, était impatiemment, espéré
par M. Mirbeau, et, à l'heure fixée, il a — pour
la première fois — franchi le seuil du Temple
Sacré.
C'est cependant sans émotion apparente et*
plutôt avec des marques de vive bonne humeur
qu'il a passé devant la loge où veille Ljèclérc.
Il est arrivé un peu pressé, un peu bouscule
A peine revenu de Belgique, ou il connut un
mois brillant et où* on le voulait retenir dt.
force, il a trouvé ici les soucis, terre-à-ferrc
peut-être, mais très absorbants d'un déména-
gement.
— Que voulez-vous, dit-il gaiement, en chan-
geant de théâtre, j'ai cru devoir. ausgi change:
de foyer. Que de complications, mon Dieu ! ni
la rue Nouvelle où j'habitais à Maisons-Laffitte,
qui m'a hospitalisé pendant les beaux jours;
de Maisons-Laffitte à la rue de la Chaussée-
d'Antin, c'est pour moi un va-et-vient accablant.
Bref, il lui tarde d'être définitivement ins-
tallé et dans son bel appartement tout neuf à
ses regards et dans sa loge de la Comédie-Fran-
çaise, sa loge où il se complait par avance
Puisse-t-il, malgré les souvenirs laissés chez les
Belges, ne pas la déserter trop souvent.
PIERRE RANTZ.
COMŒDIA
demain
six pages
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