Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-10-15
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 octobre 1908 15 octobre 1908
Description : 1908/10/15 (A2,N381). 1908/10/15 (A2,N381).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646034m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2 'Année* «• N» 381 (Quotidienl
~- -
Xse isfumèro : 5 centimes
Jeudi 15; 1908.
■ ■ - .-
r * * ,
Rédacteur en Chef ; Q. de PAWLOWSKI
< RÉDACTION & ADMINISTRATION :
■27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
, Paris et Départements - 24t fr. 12 fré
Étranger. , 40 » 20 m
1
RÉDACTION & ADMINISTRATION s,
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE: 288-07
Numéro provisoire : 401 -46
ABONNEMENTS -
1 UN AN 6 MOIS
- -
Paris et Départements 24 fr. 12 fr. -
Étranger. 40 » 20 a
Flagrant délit
Pour Georges Courteline.
- Mon vieux, je viens d'être surpris
en flagrant délit.
- De quoi! Mais d'adultère, naturel-
lement.
- Ah ! ça te fait rire ; bien entendu,
tu te dis: Bléchard a soixante-sept ans,
ce n'est pas à moi qu'il fera croire qu'il
peut encore avoir des aventures ! Eh
bien! mon bon Léchalotte, c'est tout de
même la vérité. Et je ne m'en vante pas!
Quelle sale histoire !
- Tu ne savais pas que je don-
nais dans les femmes mariées? Mais
moi non plus!.
- Evidemment, on ne m'a pas violé,
mais je te jure que je n'avais rien fait
pour mériter un pareil coup.
- Ça t'amuse. eh,bien! ris, mon
vîètix î/.r Tu as^eîdémefrr l'esprit bien
tourné, et pour aimer les plaisanteries fi-
nes, à toi le pompon ! Quant à moi, je ne
suis pas d'humeur à m'amuser et je suis
même un peu surpris que, dans des cir-
constances aussi graves, tu aies le cœur
à la plaisanterie et tu te divertisses
à des gaudrioles de commis-voyageur.
Ah! bon Dieu! quelle sale journée et
quelle sale bougresse que cette Mme
Poupoule!
- Ça y est. Il rigole. La crise re-
prend. Oui, mon vieux, elle s'appelle
Mme Poupoule.
- Comment, ce n'est pas un nom!.
C'est son nom, c'est un nom comme les
autres et ce n'est pas plus ridicule de
s'appeler Poupoule que de s'appeler Lé-
chalotte. Et puis, cé n'est pas moi qui
l'ai choisi, je te prie de le croire. Voici,
en deux mots, l'histoire.
- Ah! * mon vieux, ne m'interromps
pas tout le temps, je t'en supplie ! Voici :
j'étais assis à la terrasse du café Améri-
cain. L'air était doux et je regardais
passer les gens. Tu sais, moi, j'ai l'âme
d'un vieux poète, je suis un contempla-
tif, et par cette dernière belle journée
d'automne, c'était un bonheur de res-
ter là, l'esprit paresseusement engourdi
et le regard vague et lointain. Je
ne pensais à rien, je rêvais; soudain,
une femme se précipite vers moi, m'en-
lace de ses deux bras et m'embrasse en
m'appelant: « Mon oncle! » Je suis si
stupéfait que je l'embrasse à mon tour.
- Le contraire t'aurait surpris?.
Idiot, va !. Au bout d'un instant, elle
consent à me lâcher, me dévisage
et s'écrie, furieuse : « Ah! sapristi, je me
suis trompée!. » Alors, elle commence
à m'invectiver ; je la calme ; elle finit par
s'asseoir à côté de moi; je lui propose
de se rafraîchir, elle consent, commande
un amer picon et nous causons. Elle me
dit qu'elle s'appelle Poupoule, qu'elle
déteste la musique de Wagner, qu'elle
a joué au tennis avec M. Robert Berns-
tein, et qu'on vient de l'opérer de l'ap-
pendicite. Ces confidences me touchent,
la conversation devient plus affectueuse.
Tout d'un coup, elle s'arrête et me mon-
trant un gros monsieur qui lisait La Pa-
trie à côté de nous, elle me dit: « Ne
trouvez-vous pas que cet homme ne nous
quitte pas des yeux? Je suis une hon-
nête femme. Je ne veux pas rester ici
une minute de plus, allons-nous-en! »
Qu'aurais-tu fait à ma place?.
- Tu ne sais pas! Tu ne sais jamais
rien ! Nous partons et, pour continuer la
conversation, je l'amène à l'hôtel Ter-
minus. Nous prenons une chambre, bien
entendu.
— Ce bien entendu te ravit. Tant
mieux, je suis si content de te faire plai-
Sir! Abruti, va!
- Ne me remercie pas. C'est de bon
cœur!. Nous n'étions pas couchés de-
puis cinq minutes.
- .Naturellement, nous étions cou-
chés. quand onfrappe à la porte. Je
ne réponds pas. Une voix hurle:
« Ouvrez, au nom de la loi ! » Ma con-
quête pousse des cris, se cache sous les
couverture et me confesse qu'elle est
martée. La voix s'impatiente.. J'ouvre.
Plusieurs messieurs envahissent la pièce ;
l'un me montre une écharpe tricolore,
un autre s'approche du lit et tire la cou-
verture ; la dame s'écrie : « Ciel, mon
niari !. » Et je reconnais qui?. Je te
e donne en mille.
• —. Non pas Fallières!. mais un autre
gros monsieur. Celui-là même qui lisait
1-12 Patrie à côté de nous à la terrasse
"e l'Américain!
- Tu trouves ça drôle, naturelle-
ment!. On a dressé procès-verbal,
après quoi le commissaire et M. Pou-
Poule se sont retirés avec beaucoup de
correction. Furieux, je me préparais à
étrangler ma complice, mais elle m'a-
voua que c'était un moyen qu'elle avait
trouvé, d'accord avec son mari, pour di-
Ofcer. Ce cynisme ingénu m'a désar-
mé: ie me suis rhabillé et j'ai fUf. J'ai
même dû donner cinq francs à Mme
Poupoule pour qu'elle pût prendre une
voiture.
-
— Oui, je suis grand et généreux. Tu
ne sais pas à quel point. Aussi, comme
je suis marié et que ma femme est ja-
louse, quand le commissaire m'a de-
mandé de décliner mes nom, prénoms
et qualité, j'ai répondu: « Léchalotte,
Ange-Pitou, rentier. » Oui, mon vieux,
j'ai donné ton nom. Maintenant, dé-
brouille-toi avec la famille Poupoule!.
- Ah! mon vieux, tu ne vas pas me
refuser le premier service que je te de-
mande.
- Quoi! tu trouves que j'ai une
drôle de manière de demander les cho-
ses!. Eh bien! veux-tu que je te dise,
moi. ce que je pense de toi? Tu es un
sale type! tu as une mauvaise nature,
tu es un faux ami et un ignoble égoïste !
- Tu me demandes pardon. Eh bien!
oui, je te pardonne. Moi je suis un bon
garçon.; d'ailleurs, tu devrais me remer-
cier : dans tout le quartier, maintenant,
tu vas avoir la réputation d'un vrai Don
Juan Loo Ah! sacré Léchalotte !.
Pierre MORTIER.
Nous publierons demain un article de
JACQUES MAY
L'art mystérieux
A l'occasion des représentations, à Pa-
ris, du Crépuscule des Dieux, nous n'allons
point manquer de trouver, dans tous les
journaux, d'innombrables articles de fond
écrits par des wagnériens passionnés, et
destinés à donner au public quelques lu-
mières sur la pensée intime du maître.
C'est avec terreur que l'on songe, en effet,
à l'insouciance, à la futilité, à la légèreté
du public français en d'aussi graves cir-
constances, et nos amis voudraient nous
éviter la honte d'une incompréhension en
cette occasion solennelle..
Il faut les en remercier de tout cœur, car
cela témoigne de leurs excellents senti-
ments à notre égard; toutefois, je. crois qu'il
est permis de se demander si de pareilles
explications sont rigoureusement^ néjfès^ï-
res à propos d'une œuvre tTiusicate.
Lorsqu'il s'agit de littérature ou de phi-
losophie, un style embrouillé est une sim-
ple malhonnêteté destinée à voiler la pau-
vreté des idées..
En mettant des proverbes familiers en
équations algébriques, en désignant les cho-
ses les plus communes par des formules
cabalistiques, on s'assure, en effet, un fa-
cile triomphe. La foule ne comprend pas
ce qui sauve l'auteur de la dangereuse cri-
tique de son bon sens, et les érudits com-
prennent toujours ce qui assure la célébrité
de l'auteur. Un lettré, un artiste, est tou-
jours capable, en effet, de remplir le vide
attirant et mystérieux qu'on lui offre par
ses propres idées, et il ne s'aperçoit point,
le plus souvent, de. la supercherie.
Lorsqu'il s'agit du livret d'une œuvre ly-
rique, les conditions littéraires ne sont plus
les mêmes. La musique, en effet, appar-
tient, par essence, au domaine du subcon-
scient, elle est destinée à provoquer en
nous, par l'intermédiaire de nos sens, une
surexcitation générale capable d'éveiller no-
tre pensée; elle ne remplit, en somme, que
le rôle d'un agent provocateur, d'une ac-
coucheuse d'âmes;'vouloir trop la préciser,
c'est, par définition même, la réduire.
Pour une œuvre lyrique de grande en-
vergure, le meilleur livret sera donc, sans
aucun doute, celui qui sera, à tous égards,
le plus noblement contus, le plus mons-
trueusement incompréhensible pour l'ana-
lyste précis.
Les légendes du Nord conviennent ad-
mirablement pour cela; elles sont incon-
nues ou peu familières à notre esprit, elles
forment une toile de tond exempte de tout
détail caractéristique dont la trop vive per-
ception nous choquerait. Elles laissent le
fleuve musical s'écouler harmonieusement
entre deux rives brumeuses qu'il vaut
mieux ignorer; elles nous permettent, en un
mot, de ressentir cette jouissance infinie
que nous éprouvons devant toute œuvre
d'art que la froide analyse n'est point en-
core parvenue à expliquer.
Et il nous est tout aussi indifférent, au
point de vue artistique, d'en comprendre le
sens historique que de savoir si La Ronde
de nuit emprunte son éblouissante lumière
au soleil de midi ou à la flamme des tor-
ches. i
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Cet après-midi, à deux heures, au théâtre
Antoine, répétition générale de L'Oreille
fendue, pièce en quatre actes, de M. Lucien
Nepoty.
Ce soir, à huit heures un quart, à £ Am-
bigu, répétition générale de L'Agence Le-
gris, drame en six actes, de M. Jacques
Roullet.
Aujourd'hui, à deux heures et demie, au
théâtre Femina, répétition générale de la
première des matinées pour la jeunesse.
Ce soir, à neuf heures, au Moulin-Rouge,
répétition générale (à bureaux ouverts) de
Par-dessus les Moulins! revue en deux ac-
tes et neul tableaux, de. MM. Paul Ardot et
G.-P. Briquet, musique de M. Jacobi.
Ce soir, à huit heures trois quarts, aux
Capucines, première représentation de :
Gros Béguin. Pfèçf ft4 0 4e ™a~
gues Delorme; Suzy, comédie en un acte,
de M. André Barde; La Double r'Vue.,
fantaisie-revue en deux actes, de MM. Mi-
chel Carré et André Barde.
u
'ne véritable cohue se pressait hier à la
mairie du 86 arrondissement, où avait
lieu le mariage de M. Maurice Le Blond,
secrétaire particulier .'du ministre de l'Inté-
rieur, avec Mlle Denise Emile-Zola.
La cérémonie musicale, sous la direction
de M. Francis Casadesus (l'un des nova-
teurs des fêtes civiles), a produit une belle
impression d'art. »
La Société des Instruments anciens, fon-
dée par Henri Casadesus, fit entendre, avec
le concours de MM. Malkine, Marcel Casa-
desus et Devilliers, le magnifique Adagio
du concerto pour les violes, de Ph.-E. Bach.
Ensuite Mlle Lucy Vauthrin. de l'Opéra-
Comique, accompagnée par Mlle Lucy Caf-
faret, chanta avec une grâce charmante l'é-
motive « Chanson de Lulu », de VQura-
gan, du maître Alfred Bruneau.
La musique de circonstance, efeen parti-
culier Le Cortège de la Raison, de M. Fran-
cis Casadesus, fut exécutée- par un orches-
tre excellent dont les solistes étaient: MM.
A.-H. Galland, Louis Fournier, Ed. Delhaye,
E Weiller, etc., de l'Opéra et des Concerts
Lamoureux.
O
utre-mer.
L'entente cordiale, pour le monde
des théâtres, n'existe pas qu'avec l'Angle-
terre. Les Etats-Unis également en font lar-
gement leur profit; M. Frohman, l'impre
sario bien connu, est le grand artisan de
cette alliance.
C'est ainsi qu'il peut annoncer à tout
New-York que M. Henry Bernstein travaille
spécialement pour lui, et qu'après les adap-
tations du 'Voleur et de Samson il pourra
offrir aux Américains une pièce inédite de
cet. auteur, pièce dont l'idée relève des
temps modernes.
L'adaptation de Samson sera faite par
certain comédien transatlantique, sir, Gil-
lette, qui passa son été à travailler. sur un
bateau.
Pourvu que ces projets ne soient pas éga-
lement flottants.
Des promesses plus fermes sont faites à
M. Frohman par MM. Robert de Fiers et
G. de-Caillavet.
Avouez que ces « premières » anglaises
ne pourront être que très parisiennes.
M. Frohman compte enfin monter, cette
saison, Mariage d'Etoile, d'Alexandre Bis-
son; Les Jumeaux de Brighton, de Tristan
Mtàrn2œÀ+~SûB.J?rèL£r. 4e..G;iinQttjtfL fittur,hi>
net; et -puis encore. une pièce autour de-
laquelle, on aura fait grand bruit avant la,
première.
Tout cela paraît un peu. considérable,
même pour un pays de trust.
Mais pensez que M. Frohman possède
sept théâtres à New-York, trois à Boston,
deux à Chicago, trois à Londres, sans comp-
ter celui qu'il projette d'avoir à Paris - ce
n'est pas une blague.
L
eurs vieux jours. 1
On reparle de M. Jules Lemaître qui
vient, paraît-il, d accorder son exclusive col-
laboration à un journal royaliste, et qui n'y
publiera que des notes politiques. L'acadé-
micien aurait donc renonce à la critique dra-
matique,
Regrettons-le. Regrettons-le sans nous
étonner. Quand Cornera vint au monde,
la critique en avait été offerte à M. Jules
Lemaître qui, doucement et aimablement,
avait refusé: « les travaux, les fatigues, les
conférences, etc. »
Ces temps derniers on avait également
mis en avant, pour la critique du Figaro, le
nom de l'ancien collaborateur des Débats.
Il n'aura pas davantage accepté, sans doute.
Sait-on, à ce propos, que depuis quelques
mois M. Jules Lemaître est pensionné" par
l'Association de la Critique, et qu'il reçoit
un franc chaque jour, ou plus exactement*
trois cent soixante francs par an? Il partage
actuellement cette faveur avec nombre de
confrères, et non des moindres : Henry Ma-
ret, Jules Claretie, Soubies, Stoullig, Le
Senne, Bauer, etc. L'an prochain, Louis
de Gramont, Céard, Théry commenceront à
toucher; et, en 1910, MM. Biguet, Gan-
derax, Ginisty, etc., entreront à leur tour
dans la phalange, des petits rentiers.
M
lis où sont les splendeurs d'antan.
„ Les esprits chagrins, perpétuels dé-
tracteurs du présent, ne manquaient jamais
lorsque l'on parlait music-hall, d'évoquer les
splendeurs de la direction Marchand et de
vanter l'habileté directoriale de ce dernier.
Force leur fut cependant de reconnaître que
M. Clément Bannel, pour son spectacle de
réouverture des Folies-Bergère, avait fait
un coup de maître, et plus d'un de ces po-
dagres dut convenir que « ce spectacle rap-
pelait ceux des beaux jours de la direction
Marchand ». — Hasard! chance! cela ne
durera pas! s'empressaient, d'ajouter ces
irréductibles. La réponse de M. Cl. Bannel
ne se fit pas attendre; après le triomphal
programme be la réouverture, il donna le
triomphal programme d'octobre, qui réunit
des attractions telles que « l'Homme à
l'échelle », les Kreins, Lanthenay, Cornait
and Eddie, Boller, les Athlétas, etc., etc.,
venant ajouter l'attrait de leur nouveauté à
celui de Sports, le merveilleux ballet. Cette
fois-ci, les détracteurs du présent doivent
s'incliner devant l'évidence, devant les faits,
devant l'irréfutable argument des recettes
toujours plus belles, de la salle toujours
pleine. M. CI. Bannel est un maître, et, sous
son habile direction, les Folies-Bergère mé-
ritent plus que jamais leur titre de « premier
music-hall de Paris ».
T
'rois heures de l'après-midi,-avant-hier. »
Un homme grand, de tenue irréoro"
chable; aux cheveux longs, à la barbe blan-
che alignée en rectangle, descend majestueu-
sement le boulevard, entre les rues Vivienne
et Richelieu. En croyant le reconnaître,, de
nombreux passants se retournent. Quelques-
uns s'attardent et risquent un coup de cha-
peau. Imperturbable alors, le monsieur qui
a du brillant — du briUant belge, p ourmiti
on dir? Mlue. 1,
Je m'arrête moi-même, un instant amusé
par U ressemblance cherchée, quand face
au pseudo-roi- --hasard,. piquant — voici
venir légère, de gris toute vêtue, le pied fin
chaussé de fauve, la mignonne danseuse aux
bandeaux, qui fut reine de beauté. Elle a
vu. Il est trop Parisien pour ignorer. Il
s'incline discrètement. Elle passe sans une
flexion de buste. Et, jusqu'au coin de la rue
prochaine, je m'amuse du sourire et des
yeux malicieux, fleuris de souvenirs, de
Mlle Cléo de Mérode, alors qu'elle vient
de croiser le sosie de Léopold II.
A
qui peut-on s'adresser pour vendre un
joli bijou à sa réelle valeur? Dusau-
soy, l'expert bien connu du 4, boulevard
des Italiens, se met à la disposition des per-
sonnes soucieuses de leurs intérêts. Grand
choix d'occasions.
u
n rien!
Quelques chiffres qui feront rêver ,
les jeunes auteurs et peut-être aussi quel-
ques directeurs de théâtre infortunés!
Franz Lehar, le compositeur de The
Merry Widor (La Joyeuse Veuve) a, dit-on,
gagné un million sept cent cinquante mille
francs avec cette opérette, qui fut donnée
pour la première fois au An der Wien Thea-
ter. Vienne, le 3 janvier 1906. M. Karczag,
f'ttrides-direeteurs de cet établissement, a
fait, grâce à cette pièce, un bénéfice de
un million quarante et un miHe francs. M.
Georges Edwardes, qui monta la pièce en
Angleterre, au Daly's Theatre de Londres,
le 8 juin 1907, va fêter, dans quelques
jours, la cinq centième de cette pièce, à
ce théâtre, et son succès ne se dément pas.
Cela est un bon présage pour M. Franck,
qui doit monter la pièce à Paris.
c
huinteriez-vous, par hasard?
Chuinter? Ce vocable de physiolo-
gie buccale ne vous dit vraisemblablement
pas grand'chose.
Chuinter, c'est être affecté de ce défaut
de prononciation agaçant qui vous donne
l'air de parler avec la bouche encombrée
de bouillie tiède. La personne qui chuinte
prononce certaines consonnes, notamment
les c et les s, en rappelant, dans une cer-
taine mesure, le chant de la chouette -
d'où le mot.
Donc, si vous chuintez, si vous bégayez,
si vous zézayez, « ne vous désolez plus » 1
comme disent les réclames de produits sto-
machiques; mais allez, un dimanche matin,
de neuf heures et demie à onze heures, à
partir du Il courant, à Fécole de garçons
de la rue Foyatier, au pied de la Butte.
- St faites vôu^.-lnscfessezi>
tiellement gratuit que donnera tous les ei
manches l'excellent comédien Andréyor,
grand redresseur de prononciations et cé-
lèbre correcteur d'accents.
Andréyor est étonnant. En trois mois,
avec lui, vous articulerez, comme Paul Mou-
net, fussiez-vous dix fois plus bègue que
Démosthènes et plus nasillard que Baron
père!
Et il ne vous en coûtera, en fin de comp-
te, qu'une cordiale et reconnaissante poi-
gnée de main à votre libérateur.
U
n accessoiriste.
On sait le beau talent du peintre
Anquetin, on a souvent admiré ses tableaux,
d'une puissante vérité, et l'on aime chez cet
artiste probe et hautain des qualités de cou-
leur, d'intelligence et de vérité.
Nous fûmes hier lui rendre visite en son
atelier. Il était gravement occupé à peindre
Î3 portrait d'un général, d'un général en
grand uniforme et chamarré de décorations.
Nous nous étonnions du choix de ce sujet
et nous ne pouvions dissimuler notre sur-
prise de voir l'original et indépendant An-
quetin disputer ses modèles à MM. Edouard
Detaille et Berne-Bellecour, mais Anquetin
nous rassura d'un geste, et, levant l'enve-
loppe qui couvrait le haut de son - tableau,
il fit apparaître à nos yeux éblouis le por-
trait de Gémier, de Gémier en costume de
général.
Anquetin qui, dans La Rabouilleuse, avait
déjà fait du célèbre comédien un merveil-
leux portrait, préparait le tableau que l'on
pourra admirer dans L'Oreille tendue, la
pièce de M. Nepoty, dont le théâtre An-
toine donne aujourd'hui la répétition géné-
rale.
H
yménée. ;
Hier, à midi, à la mairie du se ar-
rondissement, a été célébré le mariage de
M. Jutes Leitner, le sympathique sociétaire
de la Comédie-Française, avec Mlle Alipe
Boriotte, qui fut une de ses élèves.
Nos meilleures félicitations et nos meil-
leurs souhaits de bonheur.
G
are à la S. P. A., ou les suites d'une
« soirée » de Comœdia.
On se rappelle qu'au deuxième acte de
L'Auberge Rouge, le drame palpitant de
Serge Basset, joué au théâtre Antoine, un
chien lointain aboyait en coulisse.
Or, dans sa « soirée » du lendemain
notre collaborateur Davin de Champclos a
imprimé que, pour obtenir lesdits - aboie-
ments, on devait fouailler quelque peu le
malheureux cabot.
D'où émotion de la S. P. A. — lisez:
Société Protectrice des Animaux — et d'un
quarteron de bonnes dames indignées qui
objurguèrent violemment M.' Maudru, l'ai-
mable administrateur du théâtre Antoine, et
lui enjoignirent de « ne plus faire battre le
chien ».
Eh bien ! nous pouvons rassurer les âmes
sensibles: jamais le personnage à quatre
pattes de L'Auberge Rouge n'a été battu -
même avec une fleur.
Et M. Maudru est parfaitement innocent
de cette cruauté imaginaire.
Dont acte. -
N
os Compagnies de chemin de fer ré-
pandent à profusion de jolies affiches
reproduisant tous les beaux sites de France
afin de nous exciter aux joies du tourisme.
Elles y ont moins bien réussi que la marque
Unie, dont les automobiles sont des reines
emmenant avec elles tout un peuple de
chauffeurs.
, fei S? Y**?*
COMÉDIE. ROYALE
- r : ,. , ^Boyer et Be*t..pbot.)
L'Après=midi 'Byzantine
de M. Nozière
V'là l'potin mondain
ReVue de MM. Fargue et Charron
La !Petite Femme forte
-, de MM. Germain et Trébor
Madame est de bois
de E.=G. Gluc ■
MUn. Snlnel!v et. M. Berton
fc V'tA POTIN moieiwmr*
On - se sent d'abord tout rajeuni en -' s'as-
seyant dans .un de ces petits théâtres à la
scène si proche, si étroite, si peu profonde
que toute illusion proprement scénique dis-
paraît. Il semble qu'on soit de nouveau un
petit garçon, au col marin et aux jambes
nues, et qu'on se retrouve au guignol des
Tuileries ou du Luxembourg. Et puis, dès
que le spectacle a commencé, voilà que l'il-
lusion se déplace. On se sent un vieux, très
vieux monsieur dont la fatigue excitée guet-
te les sous-entendus polissons, le déshabil-
lage des actrices, la nudité des danseuses.
Oui, un guignol pour vieux messieurs, cette
« LA. PETITE FEMME FORTE» ,(Boyer', et Bert. pbot.)
formule me paraît décidément assez, com-
préhensive et assez juste.
Les. deux premières pièces du program-
me n'étaient pas pour contrarier cette im-
pression. Dans la comédie de M. Gluck,
Madame est de Bois, pièce sans valeur au-
cune et sur laquelle je n'insisterai pas au-
trement, il n'est question que d'aphrodisia-
ques cela pour les vieillards — et l'on y
voit une femme simuler, tout comme Co-
lombine, l'empoisonnement et la mort. Dans
la comédie de MM. Germain et Trébor, La
Petite FemT(le'!ort:e,quia'de: la 'verve et de
la gaieté, on voit, de même que Polichinelle
rosse le commissaire, une femme, une. cou-
rageuse petite femme, berner la mauvaise
volonté: légendaire ? des subordonnés de M.
Simyan. Je; riel- dirai pas que cette; saynète,
qui se passe dans un bureau de ppste, s'é-
gale aux fantaisies de M. Courtelihe, dont
elle est visiblement inspirée.. Mais elle est
Mlle Cartier 1. -
Mlle Corciada Mlle Sanzl
1
Mlle MVrtla 1 •
« L'APRES-MIDI BYZANTINE *
pleine de bonne humeur.. La pièce de M.
Gluck est jouée par M. Allary avec ron-
deur, par Mlle A. Parys avec une certaine
finesse. Et la pièce de MM. Germain et
Trébor fut bien défendue par le même
M. Allary, par M. Fred Pascal, par Mlle A.
Cavell qui pourrait utilement doubler Mme
Marguerite Deval en province, et surtout
par Mlle Mireille Corbé qui, dans un rôle
de trottin quelque peu dégingandé, montra
de la beauté, de la fantaisie, et ce qu'au
temps de Meilhac et Halévy on appelait fa-
niilièrement « du chien ».
- La fantaisie de M. Nozière est, comme on
peut çeu^ûr. d'une autr« fy f
hommes en M. Nozière. Il y a le critiqua
excellent dont ses confrères apprécient, au
moins autant que ses lecteurs, la culture!,
l'exactitude scrupuleuse, la fière et coura-
geuse indépendance. Et puis, il y a l'écri-
vain nourri des contes philosophiques et des
romans galants du XVIIIe siècle, et que le
goût, le sens de la volupté pourraient pous-
ser parfois, si on voulait le juger en mora-
liste, jusqu'à une sorte de dépravation. Il
excelle à composer des spectacles où tout
concourt à enchanter, à troubler le specta-
teur, et il excelle aussi à saupoudrer ces
scènes sensuelles d'une ironie sceptique
clairvoyante, un -peu narquoise, où l'oqi
sent le disciple de Voltaire et de M. Anatole
France. Jamais, je crois bien, l'auteur dp
La Belle et la Bête n'était allé plus loiipi
que dans L'Apiès-midi Byzantine, et il
fallu toute son aisance, son élégance et sa
souplesse pour mener jusqu'au bout cette
fantaisie. 1
Je ne saurais l'analyser exactement, cçc
- je- suis prude. Tout ce. que je puis dire,
c'est que les deux personnages sont deuk
courtisanes byzantines, Xantippe et Myr-
rhà;': un cocher de cirque, amant àe Myr-
:rha,: nommé Hippolyte; un adolescent
amant de Xantippe — le rôle est joué.e)i
travesti par Mlle Madeleine- Cariier — 41
l'esclave. Lencoé. Entre ces cinq persoin
nages s'opèrent tour, à tour toutes, les sk».
tes de rapprochements et d'échanges que
l'on voudra supposer, et la «ortclusioin tfs
j Fauteur est que, dans, les manifestations
(Boyer et Bert, phot.1
.excessives.de 1 amour, là passion exclusive,
la jalousie, la violence vindicative, il - g
souvent un peu d'affectation, toujours un
peu de folie, et que là nature humaine,
quand on la rend à son inclination vérita-
ble, ne tend qu'au plaisir souriant et libre
des sens. Peut-être eût-on mieux senti l'é-
légance philosophique de la pensée de*
M. Nozière si les artistes chargés d'inter.
préter sa fantaisie n'avaient, et par leur
ajustement, et par l'exactitude un peu exa-
gérée de leur jeu, tiré'dans un autre sens
l'attention du spectateur. Mlle Madeleine
Carlier. dans son travesti,, et Mlle Nina.
S4v4i qjtf *io4,*'Vec une précision un peti
~- -
Xse isfumèro : 5 centimes
Jeudi 15; 1908.
■ ■ - .-
r * * ,
Rédacteur en Chef ; Q. de PAWLOWSKI
< RÉDACTION & ADMINISTRATION :
■27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
, Paris et Départements - 24t fr. 12 fré
Étranger. , 40 » 20 m
1
RÉDACTION & ADMINISTRATION s,
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE: 288-07
Numéro provisoire : 401 -46
ABONNEMENTS -
1 UN AN 6 MOIS
- -
Paris et Départements 24 fr. 12 fr. -
Étranger. 40 » 20 a
Flagrant délit
Pour Georges Courteline.
- Mon vieux, je viens d'être surpris
en flagrant délit.
- De quoi! Mais d'adultère, naturel-
lement.
- Ah ! ça te fait rire ; bien entendu,
tu te dis: Bléchard a soixante-sept ans,
ce n'est pas à moi qu'il fera croire qu'il
peut encore avoir des aventures ! Eh
bien! mon bon Léchalotte, c'est tout de
même la vérité. Et je ne m'en vante pas!
Quelle sale histoire !
- Tu ne savais pas que je don-
nais dans les femmes mariées? Mais
moi non plus!.
- Evidemment, on ne m'a pas violé,
mais je te jure que je n'avais rien fait
pour mériter un pareil coup.
- Ça t'amuse. eh,bien! ris, mon
vîètix î/.r Tu as^eîdémefrr l'esprit bien
tourné, et pour aimer les plaisanteries fi-
nes, à toi le pompon ! Quant à moi, je ne
suis pas d'humeur à m'amuser et je suis
même un peu surpris que, dans des cir-
constances aussi graves, tu aies le cœur
à la plaisanterie et tu te divertisses
à des gaudrioles de commis-voyageur.
Ah! bon Dieu! quelle sale journée et
quelle sale bougresse que cette Mme
Poupoule!
- Ça y est. Il rigole. La crise re-
prend. Oui, mon vieux, elle s'appelle
Mme Poupoule.
- Comment, ce n'est pas un nom!.
C'est son nom, c'est un nom comme les
autres et ce n'est pas plus ridicule de
s'appeler Poupoule que de s'appeler Lé-
chalotte. Et puis, cé n'est pas moi qui
l'ai choisi, je te prie de le croire. Voici,
en deux mots, l'histoire.
- Ah! * mon vieux, ne m'interromps
pas tout le temps, je t'en supplie ! Voici :
j'étais assis à la terrasse du café Améri-
cain. L'air était doux et je regardais
passer les gens. Tu sais, moi, j'ai l'âme
d'un vieux poète, je suis un contempla-
tif, et par cette dernière belle journée
d'automne, c'était un bonheur de res-
ter là, l'esprit paresseusement engourdi
et le regard vague et lointain. Je
ne pensais à rien, je rêvais; soudain,
une femme se précipite vers moi, m'en-
lace de ses deux bras et m'embrasse en
m'appelant: « Mon oncle! » Je suis si
stupéfait que je l'embrasse à mon tour.
- Le contraire t'aurait surpris?.
Idiot, va !. Au bout d'un instant, elle
consent à me lâcher, me dévisage
et s'écrie, furieuse : « Ah! sapristi, je me
suis trompée!. » Alors, elle commence
à m'invectiver ; je la calme ; elle finit par
s'asseoir à côté de moi; je lui propose
de se rafraîchir, elle consent, commande
un amer picon et nous causons. Elle me
dit qu'elle s'appelle Poupoule, qu'elle
déteste la musique de Wagner, qu'elle
a joué au tennis avec M. Robert Berns-
tein, et qu'on vient de l'opérer de l'ap-
pendicite. Ces confidences me touchent,
la conversation devient plus affectueuse.
Tout d'un coup, elle s'arrête et me mon-
trant un gros monsieur qui lisait La Pa-
trie à côté de nous, elle me dit: « Ne
trouvez-vous pas que cet homme ne nous
quitte pas des yeux? Je suis une hon-
nête femme. Je ne veux pas rester ici
une minute de plus, allons-nous-en! »
Qu'aurais-tu fait à ma place?.
- Tu ne sais pas! Tu ne sais jamais
rien ! Nous partons et, pour continuer la
conversation, je l'amène à l'hôtel Ter-
minus. Nous prenons une chambre, bien
entendu.
— Ce bien entendu te ravit. Tant
mieux, je suis si content de te faire plai-
Sir! Abruti, va!
- Ne me remercie pas. C'est de bon
cœur!. Nous n'étions pas couchés de-
puis cinq minutes.
- .Naturellement, nous étions cou-
chés. quand onfrappe à la porte. Je
ne réponds pas. Une voix hurle:
« Ouvrez, au nom de la loi ! » Ma con-
quête pousse des cris, se cache sous les
couverture et me confesse qu'elle est
martée. La voix s'impatiente.. J'ouvre.
Plusieurs messieurs envahissent la pièce ;
l'un me montre une écharpe tricolore,
un autre s'approche du lit et tire la cou-
verture ; la dame s'écrie : « Ciel, mon
niari !. » Et je reconnais qui?. Je te
e donne en mille.
• —. Non pas Fallières!. mais un autre
gros monsieur. Celui-là même qui lisait
1-12 Patrie à côté de nous à la terrasse
"e l'Américain!
- Tu trouves ça drôle, naturelle-
ment!. On a dressé procès-verbal,
après quoi le commissaire et M. Pou-
Poule se sont retirés avec beaucoup de
correction. Furieux, je me préparais à
étrangler ma complice, mais elle m'a-
voua que c'était un moyen qu'elle avait
trouvé, d'accord avec son mari, pour di-
Ofcer. Ce cynisme ingénu m'a désar-
mé: ie me suis rhabillé et j'ai fUf. J'ai
même dû donner cinq francs à Mme
Poupoule pour qu'elle pût prendre une
voiture.
-
— Oui, je suis grand et généreux. Tu
ne sais pas à quel point. Aussi, comme
je suis marié et que ma femme est ja-
louse, quand le commissaire m'a de-
mandé de décliner mes nom, prénoms
et qualité, j'ai répondu: « Léchalotte,
Ange-Pitou, rentier. » Oui, mon vieux,
j'ai donné ton nom. Maintenant, dé-
brouille-toi avec la famille Poupoule!.
- Ah! mon vieux, tu ne vas pas me
refuser le premier service que je te de-
mande.
- Quoi! tu trouves que j'ai une
drôle de manière de demander les cho-
ses!. Eh bien! veux-tu que je te dise,
moi. ce que je pense de toi? Tu es un
sale type! tu as une mauvaise nature,
tu es un faux ami et un ignoble égoïste !
- Tu me demandes pardon. Eh bien!
oui, je te pardonne. Moi je suis un bon
garçon.; d'ailleurs, tu devrais me remer-
cier : dans tout le quartier, maintenant,
tu vas avoir la réputation d'un vrai Don
Juan Loo Ah! sacré Léchalotte !.
Pierre MORTIER.
Nous publierons demain un article de
JACQUES MAY
L'art mystérieux
A l'occasion des représentations, à Pa-
ris, du Crépuscule des Dieux, nous n'allons
point manquer de trouver, dans tous les
journaux, d'innombrables articles de fond
écrits par des wagnériens passionnés, et
destinés à donner au public quelques lu-
mières sur la pensée intime du maître.
C'est avec terreur que l'on songe, en effet,
à l'insouciance, à la futilité, à la légèreté
du public français en d'aussi graves cir-
constances, et nos amis voudraient nous
éviter la honte d'une incompréhension en
cette occasion solennelle..
Il faut les en remercier de tout cœur, car
cela témoigne de leurs excellents senti-
ments à notre égard; toutefois, je. crois qu'il
est permis de se demander si de pareilles
explications sont rigoureusement^ néjfès^ï-
res à propos d'une œuvre tTiusicate.
Lorsqu'il s'agit de littérature ou de phi-
losophie, un style embrouillé est une sim-
ple malhonnêteté destinée à voiler la pau-
vreté des idées..
En mettant des proverbes familiers en
équations algébriques, en désignant les cho-
ses les plus communes par des formules
cabalistiques, on s'assure, en effet, un fa-
cile triomphe. La foule ne comprend pas
ce qui sauve l'auteur de la dangereuse cri-
tique de son bon sens, et les érudits com-
prennent toujours ce qui assure la célébrité
de l'auteur. Un lettré, un artiste, est tou-
jours capable, en effet, de remplir le vide
attirant et mystérieux qu'on lui offre par
ses propres idées, et il ne s'aperçoit point,
le plus souvent, de. la supercherie.
Lorsqu'il s'agit du livret d'une œuvre ly-
rique, les conditions littéraires ne sont plus
les mêmes. La musique, en effet, appar-
tient, par essence, au domaine du subcon-
scient, elle est destinée à provoquer en
nous, par l'intermédiaire de nos sens, une
surexcitation générale capable d'éveiller no-
tre pensée; elle ne remplit, en somme, que
le rôle d'un agent provocateur, d'une ac-
coucheuse d'âmes;'vouloir trop la préciser,
c'est, par définition même, la réduire.
Pour une œuvre lyrique de grande en-
vergure, le meilleur livret sera donc, sans
aucun doute, celui qui sera, à tous égards,
le plus noblement contus, le plus mons-
trueusement incompréhensible pour l'ana-
lyste précis.
Les légendes du Nord conviennent ad-
mirablement pour cela; elles sont incon-
nues ou peu familières à notre esprit, elles
forment une toile de tond exempte de tout
détail caractéristique dont la trop vive per-
ception nous choquerait. Elles laissent le
fleuve musical s'écouler harmonieusement
entre deux rives brumeuses qu'il vaut
mieux ignorer; elles nous permettent, en un
mot, de ressentir cette jouissance infinie
que nous éprouvons devant toute œuvre
d'art que la froide analyse n'est point en-
core parvenue à expliquer.
Et il nous est tout aussi indifférent, au
point de vue artistique, d'en comprendre le
sens historique que de savoir si La Ronde
de nuit emprunte son éblouissante lumière
au soleil de midi ou à la flamme des tor-
ches. i
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Cet après-midi, à deux heures, au théâtre
Antoine, répétition générale de L'Oreille
fendue, pièce en quatre actes, de M. Lucien
Nepoty.
Ce soir, à huit heures un quart, à £ Am-
bigu, répétition générale de L'Agence Le-
gris, drame en six actes, de M. Jacques
Roullet.
Aujourd'hui, à deux heures et demie, au
théâtre Femina, répétition générale de la
première des matinées pour la jeunesse.
Ce soir, à neuf heures, au Moulin-Rouge,
répétition générale (à bureaux ouverts) de
Par-dessus les Moulins! revue en deux ac-
tes et neul tableaux, de. MM. Paul Ardot et
G.-P. Briquet, musique de M. Jacobi.
Ce soir, à huit heures trois quarts, aux
Capucines, première représentation de :
Gros Béguin. Pfèçf ft4 0 4e ™a~
gues Delorme; Suzy, comédie en un acte,
de M. André Barde; La Double r'Vue.,
fantaisie-revue en deux actes, de MM. Mi-
chel Carré et André Barde.
u
'ne véritable cohue se pressait hier à la
mairie du 86 arrondissement, où avait
lieu le mariage de M. Maurice Le Blond,
secrétaire particulier .'du ministre de l'Inté-
rieur, avec Mlle Denise Emile-Zola.
La cérémonie musicale, sous la direction
de M. Francis Casadesus (l'un des nova-
teurs des fêtes civiles), a produit une belle
impression d'art. »
La Société des Instruments anciens, fon-
dée par Henri Casadesus, fit entendre, avec
le concours de MM. Malkine, Marcel Casa-
desus et Devilliers, le magnifique Adagio
du concerto pour les violes, de Ph.-E. Bach.
Ensuite Mlle Lucy Vauthrin. de l'Opéra-
Comique, accompagnée par Mlle Lucy Caf-
faret, chanta avec une grâce charmante l'é-
motive « Chanson de Lulu », de VQura-
gan, du maître Alfred Bruneau.
La musique de circonstance, efeen parti-
culier Le Cortège de la Raison, de M. Fran-
cis Casadesus, fut exécutée- par un orches-
tre excellent dont les solistes étaient: MM.
A.-H. Galland, Louis Fournier, Ed. Delhaye,
E Weiller, etc., de l'Opéra et des Concerts
Lamoureux.
O
utre-mer.
L'entente cordiale, pour le monde
des théâtres, n'existe pas qu'avec l'Angle-
terre. Les Etats-Unis également en font lar-
gement leur profit; M. Frohman, l'impre
sario bien connu, est le grand artisan de
cette alliance.
C'est ainsi qu'il peut annoncer à tout
New-York que M. Henry Bernstein travaille
spécialement pour lui, et qu'après les adap-
tations du 'Voleur et de Samson il pourra
offrir aux Américains une pièce inédite de
cet. auteur, pièce dont l'idée relève des
temps modernes.
L'adaptation de Samson sera faite par
certain comédien transatlantique, sir, Gil-
lette, qui passa son été à travailler. sur un
bateau.
Pourvu que ces projets ne soient pas éga-
lement flottants.
Des promesses plus fermes sont faites à
M. Frohman par MM. Robert de Fiers et
G. de-Caillavet.
Avouez que ces « premières » anglaises
ne pourront être que très parisiennes.
M. Frohman compte enfin monter, cette
saison, Mariage d'Etoile, d'Alexandre Bis-
son; Les Jumeaux de Brighton, de Tristan
Mtàrn2œÀ+~SûB.J?rèL£r. 4e..G;iinQttjtfL fittur,hi>
net; et -puis encore. une pièce autour de-
laquelle, on aura fait grand bruit avant la,
première.
Tout cela paraît un peu. considérable,
même pour un pays de trust.
Mais pensez que M. Frohman possède
sept théâtres à New-York, trois à Boston,
deux à Chicago, trois à Londres, sans comp-
ter celui qu'il projette d'avoir à Paris - ce
n'est pas une blague.
L
eurs vieux jours. 1
On reparle de M. Jules Lemaître qui
vient, paraît-il, d accorder son exclusive col-
laboration à un journal royaliste, et qui n'y
publiera que des notes politiques. L'acadé-
micien aurait donc renonce à la critique dra-
matique,
Regrettons-le. Regrettons-le sans nous
étonner. Quand Cornera vint au monde,
la critique en avait été offerte à M. Jules
Lemaître qui, doucement et aimablement,
avait refusé: « les travaux, les fatigues, les
conférences, etc. »
Ces temps derniers on avait également
mis en avant, pour la critique du Figaro, le
nom de l'ancien collaborateur des Débats.
Il n'aura pas davantage accepté, sans doute.
Sait-on, à ce propos, que depuis quelques
mois M. Jules Lemaître est pensionné" par
l'Association de la Critique, et qu'il reçoit
un franc chaque jour, ou plus exactement*
trois cent soixante francs par an? Il partage
actuellement cette faveur avec nombre de
confrères, et non des moindres : Henry Ma-
ret, Jules Claretie, Soubies, Stoullig, Le
Senne, Bauer, etc. L'an prochain, Louis
de Gramont, Céard, Théry commenceront à
toucher; et, en 1910, MM. Biguet, Gan-
derax, Ginisty, etc., entreront à leur tour
dans la phalange, des petits rentiers.
M
lis où sont les splendeurs d'antan.
„ Les esprits chagrins, perpétuels dé-
tracteurs du présent, ne manquaient jamais
lorsque l'on parlait music-hall, d'évoquer les
splendeurs de la direction Marchand et de
vanter l'habileté directoriale de ce dernier.
Force leur fut cependant de reconnaître que
M. Clément Bannel, pour son spectacle de
réouverture des Folies-Bergère, avait fait
un coup de maître, et plus d'un de ces po-
dagres dut convenir que « ce spectacle rap-
pelait ceux des beaux jours de la direction
Marchand ». — Hasard! chance! cela ne
durera pas! s'empressaient, d'ajouter ces
irréductibles. La réponse de M. Cl. Bannel
ne se fit pas attendre; après le triomphal
programme be la réouverture, il donna le
triomphal programme d'octobre, qui réunit
des attractions telles que « l'Homme à
l'échelle », les Kreins, Lanthenay, Cornait
and Eddie, Boller, les Athlétas, etc., etc.,
venant ajouter l'attrait de leur nouveauté à
celui de Sports, le merveilleux ballet. Cette
fois-ci, les détracteurs du présent doivent
s'incliner devant l'évidence, devant les faits,
devant l'irréfutable argument des recettes
toujours plus belles, de la salle toujours
pleine. M. CI. Bannel est un maître, et, sous
son habile direction, les Folies-Bergère mé-
ritent plus que jamais leur titre de « premier
music-hall de Paris ».
T
'rois heures de l'après-midi,-avant-hier. »
Un homme grand, de tenue irréoro"
chable; aux cheveux longs, à la barbe blan-
che alignée en rectangle, descend majestueu-
sement le boulevard, entre les rues Vivienne
et Richelieu. En croyant le reconnaître,, de
nombreux passants se retournent. Quelques-
uns s'attardent et risquent un coup de cha-
peau. Imperturbable alors, le monsieur qui
a du brillant — du briUant belge, p ourmiti
on dir? Mlue. 1,
Je m'arrête moi-même, un instant amusé
par U ressemblance cherchée, quand face
au pseudo-roi- --hasard,. piquant — voici
venir légère, de gris toute vêtue, le pied fin
chaussé de fauve, la mignonne danseuse aux
bandeaux, qui fut reine de beauté. Elle a
vu. Il est trop Parisien pour ignorer. Il
s'incline discrètement. Elle passe sans une
flexion de buste. Et, jusqu'au coin de la rue
prochaine, je m'amuse du sourire et des
yeux malicieux, fleuris de souvenirs, de
Mlle Cléo de Mérode, alors qu'elle vient
de croiser le sosie de Léopold II.
A
qui peut-on s'adresser pour vendre un
joli bijou à sa réelle valeur? Dusau-
soy, l'expert bien connu du 4, boulevard
des Italiens, se met à la disposition des per-
sonnes soucieuses de leurs intérêts. Grand
choix d'occasions.
u
n rien!
Quelques chiffres qui feront rêver ,
les jeunes auteurs et peut-être aussi quel-
ques directeurs de théâtre infortunés!
Franz Lehar, le compositeur de The
Merry Widor (La Joyeuse Veuve) a, dit-on,
gagné un million sept cent cinquante mille
francs avec cette opérette, qui fut donnée
pour la première fois au An der Wien Thea-
ter. Vienne, le 3 janvier 1906. M. Karczag,
f'ttrides-direeteurs de cet établissement, a
fait, grâce à cette pièce, un bénéfice de
un million quarante et un miHe francs. M.
Georges Edwardes, qui monta la pièce en
Angleterre, au Daly's Theatre de Londres,
le 8 juin 1907, va fêter, dans quelques
jours, la cinq centième de cette pièce, à
ce théâtre, et son succès ne se dément pas.
Cela est un bon présage pour M. Franck,
qui doit monter la pièce à Paris.
c
huinteriez-vous, par hasard?
Chuinter? Ce vocable de physiolo-
gie buccale ne vous dit vraisemblablement
pas grand'chose.
Chuinter, c'est être affecté de ce défaut
de prononciation agaçant qui vous donne
l'air de parler avec la bouche encombrée
de bouillie tiède. La personne qui chuinte
prononce certaines consonnes, notamment
les c et les s, en rappelant, dans une cer-
taine mesure, le chant de la chouette -
d'où le mot.
Donc, si vous chuintez, si vous bégayez,
si vous zézayez, « ne vous désolez plus » 1
comme disent les réclames de produits sto-
machiques; mais allez, un dimanche matin,
de neuf heures et demie à onze heures, à
partir du Il courant, à Fécole de garçons
de la rue Foyatier, au pied de la Butte.
- St faites vôu^.-lnscfessezi>
tiellement gratuit que donnera tous les ei
manches l'excellent comédien Andréyor,
grand redresseur de prononciations et cé-
lèbre correcteur d'accents.
Andréyor est étonnant. En trois mois,
avec lui, vous articulerez, comme Paul Mou-
net, fussiez-vous dix fois plus bègue que
Démosthènes et plus nasillard que Baron
père!
Et il ne vous en coûtera, en fin de comp-
te, qu'une cordiale et reconnaissante poi-
gnée de main à votre libérateur.
U
n accessoiriste.
On sait le beau talent du peintre
Anquetin, on a souvent admiré ses tableaux,
d'une puissante vérité, et l'on aime chez cet
artiste probe et hautain des qualités de cou-
leur, d'intelligence et de vérité.
Nous fûmes hier lui rendre visite en son
atelier. Il était gravement occupé à peindre
Î3 portrait d'un général, d'un général en
grand uniforme et chamarré de décorations.
Nous nous étonnions du choix de ce sujet
et nous ne pouvions dissimuler notre sur-
prise de voir l'original et indépendant An-
quetin disputer ses modèles à MM. Edouard
Detaille et Berne-Bellecour, mais Anquetin
nous rassura d'un geste, et, levant l'enve-
loppe qui couvrait le haut de son - tableau,
il fit apparaître à nos yeux éblouis le por-
trait de Gémier, de Gémier en costume de
général.
Anquetin qui, dans La Rabouilleuse, avait
déjà fait du célèbre comédien un merveil-
leux portrait, préparait le tableau que l'on
pourra admirer dans L'Oreille tendue, la
pièce de M. Nepoty, dont le théâtre An-
toine donne aujourd'hui la répétition géné-
rale.
H
yménée. ;
Hier, à midi, à la mairie du se ar-
rondissement, a été célébré le mariage de
M. Jutes Leitner, le sympathique sociétaire
de la Comédie-Française, avec Mlle Alipe
Boriotte, qui fut une de ses élèves.
Nos meilleures félicitations et nos meil-
leurs souhaits de bonheur.
G
are à la S. P. A., ou les suites d'une
« soirée » de Comœdia.
On se rappelle qu'au deuxième acte de
L'Auberge Rouge, le drame palpitant de
Serge Basset, joué au théâtre Antoine, un
chien lointain aboyait en coulisse.
Or, dans sa « soirée » du lendemain
notre collaborateur Davin de Champclos a
imprimé que, pour obtenir lesdits - aboie-
ments, on devait fouailler quelque peu le
malheureux cabot.
D'où émotion de la S. P. A. — lisez:
Société Protectrice des Animaux — et d'un
quarteron de bonnes dames indignées qui
objurguèrent violemment M.' Maudru, l'ai-
mable administrateur du théâtre Antoine, et
lui enjoignirent de « ne plus faire battre le
chien ».
Eh bien ! nous pouvons rassurer les âmes
sensibles: jamais le personnage à quatre
pattes de L'Auberge Rouge n'a été battu -
même avec une fleur.
Et M. Maudru est parfaitement innocent
de cette cruauté imaginaire.
Dont acte. -
N
os Compagnies de chemin de fer ré-
pandent à profusion de jolies affiches
reproduisant tous les beaux sites de France
afin de nous exciter aux joies du tourisme.
Elles y ont moins bien réussi que la marque
Unie, dont les automobiles sont des reines
emmenant avec elles tout un peuple de
chauffeurs.
, fei S? Y**?*
COMÉDIE. ROYALE
- r : ,. , ^Boyer et Be*t..pbot.)
L'Après=midi 'Byzantine
de M. Nozière
V'là l'potin mondain
ReVue de MM. Fargue et Charron
La !Petite Femme forte
-, de MM. Germain et Trébor
Madame est de bois
de E.=G. Gluc ■
MUn. Snlnel!v et. M. Berton
fc V'tA POTIN moieiwmr*
On - se sent d'abord tout rajeuni en -' s'as-
seyant dans .un de ces petits théâtres à la
scène si proche, si étroite, si peu profonde
que toute illusion proprement scénique dis-
paraît. Il semble qu'on soit de nouveau un
petit garçon, au col marin et aux jambes
nues, et qu'on se retrouve au guignol des
Tuileries ou du Luxembourg. Et puis, dès
que le spectacle a commencé, voilà que l'il-
lusion se déplace. On se sent un vieux, très
vieux monsieur dont la fatigue excitée guet-
te les sous-entendus polissons, le déshabil-
lage des actrices, la nudité des danseuses.
Oui, un guignol pour vieux messieurs, cette
« LA. PETITE FEMME FORTE» ,(Boyer', et Bert. pbot.)
formule me paraît décidément assez, com-
préhensive et assez juste.
Les. deux premières pièces du program-
me n'étaient pas pour contrarier cette im-
pression. Dans la comédie de M. Gluck,
Madame est de Bois, pièce sans valeur au-
cune et sur laquelle je n'insisterai pas au-
trement, il n'est question que d'aphrodisia-
ques cela pour les vieillards — et l'on y
voit une femme simuler, tout comme Co-
lombine, l'empoisonnement et la mort. Dans
la comédie de MM. Germain et Trébor, La
Petite FemT(le'!ort:e,quia'de: la 'verve et de
la gaieté, on voit, de même que Polichinelle
rosse le commissaire, une femme, une. cou-
rageuse petite femme, berner la mauvaise
volonté: légendaire ? des subordonnés de M.
Simyan. Je; riel- dirai pas que cette; saynète,
qui se passe dans un bureau de ppste, s'é-
gale aux fantaisies de M. Courtelihe, dont
elle est visiblement inspirée.. Mais elle est
Mlle Cartier 1. -
Mlle Corciada Mlle Sanzl
1
Mlle MVrtla 1 •
« L'APRES-MIDI BYZANTINE *
pleine de bonne humeur.. La pièce de M.
Gluck est jouée par M. Allary avec ron-
deur, par Mlle A. Parys avec une certaine
finesse. Et la pièce de MM. Germain et
Trébor fut bien défendue par le même
M. Allary, par M. Fred Pascal, par Mlle A.
Cavell qui pourrait utilement doubler Mme
Marguerite Deval en province, et surtout
par Mlle Mireille Corbé qui, dans un rôle
de trottin quelque peu dégingandé, montra
de la beauté, de la fantaisie, et ce qu'au
temps de Meilhac et Halévy on appelait fa-
niilièrement « du chien ».
- La fantaisie de M. Nozière est, comme on
peut çeu^ûr. d'une autr« fy f
hommes en M. Nozière. Il y a le critiqua
excellent dont ses confrères apprécient, au
moins autant que ses lecteurs, la culture!,
l'exactitude scrupuleuse, la fière et coura-
geuse indépendance. Et puis, il y a l'écri-
vain nourri des contes philosophiques et des
romans galants du XVIIIe siècle, et que le
goût, le sens de la volupté pourraient pous-
ser parfois, si on voulait le juger en mora-
liste, jusqu'à une sorte de dépravation. Il
excelle à composer des spectacles où tout
concourt à enchanter, à troubler le specta-
teur, et il excelle aussi à saupoudrer ces
scènes sensuelles d'une ironie sceptique
clairvoyante, un -peu narquoise, où l'oqi
sent le disciple de Voltaire et de M. Anatole
France. Jamais, je crois bien, l'auteur dp
La Belle et la Bête n'était allé plus loiipi
que dans L'Apiès-midi Byzantine, et il
fallu toute son aisance, son élégance et sa
souplesse pour mener jusqu'au bout cette
fantaisie. 1
Je ne saurais l'analyser exactement, cçc
- je- suis prude. Tout ce. que je puis dire,
c'est que les deux personnages sont deuk
courtisanes byzantines, Xantippe et Myr-
rhà;': un cocher de cirque, amant àe Myr-
:rha,: nommé Hippolyte; un adolescent
amant de Xantippe — le rôle est joué.e)i
travesti par Mlle Madeleine- Cariier — 41
l'esclave. Lencoé. Entre ces cinq persoin
nages s'opèrent tour, à tour toutes, les sk».
tes de rapprochements et d'échanges que
l'on voudra supposer, et la «ortclusioin tfs
j Fauteur est que, dans, les manifestations
(Boyer et Bert, phot.1
.excessives.de 1 amour, là passion exclusive,
la jalousie, la violence vindicative, il - g
souvent un peu d'affectation, toujours un
peu de folie, et que là nature humaine,
quand on la rend à son inclination vérita-
ble, ne tend qu'au plaisir souriant et libre
des sens. Peut-être eût-on mieux senti l'é-
légance philosophique de la pensée de*
M. Nozière si les artistes chargés d'inter.
préter sa fantaisie n'avaient, et par leur
ajustement, et par l'exactitude un peu exa-
gérée de leur jeu, tiré'dans un autre sens
l'attention du spectateur. Mlle Madeleine
Carlier. dans son travesti,, et Mlle Nina.
S4v4i qjtf *io4,*'Vec une précision un peti
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