Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-11-02
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 novembre 1908 02 novembre 1908
Description : 1908/11/02 (A2,N399). 1908/11/02 (A2,N399).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646052j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
Année. == N° 399 (Quotidien)
Le Numéro : S cen times
Cundi 2 Novembre 1906.
ïïe sA 9 Uk 9
Rédacteur en Chef : O. tfe PAWLOWSKT
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : C0MŒD1A-PARIS
ABONNEMENTS
UN AN 6 MOIS
* - -
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger >. 40 » 20 »
1
REDACTION & ADMINISTRATION <
27 Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE: 288-07 ,
Numéro provisoire : 401-40 - j
ABONNEMENTS
UN AN 6 MOlt , -
Paris et Départements. 24 fr. 12 fr.
Étranger ., 40 D 20 »
LES DEUX ÉPOQÏÏÈS
Pécal plaisante,
Lancrit pas!.
; d - Que penses-tu de Donnay, bougre
, e polisson?
, - Ça c'est vraiment drôle, accorda
Lancrit. Mais le moment n'est pas à ces
yjlspufes, cher maître. Travaillons, vou-
lez-vous?.
- Ah! ça non, mon petit ! Voilà trois
daines que je rabote ta pièce à rai-
son de deux heures tous les matins.
J'en ai une claque dont tu n'as pas idée !
Et c'est que tu as encore l'air de croire
que c'est pour moi que je travaille! Tu
me permets à peine une cigarette, et tu
m'attraperais même, le diable m'em-
Porte, s'il me fallait aller aux cabinets!
- Oh! cher maître!.
Il n'y a pas de oh! Tu es comme
Ça! Tu es l'individu le plus indiscret
que je connaisse, comme je suis l'être
e plus poire qui ait jamais existé ! Mais,
tu sais, je te fiche bien mon billet que
je n'y aurais même pas touché à ton pe-
ht adultère si ma femme ne m'avait sup-
plié !
- Oh ! ça, je le sais bien !
- Tu peux la remercier! C'est ef-
- rayant ce qu'elle a fait pour toi, la
Pauvre créature! Et, à propos, tu lui as
ait la cour, à ma femme, et une cour
res serrée même?.
- Par exemple!
- Ne dis pas le contraire! Tu l'as
serrée d'aussi près que possible, je le
-sais bien peut-être, et même, pour peu
qu'elle y eût consenti, tu couchais avec
elle!
- Eh bien! quoi? Ça n'est pas na-
urel? Mme Pécal est tout à fait ravis-
sante !
t' ..- Ravissante! En voilà des exagéra-
ions! Elle est très bien! Ça, c'est in-
C?ntestablc, elle est encore très bien et
1 elle t'avait accordé seulement la petite
ejni-heure, je te certifie que tu te se-
daIS moins embêté que chez Crépuscule
des Dieux! Mais tu n'avertis pas! Tu
veux t'offrir ma femme et tu ne me dis
rien!
- Il fallait vous le dire?!?! -
t - Mais naturellement!. Ou il fallait
t Ut au moins irte te laisser comprendre !
- - Et vous m'auriez engage.
- A ne pas faire une pareille gaffe!
t'aurais dit: « Mon cher petit enfant,
Ça n'est pas pour t'en dégoûter ni t'em-
Pêcher de t'amuser comme on le doit à
ton âge, mais avec ma femme, vois-tu,
il n'y a rien à faire ! Si elle était ma
fernme comme tant d'autres femmes
Pour tant d'autres maris, je te dirais:
« Ne te gêne donc pas, mon vieux, un
de Plus, un de moins, ça n'a pas. d'im-
POrtance! » Mais c'est tout différent! On
a connu ensemble des jours épouvanta-
bigT Alors, tu comprends, ça resserre
les henset ça fait que, plus tard, la bra-
ve petite femme ne sait plus penser à
l'amour en dehors de son vieux compa-
p °n* Tandis que, tiens, pour ma maî-
tresse, ce n'est plus ça du tout! Je n'ai
connu avec elle que des jours délicieux.
Aussi, je n'ai en Henriette qu'une con-
fiance véritablement relative, et si j'ap-
prenais de manière certaine qu'elle me
fa&it cocu tu verrais mon sourire, Lan-
crit , le sourire qui dit: « Si vous saviez
comme je le savais et comme je m'en
fiche!. » Entrez.
Un jeune secrétaire parut. Il apportait
le courrier de Lancrit. !
mn- Je remarque avec une certaine hu-
¡lIhation, observa Pécal, dès qu'ils « re-
ftirent » seuls, que tu reçois au moins
div fois plus de lettres que moi! Mais
lenPhHénomène s'explique par ce fait que
récris dix fois plus!
- Si vous croyez que ça m'amuse!.
s' -:- Ne te plains pas, jeune homme, car
si Je ne F1 abuse> il y a de la femme
da "s tout ceci, et de la femme élégante !
- Oh! Dieu, non! fit Lancrit en ras-
semblant ses lettres et en les battant
ainsi qu'un jeu de cartes.
t - Ah! Pardon! Il y a même une let-
tre rPuHenriette dans ton gentil courrier !
- Vous vous trompez!.
- J'ai reconnu l'odeur et j'ai vu l'é-
Criture f
- Je vous assure.
- Qu'est-ce que ça peut me faire
que vous vous écriviez! Seulement, si
c'est fîncachette, il faudra que je sache!
Allons , que te dit-elle?
- Je ne sais pas encore! Si c'est
d'elle, ce ne peut être qu'une invita-
tion. et justement tenez: « Mon cher
Lancrit,venez donc déjeuner demain
avec BOssort. »
- Comment Boissort? demanda Pé-
cal en s'approchant pour lire. C'est im-
possible ! Elle ne le connaît pas! Fais
- Ah! non L..
- Ah-' Si!V- J'ai bien le droit peut-
Et Allons, fais-moi voir ça!.
Et râfl la lettre au vol, comme il
€0uP d'oeil ^ouche' il la lut d'un
nant l'evn: P^s tout haut, et en don-
nant 1, expre-ssion: « A ce soir, mon
amour chér-
hnLje serai libre à minuit et
;°us mes Sers en attendant les meil-
eurs. „
- Eh »
^°ccador! quo est-ce qui vous prouve?
c'est E~' Tout y est! 25, rue
toccador! F-h bien! qu'est-ce que tu dis
énoncé tout à Oui ou non, le sourire
Gloires et d 1 heure?, En fais-je des
histoires et es chichi parce que j'ap-
[ prends que tu me fais cocu, saligaud que
tu es! Misérable! Oui! oui! Parfaite-
ment, misérable! Tu as cinquante amis
à qui tu pouvais faire la même chose
sans que ce fût une cochonnerie, et c'est
moi que tu choisis ! Moi à qui tu dois
tout! Pourquoi as-tu fait ça?.
— Vous ne me croiriez pas!.
— Pour me rendre service peut-être?.
— Eh bien! oui, pour vous rendre
service! s'écria Lancrit avec une telle
force que le bras de Pécal en resta
quelques secondes tendu et comme an-
kylosé. Puis, saluant d'un grand geste:
« Bravo! Il fallait donc le dire! Voilà
qui devient des plus intéressants! Ex-
plique, sacrebleu! Explique!.
— Vous ne me croirez pas. Qu'im-
porte! déclara Lancrit. Interrogez vos
amis. Ils vous le diront tous. Cette liai-
son perdait votre-talent. Or, l'auriez-
vous rompue, si vous n'y aviez été ab-
solument contraint?.
— Et c'est toi qui t'es fait la con-
trainte ! La contrainte par corps ! Tu
m'as pris ma maîtresse pour me garder
mon talent! C'est de tout premier or-
dre ! Seulement, c'est assez! Et mainte-
nant, mon petit, dépêchons! Tu as le
choix entre la fenêtre et la porte. ,.
— Je choisis la porte. Mais, avant de
partir, dites-moi, que répondrai-je à
Mme Pécal, si elle me demande pour-
quoi je ne viens plus ici?
— Une blague!
— Ah! ça, non! affirma Lancrit. A
Mme Pécal, je ne peux pas mentir!
- Et tu lui diras?.
- Toute la vérité!
- C'est trop fort! éclata Pécal. Tu
ferais encore cette saleté-là? Et il fau-
drait que je subisse ta présence ici tous
les matins sous la menace d'un chan-
tage effroyable?.
La porte s'ouvrit.
— Eh bien! quoi? Qu'avez-vous? de-
manda Mme Pécal.
Pécal affirma: « Rien du tout! Nous
discutons théâtre. »
— Alors, mes enfants, à table!.
Et Lancrit lui ayant offert son bras,
tous trois passèrent gaiement dans la
salle à manger.
Gustave GUICHES.
Nous publierons demain un article de
TRISTAN BERNARD ■ ,,; .,'
Artistes modernes
On peut regretter que les exigences du
théâtre aient conduit M. Thurner à poser U
débat qui divise notre société moderne, et
mettant seulement en présence un homme.
malhonnête et.un imbécile. La question est,
en effet, beaucoup plus vaste, et sa solution
préoccupe à bon droit tous nos contempo-
rains.
Quel que soit le chagrin qu'on en puisse
éprouver, il faut bien constater, en effet,
qué l'homme d'action opposé à l'artiste mo-
derne semble avoir aujourd'hui le beau rôle,
et le mépris de Lionel Régis pour son trère
pourrait parère des mieux justiliés si Lio-
nel était le véritable homme d'action que
nous rêvons.
Or, un homme d'action digne de ce noin
ne commet point de malhonnêteté parce que
l'honnêteté est, de nos jours, la meilleure
de toutes les habiletés commefciales. Ei
cela est dû, en grande partie, Lionel Régis
devrait le savoir, à l'action de la presse
quotidienne Qui, tôt ou tard, un jour ou
l'autre, révèle les actes les plus cachés, les
compromissions les plus secrètes tout aussi
bien que les actions honnêtes plus difficiles
encore à soupçonner.
Par contre, il est hors de doute qu'en
qualité d'homme d'action Lionel Régis au-
rait le droit d'écraser loyalement et légiti-
mement tous ses adversaires commerciaux
et d'entasser au besoin autour de lui des
ruines colossales que ne désavoueraient
point les plus grands trusts américains, En
raison de la centralisation excessive que
produit l'activité dévorante d'un seul hom-
me, les actes les plus graves ne deviennent
plus, en effet, que de rapides épisodes, et le
rêveur qui, pendant des semaines, prémé-
dite ses actes avec angoisse, doit atoir in-
liniment plus de courage et de cynisme
pour tuer un oiseau, qu'un général n'en dé-
ploiera pour jeter vingt mille hommes dans
la tombe.
A une époque où le travail seul peut avoir
quelque valeur, on conçoit facilement l'in-
surmontable dégoût qu'éprouve un homme
d'action ayant une véritable envergure pour
un sentimental incapable d'initiative, et ce
dégoûta dans l'état actuel de la science, est
parfaitement légitime.
Il faut bien prendre garde, en etiet, dans
ce débat, de n'être point victime d'une er-
reur d'optique. Les hommes d'action, de
nos jours, déploient à leur manière un talent
infini, un fantastique génie d'invention et
suivent des traditions qui les apparentent
directement aux grands penseurs d'autre-
fois.
Ceux-ci, en et/et! par leur foi religieuse
ou par leur enthousiasme artistique, témoi-
gnaient de la même activité dévorante, de
la même envergure leur permettant d'abor-
der, avec un égal mérite, tous les sujets
d'activité humaine.
Les fils de ces hommes-là, ce sont, à n'en
point douter, nos -hommes d'action d'aujour-
d'hui, et il nous paraît difficile, par contre,
d'établir une filiation qui les unisse aux rê-
veurs paresseux et inactifs de notre temps.
Et pour peu que l'on y réfléchisse bien,
entre les très grands artistes que sont sou-
vent les hommes d'action et les petits bou-
tiquiers que sont la plupart du temps les ar-
tistes d'aujourd'hui, l'hésitation n'est point
permise.
permise. G. DE PAWLOWSKI.
comcedîa
demain six pages
Échos
Ce soir, à huit heures, au théâtre de
l'Athénée, première représentation de
Gaby. se marie, pièce en un acte, de
M. Maurice de Faramond.
L
'enfant prodigue.
Les lettrés ont "retrouvé avec joie,
hier matin, dans un des plus importants
journaux du matin, la signature de Grain-
dorge. Ce pseudonyme, on ne l'ignore pas,
cache M. Alfred Capus, qui revient ainsi
au journalisme.
Outre une chronique hebdomadaire, il
donnera, sur le mouvement dramatique et
sans se plier strictement aux exigences de
l'actualité, des Notes d'un spectateur, où il
jugera les choses avec un certain recul et
dans une grande quiétude.
Ainsi, il a commencé par nous parler de
L'Emigré et de Un Divorce, remettant à plus
tard des entretiens sur des pièces plus ré-
centes. Il en a parlé avec une chaude, très
chaude sympathie, avec une sympathie peut-
être même excessive, mais il en a parlé aussi
avec beaucoup d'esprit et de verve.
Et voilà un article qui ne lui nuira pas
dans l'esprit de M. Paul Bourget lors des
prochaines élections académiques. T
A L'OPERA
(H. Manuel, phot.)
, Mlle Barbier
fini, dans le classement des danseuses du corps
le ballet de l'Opéra, partage le premier rang des
premiers sujets avec Mlle G. Couat.
L
e chemin de la croix.
Pour la troisième fois, M. Doumer-
,ùe va renvoyer — très prochainement — a
a grande chancellerie de la Légion d'hon
neur, les dossiers de MM. Gaston Devore
3t Gémier.
Nous espérons qu'il vaincra, cette fois,
les dernières résistances du Conseil de l'Or-
dre. Ces croix refusées sont méritées,
on n'en pourrait pas dire autant de toutes
celles qu'on accorde! •
L
e génie est une longue impatience.
C'est un très médiocre comédien que
j insuccès répétés transfèrent de théâtre en
théâtre tout le long des boulevards —
grands boulevards d'abord, boulevards exté-
rieurs maintenant.
Cette infortune artistique a singulière-
ment assombri l'humeur de l'artiste, qu'un
ignorant public méconnaît. Et il se venge
sur un maigre mobilier et sur sa patiente
compagne qui n'a pas encore renoncé à
l'admirer.
Celle-ci subit avec la même crainte ré-
vérencielle tous les égarements du grand
homme, et se contente de dire: « Que vou-
lez-vous? Il a du génie! »
E
n feuilletant un album.
La mode des albums sera, sans dou-
te, éternelle. Tant qu'il y aura des jeunes
filles, elles auront la curiosité de réunir des
signatures célèbres, et même la vogue des
cartes postales illustrées n'a pu détruire ni
affaiblir ce goût.
Nous feuilletions, l'autre soir, l'album
d'une jeune fille du monde, élégante et très
spirituelle.
Beaucoup de noms fameux y figurent au-
dessous de beaucoup de phrases banales, et
nous les regardions en souriant, quand, entre
un Respectueux hommage, signé Paul Bour-
get, et cette réflexion savoureuse de Réja-
ne, Dieu est bon. Dieu nous aiùj. à vivre,
nous avons rencontré cette énergique devise
d'Henry Bernstein:
« Force et rage valent mieux que patience
et longueur de temps. » ,
Tout un plan d'existence, n'est-ce pas?
c
onvalescence.
Jovial, le teint frais. la démarche li-
bre, trottinant sur le boulevard de Clichy.
nous avons rencontré, hier, Paul Fugère,
l'excellent artiste, qu'une légère attaque
avait terrassé dernièrement.
Espérons que nous reverrons bientôt sur
les planches l'amusant Bridaine des Mous-
quetaftes au couvent.
L
e Prince. --
Elle iouait récemment à Rruxelles. au
théâtre des Galeries-Saint-Hubert.
L'autre soir, le spectacle s'était terminé
tard; ellè avait faim. elle pénétra dans un
élégant restaurant de nuit avec l'intention
d'y souper.
Elle s'assit seule à une-table.
Tout proche, un monsieur soupait seul
aussi. Il était grand, sympathique, souriant.
Une grande barbe blonde ornait son visage
qu'éclairaient deux yeux clairs et larges. *
La conversation s'engagea. On parla de
théâtre. On parla de Paris.
— Vous devez être influent, je sens ça,
s'écria tout à coup la jolie comédienne; vous
êtes peut-être un ministre. Faites-moi avoir
les palmes académiques.
Le monsieur influent était, savez-vous
qui? Le duc Philippe d'Orléans, prétendant
au trône de France.
L
'art birman. --
Sacha Guitry a parlé avant-hier aux
Capucines! La sallé était comble et les ap-
plaudissements durèrent si avant dans la
soirée qu'il nous fut impossible de quitter
le théâtre pour faire un compte rendu avant
la mise en pages de Comœdia. -
Constatons le gros succès du conféren-
cier et celui des interprètes: Mayol, Mau-
rel, Coquet, Ferréol, Colette" Willy et
Rianza. Tiarko Richepin fut étincelant de
fantaisie.
L
es matches sont très en vogue. Il vient
d'en être gagné un par Dusausoy,
expert, 4, boulevard des Italiens, qui a
acheté le plus cher de tout Paris un lot de
bijoux,, très important. Grand choix d'oc-
casions.
B
ulletin.
Nous avons eu, hier, de bonnes nou-
velles de la santé de M. Victorien Sardou.
Les médecins qui soignent l'illustre malade
ont autorisé son transport de Marly à Pa-
ris, et le voyage s'est effectué hier le
mieux du monde.
Nous apprenons, en dernière heure, que
Mme Favart qui, durant tant d'années, fut
une des gloires de la Comédie-Française,
Mme Favart, la superbe Marion de Lorme,
l'éminente interprète de Hugo et de Musset,
est très gravement malade.
Nous voulons encore espérer oue ce
n'est qu'une fausse alerte!
E
xpliquons-nous !
Dans une de ses recentes « soi-
Jes », notre collaborateur Davin de Champ-
^los avait prétendu. gravement, que Pierre
3ecourcelle se trouvait « un peu fatigué
oarce qu'il venait de passer trois jours à
écrire un roman de 40.000 lignes pour un
je nos quotidiens. »
Et voici que le triomphateur de Sherlock
Holmes, dans une lettre aimable mais rec-
e. proteste contre une sçmblele
allégation. v
« C'èst un petit jeu, écrit-il, qui me prend
généralement huit à neuf mois d'un labeur
incessant, acharné et quotidien. Comœdia
sn sait quelque chose, puisque j'ai mis qua-
re mois et demi à écrire Le Trou du Souf-
fleur, qui n'avait guère que 20.000 lignes. »
Et Pierre Decourcelle ajouta:
« Si Le Journal annonce une œuvre de
moi en même temps que Le Petit Journal,
c'est que la première est achevée depuis
deux ans, tandis que je suis en train de ter-
miner l'autre. »
Voilà les choses remises au point !
Mais c'est égal, si jamais Davin de
Champclos se doutait que l'intéressé pût
s'affecter, si peu que ce fût, de cette inno-
cente galéjade !
O
LYMPIA, prochainement: Vera Viol-
letta. .1
U
ne succession.
Or y donc, il devient bien improbable
que M. Jules Claretie,. présentement du
moins, devienne critique du Figaro.
Qui donc va remplacer,' à défaut de l'ad-
ministrateur du Théâtre-Français, Emma-
nuel Arène?
Il semble infiniment probable, comme
nous l'avions fait prévoir, que ce sera M.
Henry Roujon, qui n'est pas encore de l'A-
cadémie, mais qui est déjà de l'Institut.
L
e supplice du Chopin.
Un pianiste avait été engagé par le
patron d'une brasserie de Berlin pour char-
mer les oreilles de ses clients chaque soir,
et mêler les flots de l'harmonie à ceux de
la bière. Tout alla bien un certain temps:
mais notre virtuose, Ain jour, demanda une
augmentation que refusa l'hôte.
Le pianiste résolut de se venger: le soir,
au moment où le public était le plus nom-
breux, il attaqua vigoureusement la Marche
funèbre de Chopin, Mélomanes et conscien-
cieux, les Allemands l'écoutèrent avec plai-
sir et l'applaudirent quand elle fut finie. En-
couragé, sans doute, par cette approbation,
l'exécutant la recommença. Cela parut un
peu exagéré aux buveurs de bière; les ac-
cords douloureux de la lugubre musique pe-
saient lourdement sur leurs esprits. Ce fut
un soulagement quand retentirent .les notes
finales. Mais comment peindre la stupéfac-
tion des auditeurs, quand le musicien atta;
qua une troisième fois la Marche funèbre.
Le désespoir les envahissait à mesure que
se déroulait la déchirante mélodie plaintive-
Un à un, ils payèrent et s'enfuirent. La salle
était presque vide quand le pianiste, 'pour
la quatrième fois, recommença la Marche
funèbre. Quelques voisins vinrent deman-
der qui était mort. Les garçons pleuraient
doucement dans les coins. A la cinquième
reprise, le patron entama contre le pianiste
un vigoureux pugilat, qui les conduisit tous
deux devant le tribunal.
L'admirateur trop fervent de Chopin fut
condamné à vingt-cinq marks d'amende.
NOUVELLE A LA MAIN
F
able express en l'honneur du Bon roi
Dagobert :
A feu Montesquieu.
Les bons mots adressés à Dagobert, son roi,
Par Eloi, bon orfèvre et trésorier fidèle.
Etaient toujours empreints de verve spirituelle.
(MORALITÉ)
L'esprit d'Eloi!
Le Masque de Verre.
LA DANSE A L'OPÉRA
1
Les examens. -
de demain
Les pronostics
L'état actuel ,-
de la danse
Si nous parïîons un peu de la danse à l'Opéra 1
Le moment paraît bon. Les examens vont avoir
lieu demain; et il règne depuis quelques jours,
parmi ces demoiselles du corps de ballet, une
certaine effervescence. La dernière répétition
a eu lieu samedi. Aujourd'hui, c'est la veillée
des armes.
A vrai dire, cet émoi n'est peut-être pas très
justifié; car ces examens ne changeront pas
grand chose à la composition du cor^s de bal-
let. C'est à peine si le tableau de classement
sera modifié; Mlle X., qui occupait le sixiè-
me rang, par exemple, prendra peut-être le
troisième, tandis que Mlle Y. rétrogradera du
troisième au cinquième, ou inversement.
L'ordre actuel de classement paraît être à peu
près le suivant :
Etoile : Mlle Carlotta - Zambelli ; premières
danseuses étoiles: Mlles Lobstein et Aïda Boni.
Premiers sujets: Mlles G. Couat et Barbier
au premier rang ; ensuite Mlles Meunier, Billon,
Johnson, Urban, L. Couat, Moreira, H. Lau-
gier, Cochin, Lozeron, Schwarz, Keller.. B. Ma-
rie, Dockès, Guillemin, Brémont, Mouret, B.
Mante, Bonnot. S. Mante, M. Lequien, Parent,
Louppe.
Sujets mimes : Mlles Salle, L. Mante, L. Pi-
ron, Sirède, Didier, Kerval.
Après cela viennent les coryphées, puis le
premier et le second quadrilles.
Le résultat le plus important des examens
de demain sera sans doute la promotion de- trois
ou quatre coryphées au grade de petits sujets.
J;(!,t" il y a da-is le corps de ballet quelques pla-
ces vacantes, celles notamment des regrettées
Suzanne de Maulde et Lenclud, de Mlle Loup-
pe, qu'une maladie assez grave semble devoir
retenir longtemps loin de la scène, de Mlle Pa-
rent, enfin, qui aura droit à sa pension en mars
prochain.
D'après une petite enquête que j'ai faite au-
(Paul Boyer et Bert, pbot.)
Mlle de Moreira
près, des.. quelques abonnés de l'Opéra les plus
JU courant des choses de la danse, celles des
coryphées qui paraissent devoir être demain les
grandes favorites pour cette ..etite promotion,
sont: Mlles Suzanne Kubler, Jeanne Laugier,
Even et Yvonne André.
(Boyer et Bert, pliot )
(Paul Boyer et Bert, pboU
Mlle Suzanne Kubler -
1
Ce qui fait peut-être le plus défaut parmi lë*
sujets, ce sont de grandes femmes pouvant por-
ter avantageusement le travesti. Une ou deux
des coryphées que je vient de nommer -pourront,,
à ce point de vue. rendre de précieux -seroJ
vices. -
Il est à présumer,enfin qu'un sujet mime serai
nommé en remplacement de Mlle Ricôtti qui aj
quitté l'Opéra. On parle de Mlle Lozeron.
Et voilà! cette grande journée d'examens pas-'
sée, tout rentrera dans l'ordre; la danse à.
l'Opéra ne s'en portera ni mieux ni plus mal,
pas mieux surtout, cela est évident. Car-il se-
rait naïf de croire que les examens peuvent éle-
ver ou même simplement maintenir le niveauf
artistique de notre premier corps de ballet. Ha
parviennent tout au plus à provoquer une cer"
taine émulation pendant une quinzaine de jours",
juste le temps de préparer les variations inscris
tes au programme. Et cela, on le comprend,
est tout à fait insuffisant.
Pour décider ces demoiselles à travailler sé-i
rieusement, il faudrait leur donner d'autres en-,
couragements. Il faudrait leur fournir avant tout
l'occasion de paraître, de se faire valoir, de
danser tour à tour quelques variations, ea ua
mot de briller en scène, le soir, devant W
grand public. Car cela seul les intéresse ; et
l'on ne saurait s'en étonner. Qui donc irait tonte
sa vie faire de l'épée dans des salles d'armea
s'il avait la certitude de ne jamais se battre?
En réalité, le mal vient de ce qu'on ne veuf.
pas remonter les meilleurs ballets d'ahtan. les
vrais chefs-d'œuvre de la chorégraphie, sous
prétexte que cela coûterait trop cher et que le
ballet ne fait déjà. pas d'argent.
Le voilà le grand mot: le ballet ne- fait pas
d'argent! 1
Jolie plaisanterie, en vérité! Comme si Faust,t'
sans divertissement, ferait chaque soir 18.00a,
francs de recette. )
Tout le mal, en définitive, vient de ce que!
les directeurs actuels ne s'intéressent pas à 'J
danse, ou, ce-qui revient au même, ne s'inin-'
ressent pas aux danseuses. Et cela, pour une<
fois, est triste, infiniment triste. si Ton e~
croit les amateurs de chorégraphie. *
PAULINO.
Lettre de VOuVreuse
Zut! j arrive chez Colonne trop tard
pour entendre la première Symphonie bee-
thovenienne; ça m'ennuie, parce que, dans
cette œuvre de classicisme aimable, j'aurais
aimé entendre, sous les triolets des pre-
miers violons, certain accompagnement de
timbales, piano, qui sent déjà son Beetho-
ven. Mais quoi! Il ne faut pas être plus
royaliste que le roi ; à propos de cette œu-
vre, Berlioz a éçrit « Beethoven n'était pas
là ». Alors, moi, pourquoi y seraisde?
Tout en me promenant dans le couloir du
Châtelet, sévèrement gardé par un Fafner
femelle qui m'interdit l'accès de la salle
avec d autant plus de rigueur que je, lui ai
répondu n'avoir « rien à me débarrasser »,
je profite de ces loisirs forcés pour dépouil-
ler le courrier qui m'est arrivé à Comœdia.
Presque toutes les lettres sont injurieuses
(ça va bien) et parlent du. Crépuscule en
ternies vifs.
M. Henry W. W&llacks cqntemne ma
« bêtisse », déclare que Messagerconduii
Wagner « comme une horreur » (me voilà
en bonne compagnie) et que « la plus petite
ville d'Allemagne ou d'Italie » fait mieux
que Paris. Oui, mon colon, je dis comme
toi. Il me demande aussi si j'ai jamais'en-
tendu Mme Schumann-Heinke, et van
Rooy? Certainement; il chante très bie^
elle est très grosse; j'ai aussi entendu
Schmetes, et Feinhals; j'ai vu beaucoup de
Crépuscule sur beaucoup de scènes* j ai
lu beaucoup de lettres exaspérées- mais.
connais-tu Parsifal, wagnérien à: le
mie?. Alors, avale : So dum wie■ dilh
sah bisher ich Kundry nur. Úesgounks- t
comme toi, pour en trouver, faut aller loin!
Autre lettre, signée « Pimprenette » (jolî
nom) ; j'y suis traité de « gueux » et « mai-
gré tout d'artiste ». Merci, mon Dieu! La
dame ajoute que Torchet ne vaut gu^re?
mieux que moi (pauvre confrère) et qu V:-»
voudrait voir, dans le rôle, de Brunnhike
Le Numéro : S cen times
Cundi 2 Novembre 1906.
ïïe sA 9 Uk 9
Rédacteur en Chef : O. tfe PAWLOWSKT
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : C0MŒD1A-PARIS
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UN AN 6 MOIS
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Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
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27 Boulevard Poissonnière, PARIS
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UN AN 6 MOlt , -
Paris et Départements. 24 fr. 12 fr.
Étranger ., 40 D 20 »
LES DEUX ÉPOQÏÏÈS
Pécal plaisante,
Lancrit pas!.
; d - Que penses-tu de Donnay, bougre
, e polisson?
, - Ça c'est vraiment drôle, accorda
Lancrit. Mais le moment n'est pas à ces
yjlspufes, cher maître. Travaillons, vou-
lez-vous?.
- Ah! ça non, mon petit ! Voilà trois
daines que je rabote ta pièce à rai-
son de deux heures tous les matins.
J'en ai une claque dont tu n'as pas idée !
Et c'est que tu as encore l'air de croire
que c'est pour moi que je travaille! Tu
me permets à peine une cigarette, et tu
m'attraperais même, le diable m'em-
Porte, s'il me fallait aller aux cabinets!
- Oh! cher maître!.
Il n'y a pas de oh! Tu es comme
Ça! Tu es l'individu le plus indiscret
que je connaisse, comme je suis l'être
e plus poire qui ait jamais existé ! Mais,
tu sais, je te fiche bien mon billet que
je n'y aurais même pas touché à ton pe-
ht adultère si ma femme ne m'avait sup-
plié !
- Oh ! ça, je le sais bien !
- Tu peux la remercier! C'est ef-
- rayant ce qu'elle a fait pour toi, la
Pauvre créature! Et, à propos, tu lui as
ait la cour, à ma femme, et une cour
res serrée même?.
- Par exemple!
- Ne dis pas le contraire! Tu l'as
serrée d'aussi près que possible, je le
-sais bien peut-être, et même, pour peu
qu'elle y eût consenti, tu couchais avec
elle!
- Eh bien! quoi? Ça n'est pas na-
urel? Mme Pécal est tout à fait ravis-
sante !
t' ..- Ravissante! En voilà des exagéra-
ions! Elle est très bien! Ça, c'est in-
C?ntestablc, elle est encore très bien et
1 elle t'avait accordé seulement la petite
ejni-heure, je te certifie que tu te se-
daIS moins embêté que chez Crépuscule
des Dieux! Mais tu n'avertis pas! Tu
veux t'offrir ma femme et tu ne me dis
rien!
- Il fallait vous le dire?!?! -
t - Mais naturellement!. Ou il fallait
t Ut au moins irte te laisser comprendre !
- - Et vous m'auriez engage.
- A ne pas faire une pareille gaffe!
t'aurais dit: « Mon cher petit enfant,
Ça n'est pas pour t'en dégoûter ni t'em-
Pêcher de t'amuser comme on le doit à
ton âge, mais avec ma femme, vois-tu,
il n'y a rien à faire ! Si elle était ma
fernme comme tant d'autres femmes
Pour tant d'autres maris, je te dirais:
« Ne te gêne donc pas, mon vieux, un
de Plus, un de moins, ça n'a pas. d'im-
POrtance! » Mais c'est tout différent! On
a connu ensemble des jours épouvanta-
bigT Alors, tu comprends, ça resserre
les henset ça fait que, plus tard, la bra-
ve petite femme ne sait plus penser à
l'amour en dehors de son vieux compa-
p °n* Tandis que, tiens, pour ma maî-
tresse, ce n'est plus ça du tout! Je n'ai
connu avec elle que des jours délicieux.
Aussi, je n'ai en Henriette qu'une con-
fiance véritablement relative, et si j'ap-
prenais de manière certaine qu'elle me
fa&it cocu tu verrais mon sourire, Lan-
crit , le sourire qui dit: « Si vous saviez
comme je le savais et comme je m'en
fiche!. » Entrez.
Un jeune secrétaire parut. Il apportait
le courrier de Lancrit. !
mn- Je remarque avec une certaine hu-
¡lIhation, observa Pécal, dès qu'ils « re-
ftirent » seuls, que tu reçois au moins
div fois plus de lettres que moi! Mais
lenPhHénomène s'explique par ce fait que
récris dix fois plus!
- Si vous croyez que ça m'amuse!.
s' -:- Ne te plains pas, jeune homme, car
si Je ne F1 abuse> il y a de la femme
da "s tout ceci, et de la femme élégante !
- Oh! Dieu, non! fit Lancrit en ras-
semblant ses lettres et en les battant
ainsi qu'un jeu de cartes.
t - Ah! Pardon! Il y a même une let-
tre rPuHenriette dans ton gentil courrier !
- Vous vous trompez!.
- J'ai reconnu l'odeur et j'ai vu l'é-
Criture f
- Je vous assure.
- Qu'est-ce que ça peut me faire
que vous vous écriviez! Seulement, si
c'est fîncachette, il faudra que je sache!
Allons , que te dit-elle?
- Je ne sais pas encore! Si c'est
d'elle, ce ne peut être qu'une invita-
tion. et justement tenez: « Mon cher
Lancrit,venez donc déjeuner demain
avec BOssort. »
- Comment Boissort? demanda Pé-
cal en s'approchant pour lire. C'est im-
possible ! Elle ne le connaît pas! Fais
- Ah! non L..
- Ah-' Si!V- J'ai bien le droit peut-
Et Allons, fais-moi voir ça!.
Et râfl la lettre au vol, comme il
€0uP d'oeil ^ouche' il la lut d'un
nant l'evn: P^s tout haut, et en don-
nant 1, expre-ssion: « A ce soir, mon
amour chér-
hnLje serai libre à minuit et
;°us mes Sers en attendant les meil-
eurs. „
- Eh »
^°ccador! quo est-ce qui vous prouve?
c'est E~' Tout y est! 25, rue
toccador! F-h bien! qu'est-ce que tu dis
énoncé tout à Oui ou non, le sourire
Gloires et d 1 heure?, En fais-je des
histoires et es chichi parce que j'ap-
[ prends que tu me fais cocu, saligaud que
tu es! Misérable! Oui! oui! Parfaite-
ment, misérable! Tu as cinquante amis
à qui tu pouvais faire la même chose
sans que ce fût une cochonnerie, et c'est
moi que tu choisis ! Moi à qui tu dois
tout! Pourquoi as-tu fait ça?.
— Vous ne me croiriez pas!.
— Pour me rendre service peut-être?.
— Eh bien! oui, pour vous rendre
service! s'écria Lancrit avec une telle
force que le bras de Pécal en resta
quelques secondes tendu et comme an-
kylosé. Puis, saluant d'un grand geste:
« Bravo! Il fallait donc le dire! Voilà
qui devient des plus intéressants! Ex-
plique, sacrebleu! Explique!.
— Vous ne me croirez pas. Qu'im-
porte! déclara Lancrit. Interrogez vos
amis. Ils vous le diront tous. Cette liai-
son perdait votre-talent. Or, l'auriez-
vous rompue, si vous n'y aviez été ab-
solument contraint?.
— Et c'est toi qui t'es fait la con-
trainte ! La contrainte par corps ! Tu
m'as pris ma maîtresse pour me garder
mon talent! C'est de tout premier or-
dre ! Seulement, c'est assez! Et mainte-
nant, mon petit, dépêchons! Tu as le
choix entre la fenêtre et la porte. ,.
— Je choisis la porte. Mais, avant de
partir, dites-moi, que répondrai-je à
Mme Pécal, si elle me demande pour-
quoi je ne viens plus ici?
— Une blague!
— Ah! ça, non! affirma Lancrit. A
Mme Pécal, je ne peux pas mentir!
- Et tu lui diras?.
- Toute la vérité!
- C'est trop fort! éclata Pécal. Tu
ferais encore cette saleté-là? Et il fau-
drait que je subisse ta présence ici tous
les matins sous la menace d'un chan-
tage effroyable?.
La porte s'ouvrit.
— Eh bien! quoi? Qu'avez-vous? de-
manda Mme Pécal.
Pécal affirma: « Rien du tout! Nous
discutons théâtre. »
— Alors, mes enfants, à table!.
Et Lancrit lui ayant offert son bras,
tous trois passèrent gaiement dans la
salle à manger.
Gustave GUICHES.
Nous publierons demain un article de
TRISTAN BERNARD ■ ,,; .,'
Artistes modernes
On peut regretter que les exigences du
théâtre aient conduit M. Thurner à poser U
débat qui divise notre société moderne, et
mettant seulement en présence un homme.
malhonnête et.un imbécile. La question est,
en effet, beaucoup plus vaste, et sa solution
préoccupe à bon droit tous nos contempo-
rains.
Quel que soit le chagrin qu'on en puisse
éprouver, il faut bien constater, en effet,
qué l'homme d'action opposé à l'artiste mo-
derne semble avoir aujourd'hui le beau rôle,
et le mépris de Lionel Régis pour son trère
pourrait parère des mieux justiliés si Lio-
nel était le véritable homme d'action que
nous rêvons.
Or, un homme d'action digne de ce noin
ne commet point de malhonnêteté parce que
l'honnêteté est, de nos jours, la meilleure
de toutes les habiletés commefciales. Ei
cela est dû, en grande partie, Lionel Régis
devrait le savoir, à l'action de la presse
quotidienne Qui, tôt ou tard, un jour ou
l'autre, révèle les actes les plus cachés, les
compromissions les plus secrètes tout aussi
bien que les actions honnêtes plus difficiles
encore à soupçonner.
Par contre, il est hors de doute qu'en
qualité d'homme d'action Lionel Régis au-
rait le droit d'écraser loyalement et légiti-
mement tous ses adversaires commerciaux
et d'entasser au besoin autour de lui des
ruines colossales que ne désavoueraient
point les plus grands trusts américains, En
raison de la centralisation excessive que
produit l'activité dévorante d'un seul hom-
me, les actes les plus graves ne deviennent
plus, en effet, que de rapides épisodes, et le
rêveur qui, pendant des semaines, prémé-
dite ses actes avec angoisse, doit atoir in-
liniment plus de courage et de cynisme
pour tuer un oiseau, qu'un général n'en dé-
ploiera pour jeter vingt mille hommes dans
la tombe.
A une époque où le travail seul peut avoir
quelque valeur, on conçoit facilement l'in-
surmontable dégoût qu'éprouve un homme
d'action ayant une véritable envergure pour
un sentimental incapable d'initiative, et ce
dégoûta dans l'état actuel de la science, est
parfaitement légitime.
Il faut bien prendre garde, en etiet, dans
ce débat, de n'être point victime d'une er-
reur d'optique. Les hommes d'action, de
nos jours, déploient à leur manière un talent
infini, un fantastique génie d'invention et
suivent des traditions qui les apparentent
directement aux grands penseurs d'autre-
fois.
Ceux-ci, en et/et! par leur foi religieuse
ou par leur enthousiasme artistique, témoi-
gnaient de la même activité dévorante, de
la même envergure leur permettant d'abor-
der, avec un égal mérite, tous les sujets
d'activité humaine.
Les fils de ces hommes-là, ce sont, à n'en
point douter, nos -hommes d'action d'aujour-
d'hui, et il nous paraît difficile, par contre,
d'établir une filiation qui les unisse aux rê-
veurs paresseux et inactifs de notre temps.
Et pour peu que l'on y réfléchisse bien,
entre les très grands artistes que sont sou-
vent les hommes d'action et les petits bou-
tiquiers que sont la plupart du temps les ar-
tistes d'aujourd'hui, l'hésitation n'est point
permise.
permise. G. DE PAWLOWSKI.
comcedîa
demain six pages
Échos
Ce soir, à huit heures, au théâtre de
l'Athénée, première représentation de
Gaby. se marie, pièce en un acte, de
M. Maurice de Faramond.
L
'enfant prodigue.
Les lettrés ont "retrouvé avec joie,
hier matin, dans un des plus importants
journaux du matin, la signature de Grain-
dorge. Ce pseudonyme, on ne l'ignore pas,
cache M. Alfred Capus, qui revient ainsi
au journalisme.
Outre une chronique hebdomadaire, il
donnera, sur le mouvement dramatique et
sans se plier strictement aux exigences de
l'actualité, des Notes d'un spectateur, où il
jugera les choses avec un certain recul et
dans une grande quiétude.
Ainsi, il a commencé par nous parler de
L'Emigré et de Un Divorce, remettant à plus
tard des entretiens sur des pièces plus ré-
centes. Il en a parlé avec une chaude, très
chaude sympathie, avec une sympathie peut-
être même excessive, mais il en a parlé aussi
avec beaucoup d'esprit et de verve.
Et voilà un article qui ne lui nuira pas
dans l'esprit de M. Paul Bourget lors des
prochaines élections académiques. T
A L'OPERA
(H. Manuel, phot.)
, Mlle Barbier
fini, dans le classement des danseuses du corps
le ballet de l'Opéra, partage le premier rang des
premiers sujets avec Mlle G. Couat.
L
e chemin de la croix.
Pour la troisième fois, M. Doumer-
,ùe va renvoyer — très prochainement — a
a grande chancellerie de la Légion d'hon
neur, les dossiers de MM. Gaston Devore
3t Gémier.
Nous espérons qu'il vaincra, cette fois,
les dernières résistances du Conseil de l'Or-
dre. Ces croix refusées sont méritées,
on n'en pourrait pas dire autant de toutes
celles qu'on accorde! •
L
e génie est une longue impatience.
C'est un très médiocre comédien que
j insuccès répétés transfèrent de théâtre en
théâtre tout le long des boulevards —
grands boulevards d'abord, boulevards exté-
rieurs maintenant.
Cette infortune artistique a singulière-
ment assombri l'humeur de l'artiste, qu'un
ignorant public méconnaît. Et il se venge
sur un maigre mobilier et sur sa patiente
compagne qui n'a pas encore renoncé à
l'admirer.
Celle-ci subit avec la même crainte ré-
vérencielle tous les égarements du grand
homme, et se contente de dire: « Que vou-
lez-vous? Il a du génie! »
E
n feuilletant un album.
La mode des albums sera, sans dou-
te, éternelle. Tant qu'il y aura des jeunes
filles, elles auront la curiosité de réunir des
signatures célèbres, et même la vogue des
cartes postales illustrées n'a pu détruire ni
affaiblir ce goût.
Nous feuilletions, l'autre soir, l'album
d'une jeune fille du monde, élégante et très
spirituelle.
Beaucoup de noms fameux y figurent au-
dessous de beaucoup de phrases banales, et
nous les regardions en souriant, quand, entre
un Respectueux hommage, signé Paul Bour-
get, et cette réflexion savoureuse de Réja-
ne, Dieu est bon. Dieu nous aiùj. à vivre,
nous avons rencontré cette énergique devise
d'Henry Bernstein:
« Force et rage valent mieux que patience
et longueur de temps. » ,
Tout un plan d'existence, n'est-ce pas?
c
onvalescence.
Jovial, le teint frais. la démarche li-
bre, trottinant sur le boulevard de Clichy.
nous avons rencontré, hier, Paul Fugère,
l'excellent artiste, qu'une légère attaque
avait terrassé dernièrement.
Espérons que nous reverrons bientôt sur
les planches l'amusant Bridaine des Mous-
quetaftes au couvent.
L
e Prince. --
Elle iouait récemment à Rruxelles. au
théâtre des Galeries-Saint-Hubert.
L'autre soir, le spectacle s'était terminé
tard; ellè avait faim. elle pénétra dans un
élégant restaurant de nuit avec l'intention
d'y souper.
Elle s'assit seule à une-table.
Tout proche, un monsieur soupait seul
aussi. Il était grand, sympathique, souriant.
Une grande barbe blonde ornait son visage
qu'éclairaient deux yeux clairs et larges. *
La conversation s'engagea. On parla de
théâtre. On parla de Paris.
— Vous devez être influent, je sens ça,
s'écria tout à coup la jolie comédienne; vous
êtes peut-être un ministre. Faites-moi avoir
les palmes académiques.
Le monsieur influent était, savez-vous
qui? Le duc Philippe d'Orléans, prétendant
au trône de France.
L
'art birman. --
Sacha Guitry a parlé avant-hier aux
Capucines! La sallé était comble et les ap-
plaudissements durèrent si avant dans la
soirée qu'il nous fut impossible de quitter
le théâtre pour faire un compte rendu avant
la mise en pages de Comœdia. -
Constatons le gros succès du conféren-
cier et celui des interprètes: Mayol, Mau-
rel, Coquet, Ferréol, Colette" Willy et
Rianza. Tiarko Richepin fut étincelant de
fantaisie.
L
es matches sont très en vogue. Il vient
d'en être gagné un par Dusausoy,
expert, 4, boulevard des Italiens, qui a
acheté le plus cher de tout Paris un lot de
bijoux,, très important. Grand choix d'oc-
casions.
B
ulletin.
Nous avons eu, hier, de bonnes nou-
velles de la santé de M. Victorien Sardou.
Les médecins qui soignent l'illustre malade
ont autorisé son transport de Marly à Pa-
ris, et le voyage s'est effectué hier le
mieux du monde.
Nous apprenons, en dernière heure, que
Mme Favart qui, durant tant d'années, fut
une des gloires de la Comédie-Française,
Mme Favart, la superbe Marion de Lorme,
l'éminente interprète de Hugo et de Musset,
est très gravement malade.
Nous voulons encore espérer oue ce
n'est qu'une fausse alerte!
E
xpliquons-nous !
Dans une de ses recentes « soi-
Jes », notre collaborateur Davin de Champ-
^los avait prétendu. gravement, que Pierre
3ecourcelle se trouvait « un peu fatigué
oarce qu'il venait de passer trois jours à
écrire un roman de 40.000 lignes pour un
je nos quotidiens. »
Et voici que le triomphateur de Sherlock
Holmes, dans une lettre aimable mais rec-
e. proteste contre une sçmblele
allégation. v
« C'èst un petit jeu, écrit-il, qui me prend
généralement huit à neuf mois d'un labeur
incessant, acharné et quotidien. Comœdia
sn sait quelque chose, puisque j'ai mis qua-
re mois et demi à écrire Le Trou du Souf-
fleur, qui n'avait guère que 20.000 lignes. »
Et Pierre Decourcelle ajouta:
« Si Le Journal annonce une œuvre de
moi en même temps que Le Petit Journal,
c'est que la première est achevée depuis
deux ans, tandis que je suis en train de ter-
miner l'autre. »
Voilà les choses remises au point !
Mais c'est égal, si jamais Davin de
Champclos se doutait que l'intéressé pût
s'affecter, si peu que ce fût, de cette inno-
cente galéjade !
O
LYMPIA, prochainement: Vera Viol-
letta. .1
U
ne succession.
Or y donc, il devient bien improbable
que M. Jules Claretie,. présentement du
moins, devienne critique du Figaro.
Qui donc va remplacer,' à défaut de l'ad-
ministrateur du Théâtre-Français, Emma-
nuel Arène?
Il semble infiniment probable, comme
nous l'avions fait prévoir, que ce sera M.
Henry Roujon, qui n'est pas encore de l'A-
cadémie, mais qui est déjà de l'Institut.
L
e supplice du Chopin.
Un pianiste avait été engagé par le
patron d'une brasserie de Berlin pour char-
mer les oreilles de ses clients chaque soir,
et mêler les flots de l'harmonie à ceux de
la bière. Tout alla bien un certain temps:
mais notre virtuose, Ain jour, demanda une
augmentation que refusa l'hôte.
Le pianiste résolut de se venger: le soir,
au moment où le public était le plus nom-
breux, il attaqua vigoureusement la Marche
funèbre de Chopin, Mélomanes et conscien-
cieux, les Allemands l'écoutèrent avec plai-
sir et l'applaudirent quand elle fut finie. En-
couragé, sans doute, par cette approbation,
l'exécutant la recommença. Cela parut un
peu exagéré aux buveurs de bière; les ac-
cords douloureux de la lugubre musique pe-
saient lourdement sur leurs esprits. Ce fut
un soulagement quand retentirent .les notes
finales. Mais comment peindre la stupéfac-
tion des auditeurs, quand le musicien atta;
qua une troisième fois la Marche funèbre.
Le désespoir les envahissait à mesure que
se déroulait la déchirante mélodie plaintive-
Un à un, ils payèrent et s'enfuirent. La salle
était presque vide quand le pianiste, 'pour
la quatrième fois, recommença la Marche
funèbre. Quelques voisins vinrent deman-
der qui était mort. Les garçons pleuraient
doucement dans les coins. A la cinquième
reprise, le patron entama contre le pianiste
un vigoureux pugilat, qui les conduisit tous
deux devant le tribunal.
L'admirateur trop fervent de Chopin fut
condamné à vingt-cinq marks d'amende.
NOUVELLE A LA MAIN
F
able express en l'honneur du Bon roi
Dagobert :
A feu Montesquieu.
Les bons mots adressés à Dagobert, son roi,
Par Eloi, bon orfèvre et trésorier fidèle.
Etaient toujours empreints de verve spirituelle.
(MORALITÉ)
L'esprit d'Eloi!
Le Masque de Verre.
LA DANSE A L'OPÉRA
1
Les examens. -
de demain
Les pronostics
L'état actuel ,-
de la danse
Si nous parïîons un peu de la danse à l'Opéra 1
Le moment paraît bon. Les examens vont avoir
lieu demain; et il règne depuis quelques jours,
parmi ces demoiselles du corps de ballet, une
certaine effervescence. La dernière répétition
a eu lieu samedi. Aujourd'hui, c'est la veillée
des armes.
A vrai dire, cet émoi n'est peut-être pas très
justifié; car ces examens ne changeront pas
grand chose à la composition du cor^s de bal-
let. C'est à peine si le tableau de classement
sera modifié; Mlle X., qui occupait le sixiè-
me rang, par exemple, prendra peut-être le
troisième, tandis que Mlle Y. rétrogradera du
troisième au cinquième, ou inversement.
L'ordre actuel de classement paraît être à peu
près le suivant :
Etoile : Mlle Carlotta - Zambelli ; premières
danseuses étoiles: Mlles Lobstein et Aïda Boni.
Premiers sujets: Mlles G. Couat et Barbier
au premier rang ; ensuite Mlles Meunier, Billon,
Johnson, Urban, L. Couat, Moreira, H. Lau-
gier, Cochin, Lozeron, Schwarz, Keller.. B. Ma-
rie, Dockès, Guillemin, Brémont, Mouret, B.
Mante, Bonnot. S. Mante, M. Lequien, Parent,
Louppe.
Sujets mimes : Mlles Salle, L. Mante, L. Pi-
ron, Sirède, Didier, Kerval.
Après cela viennent les coryphées, puis le
premier et le second quadrilles.
Le résultat le plus important des examens
de demain sera sans doute la promotion de- trois
ou quatre coryphées au grade de petits sujets.
J;(!,t" il y a da-is le corps de ballet quelques pla-
ces vacantes, celles notamment des regrettées
Suzanne de Maulde et Lenclud, de Mlle Loup-
pe, qu'une maladie assez grave semble devoir
retenir longtemps loin de la scène, de Mlle Pa-
rent, enfin, qui aura droit à sa pension en mars
prochain.
D'après une petite enquête que j'ai faite au-
(Paul Boyer et Bert, pbot.)
Mlle de Moreira
près, des.. quelques abonnés de l'Opéra les plus
JU courant des choses de la danse, celles des
coryphées qui paraissent devoir être demain les
grandes favorites pour cette ..etite promotion,
sont: Mlles Suzanne Kubler, Jeanne Laugier,
Even et Yvonne André.
(Boyer et Bert, pliot )
(Paul Boyer et Bert, pboU
Mlle Suzanne Kubler -
1
Ce qui fait peut-être le plus défaut parmi lë*
sujets, ce sont de grandes femmes pouvant por-
ter avantageusement le travesti. Une ou deux
des coryphées que je vient de nommer -pourront,,
à ce point de vue. rendre de précieux -seroJ
vices. -
Il est à présumer,enfin qu'un sujet mime serai
nommé en remplacement de Mlle Ricôtti qui aj
quitté l'Opéra. On parle de Mlle Lozeron.
Et voilà! cette grande journée d'examens pas-'
sée, tout rentrera dans l'ordre; la danse à.
l'Opéra ne s'en portera ni mieux ni plus mal,
pas mieux surtout, cela est évident. Car-il se-
rait naïf de croire que les examens peuvent éle-
ver ou même simplement maintenir le niveauf
artistique de notre premier corps de ballet. Ha
parviennent tout au plus à provoquer une cer"
taine émulation pendant une quinzaine de jours",
juste le temps de préparer les variations inscris
tes au programme. Et cela, on le comprend,
est tout à fait insuffisant.
Pour décider ces demoiselles à travailler sé-i
rieusement, il faudrait leur donner d'autres en-,
couragements. Il faudrait leur fournir avant tout
l'occasion de paraître, de se faire valoir, de
danser tour à tour quelques variations, ea ua
mot de briller en scène, le soir, devant W
grand public. Car cela seul les intéresse ; et
l'on ne saurait s'en étonner. Qui donc irait tonte
sa vie faire de l'épée dans des salles d'armea
s'il avait la certitude de ne jamais se battre?
En réalité, le mal vient de ce qu'on ne veuf.
pas remonter les meilleurs ballets d'ahtan. les
vrais chefs-d'œuvre de la chorégraphie, sous
prétexte que cela coûterait trop cher et que le
ballet ne fait déjà. pas d'argent.
Le voilà le grand mot: le ballet ne- fait pas
d'argent! 1
Jolie plaisanterie, en vérité! Comme si Faust,t'
sans divertissement, ferait chaque soir 18.00a,
francs de recette. )
Tout le mal, en définitive, vient de ce que!
les directeurs actuels ne s'intéressent pas à 'J
danse, ou, ce-qui revient au même, ne s'inin-'
ressent pas aux danseuses. Et cela, pour une<
fois, est triste, infiniment triste. si Ton e~
croit les amateurs de chorégraphie. *
PAULINO.
Lettre de VOuVreuse
Zut! j arrive chez Colonne trop tard
pour entendre la première Symphonie bee-
thovenienne; ça m'ennuie, parce que, dans
cette œuvre de classicisme aimable, j'aurais
aimé entendre, sous les triolets des pre-
miers violons, certain accompagnement de
timbales, piano, qui sent déjà son Beetho-
ven. Mais quoi! Il ne faut pas être plus
royaliste que le roi ; à propos de cette œu-
vre, Berlioz a éçrit « Beethoven n'était pas
là ». Alors, moi, pourquoi y seraisde?
Tout en me promenant dans le couloir du
Châtelet, sévèrement gardé par un Fafner
femelle qui m'interdit l'accès de la salle
avec d autant plus de rigueur que je, lui ai
répondu n'avoir « rien à me débarrasser »,
je profite de ces loisirs forcés pour dépouil-
ler le courrier qui m'est arrivé à Comœdia.
Presque toutes les lettres sont injurieuses
(ça va bien) et parlent du. Crépuscule en
ternies vifs.
M. Henry W. W&llacks cqntemne ma
« bêtisse », déclare que Messagerconduii
Wagner « comme une horreur » (me voilà
en bonne compagnie) et que « la plus petite
ville d'Allemagne ou d'Italie » fait mieux
que Paris. Oui, mon colon, je dis comme
toi. Il me demande aussi si j'ai jamais'en-
tendu Mme Schumann-Heinke, et van
Rooy? Certainement; il chante très bie^
elle est très grosse; j'ai aussi entendu
Schmetes, et Feinhals; j'ai vu beaucoup de
Crépuscule sur beaucoup de scènes* j ai
lu beaucoup de lettres exaspérées- mais.
connais-tu Parsifal, wagnérien à: le
mie?. Alors, avale : So dum wie■ dilh
sah bisher ich Kundry nur. Úesgounks- t
comme toi, pour en trouver, faut aller loin!
Autre lettre, signée « Pimprenette » (jolî
nom) ; j'y suis traité de « gueux » et « mai-
gré tout d'artiste ». Merci, mon Dieu! La
dame ajoute que Torchet ne vaut gu^re?
mieux que moi (pauvre confrère) et qu V:-»
voudrait voir, dans le rôle, de Brunnhike
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