Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-09-09
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 septembre 1908 09 septembre 1908
Description : 1908/09/09 (A2,N345). 1908/09/09 (A2,N345).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645999r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2'Année, «N°345 (Quotidien}
Le Numéro : 5 centimes
Mercredi 9 Septembre 1908.
Rédacteur en Chef G. de PAWLOWSKl
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlAzPARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PAPIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA=PARiS
, ABONNEMENTS :
UN AN 6 fVÏOiS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 »
Bredouille
Bouzu n'était pas précisément ce
qu'on appelle un fin fusil, je crois même
que de sa vie il n'avait tiré un lapin.
Cependant, on l'avait rencontré harna-
ché en tueur de lions, carnassière battant
l'échine, étui de cuir pendu à l'épaule,
MOntant dans un train de grande ligne.
Et ce n'était pas du bluff; notre direc-
teur se rendait bel et bien à une invita-
tion de chasse.
Avant d'aller plus loin, sachez que
tous les commanditaires de théâtres, ainsi
que ceux qui désirent le devenir, pos-
sèdent au moins une chasse. Ce leur est
aussi indispensable que la maîtresse pous-
sée vers les planches par une irrésis-
tible vocation. Vous comprendrez main-
tenant de quel gibier Bouzu voulait par-
ler. quand il disait qu'il allait chasser la
grosse bête; et combien lui était inutile
le fusil qu'il avait envoyé chercher par
Alfred chez l'armurier du théâtre.
Sans doute, cette chasse-là est ouverte
toute l'année et il ne manque pas de
gîtes, à Paris, où l'on peut surprendre
l'animal; mais, les terres labourées, les
prés humides, les bois, les coins de bois
surtout, sont particulièrement favorables.
Notre homme le savait bien, qui, au reçu
de l'invitation, avait flairé la curée d'une
forte nièce.
La réunion des fusils avait lieu dans
Un château féodal reconstitué par un ar-
chéologue d'opérette et meublé par un
ébéniste anglais. Ce qui n'empêchait pas
l'actuel seigneur — noblesse d'affaires
- d'offrir, moyennant rétribution, à
l'admiration des touristes ébahis l'au-
thentique petit cheval d'Agnès Sorel.
Le soir, à la veillée d'armes, lorsque
les invités de la série furent assemblés
dans la salle des gardes convertie en fu-
moir, Bouzu chercha les voies et recon-
nut la bête. C'était bien ce qu'il pen-
sait: un boursier de belle taille, dont
l'amie avait brillé au firmament des
music-halls. Sa longue pratique des com-
manditaires lui avait appris que les in-
dividus de cette espèce sont faciles à ap-
procher, se laissent mener comme on
Veut et n'ont pas l'habitude fâcheuse de
demander leur reste. -
A quelques paroles prononcées par le
maître du logis, entre les récits d'ex-
Ploits cynégétiques,il crut remarquer que
l'animal de chasse était de la variété
Il protecteur des arts ». Aussitôt notre di-
recteur se posa en champion du grand
Art. Et c'était merveille de voir avec
quelle conviction le fin limier défendait
les théories contre lesquelles d'habitude
il n'avait pas assez de sarcasmes. Ses
Projets étaient mirobolants : il unissait la
néo-tragédie italienne au lyrisme philo-
sophique allemand, dans un mouvement
anglais, tout en restant bien français; il
rénovait le théâtre, donnait l'expression
d'art que l'on attend, coulait immanqua-
blement tous les confrères, et versait à
Ses actionnaires des dividendes fantas-
tiques. Les invités en restèrent babas.
Si habitués qu'ils fussent aux boniments
ijes lanceurs d'affaires, les paroles affrio-
lantes de Bouzu les avaient conquis. Ce
n'était pas un commanditaire qu:il au-
rait, mais dix ; et l'hôte dut, cette nuit-là,
voir en rêve l'apothéose de sa maîtresse
sur des flots d'or.
Le lendemain, on partit au petit jour
bleu dans la buée fraîche. On avança à
travers champs jusqu'à la lisière des
fourrés et l'on se répartit les postes.
çouzu en choisit un assez isolé, se sou-
ciant fort peu de brûler sa poudre au
gibier de plume ou de poil. Il posa son
arme, s'assit, alluma une vieille pipe et
se livra à de petits calculs de probabili-
tés, tout en regardant les grands arbres
se préciser sur le matin rose puis s'illu-
miner de soleil.
t Une voix, celle du seigneur boursier,
te tira de sa rêverie :
— Hein, monsieur Bouzu, fichez-nous
donc un décor comme celui-là dans vo-
tre théâtre?
L'animal se présentait trop bien pour
fiu'il ne fût pas immédiatement servi:
- Nous ferons beaucoup mieux, dé-
clara le directeur, quand nous aurons le
Nouvel éclairage.
- Ah! oui, l'éclairage, répéta l'hôte
kn riant d'un air narquois; tout est là!
- On m'a offert dix fois plus qu'il
Jje me faut ! répliqua Bouzu dédaigneux,
haussant les épaules.
— Et, comme artistes, avez-vous aus-
ài tout ce que vous désirez?
- Ma troupe, composée des plus
grands noms, est plus que complète!
- C'est dommage!. Je connais une
Jeune artiste qui aurait rudement bien
lait chez vous.
- Si elle n'a pas un nom, je n'en
Veux pas, quand bien même elle me
Prendrait vingt-cinq actions!
— Et si elle vous en prenait cin-
quante?
- Je n'en voudrais pas davantage.
- Si elle en prenait cent?
- On pourrait voir. et encore: non!
- Si elle en prenait.
Un malencontreux lièvre passa. Le
boursier vivement, d'un coup à pleine
charge, l'envoya bouler dans l'herbe.
Des gardes vinrent, on admira l'adresse
pU tireur, et la conversation en resta là.
Ça allait pourtant bien; jamais on n'a-
vait vu commanditaire aussi facile; il
Prenait tout seul!
Les battues se continuèrent monoto-
nes. Bouzu, indifférent, attendait vaine-
ment que sa bête à lui repassât; lors-
que, tout à coup, il se trouva entouré
de chasseurs qui lui crièrent : « A vous !
à vous! » Il n'y avait pas à tergiver-
ser ; il ajusta tant bien que mal un qua-
drupède quelconque, lequel, du reste,
continua son chemin sans se • troubler.
Mais ses deux coups de feu avaient pro-
duit des détonations si piètres, si bi-
garres, que tous se précipitèrent pour
voir si le tireur n'avait pas été blessé
par des ratés.
Il n'en était heureusement rien; et
l'effroi général disparut dans un fou
rire qui gagna le candidat commandi-
taire lui-même. L'armurier du théâtre,
en remettant l'arme au régisseur, avait
tout naturellement livré des munitions
spéciales pour la scène, et personne ne
s'en était aperçu!. Sacré armurier!
sacré Alfred!
Les veneurs ont un genre d'esprit
tout spécial et se plaisent à monter
des scies à leurs compagnons mal-
adroits. Au déjeuner, l'on fit des gorges
chaudes du ridicule incident, grossi dé-
mesurément. Bouzu, que ce rôle n'a-
musait guère, servit de cible aux plaisan-
teries faciles de la tablée. On lui de-
mandait: le numéro de son plomb, la
marque de sa poudre. Etait-ce de la
poudre de riz, d'escampette ou de la
poudre aux yeux? Pourquoi n'avait-il
pas pris, dans son magasin d'accessoi-
res, une arquebuse ou un mousquet?
Ces coups d'épingle dégonflaient peu
à peu le bonhomme. Tout le prestige, si
brillamment conquis la veille, disparais-
sait. Quoi qu'il fît bonne contenance,
Bouzu sentit la partie perdue. Allez
donc parler d'affaires après avoir été la
risée de toute une série d'invités!
Le malheureux chasseur dut se rési-
gner à partir sans connaître jusqu'à
quel nombre d'actions irait la protégée
du boursier. Mais comme ce dernier,
devenu facétieux, lui demandait, en lui
serrant la main, si, par hasard, il n'était
pas membre de la Société protectrice
des animaux, Bouzu répondit non, le
fusillant de ces mots, qui n'étaient pas
ratés :
— Je laisse aux daims le soin de pro-
téger les petites grues!
Jean JULLIÉN.
Nous publierons demain un article de,
HENRY KISTEMAECKERS
Les chefs=d'œuvre en exil
Je ne connais rien de plus lamentable
que les séances que l'on donne, tout l'été,
dans de petites villes d'eaux, et dans les-
quelles on nous présente, en captivité, dé-
naturés et devenus complètement ridicules,
les chefs-d'oeuvre les plus purs que nous
avons coutume de voir représenter l'hiver,
sur nos grandes scènes parisiennes.
Tantôt, ce sont de navrantes chevauchées
xagnériennes qui défilent devant de misé-
rables décors représentant les chutes du
Niagara avec quelques Anglais qui se pen-
chent sur l'abîme, tantôt ce sont les sim-
phonies les plus attachantes du grand ré-
pertoire qui s'égrennent lamentables dans
un bruit de vaisselles remuées, interrom-
pues par les exclamations du croupier qui
opère dans une salle voisine.
Nous avons tous assisté à ces lugubres
représentations. Tandis que, sur la scène,
quelques malheureux s'efforcent d'attirer
l'attention des consommateurs, un brusque
remous se produit autour d'une table où
l'on dîne. L'importante princesse russe
chargée de vérroterie comme un bazar am-
bulant, éclate- bruyamment en reproches
amers.
— Lé gérant Qu'on aille mé chércher
dé suite lé gérant! Dépuis' une heure qué
ié démande un godet de vin et une assiette
proulonde 1 Jé pars dé suite si lé gérant ne
vient pas.
Sur la scène, Marguerite, épouvantée,
cesse de chanter et se relève à demi sur
la paille de son cachot. Méphisto n'en mène
pas large et s'affole à l'idée que la
princesse va peut-être attendre encore une
minute de plus son godet. Que va dire le
patron si la princesse part ? Ce serait une
véritable catastrophe pour tout le monde.
Nerveux et inquiet, le docteur Faust re-
garde anxieusement du côté du buffet, et
l'on sent qu'il va descendre de scène pour
aller chercher lui-même l'assiette proufonde
tant réclamée.
On se croirait sur la côte des Somalis,
en présence de rois nègres inventoriant un
navire naufragé.
Et c'est avec un soulagement infini que
nous rentrons à Paris pour attendre avec
impatience la reprise normale de: la vie
civilisée qui nous est chère.
G. DE PAWLOWSKL
Échos
Ce soir, à neuf heures, à la Scala, Té
pétition générale, à bureaux ouverts, dt
Chanteclairette, opérette de E.-P. Lafargm
et Jean Roby, musique de Willy Redstone
u
a '« châtelaine ».
Il ne s'agit pas de la pièce de M.
Capus, mais de la charmante vaientine
Petit.
Samedi dernier, Marfa Dhervilly s'était
rendue chez elle pour chasser dans son
magnifique domaine de Joinville, quand,
vers quatre heures, le ballon N° 5 de
l'Aéro-Club, piloté par MM. Mix et Waltel
Fish, atterrit sur la pelouse du château.
Lés deux charmantes artistes, lâchant le
fusil pour le guide-rope, aidèrent à l'atter-
rissage, et firent ensuite une ascension dont
elles se montrèrent enchantées.
Le lendemain, la charmante hôtesse lo-
geait dans sa ferme cinquante soldats en
manœuvres.
La voilà bien, la vie de château!
u
ne cassette vient d'être trouvée dans
les ruines d'un château; les bijoux
d'une grande valeur qu'elle contenait - ont
été vendus très cher à Dusausoy, expert,
4, boulevard des Italiens, toujours acheteur
au comptant. -
F
fin de vacances (suite).
Tristan Bernard n'en a plus pour
longtemps à rencontrer, au bord de l'O-
céan, des interlocuteurs comme celui dont
il nous rapportait, hier, avec tant d'esprit
et de finesse, l'amusante conversation. Il
doit, aujourd'hui ou demain, quitter Le Pou-
liguen où, depuis plus de six semaines, il
se repose — en travaillant. Peut-être le
beau temps retiendra-t-il un jour ou deux
le père de L'Anglais tel qu'on le parle,
mais son départ ne saurait plus tarder.
Pour revenir, Tristan Bernard prendra
le chemin de fer. Il fera un petit tour -
qui en sera peut-être un grand. Et nous
ne reverrons sa barbe malicieuse que d'ici
une quinzaine.
u
n délicat hommage.
On a beaucoup parlé, quand il mou-
rut récemment, du délicat poète Louis Le-
gendre, qui vécut trop discrètement et qui,
bien qu'ayant adapté avec succès Beaucoup
de bruit pour rien, passa sa vie en faisant
Peu de bruit pour quelque chose.
Quelques-uns de ses amis, à. la tête des-
quels nous citerons MM. Maurice Donnay,
Fernand Vanderem, Francis Chevassu,
G. Rivollet, etc., ont imaginé de rendre à
ce mort trop modeste un délicat hommage.
Au lieu d'encombrer de son buste quel-
que place publique, ils vont publier au prin-
temps prochain un intelligent recueil de ses
meilleures pages, précédées d'une préface
de l'un d'eux et constituant ainsi le monu-
ment littéraire dû à l'auteur de ce Jean
Darlot joué par Worms au Théâtre-Fran-
çais.
Ne voilà-t-il pas un excellent exemple
à suivre et la meilleure façon de perpétuer
le souvenir d'un écrivain?
NOS ARTISTES
(Reutlinger. phot.)
Mlle Diéterla
s
ous l'habit militaire.
Depuis qu'il a quitté le régiment,
depuis qui ne porte plus le brillant uni-
forme des dragons, M. Jean Guitry semble
destiné aux rôles militaires.
En effet, nous le vîmes dans La Griffe,
sous l'apparence d'un jeune et fringant
Saint-Cyrien, et voici que M. Lucien Gui-
trv éducateur spirituel, estimant que le
régiment ne pouvait être que profitable à
son fils aîné, vient de lui distribuer dans
L'Emigré un rôle d'ordonnance.
M. Jean Guitry, qui n'est acteur qu'à ses
moments perdus, est très fier de cette
importante création, dont on parlera chez
Maxim's. --
L
es joies des vacances. 1
Arrivé hier de Saint-Gervais, ou il
vient d'achever avec M. Maurice Leblanc
un Arsène Lupin, qui sera la plus impor-
tante nouveauté de l'Athénée, l'année pn-
chaine, M. Francis de Croisset repart dès
aujourd'hui pour Biarritz. Il n'aura donc
passé à Paris qu'une seule journée.
Vous ne doutez pas que cette jounSe
n'ait été fort occupée, et vous imaginez
peut-être que l'auteur de Chérubin l'a pas-
sée en visites, en courses, en correspon-
dance et en stations au téléphone.
Détrompez-vous. Il s'est promené l'après-
midi au Jardin d'Acclimatation. Il a lon-
guement admiré les lionceaux, les hama-
dryas, les grues communes, les pélicans,
les gypaètes; il a jeté du pain bis aux bêtes
et donné des gros sous aux agiles petites
négresses de la côte des Somalis.
Mais il reprendra à Biarritz ses occupa-
tions parisiennes.
Les repêchés.
JL~ On sait que plusieurs propositions
récentes de M. Doumergue sont encore
en suspens à la Grande Chancellerie de la
Légion d'honneur.
M. Doumergue ne se décourage pas, et
en attendant la réforme du Conseil de l'Or-
dre proposée par son collègue M. Briand, il
a renvoyé plusieurs dossiers.
Ceux-ci, pourquoi ne pas citer de noms,
sont au nombre de trois. Ils concernent
MM. Gémier, Charles-Henry Hirsch et Gas-
ton Devore.
On peut s'étonner, quand on voit cer-
tains rubans si libéralement distribués, que
la croix soit refusée à un directeur de théâ-
tre qui lutta toujours courageusement pour
les bonnes causes littéraires et nous révéla
des œuvres comme, par exemple, La Vie
Publique, d'Emile Fabre; à un romancier
qui a pris une place considérable parmi
les jeunes écrivains de l'heure présente, et
au noble et sincère auteur de Demi-Sœurs,
de La Conscience de l'Entant et de La
Sacrifiée.
M. le Grand Chancelier est bien sé-
vère.
A
cadémiciens adaptateurs.
L'art, suivant le mot d'un iro-
niste malicieux « a mettre les romans en
pièce », fait chaque jour des progrès ra-
pides.
Voici deux ans, M. Brieux, on s'en sou-
vient, adapta pour le Vaudeville L'Arma-
ture, de M. Paul Hervieu.
Mais cette mode gagne maintenant Jus-
qu'à l'Académie.
Cette année, notre glorieux collaborateur
Jean Richepin adaptera, pour le Vaudeville
encore, le beau roman d'Eugène Demolder,
La Route d'Emeraude.
On sait que Le "Mariage de Télémaque
est tiré par M. Maurice Donnay (en colla-
boration avec M. Jules Lemaître), d'une
C série de chroniques que l'auteur du Pardon
publia dans L'Echo de Paris.
Enfin, on n'ignore pas que M. Paul Bour-
get, jugeant qu'on n'est jamais si bien servi
que par soi-même, a tiré sans le secours
de personne une pièce de son fameux ro-
man L'Emigré. -
L
a vie fiévreuse de la capitale dissocie
> terriblement l'énergie du Parisien,
celle-ci se fortifie il est vrai par l'art du
bien manger dont le Moulin-Rouge-Palace
a, en fait, édicté les lois. La chère de cet
établissement est délicieuse, et sa clientèle
est ce que le Tout-Paris compte de mon-
dains et d'aristocratie cosmopolite.
L
a voiturette la plus simple, la plus élé-
gante, la plus rapide (40 kilom. de
moyenne) et le meilleur marche, est in-
contestablement la voiturette Truffault qui,
jusqu'à fin septembre, sera vendue 2.500
francs bien complète avec carrosserie Vé-
drine, pneus Le Gaulois, changement de vi-
tesse Rozier et moteur Aster 105 x 120 de
9 chevaux à soupapes commandées.
Pour les essais et les commandes, s'a-
E
n décembre dernier on demandait dans
un salon à Mme de Thèbes quel se-
rait en 1908 le parfum préféré de nos mon-
daines? Elle répondit sans hésiter: « ADO-
RÉIS », de Gellé Frères! Or, on sait que la
célèbre devineresse ne se trompe jamais.
c
e n'est pas sans- y avoir mûrement
réfléchi que Lamberjack s'est assuré
pour toute la rrance la représentation
de la grande marque italienne d'automo-
biles Fiat.
Cet avisé Parisien savait bien que la
marque qu'il prenait saurait aussi bien ga-
gner les grandes épreuves automobiles
comme la coupe Florio, que séduire nos
plus jolies artistes, comme celle que nous
représentions ces jours-ci montant dans sa
splendide limousine Fiat.
Le Masque de Verre.
MONOLOCUONS.
Pour Jeanne Bloch.
4 tw A 19"1§ jU
CHRISTINA NILSSON
Les 65 ans d'une reine de l'Opéra
Quelle merveilleuse histoire évoque le
nom de Christina Nilsson!
C'était une petite fille de quatorze ans,
dont les parents, très pauvres, habitaient
un petit village du Smoland, dans le Sud
de la Suède.
CHRISTINA NILSSON
dans le Tôle d'Ophélie, Qu'elle créa à l'Opéra, d'à près .un tableau d'un peintre français au xnuséa
de Stockholm
Ayant appris d'un violoneux de village
à manier l'archet, elle s'en allait, par les
foires, jouer du violon et chanter quelques
airs du pays.
Elle recueillait ainsi de menues mon-
naies qu'elle rapportait, le soir venu, pour
subvenir en partie aux besoins de la fa-
mille.
Un jour, un gouverneur de province re-
marqua l'enfant et fut frappé de ses apti-
tudes musicales.
Avec le consentement des parents, il la
confia à une artiste de Stockholm qui cu-
mulait les talents de peintre et de canta-
trice.
La jeune Christina était si bien douée
et elle profita si rapidement des leçons de
son professeur, qu'au bout de deux ans
elle put chanter dans un concert public.
Elle avait trouvé sa voie, ou sa voix,
comme on voudra; il n'y avait plus qu'à
progresser.
Cinq ans après, la jeune artiste débutait à
Paris, au Théâtre-Lyrique, dans La Tra-
viata.
Et en 1868, elle était à l'Opéra, où elle
créait le rôle d'Ophélie dans l'œuvre d'A.
Thomas.
Une grande cantatrice était née, une de
ces reines de l'opéra, comme il n'en appa-
raît guère que trois ou quatre dans le cours
d'un siècle.
L'Allemagne, l'Autriche, l'Espagne, l'A-
mérique se disputèrent la nouvelle étoile.
Elle connut l'ivresse des triomphes, et
acquit aussi une jolie fortune, que dou-
blèrent ses deux mariages, le premier avec
le banquier Rouzeaud, le second avec le
comte Casa de Miranda.
Le nom de Christina Nilsson ne rappelle
pas grand'chose aux jeunes générations; il
y a près de trente ans qu'elle a quitté la
scène.
Mais ceux qui, jadis, l'entendirent dans
Ophélie, dans Marguerite, dans Mignon,
parlent encore aujourd'hui avec ravisse-
ment de la pureté, de la fermeté, de la lim-
p.idité de sa voix, de son génie dramatique
aussi, qui était exceptionnel, et du charme
de toute sa personne qui donnait l'impres-
sion d'une poétique apparition du Nord.
En Suède, elle est restée extrêmement
populaire.
Séjournant, il y a trois ans, dans cet in-
comparable pays, je ne fus pas peu sur-
pris, en entrant dans presque tous les sa-
Ions, de voir, vis-à-vis, le portrait dL roi
et celui de la cantatrice; on me les; ,
montrait, d'ailleurs, avec une égale fierté.
Je compris qu'Oscar et Christina se par-
tageaient le cœur du peuple suédois.
La célèbre artiste, qui habite Paris i'hi-
ver, ne passe d'ailleurs pas une année ans
retourner dans son pays natal; elle v sé-
journe chaque été deux ou trois mois; elle
s'y trouve en ce moment et vient d'y célé-
brer son soixante-cinquième anniversaire.
Elle a été l'objet de toutes sortes de ma-
nifestations de la part de la population;
elle a reçu une centaine de télégrammes
de toutes les provinces de la Suède et
même de tous les pays du monde; un de
ces messages de félicitations était signé
de S. M. Victoria, la reine actuelle du
royaume de Suède.
Mais je ne serais pas étonné qu'e'ii(;,è.iit
été surtout touchée par la jolie manifes-
tation des enfants des écoles venus lui
chanter en chœur quelques-uns de ces airs
nationaux dans lesquels s'exprime toute la
poésie de l'âme du Nord.
Ainsi continue en beauté sa vie heu-
reuse, favorisée d'une éternelle jeunesse,
comblée de richesses et d'honneurs, Chris-
tina Nilsson, comtesse Casa de Miranda,
celle qui fut l'une des deux ou trois plus
grandes cantatrices du dix-neuvième siècle.
Et c'était une petite fille très pauvre
qui allait par les villages et les foires jouer
du violon et chanter des airs du pays.
Enfants qui, dans quelques jours, allez
entrer au Conservatoire, souvenez-vous de*
Christina Nilsson, et ayez foi en l'ayenir t
tous les espoirs vous sont permis.
P. MÉALY.
Les Mille regrets"
seront=ils éternels ?.
Le foyer du Vaudeville présentait, hier
matin, une animation inaccoutumée —
étant donnée surtout l'heure matinale.
Un certain nombre de messieurs graves
étaient réunis dans ledit foyer et sem-
blaient discuter de choses graves — évi-
demment. C'étaient MM. les directeurs
de théâtre de Paris.
Il y avait là : MM. Porel et Peter Carin,
directeurs du Vaudeville; Fontanes, du
Châtelet; Micheau, des Nouveautés; Al-
phonse Franck, du Gymnase; Duplay, de
Cluny; Rolle, de Déjazet, et Ulmann, ad-
ministrateur du théâtre Sarah-Bernhardt,
représentant la grande artiste, absente de
Paris.
La nouvelle ordonnance de M. Lépine,
« concernant les théâtre" cafés-concerts et
autres spectacles publics », fut, est ';^ i be-
soin de le dire, l'objet de nombreuse ob-
servations. Tout ce qui concerne « U dé-
gagements de la salle » et les « s. mu
contre l'incendie » paraît avoir été untn:-
nement approuvé, ainsi que le classenie' t
des établissements en trois catégorie
La question des billets de faveur fut
alors abordée.
On sait, en effet, que le nouveau traite
qui comporte en même temps que la sup.
pression des billets de faveur, l'établisse-
ment du registre des entrées, doit être mis
en vigueur à dater du premier octobre.
Onze directeurs ont sIgné ce traité -- - des'
deux mains — s'il est permis de s'expri.
mer de la sorte.
Quatre directeurs — ou directrice". -
Le Numéro : 5 centimes
Mercredi 9 Septembre 1908.
Rédacteur en Chef G. de PAWLOWSKl
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlAzPARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PAPIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA=PARiS
, ABONNEMENTS :
UN AN 6 fVÏOiS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 »
Bredouille
Bouzu n'était pas précisément ce
qu'on appelle un fin fusil, je crois même
que de sa vie il n'avait tiré un lapin.
Cependant, on l'avait rencontré harna-
ché en tueur de lions, carnassière battant
l'échine, étui de cuir pendu à l'épaule,
MOntant dans un train de grande ligne.
Et ce n'était pas du bluff; notre direc-
teur se rendait bel et bien à une invita-
tion de chasse.
Avant d'aller plus loin, sachez que
tous les commanditaires de théâtres, ainsi
que ceux qui désirent le devenir, pos-
sèdent au moins une chasse. Ce leur est
aussi indispensable que la maîtresse pous-
sée vers les planches par une irrésis-
tible vocation. Vous comprendrez main-
tenant de quel gibier Bouzu voulait par-
ler. quand il disait qu'il allait chasser la
grosse bête; et combien lui était inutile
le fusil qu'il avait envoyé chercher par
Alfred chez l'armurier du théâtre.
Sans doute, cette chasse-là est ouverte
toute l'année et il ne manque pas de
gîtes, à Paris, où l'on peut surprendre
l'animal; mais, les terres labourées, les
prés humides, les bois, les coins de bois
surtout, sont particulièrement favorables.
Notre homme le savait bien, qui, au reçu
de l'invitation, avait flairé la curée d'une
forte nièce.
La réunion des fusils avait lieu dans
Un château féodal reconstitué par un ar-
chéologue d'opérette et meublé par un
ébéniste anglais. Ce qui n'empêchait pas
l'actuel seigneur — noblesse d'affaires
- d'offrir, moyennant rétribution, à
l'admiration des touristes ébahis l'au-
thentique petit cheval d'Agnès Sorel.
Le soir, à la veillée d'armes, lorsque
les invités de la série furent assemblés
dans la salle des gardes convertie en fu-
moir, Bouzu chercha les voies et recon-
nut la bête. C'était bien ce qu'il pen-
sait: un boursier de belle taille, dont
l'amie avait brillé au firmament des
music-halls. Sa longue pratique des com-
manditaires lui avait appris que les in-
dividus de cette espèce sont faciles à ap-
procher, se laissent mener comme on
Veut et n'ont pas l'habitude fâcheuse de
demander leur reste. -
A quelques paroles prononcées par le
maître du logis, entre les récits d'ex-
Ploits cynégétiques,il crut remarquer que
l'animal de chasse était de la variété
Il protecteur des arts ». Aussitôt notre di-
recteur se posa en champion du grand
Art. Et c'était merveille de voir avec
quelle conviction le fin limier défendait
les théories contre lesquelles d'habitude
il n'avait pas assez de sarcasmes. Ses
Projets étaient mirobolants : il unissait la
néo-tragédie italienne au lyrisme philo-
sophique allemand, dans un mouvement
anglais, tout en restant bien français; il
rénovait le théâtre, donnait l'expression
d'art que l'on attend, coulait immanqua-
blement tous les confrères, et versait à
Ses actionnaires des dividendes fantas-
tiques. Les invités en restèrent babas.
Si habitués qu'ils fussent aux boniments
ijes lanceurs d'affaires, les paroles affrio-
lantes de Bouzu les avaient conquis. Ce
n'était pas un commanditaire qu:il au-
rait, mais dix ; et l'hôte dut, cette nuit-là,
voir en rêve l'apothéose de sa maîtresse
sur des flots d'or.
Le lendemain, on partit au petit jour
bleu dans la buée fraîche. On avança à
travers champs jusqu'à la lisière des
fourrés et l'on se répartit les postes.
çouzu en choisit un assez isolé, se sou-
ciant fort peu de brûler sa poudre au
gibier de plume ou de poil. Il posa son
arme, s'assit, alluma une vieille pipe et
se livra à de petits calculs de probabili-
tés, tout en regardant les grands arbres
se préciser sur le matin rose puis s'illu-
miner de soleil.
t Une voix, celle du seigneur boursier,
te tira de sa rêverie :
— Hein, monsieur Bouzu, fichez-nous
donc un décor comme celui-là dans vo-
tre théâtre?
L'animal se présentait trop bien pour
fiu'il ne fût pas immédiatement servi:
- Nous ferons beaucoup mieux, dé-
clara le directeur, quand nous aurons le
Nouvel éclairage.
- Ah! oui, l'éclairage, répéta l'hôte
kn riant d'un air narquois; tout est là!
- On m'a offert dix fois plus qu'il
Jje me faut ! répliqua Bouzu dédaigneux,
haussant les épaules.
— Et, comme artistes, avez-vous aus-
ài tout ce que vous désirez?
- Ma troupe, composée des plus
grands noms, est plus que complète!
- C'est dommage!. Je connais une
Jeune artiste qui aurait rudement bien
lait chez vous.
- Si elle n'a pas un nom, je n'en
Veux pas, quand bien même elle me
Prendrait vingt-cinq actions!
— Et si elle vous en prenait cin-
quante?
- Je n'en voudrais pas davantage.
- Si elle en prenait cent?
- On pourrait voir. et encore: non!
- Si elle en prenait.
Un malencontreux lièvre passa. Le
boursier vivement, d'un coup à pleine
charge, l'envoya bouler dans l'herbe.
Des gardes vinrent, on admira l'adresse
pU tireur, et la conversation en resta là.
Ça allait pourtant bien; jamais on n'a-
vait vu commanditaire aussi facile; il
Prenait tout seul!
Les battues se continuèrent monoto-
nes. Bouzu, indifférent, attendait vaine-
ment que sa bête à lui repassât; lors-
que, tout à coup, il se trouva entouré
de chasseurs qui lui crièrent : « A vous !
à vous! » Il n'y avait pas à tergiver-
ser ; il ajusta tant bien que mal un qua-
drupède quelconque, lequel, du reste,
continua son chemin sans se • troubler.
Mais ses deux coups de feu avaient pro-
duit des détonations si piètres, si bi-
garres, que tous se précipitèrent pour
voir si le tireur n'avait pas été blessé
par des ratés.
Il n'en était heureusement rien; et
l'effroi général disparut dans un fou
rire qui gagna le candidat commandi-
taire lui-même. L'armurier du théâtre,
en remettant l'arme au régisseur, avait
tout naturellement livré des munitions
spéciales pour la scène, et personne ne
s'en était aperçu!. Sacré armurier!
sacré Alfred!
Les veneurs ont un genre d'esprit
tout spécial et se plaisent à monter
des scies à leurs compagnons mal-
adroits. Au déjeuner, l'on fit des gorges
chaudes du ridicule incident, grossi dé-
mesurément. Bouzu, que ce rôle n'a-
musait guère, servit de cible aux plaisan-
teries faciles de la tablée. On lui de-
mandait: le numéro de son plomb, la
marque de sa poudre. Etait-ce de la
poudre de riz, d'escampette ou de la
poudre aux yeux? Pourquoi n'avait-il
pas pris, dans son magasin d'accessoi-
res, une arquebuse ou un mousquet?
Ces coups d'épingle dégonflaient peu
à peu le bonhomme. Tout le prestige, si
brillamment conquis la veille, disparais-
sait. Quoi qu'il fît bonne contenance,
Bouzu sentit la partie perdue. Allez
donc parler d'affaires après avoir été la
risée de toute une série d'invités!
Le malheureux chasseur dut se rési-
gner à partir sans connaître jusqu'à
quel nombre d'actions irait la protégée
du boursier. Mais comme ce dernier,
devenu facétieux, lui demandait, en lui
serrant la main, si, par hasard, il n'était
pas membre de la Société protectrice
des animaux, Bouzu répondit non, le
fusillant de ces mots, qui n'étaient pas
ratés :
— Je laisse aux daims le soin de pro-
téger les petites grues!
Jean JULLIÉN.
Nous publierons demain un article de,
HENRY KISTEMAECKERS
Les chefs=d'œuvre en exil
Je ne connais rien de plus lamentable
que les séances que l'on donne, tout l'été,
dans de petites villes d'eaux, et dans les-
quelles on nous présente, en captivité, dé-
naturés et devenus complètement ridicules,
les chefs-d'oeuvre les plus purs que nous
avons coutume de voir représenter l'hiver,
sur nos grandes scènes parisiennes.
Tantôt, ce sont de navrantes chevauchées
xagnériennes qui défilent devant de misé-
rables décors représentant les chutes du
Niagara avec quelques Anglais qui se pen-
chent sur l'abîme, tantôt ce sont les sim-
phonies les plus attachantes du grand ré-
pertoire qui s'égrennent lamentables dans
un bruit de vaisselles remuées, interrom-
pues par les exclamations du croupier qui
opère dans une salle voisine.
Nous avons tous assisté à ces lugubres
représentations. Tandis que, sur la scène,
quelques malheureux s'efforcent d'attirer
l'attention des consommateurs, un brusque
remous se produit autour d'une table où
l'on dîne. L'importante princesse russe
chargée de vérroterie comme un bazar am-
bulant, éclate- bruyamment en reproches
amers.
— Lé gérant Qu'on aille mé chércher
dé suite lé gérant! Dépuis' une heure qué
ié démande un godet de vin et une assiette
proulonde 1 Jé pars dé suite si lé gérant ne
vient pas.
Sur la scène, Marguerite, épouvantée,
cesse de chanter et se relève à demi sur
la paille de son cachot. Méphisto n'en mène
pas large et s'affole à l'idée que la
princesse va peut-être attendre encore une
minute de plus son godet. Que va dire le
patron si la princesse part ? Ce serait une
véritable catastrophe pour tout le monde.
Nerveux et inquiet, le docteur Faust re-
garde anxieusement du côté du buffet, et
l'on sent qu'il va descendre de scène pour
aller chercher lui-même l'assiette proufonde
tant réclamée.
On se croirait sur la côte des Somalis,
en présence de rois nègres inventoriant un
navire naufragé.
Et c'est avec un soulagement infini que
nous rentrons à Paris pour attendre avec
impatience la reprise normale de: la vie
civilisée qui nous est chère.
G. DE PAWLOWSKL
Échos
Ce soir, à neuf heures, à la Scala, Té
pétition générale, à bureaux ouverts, dt
Chanteclairette, opérette de E.-P. Lafargm
et Jean Roby, musique de Willy Redstone
u
a '« châtelaine ».
Il ne s'agit pas de la pièce de M.
Capus, mais de la charmante vaientine
Petit.
Samedi dernier, Marfa Dhervilly s'était
rendue chez elle pour chasser dans son
magnifique domaine de Joinville, quand,
vers quatre heures, le ballon N° 5 de
l'Aéro-Club, piloté par MM. Mix et Waltel
Fish, atterrit sur la pelouse du château.
Lés deux charmantes artistes, lâchant le
fusil pour le guide-rope, aidèrent à l'atter-
rissage, et firent ensuite une ascension dont
elles se montrèrent enchantées.
Le lendemain, la charmante hôtesse lo-
geait dans sa ferme cinquante soldats en
manœuvres.
La voilà bien, la vie de château!
u
ne cassette vient d'être trouvée dans
les ruines d'un château; les bijoux
d'une grande valeur qu'elle contenait - ont
été vendus très cher à Dusausoy, expert,
4, boulevard des Italiens, toujours acheteur
au comptant. -
F
fin de vacances (suite).
Tristan Bernard n'en a plus pour
longtemps à rencontrer, au bord de l'O-
céan, des interlocuteurs comme celui dont
il nous rapportait, hier, avec tant d'esprit
et de finesse, l'amusante conversation. Il
doit, aujourd'hui ou demain, quitter Le Pou-
liguen où, depuis plus de six semaines, il
se repose — en travaillant. Peut-être le
beau temps retiendra-t-il un jour ou deux
le père de L'Anglais tel qu'on le parle,
mais son départ ne saurait plus tarder.
Pour revenir, Tristan Bernard prendra
le chemin de fer. Il fera un petit tour -
qui en sera peut-être un grand. Et nous
ne reverrons sa barbe malicieuse que d'ici
une quinzaine.
u
n délicat hommage.
On a beaucoup parlé, quand il mou-
rut récemment, du délicat poète Louis Le-
gendre, qui vécut trop discrètement et qui,
bien qu'ayant adapté avec succès Beaucoup
de bruit pour rien, passa sa vie en faisant
Peu de bruit pour quelque chose.
Quelques-uns de ses amis, à. la tête des-
quels nous citerons MM. Maurice Donnay,
Fernand Vanderem, Francis Chevassu,
G. Rivollet, etc., ont imaginé de rendre à
ce mort trop modeste un délicat hommage.
Au lieu d'encombrer de son buste quel-
que place publique, ils vont publier au prin-
temps prochain un intelligent recueil de ses
meilleures pages, précédées d'une préface
de l'un d'eux et constituant ainsi le monu-
ment littéraire dû à l'auteur de ce Jean
Darlot joué par Worms au Théâtre-Fran-
çais.
Ne voilà-t-il pas un excellent exemple
à suivre et la meilleure façon de perpétuer
le souvenir d'un écrivain?
NOS ARTISTES
(Reutlinger. phot.)
Mlle Diéterla
s
ous l'habit militaire.
Depuis qu'il a quitté le régiment,
depuis qui ne porte plus le brillant uni-
forme des dragons, M. Jean Guitry semble
destiné aux rôles militaires.
En effet, nous le vîmes dans La Griffe,
sous l'apparence d'un jeune et fringant
Saint-Cyrien, et voici que M. Lucien Gui-
trv éducateur spirituel, estimant que le
régiment ne pouvait être que profitable à
son fils aîné, vient de lui distribuer dans
L'Emigré un rôle d'ordonnance.
M. Jean Guitry, qui n'est acteur qu'à ses
moments perdus, est très fier de cette
importante création, dont on parlera chez
Maxim's. --
L
es joies des vacances. 1
Arrivé hier de Saint-Gervais, ou il
vient d'achever avec M. Maurice Leblanc
un Arsène Lupin, qui sera la plus impor-
tante nouveauté de l'Athénée, l'année pn-
chaine, M. Francis de Croisset repart dès
aujourd'hui pour Biarritz. Il n'aura donc
passé à Paris qu'une seule journée.
Vous ne doutez pas que cette jounSe
n'ait été fort occupée, et vous imaginez
peut-être que l'auteur de Chérubin l'a pas-
sée en visites, en courses, en correspon-
dance et en stations au téléphone.
Détrompez-vous. Il s'est promené l'après-
midi au Jardin d'Acclimatation. Il a lon-
guement admiré les lionceaux, les hama-
dryas, les grues communes, les pélicans,
les gypaètes; il a jeté du pain bis aux bêtes
et donné des gros sous aux agiles petites
négresses de la côte des Somalis.
Mais il reprendra à Biarritz ses occupa-
tions parisiennes.
Les repêchés.
JL~ On sait que plusieurs propositions
récentes de M. Doumergue sont encore
en suspens à la Grande Chancellerie de la
Légion d'honneur.
M. Doumergue ne se décourage pas, et
en attendant la réforme du Conseil de l'Or-
dre proposée par son collègue M. Briand, il
a renvoyé plusieurs dossiers.
Ceux-ci, pourquoi ne pas citer de noms,
sont au nombre de trois. Ils concernent
MM. Gémier, Charles-Henry Hirsch et Gas-
ton Devore.
On peut s'étonner, quand on voit cer-
tains rubans si libéralement distribués, que
la croix soit refusée à un directeur de théâ-
tre qui lutta toujours courageusement pour
les bonnes causes littéraires et nous révéla
des œuvres comme, par exemple, La Vie
Publique, d'Emile Fabre; à un romancier
qui a pris une place considérable parmi
les jeunes écrivains de l'heure présente, et
au noble et sincère auteur de Demi-Sœurs,
de La Conscience de l'Entant et de La
Sacrifiée.
M. le Grand Chancelier est bien sé-
vère.
A
cadémiciens adaptateurs.
L'art, suivant le mot d'un iro-
niste malicieux « a mettre les romans en
pièce », fait chaque jour des progrès ra-
pides.
Voici deux ans, M. Brieux, on s'en sou-
vient, adapta pour le Vaudeville L'Arma-
ture, de M. Paul Hervieu.
Mais cette mode gagne maintenant Jus-
qu'à l'Académie.
Cette année, notre glorieux collaborateur
Jean Richepin adaptera, pour le Vaudeville
encore, le beau roman d'Eugène Demolder,
La Route d'Emeraude.
On sait que Le "Mariage de Télémaque
est tiré par M. Maurice Donnay (en colla-
boration avec M. Jules Lemaître), d'une
C série de chroniques que l'auteur du Pardon
publia dans L'Echo de Paris.
Enfin, on n'ignore pas que M. Paul Bour-
get, jugeant qu'on n'est jamais si bien servi
que par soi-même, a tiré sans le secours
de personne une pièce de son fameux ro-
man L'Emigré. -
L
a vie fiévreuse de la capitale dissocie
> terriblement l'énergie du Parisien,
celle-ci se fortifie il est vrai par l'art du
bien manger dont le Moulin-Rouge-Palace
a, en fait, édicté les lois. La chère de cet
établissement est délicieuse, et sa clientèle
est ce que le Tout-Paris compte de mon-
dains et d'aristocratie cosmopolite.
L
a voiturette la plus simple, la plus élé-
gante, la plus rapide (40 kilom. de
moyenne) et le meilleur marche, est in-
contestablement la voiturette Truffault qui,
jusqu'à fin septembre, sera vendue 2.500
francs bien complète avec carrosserie Vé-
drine, pneus Le Gaulois, changement de vi-
tesse Rozier et moteur Aster 105 x 120 de
9 chevaux à soupapes commandées.
Pour les essais et les commandes, s'a-
E
n décembre dernier on demandait dans
un salon à Mme de Thèbes quel se-
rait en 1908 le parfum préféré de nos mon-
daines? Elle répondit sans hésiter: « ADO-
RÉIS », de Gellé Frères! Or, on sait que la
célèbre devineresse ne se trompe jamais.
c
e n'est pas sans- y avoir mûrement
réfléchi que Lamberjack s'est assuré
pour toute la rrance la représentation
de la grande marque italienne d'automo-
biles Fiat.
Cet avisé Parisien savait bien que la
marque qu'il prenait saurait aussi bien ga-
gner les grandes épreuves automobiles
comme la coupe Florio, que séduire nos
plus jolies artistes, comme celle que nous
représentions ces jours-ci montant dans sa
splendide limousine Fiat.
Le Masque de Verre.
MONOLOCUONS.
Pour Jeanne Bloch.
4 tw A 19"1§ jU
CHRISTINA NILSSON
Les 65 ans d'une reine de l'Opéra
Quelle merveilleuse histoire évoque le
nom de Christina Nilsson!
C'était une petite fille de quatorze ans,
dont les parents, très pauvres, habitaient
un petit village du Smoland, dans le Sud
de la Suède.
CHRISTINA NILSSON
dans le Tôle d'Ophélie, Qu'elle créa à l'Opéra, d'à près .un tableau d'un peintre français au xnuséa
de Stockholm
Ayant appris d'un violoneux de village
à manier l'archet, elle s'en allait, par les
foires, jouer du violon et chanter quelques
airs du pays.
Elle recueillait ainsi de menues mon-
naies qu'elle rapportait, le soir venu, pour
subvenir en partie aux besoins de la fa-
mille.
Un jour, un gouverneur de province re-
marqua l'enfant et fut frappé de ses apti-
tudes musicales.
Avec le consentement des parents, il la
confia à une artiste de Stockholm qui cu-
mulait les talents de peintre et de canta-
trice.
La jeune Christina était si bien douée
et elle profita si rapidement des leçons de
son professeur, qu'au bout de deux ans
elle put chanter dans un concert public.
Elle avait trouvé sa voie, ou sa voix,
comme on voudra; il n'y avait plus qu'à
progresser.
Cinq ans après, la jeune artiste débutait à
Paris, au Théâtre-Lyrique, dans La Tra-
viata.
Et en 1868, elle était à l'Opéra, où elle
créait le rôle d'Ophélie dans l'œuvre d'A.
Thomas.
Une grande cantatrice était née, une de
ces reines de l'opéra, comme il n'en appa-
raît guère que trois ou quatre dans le cours
d'un siècle.
L'Allemagne, l'Autriche, l'Espagne, l'A-
mérique se disputèrent la nouvelle étoile.
Elle connut l'ivresse des triomphes, et
acquit aussi une jolie fortune, que dou-
blèrent ses deux mariages, le premier avec
le banquier Rouzeaud, le second avec le
comte Casa de Miranda.
Le nom de Christina Nilsson ne rappelle
pas grand'chose aux jeunes générations; il
y a près de trente ans qu'elle a quitté la
scène.
Mais ceux qui, jadis, l'entendirent dans
Ophélie, dans Marguerite, dans Mignon,
parlent encore aujourd'hui avec ravisse-
ment de la pureté, de la fermeté, de la lim-
p.idité de sa voix, de son génie dramatique
aussi, qui était exceptionnel, et du charme
de toute sa personne qui donnait l'impres-
sion d'une poétique apparition du Nord.
En Suède, elle est restée extrêmement
populaire.
Séjournant, il y a trois ans, dans cet in-
comparable pays, je ne fus pas peu sur-
pris, en entrant dans presque tous les sa-
Ions, de voir, vis-à-vis, le portrait dL roi
et celui de la cantatrice; on me les; ,
montrait, d'ailleurs, avec une égale fierté.
Je compris qu'Oscar et Christina se par-
tageaient le cœur du peuple suédois.
La célèbre artiste, qui habite Paris i'hi-
ver, ne passe d'ailleurs pas une année ans
retourner dans son pays natal; elle v sé-
journe chaque été deux ou trois mois; elle
s'y trouve en ce moment et vient d'y célé-
brer son soixante-cinquième anniversaire.
Elle a été l'objet de toutes sortes de ma-
nifestations de la part de la population;
elle a reçu une centaine de télégrammes
de toutes les provinces de la Suède et
même de tous les pays du monde; un de
ces messages de félicitations était signé
de S. M. Victoria, la reine actuelle du
royaume de Suède.
Mais je ne serais pas étonné qu'e'ii(;,è.iit
été surtout touchée par la jolie manifes-
tation des enfants des écoles venus lui
chanter en chœur quelques-uns de ces airs
nationaux dans lesquels s'exprime toute la
poésie de l'âme du Nord.
Ainsi continue en beauté sa vie heu-
reuse, favorisée d'une éternelle jeunesse,
comblée de richesses et d'honneurs, Chris-
tina Nilsson, comtesse Casa de Miranda,
celle qui fut l'une des deux ou trois plus
grandes cantatrices du dix-neuvième siècle.
Et c'était une petite fille très pauvre
qui allait par les villages et les foires jouer
du violon et chanter des airs du pays.
Enfants qui, dans quelques jours, allez
entrer au Conservatoire, souvenez-vous de*
Christina Nilsson, et ayez foi en l'ayenir t
tous les espoirs vous sont permis.
P. MÉALY.
Les Mille regrets"
seront=ils éternels ?.
Le foyer du Vaudeville présentait, hier
matin, une animation inaccoutumée —
étant donnée surtout l'heure matinale.
Un certain nombre de messieurs graves
étaient réunis dans ledit foyer et sem-
blaient discuter de choses graves — évi-
demment. C'étaient MM. les directeurs
de théâtre de Paris.
Il y avait là : MM. Porel et Peter Carin,
directeurs du Vaudeville; Fontanes, du
Châtelet; Micheau, des Nouveautés; Al-
phonse Franck, du Gymnase; Duplay, de
Cluny; Rolle, de Déjazet, et Ulmann, ad-
ministrateur du théâtre Sarah-Bernhardt,
représentant la grande artiste, absente de
Paris.
La nouvelle ordonnance de M. Lépine,
« concernant les théâtre" cafés-concerts et
autres spectacles publics », fut, est ';^ i be-
soin de le dire, l'objet de nombreuse ob-
servations. Tout ce qui concerne « U dé-
gagements de la salle » et les « s. mu
contre l'incendie » paraît avoir été untn:-
nement approuvé, ainsi que le classenie' t
des établissements en trois catégorie
La question des billets de faveur fut
alors abordée.
On sait, en effet, que le nouveau traite
qui comporte en même temps que la sup.
pression des billets de faveur, l'établisse-
ment du registre des entrées, doit être mis
en vigueur à dater du premier octobre.
Onze directeurs ont sIgné ce traité -- - des'
deux mains — s'il est permis de s'expri.
mer de la sorte.
Quatre directeurs — ou directrice". -
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Auteurs similaires Pawlowski Gaston de Pawlowski Gaston de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Pawlowski Gaston de" or dc.contributor adj "Pawlowski Gaston de")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7645999r/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7645999r/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7645999r/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7645999r/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7645999r
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7645999r
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7645999r/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest