Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-10-18
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 octobre 1908 18 octobre 1908
Description : 1908/10/18 (A2,N384). 1908/10/18 (A2,N384).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646037v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2e Année, == N° 384 (Quotidien) Ze Numéro : ^centimes
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1-J ./fJ
^^IDimanche 18 Octobre 1908.
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7q%
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKl
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
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ABONNEMENTS
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 D 20 »
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UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Etranger 40 » 20 ».
La dernière illusion
DE LA
marquise douairière
Gisèle de Verneuil aime bien sa
grand'mère.
C'est une petite personne de quatorze
ans à peine — Gisèle, pas la grand'mère,
bien entendu — svelte, futée, avec une
mousse d'or qui tombe sur ses épaules
et des grands yeux de porcelaine claire
dans un visage au. teint velouté de rose.
Elle est espiègle et avisée.
Gisèle fait grand cas de la finesse de
ses poignets et de ses chevilles, car elle
n'ignore point que la délicatesse des at-
taches est l'apanage des gens distin-
1:)'-1"-
Mme la marquise douairière de Ver-
neuil élève sa petite-fille dans les idées
des gens de bon ton :
— Gisèle, dit-elle souvent en lui mon-
trant la série des tableaux alignés dans
te galerie du vieil hôtel de la rue Saint-
Dominique; Gisèle, ceci est le portrait
de votre arrière-grand'mère, qui avait
- de par sa naissance — droit à un ta-
bouret aux cours de France, d'Angle-
terre et d'Espagne; cette autre peinture
représente le trisaïeul de votre tante la
comtesse de Bauche. Il devait à ses
hautes origines l'insigne honneur de res-
ter couvert devant le Roy.
Gisèle ouvre une bouche toute grande
et des yeux tout ronds en entendant ces
propos. Elle retient surtout, de la con-
templation à laquelle on se livre, le dé-
tail des plumes magnifiques qui ornent
le chapeau du trisaïeul de sa tante, ou
le dessin des dentelles qui se replient en
larges manchettes sur les manches de
l'arrière-grand'mère.
La marquise de Verneuil, douairière,
alors continue:
— Vous devez maintenant compren-
dre, Gisèle, que vos fréquentations doi-
vent être choisies, et qu'il importe, pour
la mémoire de vos aïeux, comme pour
le respect de votre famille, d'éviter d'a-
voir des relations avec des jeunes filles
qui ne sont point de votre monde.
Ainsi, cette petite Béchu, que vous
onnûtes au couvent.
Dès qu'il est question de la petite Bé-
Chu, Gisèle n'écoute plus. Elle connaît
la remonéfaorC«-t ajoura la m~m~~ ~ail~
leurs, qu'il s'agisse de la petite Béchu
ou de quelque autre amie aux origines
roturières.
Gisèle ne doit avoir d'intimité qu'avec
des personnes de son âge, titrées ou ap-
partenant de façon notoire à l'aristocra-
tie des anciens régimes.
A la vérité, Gisèle veut bien, mais à
la condition que ces personnes soient
agréables, de caractère gai et disposées
à jouer, tout au moins à rire.
Et Gisèle fait, assurément, plus de cas
de la petite Béchu, qui siffle comme un
garçon, imite Mme Amel dans ses mo-
nologues, que de Raymonde de Valper-
tuis, par exemple, qui est tellement bien
élevée qu'elle n'a jamais pleuré, ni cou-
ru de sa vie.
Gisèle, au cours de dessin comme au
jardin des Tuileries, a le défaut de se
lier avec les fillettes de son âge sur la
seule recommandation de leurs bonnes
physionomies. Ces graves manquements
indignent Mme la marquise douairière.
D'où ces reproches continuels.
Une jeune fille accomplie doit enten-
dre aisément quelque langue étrangère,
de préférence l'anglais.
Gisèle et sa grand'mère partent pour
Bornemouth, qui est une plage élégante,
réputée, distinguée. Les grandes familles
d'Ecosse y viennent et lord Douglas y
possède trois villas. Leurs Majestés y
passèrent, voilà trois ans, une quinzaine
de jours.
Grand'mère a toutes les peines du
monde à faire comprendre ce qu'elle dé-
sire; heureusement, l'hôtel possède un
interprète qui sait le français.
Gisèle demande:
— Puisque toutes les personnes ac-
complies savent une langue étrangère,
de préférence l'anglais, comment se fait-
il, grand'mère, que vous ne le sachiez
pas?
—, Je le sais, assure la marquise douai-
rière, mais je l'ai oublié. D'ailleurs, de
mon temps, c'était l'italien. à cause du
chant.
Au bout d'une heure de séjour à Bor-
nemouth, Gisèle s'ennuie furieusement.
Elle propose à grand'mère d'aller faire
un tour sur la plage.
Grand'mère sait qu'en Angleterre, les
jeunes filles vont se promener sans cha-
Peron. Il faut donner à Gisèle une édu-
cation complète. Gisèle est lâchée.
Gisèle revient pour le thé. Elle n'est
Pas seule : elle s'est découvert une
amie.
C'est une amie qui fait la conquête de
la marquise douairière, car elle est
d'une distinction extrême: élégante, à
son aise, jolie. Elle baragouine trois ou
quatre mots de français le plus délicieu-
sement du monde. Elle s'appelle Wini-
fred, comme dans les romans de Walter
Scott. On prend le thé ensemble. On
le prendra tous les jours.
Lorsque Winifred est partie, la mar-
quise douairière exige de Gisèle une en-
quête précise sur la position sociale de
sa nouvelle amie.
—- Elle m'a l'air très comme il faut,
convient la marquise ; mais encore, faut-
il être renseigné.
Gisèle revient le lendemain avec une
e ndante moisson de renseignements.
Winifred lui a expliqué un tas de cho-
ses en anglais, qu'elle n'a pas toutes
comprises, mais Winifred a prononcé
des noms de personnages connus tels
que Duke of York, Empire, King Ed-
ward, qu'elle a l'air de connaître assez
intimement.
Mme la marquise est satisfaite, d'au-
tant mieux que son flair, qui ne la
trompe guère, lur a dit que Winifred
était sûrement d'une haute extraction.
Les jeunes filles ne se quittent plus.
Winifred a fait connaître à Gisèle
cinq autres petites personnes dans son
genre, qui lui ressemblent au physique
et sont aussi joyeuses qu'elles.
Un jour, tout ce monde papillonnant
viendra prendre le thé chez la grand'
mère de Gisèle, « qui est si aimable»
et. il y aura une surprise.
Ce jour est arrivé ; la surprise aussi.
La surprise, c'est une danse qu'exé-
cutent les six demoiselles anglaises avec
une grâce et un charme original si par-
faits, que Mme la marquise douairière
veut à toute force que Gisèle apprenne
à danser comme cela.
Gisèle apprend avec beaucoup d'ar-
deur. C'est amusant comme tout. Il s'a-
git de faire exactement les mêmes gestes
et les mêmes mouvements que ses voi-
sines, s'incliner à droite quand elles s'in-
clinent à droite, tourner la tête quand
elles tournent la tête, etc., etc. isèle sait
Au bout de quinze jours, Gisèle sait
la danse et un peu d'anglais, mais elle
pleure, car l'heure de la séparation est
venue.
Mais au dernier thé, chez Mme la mar-
quise douairière, Winifred, suivie de ses
cinq amies, arrive triomphalement
joyeuse. Elle apporte une excellente
nouvelle.
Les six petites Anglaises vont partir
dans huit jours pour Paris. On se re-
verra on dansera encore ensemble.
— Pour Paris ! demande la douairière,
avec vos parents?
Les petites Anglaises se mettent à rire.
— No! With the manager.
Et comme la grand'mère de Gisèle ne
comprend pas, Winifred va chercher un
grand papier qu'elle déroule devant les
yeux stupéfaits de la digne marquise.
Ce papier est une affiche coloriée qui
représente Winifred et ses compagnes.
11 y a écdt a~t-d~su~'
LES CÉLÈBRES COCKTAILS
Et au-dessous:
Prochainement,
Débuts au Moulin-Rouge
Mme la marquise douairière de Ver-
neuil s'évanouit.
Pierre SOUVESTRE.
Nous publierons demain un article de
GUSTAVE GUICHES
Échos
L
a Furie ne sera pas déchaînée cette
année.
Un sociétaire de la Comédie-rrançalse
nous a donné, hier, la meilleure des raisons
pour lesquelles on ne jouera pas- La Furie
cette année.
- On a tellement annoncé que les cos-
tumes et les décors seraient somptueux,
que le devis qui nous a été présenté l'au-
tre jour se monte à quatre-vingt mille
francs. Croyez-vous que, de gaieté de cœur,
nous allons diminuer d'autant nos parts
déjà maigres. Songez que cela représente-
rait cinq à six mille francs de moins par
part entière!. Alors, vous comprenez.
Et le sociétaire s'en alla, comptant et ré-
capitulant sur ses doigts de tragédien ce
que coûterait cette Furie en vers.
B
énéfice.
Tout le monde connaît, a chanté ou
fredonné ces rameux retrains populaires»:
La Digue diguedon, C'est ta poire, r vends
du buis l' jour des Rameaux, Toto Carabo,
Connaissez-vous la rosière? Quand on a
travaillé, Le Chauffeur d'automobile, etc.
Leur auteur, seul ou en collaboration, c'est
Gernv, un modeste, dont la gloire s'effaça
trop souvent devant celle de plus illustres
(comme Jules Jouy, qui signa avec lui un
nombre considérable de chansons) et qui,
de son effacement, tira, hélas! encore
moins de profit que de notoriété.
Aujourd'hui, Gerny est vieux ? il vient
d'être gravement malade, et il n'est pas
riche. loin de là!
Un groupe d'amis dévoués a décidé d'or-
ganiser une représentation à son bénéfice.
Cette représentation, à laquelle Coquelin a
bien voulu s'intéresser, aura lieu, le 10 no-
vembre prochain, au théâtre de la Porte-
Saint-Martin, obligeamment mis à la dispo-
sition des organisateurs par MM. Hertz et
Jean Coauelin. Déjà, les concours promis
sont nombreux, et tout permet d'espérer
un spectacle des plus brillants. C est Fursy
que les membres du comité ont chargé
d'organiser le programme; et l'on sait, de-
puis le gala Paulus, comment le célèbre
chansonnier s'acquitte de semblables mis-
sions.
On peut donc affirmer, avec quelque
certitude, que cette matinée sera l'une des
plus belles de la saison, sinon la plus belle,
et l'on peut, dès à présent, s'assurer des
places, soit en écrivant au théâtre de la
Porte-Saint-Martin, soit en s'adressant a la
Boîte à Fursy.
Sitôt établis, les coupons de ces places
seront délivrés dans l'ordre d inscription
des demandes.
L
es impatients.
Hier. Dix heures et demie du ma-
tin. Devant le théâtre Réjane. D une auto
hors de prix, aveuglante de tous ses pha-
res et de tous ses cuivres, un couple d'un
chic suprême — plus que suprême — des-
cend et se dirige vers le bureau de loca-
tion.
— Le bureau n'ouvre qu'à onze heures,
fait observer respectueusement la con-
cierge.
Monsieur et madame se consultent du
regard, puis monsieur murmure:
— C'est bien, nous attendrons.
Onze heures. La buraliste arrive, range
méthodiquement et sans hâte ses petites af-
faires ; ouvre avec une sage lenteur les trois
armoires aux billets, s'installe.
Monsieur et madame s'approchent alors
et demandent des places pour le soir même.
Et comme la buraliste leur répond qu'elle
n'a plus que deux mauvais strapontins, ces
gens très chics, dont l'auto de quarante
mille francs trépide à la porte, s'interro-
gent de nouveau des yeux et. louent les
deux mauvais strapontins.
Ce que c'est que l'envie d'aller entendre
Israël!
H
ier et aujourd'hui
C'était, voici longtemps déjà, à un
dîner de littérateurs. Un de nos amis, qui
était le voisin de table de M. Jules Cla-
retie, lui demanda s'il était disposé à re-
cevoir La Furie que M. Jules Bois venait
de lui présenter.
— Noa, répondit textuellement M. Jules
,Claretie, je n'accepterai JAMAIS La Furie
de M. Jules Bois, car je tiens à jouer, trai-
tant le même sujet, l'Héraklès Furieux, de
M. Mario de la Tour!
Deux mois après, on annonçait la récep-
tion de La Furie.
HEUREUX PERE !.
M. Franc-Nohaln
directeur des Matinées pour la jeunesse, au théâtre
Femina, entre ses deux fils, Claude et Jean.
La
gloire.
Il est, paraît-il, à Berlin — nous le
tenons d'un Berlinois — un théâtre qfui,
dans sa saison, a joué: Le Détour, Le Ber-
cail, La Rafale, La Griffe, Le Voleur et
Samson,
Six pièces du même auteur en dix mois!
Aussi, le Tout-Berlin a-t-il surnommé cette
hospitalière scène : Le Bernstein-Theater.
Six pièces dont les titres ont six lettres
chacun, voilà de quoi faire rêver les su-
perstitieux.
Q
uelques lapsus à l'Opéra-Comique:
Dans Lakmé :
Miss Ellen. — Ne plaisantez pas, j'ai été
très inquiète et je me reprochais d'avoir
léché Gérald dans le jardin de ce brah-
mane.
Dans Carmen :
Escamillo. — Carmen, dis-moi ton nom.
Moralès. — Une jolie fille gentiment ha-
billée, une jupe blonde, des nattes bleues
tombant sur les épaules.
Don José. — Elle ne disait rien, mon
lieutenant; elle serrait les yeux et roulait
des dents comme un caméléon.
Le même. — Tu croques les enfants
comme un bonbon de six ans
D
îfense de fumer!
Le préfet de police ayant appris que
les articles 32 et 56 de 1 ordonnance de
1908 sur les théâtres n'étaient pas obser-'
vés en ce qui concerne la défense de fu-
mer, a adressé une circulaire aux commis-
saires de police leur enjoignant de faire, à
l'improviste, des visites dans les endroits
interdits aux fumeurs (cage de scène et dé-
pendances. loges d'artiste, foyer, magasin,
ateliers et dégagements, de dresser des
procès-verbaux et de déférer les délinquants
aux tribunaux compétents.
A l'improviste est d'une ironie savou-
reuse, maintenant que Comœdia, qui sait
tout, a tout dit des intentions de notre ex-
cellent préfet.
A
la maison de retraite des vieux comé-
diens.
Au mois d'août dernier, Bouyer, le brave
directeur de la maison de retraite, mourut.
Il fut remplacé provisoirement par M. Ho-
lacher, l'ancien directeur de l'Ambigu. Ho-
lacher fut si aimable, si prévenant, si bon
administrateur, que Coquelin et tout le con-
seil d'administration supplièrent Holacher
de vouloir bien conserver définitivement le
poste de directeur de la Maison des vieux
comédiens à Pont-aux-Dames.
Bravo, Holacher!
p
ar l'emploi de gommes de tout premier
choix, par une fabrication bien rvth-
mee et constante, le pneumatique « Le
Gaulois », des usines Bergougnan, est tou-
jours le plus en faveur chez les chauffeurs
ayant l'expérience de la route.
D
e quoi est faite la réputation d'un
homme? et pourquoi, par exemple,
dans L'Emigré, à la Renaissance, lorsque
le fils de Guitry, sous les espèces d'un
chauffeur tout à fait modern-style, lorsque
veut prononcer le. nom d'un homme qui
synthétise l'automobile, pourquoi prononce-
t-il le nom de Lamberjack, et pourquoi ce
nom est-il accueilli sympathiquement par le
public? C'est uniquement parce que Lam-
berjack a su, dans tous les milieux de la
société, se créer des relations de premier
ordre et une clientèle fidèle.
C'est aussi parce qu'il s'est assuré avec
fierté, avec Renault et Zedel, une repré-
sentation des meilleures marques du
monde.
Le Masque de Verre.
Faites Vos jeux!
Rien ne Va plus.
M. Claretie s'en ira
s'il lui plaît
Et ce sera, peut-être,
le 1er novembre
t {Henri Manuel, pbot.1 #
— Que feriez-vous à ma place ? demande M. Jules Claretie
Comédies françaises
Si M. Claretie cherche à démissionner
parce qu'il préfère s'en aller à son heure et
critiquer les autres dans un grand journal
plutôt que de continuer à être critiqué par
eux, rien de mieux.
Si, par contre, il se voit forcé de donner
sa démission d'administrateur du Français
en raison des incidents créés par La Furie,
il faut avouer que la chose devient complè-
tement inadmissible. J'ajoute enfin que si
cette menace de démission n'est qu'une
simple mesure nécessaire pour raffermir
auprès de tous une autorité hésitante et
troublée, la situation devient plus inadmis-
sible encore.
Je n'entends point discuter ici en aucune
façon la question de 'savoir si M. Claretie,
oui ou non, est à sa place au Théâtre-Fran-
çais; tout a été dit, semble-t-il, à ce sujet,
et nous aurions mauvaise grâce d'y revenir.
Ce qui paraît devoir nous intéressez, gar
vantage en ce moment, c'est la situation qui
¡est. faite a l'administrateur du Français, en
dehors de toute personnalité.
On a reproché de tout temps à M. Cla-
retie d'agir en diplomate et de transformer
la Maison de Molière en une succursale du
ministère des Affaires étrangères; mais on
ne voit pas bien, dans l'état actuel des cho-
ses, ce que ferait un autre à sa place.
Forcé de prendre des décisions dont il
est ,seul responsable et qui peuvent l'ex-
poser aux pires désagréments, l'administra-
leur du Français n'a pas corrélativement
les pouvoirs nécessaires pour procéder à
leur exécution.
Que penserait-on, je vous le demande,
d'un directeur de théâtre des boulevards,
qui, après avoir accepté une pièce sous sa
Un geste de M. Claretie suffirait à faire tourner la roulette thêitrat.
seule responsabilité, verrait ses comédiens
lui interdire de la jouer ou lui détendre
d'en taire exécuter les décors et les costu-
mes; Que dirait-on également d'un direc-
teur qui serait forcé de s'entendre avec ses
commanditaires pour se taire interdire de
feuer une pièce qu'il aurait reçue ? Que
penserait-on, enfin, d'un. théâtre où toutes
les questions artistiques scrutent réglées
par autorité de justice et où le directeur, à
la suite d'un procès perdu, se trouverait
tellement désarmé qu'il devrait accepter
sans protester toutes les pièces qu'on vou-
drait bien lui imposer?
De pareilles compromissions seraient peu
dignes d'une petite entreprise commer-
ciale; elles sont' tout simplement ridicules
lorsqu'elles s'appliquent" à notre principale
scène subventionnée. A défaut d'autre
louange, il faut savoir gré infiniment à
M. Claretie d'avoir, grâce à son tempéra-
ment personnel, poussé la situation jus-
qu'aux limites de l'absurde; c'était, cn som-
me, la meilleure façon d'en obtenir pro-
chainement la réforme énergique et com-
plète.
Aujourd'hui comme hier, dans un sens
ou dans l'autre, c'est au ministre qu'il ap-
partient d'agir. Il faut que M. Claretie, trop
faible, s'en aille, ou qu'il reste très fort.
Et le temps n'est plus à la conciliation gui
énerve les bonnes vel&rrtés et ~inine tes
énergies. - -
G. DE PAWLOWSKÎ..
M. Claretie
expose nettement
ses hésitations
Il est deux heures et demie. Le calme règne
à la Comédie-Française. M. l'administrateur
vient d'arriver; mais comme il est entré par
le bureau de location, on l'ignore de l'autre
côté : le concierge s'est assoupi dans sa loge,
et, sur le palier du premier étage, les huissiers
confortablement installés, digèrent avec séré-
nité.
Je m'excuse de troubler leur quiétude; mais
j'ai le plus vif désir de voir M. Claretie.,
On essaie tout de suite de me dissuader par
toutes sortes de bonnes raisons dont j'apprécie
la valeur; mais j'ai mon idée, j'insiste, et je
ne tarde pas à triompher de toutes les résis-
tances.
M. Claretie me reçoit dans son cabinet direc-
torial, et tort aimablement, s'informe du but de
ma visite.
Je ne viens pointa comme tant de célébrités
naissantes ou consacrées qui prirent place sois
le même canapé, prier l'administrateur de lsj
Comédie-Française d'écouter la lecture de mois
dernier chef-d'œuvre. 1
Je n'ai point de manuscrit sous le bras, et)
n'ai d'ailleurs commis aucun chef-d'œuvre.
Il s'agit de La Furie et de l'incident que nomi
avons relaté hier dans nos colonnes. i
La pièce de M. Jules Bois va-t-elle ou nom
être jouée? A qui incombe la responsabilité dea
nouvelles difficultés qui viennent de surgir auj
Théâtre-Français? j
M. Claretie est-il vraiment démissionnaire?
L'histoire de '*La Furie"
M. Claretie, sans se faire prier, me me! au\
courant de toute l'histoire de La Furie, en la)
reprenant depuis le début. :
La pièce a été reçue en 190s, mais elle a
été reçue sine die, le doute sur ce point n'est
pas possible; la copie' des lettres 'adreSSée S
l'auteur est là pour en témoigner. I
Dès cette époque, M. Claretie attira ratte'
tion de M. Jules Bois sur le fait qu'il avait det
nombreux engagements antérieurs, et en par- , ,
JipuUer, qu'on lui avait remis, bien avant Lo
Wurïe, une' pièce S*aw titre • analogue, fféracfè*
furieux, à laquelle l'auteur n'avait pas renonce
De 1905 à 1907, plusieurs lettres furent!
échangées, confirmant toujours les jfremièïies
déclarations. •
M. Claretie assurait le jeune poèté oe s#
sympathie et de son désir de lui être agréable;!
mais il fallait patienter et attendre son tour. 1
En 1907, un communiqué officiel de la Co-
médie-Française annonçait là mise à l'étude dii*
Bon roi Dagobert, la pièce d'André Rivolre.
M. Jules Bois, après un mois de réflexion,
écrivit à M. Claretie, pour se plaindre de s*
disgrâce et revendiquer la priorité.
— Jusque-là, dis-je à M. Claretie, aucun64
date ne lui avait été vraiment promise?
— Aucune; au surplus, il avait été Questioal
entre M. Rivoire et moi du Bon roi Dagobert,
bien avant que je connusse La Furie. Je ne pus
donc que répéter à M. Bois ce que je lui av*
déià dit maintes fois.
Il parut se résigner S passer 1 son foorl
mais j'ai compris depuis qu'il n'attendait qu'une
occasion propice pour renouveler ses exîgeneeç.
M. Jules Dois choisit son heure
- Cette occasion, continuueM." Claretie, ili
crut l'avoir trouvée, au moment de l'affaire dtf
Foyer. r
Le jour adwe du procès, Je reçue une lettre,
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La dernière illusion
DE LA
marquise douairière
Gisèle de Verneuil aime bien sa
grand'mère.
C'est une petite personne de quatorze
ans à peine — Gisèle, pas la grand'mère,
bien entendu — svelte, futée, avec une
mousse d'or qui tombe sur ses épaules
et des grands yeux de porcelaine claire
dans un visage au. teint velouté de rose.
Elle est espiègle et avisée.
Gisèle fait grand cas de la finesse de
ses poignets et de ses chevilles, car elle
n'ignore point que la délicatesse des at-
taches est l'apanage des gens distin-
1:)'-1"-
Mme la marquise douairière de Ver-
neuil élève sa petite-fille dans les idées
des gens de bon ton :
— Gisèle, dit-elle souvent en lui mon-
trant la série des tableaux alignés dans
te galerie du vieil hôtel de la rue Saint-
Dominique; Gisèle, ceci est le portrait
de votre arrière-grand'mère, qui avait
- de par sa naissance — droit à un ta-
bouret aux cours de France, d'Angle-
terre et d'Espagne; cette autre peinture
représente le trisaïeul de votre tante la
comtesse de Bauche. Il devait à ses
hautes origines l'insigne honneur de res-
ter couvert devant le Roy.
Gisèle ouvre une bouche toute grande
et des yeux tout ronds en entendant ces
propos. Elle retient surtout, de la con-
templation à laquelle on se livre, le dé-
tail des plumes magnifiques qui ornent
le chapeau du trisaïeul de sa tante, ou
le dessin des dentelles qui se replient en
larges manchettes sur les manches de
l'arrière-grand'mère.
La marquise de Verneuil, douairière,
alors continue:
— Vous devez maintenant compren-
dre, Gisèle, que vos fréquentations doi-
vent être choisies, et qu'il importe, pour
la mémoire de vos aïeux, comme pour
le respect de votre famille, d'éviter d'a-
voir des relations avec des jeunes filles
qui ne sont point de votre monde.
Ainsi, cette petite Béchu, que vous
onnûtes au couvent.
Dès qu'il est question de la petite Bé-
Chu, Gisèle n'écoute plus. Elle connaît
la remonéfaorC«-t ajoura la m~m~~ ~ail~
leurs, qu'il s'agisse de la petite Béchu
ou de quelque autre amie aux origines
roturières.
Gisèle ne doit avoir d'intimité qu'avec
des personnes de son âge, titrées ou ap-
partenant de façon notoire à l'aristocra-
tie des anciens régimes.
A la vérité, Gisèle veut bien, mais à
la condition que ces personnes soient
agréables, de caractère gai et disposées
à jouer, tout au moins à rire.
Et Gisèle fait, assurément, plus de cas
de la petite Béchu, qui siffle comme un
garçon, imite Mme Amel dans ses mo-
nologues, que de Raymonde de Valper-
tuis, par exemple, qui est tellement bien
élevée qu'elle n'a jamais pleuré, ni cou-
ru de sa vie.
Gisèle, au cours de dessin comme au
jardin des Tuileries, a le défaut de se
lier avec les fillettes de son âge sur la
seule recommandation de leurs bonnes
physionomies. Ces graves manquements
indignent Mme la marquise douairière.
D'où ces reproches continuels.
Une jeune fille accomplie doit enten-
dre aisément quelque langue étrangère,
de préférence l'anglais.
Gisèle et sa grand'mère partent pour
Bornemouth, qui est une plage élégante,
réputée, distinguée. Les grandes familles
d'Ecosse y viennent et lord Douglas y
possède trois villas. Leurs Majestés y
passèrent, voilà trois ans, une quinzaine
de jours.
Grand'mère a toutes les peines du
monde à faire comprendre ce qu'elle dé-
sire; heureusement, l'hôtel possède un
interprète qui sait le français.
Gisèle demande:
— Puisque toutes les personnes ac-
complies savent une langue étrangère,
de préférence l'anglais, comment se fait-
il, grand'mère, que vous ne le sachiez
pas?
—, Je le sais, assure la marquise douai-
rière, mais je l'ai oublié. D'ailleurs, de
mon temps, c'était l'italien. à cause du
chant.
Au bout d'une heure de séjour à Bor-
nemouth, Gisèle s'ennuie furieusement.
Elle propose à grand'mère d'aller faire
un tour sur la plage.
Grand'mère sait qu'en Angleterre, les
jeunes filles vont se promener sans cha-
Peron. Il faut donner à Gisèle une édu-
cation complète. Gisèle est lâchée.
Gisèle revient pour le thé. Elle n'est
Pas seule : elle s'est découvert une
amie.
C'est une amie qui fait la conquête de
la marquise douairière, car elle est
d'une distinction extrême: élégante, à
son aise, jolie. Elle baragouine trois ou
quatre mots de français le plus délicieu-
sement du monde. Elle s'appelle Wini-
fred, comme dans les romans de Walter
Scott. On prend le thé ensemble. On
le prendra tous les jours.
Lorsque Winifred est partie, la mar-
quise douairière exige de Gisèle une en-
quête précise sur la position sociale de
sa nouvelle amie.
—- Elle m'a l'air très comme il faut,
convient la marquise ; mais encore, faut-
il être renseigné.
Gisèle revient le lendemain avec une
e ndante moisson de renseignements.
Winifred lui a expliqué un tas de cho-
ses en anglais, qu'elle n'a pas toutes
comprises, mais Winifred a prononcé
des noms de personnages connus tels
que Duke of York, Empire, King Ed-
ward, qu'elle a l'air de connaître assez
intimement.
Mme la marquise est satisfaite, d'au-
tant mieux que son flair, qui ne la
trompe guère, lur a dit que Winifred
était sûrement d'une haute extraction.
Les jeunes filles ne se quittent plus.
Winifred a fait connaître à Gisèle
cinq autres petites personnes dans son
genre, qui lui ressemblent au physique
et sont aussi joyeuses qu'elles.
Un jour, tout ce monde papillonnant
viendra prendre le thé chez la grand'
mère de Gisèle, « qui est si aimable»
et. il y aura une surprise.
Ce jour est arrivé ; la surprise aussi.
La surprise, c'est une danse qu'exé-
cutent les six demoiselles anglaises avec
une grâce et un charme original si par-
faits, que Mme la marquise douairière
veut à toute force que Gisèle apprenne
à danser comme cela.
Gisèle apprend avec beaucoup d'ar-
deur. C'est amusant comme tout. Il s'a-
git de faire exactement les mêmes gestes
et les mêmes mouvements que ses voi-
sines, s'incliner à droite quand elles s'in-
clinent à droite, tourner la tête quand
elles tournent la tête, etc., etc. isèle sait
Au bout de quinze jours, Gisèle sait
la danse et un peu d'anglais, mais elle
pleure, car l'heure de la séparation est
venue.
Mais au dernier thé, chez Mme la mar-
quise douairière, Winifred, suivie de ses
cinq amies, arrive triomphalement
joyeuse. Elle apporte une excellente
nouvelle.
Les six petites Anglaises vont partir
dans huit jours pour Paris. On se re-
verra on dansera encore ensemble.
— Pour Paris ! demande la douairière,
avec vos parents?
Les petites Anglaises se mettent à rire.
— No! With the manager.
Et comme la grand'mère de Gisèle ne
comprend pas, Winifred va chercher un
grand papier qu'elle déroule devant les
yeux stupéfaits de la digne marquise.
Ce papier est une affiche coloriée qui
représente Winifred et ses compagnes.
11 y a écdt a~t-d~su~'
LES CÉLÈBRES COCKTAILS
Et au-dessous:
Prochainement,
Débuts au Moulin-Rouge
Mme la marquise douairière de Ver-
neuil s'évanouit.
Pierre SOUVESTRE.
Nous publierons demain un article de
GUSTAVE GUICHES
Échos
L
a Furie ne sera pas déchaînée cette
année.
Un sociétaire de la Comédie-rrançalse
nous a donné, hier, la meilleure des raisons
pour lesquelles on ne jouera pas- La Furie
cette année.
- On a tellement annoncé que les cos-
tumes et les décors seraient somptueux,
que le devis qui nous a été présenté l'au-
tre jour se monte à quatre-vingt mille
francs. Croyez-vous que, de gaieté de cœur,
nous allons diminuer d'autant nos parts
déjà maigres. Songez que cela représente-
rait cinq à six mille francs de moins par
part entière!. Alors, vous comprenez.
Et le sociétaire s'en alla, comptant et ré-
capitulant sur ses doigts de tragédien ce
que coûterait cette Furie en vers.
B
énéfice.
Tout le monde connaît, a chanté ou
fredonné ces rameux retrains populaires»:
La Digue diguedon, C'est ta poire, r vends
du buis l' jour des Rameaux, Toto Carabo,
Connaissez-vous la rosière? Quand on a
travaillé, Le Chauffeur d'automobile, etc.
Leur auteur, seul ou en collaboration, c'est
Gernv, un modeste, dont la gloire s'effaça
trop souvent devant celle de plus illustres
(comme Jules Jouy, qui signa avec lui un
nombre considérable de chansons) et qui,
de son effacement, tira, hélas! encore
moins de profit que de notoriété.
Aujourd'hui, Gerny est vieux ? il vient
d'être gravement malade, et il n'est pas
riche. loin de là!
Un groupe d'amis dévoués a décidé d'or-
ganiser une représentation à son bénéfice.
Cette représentation, à laquelle Coquelin a
bien voulu s'intéresser, aura lieu, le 10 no-
vembre prochain, au théâtre de la Porte-
Saint-Martin, obligeamment mis à la dispo-
sition des organisateurs par MM. Hertz et
Jean Coauelin. Déjà, les concours promis
sont nombreux, et tout permet d'espérer
un spectacle des plus brillants. C est Fursy
que les membres du comité ont chargé
d'organiser le programme; et l'on sait, de-
puis le gala Paulus, comment le célèbre
chansonnier s'acquitte de semblables mis-
sions.
On peut donc affirmer, avec quelque
certitude, que cette matinée sera l'une des
plus belles de la saison, sinon la plus belle,
et l'on peut, dès à présent, s'assurer des
places, soit en écrivant au théâtre de la
Porte-Saint-Martin, soit en s'adressant a la
Boîte à Fursy.
Sitôt établis, les coupons de ces places
seront délivrés dans l'ordre d inscription
des demandes.
L
es impatients.
Hier. Dix heures et demie du ma-
tin. Devant le théâtre Réjane. D une auto
hors de prix, aveuglante de tous ses pha-
res et de tous ses cuivres, un couple d'un
chic suprême — plus que suprême — des-
cend et se dirige vers le bureau de loca-
tion.
— Le bureau n'ouvre qu'à onze heures,
fait observer respectueusement la con-
cierge.
Monsieur et madame se consultent du
regard, puis monsieur murmure:
— C'est bien, nous attendrons.
Onze heures. La buraliste arrive, range
méthodiquement et sans hâte ses petites af-
faires ; ouvre avec une sage lenteur les trois
armoires aux billets, s'installe.
Monsieur et madame s'approchent alors
et demandent des places pour le soir même.
Et comme la buraliste leur répond qu'elle
n'a plus que deux mauvais strapontins, ces
gens très chics, dont l'auto de quarante
mille francs trépide à la porte, s'interro-
gent de nouveau des yeux et. louent les
deux mauvais strapontins.
Ce que c'est que l'envie d'aller entendre
Israël!
H
ier et aujourd'hui
C'était, voici longtemps déjà, à un
dîner de littérateurs. Un de nos amis, qui
était le voisin de table de M. Jules Cla-
retie, lui demanda s'il était disposé à re-
cevoir La Furie que M. Jules Bois venait
de lui présenter.
— Noa, répondit textuellement M. Jules
,Claretie, je n'accepterai JAMAIS La Furie
de M. Jules Bois, car je tiens à jouer, trai-
tant le même sujet, l'Héraklès Furieux, de
M. Mario de la Tour!
Deux mois après, on annonçait la récep-
tion de La Furie.
HEUREUX PERE !.
M. Franc-Nohaln
directeur des Matinées pour la jeunesse, au théâtre
Femina, entre ses deux fils, Claude et Jean.
La
gloire.
Il est, paraît-il, à Berlin — nous le
tenons d'un Berlinois — un théâtre qfui,
dans sa saison, a joué: Le Détour, Le Ber-
cail, La Rafale, La Griffe, Le Voleur et
Samson,
Six pièces du même auteur en dix mois!
Aussi, le Tout-Berlin a-t-il surnommé cette
hospitalière scène : Le Bernstein-Theater.
Six pièces dont les titres ont six lettres
chacun, voilà de quoi faire rêver les su-
perstitieux.
Q
uelques lapsus à l'Opéra-Comique:
Dans Lakmé :
Miss Ellen. — Ne plaisantez pas, j'ai été
très inquiète et je me reprochais d'avoir
léché Gérald dans le jardin de ce brah-
mane.
Dans Carmen :
Escamillo. — Carmen, dis-moi ton nom.
Moralès. — Une jolie fille gentiment ha-
billée, une jupe blonde, des nattes bleues
tombant sur les épaules.
Don José. — Elle ne disait rien, mon
lieutenant; elle serrait les yeux et roulait
des dents comme un caméléon.
Le même. — Tu croques les enfants
comme un bonbon de six ans
D
îfense de fumer!
Le préfet de police ayant appris que
les articles 32 et 56 de 1 ordonnance de
1908 sur les théâtres n'étaient pas obser-'
vés en ce qui concerne la défense de fu-
mer, a adressé une circulaire aux commis-
saires de police leur enjoignant de faire, à
l'improviste, des visites dans les endroits
interdits aux fumeurs (cage de scène et dé-
pendances. loges d'artiste, foyer, magasin,
ateliers et dégagements, de dresser des
procès-verbaux et de déférer les délinquants
aux tribunaux compétents.
A l'improviste est d'une ironie savou-
reuse, maintenant que Comœdia, qui sait
tout, a tout dit des intentions de notre ex-
cellent préfet.
A
la maison de retraite des vieux comé-
diens.
Au mois d'août dernier, Bouyer, le brave
directeur de la maison de retraite, mourut.
Il fut remplacé provisoirement par M. Ho-
lacher, l'ancien directeur de l'Ambigu. Ho-
lacher fut si aimable, si prévenant, si bon
administrateur, que Coquelin et tout le con-
seil d'administration supplièrent Holacher
de vouloir bien conserver définitivement le
poste de directeur de la Maison des vieux
comédiens à Pont-aux-Dames.
Bravo, Holacher!
p
ar l'emploi de gommes de tout premier
choix, par une fabrication bien rvth-
mee et constante, le pneumatique « Le
Gaulois », des usines Bergougnan, est tou-
jours le plus en faveur chez les chauffeurs
ayant l'expérience de la route.
D
e quoi est faite la réputation d'un
homme? et pourquoi, par exemple,
dans L'Emigré, à la Renaissance, lorsque
le fils de Guitry, sous les espèces d'un
chauffeur tout à fait modern-style, lorsque
veut prononcer le. nom d'un homme qui
synthétise l'automobile, pourquoi prononce-
t-il le nom de Lamberjack, et pourquoi ce
nom est-il accueilli sympathiquement par le
public? C'est uniquement parce que Lam-
berjack a su, dans tous les milieux de la
société, se créer des relations de premier
ordre et une clientèle fidèle.
C'est aussi parce qu'il s'est assuré avec
fierté, avec Renault et Zedel, une repré-
sentation des meilleures marques du
monde.
Le Masque de Verre.
Faites Vos jeux!
Rien ne Va plus.
M. Claretie s'en ira
s'il lui plaît
Et ce sera, peut-être,
le 1er novembre
t {Henri Manuel, pbot.1 #
— Que feriez-vous à ma place ? demande M. Jules Claretie
Comédies françaises
Si M. Claretie cherche à démissionner
parce qu'il préfère s'en aller à son heure et
critiquer les autres dans un grand journal
plutôt que de continuer à être critiqué par
eux, rien de mieux.
Si, par contre, il se voit forcé de donner
sa démission d'administrateur du Français
en raison des incidents créés par La Furie,
il faut avouer que la chose devient complè-
tement inadmissible. J'ajoute enfin que si
cette menace de démission n'est qu'une
simple mesure nécessaire pour raffermir
auprès de tous une autorité hésitante et
troublée, la situation devient plus inadmis-
sible encore.
Je n'entends point discuter ici en aucune
façon la question de 'savoir si M. Claretie,
oui ou non, est à sa place au Théâtre-Fran-
çais; tout a été dit, semble-t-il, à ce sujet,
et nous aurions mauvaise grâce d'y revenir.
Ce qui paraît devoir nous intéressez, gar
vantage en ce moment, c'est la situation qui
¡est. faite a l'administrateur du Français, en
dehors de toute personnalité.
On a reproché de tout temps à M. Cla-
retie d'agir en diplomate et de transformer
la Maison de Molière en une succursale du
ministère des Affaires étrangères; mais on
ne voit pas bien, dans l'état actuel des cho-
ses, ce que ferait un autre à sa place.
Forcé de prendre des décisions dont il
est ,seul responsable et qui peuvent l'ex-
poser aux pires désagréments, l'administra-
leur du Français n'a pas corrélativement
les pouvoirs nécessaires pour procéder à
leur exécution.
Que penserait-on, je vous le demande,
d'un directeur de théâtre des boulevards,
qui, après avoir accepté une pièce sous sa
Un geste de M. Claretie suffirait à faire tourner la roulette thêitrat.
seule responsabilité, verrait ses comédiens
lui interdire de la jouer ou lui détendre
d'en taire exécuter les décors et les costu-
mes; Que dirait-on également d'un direc-
teur qui serait forcé de s'entendre avec ses
commanditaires pour se taire interdire de
feuer une pièce qu'il aurait reçue ? Que
penserait-on, enfin, d'un. théâtre où toutes
les questions artistiques scrutent réglées
par autorité de justice et où le directeur, à
la suite d'un procès perdu, se trouverait
tellement désarmé qu'il devrait accepter
sans protester toutes les pièces qu'on vou-
drait bien lui imposer?
De pareilles compromissions seraient peu
dignes d'une petite entreprise commer-
ciale; elles sont' tout simplement ridicules
lorsqu'elles s'appliquent" à notre principale
scène subventionnée. A défaut d'autre
louange, il faut savoir gré infiniment à
M. Claretie d'avoir, grâce à son tempéra-
ment personnel, poussé la situation jus-
qu'aux limites de l'absurde; c'était, cn som-
me, la meilleure façon d'en obtenir pro-
chainement la réforme énergique et com-
plète.
Aujourd'hui comme hier, dans un sens
ou dans l'autre, c'est au ministre qu'il ap-
partient d'agir. Il faut que M. Claretie, trop
faible, s'en aille, ou qu'il reste très fort.
Et le temps n'est plus à la conciliation gui
énerve les bonnes vel&rrtés et ~inine tes
énergies. - -
G. DE PAWLOWSKÎ..
M. Claretie
expose nettement
ses hésitations
Il est deux heures et demie. Le calme règne
à la Comédie-Française. M. l'administrateur
vient d'arriver; mais comme il est entré par
le bureau de location, on l'ignore de l'autre
côté : le concierge s'est assoupi dans sa loge,
et, sur le palier du premier étage, les huissiers
confortablement installés, digèrent avec séré-
nité.
Je m'excuse de troubler leur quiétude; mais
j'ai le plus vif désir de voir M. Claretie.,
On essaie tout de suite de me dissuader par
toutes sortes de bonnes raisons dont j'apprécie
la valeur; mais j'ai mon idée, j'insiste, et je
ne tarde pas à triompher de toutes les résis-
tances.
M. Claretie me reçoit dans son cabinet direc-
torial, et tort aimablement, s'informe du but de
ma visite.
Je ne viens pointa comme tant de célébrités
naissantes ou consacrées qui prirent place sois
le même canapé, prier l'administrateur de lsj
Comédie-Française d'écouter la lecture de mois
dernier chef-d'œuvre. 1
Je n'ai point de manuscrit sous le bras, et)
n'ai d'ailleurs commis aucun chef-d'œuvre.
Il s'agit de La Furie et de l'incident que nomi
avons relaté hier dans nos colonnes. i
La pièce de M. Jules Bois va-t-elle ou nom
être jouée? A qui incombe la responsabilité dea
nouvelles difficultés qui viennent de surgir auj
Théâtre-Français? j
M. Claretie est-il vraiment démissionnaire?
L'histoire de '*La Furie"
M. Claretie, sans se faire prier, me me! au\
courant de toute l'histoire de La Furie, en la)
reprenant depuis le début. :
La pièce a été reçue en 190s, mais elle a
été reçue sine die, le doute sur ce point n'est
pas possible; la copie' des lettres 'adreSSée S
l'auteur est là pour en témoigner. I
Dès cette époque, M. Claretie attira ratte'
tion de M. Jules Bois sur le fait qu'il avait det
nombreux engagements antérieurs, et en par- , ,
JipuUer, qu'on lui avait remis, bien avant Lo
Wurïe, une' pièce S*aw titre • analogue, fféracfè*
furieux, à laquelle l'auteur n'avait pas renonce
De 1905 à 1907, plusieurs lettres furent!
échangées, confirmant toujours les jfremièïies
déclarations. •
M. Claretie assurait le jeune poèté oe s#
sympathie et de son désir de lui être agréable;!
mais il fallait patienter et attendre son tour. 1
En 1907, un communiqué officiel de la Co-
médie-Française annonçait là mise à l'étude dii*
Bon roi Dagobert, la pièce d'André Rivolre.
M. Jules Bois, après un mois de réflexion,
écrivit à M. Claretie, pour se plaindre de s*
disgrâce et revendiquer la priorité.
— Jusque-là, dis-je à M. Claretie, aucun64
date ne lui avait été vraiment promise?
— Aucune; au surplus, il avait été Questioal
entre M. Rivoire et moi du Bon roi Dagobert,
bien avant que je connusse La Furie. Je ne pus
donc que répéter à M. Bois ce que je lui av*
déià dit maintes fois.
Il parut se résigner S passer 1 son foorl
mais j'ai compris depuis qu'il n'attendait qu'une
occasion propice pour renouveler ses exîgeneeç.
M. Jules Dois choisit son heure
- Cette occasion, continuueM." Claretie, ili
crut l'avoir trouvée, au moment de l'affaire dtf
Foyer. r
Le jour adwe du procès, Je reçue une lettre,
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