Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-10-05
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 octobre 1908 05 octobre 1908
Description : 1908/10/05 (A2,N371). 1908/10/05 (A2,N371).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646025n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2 •Année. «N°371 (Quotidien)
Le Numéro : 5 centimes
Lundi 5 Octobre 1908.
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
TRACTION & ADMINISTRATION :
27\ Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE ; 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE: 288-07
Numéro provisoire : 401 -46
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
CORDON, S'IL VOUS PLAIT?
Pantomime
Le théâtre représente le vestibule
d'Une maison: à droite, la porte d'en-
tée ; à gauche, la loge du concierge; au
fond : l'escalier entourant la cage de l'as-
censeur. Téléphone près de la porte.
Il est minuit.
La scène est éclairée par une lumière
Menant des carreaux de la loge. 1
La scène est vide.
Soudain, on entend un cri : « 'Au se-
cours! » Puis, plus rien.
La porte de la loge s'ouvre avec pré-
caution. Un homme paraît. Il a sur la
tête une casquette enfoncée jusqu'aux
yeux ; aux pieds, des chaussons de li-
sière. Le col de son veston, relevé, est
Serré d'un mouchoir rouge dont les
bouts pendent par devant. Il a les mains
dans les poches, le dos courbé, la tête
dans les épaules. Il lance des regards
Jurtifs de tous les côtés. Sa moustache
faUtout juste une petite virgule noire
sous son nez. C'est l'assassin. -
Il hésite un moment sur la route à sui-
^r©> puis disparaît dans l'escalier.
h
Mais le cri de la victime a donné l'é-
yU. 'A peine l'assassin a-t-il eu le temps
?e grimper au dernier étage, qu'une
r apparaît dans l'escalier. C'est le
monsieur du premier.
Il est en chemise de nuit et en cale-
:on; un mouchoir à carreaux autour de
J® tête, et des favoris. Dans la main
droite, un bougeoir allumé.
Descendant les marches avec précau-
:Ion, il arrive sur la scène, et furette dans
fe vestibule. La porte d'entrée est bien
fermée. Il va voir du côté de l'ascen-
eeur, se penche, retire deux ou trois ca-
davres de locataires ou de visiteurs, apla-
ts contre les parois et sous la plate-
forme, et les rejette dédaigneusement.
Rien d'anormal.
Tout à coup, ses yeux sont frappés
Par la lueur de la loge. Il s'avance et re-
garde à travers la vitre.
Un effroi subit, puis une angoisse in-
civible se peignent sur son visage, en
meme temps qu'une douleur filiale. Il
ffyrend aaar q«na, néaftmein87 Pun après
1 autre, et court vers le fond de la scène.
Arrivé là, il ouvre un placard, et en
retire une énorme cloche de bois portant
cette inscription : Déménagements. Il sai-
Sit la cloche d'une main vigoureuse, et
sonne à perte de vue, comme un sourd.
A cet appel familier, les autres loca-
aires, peu à peu, apparaissent en haut
Qes marches, portant chacun un ou deux
Objets mobiliers, chaise, pendule, com-
mode, table de nuit. Le monsieur du
Premier leur fait signe qu'il ne s'agit pas
12e cela. Ils remontent et peu après dis-
t, Paraissent sans les meubles.
Le monsieur du premier les fait ran-
ger en demi-cercle, tenant leur bougeoir.
r. Il y a là un autre monsieur plus vieux,
Jeux ou trois dames, une bonne, un
Pompier.
Le monsieur du premier les prend par
a main, successivement et, dans un élé-
gant pas-de-quatre. les mène, l'un après
autre, devant la vitre.
Un des locataires sanglote.
- Un autre, son tour venu, pousse des
Urlements sourds, la tête renversée en
arrière.
Un troisième cherche en vain à con-
t* enir une hilarité convulsive.
Une vieille dame tombe morte de dou-
leur. On la balaye à côté des autres ca-
davres, dans l'ascenseur.
PUis, tous les assistants reprennent
leur place, et par des gestes expressifs,
se communiquent leurs sentiments.
cependant, le monsiéur du premier se
dirige majestueusement vers le télé-
phone.. il demande la communication à
tour de bras. Sort un petit drapeau de
fiacre avec l'inscription: « Pas libre ».
Le monsieur insiste. Apparaît, hors de
la bOîte, à mi-corps, un agent qui fait le
(Sa] lut militiaire. Le locataire se penche
vers ?u* et lui parle à l'oreille. L'autre
fait Signe qu'il a compris. Alors son in-
terlocuteur lui referme, d'un coup sec,
la Olte sur le nez. -
Les locataires, en l'attente de la po-
lice, peuvent enfin se livrer à leur dou-
eur. Ils tirent de leur poche de vastes
tluOUChoirs à carreaux et sanglotent éper-
tnent.
to la Porte de la rue s'ouvre. Entre le
commissaire, suivi de quatre agents. Ils
se dirigent vers la loge, où ils disparais-
sent. On entend le bruit sourd d'un
corps qui tombe. Les agents sortent,
portant le cadavre de la malheureuse
concierge. Elle a été pendue avec le cor-
do qui lui entoure encore le cou. On
la Repose sur la scène où on essaye de
la ranimer Un des locataires fait brûler
sous Son nez un vieux plumeau. Un des
vieux messieurs lui tire la langue et lui
ait horribles grimaces. Vainement.
La sonnette de la porte retentit. Le
commisaire tire machinalement sur le
cordon qui pend au cou de l'infortunée.
La Porte s'ouvre. Entre un déménageur.
Il emporte la concierge, escorté par tous
Les , locataires suivent aussi, tenant
leur bourgeoirs comme des cierges.
Ils reviennent avec les agents. Ceux-ci
précédés du commissaire, s'élancent
dans l'escalier, à la poursuite de l'as-
1n.
Une f -
Une fois seul, n~ ilu
mier sort de sa poche le cordon qu'il a
réussi à dérober. Les autres locataires
l'entourent avec des supplications pour
cette corde de pendu. Il leur en distribue
de petits morceaux, au moyen d'énor-
mes ciseaux tirés aussi de sa poche. Il
garde pour lui le plus gros morceau,
avec le gland.
Les agents redescendent triomphants.
Ils ont trouvé l'assassin. Fureur et in-
vectives des locataires contre le misé-
rable que ses. gardiens ont beaucoup de
peine à protéger. Ils l'emmènent enfin.
Le commissaire les suit. La porte se
ferme sur eux.
Alors, après s'être assurés qu'ils sont
bien seuls, les locataires se ruent vers
la loge, dont ils enfoncent la porte. Ils
entrent tous, en se bousculant. On en-
tend le bruit de clefs qu'on remue, et
de tiroirs qu'on force. Puis les loca-
taires, l'un après l'autre, reparaissent,
la figure rayonnante. Chacun d'eux tient
dans sa main une quittance de loyer ac-
quittée, qu'il brandit triomphalement.
Ballet final avec les quittancés, le cor-
dont, la cloche de bois. Feu de bengale,
apothéose, rideau.
Gabriel de LAUTREC.
Nous publierons demain un article de
TRISTAN BERNARD
Abus de confiance
Je n'ai jamais compris les poursuites ju-
diciaires que l'on exerce contre les tireuses
de cartes et les somnambules. Si véritable-
ment il se trouve encore à notre époque des
gens pour y croire, je ne vois aucun incon-
vénient à ce qu'on leur prenne leur dernier
sou, en vertu de la loi normale de sélec-
tion naturelle qui tait la base de notre so-
ciété moderne.
Au surplus, s'il s'agit seulement de pour-
suivre des marchands d'illusions, ces pour-
suites me semblent encore plus injustifia-
bles, car il faudrait alors mettre sous les
verrous tous les poètes et tous les organi-
sateurs de spectacles civils ou religieux du
monde entier.
Ce que je trouverais, par contre, infini-
ment plus logique, ce serait que l'on
poursuive, dans bien des cas, certains
professeurs de chant ou de déclamation qui
n'hésitent point à déshonorer leur protes-
sion en acceptant, de gaieté de cœur, des
Élève$ auxquels un défaut physique inçu-
table /fcrmr d'avtmee tôut- àt)eizir.
Que l'on commence à donner des leçons
à un élève ignorant ou stupide, rien n'est
plus logique et l'on peut espérer que quel-
ques années de travail suffiront à le trans-
former; mais que l'on accepte pour élèves
des jeunes gens qui, en raison d'un défaut
physique, seront incapables toute leur vie
de chanter correctement ou d'articuler une
phrase, cela ce n'est en somme que de la
pure escroquerie. C'est engager sciemment,
en abusant de son autorité, des familles
dans des dépenses interminables, et con-
duire fatalement un jour ou l'autre l'élève
que l'on agrée aux pires chagrins et aux
plus tragiques désespoirs.
Les professeurs véritablement dignes de
ce nom, et qui honorent le monde dramati-
que, auraient tout intérêt à prendre la ques-
tion en main et à donner aux débutants une
consultation préliminaire qui déciderait de
leur avenir.
Depuis un an nous avons tenté la chose
à Comœdia en créant nos auditions, mais il
semble qu'une pareille œuvre ne serait
point indigne d'une institution officielle :
du Conservatoire, par exemple. On a bien
créé à Paris, un peu partout, des séances
gratuites de vaccin; il serait tout au moins
aussi utile d'en instituer contre la folle du
théâtre.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à sept heures trois quarts, au
Théâtre Lyrique municipal de la Gaité, pre-
mière représentation (à ce théâtre) de Jean
de Nivelle, opéra-comique en trois actes,
d'Edmond Gondinet et Philippe Gille, mu-
sique de Léo Delibes.
L
4
es Anglais, gens pratiques, achètent
volontiers de beaux diamants et de
belles perles. Ils savent que Uusausoy, ex-
pert, 4, boulevard des Italiens, leur don-
nera toujours un bon prix au comptant.
Grand choix d'occasions.
L
eurs beaux dimanches.
Dans les salles du Grand-Palais, où
une foule relativement nombreuse promène
sa curiosité devant les toiles du Salon d'Au-
tomne, un monsieur décoré va et vient d'un
tableau à l'autre, s'arrête aux bons en-
droits, sourit avec indulgence devant les
exagérations de quelques « fauves » attar-
dés, consulte attentivement son catalogue,
et suit patiemment la cimaise.
On sent, à la longueur variée de ses sta-
tions devant telle ou telle œuvre, qu'il n'ap-
prouve peut-être pas complètement toutes
les outrances picturales de ce Salon, mais
que les efforts sincères et hardis de tant
de jeunes artistes l'intéressent et le capti-
vent.
Ce néophyte sur le chemin de la grâce,
c'est M. Jules Claretie. Et, devant certains
paysages, l'administrateur général de la
Comédie-Française semble songer que les
dont de quelques-uns de ces jeunes artistes
conviendraient particulièrement à la décora-
tion théâtrale.
L
'anthologie de la construction automo-
bile en France, est Tceuvre dé cette
maison clairvoyante: la Banque automobile,
qui vend toutes les grandes marques fran-
çaises, sans exception, en y ajoutant cette
facilité d'achat qu'apprécient ses clients: le
paiement fractionné. --
; M» 3* Verra,
LA SAISON 1908-1909
Le Programme
de M. Albert Carré
à l'Opéra=Comique
L'Opéra-Comique vient de faire une
réouverture extrêmement brillante avec
les œuvres du répertoire. Les artistes
nouvellement engagés ont effectué leurs dé-
buts. M. Albert Carré prépare actuellement
le programme des œuvres nouvelles et des
reprises qu'il destine à ses abonnés. De-
puis l'époque où M. Albert Carré'prit la
direction de l'Opéra-Comique, en 1898, les
abonnements ont pris une importance crois-
sante. De 42,260 francs, chiffre de la sai-
son 1897-1898, ils ont atteint, l'année der-
nière, 400,000 francs, et dépasseront cer-
tainement ce chiffre cette année.
Il faut dire que M. Albert Carré apporte
un soin jaloux à contenter ses abonnés.
Un avantage très apprécié par les abon-
nés de l'Opéra-Comique et qui est particu-
lier à ce théâtre, est celui qui consiste à
(Félix, phot.)
(P. Boyer. jet Bert. phot.)
Mlle Lassalfe
Mlle Brohly
Mlle Chenal
Mlle Lamare
Mlle Vix
Mme Marguerite Carré
Mlle Cebron-Norbens
Mlle Alice Raveau
Mme Vallandrl
Miss Teyta
Mlle Martyl
composer chaque série d'abonnement de
quinze spectacles absolument différents.
C'est ainsi que les abonnés de la saison
dernière (1907-1908) furent, en quinze re-
présentations, invités à entendre:
Deux œuvres classiques: 1 phi génie en Au-
lide, avec Mlle Bréval, et Alceste, avec Mme
Litvinne.
Une œuvre étrangère, inconnue en France:
Snegourotchka, de Rimsky Korsakow.
Trois œuvres inédites: Le Chemineau, de
M. X. Leroux; La Habanera,.de M. R. La-
parra, accompagnée de Ghyslaine, de M. Mar-
cel Bertrand ; Le Clown, de M. I. de Ca-
mondo, qui n'avait eu à Paris que quelques re-
présentations privées et que Mlle Farrar est ve-
nue faire connaître au public de l'Opéra-Comi-
que.
Six ouvrages du répertoire français : Carmen
Manon, Werther, Lakmé, Aphrodite, Fortunio.
Trois ouvrages du répertoire étranger: Le
Barbier de Séville, La Vie de Bohème, Mada-
me Buttetjly.
Il en sera de même cette année.
Les spectacles exceptionnels donnés avec
des artistes en représentations, de même
que la primeur des œuvres nouvelles ou des
reprises importantes, continueront à être ré-
servés aux abonnés, sans ordres de préfé-
rence entre les séries.
Enfin, précieux avantage: l'abonnement
de l'Opéra-Comique n'est pas personnel, ce
qui permet aux titulaires d'en faire profiter
leurs parents ou leurs amis.
Le programme de la saison 1908-1909 se
composera, comme celui des saisons précé-
dentes, de plusieurs œuvres inédites de
compositeurs français, d'une œuvre classi-
que à remettre au répertoire, et, si le temps
dont on dispose le perjgg^. 4'une qu deux
œuvres éfcwgàros*
L'œuvre classique inscrite en tête du
programme de 1908-1909 est La Flûte en-
chantée, de Mozart.
Après l'œuvre de Gluck, dont quatre sur
cinq des principaux chefs-d'œuvre: Orphée,
Iphigénie en Tauride, Alceste et Iphigénie
en Aulide furent rendus à la scène par l'O-
péra-Comique, M. Carré se propose de pas-
ser en revue l'œuvre de Mozart, en com-
mençant par La Flûte enchantée.
La Flûte enchantée n'a pas été représen-
tée à Paris le 9 avril 1893. Elle était alors
dans la version de Jules Barbier, Nuitter et
Beaumont, qui avait le grave défaut de n'ê-
tre qu'une variante inspirée à ces' librettis-
tes par l'ouvrage original.
M. Albert Carré a voulu en revenir au
texte primitif et présenter à son public La
rlûte enchantée, telle que Mozart, le 13
septembre 1791, la fit jouer à Vienne. Ciest
pourquoi il a chargé MM. Paul Ferrier et
Alexandre Bisson d'en établir une traduc-
tion nouvelle religieusement conforme; en
ses moindres détails, au texte allemande
On sait que La Flûte enchantée (Die
Zauberflcete) fut le dernier opéra de Mo-
zart. La Clemenza di Tito, représentée à
Prague quelques jours auparavant, le 6 sep-
tembre 1791, n'avait pas été accueillie fa-
vorablement et Mozart en avait ressenti une
affliction dont le succès considérable de
La Flûte enchantée (l'ouvrage fut joué cent
vingt fois de suite) ne put. le consoler.
Mozart était alors accablé de soucis d'ar-
gent et malade. Agité de lugubres pressen-
timents, il employa les derniers jours de sa
vie à composer ce fameux Requiem qui lui
avait été commandé dans des circonstances
mystérieuses bien propre^ à frapper un es-
prit superstitieux comme le sien. Il appelait
ce Requiem son chant de mort. Il ne put
le terminer et, le 5 décembre 1791, il ex-
pira entre les bras de sa fidèle Constance.
Le prêtre lui refusa les derniers sacre-
ments, parce que Mozart était franc-maçon.
Il avait, le 15 novembre, dans un moment
de répit que lui. avait laissé sa maladie, écrit
une petite cantate destiné à la loge maçon-
nique dont il était membre et qu'il avait
intitulé: L'Eloge de l'amitié.
Ainsi s'expliquent l'introduction dans le
livret de La Flûte enchantée de cérémo-
nies calquées sur celles des francs-maçons,
et les raisons qui déterminèrent Mozart et
son collaborateur Schikanoder à placer en
Egypte l'action de leur opéra.
La francs-maçonnerie, au xvm" siècle,
confinait à l'illuminisme. C'était le temps
des Rose-Croix, des Swedenborgiens, des
Theosopke^ ie temps, des Mesmer et des
CagUostro* --
Ce dernier avait imaginé une certaine
maçonnique égyptienne qui, disait-il, se par-
tageait en plusieurs sectes, celle des Adep-
tes et celle des Initiés.
Or, dans l'opéra de Mozart, ce sont les
Initiés qui reçoivent Tamino et qui sou-
mettent son courage aux épreuves en usage
chez les francs-maçons.
La Flûte enchantée fut, pour la première
fois, représentée à Paris sur le théâtre des
Arts (Opéra) pendant le Consulat, sous le
titre: Les Mystères d'Isis. Il existe de La
Flûte enchantée une traduction de Castil-
Blaze et celle de Jules Barbier, Nuitter et
Beaumont, qui fut représentée pour la pre-
mière fois le 23 février 1865, au Théâtre
Lyrique, sous la direction de M. Carvalho.
Mme Carvalho chantait Pamina. La reine
de la nuit, c'était Christine Nilsson, alors à
ses débuts.
La nouvelle version de La Flûte enchan-
tée sera interprétée comme suit, à l'Opéra-
Comique :
MM. Fugère, Papagéno; Clément, Tamino.
Mmes Marguerite Carré, Pamina ; Korsoff,
la Reine de la nuit.
M. Gabriel Fauré, directeur du Conser-
vatoire, a bien voulu se charger de diriger
les études musicales du chef-d'œuvre de
Mozart.
M. Carré se propose de remonter La
Flûte enchantée avec un grand luxe de mise
en scène.
M. Jusseaume a été chargé des décors.
M. Multzer des costumes.
Les œuvres nouvelles que l'Opéra-Comi-
que représentera dans le courant de la sai-
son 1908-1909 seront choisies parmi les
suivantes, dans un ordre indéterminé :
Solange, opéra-comique en trois actes, livret
de M. Adolphe Aderer, musique de M. Sal-
vayre.
Mme Vallandri créera le rôle de Solange.
Sanga, drame lyrique en trois actes, livret de
MM. Eugène Morand et Paul de Choudens, mu-
sique de M. Isidore de Lara.
Sanga a remplacé, sur le programme de
l'Opéra-Comique Naïl, du même auteur, que
devait créer Mlle Calvé. Il a fallu renoncer à
cet ouvrage, qui avait été écrit spécialement
pour elle, par suite du départ de la grande
chanteuse pour l'Amérique. C'est alors que le
directeur de l'Opéra-Comique songea à Sanga.
Il devait une compensation à M. Isidore de
Lara. Sanga lui avait été signalé par M. Du-
jardin-Beaumetz, lui-même, le sous-secrétaire
d'Etat des Beaux-Arts, qui, ayant assisté à la
première représentation de l'ouvrage à l'Opéra
de Nice, le 19 mars 1906, sous la direction
de M. Saugey et, en ayant constaté le grand
succès, offrit à M. Carré, s'il consentait à le
recevoir, de compter ce drame lyrique au nom-
bre des œuvres nouvelles que l'Opéra-Comique
est tenu de représenter.
Une autre raison détermina M. Carré à ins-
crire Sanga sur son programme. Il y vit l'oc-
casion de faire applaudir Fugère, Imminent
chanteur et comédien, dans le rôle de maître
Vigord, que le doyen de l'Opéra-Comique était
allé créer à Nice et qui lui avait valu un des
plus grands succès de sa brillante carrière.
Distribution de Sanga:
Mmes Chenal, Sanga ; Nelly-Martyl, Léna ;
Lassalle, Une vieille.
MM. Fugère, Maître Vigord ; Béyle, Jean ;
Delvoye, Patron Marc ; Ghasne, Le chevrier ;
Belhomme, Ruff.,
Myrtil, conte musical en deux parties, poème
de MM. Villeroy et Ernest Garnier, musique
de M. Ernest Garnier.
Distribution de Myrtil:
Mmes Lamare, Myrtil; Cébron-Norbens, Bac-
chia; Brohly, Cléo; Bakkers, Première jeune
fille; Fayolle, Deuxième jeune fille.
MM. Beyle, Hylas ; Delvoye, Probulos ; Azé-
ma, le Grand-Prêtre.
Chiquito, le joueur de pelote, scène de la vie
basque d'après Pierre Loti, paroles de M. Henri
Cain, musique de M. Jean Nouguès, dont Mme
Marguerite Carré créera le rôle principal.
Léone, opéra-comique en quatre actes, poè-
me de M. Georges Montorgueil, d'après la nou-
velle d'Emmanuel Arène, musique de M. Sa-
muel Rousseau.
Noël, conte de NoëJ, en trois actes, poème
de Mlle Jeanne-Paul Ferrier et de M. Paul Fer-
rier, musique de M. F. d'Erlanger.
Pierre le Véridique, conte musical, en trois
actes et quatre tableaux, poème de M. Catulle
Mendès, musique de M. X. Leroux.
On ne badine pas avec l'amour, comédie mu-
sicale-, en trois actes, d'après Alfred de Musset,
paroles de MM. Leloir et Nigond, musique de
M. Pierné.
Macbeth, drame lyrique, en trois actes et sept
tableaux, dont un prologue, paroles de M. Ed-
mond Fleg, musique de M. Ernest Bloch.
Le Cœur du Moulin, poème lyrique, en deux
actes, de M. Magre, musique de M. Déodat de
Séverac.
Un matin de Floréal, drame lyrique, en un
acte, de MM. Gravollet et Cain, musique de
M. Marcel Rousseau.
Ping-Sin, opéra-comique de Gallet, musique
de H. Maréchal
Le Puits, opéra-comique, poème de M. Dor-
chain, musique de M. Marsick.
Denisette, opéra-comique en un acte, de M.
Bessier, musique de M. Fijan.
L'Heure espagnole, opéra-comique en un ac-
te, de M. Franc-Nohain, musique de M. Ravel.
Messaouda, opéra en un acte, de M. Pierre
Elzéar, musique de M. Ratez.
Bernard Clangsor.
La Sonate au clair de lune.
La tête à perruque.
Parmi les œuvres étrangères, l'Opéra-Co-
mique a retenu les suivantes, qui ne pour-
ront prendre place à son programme, ce-
pendant, que lorsque les obligations qui lui
sont imposées par son cahier des charges
auront été remplies: ,"
La Nuit de Saint-Jean (Feuemoth), opéra-co-
mique en un acte, paroles et musique de M.
Richard Strauss, traduit de l'allemand par M.
Jean Marnold.
Les deux rôles principaux seront réservés
Mlle Vix et à M. Jean Périer.
lb et Christine, œuvre nouvelle en trois actes,
traduite de l'anglais par M. Jean Richepin, mu-
sique de M. Léoni. ,,'
La Dorise, opéra en trois actes, de M. Illica,
traduit de l'italien par M. Paul Ferrier, musi-
que de M. Galeotti.
Paillasse, drame lyrique en deux actes, de
M. Leoncavallo.
L'Opéra-Comique se propose, dans le
courant de la saison 1908-1909, de faire les
reprises suivantes :
Sapho, pièce lyrique tirée par MM. Henri
Cain et Bernède du célèbre roman d'Alphonse
Daudet, musique de J. Massenet.
L'œuvre a été créée à l'Opéra-Comique le
27 septembre 1897. Elle avait alors cinq : ta-
bleaux. M. Albert Carré demanda aux auteurs
d'en ajouter un sixième et avec lui cette scène
des lettres qui, dans la pièce de Belot, repré-
sentée en 1885 au Gymnase, comme dans le
livre de Daudet, apparaissait comme le point
synthétique de ce drame de la jalousie. M. Mas-
senet, qui possède plus que personne le sens
du théâtre; approuva immédiatement la proposi-
tion du directeur de l'Opéra-Comique.; Ses- col-
laborateurs, Henri Cain et Bernède, se mirent
à I'oeuvre et le compositeur put les réunir, dans
le courant du mois de septembre, pour leur faire
entendre la musique de ce tableau, nouveau chef-
d'œuvre ajouté par lui à tarit d'autres et qui ne
pourra manquer de produire sur le public un
considérable effet.
Voici la distribution de Sapho, à l'Opéra-Co-
mique, celle de 1897 et celle de la prochaine
reprise :
Fanny Legrand (1897) Mme Calvé ; (1908)
Mme Marguerite Carré.
Divonne (1897) Mme Wyns; (1908) Mme Ra-
veau.
Irène (1897) Mme Guiraudon ; (1908) Mme
Teyte.
Jean Gaussin (1897) M. Leprestre; (1908) M.-
Salignac.
Caoudal (1897) M. Marc Nohel; (1908). M.
Jean Périer.
Césaire (1897) M. Gresse; (1908) M. Dei-
voye.
La Borderie (1897) M. Maurice Jacquet ; (1908)
M. Cazeneuve.
Le Patron (1897) M. Dufour; (1908) M. Bel-
homme.
La Tosca, de Puccini, d'après le drame de
Victorien Sardou, traduction de M. Paul Fer-
rier, avec la distribution suivante:
Mlle Chenal, La Tosca.
MM. Salignac, Çavaradossi; Jean Périer,
Scarpia ; Delvoye, Le Sacristain ; de Poumayrac,
Spoletta.
Orphée, de Gluck, pour les débuts très atten
dus de Mlle Alice Rllveau, qui aux concours du
Conservatoire de musique de 1908 remporta lé;
trois premiers prix de chant, d'opéra et CTopéfa -',
comique.
Après Orphée, Mlle Raveau chantera le rôk
de Margared, du Roi d'Ys, et plus tard, Wer-
ther, Les Troyens, sans compter les création:
qui pourraient lui être réservées par la suite.
M. Albert Carré, enfin, songe à inscrire
au répertoire de l'Opéra-Comique, aussitôt
qu'il aura pu réunir une interprétation digne
de l'ouvrage, l'Erostrate de M. Ernest
Reyer, qui fut joué, en 1872, à l'Opéra.
C'est, on le voit, une œuvre considérable
qu'entreprend là M. Albert Carré. Nul ne
saurait s'étonner, après tant de labeurs ac-
cumulés, de voir M. Albert Carré poursui-
vre, infatigable, cette marche ininterrompue
vers un idéal artistique où lè portent d'ex-
ceptionnelles facultés de travail, et le plus
merveilleux instinct musical qui se puisse
imaginer.
GEORGES TALMONT.
Les représentations d'abonnements de la
saison 1908-1909 commenceront, lè 3 no-
vembre 1908, par la série du mardi A. >
Celles du jeudi A commenceront le 5 no-
vembre;
Celles du samedi A commenceront le 7
novembre ; -.
Celles du mardi B commenceront le 10
novembre ;
Celles du jeudi B commenceront le 12
novembre ;
Celles du samedi B commenceront le 14
novembre.
Il n'y aura pas de série d'abonnement
entre le 3 et le 20 avril, à cause des fêtes
de Pâques.
Le tarif de l'abonnement est le suivant
pour chaque série de quinze représenta-
tions:
Loges de balcon, fauteuils de balcon, premier
rang, la place, 180 francs.
Baignoires, fauteuils d'orchestre ou de bal-
con, deuxième et troisième rangs, la place, 150
francs..
Fauteuils et loges du deuxième étage de face,
la place, 120 francs.
Avant-scènes et loges du deuxième étage de
côté, la place, go francs. -
Fauteuils du troisième étage, premier rang,
la place, 75 francs. ,',
Avant-scènes et loges du troisième étage, fau-
teuils du troisième étage, deuxième et troisiêmt
rangs, la place, 60 francs.
Stalles du troisième rang, les quatre derniers
rangs, 50 francs.
Le bureau des abonnements, rue Mari-
vaux, est ouvert de. onze à six heures.
Lettre de l'OuVreuse
C'est prodigieux, ce qu'on m'écrit, cette
semaine ! Ni Mme de Sévigné, dont la
plume ne séchait guère, ni l'intarissable
épistolière que fut « Madame », mère du
Régent, n'avaient autant de réponses à
confectionner que moi. N'allez pas me
croire assez indécemment gourde pour com-
parer mon style à celui de la marquise,
ou de Liselotte, non ; c'est seulement par
la quantité que je me sens, hélas! leur
égale.
Dans ce tas décourageant de lettres, cer-
taines sont bizarres et déplacées, comme
le stupéfiant accrochoir (le « suspend-
f.ormes », dit ce polisson de Ruy Blas)
que les spectateurs conviés à la générale
du fgur vaudevillesque vient, ébaubis,
pendiller entre le creux des reins et le
creux des jarrets de Mme Marthe Régnier.
Ces éptô-es-là, jé les laisse sans réfassè;
comment, jâr. exemple, potsrrats-je tSsdio
gner le fulgurant Bordelais, domicilié place
des Grands-Hommes, qui me demande,
« ayant vingt-quatre heures à passer dans
la capitale », de le documenter sur la va-
leur respective des hôtels garnis. garnis
de quoi, grands dieux!. tenus (et com-
ment!) par des personnes qu 'il-m'énumère:
Mmes Cécile Delaroche, Reine, Baron, De-
lizy, d'Armaillé, Séverine, Valançay, etc.,
tout un banc d'inconnues — ô temporà, ô
morues!
Je ne m'occupe, môssieur, que de do-
cumentation artistique, je suis une honnête
fille, moi! Voyons, dépouillons ce courrier,
comme fut accusé de le faire l'infortuné
Lesurques.
1°) Un « mélomane ce Phocée » qui
habite rue de Paradis — ô maman, je vdis
le ciél 1 p'écrft aigrelet, que jamJs
Sarasaté m fut sifié à maté&m, M dm*
Le Numéro : 5 centimes
Lundi 5 Octobre 1908.
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
TRACTION & ADMINISTRATION :
27\ Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE ; 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE: 288-07
Numéro provisoire : 401 -46
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
CORDON, S'IL VOUS PLAIT?
Pantomime
Le théâtre représente le vestibule
d'Une maison: à droite, la porte d'en-
tée ; à gauche, la loge du concierge; au
fond : l'escalier entourant la cage de l'as-
censeur. Téléphone près de la porte.
Il est minuit.
La scène est éclairée par une lumière
Menant des carreaux de la loge. 1
La scène est vide.
Soudain, on entend un cri : « 'Au se-
cours! » Puis, plus rien.
La porte de la loge s'ouvre avec pré-
caution. Un homme paraît. Il a sur la
tête une casquette enfoncée jusqu'aux
yeux ; aux pieds, des chaussons de li-
sière. Le col de son veston, relevé, est
Serré d'un mouchoir rouge dont les
bouts pendent par devant. Il a les mains
dans les poches, le dos courbé, la tête
dans les épaules. Il lance des regards
Jurtifs de tous les côtés. Sa moustache
faUtout juste une petite virgule noire
sous son nez. C'est l'assassin. -
Il hésite un moment sur la route à sui-
^r©> puis disparaît dans l'escalier.
h
Mais le cri de la victime a donné l'é-
yU. 'A peine l'assassin a-t-il eu le temps
?e grimper au dernier étage, qu'une
r apparaît dans l'escalier. C'est le
monsieur du premier.
Il est en chemise de nuit et en cale-
:on; un mouchoir à carreaux autour de
J® tête, et des favoris. Dans la main
droite, un bougeoir allumé.
Descendant les marches avec précau-
:Ion, il arrive sur la scène, et furette dans
fe vestibule. La porte d'entrée est bien
fermée. Il va voir du côté de l'ascen-
eeur, se penche, retire deux ou trois ca-
davres de locataires ou de visiteurs, apla-
ts contre les parois et sous la plate-
forme, et les rejette dédaigneusement.
Rien d'anormal.
Tout à coup, ses yeux sont frappés
Par la lueur de la loge. Il s'avance et re-
garde à travers la vitre.
Un effroi subit, puis une angoisse in-
civible se peignent sur son visage, en
meme temps qu'une douleur filiale. Il
ffyrend aaar q«na, néaftmein87 Pun après
1 autre, et court vers le fond de la scène.
Arrivé là, il ouvre un placard, et en
retire une énorme cloche de bois portant
cette inscription : Déménagements. Il sai-
Sit la cloche d'une main vigoureuse, et
sonne à perte de vue, comme un sourd.
A cet appel familier, les autres loca-
aires, peu à peu, apparaissent en haut
Qes marches, portant chacun un ou deux
Objets mobiliers, chaise, pendule, com-
mode, table de nuit. Le monsieur du
Premier leur fait signe qu'il ne s'agit pas
12e cela. Ils remontent et peu après dis-
t, Paraissent sans les meubles.
Le monsieur du premier les fait ran-
ger en demi-cercle, tenant leur bougeoir.
r. Il y a là un autre monsieur plus vieux,
Jeux ou trois dames, une bonne, un
Pompier.
Le monsieur du premier les prend par
a main, successivement et, dans un élé-
gant pas-de-quatre. les mène, l'un après
autre, devant la vitre.
Un des locataires sanglote.
- Un autre, son tour venu, pousse des
Urlements sourds, la tête renversée en
arrière.
Un troisième cherche en vain à con-
t* enir une hilarité convulsive.
Une vieille dame tombe morte de dou-
leur. On la balaye à côté des autres ca-
davres, dans l'ascenseur.
PUis, tous les assistants reprennent
leur place, et par des gestes expressifs,
se communiquent leurs sentiments.
cependant, le monsiéur du premier se
dirige majestueusement vers le télé-
phone.. il demande la communication à
tour de bras. Sort un petit drapeau de
fiacre avec l'inscription: « Pas libre ».
Le monsieur insiste. Apparaît, hors de
la bOîte, à mi-corps, un agent qui fait le
(Sa] lut militiaire. Le locataire se penche
vers ?u* et lui parle à l'oreille. L'autre
fait Signe qu'il a compris. Alors son in-
terlocuteur lui referme, d'un coup sec,
la Olte sur le nez. -
Les locataires, en l'attente de la po-
lice, peuvent enfin se livrer à leur dou-
eur. Ils tirent de leur poche de vastes
tluOUChoirs à carreaux et sanglotent éper-
tnent.
to la Porte de la rue s'ouvre. Entre le
commissaire, suivi de quatre agents. Ils
se dirigent vers la loge, où ils disparais-
sent. On entend le bruit sourd d'un
corps qui tombe. Les agents sortent,
portant le cadavre de la malheureuse
concierge. Elle a été pendue avec le cor-
do qui lui entoure encore le cou. On
la Repose sur la scène où on essaye de
la ranimer Un des locataires fait brûler
sous Son nez un vieux plumeau. Un des
vieux messieurs lui tire la langue et lui
ait horribles grimaces. Vainement.
La sonnette de la porte retentit. Le
commisaire tire machinalement sur le
cordon qui pend au cou de l'infortunée.
La Porte s'ouvre. Entre un déménageur.
Il emporte la concierge, escorté par tous
Les , locataires suivent aussi, tenant
leur bourgeoirs comme des cierges.
Ils reviennent avec les agents. Ceux-ci
précédés du commissaire, s'élancent
dans l'escalier, à la poursuite de l'as-
1n.
Une f -
Une fois seul, n~ ilu
mier sort de sa poche le cordon qu'il a
réussi à dérober. Les autres locataires
l'entourent avec des supplications pour
cette corde de pendu. Il leur en distribue
de petits morceaux, au moyen d'énor-
mes ciseaux tirés aussi de sa poche. Il
garde pour lui le plus gros morceau,
avec le gland.
Les agents redescendent triomphants.
Ils ont trouvé l'assassin. Fureur et in-
vectives des locataires contre le misé-
rable que ses. gardiens ont beaucoup de
peine à protéger. Ils l'emmènent enfin.
Le commissaire les suit. La porte se
ferme sur eux.
Alors, après s'être assurés qu'ils sont
bien seuls, les locataires se ruent vers
la loge, dont ils enfoncent la porte. Ils
entrent tous, en se bousculant. On en-
tend le bruit de clefs qu'on remue, et
de tiroirs qu'on force. Puis les loca-
taires, l'un après l'autre, reparaissent,
la figure rayonnante. Chacun d'eux tient
dans sa main une quittance de loyer ac-
quittée, qu'il brandit triomphalement.
Ballet final avec les quittancés, le cor-
dont, la cloche de bois. Feu de bengale,
apothéose, rideau.
Gabriel de LAUTREC.
Nous publierons demain un article de
TRISTAN BERNARD
Abus de confiance
Je n'ai jamais compris les poursuites ju-
diciaires que l'on exerce contre les tireuses
de cartes et les somnambules. Si véritable-
ment il se trouve encore à notre époque des
gens pour y croire, je ne vois aucun incon-
vénient à ce qu'on leur prenne leur dernier
sou, en vertu de la loi normale de sélec-
tion naturelle qui tait la base de notre so-
ciété moderne.
Au surplus, s'il s'agit seulement de pour-
suivre des marchands d'illusions, ces pour-
suites me semblent encore plus injustifia-
bles, car il faudrait alors mettre sous les
verrous tous les poètes et tous les organi-
sateurs de spectacles civils ou religieux du
monde entier.
Ce que je trouverais, par contre, infini-
ment plus logique, ce serait que l'on
poursuive, dans bien des cas, certains
professeurs de chant ou de déclamation qui
n'hésitent point à déshonorer leur protes-
sion en acceptant, de gaieté de cœur, des
Élève$ auxquels un défaut physique inçu-
table /fcrmr d'avtmee tôut- àt)eizir.
Que l'on commence à donner des leçons
à un élève ignorant ou stupide, rien n'est
plus logique et l'on peut espérer que quel-
ques années de travail suffiront à le trans-
former; mais que l'on accepte pour élèves
des jeunes gens qui, en raison d'un défaut
physique, seront incapables toute leur vie
de chanter correctement ou d'articuler une
phrase, cela ce n'est en somme que de la
pure escroquerie. C'est engager sciemment,
en abusant de son autorité, des familles
dans des dépenses interminables, et con-
duire fatalement un jour ou l'autre l'élève
que l'on agrée aux pires chagrins et aux
plus tragiques désespoirs.
Les professeurs véritablement dignes de
ce nom, et qui honorent le monde dramati-
que, auraient tout intérêt à prendre la ques-
tion en main et à donner aux débutants une
consultation préliminaire qui déciderait de
leur avenir.
Depuis un an nous avons tenté la chose
à Comœdia en créant nos auditions, mais il
semble qu'une pareille œuvre ne serait
point indigne d'une institution officielle :
du Conservatoire, par exemple. On a bien
créé à Paris, un peu partout, des séances
gratuites de vaccin; il serait tout au moins
aussi utile d'en instituer contre la folle du
théâtre.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à sept heures trois quarts, au
Théâtre Lyrique municipal de la Gaité, pre-
mière représentation (à ce théâtre) de Jean
de Nivelle, opéra-comique en trois actes,
d'Edmond Gondinet et Philippe Gille, mu-
sique de Léo Delibes.
L
4
es Anglais, gens pratiques, achètent
volontiers de beaux diamants et de
belles perles. Ils savent que Uusausoy, ex-
pert, 4, boulevard des Italiens, leur don-
nera toujours un bon prix au comptant.
Grand choix d'occasions.
L
eurs beaux dimanches.
Dans les salles du Grand-Palais, où
une foule relativement nombreuse promène
sa curiosité devant les toiles du Salon d'Au-
tomne, un monsieur décoré va et vient d'un
tableau à l'autre, s'arrête aux bons en-
droits, sourit avec indulgence devant les
exagérations de quelques « fauves » attar-
dés, consulte attentivement son catalogue,
et suit patiemment la cimaise.
On sent, à la longueur variée de ses sta-
tions devant telle ou telle œuvre, qu'il n'ap-
prouve peut-être pas complètement toutes
les outrances picturales de ce Salon, mais
que les efforts sincères et hardis de tant
de jeunes artistes l'intéressent et le capti-
vent.
Ce néophyte sur le chemin de la grâce,
c'est M. Jules Claretie. Et, devant certains
paysages, l'administrateur général de la
Comédie-Française semble songer que les
dont de quelques-uns de ces jeunes artistes
conviendraient particulièrement à la décora-
tion théâtrale.
L
'anthologie de la construction automo-
bile en France, est Tceuvre dé cette
maison clairvoyante: la Banque automobile,
qui vend toutes les grandes marques fran-
çaises, sans exception, en y ajoutant cette
facilité d'achat qu'apprécient ses clients: le
paiement fractionné. --
; M» 3* Verra,
LA SAISON 1908-1909
Le Programme
de M. Albert Carré
à l'Opéra=Comique
L'Opéra-Comique vient de faire une
réouverture extrêmement brillante avec
les œuvres du répertoire. Les artistes
nouvellement engagés ont effectué leurs dé-
buts. M. Albert Carré prépare actuellement
le programme des œuvres nouvelles et des
reprises qu'il destine à ses abonnés. De-
puis l'époque où M. Albert Carré'prit la
direction de l'Opéra-Comique, en 1898, les
abonnements ont pris une importance crois-
sante. De 42,260 francs, chiffre de la sai-
son 1897-1898, ils ont atteint, l'année der-
nière, 400,000 francs, et dépasseront cer-
tainement ce chiffre cette année.
Il faut dire que M. Albert Carré apporte
un soin jaloux à contenter ses abonnés.
Un avantage très apprécié par les abon-
nés de l'Opéra-Comique et qui est particu-
lier à ce théâtre, est celui qui consiste à
(Félix, phot.)
(P. Boyer. jet Bert. phot.)
Mlle Lassalfe
Mlle Brohly
Mlle Chenal
Mlle Lamare
Mlle Vix
Mme Marguerite Carré
Mlle Cebron-Norbens
Mlle Alice Raveau
Mme Vallandrl
Miss Teyta
Mlle Martyl
composer chaque série d'abonnement de
quinze spectacles absolument différents.
C'est ainsi que les abonnés de la saison
dernière (1907-1908) furent, en quinze re-
présentations, invités à entendre:
Deux œuvres classiques: 1 phi génie en Au-
lide, avec Mlle Bréval, et Alceste, avec Mme
Litvinne.
Une œuvre étrangère, inconnue en France:
Snegourotchka, de Rimsky Korsakow.
Trois œuvres inédites: Le Chemineau, de
M. X. Leroux; La Habanera,.de M. R. La-
parra, accompagnée de Ghyslaine, de M. Mar-
cel Bertrand ; Le Clown, de M. I. de Ca-
mondo, qui n'avait eu à Paris que quelques re-
présentations privées et que Mlle Farrar est ve-
nue faire connaître au public de l'Opéra-Comi-
que.
Six ouvrages du répertoire français : Carmen
Manon, Werther, Lakmé, Aphrodite, Fortunio.
Trois ouvrages du répertoire étranger: Le
Barbier de Séville, La Vie de Bohème, Mada-
me Buttetjly.
Il en sera de même cette année.
Les spectacles exceptionnels donnés avec
des artistes en représentations, de même
que la primeur des œuvres nouvelles ou des
reprises importantes, continueront à être ré-
servés aux abonnés, sans ordres de préfé-
rence entre les séries.
Enfin, précieux avantage: l'abonnement
de l'Opéra-Comique n'est pas personnel, ce
qui permet aux titulaires d'en faire profiter
leurs parents ou leurs amis.
Le programme de la saison 1908-1909 se
composera, comme celui des saisons précé-
dentes, de plusieurs œuvres inédites de
compositeurs français, d'une œuvre classi-
que à remettre au répertoire, et, si le temps
dont on dispose le perjgg^. 4'une qu deux
œuvres éfcwgàros*
L'œuvre classique inscrite en tête du
programme de 1908-1909 est La Flûte en-
chantée, de Mozart.
Après l'œuvre de Gluck, dont quatre sur
cinq des principaux chefs-d'œuvre: Orphée,
Iphigénie en Tauride, Alceste et Iphigénie
en Aulide furent rendus à la scène par l'O-
péra-Comique, M. Carré se propose de pas-
ser en revue l'œuvre de Mozart, en com-
mençant par La Flûte enchantée.
La Flûte enchantée n'a pas été représen-
tée à Paris le 9 avril 1893. Elle était alors
dans la version de Jules Barbier, Nuitter et
Beaumont, qui avait le grave défaut de n'ê-
tre qu'une variante inspirée à ces' librettis-
tes par l'ouvrage original.
M. Albert Carré a voulu en revenir au
texte primitif et présenter à son public La
rlûte enchantée, telle que Mozart, le 13
septembre 1791, la fit jouer à Vienne. Ciest
pourquoi il a chargé MM. Paul Ferrier et
Alexandre Bisson d'en établir une traduc-
tion nouvelle religieusement conforme; en
ses moindres détails, au texte allemande
On sait que La Flûte enchantée (Die
Zauberflcete) fut le dernier opéra de Mo-
zart. La Clemenza di Tito, représentée à
Prague quelques jours auparavant, le 6 sep-
tembre 1791, n'avait pas été accueillie fa-
vorablement et Mozart en avait ressenti une
affliction dont le succès considérable de
La Flûte enchantée (l'ouvrage fut joué cent
vingt fois de suite) ne put. le consoler.
Mozart était alors accablé de soucis d'ar-
gent et malade. Agité de lugubres pressen-
timents, il employa les derniers jours de sa
vie à composer ce fameux Requiem qui lui
avait été commandé dans des circonstances
mystérieuses bien propre^ à frapper un es-
prit superstitieux comme le sien. Il appelait
ce Requiem son chant de mort. Il ne put
le terminer et, le 5 décembre 1791, il ex-
pira entre les bras de sa fidèle Constance.
Le prêtre lui refusa les derniers sacre-
ments, parce que Mozart était franc-maçon.
Il avait, le 15 novembre, dans un moment
de répit que lui. avait laissé sa maladie, écrit
une petite cantate destiné à la loge maçon-
nique dont il était membre et qu'il avait
intitulé: L'Eloge de l'amitié.
Ainsi s'expliquent l'introduction dans le
livret de La Flûte enchantée de cérémo-
nies calquées sur celles des francs-maçons,
et les raisons qui déterminèrent Mozart et
son collaborateur Schikanoder à placer en
Egypte l'action de leur opéra.
La francs-maçonnerie, au xvm" siècle,
confinait à l'illuminisme. C'était le temps
des Rose-Croix, des Swedenborgiens, des
Theosopke^ ie temps, des Mesmer et des
CagUostro* --
Ce dernier avait imaginé une certaine
maçonnique égyptienne qui, disait-il, se par-
tageait en plusieurs sectes, celle des Adep-
tes et celle des Initiés.
Or, dans l'opéra de Mozart, ce sont les
Initiés qui reçoivent Tamino et qui sou-
mettent son courage aux épreuves en usage
chez les francs-maçons.
La Flûte enchantée fut, pour la première
fois, représentée à Paris sur le théâtre des
Arts (Opéra) pendant le Consulat, sous le
titre: Les Mystères d'Isis. Il existe de La
Flûte enchantée une traduction de Castil-
Blaze et celle de Jules Barbier, Nuitter et
Beaumont, qui fut représentée pour la pre-
mière fois le 23 février 1865, au Théâtre
Lyrique, sous la direction de M. Carvalho.
Mme Carvalho chantait Pamina. La reine
de la nuit, c'était Christine Nilsson, alors à
ses débuts.
La nouvelle version de La Flûte enchan-
tée sera interprétée comme suit, à l'Opéra-
Comique :
MM. Fugère, Papagéno; Clément, Tamino.
Mmes Marguerite Carré, Pamina ; Korsoff,
la Reine de la nuit.
M. Gabriel Fauré, directeur du Conser-
vatoire, a bien voulu se charger de diriger
les études musicales du chef-d'œuvre de
Mozart.
M. Carré se propose de remonter La
Flûte enchantée avec un grand luxe de mise
en scène.
M. Jusseaume a été chargé des décors.
M. Multzer des costumes.
Les œuvres nouvelles que l'Opéra-Comi-
que représentera dans le courant de la sai-
son 1908-1909 seront choisies parmi les
suivantes, dans un ordre indéterminé :
Solange, opéra-comique en trois actes, livret
de M. Adolphe Aderer, musique de M. Sal-
vayre.
Mme Vallandri créera le rôle de Solange.
Sanga, drame lyrique en trois actes, livret de
MM. Eugène Morand et Paul de Choudens, mu-
sique de M. Isidore de Lara.
Sanga a remplacé, sur le programme de
l'Opéra-Comique Naïl, du même auteur, que
devait créer Mlle Calvé. Il a fallu renoncer à
cet ouvrage, qui avait été écrit spécialement
pour elle, par suite du départ de la grande
chanteuse pour l'Amérique. C'est alors que le
directeur de l'Opéra-Comique songea à Sanga.
Il devait une compensation à M. Isidore de
Lara. Sanga lui avait été signalé par M. Du-
jardin-Beaumetz, lui-même, le sous-secrétaire
d'Etat des Beaux-Arts, qui, ayant assisté à la
première représentation de l'ouvrage à l'Opéra
de Nice, le 19 mars 1906, sous la direction
de M. Saugey et, en ayant constaté le grand
succès, offrit à M. Carré, s'il consentait à le
recevoir, de compter ce drame lyrique au nom-
bre des œuvres nouvelles que l'Opéra-Comique
est tenu de représenter.
Une autre raison détermina M. Carré à ins-
crire Sanga sur son programme. Il y vit l'oc-
casion de faire applaudir Fugère, Imminent
chanteur et comédien, dans le rôle de maître
Vigord, que le doyen de l'Opéra-Comique était
allé créer à Nice et qui lui avait valu un des
plus grands succès de sa brillante carrière.
Distribution de Sanga:
Mmes Chenal, Sanga ; Nelly-Martyl, Léna ;
Lassalle, Une vieille.
MM. Fugère, Maître Vigord ; Béyle, Jean ;
Delvoye, Patron Marc ; Ghasne, Le chevrier ;
Belhomme, Ruff.,
Myrtil, conte musical en deux parties, poème
de MM. Villeroy et Ernest Garnier, musique
de M. Ernest Garnier.
Distribution de Myrtil:
Mmes Lamare, Myrtil; Cébron-Norbens, Bac-
chia; Brohly, Cléo; Bakkers, Première jeune
fille; Fayolle, Deuxième jeune fille.
MM. Beyle, Hylas ; Delvoye, Probulos ; Azé-
ma, le Grand-Prêtre.
Chiquito, le joueur de pelote, scène de la vie
basque d'après Pierre Loti, paroles de M. Henri
Cain, musique de M. Jean Nouguès, dont Mme
Marguerite Carré créera le rôle principal.
Léone, opéra-comique en quatre actes, poè-
me de M. Georges Montorgueil, d'après la nou-
velle d'Emmanuel Arène, musique de M. Sa-
muel Rousseau.
Noël, conte de NoëJ, en trois actes, poème
de Mlle Jeanne-Paul Ferrier et de M. Paul Fer-
rier, musique de M. F. d'Erlanger.
Pierre le Véridique, conte musical, en trois
actes et quatre tableaux, poème de M. Catulle
Mendès, musique de M. X. Leroux.
On ne badine pas avec l'amour, comédie mu-
sicale-, en trois actes, d'après Alfred de Musset,
paroles de MM. Leloir et Nigond, musique de
M. Pierné.
Macbeth, drame lyrique, en trois actes et sept
tableaux, dont un prologue, paroles de M. Ed-
mond Fleg, musique de M. Ernest Bloch.
Le Cœur du Moulin, poème lyrique, en deux
actes, de M. Magre, musique de M. Déodat de
Séverac.
Un matin de Floréal, drame lyrique, en un
acte, de MM. Gravollet et Cain, musique de
M. Marcel Rousseau.
Ping-Sin, opéra-comique de Gallet, musique
de H. Maréchal
Le Puits, opéra-comique, poème de M. Dor-
chain, musique de M. Marsick.
Denisette, opéra-comique en un acte, de M.
Bessier, musique de M. Fijan.
L'Heure espagnole, opéra-comique en un ac-
te, de M. Franc-Nohain, musique de M. Ravel.
Messaouda, opéra en un acte, de M. Pierre
Elzéar, musique de M. Ratez.
Bernard Clangsor.
La Sonate au clair de lune.
La tête à perruque.
Parmi les œuvres étrangères, l'Opéra-Co-
mique a retenu les suivantes, qui ne pour-
ront prendre place à son programme, ce-
pendant, que lorsque les obligations qui lui
sont imposées par son cahier des charges
auront été remplies: ,"
La Nuit de Saint-Jean (Feuemoth), opéra-co-
mique en un acte, paroles et musique de M.
Richard Strauss, traduit de l'allemand par M.
Jean Marnold.
Les deux rôles principaux seront réservés
Mlle Vix et à M. Jean Périer.
lb et Christine, œuvre nouvelle en trois actes,
traduite de l'anglais par M. Jean Richepin, mu-
sique de M. Léoni. ,,'
La Dorise, opéra en trois actes, de M. Illica,
traduit de l'italien par M. Paul Ferrier, musi-
que de M. Galeotti.
Paillasse, drame lyrique en deux actes, de
M. Leoncavallo.
L'Opéra-Comique se propose, dans le
courant de la saison 1908-1909, de faire les
reprises suivantes :
Sapho, pièce lyrique tirée par MM. Henri
Cain et Bernède du célèbre roman d'Alphonse
Daudet, musique de J. Massenet.
L'œuvre a été créée à l'Opéra-Comique le
27 septembre 1897. Elle avait alors cinq : ta-
bleaux. M. Albert Carré demanda aux auteurs
d'en ajouter un sixième et avec lui cette scène
des lettres qui, dans la pièce de Belot, repré-
sentée en 1885 au Gymnase, comme dans le
livre de Daudet, apparaissait comme le point
synthétique de ce drame de la jalousie. M. Mas-
senet, qui possède plus que personne le sens
du théâtre; approuva immédiatement la proposi-
tion du directeur de l'Opéra-Comique.; Ses- col-
laborateurs, Henri Cain et Bernède, se mirent
à I'oeuvre et le compositeur put les réunir, dans
le courant du mois de septembre, pour leur faire
entendre la musique de ce tableau, nouveau chef-
d'œuvre ajouté par lui à tarit d'autres et qui ne
pourra manquer de produire sur le public un
considérable effet.
Voici la distribution de Sapho, à l'Opéra-Co-
mique, celle de 1897 et celle de la prochaine
reprise :
Fanny Legrand (1897) Mme Calvé ; (1908)
Mme Marguerite Carré.
Divonne (1897) Mme Wyns; (1908) Mme Ra-
veau.
Irène (1897) Mme Guiraudon ; (1908) Mme
Teyte.
Jean Gaussin (1897) M. Leprestre; (1908) M.-
Salignac.
Caoudal (1897) M. Marc Nohel; (1908). M.
Jean Périer.
Césaire (1897) M. Gresse; (1908) M. Dei-
voye.
La Borderie (1897) M. Maurice Jacquet ; (1908)
M. Cazeneuve.
Le Patron (1897) M. Dufour; (1908) M. Bel-
homme.
La Tosca, de Puccini, d'après le drame de
Victorien Sardou, traduction de M. Paul Fer-
rier, avec la distribution suivante:
Mlle Chenal, La Tosca.
MM. Salignac, Çavaradossi; Jean Périer,
Scarpia ; Delvoye, Le Sacristain ; de Poumayrac,
Spoletta.
Orphée, de Gluck, pour les débuts très atten
dus de Mlle Alice Rllveau, qui aux concours du
Conservatoire de musique de 1908 remporta lé;
trois premiers prix de chant, d'opéra et CTopéfa -',
comique.
Après Orphée, Mlle Raveau chantera le rôk
de Margared, du Roi d'Ys, et plus tard, Wer-
ther, Les Troyens, sans compter les création:
qui pourraient lui être réservées par la suite.
M. Albert Carré, enfin, songe à inscrire
au répertoire de l'Opéra-Comique, aussitôt
qu'il aura pu réunir une interprétation digne
de l'ouvrage, l'Erostrate de M. Ernest
Reyer, qui fut joué, en 1872, à l'Opéra.
C'est, on le voit, une œuvre considérable
qu'entreprend là M. Albert Carré. Nul ne
saurait s'étonner, après tant de labeurs ac-
cumulés, de voir M. Albert Carré poursui-
vre, infatigable, cette marche ininterrompue
vers un idéal artistique où lè portent d'ex-
ceptionnelles facultés de travail, et le plus
merveilleux instinct musical qui se puisse
imaginer.
GEORGES TALMONT.
Les représentations d'abonnements de la
saison 1908-1909 commenceront, lè 3 no-
vembre 1908, par la série du mardi A. >
Celles du jeudi A commenceront le 5 no-
vembre;
Celles du samedi A commenceront le 7
novembre ; -.
Celles du mardi B commenceront le 10
novembre ;
Celles du jeudi B commenceront le 12
novembre ;
Celles du samedi B commenceront le 14
novembre.
Il n'y aura pas de série d'abonnement
entre le 3 et le 20 avril, à cause des fêtes
de Pâques.
Le tarif de l'abonnement est le suivant
pour chaque série de quinze représenta-
tions:
Loges de balcon, fauteuils de balcon, premier
rang, la place, 180 francs.
Baignoires, fauteuils d'orchestre ou de bal-
con, deuxième et troisième rangs, la place, 150
francs..
Fauteuils et loges du deuxième étage de face,
la place, 120 francs.
Avant-scènes et loges du deuxième étage de
côté, la place, go francs. -
Fauteuils du troisième étage, premier rang,
la place, 75 francs. ,',
Avant-scènes et loges du troisième étage, fau-
teuils du troisième étage, deuxième et troisiêmt
rangs, la place, 60 francs.
Stalles du troisième rang, les quatre derniers
rangs, 50 francs.
Le bureau des abonnements, rue Mari-
vaux, est ouvert de. onze à six heures.
Lettre de l'OuVreuse
C'est prodigieux, ce qu'on m'écrit, cette
semaine ! Ni Mme de Sévigné, dont la
plume ne séchait guère, ni l'intarissable
épistolière que fut « Madame », mère du
Régent, n'avaient autant de réponses à
confectionner que moi. N'allez pas me
croire assez indécemment gourde pour com-
parer mon style à celui de la marquise,
ou de Liselotte, non ; c'est seulement par
la quantité que je me sens, hélas! leur
égale.
Dans ce tas décourageant de lettres, cer-
taines sont bizarres et déplacées, comme
le stupéfiant accrochoir (le « suspend-
f.ormes », dit ce polisson de Ruy Blas)
que les spectateurs conviés à la générale
du fgur vaudevillesque vient, ébaubis,
pendiller entre le creux des reins et le
creux des jarrets de Mme Marthe Régnier.
Ces éptô-es-là, jé les laisse sans réfassè;
comment, jâr. exemple, potsrrats-je tSsdio
gner le fulgurant Bordelais, domicilié place
des Grands-Hommes, qui me demande,
« ayant vingt-quatre heures à passer dans
la capitale », de le documenter sur la va-
leur respective des hôtels garnis. garnis
de quoi, grands dieux!. tenus (et com-
ment!) par des personnes qu 'il-m'énumère:
Mmes Cécile Delaroche, Reine, Baron, De-
lizy, d'Armaillé, Séverine, Valançay, etc.,
tout un banc d'inconnues — ô temporà, ô
morues!
Je ne m'occupe, môssieur, que de do-
cumentation artistique, je suis une honnête
fille, moi! Voyons, dépouillons ce courrier,
comme fut accusé de le faire l'infortuné
Lesurques.
1°) Un « mélomane ce Phocée » qui
habite rue de Paradis — ô maman, je vdis
le ciél 1 p'écrft aigrelet, que jamJs
Sarasaté m fut sifié à maté&m, M dm*
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