Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-10-08
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 octobre 1908 08 octobre 1908
Description : 1908/10/08 (A2,N374). 1908/10/08 (A2,N374).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646027g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
'Année. — N*374 (Quotidien}
Le Numéro : s centimes
Jeudi 8 Octobre 1908.
|- Rédacteur en Chef: G.dePAWLOWSKI V
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS'
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Paris et Départements. 24 fr. 12 fr.
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Étranger. 40 » 20 »
IVOIRES ET VIEILLES CIRES
NATHALLY
Vraiment, certaines traditions du
boulevard sont agaçantes. Ainsi, pour-
quoi donc, chaque fois qu'on a dit de
Nathally qu'il est « le plus parisien de
nos Parisiens », faut-il qu'on ajoute aus-
sitôt : « La vie de cet homme-là est un
problème !»
La vie de Nathaîly n'est nullement
un problème. Ou, si c'est un problème,
il est tout résolu. Il est résolu depuis'
très, très longtemps, depuis qu'on con-
naît Nathally. Et un problème qui est
résolu n'est plus un problème. J'en ap-
pelle à tous les mathématiciens.
Rien n'est plus classique, rien n'est
plus limpide que la vie de Nathally.
La preuve qu'elle est sans mystère, c'est
que Nathally n'est jamais seul. Jamais !
Créature éminemment sociable, Nathal-
ly, à toute heure du jour, fait partie
d'une collectivité. Et aux minutes les
plus tragiques de la nuit, il fait partie
au moins d'un couple,. — ne fut-ce que
pour le principe. Car cet homme est
modeste : il méprise son « moi », il se
tient pour une unité sans valeur, il
affecte de n'exister que par les autres.
D'ailleurs, c'est ce qui fait sa personna-
lité. La personnalité de Nathally con-
siste à faire partie du Tout-Paris. Le
Tout-Paris est incomplet sans Nathally,
et Nathally, détaché du Tout-Paris, n'est
que fumée.
Nathally est de toutes les répétitions
générales, et de la plus judicieuse sélec-
tion des premières. Il était aussi de tous
les soupers de centième, quand les cen-
tièmes valaient encore un souper. Il est
encore de toutes les rédactions de jour-
naux sans avoir jamais rédigé quoi que
ce soit. Aux séances de réception de
l'Académie, Nathally se trouve au pre-
mier rang de l'assistance, d'autant plus
légitimement qu'il tutoie le nouvel im-
mortel. Pas un thé-bridge un peu distin-
gué qui ne voit passer Nathally, avec
un mZl/fino et un sans-atout dans la
main. Dans un enterrement valable, la
famille serait consternée si Nathally ne
--% défilait le premier. Le conférencier le
plus çûr dç M resterait sans voix s'il
n'apercevait Nathally dans le désordre
des chaises. Et il n'est pas possible de
se figurer le moindre événement bien
parisien sans la participation de Na-
thally. Un transfert au Panthéon, le lan-
cement d'une nouvelle petite étoile, l'ou-
verture d'un lyrique populaire, une
grande affaire d'Assises, un gala au mi-
nistère des Affaires étrangères, un four
noir, deux balles échangées avec résul-
tat ; voyez-vous cela sans Nathally?
Ignorez-vous son assertion célèbre :
« Ma chère enfant, pour entrer dans un
théâtre subventionné, il faut sortir de
mon lit, ou, au moins, du Conserva-
toire! » Connaissez-vous une seule cé-
lébrité qui ne témoigne à Nathally la
plus cordiale gratitude? Et c'est d'une
vie aussi ubiquiste, aussi évidente, aussi
palpable, qu'on ose dire qu'elle est un
problème !
Des êtres grossiers tranchent couram-
ment : « Il n'a pas le sou! » A peine est-
il besoin de démontrer la stupidité d'une
telle médisance. Comment Nathally,
comment n'importe qui pourrait-il me-
ner une existence aussi chère en n'ayant
pas le sou? Et quand je dis le sou!
Ce que l'on peut admettre — du
moins je l'admets parce que Nathally
s'en prévaut lui-même, malgré sa mo-
destie — ce qui paraît acceptable, c'est
que Nathally n'eut pas le sou à ses dé-
buis. Encore sut-il faire face à cette si-
tuation momentanément gênée en con-
tractant aussitôt, avec le plus ferme cou-
rage, des dettes assez considérables pour
être éclatantes sans être criardes, qui
lui assurèrent un large crédit. Mais cela
se passait il y a fort longtemps. A cette
époque, Nathally eut une idée dont l'in-
géniosité le dispute à l'élégance. Il se
fit prêter de jolies sommes sur son tes-
tament. « Voilà, disait-il, je me sens
blasé, le goût de la vie me fait peu à
Peu défaut, et j'entrevois comme trèr
Prochain l'instant où je me logerai .une
balle dans le ventricule droit. Alors, dai-
gnez accepter ce petit papier dans le-
quel, n'ayant pas d'héritier direct, je dé-
clare vous laisser tout ce qui m'appar-
tient. La formule, ainsi réduite à son
Expression la plus concise, est inattaqua-
ble. Faites-moi, je vous prie, l'avance de
Quelques milliers de francs! » La de-
mande était assurée et mélancolique, les
Prêteurs n'avaient jamais eu l'occasion
tie discuter sur des garanties de cette na-
ture, ils acquiesçaient donc avec une
egale absence d'enthousiasme et d'in-
quiétude, presque machinalement. Ain-
Nathally a-t-il une quinzaine de léga-
taires universels, mais Nathally n'a nul-
lement envie de mourir, et ses légatai-
~5 ne souhaitent pas son décès: à la
rpflexion, il leur a paru qu'il y avait sé-
rieusement intérêt à ce que Nathally as-
surât sa fortune d'une manière décisive
avant de faire à son ventricule ce que
\Tous ne voudriez pas qu'on vous fît.
tt' Plus tard, Nathally, grâce à son éner-
^.e< à ses relations étendues, et aux
bIenfaits de la chance, put jouir de res-
tées moins anormales. Il opta pour
Une situation qui, à Paris, a touiours as-
suré de larges influences et des revenus
respectables: la situation du Monsieur
« qui va fonder un journal ».
Depuis vingt-trois ans, Nàthally va
fonder un journal. Un grand journal
aristocratique, mondain, littéraire, et
d'informations. Ce journal, évidemment,
menace tous les journaux analogues, sur
lesquels tant d'années et de conseils
d'administration n'ont pas passé sans
élimer les tapis et les abonnés. Nathally
a dû vous expliquer cela, et bien d'au-
tres choses. Il s'est assuré, d'ailleurs,
formellement, la collaboration des écri-
vains, des dessinateurs, des gens du
monde et des courtiers de publicité les
plus illustres.
- J'ai vécu deux mois avec Nathally,
me disait une éblouissante comédienne.
Elle ajoutait : « Ça m'a coûté très cher,
mais j'y gagnerai: car il m'a rembour-
sée avec des açtions de son journal. Et
il est très utile, pour moi, d'être action-
naire de son journal, vous comprenez? »
Si je comprenais! Et il avait compris
aussi, le fils de cet agent de change, qui
me glissait en confidence :
— Il me doit cinquante-deux mille
francs, Nathaîly ; mais je suis couvert
par des actions de son journal. Commr
je vais écrire pour le théâtre, qu'est-ce
que je risque?
Mais oui ! Et que risquent tant d'au-
tres actionnaires? A quelque catégorie
sociale qu'on appartienne, on a toujours
avantage à être actionnaire d'un journal,
surtout d'un journal aristocratique, mon-
dain littéraire et d'informations.
Notez que je ne plaisante pas. Le jour-
nal de Nathally paraîtra. Quand? Je ne
pourrais vous le dire au juste. Nathally
non plus. Mais il paraîtra. Il n'y a pas
d'exemple, à Paris, qu'un journal, qui
se proposait de paraître, n'ait pas paru.
Henry KISTEMAECKERS.
Nous publierons demain un article de
JEANNE LANDRE
L'esprit pour tous
Avec la fin de l'année, les revues vont
commencer à sévir; on découpera les an-
ciennes en morceaux, on les repeindra à
neuf et on nous les resservira, suivant Tha-
bitude, un peu partout. -
Il ne faut point se dissimuler cogiblfitt lê
succès de ce genre de spectacle té-
moigne d'une évidente décadence des
idées. Je l'ai expliqué à mainte re-
prise ici même : le caractère essentiel
d'une œuvre artistique est son absolue
ttidépendance de toute préoccupation du
moment, son absolue inutilité immédiate.
Or, il n'est point besoin d'insister pour dé-
montrer que la revue exploite au contraire
directement les préoccupations actuelles et
qu'elle demeure ainsi parfaitement contraire
aux règles de l'art, quel que soit, par ail-
leurs, le talent ou l'esprit que l'on y met.
Aussi bien, par ce défaut même, la revue
plaît-elle infiniment au public: elle lui per-
met d'avoir beaucoup d'esprit à peu de trais.
Une phrase, un geste faisant allusion à un
événement très connu, et voici que l'on a de
suite l'illusion d'avoir compris à demi mot
une idée subtile et très voilée. C'est le plai-
sir classique du monsieur qui connaît à l'a-
vance le mot de la charade ou la solution
du rébus, et rien ne peut flatter davantage
la vanité populaire.
Les taux artistes et les çrudits de con
vention n'échappent point, du reste, à ce
faible, et le snobisme n'a point d'autre fa-
çon de procéder.
Cette recherche du moindre effort, ce
sabotage de la pensée marque, il faut bien
le dire, une sérieuse décadence en matière
d'art, et la preuve historique en est facile
à faire
On sait, en effet, que les peuplés tout
comme les personnes aiment à rappelât,
lorsqu'ils vieillissent, les idées de leur j"èu-
nesse. Or, un simple examen du théâtre
antique suffit à nous montrer que la revue,
loin d'être une forme nouvelle de l'art dra-
matique, en est au contraire la plus an-
cienne.
Qu'était-ce autre chose qu'une revue que
ces représentations où l'on montrait des hé-
ros connus de tous, accomplissant des actes
populaires et appartenant, en sOTflme, au do-
maine de l'actualité?
Railler les dieux, les héros ou les hom-
mes du jour, telle tut la base essentielle du
théâtre antique, comme elle est aujourd'hui
celle de nos meilleures revues. Ce rappro-
chement est, pour notre littérature vieillis-
sante, un signe inquiétant de décadence,
mais il comporte, il taut bien\le dire, une
légère consolation.
G. DE PA'WLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures trois quarts, à la
Renaissance, répétition générale de L'Emi-
gré, pièce en quatre actes de M. Paul Bour-
get.
Les dames ne seront admises que sans
chapeau.
Ce soir, à la Cigale, à dix heures, pre-
mière des douze séances du tournoi de boxe
de combat, avec les plus célèbres pugilistes
anglais, américains et français. (Champion-
nats de France et de Paris.) Partie de con-
cert et attractions à huit heures et demie.
D
ans les journaux.
Il v a brouille entre un de nos plus
enarmants humoristes — qui est aussi ex-
cellent et ravissant poète — et un de nos
plus selects directeurs de journaux. L'écri-
vain va quitter la maison, où il donnait des
chroniques spirituelles et fort goûtées. La
cause? Une question de chiffres.
Ce différend nous en rappelle un autre
que connaissent, bien justement, les deux
confrères en question.
Un débutant, du reste plein de talent,
s'ouvrit un soir à son directeur de la satis-
faction qu'il aurait à obtenir une petite aug-
mentation.
- Mais, enfin, combien gagnez-vous?
- Mon cher patron, vous me donnez
deux sous la ligne.
— Deux sous la ligne, s'écria, indigné,
le directeur. Deux sous la ligne! Ce n'est
pas possible, ce n'est pas vrai.
Et, prenant sa canne et son chapeau, il
partit.
Mais? à la fin du mois, la « pige » du
jeune homme était toujours établie à raison
de 0 fr. 10 la ligne. Et la ligne était lon-
gue!
--
u
ne jolie artiste avait dernièrement une
rivière composée des plus jolis dia-
mants qu'une remme peut rever.
Pour satisfaire un caprice, elle prit le
parti de la vendre; un marchand lui offrait
cent mille francs, un autre cent deux mille.
Elle s'en fut chez Dusausoy, expert. 4, bou-
levard des Italiens, qui la lui prit pour cent
dix mille au comptant. Conclusion: Dusau-
soy achète toujours très cher, surtout quand
le bijou en vaut la peine.
1
a santé de M. Sardou.
J M. Victorien Sardou est de nouveau
gravement malade. Son état de santé qui,
depuis quelque temps, donnait des inquié-
tudes assez vives, s'est soudainement ag-
gravé.
Nous espérons que M. Victorien Sardou,
de qui l'énergie physique s'est si souvent
affirmée, triomphera de cette nouvelle
épreuve.
L
e Midi bouge!
f On refuse du monde au théâtre -de
Béziers ; les spectateurs retardataires, mal-
gré leurs billets de location, ne peuvent trou-
ver leurs places. Ils réclament, s'insurgent;
le maire, qui est là, prie le commissaire de
police de faire son devoir. Celui-ci envoie
promener le maire: personne n'a à lui ap-
prendre ce qu'il doit faire.
Il va s'installer dans son fauteuil et at-
tend la représentation dont il veut large-
ment profiter, menaçant de faire arrêter
ceux des spectateurs récalcitrants qui, de-
bout, pourraient gêner sa vue!
Sarah est à Béziers, outre!
E
vénement! Wilbur Wright à l'Olympia!
Le stUDéfiant. feur avait dit:
« Pas de photographes ! Mais, en plus de
son merveilleux programme, déjà lantasti-
que, 130ytrripîa tettafît âbsdhïffiem t mmtrët
à san élégant public les merveilleuses expé-
riences du Roi des Airs au camp d'Auvours.
A partir de ce soir même, la chose est réa-
lisée. Tout Paris se donnera rendez-vous à
rOlympia.
L
es amitiés françaises.
Tandis que les artistes français, re-
venus de Buenos-Ayres, se réinstallent dans
leurs foyers, - c'est le cas de le dire; —
tandis que M. de Féraudy, attardé, se pré-
pare à rejoindre Paris, un gentilhomme, un
vrai, qui s'est énergiquement dévoué pour
la propagation à l'étranger de l'art français,
prend quelque repos dans notre bonne ca-
pitale.
C'est le comte Luiz Braga, directeur du
théâtre Dona Amelia, de Lisbonne.
Le comte Luiz Brâga est un vrai ami de
la France; il aime surtout l'art et les artis-
tes. Il s'est consacré depuis longtemps à
resserrer les liens^qui unissent, et surtout
qui devraient unir les nations latines. Le
premier il a attiré à Lisbonne les grands
comédiens français et les bonnes pièces de
chez nous. Puis il a mis son influence et son
temps au service de l'art français, et il fut
le véritable instigateur des grandes repré-
sentations françaises de Buenos-Ayres, qui
font tant pour notre influence.
R
ue de la Paix.
Soucieuse de sa belle réputation
d'élégance, la rue de la Paix voit, sans ces-
se, ses anciens magasins se transformer en
de véritables palais.
Dernièrement, un somptueux magasin
s'est ouvert, offrant ses blancheurs de mar-
bre, ses riches guirlandes en or, ses splen.
dides pilastres à cannelures et à chapiteaux
aux regards émerveillés des passants. De
resplendissantes vitrines, au milieu desquel-
les s'ouvre une superbe porte à glaces en-
châssées dans un encadrement de bronze
doré complètent cette admirable présenta-
tion.
Au fronton, entre deux guirlandes de
laurier, se détache, en lettres d'or, ce mot
« Técla ».
C'est là qu'est, en effet, le palais de la
Perle Técla, dont s'entretiennent actuelle-
ment toutes les belles élégantes .qui consi-
dèrent, très justement, la perle comme
l'une des plus exquises parures de la
femme.
L
s Congrès du froid. *
- Les membres du Congrès du froid
ont prIS 1 habitude de venir se reposer ae
leurs graves palabres au premier de nos
music-halls : aux Folies-Bergère. Il faut voir
avec quelle chaleur ces spécialistes de lit
réfrigération applaudissent l'extraordinaire
« Homme à l'échelle », les merveilleux
Kremo, l'exquise Lanthenay, tout le mer-
veilleux programme enfin dont M. Clément
Bannel nous a dotés pour le mois d'octo-
bre.
A
lier vite et loin est chose aujourd'hui
bien facile avec ces merveilleuses
voitures Unie, que Georges Richard a do-
tées des tout derniers perfectionnements-
Simples, souples et rapides, elles sont rei-
nes à la ville et sur toutes les routes.
s
1 ur quatre femmes que vous rencontre-
> rez portant de faux cheveux, trois vous
répondront qu'elles se fournissent chez Noi-
rat, le grand posticheur parisien, 7, rue des
Capucines. Catalogue franco.
Le Masaue de Verre*
A LA COMÉDIE-FRANÇAISE
(Paul Boyer et Bert. phot.)
M. Leloir Mlle Leconte
Le Bon Roi
Dagobert
Comédie
en quatre actes
en Vers
DE
M. André RIVOIRE
(Paul Boyer et Bert, photj
dl. Georges Berr
SOMMAIRE
Le roi Dagobert a deux femmes pour une.
Car la reine Hidelswinte, mariée par politique
à ce monarque, qu'elle n'aimait point, se fait
suppléer chaque nuif par l'esclave Nantilde, se-
crètement amoureuse de son maître. Mais Nan-
tilde tient si bien son rôle qu'Hidelswinte èn'
devient jalouse et sa jalousie fait tout découvrir.
Dagobert chasse la reine et finit par épouser
l'esclave.
Tout le monde s'est réjoui, je crois, du
succès, de M. André Rivoire, succès net et
décidé qui, à la fin du troisième acte, prit
même l'ampleur chaleureuse d'une ovation.
Et j'imagine que toutes les variétés de pu-
blic goûteront cette pièce franche, spiri-
tuelle et gaie, mais si adroite dans son in-
génuité apparente, si subtile avec son air
(Paul Boyer et Bert, phot.)
i .- Pîérat m. L ef.ir
un peu menu et simple, si délicate et si fine
dans sa douceur.
C'est d'un couplet de chanson populaire
qu'en est sortie l'idée première. Cette chanson
ne dit pas grand'chose ; pourfant elle dit plus
qu'il n'y paraît. Les deux personnages
qu'elle fait converser, le bon roi Dagobert,
le grand saint Eloi, sont deux types qui pou-
vaient aisément grandir dans l'îriagination
d'un poète. Ces deux types, inséparables
dans leur contraste, et qui se complètent en
s'opposant, rappellent ou font prévoir, com-
me on voudra, le couple immortel du chpva-
lieu Don Quichotte et de son valet Sancho
Pança. Nous imaginons volontiers qu'au
temps de la chanson le roi Dagobert était
vieux, puisqu'il était bon, et que les bons
rois portent toujours barbe blanche. Mais
M. André Rivoire a compris qu'il était tout
jeune au contraire, ardent, fou, changeant,
impétueux, distrait, que le personnage du
monarque mal culotté représentait la fantai-
sie étourdie, l'inconstance chimérique. Da-
gobert, vu par un poète, est devenu un
Doète et un amoureux. Et quant au grand
saint Eloi, son ministre, il avait évidemment
mission d'opposer à la légèreté royale sa
bonhomie un peu rusée, son bon sens un
peu terre à terre et au jour le jour. Le roi
s'est fait aimer; la popularité facile du roi
obligera le ministre à se faire craindre. H
affectera malicieusement crêtre cruel, en-
core qu'il soit très bon, lui aussi, très pa-
ternel et très oitoyable. Et d'ailleurs, au
temps des chansons et des légendes, tout le
monde était très bon.
Si donc le grand saint Eloi, a négocié le
mariage de Dagobert avec Hidelswinte, fille
du roi des Goths, dont la dot est opulente,
c'est parce qu'il est un ministre paternel et
pour éviter au peuple de plus lourds im-
pôts. Mariage fâcheux pour le surplus, et
qui ne se présente pas sous de bons auspi-
ces. Quand Hidelswinte, conduite par.l'am-
bassadeur Odoric, arrive à la métairie
royale, elle trouve la maison vide, Dago-
bert ayant oublié qu'il se mariait ce jour-là.
Hidelswinte regrette fort bruyamment le
jeune cousin qu'elle a laissé en Espagne.
Et, pour achever, une sorcière a prédit au
roi les pires malheurs si oette union politi-
que était consommée. Eloi et Odoric ne
s'embarrassent pas de la prophétie, a la-
quelle personne ne croit, sauf une petite
esclave, Nantilde, secrètement amoureuse
de Dagobert. Mais le ministre et l'ambassa-
deur tirent parti de cette prédiction fatale
pour combiner la plus téméraire intrigue.
Il suffit, en somme, que le mariage soit cé-
lébré. Dagobert, le plus insconstant des
rois, répudiera sans doute Hidelswinte à
bref délai, surtout si la fille des Goths se
laisse aller à son caractère acariatre et hau-
tain. Hidelswinte, d'ici là, veut se garder
intacte à son cousin? Rien de plus simple.
Nantilde prendra sa place chaque nuit, et
Nantilde y consent, convaincue que par ce
sacrifice elle préserve la vie du bon Dago-
bert. Et le roi lui-même restera dupe de
cette supercherie si on lui persuade, comme
on fait, en déformant quelque peu la pro-
phétie, qu'il ne peut impunément aimer sa
femme aue dans la Dlus noire obscurité.
Ainsi en décident les conseillers probes ej
libres, et leur plan est exécuté.
Dans une fantaisie charmante, B< rîhej
aux grands pieds, ancienne déjà. d'une di-\
zaine d'années, M. André Rivoire avait"çtéià:
traité-un sujet assez voisin de celui-là. Ber-
the de Hongrie, mariée au roi Pépin, était
dès la première nuit remplacée au lit loyaE
car sa servante Alix. Mais cette substitua
M.' Siblot
Mlle Piirat
M.. Leloir
8CENE DU DEUXIEME ACTE
Mlle Leconte
(Paul Boyer et Bert, phot.1, ,
tion était l'effet d'un noir complot, et l.'hfà
toire, en elle-même, était tragique. Ici l'hisJ
toire est légère et l'on voit aussitôt à quel
danger s'exposait volontairement le poète. Il
y a une difficulté commune à toutes les fani
taisies poétiques dont le cadre et les per.
sonnages ne sont pas purement imaginaires,
et qui empruntent à l'histoire ou à la léi*
gende un mileu, des héros, ou simplement
des noms. L'opérette ou la féerie, en cffet>
ont usurpé, dénaturé tant de fois ces thè»*
mes et ces types qu'il faut beaucoup d'ar$
et de bonheur au poète pour éviter au spec.
tateur de blessantes confusions. Mais ici la
difficulté s'aggravait encore, puisque la fa-*
ble dramatique où M. André Rivoire a située
ses personnages tient, elle aussi, comme ort,
peut voir, de l'opérette, ou même du vau"
deville. Je crois que M. André Rivoire a
fort exactement prévu ce péril; j'en juge dut
moins par le fait que, sauf en quelques par-?
ties du rôle d'Eloi, — et encore n'est-i! pas
sans doute le coupable, — il l'a évité avec,
la plus ingénieuse délicatesse. Son imagina-,
tion a été assez fertile, son tact assez sûr:
pour faire sortir une comédie, toujours fine"
et souvent émouvante, de ce libretto. 1
Son secret est bien simple, bien simple f-t
formuler tout au moins. Sans reculer aucu-j
nement devant le comique de la situati3rr^
qui lui a fourni des traits excellents et par-£
fois d'une saveur assez forte, M. Rivoire*
s'est appliqué à en développer les élément
sentimentaux, et non les éléments matériei?*
Un professionnel du vaudeville eût tiré en
(Panl Boyer et.Bert, phot.)
M. Leloir M. Biblol Mlle Piirat Mlle Leconte
SCENE DU PREMIER ACTE
se jouant, d'une telle donnée, une suite in-i
finie de confusions et de quiproquos. AttL
contraire, une fois sa donnée admise, et c'é-,
tait le plus grand effort qu'il pût nous.,
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IVOIRES ET VIEILLES CIRES
NATHALLY
Vraiment, certaines traditions du
boulevard sont agaçantes. Ainsi, pour-
quoi donc, chaque fois qu'on a dit de
Nathally qu'il est « le plus parisien de
nos Parisiens », faut-il qu'on ajoute aus-
sitôt : « La vie de cet homme-là est un
problème !»
La vie de Nathaîly n'est nullement
un problème. Ou, si c'est un problème,
il est tout résolu. Il est résolu depuis'
très, très longtemps, depuis qu'on con-
naît Nathally. Et un problème qui est
résolu n'est plus un problème. J'en ap-
pelle à tous les mathématiciens.
Rien n'est plus classique, rien n'est
plus limpide que la vie de Nathally.
La preuve qu'elle est sans mystère, c'est
que Nathally n'est jamais seul. Jamais !
Créature éminemment sociable, Nathal-
ly, à toute heure du jour, fait partie
d'une collectivité. Et aux minutes les
plus tragiques de la nuit, il fait partie
au moins d'un couple,. — ne fut-ce que
pour le principe. Car cet homme est
modeste : il méprise son « moi », il se
tient pour une unité sans valeur, il
affecte de n'exister que par les autres.
D'ailleurs, c'est ce qui fait sa personna-
lité. La personnalité de Nathally con-
siste à faire partie du Tout-Paris. Le
Tout-Paris est incomplet sans Nathally,
et Nathally, détaché du Tout-Paris, n'est
que fumée.
Nathally est de toutes les répétitions
générales, et de la plus judicieuse sélec-
tion des premières. Il était aussi de tous
les soupers de centième, quand les cen-
tièmes valaient encore un souper. Il est
encore de toutes les rédactions de jour-
naux sans avoir jamais rédigé quoi que
ce soit. Aux séances de réception de
l'Académie, Nathally se trouve au pre-
mier rang de l'assistance, d'autant plus
légitimement qu'il tutoie le nouvel im-
mortel. Pas un thé-bridge un peu distin-
gué qui ne voit passer Nathally, avec
un mZl/fino et un sans-atout dans la
main. Dans un enterrement valable, la
famille serait consternée si Nathally ne
--% défilait le premier. Le conférencier le
plus çûr dç M resterait sans voix s'il
n'apercevait Nathally dans le désordre
des chaises. Et il n'est pas possible de
se figurer le moindre événement bien
parisien sans la participation de Na-
thally. Un transfert au Panthéon, le lan-
cement d'une nouvelle petite étoile, l'ou-
verture d'un lyrique populaire, une
grande affaire d'Assises, un gala au mi-
nistère des Affaires étrangères, un four
noir, deux balles échangées avec résul-
tat ; voyez-vous cela sans Nathally?
Ignorez-vous son assertion célèbre :
« Ma chère enfant, pour entrer dans un
théâtre subventionné, il faut sortir de
mon lit, ou, au moins, du Conserva-
toire! » Connaissez-vous une seule cé-
lébrité qui ne témoigne à Nathally la
plus cordiale gratitude? Et c'est d'une
vie aussi ubiquiste, aussi évidente, aussi
palpable, qu'on ose dire qu'elle est un
problème !
Des êtres grossiers tranchent couram-
ment : « Il n'a pas le sou! » A peine est-
il besoin de démontrer la stupidité d'une
telle médisance. Comment Nathally,
comment n'importe qui pourrait-il me-
ner une existence aussi chère en n'ayant
pas le sou? Et quand je dis le sou!
Ce que l'on peut admettre — du
moins je l'admets parce que Nathally
s'en prévaut lui-même, malgré sa mo-
destie — ce qui paraît acceptable, c'est
que Nathally n'eut pas le sou à ses dé-
buis. Encore sut-il faire face à cette si-
tuation momentanément gênée en con-
tractant aussitôt, avec le plus ferme cou-
rage, des dettes assez considérables pour
être éclatantes sans être criardes, qui
lui assurèrent un large crédit. Mais cela
se passait il y a fort longtemps. A cette
époque, Nathally eut une idée dont l'in-
géniosité le dispute à l'élégance. Il se
fit prêter de jolies sommes sur son tes-
tament. « Voilà, disait-il, je me sens
blasé, le goût de la vie me fait peu à
Peu défaut, et j'entrevois comme trèr
Prochain l'instant où je me logerai .une
balle dans le ventricule droit. Alors, dai-
gnez accepter ce petit papier dans le-
quel, n'ayant pas d'héritier direct, je dé-
clare vous laisser tout ce qui m'appar-
tient. La formule, ainsi réduite à son
Expression la plus concise, est inattaqua-
ble. Faites-moi, je vous prie, l'avance de
Quelques milliers de francs! » La de-
mande était assurée et mélancolique, les
Prêteurs n'avaient jamais eu l'occasion
tie discuter sur des garanties de cette na-
ture, ils acquiesçaient donc avec une
egale absence d'enthousiasme et d'in-
quiétude, presque machinalement. Ain-
Nathally a-t-il une quinzaine de léga-
taires universels, mais Nathally n'a nul-
lement envie de mourir, et ses légatai-
~5 ne souhaitent pas son décès: à la
rpflexion, il leur a paru qu'il y avait sé-
rieusement intérêt à ce que Nathally as-
surât sa fortune d'une manière décisive
avant de faire à son ventricule ce que
\Tous ne voudriez pas qu'on vous fît.
tt' Plus tard, Nathally, grâce à son éner-
^.e< à ses relations étendues, et aux
bIenfaits de la chance, put jouir de res-
tées moins anormales. Il opta pour
Une situation qui, à Paris, a touiours as-
suré de larges influences et des revenus
respectables: la situation du Monsieur
« qui va fonder un journal ».
Depuis vingt-trois ans, Nàthally va
fonder un journal. Un grand journal
aristocratique, mondain, littéraire, et
d'informations. Ce journal, évidemment,
menace tous les journaux analogues, sur
lesquels tant d'années et de conseils
d'administration n'ont pas passé sans
élimer les tapis et les abonnés. Nathally
a dû vous expliquer cela, et bien d'au-
tres choses. Il s'est assuré, d'ailleurs,
formellement, la collaboration des écri-
vains, des dessinateurs, des gens du
monde et des courtiers de publicité les
plus illustres.
- J'ai vécu deux mois avec Nathally,
me disait une éblouissante comédienne.
Elle ajoutait : « Ça m'a coûté très cher,
mais j'y gagnerai: car il m'a rembour-
sée avec des açtions de son journal. Et
il est très utile, pour moi, d'être action-
naire de son journal, vous comprenez? »
Si je comprenais! Et il avait compris
aussi, le fils de cet agent de change, qui
me glissait en confidence :
— Il me doit cinquante-deux mille
francs, Nathaîly ; mais je suis couvert
par des actions de son journal. Commr
je vais écrire pour le théâtre, qu'est-ce
que je risque?
Mais oui ! Et que risquent tant d'au-
tres actionnaires? A quelque catégorie
sociale qu'on appartienne, on a toujours
avantage à être actionnaire d'un journal,
surtout d'un journal aristocratique, mon-
dain littéraire et d'informations.
Notez que je ne plaisante pas. Le jour-
nal de Nathally paraîtra. Quand? Je ne
pourrais vous le dire au juste. Nathally
non plus. Mais il paraîtra. Il n'y a pas
d'exemple, à Paris, qu'un journal, qui
se proposait de paraître, n'ait pas paru.
Henry KISTEMAECKERS.
Nous publierons demain un article de
JEANNE LANDRE
L'esprit pour tous
Avec la fin de l'année, les revues vont
commencer à sévir; on découpera les an-
ciennes en morceaux, on les repeindra à
neuf et on nous les resservira, suivant Tha-
bitude, un peu partout. -
Il ne faut point se dissimuler cogiblfitt lê
succès de ce genre de spectacle té-
moigne d'une évidente décadence des
idées. Je l'ai expliqué à mainte re-
prise ici même : le caractère essentiel
d'une œuvre artistique est son absolue
ttidépendance de toute préoccupation du
moment, son absolue inutilité immédiate.
Or, il n'est point besoin d'insister pour dé-
montrer que la revue exploite au contraire
directement les préoccupations actuelles et
qu'elle demeure ainsi parfaitement contraire
aux règles de l'art, quel que soit, par ail-
leurs, le talent ou l'esprit que l'on y met.
Aussi bien, par ce défaut même, la revue
plaît-elle infiniment au public: elle lui per-
met d'avoir beaucoup d'esprit à peu de trais.
Une phrase, un geste faisant allusion à un
événement très connu, et voici que l'on a de
suite l'illusion d'avoir compris à demi mot
une idée subtile et très voilée. C'est le plai-
sir classique du monsieur qui connaît à l'a-
vance le mot de la charade ou la solution
du rébus, et rien ne peut flatter davantage
la vanité populaire.
Les taux artistes et les çrudits de con
vention n'échappent point, du reste, à ce
faible, et le snobisme n'a point d'autre fa-
çon de procéder.
Cette recherche du moindre effort, ce
sabotage de la pensée marque, il faut bien
le dire, une sérieuse décadence en matière
d'art, et la preuve historique en est facile
à faire
On sait, en effet, que les peuplés tout
comme les personnes aiment à rappelât,
lorsqu'ils vieillissent, les idées de leur j"èu-
nesse. Or, un simple examen du théâtre
antique suffit à nous montrer que la revue,
loin d'être une forme nouvelle de l'art dra-
matique, en est au contraire la plus an-
cienne.
Qu'était-ce autre chose qu'une revue que
ces représentations où l'on montrait des hé-
ros connus de tous, accomplissant des actes
populaires et appartenant, en sOTflme, au do-
maine de l'actualité?
Railler les dieux, les héros ou les hom-
mes du jour, telle tut la base essentielle du
théâtre antique, comme elle est aujourd'hui
celle de nos meilleures revues. Ce rappro-
chement est, pour notre littérature vieillis-
sante, un signe inquiétant de décadence,
mais il comporte, il taut bien\le dire, une
légère consolation.
G. DE PA'WLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures trois quarts, à la
Renaissance, répétition générale de L'Emi-
gré, pièce en quatre actes de M. Paul Bour-
get.
Les dames ne seront admises que sans
chapeau.
Ce soir, à la Cigale, à dix heures, pre-
mière des douze séances du tournoi de boxe
de combat, avec les plus célèbres pugilistes
anglais, américains et français. (Champion-
nats de France et de Paris.) Partie de con-
cert et attractions à huit heures et demie.
D
ans les journaux.
Il v a brouille entre un de nos plus
enarmants humoristes — qui est aussi ex-
cellent et ravissant poète — et un de nos
plus selects directeurs de journaux. L'écri-
vain va quitter la maison, où il donnait des
chroniques spirituelles et fort goûtées. La
cause? Une question de chiffres.
Ce différend nous en rappelle un autre
que connaissent, bien justement, les deux
confrères en question.
Un débutant, du reste plein de talent,
s'ouvrit un soir à son directeur de la satis-
faction qu'il aurait à obtenir une petite aug-
mentation.
- Mais, enfin, combien gagnez-vous?
- Mon cher patron, vous me donnez
deux sous la ligne.
— Deux sous la ligne, s'écria, indigné,
le directeur. Deux sous la ligne! Ce n'est
pas possible, ce n'est pas vrai.
Et, prenant sa canne et son chapeau, il
partit.
Mais? à la fin du mois, la « pige » du
jeune homme était toujours établie à raison
de 0 fr. 10 la ligne. Et la ligne était lon-
gue!
--
u
ne jolie artiste avait dernièrement une
rivière composée des plus jolis dia-
mants qu'une remme peut rever.
Pour satisfaire un caprice, elle prit le
parti de la vendre; un marchand lui offrait
cent mille francs, un autre cent deux mille.
Elle s'en fut chez Dusausoy, expert. 4, bou-
levard des Italiens, qui la lui prit pour cent
dix mille au comptant. Conclusion: Dusau-
soy achète toujours très cher, surtout quand
le bijou en vaut la peine.
1
a santé de M. Sardou.
J M. Victorien Sardou est de nouveau
gravement malade. Son état de santé qui,
depuis quelque temps, donnait des inquié-
tudes assez vives, s'est soudainement ag-
gravé.
Nous espérons que M. Victorien Sardou,
de qui l'énergie physique s'est si souvent
affirmée, triomphera de cette nouvelle
épreuve.
L
e Midi bouge!
f On refuse du monde au théâtre -de
Béziers ; les spectateurs retardataires, mal-
gré leurs billets de location, ne peuvent trou-
ver leurs places. Ils réclament, s'insurgent;
le maire, qui est là, prie le commissaire de
police de faire son devoir. Celui-ci envoie
promener le maire: personne n'a à lui ap-
prendre ce qu'il doit faire.
Il va s'installer dans son fauteuil et at-
tend la représentation dont il veut large-
ment profiter, menaçant de faire arrêter
ceux des spectateurs récalcitrants qui, de-
bout, pourraient gêner sa vue!
Sarah est à Béziers, outre!
E
vénement! Wilbur Wright à l'Olympia!
Le stUDéfiant. feur avait dit:
« Pas de photographes ! Mais, en plus de
son merveilleux programme, déjà lantasti-
que, 130ytrripîa tettafît âbsdhïffiem t mmtrët
à san élégant public les merveilleuses expé-
riences du Roi des Airs au camp d'Auvours.
A partir de ce soir même, la chose est réa-
lisée. Tout Paris se donnera rendez-vous à
rOlympia.
L
es amitiés françaises.
Tandis que les artistes français, re-
venus de Buenos-Ayres, se réinstallent dans
leurs foyers, - c'est le cas de le dire; —
tandis que M. de Féraudy, attardé, se pré-
pare à rejoindre Paris, un gentilhomme, un
vrai, qui s'est énergiquement dévoué pour
la propagation à l'étranger de l'art français,
prend quelque repos dans notre bonne ca-
pitale.
C'est le comte Luiz Braga, directeur du
théâtre Dona Amelia, de Lisbonne.
Le comte Luiz Brâga est un vrai ami de
la France; il aime surtout l'art et les artis-
tes. Il s'est consacré depuis longtemps à
resserrer les liens^qui unissent, et surtout
qui devraient unir les nations latines. Le
premier il a attiré à Lisbonne les grands
comédiens français et les bonnes pièces de
chez nous. Puis il a mis son influence et son
temps au service de l'art français, et il fut
le véritable instigateur des grandes repré-
sentations françaises de Buenos-Ayres, qui
font tant pour notre influence.
R
ue de la Paix.
Soucieuse de sa belle réputation
d'élégance, la rue de la Paix voit, sans ces-
se, ses anciens magasins se transformer en
de véritables palais.
Dernièrement, un somptueux magasin
s'est ouvert, offrant ses blancheurs de mar-
bre, ses riches guirlandes en or, ses splen.
dides pilastres à cannelures et à chapiteaux
aux regards émerveillés des passants. De
resplendissantes vitrines, au milieu desquel-
les s'ouvre une superbe porte à glaces en-
châssées dans un encadrement de bronze
doré complètent cette admirable présenta-
tion.
Au fronton, entre deux guirlandes de
laurier, se détache, en lettres d'or, ce mot
« Técla ».
C'est là qu'est, en effet, le palais de la
Perle Técla, dont s'entretiennent actuelle-
ment toutes les belles élégantes .qui consi-
dèrent, très justement, la perle comme
l'une des plus exquises parures de la
femme.
L
s Congrès du froid. *
- Les membres du Congrès du froid
ont prIS 1 habitude de venir se reposer ae
leurs graves palabres au premier de nos
music-halls : aux Folies-Bergère. Il faut voir
avec quelle chaleur ces spécialistes de lit
réfrigération applaudissent l'extraordinaire
« Homme à l'échelle », les merveilleux
Kremo, l'exquise Lanthenay, tout le mer-
veilleux programme enfin dont M. Clément
Bannel nous a dotés pour le mois d'octo-
bre.
A
lier vite et loin est chose aujourd'hui
bien facile avec ces merveilleuses
voitures Unie, que Georges Richard a do-
tées des tout derniers perfectionnements-
Simples, souples et rapides, elles sont rei-
nes à la ville et sur toutes les routes.
s
1 ur quatre femmes que vous rencontre-
> rez portant de faux cheveux, trois vous
répondront qu'elles se fournissent chez Noi-
rat, le grand posticheur parisien, 7, rue des
Capucines. Catalogue franco.
Le Masaue de Verre*
A LA COMÉDIE-FRANÇAISE
(Paul Boyer et Bert. phot.)
M. Leloir Mlle Leconte
Le Bon Roi
Dagobert
Comédie
en quatre actes
en Vers
DE
M. André RIVOIRE
(Paul Boyer et Bert, photj
dl. Georges Berr
SOMMAIRE
Le roi Dagobert a deux femmes pour une.
Car la reine Hidelswinte, mariée par politique
à ce monarque, qu'elle n'aimait point, se fait
suppléer chaque nuif par l'esclave Nantilde, se-
crètement amoureuse de son maître. Mais Nan-
tilde tient si bien son rôle qu'Hidelswinte èn'
devient jalouse et sa jalousie fait tout découvrir.
Dagobert chasse la reine et finit par épouser
l'esclave.
Tout le monde s'est réjoui, je crois, du
succès, de M. André Rivoire, succès net et
décidé qui, à la fin du troisième acte, prit
même l'ampleur chaleureuse d'une ovation.
Et j'imagine que toutes les variétés de pu-
blic goûteront cette pièce franche, spiri-
tuelle et gaie, mais si adroite dans son in-
génuité apparente, si subtile avec son air
(Paul Boyer et Bert, phot.)
i .- Pîérat m. L ef.ir
un peu menu et simple, si délicate et si fine
dans sa douceur.
C'est d'un couplet de chanson populaire
qu'en est sortie l'idée première. Cette chanson
ne dit pas grand'chose ; pourfant elle dit plus
qu'il n'y paraît. Les deux personnages
qu'elle fait converser, le bon roi Dagobert,
le grand saint Eloi, sont deux types qui pou-
vaient aisément grandir dans l'îriagination
d'un poète. Ces deux types, inséparables
dans leur contraste, et qui se complètent en
s'opposant, rappellent ou font prévoir, com-
me on voudra, le couple immortel du chpva-
lieu Don Quichotte et de son valet Sancho
Pança. Nous imaginons volontiers qu'au
temps de la chanson le roi Dagobert était
vieux, puisqu'il était bon, et que les bons
rois portent toujours barbe blanche. Mais
M. André Rivoire a compris qu'il était tout
jeune au contraire, ardent, fou, changeant,
impétueux, distrait, que le personnage du
monarque mal culotté représentait la fantai-
sie étourdie, l'inconstance chimérique. Da-
gobert, vu par un poète, est devenu un
Doète et un amoureux. Et quant au grand
saint Eloi, son ministre, il avait évidemment
mission d'opposer à la légèreté royale sa
bonhomie un peu rusée, son bon sens un
peu terre à terre et au jour le jour. Le roi
s'est fait aimer; la popularité facile du roi
obligera le ministre à se faire craindre. H
affectera malicieusement crêtre cruel, en-
core qu'il soit très bon, lui aussi, très pa-
ternel et très oitoyable. Et d'ailleurs, au
temps des chansons et des légendes, tout le
monde était très bon.
Si donc le grand saint Eloi, a négocié le
mariage de Dagobert avec Hidelswinte, fille
du roi des Goths, dont la dot est opulente,
c'est parce qu'il est un ministre paternel et
pour éviter au peuple de plus lourds im-
pôts. Mariage fâcheux pour le surplus, et
qui ne se présente pas sous de bons auspi-
ces. Quand Hidelswinte, conduite par.l'am-
bassadeur Odoric, arrive à la métairie
royale, elle trouve la maison vide, Dago-
bert ayant oublié qu'il se mariait ce jour-là.
Hidelswinte regrette fort bruyamment le
jeune cousin qu'elle a laissé en Espagne.
Et, pour achever, une sorcière a prédit au
roi les pires malheurs si oette union politi-
que était consommée. Eloi et Odoric ne
s'embarrassent pas de la prophétie, a la-
quelle personne ne croit, sauf une petite
esclave, Nantilde, secrètement amoureuse
de Dagobert. Mais le ministre et l'ambassa-
deur tirent parti de cette prédiction fatale
pour combiner la plus téméraire intrigue.
Il suffit, en somme, que le mariage soit cé-
lébré. Dagobert, le plus insconstant des
rois, répudiera sans doute Hidelswinte à
bref délai, surtout si la fille des Goths se
laisse aller à son caractère acariatre et hau-
tain. Hidelswinte, d'ici là, veut se garder
intacte à son cousin? Rien de plus simple.
Nantilde prendra sa place chaque nuit, et
Nantilde y consent, convaincue que par ce
sacrifice elle préserve la vie du bon Dago-
bert. Et le roi lui-même restera dupe de
cette supercherie si on lui persuade, comme
on fait, en déformant quelque peu la pro-
phétie, qu'il ne peut impunément aimer sa
femme aue dans la Dlus noire obscurité.
Ainsi en décident les conseillers probes ej
libres, et leur plan est exécuté.
Dans une fantaisie charmante, B< rîhej
aux grands pieds, ancienne déjà. d'une di-\
zaine d'années, M. André Rivoire avait"çtéià:
traité-un sujet assez voisin de celui-là. Ber-
the de Hongrie, mariée au roi Pépin, était
dès la première nuit remplacée au lit loyaE
car sa servante Alix. Mais cette substitua
M.' Siblot
Mlle Piirat
M.. Leloir
8CENE DU DEUXIEME ACTE
Mlle Leconte
(Paul Boyer et Bert, phot.1, ,
tion était l'effet d'un noir complot, et l.'hfà
toire, en elle-même, était tragique. Ici l'hisJ
toire est légère et l'on voit aussitôt à quel
danger s'exposait volontairement le poète. Il
y a une difficulté commune à toutes les fani
taisies poétiques dont le cadre et les per.
sonnages ne sont pas purement imaginaires,
et qui empruntent à l'histoire ou à la léi*
gende un mileu, des héros, ou simplement
des noms. L'opérette ou la féerie, en cffet>
ont usurpé, dénaturé tant de fois ces thè»*
mes et ces types qu'il faut beaucoup d'ar$
et de bonheur au poète pour éviter au spec.
tateur de blessantes confusions. Mais ici la
difficulté s'aggravait encore, puisque la fa-*
ble dramatique où M. André Rivoire a située
ses personnages tient, elle aussi, comme ort,
peut voir, de l'opérette, ou même du vau"
deville. Je crois que M. André Rivoire a
fort exactement prévu ce péril; j'en juge dut
moins par le fait que, sauf en quelques par-?
ties du rôle d'Eloi, — et encore n'est-i! pas
sans doute le coupable, — il l'a évité avec,
la plus ingénieuse délicatesse. Son imagina-,
tion a été assez fertile, son tact assez sûr:
pour faire sortir une comédie, toujours fine"
et souvent émouvante, de ce libretto. 1
Son secret est bien simple, bien simple f-t
formuler tout au moins. Sans reculer aucu-j
nement devant le comique de la situati3rr^
qui lui a fourni des traits excellents et par-£
fois d'une saveur assez forte, M. Rivoire*
s'est appliqué à en développer les élément
sentimentaux, et non les éléments matériei?*
Un professionnel du vaudeville eût tiré en
(Panl Boyer et.Bert, phot.)
M. Leloir M. Biblol Mlle Piirat Mlle Leconte
SCENE DU PREMIER ACTE
se jouant, d'une telle donnée, une suite in-i
finie de confusions et de quiproquos. AttL
contraire, une fois sa donnée admise, et c'é-,
tait le plus grand effort qu'il pût nous.,
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