Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-10-23
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 octobre 1908 23 octobre 1908
Description : 1908/10/23 (A2,N389). 1908/10/23 (A2,N389).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76460425
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2 Année. N° 3f 9 (Quotidien) 1 Lê Numéro : & CentiffléS 19
Vendredi 23 Octobre 1908.
y , ,
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
RÉDACTION &-ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS
UN AN e MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Numéro provisoire : 401-46
b
ABONNEMENTS
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 j> ^,
Au GrancUCafé
glacier
Robillet, le tragédien célèbre. s'effor-
S8» suivant son expression, de « brouil-
ler le mieux possible » le jeu de domi-
es. Puis, ayant « piqué » au hasard
® une dextre hésitante, il s'écria :
Déesse, à mon appel pourras-tu rester sourde?.
Avant que je descende aux bords sombres du Styx.
Il faudrait que je trouve enfin un Double-Six.
\U'e PersépUonè. tu fermes ton esgourde!. (l)
Ir - Ce qui veut dire, maître, constata
respectueusement l'un de ses parte-
naires, que vous êtes dans les choux,
tout simplement!
- Oui; oui, j'ai perdu. effective-
ment. Voici un franc cinquante pour nos
i^nq. verres. Je me sauve. Je suis très
fatigué, du reste. Jean, votre pour-
boire!
Et, majestueux, après avoir remis
tInq centimes au garçon, Robillet s'en
alla coucher.
T On l'a « eu » tout de même, mais
Ça n'a pas été sans peine! dit Auburnin,
le père-noble. -
Enfin!. Heureusement qu'il joue
eux dominos!. dit Revert, l'utilité.
- Le mufle! dit Jodard, le jeune pre-
mier.
- S'il n'eût pas dédaigné la comédie,
NUel triomphe il aurait remporté dans
L'Avare!. dit Duvot, le grime.
r - Un rond de pourboire!. dit Jean,
le garçon.
Le patron, la patronne, le verseur, le
groom du Grand-Café Glacier opinèrent
du bonnet. La conversation devint* alors
générale : le péché capital du « seul hé-
"ler des traditions de Talma» en fit
OUs les frais et chacun « y alla » de sa
Petite anecdote.
- Vous savez, commença Jodard, que,
dès les débuts de Robillet au Théâtre
National, Francisque Sarcey s'était vive-
ment intéressé à lui : le grand critique
! avait pris en affection ; il ne manquait
ornais une occasion de l'encourager et
de lui donner de sages conseils que Ro-
billet - arriviste, mais déférent — met-
ait toujours à profit. Il avait voué à l'é-
Crlyam une reconnaissance sans bornes,
armait-il, et, tous les dimanches, il
jetait Le Tenips qui publiait, ce* jour-
le feuilleton théâtral de Sarcey.
*! Un dimanche soir donc, après avoir
fait son acquisition hebdomadaire, Robillet
dirait chez lui, lorsqu'il rencontra un
len ami, lequel, après les congratula-
hons d'usage, lui annonça, sans ménage-
ant aucun, la mort de « l'Oncle ».
, - » C'est épouvantable!. Quel af-
Ireux malheur! s'exclama Robillet. La
littérature française fait une grosse perte
l;1 mon protecteur le plus cher dispa-
raIt! » Il essbya une larme furtive, ser-
s convulsivement la main de son inter-
secteur et. s'en fut au kiosque rendre
SOn journal !
M Puisque Sarcey n'était plus, il ne
Pouvait y avoir d'article de lui dens Le
emps ,
Auburnin prit la parole :
- Par un bel après-midi de prin-
emps, alors que les feuilles poussent
px arbres et que, sur les branches, les
Ciseaux piaillent leurs premières chan-
sons.
té -Au fait! au fait!. Très peu de lit-
térature !.
- Bien! bien!. J'aperçus Robillet à
la terrasse d'un café. Oui, madame!
Oni, messieurs! Robillet à la terrasse
un café, et — chose incroyable — Ro-
jj Ulet me dit : « Qu'est-ce que tu
Prends! » J'étais tellement abasourdi
due, machinalement, au lieu de comman-
er une consommation très chère, je ré-
pondis: « Un bock. »
» Nous échangeâmes, durant un cer-
tain nombre de minutes, .quelques lieux
communs, et, au moment de l'ultime poi-
sesnée de main, après qu'il eut réglé les
oucoupes, Robillet me dit: « Tu passes
evant un bureau de poste, vieux. Tu
r. obligerais fort en mettant ces deux let-
es dans la boîte?. — Avec plaisir! »
Ous nous quittâmes et, machinalement,
un fois arrivé au bureau de poste, je
jetai un coup d'oeil sur les enveloppes.
Eh bien! mes enfants, elles n'étaient pas
affranchies !
» Les timbres obligatoires à cette
Poque étaient de quinze centimes. Il
: avait deux babillardes (2). Robillet
entraIt dans les six ronds de mon bock !
- Inutile de nous raconter que tu les
expédias telles qu'elles, interrompit Du-
vot; nous connaissons ton cœur!. Te-
nez, Continua le grime, j'en sais une
bien Donne : c'est « l'histoire des bouts
de b. ougie
- ?!?
- Voilà. C'est très simple: avant que
de partir en tournée, Robillet fait, chez
lui, 2 ses parents, chez toutes ses
connaissances, chez les indifférents, sans
doute, une rafle générale des bouts de
bougie. Il les range soigneusement dans
l'une de ses malles -la moins vieille,
celle cc où il y a du poil dessus » — et,
dans tous - les hôtels qu'il honore de sa
présence, il remplace subrepticement les
lie Ugles neuves qui sont dans les chande-
liers, sur la cheminée de sa chambre et
sur ia table de nuit, par les précieux
-
(1) o*ahi^rde : orellle (pour les puristes).
(1) larde : lettre (towours pour les puristes).
moignons de cire. Il rapporte, de cette
façon à Paris, une dizaine de kilos de
luminaire à bon marché. Ça l'ennuie
un peu cependant lorsqu'il a une sur-
taxe au chemin de fer; mais le jeu en
vaut bien la chandelle!. L'électricité lui
a, toutefois, fichu un sale coup dont il
fut long à se remettre!
— Je ne vous parlerai pas, conclut en-
fin Revert, des lettres écrites sur le pa-
pier à en-tête des grands magasins, ou
même, plus simplement, au verso de cel-
les qu'on lui adressa. je rappellerai
seulement « l'affaire des journaux ».
C'est, en effet, une véritable « affaire x
pour Robillet que débourser quotidien-
nement cinq sous pour -ses gazettes. Jo-
dard vous l'a déjà fait remarquer «tout à
l'heure. Notre homme lit Le Figaro;
ci, quinze centimes ; Le Matin, cinq cen-
times; Comœdia, naturellement, cinq
centimes aussi. Or, apprenez qu'il a
trouvé une combinaise géniale pour
« couper » à la pièce en nickel.
Sa bonne amie, qui n'habite pas avec
lui, donne deux sous ; son frère, qui par-
tage son appartement, donne aussi deux
sous ; il ne lui reste donc plus qu'un sou à
verser. Il lit d'abord ses journaux, les
repasse à son frère, qui les lit à' son
tour, et va les porter ensuite chez la
dulcinée. Ce n'est pas plus malin que
ça !.
— Ce qui n'empêche pas que c'est
un grand artiste! dit Duvot.
— Un excellent camarade! dit Au-
burnin.
— Un travailleur, acharné! dit Jodard.
- Un brave homme ! dit Revert.
- Ça. c'est vrai ! dit Jean, le garçon.
Robert OUDOT.
Nous publierons demain un article de
G. DE PAWLOWSKI
Spiritisme
Si j'en excepte les postes, véritablement
exceptionnels et inaccessibles au commua
les mortels, de tdilleur ou de cuisinier, L
n'est pas au régiment de situation plus sé
luisante que celle de Mort, pendant let
grandes manœuvres. Dès le début de l'ac
:iùn, ron q'fi j)lus qu'à s'rendre j>are.ss4use,
nent à terre, la tête appuyée sur tes feuillet
j'une betterave amie et, pendant que tei
rntres courent à l'assaut, on peut, tel Ham-
!et, philosopher mélancoliquement sur U
fragilité des destinées humaines.
Le soir venu, morts et vivants se retrou
vent joyeusement autour des chaudrons c
fessée empruntés aux paysans, dans les
juels cuit la soupe, et les chers disparut
s'entretiennent familièrement avec les com
mttants, à la. manière que préconisent let
théories de M. Maurice Barrès.
Ces mêmes mœurs touchantes, patriar
cales et conciliatrices, semblent s'acclimate,
chaque jour davantage au théâtre, et i.
n'est plus de pièce où nous ne voyions au
'Gurd'hut les morts, les suicidés et le:
lisparus du premier acte venir saluer res
lectueusement la foule en tenant par Il
nain les vivants qui nous restent.
Quelque appui que donne une pareille
façon de faire aux théoristes spiritistes, i
nous faut bien avouer qu'elle ne nous parai
pas des plus heureuses en matière théâtrale
Une pièce, avant toute chose, doit don
ner l'illusion parfaite de 'la réalité; elU
forme un tout (théoriquement tout au moins'
2t de pareilles résurrections, sauf dans le
pièces de Tolstoï, me paraissent entrave
dangereusement l'action. Peut-être vaudrait
il mieux, dans l'intérêt des spectateurs, lais
ser les morts dormir en paix dans leur loge
et nos pièces modernes y gagneraient al
vraisemblance.
Au théâtre, mieux que dans la vie cor
rente, il est des morts qu'il faut qu'on tue
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Prologue et premier acte, de 6 lieu
nière représentation de Le Crépuscule de
Dieux, poème et musique de Richard Wal:
ner, version française de A. Ernst.
Prologue et premier acte acte, de 6 heu
res à 7 heures 55; entr'acte d'une heure
ieuxième acte, de 9 heures à 10 heures 10
entr'acte d'une demi-heure ; troisième acte
ie 10 heures 40 à Il heures 55.
Les portes de la salle seront fermée.
pendant la durée des actes.
Ce soir, à huit heures un quart, au Tria
non-Lyrique, première représentation (à c
théâtre) de Le Caïd, dJ Ambroise Thomat
et Les Rendez-vous Bourgeois, de Nicolo.
Les critiques, soiristes et courriériste
seront recus au contrôle sur présentatio,
le leur carte.
Cet après-midi, à 1 heure 3 4, air Palais
Royal, répétition générale de l'Heure d.
la Bergère, de M. Maurice ûrdonneau.
Ce soir, à 8 heures, 1/2, au théâtre Me
lière, reprise de la Jeunesse des Mousque
taires, drame en 9 tableaux, de AlexandTI
Dumas et Auguste Maquet.
Le
, --
théâtre à l'Académie.
Nous savons enfin à quoi nous er
tenir sur la date des prochaines réception-
académiques: dans sa séance d'hier, l'Aca
démie française a, en effet, fixé au jeud
7 janvier la date de la réception de M
Francis Charmes, chronologiquement It
premier des académiciens élus au demie;
printemps.
M. Jean Richepin, qui vient ensuite, iiren
drà séance sous IÃ Coupole vers là fin de
janvier : !e successeur académique d'An-
dré Theuriet sera reçu, nous t'avons dit,
par M. Maurice Barrès.
Enfin, dans le courant de février, ce sera
le tour de M. Henri Poincaré.
Les quarante seront alors, sinon au com-
plet, puisqu'il y a quatre vacances, du
moins en nombre suffisant pour s'occuper
des choses sérieuses et, notamment, des
élections.
C'est donc vraisemblablement en février
ou en mars que nous saurons qui deviendra
immortel, de MM. Brieux, de Porto-Riche,
Capus, Haraucourt, Jean Aicard, et autres
gens de théâtre qui briguent un fauteuil,
là-bas, au bout du pont.
L
es concours du Conservatoire.
t Voici le moment des concours d'ad-
mission. Deux des meilleurs sociétaires de
la Comédie-Française. MM. Jules Leitner
et Jacques Fenoux viennent d'être, appe-
lés à Toulouse comme membres du jury
du concours de. professeurs.
Parfaitement, les professeurs de décla-
mation toulousains vont donner leurs leçons
devant des sociétaires afin d'obtenir le titre
et les avantages officiels d'une chaire au
Conservatoire de Toulouse.
D
sdicaces.
Il a été vendu l'autre jour, à l'Hôtel
irouot, pour 80 francs, une page autogra-
phe de Massenet (transcription pour piano)
portant cette dédicace:
A Mlle Thomson
Paris, 25 décembre 1900.
L'éditeur Lemerre, chaque fois qu'il
offre à un ami un volume de sa maison,
prend toujours la précaution d'inscrire, sur
la feuille de garde, ces deux vers dont il
est l'auteur:
Et surtout n'allez pas le vendre sur les quais
Sur celui de Conti ou bien de Malaquais.
Ça n'est pas du Leconte de Lisle, mais
ça dit bien ce que ça veut dire.
L
'honneur du .nom.
Rencontrée, hier, Marguerite Du-
,ay, vous savez Marguerite Dufay, celle qui
jhanta si bien Jouy autrefois et fit, il y a
quelque temps, une si amusante reprise
je Miss Helyett. L'excellente duègne lève
es bras au ciel et paraît bouleversée:
— Mais qu'avez-vous donc, senora Fer-
nandez, lui demandons-nous?
— Ce que j'ai! suffoque Marguerite Du-
fay. Mais vous ne lisez donc pas les jour-
iaux! Sachez qu'hier, à la 11* chambre
correctionnelle, le « danseur » d'un éta-
blissement de nuit a été condamné pour
ivoir poché l'œil, d'un coup de poing, à
;inq heures du matin, à une certaine artiste
yrique qui s'appelle Marguerite Dufay!
« Si vous croyez que l'homonymie est
amusante pour moi? Est-ce que je fréquente
les danseurs, et à cinq heures du matin,
par-dessus le marché!
— Non, bonne Dufay, non, et nous l'écri-
/ons bien vite pour que les lecteurs de
Comœdia « n'en ignorent ».
Un
terrible critique.
On sait Quel succès accueillit 1 a nre-
mière représentation du Bon Roi Dagobert,
à la Comédie-Française. La presse entière
n'eut qu'une seule voix pour louer la belle
oeuvre de M. André Rivoire. La presse en-
tière ?. Non; il est un journal dont le cri-
tique ne participa point à cette unanime
dmiration. Ce journal, c'est une Gazette du
7entre; ce critique c'est M. Oscar Havard,
qui, dans ses « Notes -. d'un Parisien »,
consacrait dernièrement un filet délicieux
à la première scène de France. Cela débu-
tait ainsi:
La Comédie-Française chancelle décidément
dans la boue. On vient de représenter, sur notre
premier théâtre subventionné, une bouffonnerie
qui dépasse, en malpropreté, les plus sordides
opérettes. Le roi Dagobert et saint Eloi sont les
héros de cette ordure. L'auteur fait jouer au
saint évêque de Noyon le rôle le plus immonde.
Suit un dithyrambe du roi Dagobert et
de saint Eloi, et comme conclusion:
Le rôle de la Révolution est de détruire et de
salir. La première République anéantit les chefs-
d'œuvre d'orfèvrerie créés par saint Eloi.
N'ayant plus rien à saccager, la troisième Répu-
blique cherche à polluer cette grande mémoire.
Il y a trente-cinq ans, Fustel de Coulanges signa-
lait déjà cette mentalité spéciale du jacobin fran-
çais, qui se plaît non seulermnt à diminuer, mais
à polluer tout ce qui nous Zait honneur.
Ah! politique! que de bêtises on dit en
ton nom!
o
n fait ce qu'on peut.
Les sociétaires de notre Comédie-
française — et les pensionnaires aussi —
aiment bien la province. Ils aiment aussi
l'étranger. Pour tout dire, ce sont gens qui
ont le goût des voyages; on le sait assez et
ils en ont donné maintes preuves.
Aussi fûmes-nous un instant perplexes
en lisant sur les murs de Nantes une belle
affiche qui annonçait, en lettres immenses-
GRANDVAL EST DAis NOS MURS
LE SOSIE DE DRANEM
Hélas! ce n'était pas le spirituel artiste
de la rue Richelieu que désignait ce titre
flatteur, et comme nous le consultions là-
dessus :
— Non, ce n'était pas moi, dit-il; moi
je n'imite que Mistinguett.
L
e fait est touchant.
Il y a quelques jours, M. le sénateur
Cauvm perdait un cousin, M. rrat, dont
les obsèques eurent lieu hier, à Serqueux,
près de Rouen.
Et M. le sénateur Cauvin dépêcha aus-
sitôt son secrétaire auprès du baryton Du-
franne pour lui demander-de vouloir bien
chanter à ces obsèques.
- Mon cousin, fit-il dire à l'excellent
artiste, était un de vos plus grands admira
teurs, et sa famille a pensé que vous prier
de chanter à son enterrement était le meil
leur hommage qu'on pût rendre à sa mé
moire.
Voilà pourquoi les habitants de Serqueux
entendirent hier un Miserere et le Crucifix,
de Faure, chantés par Dufranne.
L
'ennui de Wright, lorsqu'il vire à
quinze - mètres de hauteur, le con
naissez-vous?? C'est tout simplement, ar
coucher du soleil, lorsque vous êtes assu-
à la terrasse d'un café, de ne pouvoir sa
vourer là-haut un quinquina Dubonnet. Pa
tience. cet Américain pense à tout et i:
aime tant l'exquise liqueur ! ! !
P
H7V -
)ur des raisons de technique très éle
vées, un chauffeur peut préférer une
Zedel à une Renault, et un autre, cette der
nière à une Fiat. Il est notoire cependan
que ces trois marques sont au maximum de
la courbe du progrès et que Lamberjacl
est le plus avisé des hommes d'avoir prévi
leur succès en s'occupant exclusivement de
leur vente.
Le Masque de Verre.
0 A L'OPÉRA 0
AVant la Première
du "Crépuscule des Dieux"
— C'est demain le grand jour. Que dit-on à
'Opéra, mon cher monsieur, ai-je demandé
ier à un personnage bien placé pour savoir —
ar sa situation de vieil abonné — ce qui se
asse à l'Académie Nationale de musique.
- Mais on est très content, m'est-il répondu.
)'abord, v aucune réclamation du public n'est
arvenue. il est arrivé à l'heure et ne s'est pas
laint le moins du monde de la longueur du
pectacle. C'est un point important qui nous
lit bien augurer de la première.
LE PALAIS DE CUNTHER {Cliché Boyer et Bert)
— Il y a-t-il pour demain quelque chose de
hangé ? •
— Oui, Mlle Paquot d'Assy a été remplacée
)ar Mlle Lapevrette.
- Et Van - Dyck, est-il remis de son con-
act avec le cheval que l'on nomme Grane?
- Mais oui. J'ai vu Van Dyck hier, il al-
ait parfaitement bien.
Grane, le soir de la répétition générale, lui
Ivait légèrement écrasé un orteil, mais le su-
Jerbe Siegfried qu'est Van Dyck se conduisit
lors en héros, comme dans la pièce, et brava
dédaigneusement la douleur. On l'avait pour-
ant fait répéter, ce Grane! C'est un pension-
aire commode, pas rétif pour un sou et qui,
ier soir encore, paraissait très sagement dan*
Loheiigrin, avec ses sabots de caoutchouc.
- Est-on content de la location?
— C'est-à-dire, me répond mon informateur
qu'elle tient du délire. L'Opéra présente au
jourd'hui l'aspect d'une place d'Armes où de
troupes acharnées monteraient à l'assaut. Cha
cun arrive avec de l'argent au bout des doigta
pour louer, mais, hélas, il ne reste plus riei
ou presque ! Et ce sont alors des récriminations
sans nombre qui émeuvent infiniment le cœui
de l'aimable M. Maillard. Au buffet, toutes le:
tables sont retenues. Ah ! il y aura, demair
soir, une belle soirée, n'en doutez pas ! On s'y
prépare avec ardeur.
M. Broussan s'est particulièrement occupé de
la mise en scène et des décors du Crépuscull.
des Dieux. La mise en scène, il la connaissait,
d'ailleurs, car il avait monté à Lyon la Tétralo-
gie, d'après ses observations et études person-
nelles à Munich et à Bayreuth. Il a, du reste,
amélioré cette, présentation du chef-d'œuvre de
Wagner aux Parisiens, par des procédés aussi
nouveaux qu'ingénieux, tel que celui de l'ap-
parition des dieux dans le Walhall, au dernier
tableau. Enfin, vous verrez, c'est d'un effet cer-
tain et les wagnériens, qui sont légion, auront
tout lieu d'être satisfaits.
E. ROUZIER-DORCIERES. (
A L'OPÉRA-COMIQUE
"L OUI f~ tr~ Opéra C unique en quatre actes,
de M. GustaVe-Charpentiè.
« Puccini résiste, victorieusement, aux
sarcasmes des critiques fielleux et fait de
son talent la plus convaincante démonstra-
tion: par le succès ». Ainsi ânonne un sty-
liste niçois, M. Jacques Sauvaize, qui me-
sure son estime aux compositeurs selon les
recettes qu'ils réalisent et, compétent, eût
méprisé à fond le malchanceux Bizet.
L'ATELIER (Cliché Boyer et Bert)
Pourtant, comme il n'est pas impossible
de rencontrer, par hasard, la vérité au cours
des divagations les plus absurdes, l'appliea
tion de ce critérium doit fatalement îT.ener
notre confrère alpin-maritime à estimer
Louise plus encore que la Tosca, dont le
très vif succès ne peut prétendre à contre-
balancer la fortune prodigieuse du « roman
musical » de Charpentier. Et, ici, nous nous
trouverons, ce Sauvaize et moi, oemplète-
ment d'accord.
Quelques réserves que j'aie pu formu-
ler, naguère, sur son œuvre inégale et pre-
nante, chère à Julien Torchet comme à
Vincent d'Indy, l'auteur de Louise témoi-
gne d'une maîtrise inconnue des véristes
italiens : les finesses, la roublardise par-
fois, de son orchestre, suffiraient à le clas-
ser très au-dessus du Puccini et, a fortiori,
du Leoncavallo, bellâtre dont les fadeurs
sentimentales alternent avec des brutalités
sans art.
Le principal reproche qu'on puisse adres-
ser à Louise, c'est, je pense, le disparate
LE DIaCOR ouf DEUXIÈME TABLEAU (Cliché-Boyer et Bert)
(û après le dessin original de M. Lucien Jusseaume)
et, presque, l'incohérence permanente
j'un livret qui hésite entre le symbolisme
;t le réalisme, où, tour à tour, des prolé-
aires et des cousettes s'expriment en argot,
uig se laissent aller à formuler des idées
;énérales, imprévues, avec un lyrisme dé-
:oncertant. La musique, elle aussi, erre,
ncertaine, d'un style à l'autre; mais je me
lais à dire qu'elle n'est jamais indiffé-
ente: ce soir, comme lors de la première
2 février 1900), j'ai ressenti tour à tour -
iresque simultanément, parfois — de l'en-
thousiasme, de l'agacement, mais jamais
j'ennui.
Et, comme il y a huit ans, aussi, il m'a paru
lu'on appréciait surtout l'ingénieuse scène
nimée, au premier acte (le Père et Louise
;'embrassant loin des regards de la Mère
grognon) qui se déroule sur le thème à ,
douze-huit du Bonheur familial; la Ber-
ceuse, relevée de pizzicati irrésistibles;
« L'enfant dormira bientôt » ; les « cris-
de Paris » ; le couronnement de la Muse, et
la Butte envahie par l'allégresse encarna-
valée des belles filles porteuses de lumière,
cependant que culmine, étincelant, une ma-
nière d'imperator pour atelier Julian, une
sorte d'Héliogobale des Quat'-z-arts; c'est
aussi l'air, devenu célèbre, justement, où
Louise chante le jour « où elle s'est don* ;
née », sur les mêmes notes que Jeannette,
les amoureux « empressés à lui plaire »«
Mais j'avoue mes préférences pour lei
chœur de9 couturières, adorable.
A Mlle Lamare, qui prenait possession
du rôle de Louise, je n'adresserai que le
reproche de manquer un peu de person-
nalité; il est vrai qu'elle a élu pour modèle
la plus séduisante de ses camarades, dCt
sorte que ma critique est une façon de corn*
pliment. Cette innocente réserve formulée;
j'ai plaisir à m'associer au succès obtent,
par Mlle Lamare. -
Mme Judith Lassalle s'est consciencieu-
sement enlaidie et vieillie de trente ansj
très juste de ton et d'attitude, soupçonneuse,
jalouse, c'est une mauvaise Mère: enten»,
dez qu'elle est excellente.
Le Noctambule, alias « Plaisir de Pa-
ris », c'est maintenant M. Francell:' je n'ai
que des compliments à lui adresser (heureux
sement pour moi !)
M. Léon Beyle, fort bon, tout de même,
ne me semble pas avoir, ce soir, sa voix
des meilleurs jours.
Félicitons, en bloc, car elles et fils sont
trop: Mmes Guionie, Berg. Rachel Launay
— impayable arpète! - Bakkers, Villette,
de Poumayrac, Julliot, MM. Vigneau, Kat-
chenovsky, Payan, Belhomme, et M. Ruhl-
mann qui dirige l'orchestre, au mieux.
Et, surtout, applaudissons, avec tout le
*
public, à la rentrée de Lucien Fugère, s.
paternel, si brave homme, si prand artiste,
HENRY GAUTHIER-VILLARS.
LES PETITES PREMIÈRES
AUX QUAT'aZ-ARTS
Les Quat- 'z' Arts! C'est toute la chanson, toute
ia verve, toute l'ironie qui gitent encore sur la
.3utte! La nouvelle direction des Quat'-z'Arts
ouvrait, avant-hier, son cabaret célèbre. Mar-
ial Boyer, le directeur — une façon de cumulard
leureux, qui tient dans sa main et le Carillon et
es Noctambules, el l'établissement du boulevard
!e Clichy — m'avait invité à cette solennité.
3u<^le çollue, messeigneurs, quel monde ! A pei-
ie ai-je pu. sur un bi-de-bout-de-banc, trouver à
:aser mon encombrante personne.
Pressé, serré, l'âme en émoi et le postérieur
in accordéon, je commence à peine à reprendre
laleine, quand voici Léon de Bercy (le Mollard
ie la maison) qui annonce Marcel Legay — le
toujours jeune Legay dont les enthousiasmes gon-
flent les cheveux, ses cheveux de doyen des
chansonniers. L'humoriste Jacques Ferny lui suc-
cède. On connaît sa verve mordante. Vincent
Hyspa, qui lui succède, donne aux spectateurs
de cette première la mesure de sa causticité.
Froid comme un alexandrin, mais terrible d'iro-
nie Hyspa roule dans sa barbe ses syllabes nar-
bonnaises.
De Bercy, dont on connaît la facilité de chro-
niqueur-poète, nous débite son « pèle-mêle quin-
zaine » très réussi. Emile Ronn, en des vers li-
bres, avec le genre spécial qui lui est particulier,
mêle, à son habitude, la satire et le lyrisme.
iaàk Cadyèm, que je voie pour la premier» fois
sur l'étroite scène de la Chanson, est un diseur
expérimenté.
Mais l'étroit rideau se baisse. Voici une
pièce d'ombres. Elle est d'Hyspa, c'esf-àK'ire
qu'elle est humoristique. Elle s'appelle Sa Grace,
et c'est l'auteur qui la bonimente.
Sa Grâce, c'est M. Fallières qu'on blague, lé-
gèrement et avec des traits de bonne compagnie.
Le (c Frère, il faut maigrir » est heureux, er le
compositeur Frankel soutient, d'une façon adroite
et discrète, tout ce texte amusant.
Pour finir, la revue des Quat '-z 'Arts. Elle
sintitule Povre Nègre et est signée du même
Hyspa, assisté d Emile Ronn. Sans l'impedimen-
ta des décors et des falbalas,. elle se présente a
nous avec son dialogue à la Ruggieri, pétaradant,
et ses trouvailles. J'aime bien Albert Chazy, dont
les moustaches sont en représentation, mais
j'adore Mlle Blanche de Valfort, la brune et sé-
millante commère. Elle a du chien, de la voix et
de la planche, et si ça ne vous suffit pas je ne
sais vraiment pas ce qu'il vous faut! A travers
les scènes les plus imprévues et les cocasseries
les plus drôles des auteurs, elle va, flanquée de
Col et de Cadyères, elle va, le rire aux dents,
vers le succès.
Et sous le plafond bas de la salle célèbre, les
applaudissements éclatent et les Quat'-z'Arts re-
trouvent leur gloire d'antan.
R. D.
Vendredi 23 Octobre 1908.
y , ,
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
RÉDACTION &-ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS
UN AN e MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 »
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Numéro provisoire : 401-46
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UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 j> ^,
Au GrancUCafé
glacier
Robillet, le tragédien célèbre. s'effor-
S8» suivant son expression, de « brouil-
ler le mieux possible » le jeu de domi-
es. Puis, ayant « piqué » au hasard
® une dextre hésitante, il s'écria :
Déesse, à mon appel pourras-tu rester sourde?.
Avant que je descende aux bords sombres du Styx.
Il faudrait que je trouve enfin un Double-Six.
\U'e PersépUonè. tu fermes ton esgourde!. (l)
Ir - Ce qui veut dire, maître, constata
respectueusement l'un de ses parte-
naires, que vous êtes dans les choux,
tout simplement!
- Oui; oui, j'ai perdu. effective-
ment. Voici un franc cinquante pour nos
i^nq. verres. Je me sauve. Je suis très
fatigué, du reste. Jean, votre pour-
boire!
Et, majestueux, après avoir remis
tInq centimes au garçon, Robillet s'en
alla coucher.
T On l'a « eu » tout de même, mais
Ça n'a pas été sans peine! dit Auburnin,
le père-noble. -
Enfin!. Heureusement qu'il joue
eux dominos!. dit Revert, l'utilité.
- Le mufle! dit Jodard, le jeune pre-
mier.
- S'il n'eût pas dédaigné la comédie,
NUel triomphe il aurait remporté dans
L'Avare!. dit Duvot, le grime.
r - Un rond de pourboire!. dit Jean,
le garçon.
Le patron, la patronne, le verseur, le
groom du Grand-Café Glacier opinèrent
du bonnet. La conversation devint* alors
générale : le péché capital du « seul hé-
"ler des traditions de Talma» en fit
OUs les frais et chacun « y alla » de sa
Petite anecdote.
- Vous savez, commença Jodard, que,
dès les débuts de Robillet au Théâtre
National, Francisque Sarcey s'était vive-
ment intéressé à lui : le grand critique
! avait pris en affection ; il ne manquait
ornais une occasion de l'encourager et
de lui donner de sages conseils que Ro-
billet - arriviste, mais déférent — met-
ait toujours à profit. Il avait voué à l'é-
Crlyam une reconnaissance sans bornes,
armait-il, et, tous les dimanches, il
jetait Le Tenips qui publiait, ce* jour-
le feuilleton théâtral de Sarcey.
*! Un dimanche soir donc, après avoir
fait son acquisition hebdomadaire, Robillet
dirait chez lui, lorsqu'il rencontra un
len ami, lequel, après les congratula-
hons d'usage, lui annonça, sans ménage-
ant aucun, la mort de « l'Oncle ».
, - » C'est épouvantable!. Quel af-
Ireux malheur! s'exclama Robillet. La
littérature française fait une grosse perte
l;1 mon protecteur le plus cher dispa-
raIt! » Il essbya une larme furtive, ser-
s convulsivement la main de son inter-
secteur et. s'en fut au kiosque rendre
SOn journal !
M Puisque Sarcey n'était plus, il ne
Pouvait y avoir d'article de lui dens Le
emps ,
Auburnin prit la parole :
- Par un bel après-midi de prin-
emps, alors que les feuilles poussent
px arbres et que, sur les branches, les
Ciseaux piaillent leurs premières chan-
sons.
té -Au fait! au fait!. Très peu de lit-
térature !.
- Bien! bien!. J'aperçus Robillet à
la terrasse d'un café. Oui, madame!
Oni, messieurs! Robillet à la terrasse
un café, et — chose incroyable — Ro-
jj Ulet me dit : « Qu'est-ce que tu
Prends! » J'étais tellement abasourdi
due, machinalement, au lieu de comman-
er une consommation très chère, je ré-
pondis: « Un bock. »
» Nous échangeâmes, durant un cer-
tain nombre de minutes, .quelques lieux
communs, et, au moment de l'ultime poi-
sesnée de main, après qu'il eut réglé les
oucoupes, Robillet me dit: « Tu passes
evant un bureau de poste, vieux. Tu
r. obligerais fort en mettant ces deux let-
es dans la boîte?. — Avec plaisir! »
Ous nous quittâmes et, machinalement,
un fois arrivé au bureau de poste, je
jetai un coup d'oeil sur les enveloppes.
Eh bien! mes enfants, elles n'étaient pas
affranchies !
» Les timbres obligatoires à cette
Poque étaient de quinze centimes. Il
: avait deux babillardes (2). Robillet
entraIt dans les six ronds de mon bock !
- Inutile de nous raconter que tu les
expédias telles qu'elles, interrompit Du-
vot; nous connaissons ton cœur!. Te-
nez, Continua le grime, j'en sais une
bien Donne : c'est « l'histoire des bouts
de b. ougie
- ?!?
- Voilà. C'est très simple: avant que
de partir en tournée, Robillet fait, chez
lui, 2 ses parents, chez toutes ses
connaissances, chez les indifférents, sans
doute, une rafle générale des bouts de
bougie. Il les range soigneusement dans
l'une de ses malles -la moins vieille,
celle cc où il y a du poil dessus » — et,
dans tous - les hôtels qu'il honore de sa
présence, il remplace subrepticement les
lie Ugles neuves qui sont dans les chande-
liers, sur la cheminée de sa chambre et
sur ia table de nuit, par les précieux
-
(1) o*ahi^rde : orellle (pour les puristes).
(1) larde : lettre (towours pour les puristes).
moignons de cire. Il rapporte, de cette
façon à Paris, une dizaine de kilos de
luminaire à bon marché. Ça l'ennuie
un peu cependant lorsqu'il a une sur-
taxe au chemin de fer; mais le jeu en
vaut bien la chandelle!. L'électricité lui
a, toutefois, fichu un sale coup dont il
fut long à se remettre!
— Je ne vous parlerai pas, conclut en-
fin Revert, des lettres écrites sur le pa-
pier à en-tête des grands magasins, ou
même, plus simplement, au verso de cel-
les qu'on lui adressa. je rappellerai
seulement « l'affaire des journaux ».
C'est, en effet, une véritable « affaire x
pour Robillet que débourser quotidien-
nement cinq sous pour -ses gazettes. Jo-
dard vous l'a déjà fait remarquer «tout à
l'heure. Notre homme lit Le Figaro;
ci, quinze centimes ; Le Matin, cinq cen-
times; Comœdia, naturellement, cinq
centimes aussi. Or, apprenez qu'il a
trouvé une combinaise géniale pour
« couper » à la pièce en nickel.
Sa bonne amie, qui n'habite pas avec
lui, donne deux sous ; son frère, qui par-
tage son appartement, donne aussi deux
sous ; il ne lui reste donc plus qu'un sou à
verser. Il lit d'abord ses journaux, les
repasse à son frère, qui les lit à' son
tour, et va les porter ensuite chez la
dulcinée. Ce n'est pas plus malin que
ça !.
— Ce qui n'empêche pas que c'est
un grand artiste! dit Duvot.
— Un excellent camarade! dit Au-
burnin.
— Un travailleur, acharné! dit Jodard.
- Un brave homme ! dit Revert.
- Ça. c'est vrai ! dit Jean, le garçon.
Robert OUDOT.
Nous publierons demain un article de
G. DE PAWLOWSKI
Spiritisme
Si j'en excepte les postes, véritablement
exceptionnels et inaccessibles au commua
les mortels, de tdilleur ou de cuisinier, L
n'est pas au régiment de situation plus sé
luisante que celle de Mort, pendant let
grandes manœuvres. Dès le début de l'ac
:iùn, ron q'fi j)lus qu'à s'rendre j>are.ss4use,
nent à terre, la tête appuyée sur tes feuillet
j'une betterave amie et, pendant que tei
rntres courent à l'assaut, on peut, tel Ham-
!et, philosopher mélancoliquement sur U
fragilité des destinées humaines.
Le soir venu, morts et vivants se retrou
vent joyeusement autour des chaudrons c
fessée empruntés aux paysans, dans les
juels cuit la soupe, et les chers disparut
s'entretiennent familièrement avec les com
mttants, à la. manière que préconisent let
théories de M. Maurice Barrès.
Ces mêmes mœurs touchantes, patriar
cales et conciliatrices, semblent s'acclimate,
chaque jour davantage au théâtre, et i.
n'est plus de pièce où nous ne voyions au
'Gurd'hut les morts, les suicidés et le:
lisparus du premier acte venir saluer res
lectueusement la foule en tenant par Il
nain les vivants qui nous restent.
Quelque appui que donne une pareille
façon de faire aux théoristes spiritistes, i
nous faut bien avouer qu'elle ne nous parai
pas des plus heureuses en matière théâtrale
Une pièce, avant toute chose, doit don
ner l'illusion parfaite de 'la réalité; elU
forme un tout (théoriquement tout au moins'
2t de pareilles résurrections, sauf dans le
pièces de Tolstoï, me paraissent entrave
dangereusement l'action. Peut-être vaudrait
il mieux, dans l'intérêt des spectateurs, lais
ser les morts dormir en paix dans leur loge
et nos pièces modernes y gagneraient al
vraisemblance.
Au théâtre, mieux que dans la vie cor
rente, il est des morts qu'il faut qu'on tue
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Prologue et premier acte, de 6 lieu
nière représentation de Le Crépuscule de
Dieux, poème et musique de Richard Wal:
ner, version française de A. Ernst.
Prologue et premier acte acte, de 6 heu
res à 7 heures 55; entr'acte d'une heure
ieuxième acte, de 9 heures à 10 heures 10
entr'acte d'une demi-heure ; troisième acte
ie 10 heures 40 à Il heures 55.
Les portes de la salle seront fermée.
pendant la durée des actes.
Ce soir, à huit heures un quart, au Tria
non-Lyrique, première représentation (à c
théâtre) de Le Caïd, dJ Ambroise Thomat
et Les Rendez-vous Bourgeois, de Nicolo.
Les critiques, soiristes et courriériste
seront recus au contrôle sur présentatio,
le leur carte.
Cet après-midi, à 1 heure 3 4, air Palais
Royal, répétition générale de l'Heure d.
la Bergère, de M. Maurice ûrdonneau.
Ce soir, à 8 heures, 1/2, au théâtre Me
lière, reprise de la Jeunesse des Mousque
taires, drame en 9 tableaux, de AlexandTI
Dumas et Auguste Maquet.
Le
, --
théâtre à l'Académie.
Nous savons enfin à quoi nous er
tenir sur la date des prochaines réception-
académiques: dans sa séance d'hier, l'Aca
démie française a, en effet, fixé au jeud
7 janvier la date de la réception de M
Francis Charmes, chronologiquement It
premier des académiciens élus au demie;
printemps.
M. Jean Richepin, qui vient ensuite, iiren
drà séance sous IÃ Coupole vers là fin de
janvier : !e successeur académique d'An-
dré Theuriet sera reçu, nous t'avons dit,
par M. Maurice Barrès.
Enfin, dans le courant de février, ce sera
le tour de M. Henri Poincaré.
Les quarante seront alors, sinon au com-
plet, puisqu'il y a quatre vacances, du
moins en nombre suffisant pour s'occuper
des choses sérieuses et, notamment, des
élections.
C'est donc vraisemblablement en février
ou en mars que nous saurons qui deviendra
immortel, de MM. Brieux, de Porto-Riche,
Capus, Haraucourt, Jean Aicard, et autres
gens de théâtre qui briguent un fauteuil,
là-bas, au bout du pont.
L
es concours du Conservatoire.
t Voici le moment des concours d'ad-
mission. Deux des meilleurs sociétaires de
la Comédie-Française. MM. Jules Leitner
et Jacques Fenoux viennent d'être, appe-
lés à Toulouse comme membres du jury
du concours de. professeurs.
Parfaitement, les professeurs de décla-
mation toulousains vont donner leurs leçons
devant des sociétaires afin d'obtenir le titre
et les avantages officiels d'une chaire au
Conservatoire de Toulouse.
D
sdicaces.
Il a été vendu l'autre jour, à l'Hôtel
irouot, pour 80 francs, une page autogra-
phe de Massenet (transcription pour piano)
portant cette dédicace:
A Mlle Thomson
Paris, 25 décembre 1900.
L'éditeur Lemerre, chaque fois qu'il
offre à un ami un volume de sa maison,
prend toujours la précaution d'inscrire, sur
la feuille de garde, ces deux vers dont il
est l'auteur:
Et surtout n'allez pas le vendre sur les quais
Sur celui de Conti ou bien de Malaquais.
Ça n'est pas du Leconte de Lisle, mais
ça dit bien ce que ça veut dire.
L
'honneur du .nom.
Rencontrée, hier, Marguerite Du-
,ay, vous savez Marguerite Dufay, celle qui
jhanta si bien Jouy autrefois et fit, il y a
quelque temps, une si amusante reprise
je Miss Helyett. L'excellente duègne lève
es bras au ciel et paraît bouleversée:
— Mais qu'avez-vous donc, senora Fer-
nandez, lui demandons-nous?
— Ce que j'ai! suffoque Marguerite Du-
fay. Mais vous ne lisez donc pas les jour-
iaux! Sachez qu'hier, à la 11* chambre
correctionnelle, le « danseur » d'un éta-
blissement de nuit a été condamné pour
ivoir poché l'œil, d'un coup de poing, à
;inq heures du matin, à une certaine artiste
yrique qui s'appelle Marguerite Dufay!
« Si vous croyez que l'homonymie est
amusante pour moi? Est-ce que je fréquente
les danseurs, et à cinq heures du matin,
par-dessus le marché!
— Non, bonne Dufay, non, et nous l'écri-
/ons bien vite pour que les lecteurs de
Comœdia « n'en ignorent ».
Un
terrible critique.
On sait Quel succès accueillit 1 a nre-
mière représentation du Bon Roi Dagobert,
à la Comédie-Française. La presse entière
n'eut qu'une seule voix pour louer la belle
oeuvre de M. André Rivoire. La presse en-
tière ?. Non; il est un journal dont le cri-
tique ne participa point à cette unanime
dmiration. Ce journal, c'est une Gazette du
7entre; ce critique c'est M. Oscar Havard,
qui, dans ses « Notes -. d'un Parisien »,
consacrait dernièrement un filet délicieux
à la première scène de France. Cela débu-
tait ainsi:
La Comédie-Française chancelle décidément
dans la boue. On vient de représenter, sur notre
premier théâtre subventionné, une bouffonnerie
qui dépasse, en malpropreté, les plus sordides
opérettes. Le roi Dagobert et saint Eloi sont les
héros de cette ordure. L'auteur fait jouer au
saint évêque de Noyon le rôle le plus immonde.
Suit un dithyrambe du roi Dagobert et
de saint Eloi, et comme conclusion:
Le rôle de la Révolution est de détruire et de
salir. La première République anéantit les chefs-
d'œuvre d'orfèvrerie créés par saint Eloi.
N'ayant plus rien à saccager, la troisième Répu-
blique cherche à polluer cette grande mémoire.
Il y a trente-cinq ans, Fustel de Coulanges signa-
lait déjà cette mentalité spéciale du jacobin fran-
çais, qui se plaît non seulermnt à diminuer, mais
à polluer tout ce qui nous Zait honneur.
Ah! politique! que de bêtises on dit en
ton nom!
o
n fait ce qu'on peut.
Les sociétaires de notre Comédie-
française — et les pensionnaires aussi —
aiment bien la province. Ils aiment aussi
l'étranger. Pour tout dire, ce sont gens qui
ont le goût des voyages; on le sait assez et
ils en ont donné maintes preuves.
Aussi fûmes-nous un instant perplexes
en lisant sur les murs de Nantes une belle
affiche qui annonçait, en lettres immenses-
GRANDVAL EST DAis NOS MURS
LE SOSIE DE DRANEM
Hélas! ce n'était pas le spirituel artiste
de la rue Richelieu que désignait ce titre
flatteur, et comme nous le consultions là-
dessus :
— Non, ce n'était pas moi, dit-il; moi
je n'imite que Mistinguett.
L
e fait est touchant.
Il y a quelques jours, M. le sénateur
Cauvm perdait un cousin, M. rrat, dont
les obsèques eurent lieu hier, à Serqueux,
près de Rouen.
Et M. le sénateur Cauvin dépêcha aus-
sitôt son secrétaire auprès du baryton Du-
franne pour lui demander-de vouloir bien
chanter à ces obsèques.
- Mon cousin, fit-il dire à l'excellent
artiste, était un de vos plus grands admira
teurs, et sa famille a pensé que vous prier
de chanter à son enterrement était le meil
leur hommage qu'on pût rendre à sa mé
moire.
Voilà pourquoi les habitants de Serqueux
entendirent hier un Miserere et le Crucifix,
de Faure, chantés par Dufranne.
L
'ennui de Wright, lorsqu'il vire à
quinze - mètres de hauteur, le con
naissez-vous?? C'est tout simplement, ar
coucher du soleil, lorsque vous êtes assu-
à la terrasse d'un café, de ne pouvoir sa
vourer là-haut un quinquina Dubonnet. Pa
tience. cet Américain pense à tout et i:
aime tant l'exquise liqueur ! ! !
P
H7V -
)ur des raisons de technique très éle
vées, un chauffeur peut préférer une
Zedel à une Renault, et un autre, cette der
nière à une Fiat. Il est notoire cependan
que ces trois marques sont au maximum de
la courbe du progrès et que Lamberjacl
est le plus avisé des hommes d'avoir prévi
leur succès en s'occupant exclusivement de
leur vente.
Le Masque de Verre.
0 A L'OPÉRA 0
AVant la Première
du "Crépuscule des Dieux"
— C'est demain le grand jour. Que dit-on à
'Opéra, mon cher monsieur, ai-je demandé
ier à un personnage bien placé pour savoir —
ar sa situation de vieil abonné — ce qui se
asse à l'Académie Nationale de musique.
- Mais on est très content, m'est-il répondu.
)'abord, v aucune réclamation du public n'est
arvenue. il est arrivé à l'heure et ne s'est pas
laint le moins du monde de la longueur du
pectacle. C'est un point important qui nous
lit bien augurer de la première.
LE PALAIS DE CUNTHER {Cliché Boyer et Bert)
— Il y a-t-il pour demain quelque chose de
hangé ? •
— Oui, Mlle Paquot d'Assy a été remplacée
)ar Mlle Lapevrette.
- Et Van - Dyck, est-il remis de son con-
act avec le cheval que l'on nomme Grane?
- Mais oui. J'ai vu Van Dyck hier, il al-
ait parfaitement bien.
Grane, le soir de la répétition générale, lui
Ivait légèrement écrasé un orteil, mais le su-
Jerbe Siegfried qu'est Van Dyck se conduisit
lors en héros, comme dans la pièce, et brava
dédaigneusement la douleur. On l'avait pour-
ant fait répéter, ce Grane! C'est un pension-
aire commode, pas rétif pour un sou et qui,
ier soir encore, paraissait très sagement dan*
Loheiigrin, avec ses sabots de caoutchouc.
- Est-on content de la location?
— C'est-à-dire, me répond mon informateur
qu'elle tient du délire. L'Opéra présente au
jourd'hui l'aspect d'une place d'Armes où de
troupes acharnées monteraient à l'assaut. Cha
cun arrive avec de l'argent au bout des doigta
pour louer, mais, hélas, il ne reste plus riei
ou presque ! Et ce sont alors des récriminations
sans nombre qui émeuvent infiniment le cœui
de l'aimable M. Maillard. Au buffet, toutes le:
tables sont retenues. Ah ! il y aura, demair
soir, une belle soirée, n'en doutez pas ! On s'y
prépare avec ardeur.
M. Broussan s'est particulièrement occupé de
la mise en scène et des décors du Crépuscull.
des Dieux. La mise en scène, il la connaissait,
d'ailleurs, car il avait monté à Lyon la Tétralo-
gie, d'après ses observations et études person-
nelles à Munich et à Bayreuth. Il a, du reste,
amélioré cette, présentation du chef-d'œuvre de
Wagner aux Parisiens, par des procédés aussi
nouveaux qu'ingénieux, tel que celui de l'ap-
parition des dieux dans le Walhall, au dernier
tableau. Enfin, vous verrez, c'est d'un effet cer-
tain et les wagnériens, qui sont légion, auront
tout lieu d'être satisfaits.
E. ROUZIER-DORCIERES. (
A L'OPÉRA-COMIQUE
"L OUI f~ tr~ Opéra C unique en quatre actes,
de M. GustaVe-Charpentiè.
« Puccini résiste, victorieusement, aux
sarcasmes des critiques fielleux et fait de
son talent la plus convaincante démonstra-
tion: par le succès ». Ainsi ânonne un sty-
liste niçois, M. Jacques Sauvaize, qui me-
sure son estime aux compositeurs selon les
recettes qu'ils réalisent et, compétent, eût
méprisé à fond le malchanceux Bizet.
L'ATELIER (Cliché Boyer et Bert)
Pourtant, comme il n'est pas impossible
de rencontrer, par hasard, la vérité au cours
des divagations les plus absurdes, l'appliea
tion de ce critérium doit fatalement îT.ener
notre confrère alpin-maritime à estimer
Louise plus encore que la Tosca, dont le
très vif succès ne peut prétendre à contre-
balancer la fortune prodigieuse du « roman
musical » de Charpentier. Et, ici, nous nous
trouverons, ce Sauvaize et moi, oemplète-
ment d'accord.
Quelques réserves que j'aie pu formu-
ler, naguère, sur son œuvre inégale et pre-
nante, chère à Julien Torchet comme à
Vincent d'Indy, l'auteur de Louise témoi-
gne d'une maîtrise inconnue des véristes
italiens : les finesses, la roublardise par-
fois, de son orchestre, suffiraient à le clas-
ser très au-dessus du Puccini et, a fortiori,
du Leoncavallo, bellâtre dont les fadeurs
sentimentales alternent avec des brutalités
sans art.
Le principal reproche qu'on puisse adres-
ser à Louise, c'est, je pense, le disparate
LE DIaCOR ouf DEUXIÈME TABLEAU (Cliché-Boyer et Bert)
(û après le dessin original de M. Lucien Jusseaume)
et, presque, l'incohérence permanente
j'un livret qui hésite entre le symbolisme
;t le réalisme, où, tour à tour, des prolé-
aires et des cousettes s'expriment en argot,
uig se laissent aller à formuler des idées
;énérales, imprévues, avec un lyrisme dé-
:oncertant. La musique, elle aussi, erre,
ncertaine, d'un style à l'autre; mais je me
lais à dire qu'elle n'est jamais indiffé-
ente: ce soir, comme lors de la première
2 février 1900), j'ai ressenti tour à tour -
iresque simultanément, parfois — de l'en-
thousiasme, de l'agacement, mais jamais
j'ennui.
Et, comme il y a huit ans, aussi, il m'a paru
lu'on appréciait surtout l'ingénieuse scène
nimée, au premier acte (le Père et Louise
;'embrassant loin des regards de la Mère
grognon) qui se déroule sur le thème à ,
douze-huit du Bonheur familial; la Ber-
ceuse, relevée de pizzicati irrésistibles;
« L'enfant dormira bientôt » ; les « cris-
de Paris » ; le couronnement de la Muse, et
la Butte envahie par l'allégresse encarna-
valée des belles filles porteuses de lumière,
cependant que culmine, étincelant, une ma-
nière d'imperator pour atelier Julian, une
sorte d'Héliogobale des Quat'-z-arts; c'est
aussi l'air, devenu célèbre, justement, où
Louise chante le jour « où elle s'est don* ;
née », sur les mêmes notes que Jeannette,
les amoureux « empressés à lui plaire »«
Mais j'avoue mes préférences pour lei
chœur de9 couturières, adorable.
A Mlle Lamare, qui prenait possession
du rôle de Louise, je n'adresserai que le
reproche de manquer un peu de person-
nalité; il est vrai qu'elle a élu pour modèle
la plus séduisante de ses camarades, dCt
sorte que ma critique est une façon de corn*
pliment. Cette innocente réserve formulée;
j'ai plaisir à m'associer au succès obtent,
par Mlle Lamare. -
Mme Judith Lassalle s'est consciencieu-
sement enlaidie et vieillie de trente ansj
très juste de ton et d'attitude, soupçonneuse,
jalouse, c'est une mauvaise Mère: enten»,
dez qu'elle est excellente.
Le Noctambule, alias « Plaisir de Pa-
ris », c'est maintenant M. Francell:' je n'ai
que des compliments à lui adresser (heureux
sement pour moi !)
M. Léon Beyle, fort bon, tout de même,
ne me semble pas avoir, ce soir, sa voix
des meilleurs jours.
Félicitons, en bloc, car elles et fils sont
trop: Mmes Guionie, Berg. Rachel Launay
— impayable arpète! - Bakkers, Villette,
de Poumayrac, Julliot, MM. Vigneau, Kat-
chenovsky, Payan, Belhomme, et M. Ruhl-
mann qui dirige l'orchestre, au mieux.
Et, surtout, applaudissons, avec tout le
*
public, à la rentrée de Lucien Fugère, s.
paternel, si brave homme, si prand artiste,
HENRY GAUTHIER-VILLARS.
LES PETITES PREMIÈRES
AUX QUAT'aZ-ARTS
Les Quat- 'z' Arts! C'est toute la chanson, toute
ia verve, toute l'ironie qui gitent encore sur la
.3utte! La nouvelle direction des Quat'-z'Arts
ouvrait, avant-hier, son cabaret célèbre. Mar-
ial Boyer, le directeur — une façon de cumulard
leureux, qui tient dans sa main et le Carillon et
es Noctambules, el l'établissement du boulevard
!e Clichy — m'avait invité à cette solennité.
3u<^le çollue, messeigneurs, quel monde ! A pei-
ie ai-je pu. sur un bi-de-bout-de-banc, trouver à
:aser mon encombrante personne.
Pressé, serré, l'âme en émoi et le postérieur
in accordéon, je commence à peine à reprendre
laleine, quand voici Léon de Bercy (le Mollard
ie la maison) qui annonce Marcel Legay — le
toujours jeune Legay dont les enthousiasmes gon-
flent les cheveux, ses cheveux de doyen des
chansonniers. L'humoriste Jacques Ferny lui suc-
cède. On connaît sa verve mordante. Vincent
Hyspa, qui lui succède, donne aux spectateurs
de cette première la mesure de sa causticité.
Froid comme un alexandrin, mais terrible d'iro-
nie Hyspa roule dans sa barbe ses syllabes nar-
bonnaises.
De Bercy, dont on connaît la facilité de chro-
niqueur-poète, nous débite son « pèle-mêle quin-
zaine » très réussi. Emile Ronn, en des vers li-
bres, avec le genre spécial qui lui est particulier,
mêle, à son habitude, la satire et le lyrisme.
iaàk Cadyèm, que je voie pour la premier» fois
sur l'étroite scène de la Chanson, est un diseur
expérimenté.
Mais l'étroit rideau se baisse. Voici une
pièce d'ombres. Elle est d'Hyspa, c'esf-àK'ire
qu'elle est humoristique. Elle s'appelle Sa Grace,
et c'est l'auteur qui la bonimente.
Sa Grâce, c'est M. Fallières qu'on blague, lé-
gèrement et avec des traits de bonne compagnie.
Le (c Frère, il faut maigrir » est heureux, er le
compositeur Frankel soutient, d'une façon adroite
et discrète, tout ce texte amusant.
Pour finir, la revue des Quat '-z 'Arts. Elle
sintitule Povre Nègre et est signée du même
Hyspa, assisté d Emile Ronn. Sans l'impedimen-
ta des décors et des falbalas,. elle se présente a
nous avec son dialogue à la Ruggieri, pétaradant,
et ses trouvailles. J'aime bien Albert Chazy, dont
les moustaches sont en représentation, mais
j'adore Mlle Blanche de Valfort, la brune et sé-
millante commère. Elle a du chien, de la voix et
de la planche, et si ça ne vous suffit pas je ne
sais vraiment pas ce qu'il vous faut! A travers
les scènes les plus imprévues et les cocasseries
les plus drôles des auteurs, elle va, flanquée de
Col et de Cadyères, elle va, le rire aux dents,
vers le succès.
Et sous le plafond bas de la salle célèbre, les
applaudissements éclatent et les Quat'-z'Arts re-
trouvent leur gloire d'antan.
R. D.
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