Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-10-12
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 octobre 1908 12 octobre 1908
Description : 1908/10/12 (A2,N378). 1908/10/12 (A2,N378).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646031c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2'Année, «N'37'8 (Quotidien)
Le Numéro : 5 centimes
: -'-J~--.
Lundi 12 Octobre 1908.
j
:
Rédacteur en Chef : G. de PA WLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA..PARlS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 M01&
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 »
r. - RÉDACTION & ADMINISTRATION ï
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
: TÉLÉPHONE : 288-07
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ABONNEMENTS:
UN AN 6 IROtS
Paris et Départements. 24 fr. 12 fr.
Étranger -- , 40 » 20 D
LES DEUX EPOQUES
Une affaire
d'honneur
L'embêtant, pour le duel Boissort-
Lancrit, c'était qu'à l'heure même où il
aurait lieu, serait jouée, en répétition gé-
nérale, à la Comédie-Moderne, Ardente!
la pièce de Boissort.
Et pas moyen de remettre au lende-
main. Boissort ne voulait pas. Par crâ-
nerie? Pas du tout. Boissort redoutait
un échec et son duel était, dans sa pen-
sée, un alibi plus encore qu'une affaire
d'honneur.
— Je n'aurai pas un chat! se disait
Lancrit, en songeant au terrain.
- Je n'aurai pas un chien ! se disait
Boissort, en songeant à sa pièce.
Au fond, Lancrit se sentait enchanté.
Cette affaire d'honneur était réellement
Pour lui une bonne, une excellente af-
faire! D'abord, comme témoins, il avait
Pécal, un roi du théâtre : le duc
d'Arcimont, un roi du monde, et le
chirurgien Drouard, un roi du cou-
eau; tandis que Boissort, c'était vrai-
ment piteux! Qu'allait-il arborer? Un
romancier catholique et un capitaine
® infanterie qui serait en civil !
Et. de plus, ridicule à l'épée ! Donc, à
moins d'une surprise, c'était couru,
Lancrit serait vainqueur, et voilà juste-
ment ce qui le chiffonnait! A l'égard de
Pécal, en effet, cela allait tout seul. On
savait la cause de ce duel et qu'en
somme, c'était pour le venger des pro-
pos de Boissort que Lancrit se battait.
*1 tenait donc Pécal.
Mais Boissort! Il n'était plus, en ce
Moment, un monsieur négligeable. On
Jouait sa pièce. On annonçait un four.
Mais si on se trompait, l'auteur discré-
dité remontait et, d'un seul coup, il rat-
trapait Pécal. Alors? Valait-il mieux l'at-
teindre? Fallait-il l'épargner? Que faire?
Lt, soudain, il songea : « Suis-je bête?
A trois heures, deux actes d'Ardente
eront déjà joués. Des amis lui apporte-
ront des nouvelles et je réglerai mon jeu
SUr les derniers tuyaux! »
11 Pecal. lui aussi, se sentait rayonnant.
ne , souhaitait pas, certes, que Bois-
A r* écopâ*^de«R.-dea largeuFs-Arop gra-
ves. Mais, tout de même, la petite bles-
sure, celle qui ne met pas l'existence en
danger, celle qui rendrait seulement le
travail difficile. Ce serait une juste le-
Çon! (( Et avec ça que Boissort se gêne-
rait, s'il était à sa place, pour m'envoyer
a grands coups de souhaits quelque part,
dans un monde meilleur! Ainsi, pas de
faiblesse! » Et Pécal enflammait le zèle
de Lancrit comme s'il n'avait en vue
que le salut de son jeune champion :
- Et surtout, ne crains pas l'offen-
sive, petit! Attaque! Attaque "ferme et,
quoi qu'il arrive, n'est-ce pas, il est bien
entendu que tous deux nous faisons al-
liance et que tu restes, comme moi,
brouillé avec Boissort?
- Pour la vie! jura Lancrit.
- Et les deux amis avaient scellé
"e serment en se serrant les mains.
Autour du manège Victor, aux
Champs-Elysées, les attelages piaf-
fent comme à un grand mariage et les
autos ronflent en canonnant l'avenue.
Au-dedans, six cents personnes s'écra-
sent. C'est l'élégant et le joyeux brou-
haha.
On entend: « Très bien, Lancrit!
Très en forme! — Et, dites-moi, quelle
salle! Tout le monde est ici! — Mais
alors, à Ardente? — Nous y sommes
aussi! — Non? — Mais si. Nous en
^nons d'Ardente. On finissait le deux.
Nous passons ici l'entr'acte, qui sera
long à cause d'un décor et nous retour-
nons au théâtre pour le milieu du trois.
p; Un succès? — Pas encore ! Mais c'est
très bien et si le trois marche, ce sera
Un triomphe.— Il ne marchera pas!
-. Pourquoi? - Les tuyaux sont mau-
VaIs, il a fait fausse route. — Et alors?
"7" C'est la tape, c'est la tape certaine,
et, cette fois, c'est la fin de Boissort.
77: Comment le saura-t-on? — Il y a le
aphone! — Chut!. »
- Allez, messieurs!
1 On se tait. Les photographes se voi-
lent de noir et le duel commence dans
e tonnerre et dans les éclairs du ma-
gnesium. Tout de suite, Lancrit s'affir-
e- Il est supérieur. Il a entendu les
unneurs dénonçant l'échec qui menace
oissort et il a pris l'offensive. Néan-
moins, celui-ci lui tient tête. Son attaque
est maladroite, sa riposte trop molle,
mais sa parade excellente. Alors, ré-
solument, il pare. Il pare tout le temps.
Dès lors, il devient l'intouchable et les
uses se succèdent dans la déception
poissante du public et l'anxiété des té-
noins.
Visiblement, Lancrit s'énerve: « J'en
ai SSez dit à Pécal. Il faut que
ça nnisse ; tant pis, je tire au ventre ! »
f es témoins se rapprochent. Face à
face, les deux adversaires, déjà, se bat-
tent du regard. Boissort est très pâle.
La ancrit a les pommettes rouges et les
ux injectés. Le duc va donner le si-
gnal, mais, tout près, le téléphone tinte.
Qu'est-ce donc? Un témoin s'élance et
l'on entend des mots qui éclatent comme
des appaudissements: « Succès! Vous
dites grand succès? - Un triomphe?
— p arfait! - Et combien dites-vous?
— Huit rappels? — Admirable! Su-
perbe! »
Et après que les deux témoins ont
embrassé l'heureux auteur, le duel re-
commence. C'est maintenant Boissort
qui a les pommettes rouges et l'autre
les joues pâles. Mais la fureur de Lancrit
est tombée. Il est souriant. Un vent de
déférence vient de souffler sur lui. On le
sent plein d'égards et que le désir de
plaire a succédé, dans son esprit, à la
rage de tuer. Il découvre même, non sa
poitrine, certes, mais il offre son bras.
Il a l'air de dire : « Mais allez donc, cher
maître. Ça me fera plaisir! » Et il l'of-
fre de façon si aimable qu'à la fin, l'é-
pée de Boissort ne sait plus résister à
cette invitation et que la pointe pénètre
dans le biceps de Lancrit, d'une poussée
légère comme pour vacciner. Et ça y est.
C'est fini. Mais non, Lancrit fait signe
qu'il désire parler. Il s'avance vers Bois-
sort, grave, la tête haute et, l'ayant sa-
lué :
— Maître, si vous pensez que j'ai
payé de mon sang l'honneur de vous
serrer la main, vous me ferez une joie
infinie.
— De tout cœur! accorda Boissort,
qui était rayonnant.
Et sans lâcher la main de son adver-
saire, Lancrit ajouta:
— J'ai encore à solliciter une grande
faveur!.
— Qu'est-ce que c'est?
— Permettez-moi, à l'heure de votre
juste revanche, de vous rapprocher d'un
frère d'armes qui souffrirait de ne pas
se réjouir avec vous de votre beau, de
votre grand, de votre immense
triomphe !
— Ah ! ça mais, dis donc, est-ce que
ça te regarde?.
Et, à voix basse, Pécal s'emportait et
jurait: « C'est une trahison! C'est du
chantage! Une cochonnerie!.
Lancrit lui montrait sa blessure, im-
plorant :
— Vous voulez bien, cher maître?
— Parbleu ! tu m'y obliges, sale petite
rosse!.
Et, à voix haute:
— Boissort, je suis content!
- Alors, embrassez-vous! exigea
Lancrit.
— Eh bien! soit, sacredieu! s'écria
rageusement Pécal, embrassons-nous
ouisque. ça lui fait plaisir, à cet enfaai
chéri! Tiens, mon vieux, tiens! Encore
un baiser, veux-tu bien ! Et voilà ! Tu es
content, gracieux ieune homme?
— Ravi !
— Et tu dînes avec nous?
- Pas ce soir, cher maître ! s'excusa
Lancrit. Je dîne chez Boissort. Mais de-
main, j'aurai l'honneur et la joie de dé-
jeuner chez vous!.
Et, tout en le regardant s'éloigner au
bras du docteur qui allait le panser, Pé-
cal se disait :
— Il est intelligent, ce petit-là! Mais,
Dieu de Dieu, quel salop!.
Gustave GUICHES.
Nous publierons demain un article de
TRISTAN BERNARD
Rois fainéants
Quelques amis me reprochent d'avoir,
en critiquant la pièce de M. Paul Bourget,
attaqué tout en même temps certaines idées
qu'il semble utile de défendre à notre époque.
Je pensais cependant m'être expliqué suf-
fisamment à ce sujet, mais, puisque cela pa-
raît nécessaire, j'y reviens bien volontiers.
Il est très certain que, contrairement
aux lois générales de l'évolution, les trans-
formations accomplies dans notre société
moderne paraissent avoir appauvri notre pa-
trimoine moral en place de l'agrandir. Les
idées religieuses disparues n'ont pas été
remplacées. comme on pouvait l'espérer par
une renaissance artistique et la morale tra-
ditionnelle n'a point cédé la place, ainsi
qu'on pouvait le croire, à la morale prati-
que, basée sur les données scientifiques et
sur le bon sens. 1
Rien n'est donc plus juste que de criti-
quer la décadence de nos idées, que de vou-
loir en poursuivre le relèvement, mais de là à
penser que ce relèvement peut être obtenu
par une admiration servile et fanatique pour
d'absurdes fantoches, je pense qu'il y a là
un mur qu'il convient de ne pas franchir.
Rien ne fut plus admirable que le rôle
joué, il y a de cela quelque temps encore,
par certaines familles provinciales qui, dans
toute la dignité et la simplicité de leur
conscience, guidaient les gens qui les entou-
raient, les encourageaient, les soignaient,
les protégeaient et en toute matière savaient
leur donner l'exemple.
Rien n'est plus absurde, rien n'est plus
piteux au contraire, que le spectacle pré-
senté par les incapables qui prétendent
jouer ce même rôle aujourd'hui.
Au surplus, je le répète, M. Paul Bour-
get s'est chargé lui-même de nous le prou-
ver indirectement dans sa pièce. Lorsqu'il
s'agit de démontrer la supériorité de la
race nous ne trouvons plus en face de nous
que la plus ridicule des mésalliances. celle
que fournit l'adultère.
Lorsque l'Qn nous montre également un
châtelain rendant la justice familiale dans
son village, nous ne voyons plus qu un
homme qui impose à son fermier de faire
cent francs de rente, durant toute sa VIe, a
un ouvrier et qui, pour compenser cette
dépense considérable, lui abandonne trois
cents francs de fermage annuel. Seulement,
comme en raison du désordre de sa fortu-
ne le châtelain disparaîtra au bout d'une an-
née, la combinaison peut ne pas paraître
très avantageuse pour le fermier.
Ce n'est là qu'un détail, je le sais, mais
qui paraît pourtant infiniment caractéris-
tique. Lorsque l'on prétend commander a
ses concitoyens, surtout aujourd'hui, il faut
être assuré d'être plus capable qu'eux, et cet-
te. capacité ne s'obtient dans notre vie mo-
derne que par un labeur acharné.
Jadis, au temps des guerres perpétuelles
entre pays, entre provinces, et même entre
villages, ce labeur pouvait être, en grande
partie, physique, aujourd'hui il n'est point
difficile de démontrer que toute supério-
rité véritable ne peut être valable que dans
le domaine de l'intelligence, de la force et
de la bonté. Ce n'est point, en passant sa
jeunesse à ne rien faire, en se montrant in-
capable de tout travail et de toute pensée
que l'aristocratie actuelle peut retrouver sa
supériorité d'autretois. C'est taire oeuvre
mauvaise et égarer bien des braves gens
vers d'infinies désillusions que de leur taire
croire que le salut d'un pays dépend du res-
pect et de l'obéissance qu'ils témoigneront à
des imbéciles.
G. DE PAWLOWSKI.
Echos
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
théâtre Réjane, répétition générale de Is-
raël, pièce en trois actes, de M. Bernstein.
Ce soir, à neuf heures, au Lutte-Palace,
premières représentations de: Les Amis de
Madame, un acte de MM. André Doumert
et Paul Riché; A bras ouverts, un acte de
M. Georges Dolley; Ce pauvre Cyprien,
un acte de M. Maurice de Dammartin; Lan-
çons du leste, revue en deux actes de MM.
Rcuvray, Wilned et Edouard Pontié.
Scala, dix heures: Maritza?? — Débuts
sensationnels!!
A
u Conservatoire.
Il y a toujours une classe de décla-
mation qui n'a pas de titulaire oiiiLiei au
Conservatoire. C'est celle de Mme Sarah
Bernhardt, qui se trouve vacante par suite
de sa démission.
En première ligne se trouve M. Jules
Leitner, le distingué sociétaire de la Comé-
die-Française, qui depuis longtemps fait of-
ficiellement l'intérim de Mme Sarah Ber-
nhardt; puis Mmes Du Minil et Thérèse
Kolb, MM. Dumény et H. Mayer, qui pos-
tulent pour la nomination de profefsseur au
Conservatoire.
En attendant une solution qui maintenant
ne peut tarder, M. Leitner a été instamment
prié de réouvrir Ja classe Saïab,.
L
a conquête de l'air.
t Pendant que Wilbur Wright, au
Mans, bat le lendemain les records qui
avait établis la veille, il est quelqu'un, sous
les toits glorieux de notre nationale Comé-
die-Française, qui rêve de s'évader de la
rue de Richelieu avec un appareil volant
iour leouel il a de très ingénieuses idées
personnelles.
Qui est cet artiste épris de vie dans l'es-
pace et qui aimerait, pour un instant au
moins, quitter les planches pour l'atmo-
sphère?
Cherchez parmi les plus modestes, les
Mus sympathiques et les plus travailleurs.
Il joue dans le classique et dans le mo-
derne, le comique et le tragique. Cherchez.
p
lusieurs millions à la disposition de
l'expert Dusausoy, 4, boulevard des
italiens, qui achète de suite, à première
vue et à leur réelle valeur, bijoux, Qia-
mants et pierres fines. Grand choix d'oc-
casions.
D
elphin en Emilienne d Alençon.
Dans une amusante revue, un petit
îomme tout petit mais grand artiste, le
îain Delphin se produit chaque soir, à la
grande joie des spectateurs.
D'une voix pointue avec des gestes très
étudiés, il imite Coquelin aîné, de Max, la
grande Sarah et aussi Emilienne d'Alen-
çon, qui vient clamer ses désespoirs dans
(Henri Manuel, Pbot,)
Delphin
« L'affaire du Collier». II manie cornme
pas une le face-à-main, roule la croupe et
fait bouffer sa traîne avec des attitudes
vraiment comiques
Delphin est décoré des palmes académi-
ques. Comme il y avait du « tirage » pour
sa nomination, il déclara gravement aux
Beaux-Arts :
— Allons, messieurs, un bon mouve-
ment! Ma boutonnière est si petite!
Et il eut son ruban.
c
e que dure un fauteuil d'orchestre.
C'est une question banale et qui pa-
rait cependant difficile à résoudre. Cela dé-
pend des théâtres, de la qualité du bois,
de l'étoffe et de la générosité du direc-
teur.
Tout de même, on peut évaluer la durée
normale et moyenne d'un fauteuil d'orches-
tre à quinze années. Au bout de quinze
ans, il faut le remplacer, mais je pourrais
citer, sur le boulevard, certains fauteuils
en velours rouge qui, depuis trente ans,
n'ont pas été renouvelés.
Et pourtant!.
T
rristan ou Ollendorff?
L'autre soir, à la première de Répu-
diée, Marquet, qui. incarne cette préten-
tieuse et savante moule de Roberty, ren-
contra Tristan Bernard dans les coulisses,
après le premier acte:
— On prétend, mon cher auteur, mur-
mura Marquet à l'oreille distraite de notre
Tristan national, que je me suis fait votre
tête, ce soir. Ne m'en veuillez pas. C'est
par hasard.
Lors Tristan éclate d'un rire homérique,
dont est toute secouée la masse ténébreuse
de sa barbe, et riposte:
— Ma tête ! Pas possible ! Mais vous res-
semblez comme deux gouttes de transpira-
tion à Paul Ollendorff, et non point à moi!
Et il ajoute, très bas, avec toute la con-
viction dont sont imprégnés les monologues
intimes et les constatations qu'on ne fait
pas pour la galerie:
— Je suis bien mieux que ça!
A
partir d'aujourd'hui, la Belle Jardinière
A expose et met en vente ses modèles
de vetements d hiver, confectionnes et sur
mesure, pour hommes, jeunes gens, dames,
fillettes et enfants. On trouvera également,
aux rayons des Sports et de la Livrée au-
tomobile, les modèles les plus nouveaux.
Les catalogues illustrés et échantillons sont
envoyés franco sur demande.
O
n ne peut saisir la valeur relative de
toutes les maraues françaises d'auto-
mobiles que par une - comparaison de leurs
modèles assemblés. C'est ce que permet la
Banque Automobile qui, en pïus, accorde
radHeteur fà^àrffi^iîe paîemen~~CtîMr~
nés.
E
n matière de pneumatiques, tous les
chauffeurs ont donné leur préférence
au pneu Dunlop, vainqueur de tant d'épreu-
ves retentissantes et dont la qualité s'im-
pose sans conteste.
:' Le Masque de Verre.
Georges Marty
est mort
Encore un musicien qui s'en va, et non
des moindres.
Georges Marty est décédé, hier soir, à
dix heures vingt, à son domicile, 11, rue
Pigalle, d'une affection du foie. Il était en-
touré de sa mère, de sa femme et de son
fils, dont la douleur est indescriptible. A
l'heure où nous nous présentons à la mai-
son mortuaire — un quart d'heure après le
décès — la nouvelle n'est pas encore con-
nue du monde des théâtres.
Sauf deux ou trois amis intimes de la
famille, qui sont admis à pénétrer auprès
de Mme Marty, personne n'est encore ve-
nu, rue Pigalle.
Georges Marty, que la mort vient bruta-
lement de frapper, était Parisien de Paris.
A douze ans, il était entré au Conserva-
toire, où il suivit les cours de MM. Gil-
lette, pour le solfège ; Croharé, pour le pia-
no; Théodore Dubois, pour l'harmonie, et
César Franck, pour l'orgue; MM. Bazin et
Massenet lui enseignèrent le contrepoint,
la fugue et la composition.
Avec de pareils maîtres, Georges Mar-
ty eut vite fait de développer les merveil-
leuses qualités musicales dont il était doué.
Il fut, d'ailleurs, un brillant élève, et, lau-
réat du Conservatoire pour toutes ses clas-
ses, il remporta, en 1882, le grand prix de
Rome avec sa cantate Edith.
Si Georges Marty devint un directeur de
musique remarquable, s'il fut élu par ses
pairs chef d'orchestre de la Société des con-
certs du Conservatoire, s'il monta au pu-
pitre de l'Opéra-Comique et de l'Opéra
avec cette autorité que l'on se rappelle, il
n'en est pas moins vrai que Georges Marty
consacra la plus grande partie de son exis-
tence à la composition.
Tout au début de sa carrière, il avait
beaucoup voyagé. De partout, d'Italie, d'Al-
lemagne, 'de Tunisie, etc., il envoyait des
pages délicieuses dont un poème dramati-
que: Merlin enchanté, une suite d'orchestre
sur les Saisons, l'ouverture de Balthazar.
En 1890, il fut chef des chœurs au Théâ-
tre Lyrique, où il monta Samson et Dalila.
En 1892, Marty était nommé professeur
au Conservatoire; l'année suivante, il en-
trait à l'Opéra comme chef de chant,
Dix ans plus tard, nous le retrouvions
chef d'orchestre à l'Opéra-Comique ; mais
sa vraie grande réputation vint de la So-
ciété des Concerts du Conservatoire, dont
il était devenu le directeur, très jeune en-
core — à quarante ans.
Parmi les compositions de Georges Mar-
ty, Le Duc de Ferrare et Daria, deux dra-
mes lyriques valurent un gros succès d'es-
time à leur auteur.
Citons encore: Ballade d'Hiver, Matinée
de Printemps, Lysie, des mélodies en grand
nombre, sans compter des pièces d'orches-
tre, des chœurs, etc.
Le bagage musical de Georges Marty
constitue donc un monument suffisant pour
lui assurer un rang important dans notre
école musicale
NOS ARTISTES
MIIe FRANCÈS ALDA
Une de celles, parmi les jeunes canta-
trices, dont la carrière est le mieux rem-
plie, Mlle Francès Aida, a marché de suc-
cès-en succès.
Après avoir débuté à l'Opéra-Comique, il
y a trois ans, elle a chanté successivement
au théâtre de la Monnaie, à Covent-Gar-
den, à la: Scala de Milan, à l'Opéra de
Buenos-Aires, à la Philharmonie de Berlin,
à l'Opéra de Varsovie, et va débuter pro-
chainement au Metropolitan Opéra de New-
York, autorisée en cela par MM. Messager
et Broussan, directeurs de l'Opéra, qui l'a-
vaient engagée dès leur arrivée à l'Opéra.
C'est une élève, de Mme Marchesi,
comme Melba et comme Sanderson. Son
physique est superbe. Sa voix est très pure,
très jolie, très éclatante ; elle vocalise admi-
rablement. Elle continue, par la grâce, par
la beauté, par - le talent, la tradition des
grandes étoiles.
;Son début eut lieu, -, à l'Opéra-Comique,
dans Manon, à la demande de Massenet.
Elle a créé. à la Monnaie: Chérubin, La
Princesse Rayon de Soleil, Madame Chry-
santhème; à Covent-Garden, elle a chanté
Roméo, Faust et Rigoletto avec Caruso; à
la Scala, elle a chanté Mefistofele avec
Chaliapine; après avoir créé Louise à Hew-
(Reutlinger. photj
1 Optléll*
Manon -
La Traviata
Juliette
York, elle va créer Les Villi, de Puccini,
et jouera dans la reprise de Falstaff. C'est
Campanini qui la fit débuter en Italie,
après l'avoir entendue à Londres, il lui
demanda de chanter Rigoletto à Parme avec
Bonci. De là, partit toute sa carrière.
Son répertoire complet comprend:
Manon, Faust, Hamlet, Hérodiade, Lei
Huguenots, Roméo, Traviata, Rigoletto, Vit
de bohème, Damnation de Faust, Louise,
Mefistofele, Madame Chrysanthème, Thaïs,
Chérubin, La Princesse Rayon de Soleil,,
Falstaff. Les Villi.
Elle est arrivée à Paris, il y a quelques
jours pour commander ses costumes: elle
partira à New-York à la fin du mois.
Gageons qu'elle y retrouvera le succès
qui l'a toujours suivi depuis le début de sa
brillante carrière.
Lettre de VOuVreuse -
L'autre soir, à l'Opéra-Comique, j'étais
placée tout près du critique musical qui a
parlé, ici-même, de La Tosca; un petit gros,
très chauve. Je trouve son compte rendu un
peu frisquet. ,
On les a prodigieusement acclamées, ces
phrases de boxeur : qui, comme disait ma
grand'mère, vous donnent de véritables
coups de poing dans l'aïeule. C'est qu'aussi
elles ont été prodigieusement interprétées :
là belle Chenal, MM. Salignac et Jean Pé-
riér ont joué et chanté avec une chaleur plus
communicative encore que celle des ban-
quets; cette Toscan cuisinée par un sous-
Massenet (très sous) qui aurait mangé du
macaroni et ne se serait pas essuyé la bou-
che, prend toute l'apparence extérieure d'un
chef-d'œuvre, grâce aux intelligentes splen-
deurs de mise en scène prodiguées par M.
Carré, grâce aussi aux trois artistes que l'on
n'a cessé d'applaudir; la musique, que je
cherche en vain dans l'œuvre de Puccini, la
musique de ce mélo, promu par eux au rang
de tragédie, elle fut dans leur .voix.
Dans la partition que Ricordi vêtît de
pourpre éclatante, un ^rhétoricien chevelu
(ah-Vies cheveux sur le;potache!) me mon-
tre ; un Adjutorum > qui .lé scandalise, et s'é-
torihe du monosyllabe initial attribué au
repons: Et (sic) hoc nunc et usque, etc.
Comment se; fait-il que votre collabo n'ait
pas relevé ces erreurs liturgiques, lui qui
a servi la messe à Sta?
Hier aussi, je suis allé au théâtre, à la
Comédie-Royale; un obligeant pneumatique
m'avait prévenue que la répétition était re-
mise à mardi, mais je tenais à montrer aux
quelques assistants tolérés par M. Meer ma
merveilleuse toilette en parasite de soie.
Un machiniste grommelait, en voyant
Mme Suzanne Derval: « C'te gonzesse-là,
j'aimerais mieux qu'elle tomberait dans mon
pieu que le tonnerre ». Je dis comme lui.
C'est curieux, ce que l'ouvrier parisien a
souvent du bon sens ! A voir cette sculptu-
rale blonde, je me suis rappelé le mot cé-
lèbre: « Qu'elle est belle, mais qu'elle est
imposante! » Mais non, son sourire amusé
l'empêche d'être trop imposante. Ah ! si
i'étais homme !
Gaston Silvestre: moins joli peut-être, pé-
tille d'originalité et de fantaisie, et j'ai revu
avec plaisir l'inimitable imitateur de Fursy,
le fin Berton, ainsi que Mlle Spinelly. dont
un professeur de chimie prétendait, jadis,
que la voix, pas banale, excelle à'faire rou-
gir la teinture de tournesol.
Les compositeurs n ont pas à se plaindre;
de toutes parts, on leur propose des poè-
mes. M. Catherine vient de terminer la
partitionnette dont il enguirlande un sonnet-
acrostiche, jadis publié par Le Monde Mu-
sical. Louis Thomas ne peut écrire assez
vite pour suffire aux demandes; dans ses
Tablettes d'un cynique, je lis :
Sortant de l'Odéon, et comme je quittais Lydie,
qui me trompe, j'ai rencontré Acaste, le musi-
cien. Je l'ai mené aux Halles. Et, le long des
murs, je lui récitais de mes vers et de ma prose.
A chaque morceau, il se récriait, et jurait qu'il
le voulait mettre en musique.
J'en ai pour un louis de consçmmations.
Et cela m'a fait six mille francs de promesses,
cent louis d'admiration, et peut-être bien cla-
quante francs de plaisir.
Que vous seriez étonnés si je vous révé-
lais le véritable nom d'Acaste et cètai de
1 infidele Lydie!
On a déposé la semaine dernière, chez
mon concierge, le manuscrit d'une comédie,
accompagné d'une lettre signée R., me de-
mandant si je peux « placer ça ». Evidem-
ment, je pourrais envoyer « ça » à M. Porel,
pour le consoler de ne rien avoir à jouer
de moi; mais l'auteur ferait mieux d'atten-
dre que le machin de Pinero ait quitté l'af.
fiche du Vaudeville ; il n'aura pas à poireau.
ter très longtemps.
Bien cocasse, la comédie de R "t Sur la
scène obscure, un lit dans lequel reposent,
fatigués, une dame adultère et i umanf
d'icelle. Sous la porte, on glisse un télé-
gramme: « Ciel! ça doit être de mon mari
qui annonce son retour! Il va arriver! Où
sont les allumettes? » Il n'y a pas d'allu.
mettes; on en cherche fiévreusement; le
monsieur enfile, faute de mieux, la jaquettf
de sa maîtresse pour descendre chez le pl
pelet chercher de la lumière. Enfin. il rr
Le Numéro : 5 centimes
: -'-J~--.
Lundi 12 Octobre 1908.
j
:
Rédacteur en Chef : G. de PA WLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA..PARlS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 M01&
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
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Paris et Départements. 24 fr. 12 fr.
Étranger -- , 40 » 20 D
LES DEUX EPOQUES
Une affaire
d'honneur
L'embêtant, pour le duel Boissort-
Lancrit, c'était qu'à l'heure même où il
aurait lieu, serait jouée, en répétition gé-
nérale, à la Comédie-Moderne, Ardente!
la pièce de Boissort.
Et pas moyen de remettre au lende-
main. Boissort ne voulait pas. Par crâ-
nerie? Pas du tout. Boissort redoutait
un échec et son duel était, dans sa pen-
sée, un alibi plus encore qu'une affaire
d'honneur.
— Je n'aurai pas un chat! se disait
Lancrit, en songeant au terrain.
- Je n'aurai pas un chien ! se disait
Boissort, en songeant à sa pièce.
Au fond, Lancrit se sentait enchanté.
Cette affaire d'honneur était réellement
Pour lui une bonne, une excellente af-
faire! D'abord, comme témoins, il avait
Pécal, un roi du théâtre : le duc
d'Arcimont, un roi du monde, et le
chirurgien Drouard, un roi du cou-
eau; tandis que Boissort, c'était vrai-
ment piteux! Qu'allait-il arborer? Un
romancier catholique et un capitaine
® infanterie qui serait en civil !
Et. de plus, ridicule à l'épée ! Donc, à
moins d'une surprise, c'était couru,
Lancrit serait vainqueur, et voilà juste-
ment ce qui le chiffonnait! A l'égard de
Pécal, en effet, cela allait tout seul. On
savait la cause de ce duel et qu'en
somme, c'était pour le venger des pro-
pos de Boissort que Lancrit se battait.
*1 tenait donc Pécal.
Mais Boissort! Il n'était plus, en ce
Moment, un monsieur négligeable. On
Jouait sa pièce. On annonçait un four.
Mais si on se trompait, l'auteur discré-
dité remontait et, d'un seul coup, il rat-
trapait Pécal. Alors? Valait-il mieux l'at-
teindre? Fallait-il l'épargner? Que faire?
Lt, soudain, il songea : « Suis-je bête?
A trois heures, deux actes d'Ardente
eront déjà joués. Des amis lui apporte-
ront des nouvelles et je réglerai mon jeu
SUr les derniers tuyaux! »
11 Pecal. lui aussi, se sentait rayonnant.
ne , souhaitait pas, certes, que Bois-
A r* écopâ*^de«R.-dea largeuFs-Arop gra-
ves. Mais, tout de même, la petite bles-
sure, celle qui ne met pas l'existence en
danger, celle qui rendrait seulement le
travail difficile. Ce serait une juste le-
Çon! (( Et avec ça que Boissort se gêne-
rait, s'il était à sa place, pour m'envoyer
a grands coups de souhaits quelque part,
dans un monde meilleur! Ainsi, pas de
faiblesse! » Et Pécal enflammait le zèle
de Lancrit comme s'il n'avait en vue
que le salut de son jeune champion :
- Et surtout, ne crains pas l'offen-
sive, petit! Attaque! Attaque "ferme et,
quoi qu'il arrive, n'est-ce pas, il est bien
entendu que tous deux nous faisons al-
liance et que tu restes, comme moi,
brouillé avec Boissort?
- Pour la vie! jura Lancrit.
- Et les deux amis avaient scellé
"e serment en se serrant les mains.
Autour du manège Victor, aux
Champs-Elysées, les attelages piaf-
fent comme à un grand mariage et les
autos ronflent en canonnant l'avenue.
Au-dedans, six cents personnes s'écra-
sent. C'est l'élégant et le joyeux brou-
haha.
On entend: « Très bien, Lancrit!
Très en forme! — Et, dites-moi, quelle
salle! Tout le monde est ici! — Mais
alors, à Ardente? — Nous y sommes
aussi! — Non? — Mais si. Nous en
^nons d'Ardente. On finissait le deux.
Nous passons ici l'entr'acte, qui sera
long à cause d'un décor et nous retour-
nons au théâtre pour le milieu du trois.
p; Un succès? — Pas encore ! Mais c'est
très bien et si le trois marche, ce sera
Un triomphe.— Il ne marchera pas!
-. Pourquoi? - Les tuyaux sont mau-
VaIs, il a fait fausse route. — Et alors?
"7" C'est la tape, c'est la tape certaine,
et, cette fois, c'est la fin de Boissort.
77: Comment le saura-t-on? — Il y a le
aphone! — Chut!. »
- Allez, messieurs!
1 On se tait. Les photographes se voi-
lent de noir et le duel commence dans
e tonnerre et dans les éclairs du ma-
gnesium. Tout de suite, Lancrit s'affir-
e- Il est supérieur. Il a entendu les
unneurs dénonçant l'échec qui menace
oissort et il a pris l'offensive. Néan-
moins, celui-ci lui tient tête. Son attaque
est maladroite, sa riposte trop molle,
mais sa parade excellente. Alors, ré-
solument, il pare. Il pare tout le temps.
Dès lors, il devient l'intouchable et les
uses se succèdent dans la déception
poissante du public et l'anxiété des té-
noins.
Visiblement, Lancrit s'énerve: « J'en
ai SSez dit à Pécal. Il faut que
ça nnisse ; tant pis, je tire au ventre ! »
f es témoins se rapprochent. Face à
face, les deux adversaires, déjà, se bat-
tent du regard. Boissort est très pâle.
La ancrit a les pommettes rouges et les
ux injectés. Le duc va donner le si-
gnal, mais, tout près, le téléphone tinte.
Qu'est-ce donc? Un témoin s'élance et
l'on entend des mots qui éclatent comme
des appaudissements: « Succès! Vous
dites grand succès? - Un triomphe?
— p arfait! - Et combien dites-vous?
— Huit rappels? — Admirable! Su-
perbe! »
Et après que les deux témoins ont
embrassé l'heureux auteur, le duel re-
commence. C'est maintenant Boissort
qui a les pommettes rouges et l'autre
les joues pâles. Mais la fureur de Lancrit
est tombée. Il est souriant. Un vent de
déférence vient de souffler sur lui. On le
sent plein d'égards et que le désir de
plaire a succédé, dans son esprit, à la
rage de tuer. Il découvre même, non sa
poitrine, certes, mais il offre son bras.
Il a l'air de dire : « Mais allez donc, cher
maître. Ça me fera plaisir! » Et il l'of-
fre de façon si aimable qu'à la fin, l'é-
pée de Boissort ne sait plus résister à
cette invitation et que la pointe pénètre
dans le biceps de Lancrit, d'une poussée
légère comme pour vacciner. Et ça y est.
C'est fini. Mais non, Lancrit fait signe
qu'il désire parler. Il s'avance vers Bois-
sort, grave, la tête haute et, l'ayant sa-
lué :
— Maître, si vous pensez que j'ai
payé de mon sang l'honneur de vous
serrer la main, vous me ferez une joie
infinie.
— De tout cœur! accorda Boissort,
qui était rayonnant.
Et sans lâcher la main de son adver-
saire, Lancrit ajouta:
— J'ai encore à solliciter une grande
faveur!.
— Qu'est-ce que c'est?
— Permettez-moi, à l'heure de votre
juste revanche, de vous rapprocher d'un
frère d'armes qui souffrirait de ne pas
se réjouir avec vous de votre beau, de
votre grand, de votre immense
triomphe !
— Ah ! ça mais, dis donc, est-ce que
ça te regarde?.
Et, à voix basse, Pécal s'emportait et
jurait: « C'est une trahison! C'est du
chantage! Une cochonnerie!.
Lancrit lui montrait sa blessure, im-
plorant :
— Vous voulez bien, cher maître?
— Parbleu ! tu m'y obliges, sale petite
rosse!.
Et, à voix haute:
— Boissort, je suis content!
- Alors, embrassez-vous! exigea
Lancrit.
— Eh bien! soit, sacredieu! s'écria
rageusement Pécal, embrassons-nous
ouisque. ça lui fait plaisir, à cet enfaai
chéri! Tiens, mon vieux, tiens! Encore
un baiser, veux-tu bien ! Et voilà ! Tu es
content, gracieux ieune homme?
— Ravi !
— Et tu dînes avec nous?
- Pas ce soir, cher maître ! s'excusa
Lancrit. Je dîne chez Boissort. Mais de-
main, j'aurai l'honneur et la joie de dé-
jeuner chez vous!.
Et, tout en le regardant s'éloigner au
bras du docteur qui allait le panser, Pé-
cal se disait :
— Il est intelligent, ce petit-là! Mais,
Dieu de Dieu, quel salop!.
Gustave GUICHES.
Nous publierons demain un article de
TRISTAN BERNARD
Rois fainéants
Quelques amis me reprochent d'avoir,
en critiquant la pièce de M. Paul Bourget,
attaqué tout en même temps certaines idées
qu'il semble utile de défendre à notre époque.
Je pensais cependant m'être expliqué suf-
fisamment à ce sujet, mais, puisque cela pa-
raît nécessaire, j'y reviens bien volontiers.
Il est très certain que, contrairement
aux lois générales de l'évolution, les trans-
formations accomplies dans notre société
moderne paraissent avoir appauvri notre pa-
trimoine moral en place de l'agrandir. Les
idées religieuses disparues n'ont pas été
remplacées. comme on pouvait l'espérer par
une renaissance artistique et la morale tra-
ditionnelle n'a point cédé la place, ainsi
qu'on pouvait le croire, à la morale prati-
que, basée sur les données scientifiques et
sur le bon sens. 1
Rien n'est donc plus juste que de criti-
quer la décadence de nos idées, que de vou-
loir en poursuivre le relèvement, mais de là à
penser que ce relèvement peut être obtenu
par une admiration servile et fanatique pour
d'absurdes fantoches, je pense qu'il y a là
un mur qu'il convient de ne pas franchir.
Rien ne fut plus admirable que le rôle
joué, il y a de cela quelque temps encore,
par certaines familles provinciales qui, dans
toute la dignité et la simplicité de leur
conscience, guidaient les gens qui les entou-
raient, les encourageaient, les soignaient,
les protégeaient et en toute matière savaient
leur donner l'exemple.
Rien n'est plus absurde, rien n'est plus
piteux au contraire, que le spectacle pré-
senté par les incapables qui prétendent
jouer ce même rôle aujourd'hui.
Au surplus, je le répète, M. Paul Bour-
get s'est chargé lui-même de nous le prou-
ver indirectement dans sa pièce. Lorsqu'il
s'agit de démontrer la supériorité de la
race nous ne trouvons plus en face de nous
que la plus ridicule des mésalliances. celle
que fournit l'adultère.
Lorsque l'Qn nous montre également un
châtelain rendant la justice familiale dans
son village, nous ne voyons plus qu un
homme qui impose à son fermier de faire
cent francs de rente, durant toute sa VIe, a
un ouvrier et qui, pour compenser cette
dépense considérable, lui abandonne trois
cents francs de fermage annuel. Seulement,
comme en raison du désordre de sa fortu-
ne le châtelain disparaîtra au bout d'une an-
née, la combinaison peut ne pas paraître
très avantageuse pour le fermier.
Ce n'est là qu'un détail, je le sais, mais
qui paraît pourtant infiniment caractéris-
tique. Lorsque l'on prétend commander a
ses concitoyens, surtout aujourd'hui, il faut
être assuré d'être plus capable qu'eux, et cet-
te. capacité ne s'obtient dans notre vie mo-
derne que par un labeur acharné.
Jadis, au temps des guerres perpétuelles
entre pays, entre provinces, et même entre
villages, ce labeur pouvait être, en grande
partie, physique, aujourd'hui il n'est point
difficile de démontrer que toute supério-
rité véritable ne peut être valable que dans
le domaine de l'intelligence, de la force et
de la bonté. Ce n'est point, en passant sa
jeunesse à ne rien faire, en se montrant in-
capable de tout travail et de toute pensée
que l'aristocratie actuelle peut retrouver sa
supériorité d'autretois. C'est taire oeuvre
mauvaise et égarer bien des braves gens
vers d'infinies désillusions que de leur taire
croire que le salut d'un pays dépend du res-
pect et de l'obéissance qu'ils témoigneront à
des imbéciles.
G. DE PAWLOWSKI.
Echos
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
théâtre Réjane, répétition générale de Is-
raël, pièce en trois actes, de M. Bernstein.
Ce soir, à neuf heures, au Lutte-Palace,
premières représentations de: Les Amis de
Madame, un acte de MM. André Doumert
et Paul Riché; A bras ouverts, un acte de
M. Georges Dolley; Ce pauvre Cyprien,
un acte de M. Maurice de Dammartin; Lan-
çons du leste, revue en deux actes de MM.
Rcuvray, Wilned et Edouard Pontié.
Scala, dix heures: Maritza?? — Débuts
sensationnels!!
A
u Conservatoire.
Il y a toujours une classe de décla-
mation qui n'a pas de titulaire oiiiLiei au
Conservatoire. C'est celle de Mme Sarah
Bernhardt, qui se trouve vacante par suite
de sa démission.
En première ligne se trouve M. Jules
Leitner, le distingué sociétaire de la Comé-
die-Française, qui depuis longtemps fait of-
ficiellement l'intérim de Mme Sarah Ber-
nhardt; puis Mmes Du Minil et Thérèse
Kolb, MM. Dumény et H. Mayer, qui pos-
tulent pour la nomination de profefsseur au
Conservatoire.
En attendant une solution qui maintenant
ne peut tarder, M. Leitner a été instamment
prié de réouvrir Ja classe Saïab,.
L
a conquête de l'air.
t Pendant que Wilbur Wright, au
Mans, bat le lendemain les records qui
avait établis la veille, il est quelqu'un, sous
les toits glorieux de notre nationale Comé-
die-Française, qui rêve de s'évader de la
rue de Richelieu avec un appareil volant
iour leouel il a de très ingénieuses idées
personnelles.
Qui est cet artiste épris de vie dans l'es-
pace et qui aimerait, pour un instant au
moins, quitter les planches pour l'atmo-
sphère?
Cherchez parmi les plus modestes, les
Mus sympathiques et les plus travailleurs.
Il joue dans le classique et dans le mo-
derne, le comique et le tragique. Cherchez.
p
lusieurs millions à la disposition de
l'expert Dusausoy, 4, boulevard des
italiens, qui achète de suite, à première
vue et à leur réelle valeur, bijoux, Qia-
mants et pierres fines. Grand choix d'oc-
casions.
D
elphin en Emilienne d Alençon.
Dans une amusante revue, un petit
îomme tout petit mais grand artiste, le
îain Delphin se produit chaque soir, à la
grande joie des spectateurs.
D'une voix pointue avec des gestes très
étudiés, il imite Coquelin aîné, de Max, la
grande Sarah et aussi Emilienne d'Alen-
çon, qui vient clamer ses désespoirs dans
(Henri Manuel, Pbot,)
Delphin
« L'affaire du Collier». II manie cornme
pas une le face-à-main, roule la croupe et
fait bouffer sa traîne avec des attitudes
vraiment comiques
Delphin est décoré des palmes académi-
ques. Comme il y avait du « tirage » pour
sa nomination, il déclara gravement aux
Beaux-Arts :
— Allons, messieurs, un bon mouve-
ment! Ma boutonnière est si petite!
Et il eut son ruban.
c
e que dure un fauteuil d'orchestre.
C'est une question banale et qui pa-
rait cependant difficile à résoudre. Cela dé-
pend des théâtres, de la qualité du bois,
de l'étoffe et de la générosité du direc-
teur.
Tout de même, on peut évaluer la durée
normale et moyenne d'un fauteuil d'orches-
tre à quinze années. Au bout de quinze
ans, il faut le remplacer, mais je pourrais
citer, sur le boulevard, certains fauteuils
en velours rouge qui, depuis trente ans,
n'ont pas été renouvelés.
Et pourtant!.
T
rristan ou Ollendorff?
L'autre soir, à la première de Répu-
diée, Marquet, qui. incarne cette préten-
tieuse et savante moule de Roberty, ren-
contra Tristan Bernard dans les coulisses,
après le premier acte:
— On prétend, mon cher auteur, mur-
mura Marquet à l'oreille distraite de notre
Tristan national, que je me suis fait votre
tête, ce soir. Ne m'en veuillez pas. C'est
par hasard.
Lors Tristan éclate d'un rire homérique,
dont est toute secouée la masse ténébreuse
de sa barbe, et riposte:
— Ma tête ! Pas possible ! Mais vous res-
semblez comme deux gouttes de transpira-
tion à Paul Ollendorff, et non point à moi!
Et il ajoute, très bas, avec toute la con-
viction dont sont imprégnés les monologues
intimes et les constatations qu'on ne fait
pas pour la galerie:
— Je suis bien mieux que ça!
A
partir d'aujourd'hui, la Belle Jardinière
A expose et met en vente ses modèles
de vetements d hiver, confectionnes et sur
mesure, pour hommes, jeunes gens, dames,
fillettes et enfants. On trouvera également,
aux rayons des Sports et de la Livrée au-
tomobile, les modèles les plus nouveaux.
Les catalogues illustrés et échantillons sont
envoyés franco sur demande.
O
n ne peut saisir la valeur relative de
toutes les maraues françaises d'auto-
mobiles que par une - comparaison de leurs
modèles assemblés. C'est ce que permet la
Banque Automobile qui, en pïus, accorde
radHeteur fà^àrffi^iîe paîemen~~CtîMr~
nés.
E
n matière de pneumatiques, tous les
chauffeurs ont donné leur préférence
au pneu Dunlop, vainqueur de tant d'épreu-
ves retentissantes et dont la qualité s'im-
pose sans conteste.
:' Le Masque de Verre.
Georges Marty
est mort
Encore un musicien qui s'en va, et non
des moindres.
Georges Marty est décédé, hier soir, à
dix heures vingt, à son domicile, 11, rue
Pigalle, d'une affection du foie. Il était en-
touré de sa mère, de sa femme et de son
fils, dont la douleur est indescriptible. A
l'heure où nous nous présentons à la mai-
son mortuaire — un quart d'heure après le
décès — la nouvelle n'est pas encore con-
nue du monde des théâtres.
Sauf deux ou trois amis intimes de la
famille, qui sont admis à pénétrer auprès
de Mme Marty, personne n'est encore ve-
nu, rue Pigalle.
Georges Marty, que la mort vient bruta-
lement de frapper, était Parisien de Paris.
A douze ans, il était entré au Conserva-
toire, où il suivit les cours de MM. Gil-
lette, pour le solfège ; Croharé, pour le pia-
no; Théodore Dubois, pour l'harmonie, et
César Franck, pour l'orgue; MM. Bazin et
Massenet lui enseignèrent le contrepoint,
la fugue et la composition.
Avec de pareils maîtres, Georges Mar-
ty eut vite fait de développer les merveil-
leuses qualités musicales dont il était doué.
Il fut, d'ailleurs, un brillant élève, et, lau-
réat du Conservatoire pour toutes ses clas-
ses, il remporta, en 1882, le grand prix de
Rome avec sa cantate Edith.
Si Georges Marty devint un directeur de
musique remarquable, s'il fut élu par ses
pairs chef d'orchestre de la Société des con-
certs du Conservatoire, s'il monta au pu-
pitre de l'Opéra-Comique et de l'Opéra
avec cette autorité que l'on se rappelle, il
n'en est pas moins vrai que Georges Marty
consacra la plus grande partie de son exis-
tence à la composition.
Tout au début de sa carrière, il avait
beaucoup voyagé. De partout, d'Italie, d'Al-
lemagne, 'de Tunisie, etc., il envoyait des
pages délicieuses dont un poème dramati-
que: Merlin enchanté, une suite d'orchestre
sur les Saisons, l'ouverture de Balthazar.
En 1890, il fut chef des chœurs au Théâ-
tre Lyrique, où il monta Samson et Dalila.
En 1892, Marty était nommé professeur
au Conservatoire; l'année suivante, il en-
trait à l'Opéra comme chef de chant,
Dix ans plus tard, nous le retrouvions
chef d'orchestre à l'Opéra-Comique ; mais
sa vraie grande réputation vint de la So-
ciété des Concerts du Conservatoire, dont
il était devenu le directeur, très jeune en-
core — à quarante ans.
Parmi les compositions de Georges Mar-
ty, Le Duc de Ferrare et Daria, deux dra-
mes lyriques valurent un gros succès d'es-
time à leur auteur.
Citons encore: Ballade d'Hiver, Matinée
de Printemps, Lysie, des mélodies en grand
nombre, sans compter des pièces d'orches-
tre, des chœurs, etc.
Le bagage musical de Georges Marty
constitue donc un monument suffisant pour
lui assurer un rang important dans notre
école musicale
NOS ARTISTES
MIIe FRANCÈS ALDA
Une de celles, parmi les jeunes canta-
trices, dont la carrière est le mieux rem-
plie, Mlle Francès Aida, a marché de suc-
cès-en succès.
Après avoir débuté à l'Opéra-Comique, il
y a trois ans, elle a chanté successivement
au théâtre de la Monnaie, à Covent-Gar-
den, à la: Scala de Milan, à l'Opéra de
Buenos-Aires, à la Philharmonie de Berlin,
à l'Opéra de Varsovie, et va débuter pro-
chainement au Metropolitan Opéra de New-
York, autorisée en cela par MM. Messager
et Broussan, directeurs de l'Opéra, qui l'a-
vaient engagée dès leur arrivée à l'Opéra.
C'est une élève, de Mme Marchesi,
comme Melba et comme Sanderson. Son
physique est superbe. Sa voix est très pure,
très jolie, très éclatante ; elle vocalise admi-
rablement. Elle continue, par la grâce, par
la beauté, par - le talent, la tradition des
grandes étoiles.
;Son début eut lieu, -, à l'Opéra-Comique,
dans Manon, à la demande de Massenet.
Elle a créé. à la Monnaie: Chérubin, La
Princesse Rayon de Soleil, Madame Chry-
santhème; à Covent-Garden, elle a chanté
Roméo, Faust et Rigoletto avec Caruso; à
la Scala, elle a chanté Mefistofele avec
Chaliapine; après avoir créé Louise à Hew-
(Reutlinger. photj
1 Optléll*
Manon -
La Traviata
Juliette
York, elle va créer Les Villi, de Puccini,
et jouera dans la reprise de Falstaff. C'est
Campanini qui la fit débuter en Italie,
après l'avoir entendue à Londres, il lui
demanda de chanter Rigoletto à Parme avec
Bonci. De là, partit toute sa carrière.
Son répertoire complet comprend:
Manon, Faust, Hamlet, Hérodiade, Lei
Huguenots, Roméo, Traviata, Rigoletto, Vit
de bohème, Damnation de Faust, Louise,
Mefistofele, Madame Chrysanthème, Thaïs,
Chérubin, La Princesse Rayon de Soleil,,
Falstaff. Les Villi.
Elle est arrivée à Paris, il y a quelques
jours pour commander ses costumes: elle
partira à New-York à la fin du mois.
Gageons qu'elle y retrouvera le succès
qui l'a toujours suivi depuis le début de sa
brillante carrière.
Lettre de VOuVreuse -
L'autre soir, à l'Opéra-Comique, j'étais
placée tout près du critique musical qui a
parlé, ici-même, de La Tosca; un petit gros,
très chauve. Je trouve son compte rendu un
peu frisquet. ,
On les a prodigieusement acclamées, ces
phrases de boxeur : qui, comme disait ma
grand'mère, vous donnent de véritables
coups de poing dans l'aïeule. C'est qu'aussi
elles ont été prodigieusement interprétées :
là belle Chenal, MM. Salignac et Jean Pé-
riér ont joué et chanté avec une chaleur plus
communicative encore que celle des ban-
quets; cette Toscan cuisinée par un sous-
Massenet (très sous) qui aurait mangé du
macaroni et ne se serait pas essuyé la bou-
che, prend toute l'apparence extérieure d'un
chef-d'œuvre, grâce aux intelligentes splen-
deurs de mise en scène prodiguées par M.
Carré, grâce aussi aux trois artistes que l'on
n'a cessé d'applaudir; la musique, que je
cherche en vain dans l'œuvre de Puccini, la
musique de ce mélo, promu par eux au rang
de tragédie, elle fut dans leur .voix.
Dans la partition que Ricordi vêtît de
pourpre éclatante, un ^rhétoricien chevelu
(ah-Vies cheveux sur le;potache!) me mon-
tre ; un Adjutorum > qui .lé scandalise, et s'é-
torihe du monosyllabe initial attribué au
repons: Et (sic) hoc nunc et usque, etc.
Comment se; fait-il que votre collabo n'ait
pas relevé ces erreurs liturgiques, lui qui
a servi la messe à Sta?
Hier aussi, je suis allé au théâtre, à la
Comédie-Royale; un obligeant pneumatique
m'avait prévenue que la répétition était re-
mise à mardi, mais je tenais à montrer aux
quelques assistants tolérés par M. Meer ma
merveilleuse toilette en parasite de soie.
Un machiniste grommelait, en voyant
Mme Suzanne Derval: « C'te gonzesse-là,
j'aimerais mieux qu'elle tomberait dans mon
pieu que le tonnerre ». Je dis comme lui.
C'est curieux, ce que l'ouvrier parisien a
souvent du bon sens ! A voir cette sculptu-
rale blonde, je me suis rappelé le mot cé-
lèbre: « Qu'elle est belle, mais qu'elle est
imposante! » Mais non, son sourire amusé
l'empêche d'être trop imposante. Ah ! si
i'étais homme !
Gaston Silvestre: moins joli peut-être, pé-
tille d'originalité et de fantaisie, et j'ai revu
avec plaisir l'inimitable imitateur de Fursy,
le fin Berton, ainsi que Mlle Spinelly. dont
un professeur de chimie prétendait, jadis,
que la voix, pas banale, excelle à'faire rou-
gir la teinture de tournesol.
Les compositeurs n ont pas à se plaindre;
de toutes parts, on leur propose des poè-
mes. M. Catherine vient de terminer la
partitionnette dont il enguirlande un sonnet-
acrostiche, jadis publié par Le Monde Mu-
sical. Louis Thomas ne peut écrire assez
vite pour suffire aux demandes; dans ses
Tablettes d'un cynique, je lis :
Sortant de l'Odéon, et comme je quittais Lydie,
qui me trompe, j'ai rencontré Acaste, le musi-
cien. Je l'ai mené aux Halles. Et, le long des
murs, je lui récitais de mes vers et de ma prose.
A chaque morceau, il se récriait, et jurait qu'il
le voulait mettre en musique.
J'en ai pour un louis de consçmmations.
Et cela m'a fait six mille francs de promesses,
cent louis d'admiration, et peut-être bien cla-
quante francs de plaisir.
Que vous seriez étonnés si je vous révé-
lais le véritable nom d'Acaste et cètai de
1 infidele Lydie!
On a déposé la semaine dernière, chez
mon concierge, le manuscrit d'une comédie,
accompagné d'une lettre signée R., me de-
mandant si je peux « placer ça ». Evidem-
ment, je pourrais envoyer « ça » à M. Porel,
pour le consoler de ne rien avoir à jouer
de moi; mais l'auteur ferait mieux d'atten-
dre que le machin de Pinero ait quitté l'af.
fiche du Vaudeville ; il n'aura pas à poireau.
ter très longtemps.
Bien cocasse, la comédie de R "t Sur la
scène obscure, un lit dans lequel reposent,
fatigués, une dame adultère et i umanf
d'icelle. Sous la porte, on glisse un télé-
gramme: « Ciel! ça doit être de mon mari
qui annonce son retour! Il va arriver! Où
sont les allumettes? » Il n'y a pas d'allu.
mettes; on en cherche fiévreusement; le
monsieur enfile, faute de mieux, la jaquettf
de sa maîtresse pour descendre chez le pl
pelet chercher de la lumière. Enfin. il rr
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