Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-10-16
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 octobre 1908 16 octobre 1908
Description : 1908/10/16 (A2,N382). 1908/10/16 (A2,N382).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76460351
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
S* Année.-» TST382(Quotidien7 1 .> - 1 Xe Numéro : ^centimes
Vendredi 10 Octobre 1908.
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION »
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
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Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
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UN AN 6 M019
fcaris et Départements. 24 fr. 12-fr.
Etranger. 40 » 30 ?
A LA CAMPAGNE
Une revue
de corps
C'est le soir, vers sept heures, un
Samedi, que j'arrivai au Grand-Pré. Sept
heures à la campagne, c'est minuit à
Paris. Je ne songeai, vous le pensez
bien, qu'à garer ma bicyclette, à me
laver trop sommairement le visage et les
màins, à dîner, et à gagner ma chambre.
J'entendis vaguement, avant de me met-
tre à table, quelques roulements de tam-
bour suivis d'un baragouinage de vague
auvergnat, comme dit le sous-préfet du
Monde où l'on s'ennuie. C'était, me dit-
on, la lecture d'un arrêté municipal.
Vous savez comment lisent ces vieux
gardes champêtres: ils comprennent peu
et ne se font pas comprendre du tout.
Je demandai de quoi il s'agissait :
— C'est pour annoncer la revue des
pompiers, demain.
J'appris cet événement sans émotion,
et mon sommeil n'en fut aucunement
troublé.
Le dimanche, l'avouerai-je, je fis la
grasse matinée. Et vers dix heures, je
flânais dans les ruelles de cette localité,
charmante alors, car les Parisiens ne la
connaissaient guère. Ce n'étaient que
rez-de-chaussée, chaume et vieux murs.
On ignorait la brique neuve et trop pro-
pre, les maisons passées au ripolin avec
des perrons de quatre marches, des por-
tes qui reluisent et l'inévitable girouette
dont la docilité grince au vent. Un petit
jardinet sans ordre « par devant H, deux
ou trois pièces « en bas », point d'esca-
her; et, en haut, sous le toit triangu-
laire, le grenier avec une fenêtre de
Planches surmontée d'une poulie rouil-
lee de tant de pluies - tels étaient la
Plupart des gîtes, parfois aussi tapissés
de lierre robuste ou de fragiles roses
Pâles. C'était plaisir que de se prome-
ner parmi pays aussi peu prétentieux.
le marchand de tabac était libraire, en
même temps confiseur, charcutier, mes-
sager, débitant d'alcool, de pipes et, dé-
jà. de cartes postales. Le coiffeur s'oc-
cupait aussi de binocles, de photogra-
b le et de becs,d'éclairage. T^ut, de - la.,
sorte, Se trouvait simplifié et Ton gan-
tait que l'existence, à Grand-Pré, devait
être calme, saine, exempte de fortes se-
cousses et vraiment normale.
Je tournai devant l'église, d'où sor-
taient quelques fidèles en retard, et suivis
au hasard la première des petites ruelles
que je rencontrai. Elle me conduisit de-
vant une maison un peu en retrait de
l"alignement général et plus vaste que
ses voisines; elle avait un étage et la
cour était plantée de tilleuls qui ca-
chaient, à première vue, un modeste
drapeau. J'étais à la mairie: le Bulletin
officiel des communes s'étalait sur le
mur" derrière un grillage; j'étais aussi à
la maison d'école : les baies laissaient
voir une mappemonde, un tableau noir,
upe fraction de carte géographique de
Foncin et une planche colorée sur la
Structure intime des papillons.
Au-dessus du drapeau, une horloge ar-
rêtée marquait deux heures vingt-trois,
et c'est à l'église qu'à ce moment son-
gèrent lentement les dix coups de dix
heures.
La dernière vibration venait à peine
-.(te jeter mollement son éclat un peu ter-
ne sur les toits d'alentour, que, plus
énergique, le tambour de la veille se fit
entendre. Je me souvins de ce que le
Sarde champêtre avait promis à ses au-
diteurs, et je n'eus guère à attendre
Pour assister à la revue, qui avait attiré
trois gamins, une fillette, deux chiens
somnolents et une sorcière chargée de
'agots.
De la salle de classe sortirent, l'un
après l'autre, cinq hommes revêtus d'un
costume rappelant, en effet, celui de nos
Pompiers: veston court d'un bleu ma-
rine sombre au point d'être presque
:olr, 'boutons de cuivre ronds, ceinture
e gymnastique portant sur le côté le
traditionnel et vigoureux anneau où se
suspendre. Les épaulettes, cependant,
tne paraissaient un peu poussiéreuses et
surtout, surtout, le casque, volumineux,
aurait les regards par la chevelure
épaisse du plumet qui le surmontait. Les
terriers de l'ancienne Grèce les
Plus. huppés, les personnages d'opé-
S ette les plus fantaisistes, les images les
Plus chargées du bon dessinateur Cham,
os Parisiennes les plus prodigues de
rosses et de panaches sont moins crêtés
qlle ne l'étaient les cinq pompiers de
rand-Pré. Les quatre, devrais-je dire,
car je chef, l'officier, avait seulement un
épi vaguement doré, trop large pour sa
t En bon ordre, conduite par son capi-
ta; la compagnie franchissant la grille
Vim se ranger devant la mairie, sur la
£ace de l'Hôtel-de-Ville. L'officier com-
anda fortement : « A drète, aligne-
nt ! » Les quatre têtes se tournèrent et
le Petit remous se produisit.
— Feixe 1
La rigidité revint et les regards se fl-
gèrent dans l'infini.
Le garde champêtre, à l'écart, agita
de nouveau fébrilement les baguettes de
son instrument sur le parchemin noirci.
Unic'^a^té arriva. Comment com-
mune aussi Petite avait-elle auss nom-
breuse (c édilité ) ? Il Y avait le maire,
un gros et bel homme rosé sous le haie
du soleil. heureux d'ctft maire et de
porter l'écharpe; il y avait un petit
paysan vieux et cassé, les doigts trem-
pant continuellement dans une tabatière
de bois ; il y avait deux ou trois campa-
gnards, blouse empesée, le bâton simple
noué à la main par une lanière de cuir,
puis un autre qui avait des lunettes aux
verres énormes et un autre qui marchait
péniblement en s'appuyant sur une
canne.
Lentement, le maire, suivi de tous ses
adjoints, passa devant l'officier et les
quatre hommes. Ensuite, toujours grave,
il pénétra dans la mairie.
Roulement du tambour.
— Demi-tour à droite. En avant,
erche !
La compagnie, à son tour, quitta le
Forum pour rentrer dans la maison com-
munale.
De l'autre côté de la grille, sur une
table de bois que le ciel avait dû bien
souvent arroser, quelques bouteilles et
des verres avaient été disposés.
Le maire dit un mot à l'oreille du
garde champêtre et celui-ci vint me trou-
ver.
— Monsieur, s'il vous plaît.
Je me récriai. Ce n'était pas moi que
voulait voir M. le maire. Il y avait er-
reur !
Mais non! Je dus m'exécuter, et re-
trouver tout le monde auprès de la table.
« Je suis heureux, dit alors, au milieu
« d'un silence respectueux, le maire de
« Grand-Pré, je suis heureux et fier, au
« nom de la Ville que je représente, de
« saluer — ici un regard à mon adresse
« — les nobles étrangers nos hôtes. La
« brave compagnie des pompiers de
« Grand-Pré nous a montré tout à
« l'heure ses belles qualités. Je l'en re-
« mercie et je la félicite. Cette revue
« fait honneur au dévouement des hom-
« mes, au savoir des officiers. Je bois
« à la grandeur de la cité, je bois à nos
« visiteurs. Messieurs, vive la France!
« vive Grand-Pré ! »
Et tous ensemble, maire orateur, mul-
tiples adjoints muets et dignes, pompiers,
garde champêtre, Parisien, nous trin-
quâmes. Le vin était épais, et il y en
avait un grand verre. Mais je tâchai de
m'en tirer sans faiblir, car j'avais con-
science ée-eeprésenetr, momentanément,
la colonie étrangère de Grand-Pré tout
entière.
Jacques MAY.
Nous publierons demain un article de
CAMILLE LEMONNIER
L'heureux plagiat
Nous vivons à une époque curieuse où le
plagiat passe pour être une chose honteuse
et où l'on n'hésite point cependant à piller
effrontément, en toute circonstance, les au-
teurs vivants ou défunts. On ne prend point
leur nom, c'est entendu, mais on leur vole
leur montre et leur porte-monnaie, ce qui
est pire.
Aussi bien la seule préoccupation d'un
auteur lorsqu'il écrit une pièce n'est point
tant de trouver une idée nouvelle que de
donner l'illusion de l'inédit. On arrive ainsi,
tout naturellement, à produire des choses in-
formes dépourvues de toute unité et qui ne
sont construites, d'une façon bizarre, com-
me certains articles de bazar, que dans un
seul but, celui d'éviter un procès en contre-
façon.
Cette honte mal placée nous prive d'œu-
vres fortes et durables qui, sans elle, ver-
raient peut-être le jour. Si résolument, com-
me l'ont fait les plus grands génies d'au
trefois, nos auteurs s'emparaient délibéré-
ment d'une idée déjà réalisée avant eux,
s'ils commettaient en un mot un plagiat, ils
seraient sans aucun doute étonnés des ré-
sultats qu'ils en pourraient obtenir.
Il faut, en effet, non point des semaines
ni des années, mais bien des siècles, pour
que les grandes idées humaines soient réa-
lisées sous leur forme définitive, et la vie
tout entière dans ses moindres détails n'est
qu'un perpétuel plagiat.
En copiant dès le début l'œuvre d'un maÍ.
tre, en la travaillant longuement, en lui
ajoutant de nouveaux détails, en la modi-
fiant, en la transformant petit à petit, un
auteur ne manquerait point, au cours de son
travail, de voir éclore progressivement une
œuvre véritablement nouvelle qu'il ne soup-
çonnait pas.
Vouloir éviter le plagiat au début est le
plus sûr chemin qui -peut y mener dans la
suite. On repousse l'idée générale, puis l'on
s'empare des petits détails d'exécution
qu'elle contenait. Aborder au contraire réso-
lument l'idée générale et la perfectionner
de son mieux, c'est suivre la route normale,
c'est prendre la place que l'on doit occuper
dans la marche en avant et dans la multiple
collaboration des siècles.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures et demie, au théâ-
tre Antoine, première représentation de
L'Oreille fendue, pièce en quatre actes, de
M. Lucien Nepoty.
Ce soir, à huit heures un quart, à l'Am
bigu, première représentation de L'Agence
Legris, drame en six actes, de M. Jacques
Roullet.
Ce soir, à neuf heures, au Moulin-Rbuge,
première représentation de Par-dessus les
Moulins! revue en deux actes et nêuf têl-
bleaux, de MM. Paul AfdtA. et G.-P. Bri-
quet, fnilsimé dè M. jacobi.
Ce soir, à huit heures et demie, au théâ-
tre Molière, reprise de La Bande à Fifi,
drame en cinq actes et huit tableaux, de
MM. Gardel-Hervé et Maurice Varret.
Ce soir, à la Scala, première représenta-
tion, à bureaux ouverts (à ce théâtre), de
Partie fine, avec Le Galla et M. Nobert.
La Camargo dans Chrysis, la vendeuse de
frissons. La Gardénia, de Lilo, Max Morel,
Dufleuve et Maritza? ? ?
L
eçons et cachets.
On a trop célébré, dans les articles
nécrologiques consacrés à Sarasate, Tes le-
çons qu'il avait reçues d'Alard. Le violo-
niste Armand Parent remet les choses au
point; à l'en croire, le célèbre virtuose es-
pagnol aurait surtout retenu, du cours
d'Alard, ceci: c'est qu'Alard, qui était d'une
rapacité proverbiale, écrivait son courrier
chez lui, mettait les lettres sous enveloppe
et apportait à la classe sa correspondance
non affranchie. A tour de rôle, les élèves
étaient obligés d'aller à la poste et d'affran-
chir les lettres de leurs propres deniers!!!
Quand le tour de Sarasate arrivait, celui-ci.
qui était pauvre, manquait la classe, mais,
malheureusement pour sa légère bourse.,
Alard tenait ses comptes dans un ordre par-
fait, et le jeune Pablo, sous forme de puni-
tion, devait aller à la poste deux jours de
suite.
F
aites attention, Madame, vous grossis-
sez, et grossir c'est vieillir. C'est
aussi, parfois, s'exposer à voir ses cachets
diminuer notablement.
C'est du moins ce qui vient d'arriver à
une comédienne d'outre-Atlantique, qui s'é-
tait acquis la réputation de porter les toi-
lettes les plus élégantes de toute l'Amé-
rique.
Pendant les mois de chaleur, elle se mit
à engraisser au point que son directeur s'a-
larma.
Adieu les succès de grâce et d'élégance;
On consulta des spécialistes; rien n'y fit.
Alors le directeur prit une décision éner-
gique: il informa sa jolie pensionnaire qu'il
diminuerait ses appointements de 10 shil-
lings par jour pour chaque livre qu'elle ga-
gnerait au-dessus de 140.
Le remède fut merveilleux: en quinze
jours, la charmante artiste redescendit à
138 livres.
s
ardou travaille.
L'indisposition, heureusement cassa
géfè, de htitre illustre doyen a retard de
quelques sefMiflèë l'achèvement «'lm grand
drame historique - genre Affaire des Poi-
sons - auquel le maître travaille dans le
plus grand secret.
Ces cinq actes — et huit tableaux,
croyons-nous — mettent en scène une des
figures féminines les plus attrayantes et les
plus énigmatiques de la Révolution.
Il y défile un grand nombre de ceux qui
déchaînèrent le Monstre révolutionnaire, le
poussèrent à la curée et finirent par en être
les premières victimes.
La pièce avait, tout d'abord, été destinée
à une autre scène que celle sur laquelle elle
sera jouée. Cette dernière est située sur
les boulevards.
Pour compléter ces renseignements, vo-
lontairement un peu nébuleux, ajoutons que
M. Sardou a pris comme collaborateur
M. Moreau.
Et maintenant, attendons.
L
e théâtre à l'Académie.
Selon un usage plus Que centenaire,
les cinq académies fêtent en chœur le 3
brumaire an IV, - vulgo, 25 octobre 1795,
l'anniversaire de la loi qui réorganisa
« l'Institut national de France »
Comme, cette année, le 25 tombe un di-
manche, les immortels, qui respectent le re-
pos hebdomadaire, avanceront cette commé-
moration au samedi 24 octobre ; ils commen-
ceront, à cinq heures de l'après-midi, par
se réunir en une séance publique annuelle
où chacune des cinq sections de l'Acadé-
mie déléguera un orateur qui prononcera le
discours d'usage.
Le théâtre — avouons-le, - ne tiendra
que bien peu de place en cette séance, puis-
que M. Maurice Donnay lui-même, que
l'Académie française désigna comme délé-
gué, a choisi pour sujet de son discours :
« Réflexions sur les récompenses scolai-
res. »
Mais les académiciens se rattraperont le
soir, à l'issue du banquet traditionnel qui les
réunira dans un restaurant de choix: ils n'i-
ront pas au théâtre, c'est le théâtre qui vien-
dra à eux.
Mmes Segond-Weber et Géniat interpré-
teront, en effet, Le Passant devant les mem-
bres des cinq sections de l'Institut, qui ont
tenu à rendre, par ce choix, un indirect hom-
mage au poète qu'ils ont perdu cette an-
née.
c
hez les directeurs.
Nous avons dit que les directeurs de
théâtre, réunis en ""assemblée générale
avaient renouvelé le bureau de leur syndi-
cat.
Ils se sont aussi occupés d'une question
grave.
On sait, en effet, qu'un impôt sur les
affiches va être proposé à la Chambre des
députés. Cet impôt grèverait chacun d'eux
ds 5.000 francs environ par an. Aussi ont-
ils nommé une commission qui fera une
tentative auprès de la Commission du bud-
get, et qui est composée de M. Albert
Carré, président, et de MM. Alphonse
Franck, Richemond et Peter Carin.
Et les directeurs ont nommé aussi une
autre commission chargée d'étudier les
moyens de remédier à l'abus et au trafic des
billets de faveur. M. Alphonse Franck la
présidera, et MM. Hertz, Richemond et
Max Maurey en seront membres.
L
ÎS insurgés à l'Institut.
C'était aux premiers soirs de juillet
1848. La garde nationale veillait aux portes
de l'Institut et gardait nos immortels, en-
core apeurés des journées de juin. Tout à
coup, un factionnaire aperçoit sur le dôme
quatre silhouettes, quatre hommes qui se
désignaient les points de Paris.
Pas de doute: l'Institut était au pouvoir
des insurgés. On bat le rappel, on crie aux
armes, on fait une battue dans tous les
coins du palais; les quatre hommes avaient
disparu.
Le lendemain, les auteurs de l'escalade
se dénoncèrent: c'étaient de jeunes musi-
ciens, alors en loge à l'Institut pour le con-
cours de Rome. On parla d'annuler le con-
cours. Adolphe Adam arrangea l'affaire.
Voici les noms des imprudents: Aristide
Hignard, Duprato, Bazille et Chariot.
Nantes vient de donner à l'une de ses
rue§_. l_e nom d'4ristideHimartL JtiP, des
quatre insurgés ci-dessus,. Né dans cette
ville en 1822, mort à Vernon en 1898,
Hignard était l'auteur d'opéras-comiques
charmants et d'un Hamlet composé avant
celui d'Ambroise Thomas et représenté avec
grand succès à Nantes en 1888.
Il avait été le professeur de Chabrier, du
marquis d'Ivry et, croyons-nous, de notre
collaborateur Maisonneuve.
Espérons qu'un autre de nos collabora-
teurs, qui est Nantais aussi, aura sa rue,
comme Hignard, mais à l'époque du cente-
naire de Comœdia. Ne va-t-on pas repré-
senter à Nice, puis à Nantes, le Double
voile, de notre ami Louis Vuillemin?
Choisir ! Quelle angoisse, souvent, et
surtout s'il s'agit d'une voiture au-
tomobile. Hâtons-nous de dire que cette dif-
ficulté est enfin résolue par l'initiative de
la Banque Automobile, qui démontre, par
son exposition permanente, les qualités res-
pectives de nos grande marques en vendant,
de plus, leurs véhicules avec la facilité des
paiements échelonnés.
NOUVELLE A LA MAIN
L
eurs mots.
On commence à se démener fort au-
tour des futures et déjà prochaines élections
académiques.
L'autre jour un candidat, qui connut sous
la Coupole plus d'un glorieux -échec, ren-
dait la visite d'usage à un spirituel immor-
tel, et presque timidement demandait:
— Puis-je oser espérer que vous.
Dans un sourire, M. Henri Lavedan ré-
pondit:
— Je vous promets de voter pour vous.
chaque fois que vous vous présenterez!.
Le Masque de Verre.
Quand jouera=Uon La Furie ?
Bientôt sans doute ?
En tout cas pas avant çç Le Foyer" !
D'étranges bruits ont couru, ces jours der-
niers, autour du Théâtre-Français, sur le sort
de La Furie, de M. Jules Bois, actuellement en
répétitions.
On disait des choses bien démesurées et bien
inexactes.
Voici les faits véridiquement rapportés.
M. Jules Bois présenta, il y a déjà plusieurs
années, à M. Jules Claretie, le manuscrit d'une
tragédie: La Furie, et M. Jules Claretie le
reçut. Mais manuscrit reçu n'est pas manuscrit
joué. Les années passèrent ; La Furie ne passa
pas. Tour à tour, des ouvrages plus nouvelle-
ment acceptes, en vers ou en prose, lui furent
préférés.
Las d'une longue patience, M. Jules Bois,
après le procès du Foyer, estima son attente
suffisante et jugea que la Comédie-Française mé-
ritait trop, si j'ose dire, le nom de « dernîer
salon où l'on pose » !
Après plusieurs tentatives réitérées, il fit
de dernières représentations à M. Claretie, afin
de hâter la première de La Furie. Et M-
Claretie assigna à M. Jules Bois un tour et une
date.
- Vous viendrez, lui dit-il, entre Le Bon Roi
Dagoberi et Le Foyer, au mois de septembre
prochain.
On commença de répéter. On commanda des
décors; M. Chaineux entreprit le dessin des
costumes.
Mais.
Mais Le Bon Roi Dagobert fut retardé par
! indisposition de M. Georges Berr. Mais la
distribution de La Furie fut plusieurs fois re-
maniée — et aussi le texte. Mais, si les décors
furent prêts en temps utile, les costumes ne
furent pas commencés, faute de crédits. Mais
en exécution d'une décision de justice, la scène
du ThUtte;;.Fhirtcâis dôît être cwisaerée aux ré-
Mtitîùhî du Fotef, I dâtêt du l i tiëiéifi.
En outre, consultés, Les sociétaires, qui, en
majorité, ne sont pas très favorables aux pièces
en ve:s, ont refusé de grever de crédits supplé-
mentaires le budget en cours. La mise en scène
de La Furie étant très coûteuse, il devient donc
à peu près iinpossible de l'exécuter cette année,
comme il devient impossible, pour des raisons
judiciaires, de jouer cette pièce avant Le Foyer,
sauf accord improbable entre MM. Octave Mir-
beau, r 5 - 6 Natanson, Jules Bois et Jules Claretie.
Comment se terminera ce petit imbroglio;
On peut penser que M. Jules Claretie, diplo-
mate aimable, convaincra aisément M. Jules
Bois que ce concours de circonstances malen-
contreuses fut purement fortuit. Il lui offrira,
une date ultérieure, mai prochain, par exemple.
M. Jules Bois l'acceptera sans doute, et les so-
ciétaires, en votant le budget de 1909, prévoie-
ront des fonds pour l'acquisition et l'accommo-
dement de précieuses étoffes crétoises.
On ne peut guère envisager d'autre issue au
petit « encombrement » d'aujourd'hui.
M. Jules Bois a le droit d'exiger qu'on joue
et bientôt — La Furie; mais M. Jules» Cla-
retie peut légitimer le retard de cette œuvre, qui
n'était pas prête à la date fixée d'avance et
qu un arrêt de justice expulse momentanément
de la scène du Théâtre-Français.
Une procès serait douteux pour M. jules Bois
et le mènerait sûrement plus loin que la date
qu'on lui offrira ; aussi, ceux qui lui conseille-
raient cette solution violente se montreraient-ils,
croyons-nous, quelque peu mal avisés.
«1 Enfin, puisque nous nous occupons de la Co-
meaie-Françàise, ajoutons que M. Claretie, tenté
Vn instartt id'&eeëjtJtét- là critique dramatique 16
riearôt reste a son jboste rue de Richelieu.
THEATRE DES CAPUCINES
Gros 'Béguin
de M. Hugues Déformé
Suzy
de M. André 'Barde
La Double r'Vue
de MM. M, Carré etA. Barde
<
{Boyer et Bert. pbot»
Me Coquet MUe. AIlceJiarJt
K SUZY s
Spectacle charmant aux Capucines, vrai-
ment agréable et charmant.
M. Hugues Delorme, qui est un bon poète,
un poète de l'école de Banville et de Pon-
chon, a traité, sur le mode badin, un sujet
qui aurait pu tenter, jadis, les auteurs du
théâtre rosse. Une femme qui désire obsti-
nément, à toute force, l'ami de son amant.
Un homme qui résiste, non par indiffé-
rence ou par délicatesse, mais par intérêt,
cette violence dans le désir, cette muflerie
dans la résistance, c'était un acte tout fait
pour le Théâtre Libre d'autrefois. Mais, au
théâtre, la manière est tout, et M. Hugues
Delorme a tiré, sans effort, de cette don-
née assez cruelle un acte cocasse et plai-
sant.
La comédie de M. André Barde, Suzy, a
fort réussi. Elle est avenante et souvent
spirituelle! Suzy est une jeune Anglaise,
fille d'un clergyman, dont l'élégante Mme
Lesorbier fut autrefois la camarade de
pension à Londres, et qui, maintenant, joue
la pantomime aux Folies-Bergère. Mme Le-
sorbier, exactement surveillée par un mari
jaloux, voudrait bien qu'un peu de liberté
lui permît de couronner les vœux du sédui-
sant Desplanchettes., Elle fait appel aux
bons offices 3e Suzy. La jeune Anglaise sé-
duira Lesorbier, et ainsi, le mari, compro-
mis ou absorbé, laissera le champ libre à
la femme. Par malheur, Suzy se trompe
d'homme, et c'est de Desplanchettes, non
de Lesorbier, qu'elle opère la conquête. Au
reste, pour Lesorbier, l'opération était déjà
faite, car nous apprenons que le mari ja-
loux entretenait, en réalité, sous un faux
nom, l'obligeante Suzy, La conclusion est
que Suzy, changeant d'amant, s'en ira avec
le beau Desplanchettes, et que la pauvre
Mme Lesorbier, dinde de la farce, devra
se consoler avec son mari. L'intrigue, un
peu compliquée, qui aboutit à ce chassé-
(Boyer et Bert, phot.)
Mlle Jane Marnac M. Berthez
« LA DOUBLE R'VUE »
croisé final, est menée d'une main sûre et
dextre. Le dialogue est vif, et il faut louer
M. André Barde d'avoir usé, sans trop d'in-
sistance, des effets connus ou faciles que
lui Drocurait son sujet — je veux dire, par
exemple, Iescoq-a- (Boyer et Bert. ptootl
l'âne obligés d'une
étrangère s'exprimant
dans une langue
qu'elle sait à demi.
Il faut le louer, sur-
tout, d'avoir dessiné,
en Suzy, une fine
silhouette d'Anglaise
pratique, méthodique,
ponctuelle, provocan
te et intéressée. Cela
est de la comédie.
Enfin, la Double
r'Vue, fantaisie-revue
en deux actes, de
MM. Michel Carré et
André Barde, a été
fort chaleureusement
accueillie, et avec
justice, car elle est
probablement un des
meilleurs spécimens
connus du genre. Le
premier acte, - sur-
tout, est excellent.
Ce titre, La Double
r'Vue^ sijjnifie^que la
scène se passe chez
une cartomancienne,
car MM. Michel Car-
ré et André Barde
ont pris l'excellente
précaution d'enrouler
1.
Mlle Louise Balthy
leurs scènes de revue autour d'un sem^
blant d'intrigue, ce qui évite au spec-V
tateur cette impression toujours un peu fa-
tigante de trépidation et de papillotage qUI
est l'ennui des revues. C'est donc la pas,
(Boyer et Bent, photJS
Mlle Marnac, M. Berthez, Mlle Balthy, M. Coquet, Mlle Debrennes, M. Hobret, Mlle Léger* Mlle Slamâ
c LA DOUBLE R'VUE i
sion jalouse que la cartomancienne Lydîft
éprouve pour son mari, le beau tragédi.eDi
Désiré Champoin (de la Comédie-Fran-*
çaise) qui sert de lien aux digressions, aP
lusions politiques,' imitations d'acteur, ia-^
troductions de personnages actuels, et-au-
tres fantaisies comiques et vocales dont f ai
déjà dit l'agrément. Je signalerai notam-
ment la scène où M. Homard, chef de la,
Sûreté, vient quérir chez Lvdia quelques
renseignements utiles sur les criminels de-
la saison, et celle où Mlle Balthy, costumée
en cuisinière allemande, évoque les déjeu-
ners diplomatiques de Carlsbad/Je note en-
fin, pour l'histoire, l'apparition dans le
fonds commun des revues, de la révolution
turque et de l'aviateur Wright.
Le dialogue est souvent excellent, etjes
couplets — j'en suis sûr, cette fois '- d&
passent de beaucoup, par la qualité de
l'esprit et le fini du travail, ce qu'on est
accoutumé à entendre en pareille circons..
tance. La ballade de Chantecler, exécutée
en parodie de la ballade fameuse de Cyrano,
est même une fort jolie chose.
Et il reste bien entendu qu'on tiendra
compte, pour mettre exactement au point
les épithètes dont j'ai usé, de l'état d'esprit
un peu spécial qu'on apporte à ce genre de
spectacles.
LÉON BLUM.
Comment ils ont joué
La Double rJVue, c'est Louise Balthy,
elle l'anime, elle la vit, elle la rit, elle la
fait sienne. Tout le monde connaît l'organe-'
enchanteur de Baron; il a émigré dans le
gosier de Balthy qui, elle, en tire des effets
surprenants. Dans un rôle de voyante, Bal-
thy trouve le moyen de chanter comme une
grande artiste, de détailler le couplet com-
me une divette, de cascader comme tu*
étoile de café-concert et de se dépenser en'
grimaces comme un clown; c'est un c
Vendredi 10 Octobre 1908.
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
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27, Boulevard Poissonnière, PARIS
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fcaris et Départements. 24 fr. 12-fr.
Etranger. 40 » 30 ?
A LA CAMPAGNE
Une revue
de corps
C'est le soir, vers sept heures, un
Samedi, que j'arrivai au Grand-Pré. Sept
heures à la campagne, c'est minuit à
Paris. Je ne songeai, vous le pensez
bien, qu'à garer ma bicyclette, à me
laver trop sommairement le visage et les
màins, à dîner, et à gagner ma chambre.
J'entendis vaguement, avant de me met-
tre à table, quelques roulements de tam-
bour suivis d'un baragouinage de vague
auvergnat, comme dit le sous-préfet du
Monde où l'on s'ennuie. C'était, me dit-
on, la lecture d'un arrêté municipal.
Vous savez comment lisent ces vieux
gardes champêtres: ils comprennent peu
et ne se font pas comprendre du tout.
Je demandai de quoi il s'agissait :
— C'est pour annoncer la revue des
pompiers, demain.
J'appris cet événement sans émotion,
et mon sommeil n'en fut aucunement
troublé.
Le dimanche, l'avouerai-je, je fis la
grasse matinée. Et vers dix heures, je
flânais dans les ruelles de cette localité,
charmante alors, car les Parisiens ne la
connaissaient guère. Ce n'étaient que
rez-de-chaussée, chaume et vieux murs.
On ignorait la brique neuve et trop pro-
pre, les maisons passées au ripolin avec
des perrons de quatre marches, des por-
tes qui reluisent et l'inévitable girouette
dont la docilité grince au vent. Un petit
jardinet sans ordre « par devant H, deux
ou trois pièces « en bas », point d'esca-
her; et, en haut, sous le toit triangu-
laire, le grenier avec une fenêtre de
Planches surmontée d'une poulie rouil-
lee de tant de pluies - tels étaient la
Plupart des gîtes, parfois aussi tapissés
de lierre robuste ou de fragiles roses
Pâles. C'était plaisir que de se prome-
ner parmi pays aussi peu prétentieux.
le marchand de tabac était libraire, en
même temps confiseur, charcutier, mes-
sager, débitant d'alcool, de pipes et, dé-
jà. de cartes postales. Le coiffeur s'oc-
cupait aussi de binocles, de photogra-
b le et de becs,d'éclairage. T^ut, de - la.,
sorte, Se trouvait simplifié et Ton gan-
tait que l'existence, à Grand-Pré, devait
être calme, saine, exempte de fortes se-
cousses et vraiment normale.
Je tournai devant l'église, d'où sor-
taient quelques fidèles en retard, et suivis
au hasard la première des petites ruelles
que je rencontrai. Elle me conduisit de-
vant une maison un peu en retrait de
l"alignement général et plus vaste que
ses voisines; elle avait un étage et la
cour était plantée de tilleuls qui ca-
chaient, à première vue, un modeste
drapeau. J'étais à la mairie: le Bulletin
officiel des communes s'étalait sur le
mur" derrière un grillage; j'étais aussi à
la maison d'école : les baies laissaient
voir une mappemonde, un tableau noir,
upe fraction de carte géographique de
Foncin et une planche colorée sur la
Structure intime des papillons.
Au-dessus du drapeau, une horloge ar-
rêtée marquait deux heures vingt-trois,
et c'est à l'église qu'à ce moment son-
gèrent lentement les dix coups de dix
heures.
La dernière vibration venait à peine
-.(te jeter mollement son éclat un peu ter-
ne sur les toits d'alentour, que, plus
énergique, le tambour de la veille se fit
entendre. Je me souvins de ce que le
Sarde champêtre avait promis à ses au-
diteurs, et je n'eus guère à attendre
Pour assister à la revue, qui avait attiré
trois gamins, une fillette, deux chiens
somnolents et une sorcière chargée de
'agots.
De la salle de classe sortirent, l'un
après l'autre, cinq hommes revêtus d'un
costume rappelant, en effet, celui de nos
Pompiers: veston court d'un bleu ma-
rine sombre au point d'être presque
:olr, 'boutons de cuivre ronds, ceinture
e gymnastique portant sur le côté le
traditionnel et vigoureux anneau où se
suspendre. Les épaulettes, cependant,
tne paraissaient un peu poussiéreuses et
surtout, surtout, le casque, volumineux,
aurait les regards par la chevelure
épaisse du plumet qui le surmontait. Les
terriers de l'ancienne Grèce les
Plus. huppés, les personnages d'opé-
S ette les plus fantaisistes, les images les
Plus chargées du bon dessinateur Cham,
os Parisiennes les plus prodigues de
rosses et de panaches sont moins crêtés
qlle ne l'étaient les cinq pompiers de
rand-Pré. Les quatre, devrais-je dire,
car je chef, l'officier, avait seulement un
épi vaguement doré, trop large pour sa
t En bon ordre, conduite par son capi-
ta; la compagnie franchissant la grille
Vim se ranger devant la mairie, sur la
£ace de l'Hôtel-de-Ville. L'officier com-
anda fortement : « A drète, aligne-
nt ! » Les quatre têtes se tournèrent et
le Petit remous se produisit.
— Feixe 1
La rigidité revint et les regards se fl-
gèrent dans l'infini.
Le garde champêtre, à l'écart, agita
de nouveau fébrilement les baguettes de
son instrument sur le parchemin noirci.
Unic'^a^té arriva. Comment com-
mune aussi Petite avait-elle auss nom-
breuse (c édilité ) ? Il Y avait le maire,
un gros et bel homme rosé sous le haie
du soleil. heureux d'ctft maire et de
porter l'écharpe; il y avait un petit
paysan vieux et cassé, les doigts trem-
pant continuellement dans une tabatière
de bois ; il y avait deux ou trois campa-
gnards, blouse empesée, le bâton simple
noué à la main par une lanière de cuir,
puis un autre qui avait des lunettes aux
verres énormes et un autre qui marchait
péniblement en s'appuyant sur une
canne.
Lentement, le maire, suivi de tous ses
adjoints, passa devant l'officier et les
quatre hommes. Ensuite, toujours grave,
il pénétra dans la mairie.
Roulement du tambour.
— Demi-tour à droite. En avant,
erche !
La compagnie, à son tour, quitta le
Forum pour rentrer dans la maison com-
munale.
De l'autre côté de la grille, sur une
table de bois que le ciel avait dû bien
souvent arroser, quelques bouteilles et
des verres avaient été disposés.
Le maire dit un mot à l'oreille du
garde champêtre et celui-ci vint me trou-
ver.
— Monsieur, s'il vous plaît.
Je me récriai. Ce n'était pas moi que
voulait voir M. le maire. Il y avait er-
reur !
Mais non! Je dus m'exécuter, et re-
trouver tout le monde auprès de la table.
« Je suis heureux, dit alors, au milieu
« d'un silence respectueux, le maire de
« Grand-Pré, je suis heureux et fier, au
« nom de la Ville que je représente, de
« saluer — ici un regard à mon adresse
« — les nobles étrangers nos hôtes. La
« brave compagnie des pompiers de
« Grand-Pré nous a montré tout à
« l'heure ses belles qualités. Je l'en re-
« mercie et je la félicite. Cette revue
« fait honneur au dévouement des hom-
« mes, au savoir des officiers. Je bois
« à la grandeur de la cité, je bois à nos
« visiteurs. Messieurs, vive la France!
« vive Grand-Pré ! »
Et tous ensemble, maire orateur, mul-
tiples adjoints muets et dignes, pompiers,
garde champêtre, Parisien, nous trin-
quâmes. Le vin était épais, et il y en
avait un grand verre. Mais je tâchai de
m'en tirer sans faiblir, car j'avais con-
science ée-eeprésenetr, momentanément,
la colonie étrangère de Grand-Pré tout
entière.
Jacques MAY.
Nous publierons demain un article de
CAMILLE LEMONNIER
L'heureux plagiat
Nous vivons à une époque curieuse où le
plagiat passe pour être une chose honteuse
et où l'on n'hésite point cependant à piller
effrontément, en toute circonstance, les au-
teurs vivants ou défunts. On ne prend point
leur nom, c'est entendu, mais on leur vole
leur montre et leur porte-monnaie, ce qui
est pire.
Aussi bien la seule préoccupation d'un
auteur lorsqu'il écrit une pièce n'est point
tant de trouver une idée nouvelle que de
donner l'illusion de l'inédit. On arrive ainsi,
tout naturellement, à produire des choses in-
formes dépourvues de toute unité et qui ne
sont construites, d'une façon bizarre, com-
me certains articles de bazar, que dans un
seul but, celui d'éviter un procès en contre-
façon.
Cette honte mal placée nous prive d'œu-
vres fortes et durables qui, sans elle, ver-
raient peut-être le jour. Si résolument, com-
me l'ont fait les plus grands génies d'au
trefois, nos auteurs s'emparaient délibéré-
ment d'une idée déjà réalisée avant eux,
s'ils commettaient en un mot un plagiat, ils
seraient sans aucun doute étonnés des ré-
sultats qu'ils en pourraient obtenir.
Il faut, en effet, non point des semaines
ni des années, mais bien des siècles, pour
que les grandes idées humaines soient réa-
lisées sous leur forme définitive, et la vie
tout entière dans ses moindres détails n'est
qu'un perpétuel plagiat.
En copiant dès le début l'œuvre d'un maÍ.
tre, en la travaillant longuement, en lui
ajoutant de nouveaux détails, en la modi-
fiant, en la transformant petit à petit, un
auteur ne manquerait point, au cours de son
travail, de voir éclore progressivement une
œuvre véritablement nouvelle qu'il ne soup-
çonnait pas.
Vouloir éviter le plagiat au début est le
plus sûr chemin qui -peut y mener dans la
suite. On repousse l'idée générale, puis l'on
s'empare des petits détails d'exécution
qu'elle contenait. Aborder au contraire réso-
lument l'idée générale et la perfectionner
de son mieux, c'est suivre la route normale,
c'est prendre la place que l'on doit occuper
dans la marche en avant et dans la multiple
collaboration des siècles.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures et demie, au théâ-
tre Antoine, première représentation de
L'Oreille fendue, pièce en quatre actes, de
M. Lucien Nepoty.
Ce soir, à huit heures un quart, à l'Am
bigu, première représentation de L'Agence
Legris, drame en six actes, de M. Jacques
Roullet.
Ce soir, à neuf heures, au Moulin-Rbuge,
première représentation de Par-dessus les
Moulins! revue en deux actes et nêuf têl-
bleaux, de MM. Paul AfdtA. et G.-P. Bri-
quet, fnilsimé dè M. jacobi.
Ce soir, à huit heures et demie, au théâ-
tre Molière, reprise de La Bande à Fifi,
drame en cinq actes et huit tableaux, de
MM. Gardel-Hervé et Maurice Varret.
Ce soir, à la Scala, première représenta-
tion, à bureaux ouverts (à ce théâtre), de
Partie fine, avec Le Galla et M. Nobert.
La Camargo dans Chrysis, la vendeuse de
frissons. La Gardénia, de Lilo, Max Morel,
Dufleuve et Maritza? ? ?
L
eçons et cachets.
On a trop célébré, dans les articles
nécrologiques consacrés à Sarasate, Tes le-
çons qu'il avait reçues d'Alard. Le violo-
niste Armand Parent remet les choses au
point; à l'en croire, le célèbre virtuose es-
pagnol aurait surtout retenu, du cours
d'Alard, ceci: c'est qu'Alard, qui était d'une
rapacité proverbiale, écrivait son courrier
chez lui, mettait les lettres sous enveloppe
et apportait à la classe sa correspondance
non affranchie. A tour de rôle, les élèves
étaient obligés d'aller à la poste et d'affran-
chir les lettres de leurs propres deniers!!!
Quand le tour de Sarasate arrivait, celui-ci.
qui était pauvre, manquait la classe, mais,
malheureusement pour sa légère bourse.,
Alard tenait ses comptes dans un ordre par-
fait, et le jeune Pablo, sous forme de puni-
tion, devait aller à la poste deux jours de
suite.
F
aites attention, Madame, vous grossis-
sez, et grossir c'est vieillir. C'est
aussi, parfois, s'exposer à voir ses cachets
diminuer notablement.
C'est du moins ce qui vient d'arriver à
une comédienne d'outre-Atlantique, qui s'é-
tait acquis la réputation de porter les toi-
lettes les plus élégantes de toute l'Amé-
rique.
Pendant les mois de chaleur, elle se mit
à engraisser au point que son directeur s'a-
larma.
Adieu les succès de grâce et d'élégance;
On consulta des spécialistes; rien n'y fit.
Alors le directeur prit une décision éner-
gique: il informa sa jolie pensionnaire qu'il
diminuerait ses appointements de 10 shil-
lings par jour pour chaque livre qu'elle ga-
gnerait au-dessus de 140.
Le remède fut merveilleux: en quinze
jours, la charmante artiste redescendit à
138 livres.
s
ardou travaille.
L'indisposition, heureusement cassa
géfè, de htitre illustre doyen a retard de
quelques sefMiflèë l'achèvement «'lm grand
drame historique - genre Affaire des Poi-
sons - auquel le maître travaille dans le
plus grand secret.
Ces cinq actes — et huit tableaux,
croyons-nous — mettent en scène une des
figures féminines les plus attrayantes et les
plus énigmatiques de la Révolution.
Il y défile un grand nombre de ceux qui
déchaînèrent le Monstre révolutionnaire, le
poussèrent à la curée et finirent par en être
les premières victimes.
La pièce avait, tout d'abord, été destinée
à une autre scène que celle sur laquelle elle
sera jouée. Cette dernière est située sur
les boulevards.
Pour compléter ces renseignements, vo-
lontairement un peu nébuleux, ajoutons que
M. Sardou a pris comme collaborateur
M. Moreau.
Et maintenant, attendons.
L
e théâtre à l'Académie.
Selon un usage plus Que centenaire,
les cinq académies fêtent en chœur le 3
brumaire an IV, - vulgo, 25 octobre 1795,
l'anniversaire de la loi qui réorganisa
« l'Institut national de France »
Comme, cette année, le 25 tombe un di-
manche, les immortels, qui respectent le re-
pos hebdomadaire, avanceront cette commé-
moration au samedi 24 octobre ; ils commen-
ceront, à cinq heures de l'après-midi, par
se réunir en une séance publique annuelle
où chacune des cinq sections de l'Acadé-
mie déléguera un orateur qui prononcera le
discours d'usage.
Le théâtre — avouons-le, - ne tiendra
que bien peu de place en cette séance, puis-
que M. Maurice Donnay lui-même, que
l'Académie française désigna comme délé-
gué, a choisi pour sujet de son discours :
« Réflexions sur les récompenses scolai-
res. »
Mais les académiciens se rattraperont le
soir, à l'issue du banquet traditionnel qui les
réunira dans un restaurant de choix: ils n'i-
ront pas au théâtre, c'est le théâtre qui vien-
dra à eux.
Mmes Segond-Weber et Géniat interpré-
teront, en effet, Le Passant devant les mem-
bres des cinq sections de l'Institut, qui ont
tenu à rendre, par ce choix, un indirect hom-
mage au poète qu'ils ont perdu cette an-
née.
c
hez les directeurs.
Nous avons dit que les directeurs de
théâtre, réunis en ""assemblée générale
avaient renouvelé le bureau de leur syndi-
cat.
Ils se sont aussi occupés d'une question
grave.
On sait, en effet, qu'un impôt sur les
affiches va être proposé à la Chambre des
députés. Cet impôt grèverait chacun d'eux
ds 5.000 francs environ par an. Aussi ont-
ils nommé une commission qui fera une
tentative auprès de la Commission du bud-
get, et qui est composée de M. Albert
Carré, président, et de MM. Alphonse
Franck, Richemond et Peter Carin.
Et les directeurs ont nommé aussi une
autre commission chargée d'étudier les
moyens de remédier à l'abus et au trafic des
billets de faveur. M. Alphonse Franck la
présidera, et MM. Hertz, Richemond et
Max Maurey en seront membres.
L
ÎS insurgés à l'Institut.
C'était aux premiers soirs de juillet
1848. La garde nationale veillait aux portes
de l'Institut et gardait nos immortels, en-
core apeurés des journées de juin. Tout à
coup, un factionnaire aperçoit sur le dôme
quatre silhouettes, quatre hommes qui se
désignaient les points de Paris.
Pas de doute: l'Institut était au pouvoir
des insurgés. On bat le rappel, on crie aux
armes, on fait une battue dans tous les
coins du palais; les quatre hommes avaient
disparu.
Le lendemain, les auteurs de l'escalade
se dénoncèrent: c'étaient de jeunes musi-
ciens, alors en loge à l'Institut pour le con-
cours de Rome. On parla d'annuler le con-
cours. Adolphe Adam arrangea l'affaire.
Voici les noms des imprudents: Aristide
Hignard, Duprato, Bazille et Chariot.
Nantes vient de donner à l'une de ses
rue§_. l_e nom d'4ristideHimartL JtiP, des
quatre insurgés ci-dessus,. Né dans cette
ville en 1822, mort à Vernon en 1898,
Hignard était l'auteur d'opéras-comiques
charmants et d'un Hamlet composé avant
celui d'Ambroise Thomas et représenté avec
grand succès à Nantes en 1888.
Il avait été le professeur de Chabrier, du
marquis d'Ivry et, croyons-nous, de notre
collaborateur Maisonneuve.
Espérons qu'un autre de nos collabora-
teurs, qui est Nantais aussi, aura sa rue,
comme Hignard, mais à l'époque du cente-
naire de Comœdia. Ne va-t-on pas repré-
senter à Nice, puis à Nantes, le Double
voile, de notre ami Louis Vuillemin?
Choisir ! Quelle angoisse, souvent, et
surtout s'il s'agit d'une voiture au-
tomobile. Hâtons-nous de dire que cette dif-
ficulté est enfin résolue par l'initiative de
la Banque Automobile, qui démontre, par
son exposition permanente, les qualités res-
pectives de nos grande marques en vendant,
de plus, leurs véhicules avec la facilité des
paiements échelonnés.
NOUVELLE A LA MAIN
L
eurs mots.
On commence à se démener fort au-
tour des futures et déjà prochaines élections
académiques.
L'autre jour un candidat, qui connut sous
la Coupole plus d'un glorieux -échec, ren-
dait la visite d'usage à un spirituel immor-
tel, et presque timidement demandait:
— Puis-je oser espérer que vous.
Dans un sourire, M. Henri Lavedan ré-
pondit:
— Je vous promets de voter pour vous.
chaque fois que vous vous présenterez!.
Le Masque de Verre.
Quand jouera=Uon La Furie ?
Bientôt sans doute ?
En tout cas pas avant çç Le Foyer" !
D'étranges bruits ont couru, ces jours der-
niers, autour du Théâtre-Français, sur le sort
de La Furie, de M. Jules Bois, actuellement en
répétitions.
On disait des choses bien démesurées et bien
inexactes.
Voici les faits véridiquement rapportés.
M. Jules Bois présenta, il y a déjà plusieurs
années, à M. Jules Claretie, le manuscrit d'une
tragédie: La Furie, et M. Jules Claretie le
reçut. Mais manuscrit reçu n'est pas manuscrit
joué. Les années passèrent ; La Furie ne passa
pas. Tour à tour, des ouvrages plus nouvelle-
ment acceptes, en vers ou en prose, lui furent
préférés.
Las d'une longue patience, M. Jules Bois,
après le procès du Foyer, estima son attente
suffisante et jugea que la Comédie-Française mé-
ritait trop, si j'ose dire, le nom de « dernîer
salon où l'on pose » !
Après plusieurs tentatives réitérées, il fit
de dernières représentations à M. Claretie, afin
de hâter la première de La Furie. Et M-
Claretie assigna à M. Jules Bois un tour et une
date.
- Vous viendrez, lui dit-il, entre Le Bon Roi
Dagoberi et Le Foyer, au mois de septembre
prochain.
On commença de répéter. On commanda des
décors; M. Chaineux entreprit le dessin des
costumes.
Mais.
Mais Le Bon Roi Dagobert fut retardé par
! indisposition de M. Georges Berr. Mais la
distribution de La Furie fut plusieurs fois re-
maniée — et aussi le texte. Mais, si les décors
furent prêts en temps utile, les costumes ne
furent pas commencés, faute de crédits. Mais
en exécution d'une décision de justice, la scène
du ThUtte;;.Fhirtcâis dôît être cwisaerée aux ré-
Mtitîùhî du Fotef, I dâtêt du l i tiëiéifi.
En outre, consultés, Les sociétaires, qui, en
majorité, ne sont pas très favorables aux pièces
en ve:s, ont refusé de grever de crédits supplé-
mentaires le budget en cours. La mise en scène
de La Furie étant très coûteuse, il devient donc
à peu près iinpossible de l'exécuter cette année,
comme il devient impossible, pour des raisons
judiciaires, de jouer cette pièce avant Le Foyer,
sauf accord improbable entre MM. Octave Mir-
beau, r 5 - 6 Natanson, Jules Bois et Jules Claretie.
Comment se terminera ce petit imbroglio;
On peut penser que M. Jules Claretie, diplo-
mate aimable, convaincra aisément M. Jules
Bois que ce concours de circonstances malen-
contreuses fut purement fortuit. Il lui offrira,
une date ultérieure, mai prochain, par exemple.
M. Jules Bois l'acceptera sans doute, et les so-
ciétaires, en votant le budget de 1909, prévoie-
ront des fonds pour l'acquisition et l'accommo-
dement de précieuses étoffes crétoises.
On ne peut guère envisager d'autre issue au
petit « encombrement » d'aujourd'hui.
M. Jules Bois a le droit d'exiger qu'on joue
et bientôt — La Furie; mais M. Jules» Cla-
retie peut légitimer le retard de cette œuvre, qui
n'était pas prête à la date fixée d'avance et
qu un arrêt de justice expulse momentanément
de la scène du Théâtre-Français.
Une procès serait douteux pour M. jules Bois
et le mènerait sûrement plus loin que la date
qu'on lui offrira ; aussi, ceux qui lui conseille-
raient cette solution violente se montreraient-ils,
croyons-nous, quelque peu mal avisés.
«1 Enfin, puisque nous nous occupons de la Co-
meaie-Françàise, ajoutons que M. Claretie, tenté
Vn instartt id'&eeëjtJtét- là critique dramatique 16
riearôt reste a son jboste rue de Richelieu.
THEATRE DES CAPUCINES
Gros 'Béguin
de M. Hugues Déformé
Suzy
de M. André 'Barde
La Double r'Vue
de MM. M, Carré etA. Barde
<
{Boyer et Bert. pbot»
Me Coquet MUe. AIlceJiarJt
K SUZY s
Spectacle charmant aux Capucines, vrai-
ment agréable et charmant.
M. Hugues Delorme, qui est un bon poète,
un poète de l'école de Banville et de Pon-
chon, a traité, sur le mode badin, un sujet
qui aurait pu tenter, jadis, les auteurs du
théâtre rosse. Une femme qui désire obsti-
nément, à toute force, l'ami de son amant.
Un homme qui résiste, non par indiffé-
rence ou par délicatesse, mais par intérêt,
cette violence dans le désir, cette muflerie
dans la résistance, c'était un acte tout fait
pour le Théâtre Libre d'autrefois. Mais, au
théâtre, la manière est tout, et M. Hugues
Delorme a tiré, sans effort, de cette don-
née assez cruelle un acte cocasse et plai-
sant.
La comédie de M. André Barde, Suzy, a
fort réussi. Elle est avenante et souvent
spirituelle! Suzy est une jeune Anglaise,
fille d'un clergyman, dont l'élégante Mme
Lesorbier fut autrefois la camarade de
pension à Londres, et qui, maintenant, joue
la pantomime aux Folies-Bergère. Mme Le-
sorbier, exactement surveillée par un mari
jaloux, voudrait bien qu'un peu de liberté
lui permît de couronner les vœux du sédui-
sant Desplanchettes., Elle fait appel aux
bons offices 3e Suzy. La jeune Anglaise sé-
duira Lesorbier, et ainsi, le mari, compro-
mis ou absorbé, laissera le champ libre à
la femme. Par malheur, Suzy se trompe
d'homme, et c'est de Desplanchettes, non
de Lesorbier, qu'elle opère la conquête. Au
reste, pour Lesorbier, l'opération était déjà
faite, car nous apprenons que le mari ja-
loux entretenait, en réalité, sous un faux
nom, l'obligeante Suzy, La conclusion est
que Suzy, changeant d'amant, s'en ira avec
le beau Desplanchettes, et que la pauvre
Mme Lesorbier, dinde de la farce, devra
se consoler avec son mari. L'intrigue, un
peu compliquée, qui aboutit à ce chassé-
(Boyer et Bert, phot.)
Mlle Jane Marnac M. Berthez
« LA DOUBLE R'VUE »
croisé final, est menée d'une main sûre et
dextre. Le dialogue est vif, et il faut louer
M. André Barde d'avoir usé, sans trop d'in-
sistance, des effets connus ou faciles que
lui Drocurait son sujet — je veux dire, par
exemple, Iescoq-a- (Boyer et Bert. ptootl
l'âne obligés d'une
étrangère s'exprimant
dans une langue
qu'elle sait à demi.
Il faut le louer, sur-
tout, d'avoir dessiné,
en Suzy, une fine
silhouette d'Anglaise
pratique, méthodique,
ponctuelle, provocan
te et intéressée. Cela
est de la comédie.
Enfin, la Double
r'Vue, fantaisie-revue
en deux actes, de
MM. Michel Carré et
André Barde, a été
fort chaleureusement
accueillie, et avec
justice, car elle est
probablement un des
meilleurs spécimens
connus du genre. Le
premier acte, - sur-
tout, est excellent.
Ce titre, La Double
r'Vue^ sijjnifie^que la
scène se passe chez
une cartomancienne,
car MM. Michel Car-
ré et André Barde
ont pris l'excellente
précaution d'enrouler
1.
Mlle Louise Balthy
leurs scènes de revue autour d'un sem^
blant d'intrigue, ce qui évite au spec-V
tateur cette impression toujours un peu fa-
tigante de trépidation et de papillotage qUI
est l'ennui des revues. C'est donc la pas,
(Boyer et Bent, photJS
Mlle Marnac, M. Berthez, Mlle Balthy, M. Coquet, Mlle Debrennes, M. Hobret, Mlle Léger* Mlle Slamâ
c LA DOUBLE R'VUE i
sion jalouse que la cartomancienne Lydîft
éprouve pour son mari, le beau tragédi.eDi
Désiré Champoin (de la Comédie-Fran-*
çaise) qui sert de lien aux digressions, aP
lusions politiques,' imitations d'acteur, ia-^
troductions de personnages actuels, et-au-
tres fantaisies comiques et vocales dont f ai
déjà dit l'agrément. Je signalerai notam-
ment la scène où M. Homard, chef de la,
Sûreté, vient quérir chez Lvdia quelques
renseignements utiles sur les criminels de-
la saison, et celle où Mlle Balthy, costumée
en cuisinière allemande, évoque les déjeu-
ners diplomatiques de Carlsbad/Je note en-
fin, pour l'histoire, l'apparition dans le
fonds commun des revues, de la révolution
turque et de l'aviateur Wright.
Le dialogue est souvent excellent, etjes
couplets — j'en suis sûr, cette fois '- d&
passent de beaucoup, par la qualité de
l'esprit et le fini du travail, ce qu'on est
accoutumé à entendre en pareille circons..
tance. La ballade de Chantecler, exécutée
en parodie de la ballade fameuse de Cyrano,
est même une fort jolie chose.
Et il reste bien entendu qu'on tiendra
compte, pour mettre exactement au point
les épithètes dont j'ai usé, de l'état d'esprit
un peu spécial qu'on apporte à ce genre de
spectacles.
LÉON BLUM.
Comment ils ont joué
La Double rJVue, c'est Louise Balthy,
elle l'anime, elle la vit, elle la rit, elle la
fait sienne. Tout le monde connaît l'organe-'
enchanteur de Baron; il a émigré dans le
gosier de Balthy qui, elle, en tire des effets
surprenants. Dans un rôle de voyante, Bal-
thy trouve le moyen de chanter comme une
grande artiste, de détailler le couplet com-
me une divette, de cascader comme tu*
étoile de café-concert et de se dépenser en'
grimaces comme un clown; c'est un c
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