Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-09-22
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 septembre 1908 22 septembre 1908
Description : 1908/09/22 (A2,N358). 1908/09/22 (A2,N358).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76460121
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2"Année, ==N»358 (Quotidien) Le Numéro : 5 Centimes
Mardi 22 Septembre 1908.
Rédacteur en Chef G. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION t
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UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
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Étranger 40 » 20 a
Angélique
Lalouette 0)
LIa pantoufle à repriser
- Parbleu ! monsieur le savetier, voi-
ci à votre devanture une fort belle pan-
toufle.
— Monsieur le passant me confond;
je la fis de mes mains, voilà quelques
semaines; je l'ai présentement à repri-
ser.
— Monsieur le savetier, c'est donc
qu'elle a propriétaire?
— Je l'entends comme ça; sans au-
cun doute, monsieur.
— Et. elle est jolie?
— Qui?. la pantoufle?. Vous l'avez
dit!
— Non, la propriétaire; car, si j'en
juge par l'élégance du pied que chausse
cet objet.
— Allez-vous-en plutôt vous-même
vous en rendre compte!
— je ne veux que cela, monsieur le
savetier; mais où donc, par le ciel?
— Oh ! oh ! quel empressement, mon-
sieur te passant! Pour calmer votre en-
vie, frappez à trois portes plus bas, à
la boutique du miroitier. C'est la pan-
toufle de la demoiselle Angélique. Je
vous engage à n'en point trop dire de
bien en présence du sieur Lalouette, son
estimable père.
— Il suffit, bonhomme savetier; prends
ce petit écu pour ta peine.
La pantoufle révélait-elle véritable-
ment l'élégance d'un pied prometteur
d'autres charmes, ou le souvenir de
Cendrillon, de MM. Anseaume et La
Ruette, représenté à ce moment à l'Opé-
ra-Comique, hantait-il l'esprit du pas-
sant?.
Toujours est-il que celui-ci, qui n'était
autre que l'acteur Thévenard, basse-
taille célèbre de l'Opéra, enthousiasmé
par ce qu'il venait de voir et d'appren-
dre, s'en fut incontinent à la boutique
du miroitier.
— Ça, mon bon monsieur Lalouette,
déclara-t-il en entrant, je me suis laissé
dire que vous étiez seul dans la ville à
fabriquer de bons mirois et je veux,
pour ma loge, dévaliser votre 'maison —
sous condition de prix avantageux, s'en-
tend !
M. Lalouette, justement honoré, salua
jusqu'en bas ce client honorable et se
mit en devoir de lui montrer tout ce
qu'il possédait de mieux.
En moins d'un instant, les miroirs fu-
rent disposés, et, dans la boutique, l'on
vit soudain plus de cinq cents MM. La-
louette esquissant mille grâces à plus
de cinq cents MM. Thévenard, ce" qui
faisait un bien gros nombre au total.
Toutefois, M. Thévenard n'avait pas
son compte et, somme toute, n'était point
venu chez ce miroitier pour, unique-
ment, en contempler l'image reflétée à
un nombre considérable d'exemplaires.
— Parbleu! mon bon monsieur La-
louette, déclara-t-il, je juge mal de ces
miroirs en n'y voyant que nos tristes
physionomies. Pour les bien apprécier,
il y faudrait faire réfléchir l'image de
quelque frais minois.
— Qu'à cela ne tienne! répliqua
M. Lalouette, justement ma fille Liquette
s'occupe, là-haut, de quelque ouvrage de
dentelle, je la puis appeler.
— Je vous en prie.
A la vérité, la pantoufle à repriser
chez le savetier justifiait les espérances,
et M. Thévenard fut tout simplement
ébloui à l'apparition de la jeune fille.
— Se peut-il, monsieur le miroitier,
que vous ayez une aussi belle enfant?
— Sa mère y est pour beaucoup, je
dois le dire, confessa ingénument M.
Lalouette. Vous plairait-il de la voir aus-
si réfléchie dans les glaces?
M. Thévenard allait répondre poli-
ment qu'il éprouverait, de ce chef, un
nouveau plaisir, mais la demoiselle Li-
quette ne lui en laissa pas le temps.
A la vue de la basse-taille, elle pensa
défaillir ; mais vite revenue à elle :
— Ma mère ! appela-t-elle, ma mère !
c'est le célèbre Thévenard qui est ici
dans la boutique!.
Puis, toute confuse, la jeune fille bais-
sa les yeux sous le regard irrité de son
père.
La dame Berthe-Charlotte Lalouette
descendit quatre à quatre et commença
de gourmander sa fille :
— 'Angélique, véritablement.
Mais Thévenard était conquis. Il sup;
plia :
— De grâce, madame, pardonnez, ou
ces beaux yeux, que je ne saurais voir
1 pleurer, vont se remplir de larmes.
Et, se tournant vers M. Lalouette, il
ajouta :
— Mon bon monsieur, je me sens tout
à fait attiré vers vous par la sympathie
et ne serai satisfait que lorsque vous
m'aurez donné votre amitié. Souffrez
que j'achète les dix plus beaux de ces
miroirs au prix qu'il vous plaira ; mais,
en échange, acceptez de venir ce noir,
vous et votre honorable famille, munis
de ces billets gratuits, m'entendre à r 0-
(I) Ou les surprenantes aventures d'une de-
moiselle de comédie au temps de Louis le bien
aimé. (D'après des documents dignes de foi).
f Ira ; ensuite, le prétends vous traiter 1
i juper tous les trois !
.Lorsque, grâce aux vins généreux,
la dame Berthe-Charlotte fut endormie
et M. Lalouette considérablement ivre.
Thévenard entreprit de conter fleurette
à la jeune Angélique, qui s'y prêta le
plus bénévolement du monde:
— Mon Dieu! murmura-t-elle à l'o-
reille de la basse-taille, que je voudrais
bien devenir actrice, moi aussi !
— Je n'ai pas de vœu plus cher, mon
enfant, ni de souci plus grand ! répliqua
M. Thévenard, et j'en veux entretenir
incontinent votre estimable père.
— Parbleu ! bégaya M. Lalouette aux
premiers mots qui lui furent touchés, je
veux ma fille honnête épouse et non
point gourgandine!
Ce que disant, il but encore vine ra-
sade.
— Hé! répondit M. Thévenard, je
l'épouserais bien!
— En ce cas, rétorqua le miroitier,
tout serait selon ma convenance!
Puis il s'endormit sur l'épaule de Ber-
the-Charlotte.
Le mariage fut consommé. Non point
après les délais d'usage, mais, j'ose dire,
dans la nuit même.
Certains comédiens, accoutumés, au
théâtre, à faire en dix minutes ce qui
prend quinze jours dans la vie, procè-
dent, dans la réalité, parfois comme à
la scène.
M. Thévenard était de ceux-là.
En rentrant fort avant dans la mati-
née à la boutique de miroiterie, M. La-
louette et la dame Berthe-Charlotte
trouvèrent, sous la porte, cet étrange
billet:
« Tout va bien, succès fou! Le prê-
te mier acte est joué. C'était le plus dif-
« ficile, assure mon bon maître Thpve-
« nard; je vous embrasse respectueuse-
« ment en vous disant: A bientôt!
« Votre fille,
« LIQUETTE. »
A cette lecture, le miroitier et sa
femme se demandèrent si Liquette, n'al-
lait pas mal tourner. -.-
Pierre SOUVESTRE.
Nous publierons demain un article da
TRISTAN BERNARD
Faveurs et rubans
Les billets de faveur sont rétablis, ainsi
que l'avaient prédit le Vieux Major et moi.
Il n'y avait, du reste, aucun mérite à faire
une pareille prédiction. On se souvient, en ef-
fet, que la suppression avait été votée à
l'unanimité par les auteurs et les directeurs
de théâtre, et l'on sait qu'un pareil achar-
nement démontre toujours, en France, l'im-
possibilité où l'on se sent d'accomplir une
réforme sérieusement. Cela rappelle, à s'y
méprendre, les menaces de mort proférées
à tout propos, pour les plus minces pres-
criptions de la vie courante, par la Révo-
lution française.
Le billet de faveur ne pouvait mourir,
parce qu'il est absurde et que le théâtre
tout entier, pour sa plus grande gloire, est
basé, comme toute conception artistique,
sur des illusions et des absurdités. Et puis,
supprimer le billet de faveur, c'était, de
gaieté de cœur, renoncer à une admirable
monnaie fiduciaire qui, depuis des années,
fait la fortune des théâtres, et cela eût été,
en somme, aussi peu logique que si la Ban-
que de France eût renoncé, de son plein
gré, au privilège de ses billets.
Sans doute, les billets de faveur, en
France ont-ils un cours moins fixe que les
billets de banque, mais, bien souvent, ils
atteignent une valeur infiniment supérieure.
Ils tont, en effet, partie, dans notre
pays, des décorations et ils n'en sonttpoint
les plus négligeables. A la différence de la
Légion d'honneur ou des palmes académi-
ques, le billet de faveur ne se porte point
à vie; ce n'est qu'une décoration va-
lable pour une soirée; mais, tandis que la
décoration officielle ne suffit pas toujours
à prouver que le monsieur qui la porte est
un homme intelligent ou lettré, le billet de
faveur,^ lui, a toujours cette signification
dans nos mœurs. Tout le monde sait que
celui qui en bénéficie est, forcément, un
ayant-droit, c'est-à-dire un homme qui, par
sa situation intellectuelle ou morale, est
invité d'une façon pressante a bien vouloir
aller au spectacle sans rien payer. On com-
prend, dès lors, que, pour acquérir ce bre-
vet de capacité temporaire, aucun sacrifice
ne soit trop élevé.
C'est ainsi que certaines personnes n'hé-
sitent point à abandonner un demi-million
de commandite à un théâtre pour acquérir,
de iemps à autre, ce Diplôme de Faveur,
pour une place dont la valeur commerciale
n'excède guère cinq ou huit francs. Et, dès
lors, on ne saurait s'étonner de voir que des
gens qui, dans la vie courante, exercent les
métiers les moins littéraires, abandonnent
avec joie une paire de bottes ou un vête-
ment pour bénéficier d'une pareille distinc-
tion.
Les billets de faveur sont les assignats
du monde des théâtres, mais ils sont assu-
rés, eux, de ne jamais baisser de valeur,
car, au lieu de représenter des champs in-
formes et des bois sans prestige, ils as-
surent à leurs possesseurs, vis-à-vis de
leurs concitoyens, pendant une soirée tout
au moins, une place qu'il leur serait diffi-
cile d'acquérir autrement, je veux dire celle
d'un homme d'esprit.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
N
ous avons dit, hier, le départ regretta-
ble de l'Opéra des deux gracieuses
ballerines Ricotti et Lenclud.
Complétons notre information en spéci-
fiant que c'est de leur plein gré qu'elles
quittent notre Académie nationale et que
c'est par une lettre bien sentie et d'un
-geste désinvolte que l'une d'elles, Mlle Ri-
cotti, a fait parvenir le montant de son dé-
dit à la direction de l'Opéra.
L
es corbeaux de Drury-Lane.
Dans le nouveau drame qui fut joué,
hier, à Londres, pour la réouverture du
théâtre de Drury-Lane, devaient figurer des
corbeaux, de' vrais corbeaux vivants et
croassants. ,
Mais, lorsqu'on apporta ces aimables vo-
latiles au théâtre, les ouvriers déclarèrent
qu'ils n'achèveraient pas les travaux tant
que ces sales bêtes, qui portent malheur,
seraient dans la maison.
Le directeur ne voulut tenir aucun
compte de cette réclamation; mais il ne
tarda pas à s'en repentir.
Au' cours de la dernière répétition, dès
qu'on eut apporté les corbeaux sur la scène,
toute une série d'accidents se produisirenr.
Les décors du premier tableau s'effon-
drèrent les uns sur les autres.
Un acteur tomba dans la cage de l'as-
censeur.
Le chef machiniste fut blessé d'une fa-
çon mystérieuse.
Et deux des corbeaux eux-mêmes furent
victimes du mauvais sort qu'ils avaient jeté
sur le théâtre. L'un d'eux, notamment,
plongea dans un seau de chaux et en res-
sortit tout blanc. Si au moins c'eût été un
merle !
En présence de ces funestes présages, le
directeur s'est empressé de résilier l'enga-
gement de ses néfastes pensionnaires.
L
'enfant et le Marocain.
Devant un magasin de chemiserie
de la rue Saint-Lazare, on pouvait voir,
l'autre matin, un homme très grand, à la
barbiche grisonnante, qui, d'un œil curieux,
examinait l'étalage.
A côté, contemplant froufrous et den-
telles, une dame tenait par la main un pe-
tit garçon de cinq à six ans.
— Oh! maman, s'écria soudain le bam-
bin, v'là un Marocain!
Et, du doigt, il désignait Maurice Des-
vallières, le triomphateur d'hier, l'un des
auteurs de Mam'zelle Trompette.
E
t l'on revient toujours.
Comme on a raison de dire que rien
n'est éternel dans le royaume provisoire du
théâtre (formule heureuse !).
Après avoir été le pensionnaire, d'abord
dévoué, puis capricieux, puis fugitif, d'un
très grand directeur, il avait voulu voler de
ses propres ailes. On lui vit faire de très
beaux efforts artistiques que la fortune ne
voulut point favoriser.
A la Bodinière, à Trianon, aux Bouffes-
Parisiens, dans des directions successives,
toujours glorieuses mais peu prospères, il
donna libre, cours à ses instincts d'artiste,
de metteur en scène et de lettré.
L'an dernier, il remporta un éclatant suc-
cès dans La Femme nue. Il devait jouer un
rôle dans Israël, et voici qu'il abandonne le
théâtre Réjane. On annonce, en effet, les
très prochains débuts, à l'Odéon, de M.
Bour. sa rentrée dans la troupe de M. An-
toine.
GRANDES ARTISTES ET PETITS CABOTS
Edna May
c
hoses du pont des Arts.
On a pu lire, l'autre dimanche, dans
le feuilleton de M. Henri de Régnier, une
enthousiaste et juste apologie de M. Fran-
çois de Curel.
Le brillant romancier du Mariage de mi-
nuit, qui fut, on s'en souvient, aux derniè-
res élections académiques, le concurrent
malheureux de notre collaborateur Jean Ri-
chepin, semblait poser officiellement la can-
didature de l'admirable dramaturge du
Repas du Lion et de L'Envers d'une
sainte.
On dit que M. François de Curel est en-
core un peu hésitant.
Cependant, sa candidature, qui rallierait
tous les suffrages, rendrait grand service
aux académiciens, qui balancent. pour des
raisons diverses et souvent étrangères à la
littérature, entre MM. Georges de Portù-
Riche, Alfred Capus et Eugène Brieux.
Puisque nous parlons Académie, il est
amusant et pittoresque de voir comment les
trois concurrents dramatiques — ne par-
lons pas encore de M. François de Curel
— organisent leur campagne.
Il y a deux façons d'entrer à l'Académie
française. Ou bien manifester, au moment
même de l'élection, un chef-d'œuvre; ou
bien ne plus rien faire et vivre sur les
rentes de gloire de succès passés.
M. Alfred Capus a choisi la première
manière. Courageusement, il annonce deux
œuvres nouvelles: l'une au Vaudeville, l'au-
tre chez Lucien Guitry. Il est même amu-
sant d'abserver que L'Oiseau blessé passe-
ra, à la Renaissance, entre L'Emigré, de
l'académicien Paul Bourget, et Les Aven-
tures de Télémaque, de deux académiciens:
Jules Lemaître et Maurice Donnay. C'est
de la bravoure.
M. Georges de Porto-Riche se trouve re-
mis au premier plan de l'actualité avec l'é-
clatante reprise d'Amoureuse au Théâtre-
Français.
Quant à M. Brieux, il préfère la seconde
école; il attend l'élection pour faire annon-
cer une pièce nouvelle. Les programmes,
pourtant si chargés, qu'on publie actuelle-
ment de toutes parts, ne portent, en effet,
pas son nom.
U
n poète.
Ce po'#e, c'est M. Sacha Guitry.
Dans cette ballade, a laquelle il a consacre
son été,, on admirera l'érudition et le souf-
fle poétique du jeune et brillant auteur de
Chez les Zoaques.
BALLADE
pour exalter Emile Bergerat et Edmond Rostand
L'Epivart descend de la Denne;
Le blanvier vers le Seigneur tend
Son aile de bivaradaine!
Tout repose dans Bourbétan.
Que ronfle et goule ta cadaine!
Dansez, femmes, votre bi-temps,
Puisque jamais ne fûtes daines
Pour Bergerat et pour Rostand.
Poètes, frères de Bidaine
Et de Philiope-Albert autant,
Ne pleurez pas sur l'habit d'N.,
Puisque la rosé aime l'Itan,
Puisque toujours, malgré Rodenne
Et le charme de Lévatant,
On chôme de la viradaine
Pour Bergerat et pour Rostand.
Entonnons la faridondaine
Du trouvère et puis de Vothan.
Exultare Deus Bodaine!
Et pour que le fripier d'Ardenne,
Embourvisé plus d'en ditant,
Ne triture la castodenne
Pour Bergerat et pour Rostand.
ENVOI
Prince des muses Aquidaines,
Que bourlingue le truc d'Artan,
Rastécale le vicadenne
Pour Bergerat et pour Rostand.
v
'ers la Ville Eternelle.
La troupe permanente de la ville de
Rome va donner prochainement, au théâtre
Argentina, une adaptation de la Vierge
d'Avila, due au bon poète italien Gino G.
Zuccala.
M. Catulle Mendès, que nul voyage n'ef-
fraie, a promis d'aller assister, à Rome,
à la première représentation.
c
ruelle, cruelle énigme 1 ..;
On se rappelle l'incident qui se pro-
--_:.-
duisit, au mois ae juillet dernier, a la suuo
du concours de violon du Conservatoire.
Le père d'une élève, M. Elwell, mécon-
tent de la récompense — un deuxième ac-
cessit — accordée à sa fille, s'emporta jus-
qu'à frapper le professeur, l'excellent M.
Jules Lefort. L'affaire a reçu sa sanction
en correctionnelle.
Mais voici bientôt la rentrée des classes
au Conservatoire. Or, M.- Jules Lefort ne
peut plus accepter dans sa classe Mlle El-
well ; d'autre part, les trois autres collègues
de M. Jules Lefort au Conservatoire, les
professeurs Rémy, Nadaud et Berthelier,
ont déclaré se solidariser avec leur cama-
rade. Et, cependant, Mlle ElwelL n'est pas;f
responsable du geste de son père.
Voilà un conflit dont la solution ne sera
pas facile. C'est la première fois qu'on
verra, une jeune Elle exiger qu'onJa"mène.;
au violon 1 ma* 4
Le mouchoir.
Un de nos confrères s'étonnait ré-
cemment d'apprendre que Mme Réjane ne
jouait jamais sans « tripoter » fébrilement
un fin mouchoir de batiste. Il disait même
qu'un soir, dans une tournée, la grande ar-
tiste ayant oublié, en entrant en scène, son
inséparable carré de batiste (elle jouait
Madame Sans-Gêne), n'hésita pas à déchi-
rer la dentelle d'une splendide robe de
cour, afin de s'en servir pour son ordinaire
jeu de scène.
Le-mouchoir, en effet, joue très souvent
un rôle au théâtre, soit pour la pièce elle-
même, soit pour l'interprète.
Les dames en abusent et cela ne va pas
sans incommoder parfois leurs partenaires,
car leur mouchoir est, le plus souvent, par-
fumé à l'excès..
Par contre, Polin, Dranem, Claudius,
Max Dearly, Marius, Darius M. et, en gé-
néral, tous les comiques, lui sont redevables
de trouvailles scéniques imprévues.
D'autre part, nombreuses sont les pièces
où le mouchoir « opère » par ordre du
texte. Citons simplement: Le Demi-Monde,
Othello, Tartufe, Ruy Blas, La Dame aux
Camélias, Sapho, Le Crime d' Aix, etc., etc.
c
'est une élégante Parisienne, qui veut
jouir de Paris et de ses plaisirs. Elle
.-
aime indistinctement tout ce qui i amuse,
mais elle songe que, pour bien connaître
Paris, pour se rendre au théâtre en con-
fortable équipage, pour rentrer chez soi,
minuit venu, il est indispensable d'avoir
une automobile.
Celle-ci est une actrice connue déjà ; de-
main, peut-être, elle sera célèbre. Quel en-
nui pour elle d'aller le soir à son théâtre
sans automobile.
Voilà deux clientes certaines pour Lam-
berjack.
Le Masaue de Verre.
HISTOIRES D'HIER ET "D'AUJOURD'HUI
Sarasate est mort
Les premiers succès d'un Violoniste. •== Lauriers et joujoux+
,t. Le Stradivarius de la reine. "'8= Amitiés célèbres.
Une dépêche de Biarritz nous apporte
la brusque nouvelle de la mort de Sarasate.
Il. y a quelques mois à peine, en mai
dernier, Sarasate était encore à Paris, ad-
miré, fêté comme toujours. On remarquait
l'extraordinaire sûreté de son mécanisme,
la souplesse, la délicatesse extrême de son
art, unies à d'exceptionnelles qualités de
son et servies par une âme plus que belle,
grandiose, de très pur artiste.
On s'étonnait de retrouver intact ses dons
naturels à un âge relativement élevé:
soixante-cinq ans. On enviait les pays es-
pagnols qui accaparaient actuellement un
virtuose dont Paris était jaloux.
.tA' PORTRAIT DE SARASATE, par WHISTLER
Ce tableau, que nous reproduisons, se trouva actuellement à l'Institut Carnegie, de Plttsborgf
dont il est une des plus grandes valeurs artistiques. »
Au fait, Paris était un peu la patrie
artistique de Sarasate, si l'Espagne était sa
patrie d'origine. Il avait fait son quartier
général de notre capitale et y avait long-
temps conservé ses meilleures amitiés. Et
puis, n'est-ce pas au Conservatoire de Pa-
ris que le célèbre violoniste avait obtenu
son-premier prix, il y a un peu plus d'un de-
mi-siècle de cela, en 1856?
Sarasate n'avait alors que douze ans et
,,Alard,. son professeur, fut si content de ce
succès,qu'il entraîna l'enfant dans une bou-
tique, le soir même du concours et lui
* paya. une boîte de soldats de plomb.
— Aucun souvenir ne m'est plus pré-
cieux! déclarait, il n'y a pas longtemps, le
grand musicien, qui avait conservé pieuse-
ment ces joujoux d'antan.
Il fit cependant ample moisson de ca-
deaux durant cette carrière exceptionnelle-
ment brillante, dont les étapes, par le mon-
de entier, furent plus glorieuses les unes
que les autres.
Le cadeau de la reine
Il possédait d'innombrables témoignages
d'admiration venant des personnalités les
plus notoires. Celui qui, peut-être, avait
une valeur égale à celle des soldats de
plomb — valeur morale s'entend! — était
un Stradivarius que lui donna — je pourrais
écrire: que lui confia — jadis la reine
Isabelle, grand'mère d'Alphonse XIII. C'é-
tait en 1854: il n'avait, par conséquent, que
dix ans. Il joua à la cour de Madrid, par
ordre, devant la reine Isabelle. Ce fut le
commencement de sa carrière. Pour lui té-
moigner combien elle croyait à son avenir,
la grand'mère d'Alphonse XIII donna au
jeune prodige un Stradivarius qui valait
vingt-cinq mille francs. Plus exactement,
elle ne fit que lui confier cette merveille
du fameux luthier de Crémone, avec condi-
tion qu'à la mort de Sarasate, ce chef-d'œu-
vre retournerait à l'Etat espagnol.
Ce Stradivarius était son fétiche. Pour
ne pas s'en séparer, il en avait fait faire
une petite réduction en argent massif qu'il
portait en breloque. A aucun prix, il n'au-
rait voulu se séparer de ce talisman, et
c'était pour lui, à chaque concert, le porte-
bonheur.
- Je lui dois, se plaisait-il à répéter,
mon premier prix de violon au Conserva-
toire de Paris.
Ce cadeau royal ne fut certainement ja-
mais dépassé, à ses yeux, par les plus
grandes marques honorifiques qui lui furent
décernées. Grand'croix de l'Ordre d'Isa-
belle la Catholique - ce qui lui donnait
droit au titre d'Excellence, — officier de la
Légion d'honneur, il avait également l'Aigiei
rouge de Prusse, l'Aigle blanc de Weimar,!
tous les rubans et toutes les plaques de
tous les pays d'Europe-et d'Amérique; il
était attaché à toutes les académies de mu-
sique. Tant d'honneur n'arrivait pas
corrompre sa modestie. Pour lui, avant tout,!
il était un violoniste, possédant un stradi-
varius.
L'Espagnol
Pablo Sarasate était, d'ailleurs, d'origine
modeste, et ses parents n'étaient jamais
sortis de leur modeste. logement de Paro)
pelune. De leur paisible retraite, ils suij
vaient, par ouï-dire, l'ascension glorieuse deft
leur fils sans en tirer un autre orgueil
qu'une légitime satisfaction ,d'amour-propre«î
Sarasate adorait ses parents. Le trait sui"
vant suffira seul à le prouver: j
Il avait vingt-neuf ans, lorsque, en 1873,
au retour d'une tournée européenne, il vou-
lut faire aux siens la surprise d'une visite.
A cette époque, sévissait, en Espagne, lai
guerre de partis et, précisément aux envi
rons de Pampelune, les carlistes donnaient
la chasse aux troupes républicaines. ,
Sarasate, approchant de la capitale de la
Navarre, laissait tranquillement la bride sun
le cou de sa monture, qui trottait sans in-
quiétude. Tout à coup, les balles sifflent à<
ses oreilles. Ce sont les partisans de Don'
Carlos qui croient voir un ennemi dans cet,
beau cavalier. Pablo leur répond en sifflant
un des airs innombrables qui meublaient sa
mémoire. Cependant, les soldats arrivaient,
la baïonnette en avant. Le jeu devenait
grave. Alors, sans s'émouvoir, Sarasate
donna de l'éperon-et, grâce à la pénombre
du soir qui envahissait les routes, il put
s'échapper. Quelques heures plus tard, il
partageait paisiblement le modeste repas d.dj
ses bons vieux parents, à Pampelune.
Le macaroni de Rossini
Sarasate, d'ailleurs, conservait ces m £[
mes habitudes modestes dans les milieux
où sa popularité lui faisait une atmosphère
de triomphe, à Paris notamment, où il nel
cultivait les amitiés célèbres que si ellegl
étaient sincères.
Parmi les relations qu'il affectionnait lest
plus, était celle de Rossini; ce derrner ibrj
rendait largement cet attachement. 1
Chaque samedi, lorsqu'il se trouvait ài
Paris, Sarasate dînait chez Rossini. Le
compositeur du Barbier de Séville faisait
tout exprès pour son hôte un macaroni SUCJ
culent dont lui seul avait la reesae. <
Quelques mois avant sa mort, le maîtrep
offrit au grand violoniste son portrait, a
bas duquel il écrivit: « Au jeune Sarasate,
un géant de génie (sic), dont la modestie -
doubla le charme. »
Sarasate le pleura longtemps.
"Souviens=tqi d'Haydn !"
Parmi ses autres amis, le virtuose espth i
gnol comptait Meverbeer et Auber..
Auber, principalement, lui portait un inté-*
rêt tout particulier, lui donnant fréquemment
non des conseils de maître, mais des aven*
tissements paternels. Ce fut lui qui, dit-on-
encouragea Sarasate à demeurer célibat
taire; et lorsque, il y a deux ans, on apk,.
Mardi 22 Septembre 1908.
Rédacteur en Chef G. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION t
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMCEDIA-PARIS
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UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
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27, Boulevard Pc~o/?/?/~e, /?/~
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Étranger 40 » 20 a
Angélique
Lalouette 0)
LIa pantoufle à repriser
- Parbleu ! monsieur le savetier, voi-
ci à votre devanture une fort belle pan-
toufle.
— Monsieur le passant me confond;
je la fis de mes mains, voilà quelques
semaines; je l'ai présentement à repri-
ser.
— Monsieur le savetier, c'est donc
qu'elle a propriétaire?
— Je l'entends comme ça; sans au-
cun doute, monsieur.
— Et. elle est jolie?
— Qui?. la pantoufle?. Vous l'avez
dit!
— Non, la propriétaire; car, si j'en
juge par l'élégance du pied que chausse
cet objet.
— Allez-vous-en plutôt vous-même
vous en rendre compte!
— je ne veux que cela, monsieur le
savetier; mais où donc, par le ciel?
— Oh ! oh ! quel empressement, mon-
sieur te passant! Pour calmer votre en-
vie, frappez à trois portes plus bas, à
la boutique du miroitier. C'est la pan-
toufle de la demoiselle Angélique. Je
vous engage à n'en point trop dire de
bien en présence du sieur Lalouette, son
estimable père.
— Il suffit, bonhomme savetier; prends
ce petit écu pour ta peine.
La pantoufle révélait-elle véritable-
ment l'élégance d'un pied prometteur
d'autres charmes, ou le souvenir de
Cendrillon, de MM. Anseaume et La
Ruette, représenté à ce moment à l'Opé-
ra-Comique, hantait-il l'esprit du pas-
sant?.
Toujours est-il que celui-ci, qui n'était
autre que l'acteur Thévenard, basse-
taille célèbre de l'Opéra, enthousiasmé
par ce qu'il venait de voir et d'appren-
dre, s'en fut incontinent à la boutique
du miroitier.
— Ça, mon bon monsieur Lalouette,
déclara-t-il en entrant, je me suis laissé
dire que vous étiez seul dans la ville à
fabriquer de bons mirois et je veux,
pour ma loge, dévaliser votre 'maison —
sous condition de prix avantageux, s'en-
tend !
M. Lalouette, justement honoré, salua
jusqu'en bas ce client honorable et se
mit en devoir de lui montrer tout ce
qu'il possédait de mieux.
En moins d'un instant, les miroirs fu-
rent disposés, et, dans la boutique, l'on
vit soudain plus de cinq cents MM. La-
louette esquissant mille grâces à plus
de cinq cents MM. Thévenard, ce" qui
faisait un bien gros nombre au total.
Toutefois, M. Thévenard n'avait pas
son compte et, somme toute, n'était point
venu chez ce miroitier pour, unique-
ment, en contempler l'image reflétée à
un nombre considérable d'exemplaires.
— Parbleu! mon bon monsieur La-
louette, déclara-t-il, je juge mal de ces
miroirs en n'y voyant que nos tristes
physionomies. Pour les bien apprécier,
il y faudrait faire réfléchir l'image de
quelque frais minois.
— Qu'à cela ne tienne! répliqua
M. Lalouette, justement ma fille Liquette
s'occupe, là-haut, de quelque ouvrage de
dentelle, je la puis appeler.
— Je vous en prie.
A la vérité, la pantoufle à repriser
chez le savetier justifiait les espérances,
et M. Thévenard fut tout simplement
ébloui à l'apparition de la jeune fille.
— Se peut-il, monsieur le miroitier,
que vous ayez une aussi belle enfant?
— Sa mère y est pour beaucoup, je
dois le dire, confessa ingénument M.
Lalouette. Vous plairait-il de la voir aus-
si réfléchie dans les glaces?
M. Thévenard allait répondre poli-
ment qu'il éprouverait, de ce chef, un
nouveau plaisir, mais la demoiselle Li-
quette ne lui en laissa pas le temps.
A la vue de la basse-taille, elle pensa
défaillir ; mais vite revenue à elle :
— Ma mère ! appela-t-elle, ma mère !
c'est le célèbre Thévenard qui est ici
dans la boutique!.
Puis, toute confuse, la jeune fille bais-
sa les yeux sous le regard irrité de son
père.
La dame Berthe-Charlotte Lalouette
descendit quatre à quatre et commença
de gourmander sa fille :
— 'Angélique, véritablement.
Mais Thévenard était conquis. Il sup;
plia :
— De grâce, madame, pardonnez, ou
ces beaux yeux, que je ne saurais voir
1 pleurer, vont se remplir de larmes.
Et, se tournant vers M. Lalouette, il
ajouta :
— Mon bon monsieur, je me sens tout
à fait attiré vers vous par la sympathie
et ne serai satisfait que lorsque vous
m'aurez donné votre amitié. Souffrez
que j'achète les dix plus beaux de ces
miroirs au prix qu'il vous plaira ; mais,
en échange, acceptez de venir ce noir,
vous et votre honorable famille, munis
de ces billets gratuits, m'entendre à r 0-
(I) Ou les surprenantes aventures d'une de-
moiselle de comédie au temps de Louis le bien
aimé. (D'après des documents dignes de foi).
f Ira ; ensuite, le prétends vous traiter 1
i juper tous les trois !
.Lorsque, grâce aux vins généreux,
la dame Berthe-Charlotte fut endormie
et M. Lalouette considérablement ivre.
Thévenard entreprit de conter fleurette
à la jeune Angélique, qui s'y prêta le
plus bénévolement du monde:
— Mon Dieu! murmura-t-elle à l'o-
reille de la basse-taille, que je voudrais
bien devenir actrice, moi aussi !
— Je n'ai pas de vœu plus cher, mon
enfant, ni de souci plus grand ! répliqua
M. Thévenard, et j'en veux entretenir
incontinent votre estimable père.
— Parbleu ! bégaya M. Lalouette aux
premiers mots qui lui furent touchés, je
veux ma fille honnête épouse et non
point gourgandine!
Ce que disant, il but encore vine ra-
sade.
— Hé! répondit M. Thévenard, je
l'épouserais bien!
— En ce cas, rétorqua le miroitier,
tout serait selon ma convenance!
Puis il s'endormit sur l'épaule de Ber-
the-Charlotte.
Le mariage fut consommé. Non point
après les délais d'usage, mais, j'ose dire,
dans la nuit même.
Certains comédiens, accoutumés, au
théâtre, à faire en dix minutes ce qui
prend quinze jours dans la vie, procè-
dent, dans la réalité, parfois comme à
la scène.
M. Thévenard était de ceux-là.
En rentrant fort avant dans la mati-
née à la boutique de miroiterie, M. La-
louette et la dame Berthe-Charlotte
trouvèrent, sous la porte, cet étrange
billet:
« Tout va bien, succès fou! Le prê-
te mier acte est joué. C'était le plus dif-
« ficile, assure mon bon maître Thpve-
« nard; je vous embrasse respectueuse-
« ment en vous disant: A bientôt!
« Votre fille,
« LIQUETTE. »
A cette lecture, le miroitier et sa
femme se demandèrent si Liquette, n'al-
lait pas mal tourner. -.-
Pierre SOUVESTRE.
Nous publierons demain un article da
TRISTAN BERNARD
Faveurs et rubans
Les billets de faveur sont rétablis, ainsi
que l'avaient prédit le Vieux Major et moi.
Il n'y avait, du reste, aucun mérite à faire
une pareille prédiction. On se souvient, en ef-
fet, que la suppression avait été votée à
l'unanimité par les auteurs et les directeurs
de théâtre, et l'on sait qu'un pareil achar-
nement démontre toujours, en France, l'im-
possibilité où l'on se sent d'accomplir une
réforme sérieusement. Cela rappelle, à s'y
méprendre, les menaces de mort proférées
à tout propos, pour les plus minces pres-
criptions de la vie courante, par la Révo-
lution française.
Le billet de faveur ne pouvait mourir,
parce qu'il est absurde et que le théâtre
tout entier, pour sa plus grande gloire, est
basé, comme toute conception artistique,
sur des illusions et des absurdités. Et puis,
supprimer le billet de faveur, c'était, de
gaieté de cœur, renoncer à une admirable
monnaie fiduciaire qui, depuis des années,
fait la fortune des théâtres, et cela eût été,
en somme, aussi peu logique que si la Ban-
que de France eût renoncé, de son plein
gré, au privilège de ses billets.
Sans doute, les billets de faveur, en
France ont-ils un cours moins fixe que les
billets de banque, mais, bien souvent, ils
atteignent une valeur infiniment supérieure.
Ils tont, en effet, partie, dans notre
pays, des décorations et ils n'en sonttpoint
les plus négligeables. A la différence de la
Légion d'honneur ou des palmes académi-
ques, le billet de faveur ne se porte point
à vie; ce n'est qu'une décoration va-
lable pour une soirée; mais, tandis que la
décoration officielle ne suffit pas toujours
à prouver que le monsieur qui la porte est
un homme intelligent ou lettré, le billet de
faveur,^ lui, a toujours cette signification
dans nos mœurs. Tout le monde sait que
celui qui en bénéficie est, forcément, un
ayant-droit, c'est-à-dire un homme qui, par
sa situation intellectuelle ou morale, est
invité d'une façon pressante a bien vouloir
aller au spectacle sans rien payer. On com-
prend, dès lors, que, pour acquérir ce bre-
vet de capacité temporaire, aucun sacrifice
ne soit trop élevé.
C'est ainsi que certaines personnes n'hé-
sitent point à abandonner un demi-million
de commandite à un théâtre pour acquérir,
de iemps à autre, ce Diplôme de Faveur,
pour une place dont la valeur commerciale
n'excède guère cinq ou huit francs. Et, dès
lors, on ne saurait s'étonner de voir que des
gens qui, dans la vie courante, exercent les
métiers les moins littéraires, abandonnent
avec joie une paire de bottes ou un vête-
ment pour bénéficier d'une pareille distinc-
tion.
Les billets de faveur sont les assignats
du monde des théâtres, mais ils sont assu-
rés, eux, de ne jamais baisser de valeur,
car, au lieu de représenter des champs in-
formes et des bois sans prestige, ils as-
surent à leurs possesseurs, vis-à-vis de
leurs concitoyens, pendant une soirée tout
au moins, une place qu'il leur serait diffi-
cile d'acquérir autrement, je veux dire celle
d'un homme d'esprit.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
N
ous avons dit, hier, le départ regretta-
ble de l'Opéra des deux gracieuses
ballerines Ricotti et Lenclud.
Complétons notre information en spéci-
fiant que c'est de leur plein gré qu'elles
quittent notre Académie nationale et que
c'est par une lettre bien sentie et d'un
-geste désinvolte que l'une d'elles, Mlle Ri-
cotti, a fait parvenir le montant de son dé-
dit à la direction de l'Opéra.
L
es corbeaux de Drury-Lane.
Dans le nouveau drame qui fut joué,
hier, à Londres, pour la réouverture du
théâtre de Drury-Lane, devaient figurer des
corbeaux, de' vrais corbeaux vivants et
croassants. ,
Mais, lorsqu'on apporta ces aimables vo-
latiles au théâtre, les ouvriers déclarèrent
qu'ils n'achèveraient pas les travaux tant
que ces sales bêtes, qui portent malheur,
seraient dans la maison.
Le directeur ne voulut tenir aucun
compte de cette réclamation; mais il ne
tarda pas à s'en repentir.
Au' cours de la dernière répétition, dès
qu'on eut apporté les corbeaux sur la scène,
toute une série d'accidents se produisirenr.
Les décors du premier tableau s'effon-
drèrent les uns sur les autres.
Un acteur tomba dans la cage de l'as-
censeur.
Le chef machiniste fut blessé d'une fa-
çon mystérieuse.
Et deux des corbeaux eux-mêmes furent
victimes du mauvais sort qu'ils avaient jeté
sur le théâtre. L'un d'eux, notamment,
plongea dans un seau de chaux et en res-
sortit tout blanc. Si au moins c'eût été un
merle !
En présence de ces funestes présages, le
directeur s'est empressé de résilier l'enga-
gement de ses néfastes pensionnaires.
L
'enfant et le Marocain.
Devant un magasin de chemiserie
de la rue Saint-Lazare, on pouvait voir,
l'autre matin, un homme très grand, à la
barbiche grisonnante, qui, d'un œil curieux,
examinait l'étalage.
A côté, contemplant froufrous et den-
telles, une dame tenait par la main un pe-
tit garçon de cinq à six ans.
— Oh! maman, s'écria soudain le bam-
bin, v'là un Marocain!
Et, du doigt, il désignait Maurice Des-
vallières, le triomphateur d'hier, l'un des
auteurs de Mam'zelle Trompette.
E
t l'on revient toujours.
Comme on a raison de dire que rien
n'est éternel dans le royaume provisoire du
théâtre (formule heureuse !).
Après avoir été le pensionnaire, d'abord
dévoué, puis capricieux, puis fugitif, d'un
très grand directeur, il avait voulu voler de
ses propres ailes. On lui vit faire de très
beaux efforts artistiques que la fortune ne
voulut point favoriser.
A la Bodinière, à Trianon, aux Bouffes-
Parisiens, dans des directions successives,
toujours glorieuses mais peu prospères, il
donna libre, cours à ses instincts d'artiste,
de metteur en scène et de lettré.
L'an dernier, il remporta un éclatant suc-
cès dans La Femme nue. Il devait jouer un
rôle dans Israël, et voici qu'il abandonne le
théâtre Réjane. On annonce, en effet, les
très prochains débuts, à l'Odéon, de M.
Bour. sa rentrée dans la troupe de M. An-
toine.
GRANDES ARTISTES ET PETITS CABOTS
Edna May
c
hoses du pont des Arts.
On a pu lire, l'autre dimanche, dans
le feuilleton de M. Henri de Régnier, une
enthousiaste et juste apologie de M. Fran-
çois de Curel.
Le brillant romancier du Mariage de mi-
nuit, qui fut, on s'en souvient, aux derniè-
res élections académiques, le concurrent
malheureux de notre collaborateur Jean Ri-
chepin, semblait poser officiellement la can-
didature de l'admirable dramaturge du
Repas du Lion et de L'Envers d'une
sainte.
On dit que M. François de Curel est en-
core un peu hésitant.
Cependant, sa candidature, qui rallierait
tous les suffrages, rendrait grand service
aux académiciens, qui balancent. pour des
raisons diverses et souvent étrangères à la
littérature, entre MM. Georges de Portù-
Riche, Alfred Capus et Eugène Brieux.
Puisque nous parlons Académie, il est
amusant et pittoresque de voir comment les
trois concurrents dramatiques — ne par-
lons pas encore de M. François de Curel
— organisent leur campagne.
Il y a deux façons d'entrer à l'Académie
française. Ou bien manifester, au moment
même de l'élection, un chef-d'œuvre; ou
bien ne plus rien faire et vivre sur les
rentes de gloire de succès passés.
M. Alfred Capus a choisi la première
manière. Courageusement, il annonce deux
œuvres nouvelles: l'une au Vaudeville, l'au-
tre chez Lucien Guitry. Il est même amu-
sant d'abserver que L'Oiseau blessé passe-
ra, à la Renaissance, entre L'Emigré, de
l'académicien Paul Bourget, et Les Aven-
tures de Télémaque, de deux académiciens:
Jules Lemaître et Maurice Donnay. C'est
de la bravoure.
M. Georges de Porto-Riche se trouve re-
mis au premier plan de l'actualité avec l'é-
clatante reprise d'Amoureuse au Théâtre-
Français.
Quant à M. Brieux, il préfère la seconde
école; il attend l'élection pour faire annon-
cer une pièce nouvelle. Les programmes,
pourtant si chargés, qu'on publie actuelle-
ment de toutes parts, ne portent, en effet,
pas son nom.
U
n poète.
Ce po'#e, c'est M. Sacha Guitry.
Dans cette ballade, a laquelle il a consacre
son été,, on admirera l'érudition et le souf-
fle poétique du jeune et brillant auteur de
Chez les Zoaques.
BALLADE
pour exalter Emile Bergerat et Edmond Rostand
L'Epivart descend de la Denne;
Le blanvier vers le Seigneur tend
Son aile de bivaradaine!
Tout repose dans Bourbétan.
Que ronfle et goule ta cadaine!
Dansez, femmes, votre bi-temps,
Puisque jamais ne fûtes daines
Pour Bergerat et pour Rostand.
Poètes, frères de Bidaine
Et de Philiope-Albert autant,
Ne pleurez pas sur l'habit d'N.,
Puisque la rosé aime l'Itan,
Puisque toujours, malgré Rodenne
Et le charme de Lévatant,
On chôme de la viradaine
Pour Bergerat et pour Rostand.
Entonnons la faridondaine
Du trouvère et puis de Vothan.
Exultare Deus Bodaine!
Et pour que le fripier d'Ardenne,
Embourvisé plus d'en ditant,
Ne triture la castodenne
Pour Bergerat et pour Rostand.
ENVOI
Prince des muses Aquidaines,
Que bourlingue le truc d'Artan,
Rastécale le vicadenne
Pour Bergerat et pour Rostand.
v
'ers la Ville Eternelle.
La troupe permanente de la ville de
Rome va donner prochainement, au théâtre
Argentina, une adaptation de la Vierge
d'Avila, due au bon poète italien Gino G.
Zuccala.
M. Catulle Mendès, que nul voyage n'ef-
fraie, a promis d'aller assister, à Rome,
à la première représentation.
c
ruelle, cruelle énigme 1 ..;
On se rappelle l'incident qui se pro-
--_:.-
duisit, au mois ae juillet dernier, a la suuo
du concours de violon du Conservatoire.
Le père d'une élève, M. Elwell, mécon-
tent de la récompense — un deuxième ac-
cessit — accordée à sa fille, s'emporta jus-
qu'à frapper le professeur, l'excellent M.
Jules Lefort. L'affaire a reçu sa sanction
en correctionnelle.
Mais voici bientôt la rentrée des classes
au Conservatoire. Or, M.- Jules Lefort ne
peut plus accepter dans sa classe Mlle El-
well ; d'autre part, les trois autres collègues
de M. Jules Lefort au Conservatoire, les
professeurs Rémy, Nadaud et Berthelier,
ont déclaré se solidariser avec leur cama-
rade. Et, cependant, Mlle ElwelL n'est pas;f
responsable du geste de son père.
Voilà un conflit dont la solution ne sera
pas facile. C'est la première fois qu'on
verra, une jeune Elle exiger qu'onJa"mène.;
au violon 1 ma* 4
Le mouchoir.
Un de nos confrères s'étonnait ré-
cemment d'apprendre que Mme Réjane ne
jouait jamais sans « tripoter » fébrilement
un fin mouchoir de batiste. Il disait même
qu'un soir, dans une tournée, la grande ar-
tiste ayant oublié, en entrant en scène, son
inséparable carré de batiste (elle jouait
Madame Sans-Gêne), n'hésita pas à déchi-
rer la dentelle d'une splendide robe de
cour, afin de s'en servir pour son ordinaire
jeu de scène.
Le-mouchoir, en effet, joue très souvent
un rôle au théâtre, soit pour la pièce elle-
même, soit pour l'interprète.
Les dames en abusent et cela ne va pas
sans incommoder parfois leurs partenaires,
car leur mouchoir est, le plus souvent, par-
fumé à l'excès..
Par contre, Polin, Dranem, Claudius,
Max Dearly, Marius, Darius M. et, en gé-
néral, tous les comiques, lui sont redevables
de trouvailles scéniques imprévues.
D'autre part, nombreuses sont les pièces
où le mouchoir « opère » par ordre du
texte. Citons simplement: Le Demi-Monde,
Othello, Tartufe, Ruy Blas, La Dame aux
Camélias, Sapho, Le Crime d' Aix, etc., etc.
c
'est une élégante Parisienne, qui veut
jouir de Paris et de ses plaisirs. Elle
.-
aime indistinctement tout ce qui i amuse,
mais elle songe que, pour bien connaître
Paris, pour se rendre au théâtre en con-
fortable équipage, pour rentrer chez soi,
minuit venu, il est indispensable d'avoir
une automobile.
Celle-ci est une actrice connue déjà ; de-
main, peut-être, elle sera célèbre. Quel en-
nui pour elle d'aller le soir à son théâtre
sans automobile.
Voilà deux clientes certaines pour Lam-
berjack.
Le Masaue de Verre.
HISTOIRES D'HIER ET "D'AUJOURD'HUI
Sarasate est mort
Les premiers succès d'un Violoniste. •== Lauriers et joujoux+
,t. Le Stradivarius de la reine. "'8= Amitiés célèbres.
Une dépêche de Biarritz nous apporte
la brusque nouvelle de la mort de Sarasate.
Il. y a quelques mois à peine, en mai
dernier, Sarasate était encore à Paris, ad-
miré, fêté comme toujours. On remarquait
l'extraordinaire sûreté de son mécanisme,
la souplesse, la délicatesse extrême de son
art, unies à d'exceptionnelles qualités de
son et servies par une âme plus que belle,
grandiose, de très pur artiste.
On s'étonnait de retrouver intact ses dons
naturels à un âge relativement élevé:
soixante-cinq ans. On enviait les pays es-
pagnols qui accaparaient actuellement un
virtuose dont Paris était jaloux.
.tA' PORTRAIT DE SARASATE, par WHISTLER
Ce tableau, que nous reproduisons, se trouva actuellement à l'Institut Carnegie, de Plttsborgf
dont il est une des plus grandes valeurs artistiques. »
Au fait, Paris était un peu la patrie
artistique de Sarasate, si l'Espagne était sa
patrie d'origine. Il avait fait son quartier
général de notre capitale et y avait long-
temps conservé ses meilleures amitiés. Et
puis, n'est-ce pas au Conservatoire de Pa-
ris que le célèbre violoniste avait obtenu
son-premier prix, il y a un peu plus d'un de-
mi-siècle de cela, en 1856?
Sarasate n'avait alors que douze ans et
,,Alard,. son professeur, fut si content de ce
succès,qu'il entraîna l'enfant dans une bou-
tique, le soir même du concours et lui
* paya. une boîte de soldats de plomb.
— Aucun souvenir ne m'est plus pré-
cieux! déclarait, il n'y a pas longtemps, le
grand musicien, qui avait conservé pieuse-
ment ces joujoux d'antan.
Il fit cependant ample moisson de ca-
deaux durant cette carrière exceptionnelle-
ment brillante, dont les étapes, par le mon-
de entier, furent plus glorieuses les unes
que les autres.
Le cadeau de la reine
Il possédait d'innombrables témoignages
d'admiration venant des personnalités les
plus notoires. Celui qui, peut-être, avait
une valeur égale à celle des soldats de
plomb — valeur morale s'entend! — était
un Stradivarius que lui donna — je pourrais
écrire: que lui confia — jadis la reine
Isabelle, grand'mère d'Alphonse XIII. C'é-
tait en 1854: il n'avait, par conséquent, que
dix ans. Il joua à la cour de Madrid, par
ordre, devant la reine Isabelle. Ce fut le
commencement de sa carrière. Pour lui té-
moigner combien elle croyait à son avenir,
la grand'mère d'Alphonse XIII donna au
jeune prodige un Stradivarius qui valait
vingt-cinq mille francs. Plus exactement,
elle ne fit que lui confier cette merveille
du fameux luthier de Crémone, avec condi-
tion qu'à la mort de Sarasate, ce chef-d'œu-
vre retournerait à l'Etat espagnol.
Ce Stradivarius était son fétiche. Pour
ne pas s'en séparer, il en avait fait faire
une petite réduction en argent massif qu'il
portait en breloque. A aucun prix, il n'au-
rait voulu se séparer de ce talisman, et
c'était pour lui, à chaque concert, le porte-
bonheur.
- Je lui dois, se plaisait-il à répéter,
mon premier prix de violon au Conserva-
toire de Paris.
Ce cadeau royal ne fut certainement ja-
mais dépassé, à ses yeux, par les plus
grandes marques honorifiques qui lui furent
décernées. Grand'croix de l'Ordre d'Isa-
belle la Catholique - ce qui lui donnait
droit au titre d'Excellence, — officier de la
Légion d'honneur, il avait également l'Aigiei
rouge de Prusse, l'Aigle blanc de Weimar,!
tous les rubans et toutes les plaques de
tous les pays d'Europe-et d'Amérique; il
était attaché à toutes les académies de mu-
sique. Tant d'honneur n'arrivait pas
corrompre sa modestie. Pour lui, avant tout,!
il était un violoniste, possédant un stradi-
varius.
L'Espagnol
Pablo Sarasate était, d'ailleurs, d'origine
modeste, et ses parents n'étaient jamais
sortis de leur modeste. logement de Paro)
pelune. De leur paisible retraite, ils suij
vaient, par ouï-dire, l'ascension glorieuse deft
leur fils sans en tirer un autre orgueil
qu'une légitime satisfaction ,d'amour-propre«î
Sarasate adorait ses parents. Le trait sui"
vant suffira seul à le prouver: j
Il avait vingt-neuf ans, lorsque, en 1873,
au retour d'une tournée européenne, il vou-
lut faire aux siens la surprise d'une visite.
A cette époque, sévissait, en Espagne, lai
guerre de partis et, précisément aux envi
rons de Pampelune, les carlistes donnaient
la chasse aux troupes républicaines. ,
Sarasate, approchant de la capitale de la
Navarre, laissait tranquillement la bride sun
le cou de sa monture, qui trottait sans in-
quiétude. Tout à coup, les balles sifflent à<
ses oreilles. Ce sont les partisans de Don'
Carlos qui croient voir un ennemi dans cet,
beau cavalier. Pablo leur répond en sifflant
un des airs innombrables qui meublaient sa
mémoire. Cependant, les soldats arrivaient,
la baïonnette en avant. Le jeu devenait
grave. Alors, sans s'émouvoir, Sarasate
donna de l'éperon-et, grâce à la pénombre
du soir qui envahissait les routes, il put
s'échapper. Quelques heures plus tard, il
partageait paisiblement le modeste repas d.dj
ses bons vieux parents, à Pampelune.
Le macaroni de Rossini
Sarasate, d'ailleurs, conservait ces m £[
mes habitudes modestes dans les milieux
où sa popularité lui faisait une atmosphère
de triomphe, à Paris notamment, où il nel
cultivait les amitiés célèbres que si ellegl
étaient sincères.
Parmi les relations qu'il affectionnait lest
plus, était celle de Rossini; ce derrner ibrj
rendait largement cet attachement. 1
Chaque samedi, lorsqu'il se trouvait ài
Paris, Sarasate dînait chez Rossini. Le
compositeur du Barbier de Séville faisait
tout exprès pour son hôte un macaroni SUCJ
culent dont lui seul avait la reesae. <
Quelques mois avant sa mort, le maîtrep
offrit au grand violoniste son portrait, a
bas duquel il écrivit: « Au jeune Sarasate,
un géant de génie (sic), dont la modestie -
doubla le charme. »
Sarasate le pleura longtemps.
"Souviens=tqi d'Haydn !"
Parmi ses autres amis, le virtuose espth i
gnol comptait Meverbeer et Auber..
Auber, principalement, lui portait un inté-*
rêt tout particulier, lui donnant fréquemment
non des conseils de maître, mais des aven*
tissements paternels. Ce fut lui qui, dit-on-
encouragea Sarasate à demeurer célibat
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