Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-09-29
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 septembre 1908 29 septembre 1908
Description : 1908/09/29 (A2,N365). 1908/09/29 (A2,N365).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646019x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2eAnnêe, ==N° 3ô5 (Ouoïidicn) 1,40 Numém : 5, cent imes
Mardi 29 Septembre 1908'
Rédacteur en Chef G. de PAWLOWSKl
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE ; 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA* PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOI&
- -
Paris et Départements. 21 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
RÉDACTION ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIa
• TÉLÉPHONE: 288-07Î •
Numéro provisoire : 4t01 -46
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40. » 20 » -
•
De derrière
la Croisée
Ne croyez-vous pas qu'il faille, pour
e charme des yeux, un horizon sans
cesse renouvelé; le panoramique défilé
que vous offre dans son encadrement
aux lignes géométriques la portière d'un
train lancé à toute allure, l'étourdissant
kaléidoscope de l'automobile bondissant
par monts et vaux à quatre-vingts à
l'heure, ou l'épanouissement multiple et
varié de la nature contemplée de la na-
celle d'un ballon!
On se peut satisfaire à moins : Aussi
bien, à l'inquisition du regard, les cho-
ses évoluent-elles : précisées par l'effort
de l'attention, ou rendues floues, dif-
fuses par l'hypnotisante fixité. Avec les
éclairages varient les tons ; aux heures
diverses du jour et de la nuit, changent
les aspects.
.Préférez-vous la mer à la monta-
gne? Moi, j'aime mieux les deux et
aussi la plaine, le simple coteau, la mo-
deste vallée, qui ne « disent » rien, mais
font pourtant penser à bien des choses.
Les vieilles gens se plaisent à ces
contemplations longues et silencieuses;
leurs regards, nés du tréfonds du sou-
venir, s'en vont se perdre en d'infinis
lointains.
Et pour eux, les objets familiers, les
formes les plus simples de la nature em-
pruntent, à l'occasion, des silhouettes de
rêves imprévues ; fantasmagories, vi-
sions tristes, visions gaies, les vieilles
gens qui songent sont nos plus grands
poètes.
Nonobstant ce grandiloquent apho-
risme, il nous apparaît bien certain que
la digne Mme Trunne, lorsqu'elle sou-
levait son rideau pour regarder par la
croisée, n'agitait pas en son esprit d'aus-
si solennelles pensées.
Mme Trunne, dont la maison suréle-
vée dominait le village, se bornait à con-
sidérer de sa fenêtre les allées et ve-
nues des commères ses voisines et des
compères de l'entourage, car elle était,
de par un heureux hasard, à même de
voir aussi bien ce qui se passait dans la
rue principale que dans la campagne
prochaine e.i. pnr.ara -gim lia rxiuia- menant
au chef lieu du département. Son belvé-
dère commandait trois kilomètres à vol
d'oiseau: et Mme Trunne, malgré son
grand âge, avait l'acuité visuelle de
l'aigle.
Elle en avait aussi l'altière autorité et
comme soixante années de terne et en-
nuyeuse vertu étayaient son chef un peu
branlant, la vieille dame incarnait dans
le pays l'inquisition et la justice.
Jacques s'avisait-il d'aller dans la
clairière conter fleurette à Jacqueline,
que le village en était aussitôt informé.
Justine se mirait-elle dans la mare aux
grenouilles tandis que ses moutons pais-
saient en désarroi, que sa coquetterie
comme son inconséquence était vite con-
nue. Le petit chemin de fer d'intérêt lo-
cal n'était pas encore à l'octroi, que
toute la Grand'Rue savait déjà les
voyageurs qu'amenait ce jouet mécani-
que, et si d'aventure une clôture se dé-
couvrait détériorée par les bestiaux, les
plaignants gémissants savaient, par Mme
Trunne, qui de la vache à Biaise ou des
porcs à Jérôme devait assumer la res-
ponsabilité du désastre.
On détestait la vieille dame autant
qu'on la craignait.
Un jour qu'elle était en faction der-
rière sa croisée et que la chasse aux
secrets des autres s'annonçait assez
belle, Mme Trunne aperçut au loin, sur
,la route, une jeune fille inconnue.
Cette jeune fille, seule au milieu du'
chemin, avançait à pas lents. Sa démar-
che était élégante, son allure distinguée.
Mme Trunne aperçut encore, dissi-
mulés derrière une touffe d'arbres, plu-
sieurs individus d'assez méchante mine
qui semblaient épier quelqu'un. Ils
avaient une tenue délabrée et l'aspect
louche. Trimards? rôdeurs? romani-
chels?
Ce n'étaient point des gens du pays.
Mme Trunne les connaissait tous et trop
pour s'y tromper. Que pouvaient bien
vouloir ces personnages aux mines pa-
tibulaires?
La curiosité de Mme Trunne fut assez
rapidement satisfaite.
La jeune fille distinguée qui se prome-
nait à pas lents sur la route fut, à un
moment donné, rencontrée par une
mendiante qui oscillait, courbée en deux
sur son bâton. Mendiante de tournure
impressionnante, guenillée d'oripeaux
en loques, avec, sur l'échiné, un gros
sac.
La mendiante esquissa un humble
geste de prière et la jeune fille, apitoyée,
s'arrêta auprès d'elle.
La jeune fille parut écouter avec in-
térêt les propos que lui tenait l'indi-
gente à renfort de grands gestes. Puis
- conséquence vraisemblablement logi-
que de cet entretien — elle chercha
dans sa bourse quelque menue mon-
naie.
( A ce moment, Mme Trunne ne put
s empêcher de pousser, derrière sa croi-
see, un cri d'épouvanté.
Elle venait de voir bondir du fourré
trois des individus aux mines patibulai-
res qui s y étaient dissimulés. Ils se
précipitèrent sur la jeune fille, qu'ils li-
gotèrent en un instant, en dépit des ef-
forts désespères de la malheureuse. ,
Le fatal paquet humain était à peine
achevé que, soudain, une automobile
surgissait d'un chemin transversal.
Etait-ce la délivrance?
Pas le moins du monde!
D'un commun accord, le mécanicien
arrêtait sa voiture. Les malfaiteurs y
montaient avec leur victime et aussi
l'abominable mendiante, qui n'était au-
tre que leur complice, évidemment; et
enfin, un dernier personnage, porteur
d'un paquet enveloppé d'un voile noir,
venu compléter ce sinistre groupe. L'au-
tomobile repartit.
Mme Trunne, pour le coup, aban-
donna les amoureux des clairières, les
bestiaux ennemis des palissades et les
bergères coquettes. Elle abandonna son
observatoire et se répandit par le vil-
lage, appelant les uns et les autres, fai-
sant grand tapage et menaçant, à chaque
pas, de se trouver mal.
On finit par comprendre ce qu'elle
avait à dire, et l'émoi fut considérable.
D'aucuns s'armèrent de fourches, cer-
tains songèrent à télégraphier dans tou-
tes les directions, même à prévenir la
gendarmerie, lorsque, dans ce désordre
ahurissant, apparut, à l'entrée de la
Grand'Rue, une automobile bondée de
voyageurs.
— Eux!. s'écria Mme Trunne; ar-
rêtez-les, ce sont eux!
Une grêle de projectiles s'abattit sur
le véhicule. On braqua à tout hasard un
chariot en travers de la route. Un au-
dacieux creva les pneus à coups de pio-
che. Les triques et baguettes tombèrent
dru comme grêle, au hasard des reins
et des figures des criminels, subsidiai-
rement sur la victime elle-même, dont la
silhouette élégante se distinguait fort
bien de celles, misérables, de ses ravis-
seurs.
.Et, à grands coups de pied, on con-
duisit tout le vilain monde au cachot,
dans les sous-sols de la mairie.
Quelques heures après, le greffier de
la justice de paix, homme d'une surpre-
nante perspicacité, ayant été sollicité de
procéder à un premier interrogatoire des
prisonniers, se convainquit en deux mi-
nutes d'entretien qu'il s'agissait tout
simplement d'honnêtes comédiens qui
venaient de « poser» une scène pour
une entreprise de cinématographe!.
--- -. Pierre SOUVEÔTRE,
Le pianiste
Le monsieur qui proposerait tranquille-
ment à l'heure actuelle de supprimer le bud-
get de la Guerre dans notre pays tant qu'au-
cune guerre ne sera déclarée, passerait à
bon droit pour un fou ou pour un candidat
aux prochaines élections. C'est cependant
en vertu d'un raisonnement analogue que
des budgets infiniment plus modestes sont
supprimés chaque jour dans le monde des
théâtres, et l'on peut penser qu'il y a là
quelque injustice à réparer.
Je veux parler des modestes et prêtieux
auxiliaires de certains petits théâtres, de
ces hommes-erchestres qui, chargés de te-
nir le piano, représentent à eux seuls tous
les instrumentistes de l'établissement. En
vertu d'un usage immémorial, il est entendu
que ces malheureux doivent assister durant
deux ou trois semaines à. toutes les répé-
titions d'un spectacle nouveau, qu'ils doi-
vent être là à toute réquisition, et qu'ils ne
touchent cependant pour cela aucune rétri-
bution. Leurs appointements, si on ne les
remercie pas auparavant, ne commencent,
en effet, qu'avec la première représentation
publique, et comme il n'est jamais très sûr
que cette représentation ait un lendemain,
vous voyez d'ici quelle peut être la » ému-
nération touchée par un pianiste pendant
un mois. Deux ou trois francs pour taire
vivre toute une famille pendant trente jours,
mettons pendant vingt-huit si la chance veut
que l'engagement ait été contracté le 1er fé-
vrier. Cela peut paraître quelque peu abu-
sif.
Le plus grave en cette affaire, c'est que
le malheureux se trouve toujours absolu-
ment sans défense et n'ose point formuler
la moindre réclamation. Tout le monde sait
que les pianistes sont innombrables et qu'on
les remplace plus aisément encore que des
sous-préfets.
Quant à les grouper, quant à les taire
bénéficier de l'action syndicale, il n'y faut
point songer. Les pianistes, en effet, sont
généralement très pauvres, ils ne peuvent
se payer comme les autres un secrétaire de
Syndicat et des frais de représentation.
Lorsqu'il s'agit d'une corporation riche, ar-
rivée et n'ayant plus rien à désirer, on peut
alors former un syndicat, mais on sait qu'en
France, cet objet de luxe sera toujours re-
fusé aux malheureux qui sont véritablement
exploités.
G. DE PAWLOWSKI.
Notre Numéro
du 30 Septembre
étant le dernier de notre première année théâtrale
paraîtra sur
HUIT PAGES
Il comprendra une table alphabétique de tous
les noms de personnes, de pièces et de théâtres
cités, avec l'indication des numéros de « Comœdia »
auxquels nos lecteurs pourront se référer. Il com-
prendra également un résumé de la saison de cha-
que théâtre.
Cette table des matières, analogue à celle que
publient les revues littéraires, facilitera les recher-
ches et sera d'un grand secours à toutes les per-
sonnes qui s'intéressent au mo'tde des théâtres.
Bien que notre tirage soit considérablement aug-
menté à cette occasion, nous conseillons vivement
à tous nos lecteurs de se procurer ce numéro
exceptionnel, dont nous ne pourrons garantir le
réassortiment au lendemain de son apparition.
C'est la première fois qu'une pareille innovation
est tentée dans un journal quotidien. Elle s'im-
posait pour Il Comœdia », qui constitue un véritable
album illustré de la vie théâtrale, dont la cOllee.
tion est conservée par de très nombreux lecteurs.
COMCEDIA.
Échos
- < Ce soir, à 9 heures, au Gymnase, répéti-
tion générale de Le Petit Fouçhard, comé-
die en trois actes, de MM. Charles Ray-
mond et André Sylvane.
o
n lotit le passage des princes.
Qui n'a entendu de vieilles gens dé-
plorer la désinvolture avec laquelle nos gou-
vernants, sous prétexte d'embellissement,
font disparaître peu à peu tous les vestiges
pittoresques du temps passé.
Que vont-elles dire ces âmes chagrines
en apprenant que les passages, les vieux
passages eux-mêmes, sont "menacés?
C'est cependant la triste réalité, s'il faut
en croire l'Officiel, où vient de paraître un
décret ordonnnant l'expropriation de la mai-
son d'Hortense Schneider, qui gêne, pa-
raît-il, l'alignement du quai d'Auteuil.
La République n'a pas le respect des sou-
venirs princiers. -
L
es ressources du génie.
Sait-on que Sarasate, qui vient de
mourir, s'était improvisé un jour professeur
de chant. -
Le célèbre virtuose ne donnait jamais de
leçons de violon. Il n'avait pas la patience
nécessaire.
Il fut un temps cependant où il aurait bien
voulu en donner. Il se trouvait dans l'Amé-
rique du Sud. Ses affaires ne marchaient
pas. Personne ne venait à ses concerts; et
personne non plus ne se présentait pour
apprendre le violon.
Un de ses amis très entreprenant lui dit
alors :
« Si tu veux avoir des élèves, tu n'as
qu'à donner des leçons de chant. »
'C'était facile à dire, mais plus difficile
à exécuter. Sarasate n'avait pas de voix,
et ne pouvait, pour ainsi dire, sortir un
son.
Mais, le couteau sur la gorge, que ne
fait-on pas?
Une jeune élève se présenta.
Le virtuose prit son violon et en tira
des sons merveilleux.
« Mademoiselle, dit-il à la jeune fille,
soyez assez aimable pour chanter comme
ceci; c'est la meilleure manière de chan-
ter. » •
Elle parut très étonnée. Mais assurément
le violon de Sarasate pouvait plus lui en
apprendre que son talent de chanteur.
K
L
e Théâtre à l'Académie. - -::-.
Il y a quelques années, - un généreux
mélomane, M. Gouvy, laissait a 1 Academie
des Beaux-Arts une somme de dix mille
francs, dont il spécifiait ainsi l'emploi:
« Les intérêts de cette fondation doivent
servir à constituer une pension de 300 fr.
en faveur d'un musicien d'orchestre. »
Le titulaire actuel de cette pension, M.
Poulat, ancien hautbois, vient de mourir.
Les trois cents francs de rente de la
fondation Gouvy sont donc disponibles.
Pour être guidée dans son choix, l'Acadé-
mie des Beaux-Arts a prié M. Taffanel, en
sa qualité de président de la Société des
anciens musiciens, de vouloir bien lui pré-
senter une liste, par ordre de mérite, de
cinq candidats réunissant les conditions
d'admission à cette pension.
Qu'on se le dise.
u
ne passante.
On peut voir souvent, descendant la
rue des Martyrs, une jeune femme blonde,
à l'allure très simple et a la silhouette
d'une petite bourgeoise.
C'est pourtant une grande artiste qui a
remporté maints succès et qui a joué fré-
quemment devant un parterre de rois.
Si, maintenant, elle passe inaperçue par-
mi la foule, elle n'en est pas moins une
danseuse de grand talent. Souhaitons à
Mlle Sandrini, la délicieuse ex-étoile de
l'Opéra, un prompt retour dans notre Aca-
démie nationale de musique, où sa place est
toujours marquée.
L
e théâtre et le turf.-
, On sait que ce n'est pas d'aujour-
d'hui que date le goût des gens de théâtre
pour les choses du turf.
Voici qu'on annonce l'achat, par Mlle
J. Bloch, à un sportsman connu, M. P.
Thorne, d'un poulain qu'elle a mis. en pen-
sion à Maisons-Laffitte.
Qui ne connaît, d'autre part, les couleurs
blanche et verte, de Mme C. Procureur,
ex-Clémence de Pibrac, propriétaire de
cracks nombreux? la casaque orange et
noire de l'écurie Max Dearlv? l'écurie de
Mme E. André, ex-Em. d'Alençon, devenue
la femme de l'un de nos meilleurs jockeys
d'obstacle? de Mme Ricotti, cette étoile du
ballet de l'Opéra, qui vient de lâcher notre
Académie de musique, en faisant claquer
les portes?
Et qui ne se souvient du cheval de Willy,
ce pauvre Rameau d'Or, actuellement la
propriété de M. Rœderer, qui n'eut qu'un
tort: c'est de n'achever aucun parcours?
C'était un type dans le genre de Triple-
patte !
L
e génial reporter Rouletabille, Mlle
- Stangerson et son père. Robert Dar-
zac, Arthur Rance, tous les personnages du
Mystère de la Chambre Jaune 'reparais-
sent cette semaine dans L'Illustration. Lar-
san-Ballmeyer va revenir lui-même, n'en
doutez pas, tenir son rôle dans Le Parfum
de la Dame en noir, de Gaston Leroux.
En même temps que ce récit, amusant et
terrifiant tour à tour, on lira dans L'Illus-
tration toute une série de pièces de théâ-
tre: La Maison en ordre, de Pinero; Le
Bon Roi Dagobert, de Rivoire; Le Roi, de
de Flers-Caillavet-Arène; Israël, de Berns-
tein; L'Emigré, de Bourget; Le Foyer, de
Mirbeau et Natanson, etc.
Le Masque de Verre.
Nous publierons demain un article de
TRISTAN BERNARD
A L'ATHÉNÉE
COOPER
DANS LE
CHANT DU CYGNE
Pour la première fois, hier soir, Cooper
remplaçait Huguenet dans le rôle du Mar-
quis de Sambré, du Chant du Cygne.
Succession lourde, succession effrayante
s'il en fut jamais! Aussi notre ami Cooper
s'était-il offert le beau, le formidable trac
des grands soirs!
Et c'est tout tremblant, tout désorienté,
tout frissonnant d'une intense émotion que
je le trouvai dans sa loge, avant le lever
du rideau. - .1
En dépit de son toupet blanc et de sa
moustache d'argent dédoré, le marquis de
Sambré nouveau modèle me semblait, tant
il était rose et poupin, infiniment plus jeune
que ne le comportait le personnage.
Et comme, sur mon conseil, il se barrait
le front et les ailes du nez de rides accen-
tuées, le docteur Deval, qui venait d'en-
trer, s'écria:
— Mais c'est trop vieux, cela,? Cooper,
infiniment trop vieux !
- Et. docilement, à l'aide d'un coin de ser-
viette, le marquis de Sambré effaça les cou-
tures profondes dont il venait de se tailla-
der le visage. On lui aurait persuadé tout
ce qu'on aurait voulu, hier soir!
Et ce n'est qu'en scène, après les pre-
mières répliques, qu'il se ressaisit. Peu à
peu, la voix s'affermit, le geste se précisa
et nous retrouvâmes, dans sa nouvelle in-
carnation, un marquis de Sambré alerte -et
plein d'entrain; un marquis de Sambré dif-
férent, certes, de celui qu'avait triomphale-
ment silhouetté Huguenet, mais fort inté-
ressant et très crânement campé.
Cooper a joué en grand artiste la finale
du deuxième acte et s'est montré véritable-
ment exquis dans le couplet des écrevisses
à la bordelaise.
Rien n'a été modifié dans le reste- de
l'interprétation. Seule, Mlle Blanche Val-
bert remplace Lilian Greuze dans un rôle
épisodique de dactylographe.
Laurence Duluc est toujours une Jessy
Cordier aguichante et souple à souhait.
Tout émue et tout heureuse de l'aimable
surprise, elle m'a fait lire le joli sonnet que
Xavier Roux venait de lui envoyer en tête
de l'exemplaire du Chant du Cygne qu'il
réservait à sa délicieuse interprète.
Et ce sonnet, je l'ai hâtivement et indis-
crètement copié sur un coin de pomponnette
à.-maquillage. -
A JESSY CORDIER
Directrice du Foyer scientifique
La Science est votre domaine
Et l'Amour est votre élément.
La Savante n'est inhumaine
Que pour le maladroit amant.
Porteur de l'infaillible aimant,
Vienne Eros, vieilli mais amène,
Votre cœur se fait plus clément:
Vénus a vaincu Célimène!
Ainsi vous nous avez conquis
Par un art, un talent exquis,
Par un charme à ce point insigne
Qu'il eût pu donner un Saint-Luc,
Ma chère Laurence DuIuc,
Créatrice du Chant du Cygne.
Xavier Roux.
Après le trois, de nombreux amis sont
venus féliciter Cooper dans sa loge.
- -
- - (Boyer et Bert, phot.)
M. Cooper
L'excellent artiste nous dit ses frousses
intense toutes les fois qu'il reprenait, jadis,
quelque succès du répertoire : Le Petit
Faust, Niniche, La Femme à Papa :
- Oui, j'avais une frousse folle et ma
gorge se serrait à m'étouffer, nous dit-il.
Mais ce qui me consolait et me rassurait
un peu, c'est que Baron avait encore plus
peur que moi et que c'était moi qui étais
finalement obligé de le pousser en scène !
Cette fois, le brave Cooper peut se ras-
surer pleinement. La salle a fait un accueil
sympathique à l'homme et un succès très
franc à l'artiste.
Et si Huguenet n'est pas oublié - car il
est de ceux qu'on n'oublie pas - il est
tout au moins remplacé de manière fort
adroite et fort agréable par un comédien de
race et un artiste élégant.
Nous- en éticns bien sûrs d'avance.
G. DAVIN DB CHAMPCLO&
THEATRE DES VARIÉTÉS
1 LE ROI
Comédie en trois actes et quatre tableaux
! deMM.G.»A. de ÇailiaVet -n,".
Robert de Flers et Emmanuel Arène
- (Reutlinger, phot.)
Mlle Lavallière
M. Max Dearly
M. Guy
M. Brasseur
Mlle Dléterle
Mlle Lender
Les Variétés ont fait, hier soir, une brillante
réouverture avec la reprise du Roi, la délicieuse
comédie de MM. de Caillavet, Robert de Fiers
et du regretté Emmanuel Arène. Le succès n'a
pas été moins vif qu'au premier jour, le public
n'était pas moins élégant et a salué au passage,
par ses rires, les exquises boutades dont four-
millent ces quatre actes.
Le Roi est une comédie fantaisiste, mais c'est
aussi le type de la comédie politique. Elle met
en scène des fantoches, mais sous ces fantoches
il y a de la chair; c'est de la caricature, mais
c'est aussi de la photographie: on y égratigne
très sérieusement les travers 'de certains de nos
politiciens.
L'entreprise était délicate: on est toujours un
réactionnaire quand on ne hurle pas à l'unisson
des loups. Mais les auteurs ont eu tant de doigté,
ils ont su si bien doser le vinaigre et le sucre,
les grimaces et les sourires en donnant une large
part à ces derniers, que tout le monde a été sé-
duit et désarmé ; les caricaturés eux-mêmes ont
dû s'esclaffer devant, tant de bonne humeur, pas
méchante en somme, et n'ont eu d'autre souci
que d'applaudir la pièce la plus amusante et la
plus spirituelle qui ait été donnée depuis long-
temps..
De là, le succès unanime du Roi, succès qui
s'est renouvelé hier soir.
L'interprétation est restée la même à peu de
chose près, et les quelques changements de dis-
tribution ne font qu'ajouter de bons éléments à
l'excellent ensemble des Variétés.
Mlle Lavallière est toujours exquise à la fois
d'ingénuité et de malice dans Marthe Bourdier;
elle a joué à ravir sa scène de la dînette avec
le Roi. Ce sera, hélas! la dernière création de
Mlle Lavallière, aux Variétés.
Mlle Lender joue, avec une « branche » écla-
tante, le rôle de Thérèse, la demi-mondaine qui
est l'Egérie de Bourdier et la grande amie pa-
risienne au Roi; il faut interpréter ce personnage
avec un tact, une mesure, que Mlle Lender pos-
sède au plus haut point.
Mlle Diéterle n'a qu'à se montrer gentille dans
Suzette Bourdier, la fille du député; elle est
effectivement plaisante, surtout au troisième acte.
Les autres rôles féminins sont de moindre im-
portance. En l'absence de Mlle Médal, Mlle Fré-
mont, affichée comme jouant Georgette Langloisi
l'amie de Thérèse- a été remplacée, à la demièref
minute, par Mlle Renhard ; Mlle Renhard appa-J
raît fort intelligente et gracieuse. Le rôle d'An'"
gèle, la femme de chambre, a retrouvé Mllet
Dorlac comme partenaire ; celui de Francine Ma-»
reuil, créé par Mlle Frémont, est passé à MlleS
Devimeur ; celui de la marquise de ChamarandeJ
créé par Mlle Nita Rolla, a émigré aux mains
de Mlle Favrel; Mlle Lukas est fort gentille eni
femme de chambre ; Mlle Becker et d'autres e
core figurent adroitement et élégamment. J
L'interprétation masculine n'est pas moins paiM
faite. Il
Albert Brasseur est le plus amusant Roi del
Cerdagne qui se puisse imaginer; il sait garden
une prestigieuse distinction dans sa fantaisie ; itf
a été parfait de « bon garçonnisme » dans la ra-{
vissante scène du souper, où le Roi conquiert)
la femme du député socialiste. j
Guy a retrouvé son gros succès dans le mari
quis de Chamarande, auquel il sait donner une
allure, une dignité cassante, une démarche raide
de l'effet le plus comique..
Max Dearly est étourdissant dans Blond, 1
policier gaffeur; sa transformation en garçon ,-
coiffeur, ses attitudes extatiques ont eu un suc- |
cès ds fou rire. f 1
Colombey avait la tâche lourde de succéder &
Numès dans le personnage du député Bourdierj
L'écueil était de paraître trop lourd dans cet
rôle, qui doit être une caricature, mais qui est!
aussi pris sur le vif. Numès avait un manquer
d'usage voulu qui était bien amusant. Colombeyi
accentue le côté bourgeois, il est plus « popote'ni
J'avoue, cependant, que je lui préfère Numès y
mais je dois dire aussi qu'un artiste qui crée um
rôle a un avantage marqué, l'avantage de notref
première impression, sur celui qui vient reprend
dre ce même rôle.
Moricey est bien amusant dans Cormeau, lé^
ministre hirsute. Le comique violent de cet ac..!
teur n'est pas simplement du burlesque ; c'estj
très bien composé, très observé.
Prince, Simon, Petit, Bernard ont repris leurSr
rôles respectifs; ils y sont bien divertissants. f
Le Roi est reparti, depuis hier soir, pour une
nouvelle et longue série de représentations.
Louis SCHNEIDER.
LES AVANT-PREMIÈRES
"LE PETIT FOUCHARD"
AU GYMNASE
J'aurais voulu,. rour le confesset sur les mé-
rites de son rejeton, pouvoir joindre M. Charles
Raymond, père du Petit Fouchard.
Mais Paris, comme chacun sait, est plus grand
que Caudebec et que Montbrison et la chasse
à l'interview y est parfois infructueuse. J'ai
dû me contenter de soutirer quelques menues
confidences à M. André Sylvane, qui n'est que
le parrain de l'enfant.
M. André Sylvane s'est, d'ailleurs, expliqué
avec une modestie charmante au sujet de cette
parenté :
— Mon nom, si vous voulez bien le remar-
quer, m'a-t-il dit, ne figure même pas sur les
coupons d'invitation à la répétition générale.
.Charles Raymond y est désigné comme le seul
auteur du Petit Fouchard. Au début, il en avait
été décidé ainsi ; car je devais être simplement
le metteur au point de ces trois actes dont l'idée
et la version première sont tout entières de Ray-
mond.
Et M. Sylvane me conta la genèse de cette
collaboration.
Il y a quelques mois, Charles Raymond porta
le Petit Fouchard à M. Franck nui lut avec. inté-
rêt réel- ce, manuscrit oà se révékîear de brilà. -
lantes qualités de psychologue, mais aussi 3'asse*
graves défauts de charpentier dramatique 1
Il reçut la pièce, mais à condition qu'elle so*
rait confiée, pour être remaniée et retapée àj
un vétéran du succès, à un maître du rire 'Et
voilà comment M. André Sylvane devint le col-
laborateur, anonyme dans le principe, de M.4
Charles Raymond. ¡
- Mais bientôt, ajoute le triomphateur ae\
Tire au Flanc, cette simple mise au point du'
début devint tout autre chose. De modification'
en modification, de béquet en béquet, de boule-
versement en bouleversement, il ne resta plus
guère du Petit Fouchard que l'idée première et:
quelques excellentes scènes auxquelles il eut été;
maladroit de toucher. Dans ces conditions, il fut-
décidé que je signerais avec Raymond, mais W
réclamai, de moi-même, le second rang dans-
notre raison sociale. C'était de toute justice. Eti
voilà. J'ai ajouté - ou du moins, je crois avofij
ajouté au Petit Fouchard ce qui lui manquai
surtout, de la gaieté.
Pendant que M. André Sylvane me documenta
sur la genèse de la pièce nouvelle, je jette an-*
toun de moi, le coup d'oil furtif du policier ci
Mardi 29 Septembre 1908'
Rédacteur en Chef G. de PAWLOWSKl
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE ; 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA* PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOI&
- -
Paris et Départements. 21 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
RÉDACTION ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIa
• TÉLÉPHONE: 288-07Î •
Numéro provisoire : 4t01 -46
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40. » 20 » -
•
De derrière
la Croisée
Ne croyez-vous pas qu'il faille, pour
e charme des yeux, un horizon sans
cesse renouvelé; le panoramique défilé
que vous offre dans son encadrement
aux lignes géométriques la portière d'un
train lancé à toute allure, l'étourdissant
kaléidoscope de l'automobile bondissant
par monts et vaux à quatre-vingts à
l'heure, ou l'épanouissement multiple et
varié de la nature contemplée de la na-
celle d'un ballon!
On se peut satisfaire à moins : Aussi
bien, à l'inquisition du regard, les cho-
ses évoluent-elles : précisées par l'effort
de l'attention, ou rendues floues, dif-
fuses par l'hypnotisante fixité. Avec les
éclairages varient les tons ; aux heures
diverses du jour et de la nuit, changent
les aspects.
.Préférez-vous la mer à la monta-
gne? Moi, j'aime mieux les deux et
aussi la plaine, le simple coteau, la mo-
deste vallée, qui ne « disent » rien, mais
font pourtant penser à bien des choses.
Les vieilles gens se plaisent à ces
contemplations longues et silencieuses;
leurs regards, nés du tréfonds du sou-
venir, s'en vont se perdre en d'infinis
lointains.
Et pour eux, les objets familiers, les
formes les plus simples de la nature em-
pruntent, à l'occasion, des silhouettes de
rêves imprévues ; fantasmagories, vi-
sions tristes, visions gaies, les vieilles
gens qui songent sont nos plus grands
poètes.
Nonobstant ce grandiloquent apho-
risme, il nous apparaît bien certain que
la digne Mme Trunne, lorsqu'elle sou-
levait son rideau pour regarder par la
croisée, n'agitait pas en son esprit d'aus-
si solennelles pensées.
Mme Trunne, dont la maison suréle-
vée dominait le village, se bornait à con-
sidérer de sa fenêtre les allées et ve-
nues des commères ses voisines et des
compères de l'entourage, car elle était,
de par un heureux hasard, à même de
voir aussi bien ce qui se passait dans la
rue principale que dans la campagne
prochaine e.i. pnr.ara -gim lia rxiuia- menant
au chef lieu du département. Son belvé-
dère commandait trois kilomètres à vol
d'oiseau: et Mme Trunne, malgré son
grand âge, avait l'acuité visuelle de
l'aigle.
Elle en avait aussi l'altière autorité et
comme soixante années de terne et en-
nuyeuse vertu étayaient son chef un peu
branlant, la vieille dame incarnait dans
le pays l'inquisition et la justice.
Jacques s'avisait-il d'aller dans la
clairière conter fleurette à Jacqueline,
que le village en était aussitôt informé.
Justine se mirait-elle dans la mare aux
grenouilles tandis que ses moutons pais-
saient en désarroi, que sa coquetterie
comme son inconséquence était vite con-
nue. Le petit chemin de fer d'intérêt lo-
cal n'était pas encore à l'octroi, que
toute la Grand'Rue savait déjà les
voyageurs qu'amenait ce jouet mécani-
que, et si d'aventure une clôture se dé-
couvrait détériorée par les bestiaux, les
plaignants gémissants savaient, par Mme
Trunne, qui de la vache à Biaise ou des
porcs à Jérôme devait assumer la res-
ponsabilité du désastre.
On détestait la vieille dame autant
qu'on la craignait.
Un jour qu'elle était en faction der-
rière sa croisée et que la chasse aux
secrets des autres s'annonçait assez
belle, Mme Trunne aperçut au loin, sur
,la route, une jeune fille inconnue.
Cette jeune fille, seule au milieu du'
chemin, avançait à pas lents. Sa démar-
che était élégante, son allure distinguée.
Mme Trunne aperçut encore, dissi-
mulés derrière une touffe d'arbres, plu-
sieurs individus d'assez méchante mine
qui semblaient épier quelqu'un. Ils
avaient une tenue délabrée et l'aspect
louche. Trimards? rôdeurs? romani-
chels?
Ce n'étaient point des gens du pays.
Mme Trunne les connaissait tous et trop
pour s'y tromper. Que pouvaient bien
vouloir ces personnages aux mines pa-
tibulaires?
La curiosité de Mme Trunne fut assez
rapidement satisfaite.
La jeune fille distinguée qui se prome-
nait à pas lents sur la route fut, à un
moment donné, rencontrée par une
mendiante qui oscillait, courbée en deux
sur son bâton. Mendiante de tournure
impressionnante, guenillée d'oripeaux
en loques, avec, sur l'échiné, un gros
sac.
La mendiante esquissa un humble
geste de prière et la jeune fille, apitoyée,
s'arrêta auprès d'elle.
La jeune fille parut écouter avec in-
térêt les propos que lui tenait l'indi-
gente à renfort de grands gestes. Puis
- conséquence vraisemblablement logi-
que de cet entretien — elle chercha
dans sa bourse quelque menue mon-
naie.
( A ce moment, Mme Trunne ne put
s empêcher de pousser, derrière sa croi-
see, un cri d'épouvanté.
Elle venait de voir bondir du fourré
trois des individus aux mines patibulai-
res qui s y étaient dissimulés. Ils se
précipitèrent sur la jeune fille, qu'ils li-
gotèrent en un instant, en dépit des ef-
forts désespères de la malheureuse. ,
Le fatal paquet humain était à peine
achevé que, soudain, une automobile
surgissait d'un chemin transversal.
Etait-ce la délivrance?
Pas le moins du monde!
D'un commun accord, le mécanicien
arrêtait sa voiture. Les malfaiteurs y
montaient avec leur victime et aussi
l'abominable mendiante, qui n'était au-
tre que leur complice, évidemment; et
enfin, un dernier personnage, porteur
d'un paquet enveloppé d'un voile noir,
venu compléter ce sinistre groupe. L'au-
tomobile repartit.
Mme Trunne, pour le coup, aban-
donna les amoureux des clairières, les
bestiaux ennemis des palissades et les
bergères coquettes. Elle abandonna son
observatoire et se répandit par le vil-
lage, appelant les uns et les autres, fai-
sant grand tapage et menaçant, à chaque
pas, de se trouver mal.
On finit par comprendre ce qu'elle
avait à dire, et l'émoi fut considérable.
D'aucuns s'armèrent de fourches, cer-
tains songèrent à télégraphier dans tou-
tes les directions, même à prévenir la
gendarmerie, lorsque, dans ce désordre
ahurissant, apparut, à l'entrée de la
Grand'Rue, une automobile bondée de
voyageurs.
— Eux!. s'écria Mme Trunne; ar-
rêtez-les, ce sont eux!
Une grêle de projectiles s'abattit sur
le véhicule. On braqua à tout hasard un
chariot en travers de la route. Un au-
dacieux creva les pneus à coups de pio-
che. Les triques et baguettes tombèrent
dru comme grêle, au hasard des reins
et des figures des criminels, subsidiai-
rement sur la victime elle-même, dont la
silhouette élégante se distinguait fort
bien de celles, misérables, de ses ravis-
seurs.
.Et, à grands coups de pied, on con-
duisit tout le vilain monde au cachot,
dans les sous-sols de la mairie.
Quelques heures après, le greffier de
la justice de paix, homme d'une surpre-
nante perspicacité, ayant été sollicité de
procéder à un premier interrogatoire des
prisonniers, se convainquit en deux mi-
nutes d'entretien qu'il s'agissait tout
simplement d'honnêtes comédiens qui
venaient de « poser» une scène pour
une entreprise de cinématographe!.
--- -. Pierre SOUVEÔTRE,
Le pianiste
Le monsieur qui proposerait tranquille-
ment à l'heure actuelle de supprimer le bud-
get de la Guerre dans notre pays tant qu'au-
cune guerre ne sera déclarée, passerait à
bon droit pour un fou ou pour un candidat
aux prochaines élections. C'est cependant
en vertu d'un raisonnement analogue que
des budgets infiniment plus modestes sont
supprimés chaque jour dans le monde des
théâtres, et l'on peut penser qu'il y a là
quelque injustice à réparer.
Je veux parler des modestes et prêtieux
auxiliaires de certains petits théâtres, de
ces hommes-erchestres qui, chargés de te-
nir le piano, représentent à eux seuls tous
les instrumentistes de l'établissement. En
vertu d'un usage immémorial, il est entendu
que ces malheureux doivent assister durant
deux ou trois semaines à. toutes les répé-
titions d'un spectacle nouveau, qu'ils doi-
vent être là à toute réquisition, et qu'ils ne
touchent cependant pour cela aucune rétri-
bution. Leurs appointements, si on ne les
remercie pas auparavant, ne commencent,
en effet, qu'avec la première représentation
publique, et comme il n'est jamais très sûr
que cette représentation ait un lendemain,
vous voyez d'ici quelle peut être la » ému-
nération touchée par un pianiste pendant
un mois. Deux ou trois francs pour taire
vivre toute une famille pendant trente jours,
mettons pendant vingt-huit si la chance veut
que l'engagement ait été contracté le 1er fé-
vrier. Cela peut paraître quelque peu abu-
sif.
Le plus grave en cette affaire, c'est que
le malheureux se trouve toujours absolu-
ment sans défense et n'ose point formuler
la moindre réclamation. Tout le monde sait
que les pianistes sont innombrables et qu'on
les remplace plus aisément encore que des
sous-préfets.
Quant à les grouper, quant à les taire
bénéficier de l'action syndicale, il n'y faut
point songer. Les pianistes, en effet, sont
généralement très pauvres, ils ne peuvent
se payer comme les autres un secrétaire de
Syndicat et des frais de représentation.
Lorsqu'il s'agit d'une corporation riche, ar-
rivée et n'ayant plus rien à désirer, on peut
alors former un syndicat, mais on sait qu'en
France, cet objet de luxe sera toujours re-
fusé aux malheureux qui sont véritablement
exploités.
G. DE PAWLOWSKI.
Notre Numéro
du 30 Septembre
étant le dernier de notre première année théâtrale
paraîtra sur
HUIT PAGES
Il comprendra une table alphabétique de tous
les noms de personnes, de pièces et de théâtres
cités, avec l'indication des numéros de « Comœdia »
auxquels nos lecteurs pourront se référer. Il com-
prendra également un résumé de la saison de cha-
que théâtre.
Cette table des matières, analogue à celle que
publient les revues littéraires, facilitera les recher-
ches et sera d'un grand secours à toutes les per-
sonnes qui s'intéressent au mo'tde des théâtres.
Bien que notre tirage soit considérablement aug-
menté à cette occasion, nous conseillons vivement
à tous nos lecteurs de se procurer ce numéro
exceptionnel, dont nous ne pourrons garantir le
réassortiment au lendemain de son apparition.
C'est la première fois qu'une pareille innovation
est tentée dans un journal quotidien. Elle s'im-
posait pour Il Comœdia », qui constitue un véritable
album illustré de la vie théâtrale, dont la cOllee.
tion est conservée par de très nombreux lecteurs.
COMCEDIA.
Échos
- < Ce soir, à 9 heures, au Gymnase, répéti-
tion générale de Le Petit Fouçhard, comé-
die en trois actes, de MM. Charles Ray-
mond et André Sylvane.
o
n lotit le passage des princes.
Qui n'a entendu de vieilles gens dé-
plorer la désinvolture avec laquelle nos gou-
vernants, sous prétexte d'embellissement,
font disparaître peu à peu tous les vestiges
pittoresques du temps passé.
Que vont-elles dire ces âmes chagrines
en apprenant que les passages, les vieux
passages eux-mêmes, sont "menacés?
C'est cependant la triste réalité, s'il faut
en croire l'Officiel, où vient de paraître un
décret ordonnnant l'expropriation de la mai-
son d'Hortense Schneider, qui gêne, pa-
raît-il, l'alignement du quai d'Auteuil.
La République n'a pas le respect des sou-
venirs princiers. -
L
es ressources du génie.
Sait-on que Sarasate, qui vient de
mourir, s'était improvisé un jour professeur
de chant. -
Le célèbre virtuose ne donnait jamais de
leçons de violon. Il n'avait pas la patience
nécessaire.
Il fut un temps cependant où il aurait bien
voulu en donner. Il se trouvait dans l'Amé-
rique du Sud. Ses affaires ne marchaient
pas. Personne ne venait à ses concerts; et
personne non plus ne se présentait pour
apprendre le violon.
Un de ses amis très entreprenant lui dit
alors :
« Si tu veux avoir des élèves, tu n'as
qu'à donner des leçons de chant. »
'C'était facile à dire, mais plus difficile
à exécuter. Sarasate n'avait pas de voix,
et ne pouvait, pour ainsi dire, sortir un
son.
Mais, le couteau sur la gorge, que ne
fait-on pas?
Une jeune élève se présenta.
Le virtuose prit son violon et en tira
des sons merveilleux.
« Mademoiselle, dit-il à la jeune fille,
soyez assez aimable pour chanter comme
ceci; c'est la meilleure manière de chan-
ter. » •
Elle parut très étonnée. Mais assurément
le violon de Sarasate pouvait plus lui en
apprendre que son talent de chanteur.
K
L
e Théâtre à l'Académie. - -::-.
Il y a quelques années, - un généreux
mélomane, M. Gouvy, laissait a 1 Academie
des Beaux-Arts une somme de dix mille
francs, dont il spécifiait ainsi l'emploi:
« Les intérêts de cette fondation doivent
servir à constituer une pension de 300 fr.
en faveur d'un musicien d'orchestre. »
Le titulaire actuel de cette pension, M.
Poulat, ancien hautbois, vient de mourir.
Les trois cents francs de rente de la
fondation Gouvy sont donc disponibles.
Pour être guidée dans son choix, l'Acadé-
mie des Beaux-Arts a prié M. Taffanel, en
sa qualité de président de la Société des
anciens musiciens, de vouloir bien lui pré-
senter une liste, par ordre de mérite, de
cinq candidats réunissant les conditions
d'admission à cette pension.
Qu'on se le dise.
u
ne passante.
On peut voir souvent, descendant la
rue des Martyrs, une jeune femme blonde,
à l'allure très simple et a la silhouette
d'une petite bourgeoise.
C'est pourtant une grande artiste qui a
remporté maints succès et qui a joué fré-
quemment devant un parterre de rois.
Si, maintenant, elle passe inaperçue par-
mi la foule, elle n'en est pas moins une
danseuse de grand talent. Souhaitons à
Mlle Sandrini, la délicieuse ex-étoile de
l'Opéra, un prompt retour dans notre Aca-
démie nationale de musique, où sa place est
toujours marquée.
L
e théâtre et le turf.-
, On sait que ce n'est pas d'aujour-
d'hui que date le goût des gens de théâtre
pour les choses du turf.
Voici qu'on annonce l'achat, par Mlle
J. Bloch, à un sportsman connu, M. P.
Thorne, d'un poulain qu'elle a mis. en pen-
sion à Maisons-Laffitte.
Qui ne connaît, d'autre part, les couleurs
blanche et verte, de Mme C. Procureur,
ex-Clémence de Pibrac, propriétaire de
cracks nombreux? la casaque orange et
noire de l'écurie Max Dearlv? l'écurie de
Mme E. André, ex-Em. d'Alençon, devenue
la femme de l'un de nos meilleurs jockeys
d'obstacle? de Mme Ricotti, cette étoile du
ballet de l'Opéra, qui vient de lâcher notre
Académie de musique, en faisant claquer
les portes?
Et qui ne se souvient du cheval de Willy,
ce pauvre Rameau d'Or, actuellement la
propriété de M. Rœderer, qui n'eut qu'un
tort: c'est de n'achever aucun parcours?
C'était un type dans le genre de Triple-
patte !
L
e génial reporter Rouletabille, Mlle
- Stangerson et son père. Robert Dar-
zac, Arthur Rance, tous les personnages du
Mystère de la Chambre Jaune 'reparais-
sent cette semaine dans L'Illustration. Lar-
san-Ballmeyer va revenir lui-même, n'en
doutez pas, tenir son rôle dans Le Parfum
de la Dame en noir, de Gaston Leroux.
En même temps que ce récit, amusant et
terrifiant tour à tour, on lira dans L'Illus-
tration toute une série de pièces de théâ-
tre: La Maison en ordre, de Pinero; Le
Bon Roi Dagobert, de Rivoire; Le Roi, de
de Flers-Caillavet-Arène; Israël, de Berns-
tein; L'Emigré, de Bourget; Le Foyer, de
Mirbeau et Natanson, etc.
Le Masque de Verre.
Nous publierons demain un article de
TRISTAN BERNARD
A L'ATHÉNÉE
COOPER
DANS LE
CHANT DU CYGNE
Pour la première fois, hier soir, Cooper
remplaçait Huguenet dans le rôle du Mar-
quis de Sambré, du Chant du Cygne.
Succession lourde, succession effrayante
s'il en fut jamais! Aussi notre ami Cooper
s'était-il offert le beau, le formidable trac
des grands soirs!
Et c'est tout tremblant, tout désorienté,
tout frissonnant d'une intense émotion que
je le trouvai dans sa loge, avant le lever
du rideau. - .1
En dépit de son toupet blanc et de sa
moustache d'argent dédoré, le marquis de
Sambré nouveau modèle me semblait, tant
il était rose et poupin, infiniment plus jeune
que ne le comportait le personnage.
Et comme, sur mon conseil, il se barrait
le front et les ailes du nez de rides accen-
tuées, le docteur Deval, qui venait d'en-
trer, s'écria:
— Mais c'est trop vieux, cela,? Cooper,
infiniment trop vieux !
- Et. docilement, à l'aide d'un coin de ser-
viette, le marquis de Sambré effaça les cou-
tures profondes dont il venait de se tailla-
der le visage. On lui aurait persuadé tout
ce qu'on aurait voulu, hier soir!
Et ce n'est qu'en scène, après les pre-
mières répliques, qu'il se ressaisit. Peu à
peu, la voix s'affermit, le geste se précisa
et nous retrouvâmes, dans sa nouvelle in-
carnation, un marquis de Sambré alerte -et
plein d'entrain; un marquis de Sambré dif-
férent, certes, de celui qu'avait triomphale-
ment silhouetté Huguenet, mais fort inté-
ressant et très crânement campé.
Cooper a joué en grand artiste la finale
du deuxième acte et s'est montré véritable-
ment exquis dans le couplet des écrevisses
à la bordelaise.
Rien n'a été modifié dans le reste- de
l'interprétation. Seule, Mlle Blanche Val-
bert remplace Lilian Greuze dans un rôle
épisodique de dactylographe.
Laurence Duluc est toujours une Jessy
Cordier aguichante et souple à souhait.
Tout émue et tout heureuse de l'aimable
surprise, elle m'a fait lire le joli sonnet que
Xavier Roux venait de lui envoyer en tête
de l'exemplaire du Chant du Cygne qu'il
réservait à sa délicieuse interprète.
Et ce sonnet, je l'ai hâtivement et indis-
crètement copié sur un coin de pomponnette
à.-maquillage. -
A JESSY CORDIER
Directrice du Foyer scientifique
La Science est votre domaine
Et l'Amour est votre élément.
La Savante n'est inhumaine
Que pour le maladroit amant.
Porteur de l'infaillible aimant,
Vienne Eros, vieilli mais amène,
Votre cœur se fait plus clément:
Vénus a vaincu Célimène!
Ainsi vous nous avez conquis
Par un art, un talent exquis,
Par un charme à ce point insigne
Qu'il eût pu donner un Saint-Luc,
Ma chère Laurence DuIuc,
Créatrice du Chant du Cygne.
Xavier Roux.
Après le trois, de nombreux amis sont
venus féliciter Cooper dans sa loge.
- -
- - (Boyer et Bert, phot.)
M. Cooper
L'excellent artiste nous dit ses frousses
intense toutes les fois qu'il reprenait, jadis,
quelque succès du répertoire : Le Petit
Faust, Niniche, La Femme à Papa :
- Oui, j'avais une frousse folle et ma
gorge se serrait à m'étouffer, nous dit-il.
Mais ce qui me consolait et me rassurait
un peu, c'est que Baron avait encore plus
peur que moi et que c'était moi qui étais
finalement obligé de le pousser en scène !
Cette fois, le brave Cooper peut se ras-
surer pleinement. La salle a fait un accueil
sympathique à l'homme et un succès très
franc à l'artiste.
Et si Huguenet n'est pas oublié - car il
est de ceux qu'on n'oublie pas - il est
tout au moins remplacé de manière fort
adroite et fort agréable par un comédien de
race et un artiste élégant.
Nous- en éticns bien sûrs d'avance.
G. DAVIN DB CHAMPCLO&
THEATRE DES VARIÉTÉS
1 LE ROI
Comédie en trois actes et quatre tableaux
! deMM.G.»A. de ÇailiaVet -n,".
Robert de Flers et Emmanuel Arène
- (Reutlinger, phot.)
Mlle Lavallière
M. Max Dearly
M. Guy
M. Brasseur
Mlle Dléterle
Mlle Lender
Les Variétés ont fait, hier soir, une brillante
réouverture avec la reprise du Roi, la délicieuse
comédie de MM. de Caillavet, Robert de Fiers
et du regretté Emmanuel Arène. Le succès n'a
pas été moins vif qu'au premier jour, le public
n'était pas moins élégant et a salué au passage,
par ses rires, les exquises boutades dont four-
millent ces quatre actes.
Le Roi est une comédie fantaisiste, mais c'est
aussi le type de la comédie politique. Elle met
en scène des fantoches, mais sous ces fantoches
il y a de la chair; c'est de la caricature, mais
c'est aussi de la photographie: on y égratigne
très sérieusement les travers 'de certains de nos
politiciens.
L'entreprise était délicate: on est toujours un
réactionnaire quand on ne hurle pas à l'unisson
des loups. Mais les auteurs ont eu tant de doigté,
ils ont su si bien doser le vinaigre et le sucre,
les grimaces et les sourires en donnant une large
part à ces derniers, que tout le monde a été sé-
duit et désarmé ; les caricaturés eux-mêmes ont
dû s'esclaffer devant, tant de bonne humeur, pas
méchante en somme, et n'ont eu d'autre souci
que d'applaudir la pièce la plus amusante et la
plus spirituelle qui ait été donnée depuis long-
temps..
De là, le succès unanime du Roi, succès qui
s'est renouvelé hier soir.
L'interprétation est restée la même à peu de
chose près, et les quelques changements de dis-
tribution ne font qu'ajouter de bons éléments à
l'excellent ensemble des Variétés.
Mlle Lavallière est toujours exquise à la fois
d'ingénuité et de malice dans Marthe Bourdier;
elle a joué à ravir sa scène de la dînette avec
le Roi. Ce sera, hélas! la dernière création de
Mlle Lavallière, aux Variétés.
Mlle Lender joue, avec une « branche » écla-
tante, le rôle de Thérèse, la demi-mondaine qui
est l'Egérie de Bourdier et la grande amie pa-
risienne au Roi; il faut interpréter ce personnage
avec un tact, une mesure, que Mlle Lender pos-
sède au plus haut point.
Mlle Diéterle n'a qu'à se montrer gentille dans
Suzette Bourdier, la fille du député; elle est
effectivement plaisante, surtout au troisième acte.
Les autres rôles féminins sont de moindre im-
portance. En l'absence de Mlle Médal, Mlle Fré-
mont, affichée comme jouant Georgette Langloisi
l'amie de Thérèse- a été remplacée, à la demièref
minute, par Mlle Renhard ; Mlle Renhard appa-J
raît fort intelligente et gracieuse. Le rôle d'An'"
gèle, la femme de chambre, a retrouvé Mllet
Dorlac comme partenaire ; celui de Francine Ma-»
reuil, créé par Mlle Frémont, est passé à MlleS
Devimeur ; celui de la marquise de ChamarandeJ
créé par Mlle Nita Rolla, a émigré aux mains
de Mlle Favrel; Mlle Lukas est fort gentille eni
femme de chambre ; Mlle Becker et d'autres e
core figurent adroitement et élégamment. J
L'interprétation masculine n'est pas moins paiM
faite. Il
Albert Brasseur est le plus amusant Roi del
Cerdagne qui se puisse imaginer; il sait garden
une prestigieuse distinction dans sa fantaisie ; itf
a été parfait de « bon garçonnisme » dans la ra-{
vissante scène du souper, où le Roi conquiert)
la femme du député socialiste. j
Guy a retrouvé son gros succès dans le mari
quis de Chamarande, auquel il sait donner une
allure, une dignité cassante, une démarche raide
de l'effet le plus comique..
Max Dearly est étourdissant dans Blond, 1
policier gaffeur; sa transformation en garçon ,-
coiffeur, ses attitudes extatiques ont eu un suc- |
cès ds fou rire. f 1
Colombey avait la tâche lourde de succéder &
Numès dans le personnage du député Bourdierj
L'écueil était de paraître trop lourd dans cet
rôle, qui doit être une caricature, mais qui est!
aussi pris sur le vif. Numès avait un manquer
d'usage voulu qui était bien amusant. Colombeyi
accentue le côté bourgeois, il est plus « popote'ni
J'avoue, cependant, que je lui préfère Numès y
mais je dois dire aussi qu'un artiste qui crée um
rôle a un avantage marqué, l'avantage de notref
première impression, sur celui qui vient reprend
dre ce même rôle.
Moricey est bien amusant dans Cormeau, lé^
ministre hirsute. Le comique violent de cet ac..!
teur n'est pas simplement du burlesque ; c'estj
très bien composé, très observé.
Prince, Simon, Petit, Bernard ont repris leurSr
rôles respectifs; ils y sont bien divertissants. f
Le Roi est reparti, depuis hier soir, pour une
nouvelle et longue série de représentations.
Louis SCHNEIDER.
LES AVANT-PREMIÈRES
"LE PETIT FOUCHARD"
AU GYMNASE
J'aurais voulu,. rour le confesset sur les mé-
rites de son rejeton, pouvoir joindre M. Charles
Raymond, père du Petit Fouchard.
Mais Paris, comme chacun sait, est plus grand
que Caudebec et que Montbrison et la chasse
à l'interview y est parfois infructueuse. J'ai
dû me contenter de soutirer quelques menues
confidences à M. André Sylvane, qui n'est que
le parrain de l'enfant.
M. André Sylvane s'est, d'ailleurs, expliqué
avec une modestie charmante au sujet de cette
parenté :
— Mon nom, si vous voulez bien le remar-
quer, m'a-t-il dit, ne figure même pas sur les
coupons d'invitation à la répétition générale.
.Charles Raymond y est désigné comme le seul
auteur du Petit Fouchard. Au début, il en avait
été décidé ainsi ; car je devais être simplement
le metteur au point de ces trois actes dont l'idée
et la version première sont tout entières de Ray-
mond.
Et M. Sylvane me conta la genèse de cette
collaboration.
Il y a quelques mois, Charles Raymond porta
le Petit Fouchard à M. Franck nui lut avec. inté-
rêt réel- ce, manuscrit oà se révékîear de brilà. -
lantes qualités de psychologue, mais aussi 3'asse*
graves défauts de charpentier dramatique 1
Il reçut la pièce, mais à condition qu'elle so*
rait confiée, pour être remaniée et retapée àj
un vétéran du succès, à un maître du rire 'Et
voilà comment M. André Sylvane devint le col-
laborateur, anonyme dans le principe, de M.4
Charles Raymond. ¡
- Mais bientôt, ajoute le triomphateur ae\
Tire au Flanc, cette simple mise au point du'
début devint tout autre chose. De modification'
en modification, de béquet en béquet, de boule-
versement en bouleversement, il ne resta plus
guère du Petit Fouchard que l'idée première et:
quelques excellentes scènes auxquelles il eut été;
maladroit de toucher. Dans ces conditions, il fut-
décidé que je signerais avec Raymond, mais W
réclamai, de moi-même, le second rang dans-
notre raison sociale. C'était de toute justice. Eti
voilà. J'ai ajouté - ou du moins, je crois avofij
ajouté au Petit Fouchard ce qui lui manquai
surtout, de la gaieté.
Pendant que M. André Sylvane me documenta
sur la genèse de la pièce nouvelle, je jette an-*
toun de moi, le coup d'oil furtif du policier ci
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