Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-09-03
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 septembre 1908 03 septembre 1908
Description : 1908/09/03 (A2,N338). 1908/09/03 (A2,N338).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76459938
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2eAnnée. ==N®338 (Quotidien)
- Le Numéro : S centimes
n Jeudi 3 Septembre 19Ô8.
COMŒDIA
Rédacteur en Chef: G. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : C0MŒDIA-PARlS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 a
•RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
; ¡ i".
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1 UN AN 6 MOIS
Paris;et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
A LA CAMPAGNE
Une frayeur
On venait de dîner. De la salle à man-
ger fraîche et vaste, quelques chaises
avaient été sorties. Et, devant la maison-
nette on s'était installé, heureux du cal-
me de ce soir de septembre. La nuit arr-
ivait vite. La rue du village était muette
et déjà presque endormie, volets clos.
be loin en loin, attardée, une voiture de
cultivateurs rentrait aussi rapidement
que le voulait le pas long et soutenu des
chevaux conscients de l'heure. Et lors-
que, sur le mauvais pavé, le bruit des
roues s'était à peu près éteint, fondu
dans le silence général, on n'entendait
Plus .que le souffle intermittent de notre
hôte, un vieux garde-chasse qui pour
rien au monde n'eût un soir gagné son lit
Sans s'être payé « un sou de causette, di-
sait-il, avec Lilly» — Lilly, c'était sa pipe.
Grand, large, tout blanc mais donnant
de façon singulière l'impression de la
Puissance, le père Courtois chevauchait
ainsi, tous les jours, à ce même moment,
'a même chaise, et du même geste ins-
tallait ses bras sur le dossier du siège,
Lilly au coin de sa bouche cachée par
l'épaisse moustache jadis brune et victo-
rieuse. Il parlait peu, généralement, sa-
luant le passant pressé d'un incompréhen-
sible:
— B'soir Th'mas.
ou
- Adieu p'tit.
ou
b — F'ra 'cor beau d'main. L' ciel est
On.
.Et reprenant sa rêverie, ponctuée de
crachats lointains dont se mouillait peu
à peu toute une partie du petit trottoir.
Les deux Parisiens, ses pensionnaires,
las d'une journée orageux étaient ve-
nus aussi devant la ~.Le ce soir-là. On
n'y veut plus assez pour lire. Mais la
température était alors délicieuse. On ne
se décidait pas à s'aller coucher.
— N'est-ce pas, monsieur Courtois, il
ferait bon, à présent, se promener du
côté des Arinettes, entre le Moulin et
la route de Grand-Pré.
— Ah ! monsieur, madame, les matins
et les soirs — il n'y a rien de tel. Mais,
en ce moment, vous auriez peur.
-1- Peur?
- Mais oui, je vous le garantis bien.
Au bout de cinq minutes, vous revien-
driez. Vous auriez raison. Rien n'est plus
facile que de se perdre la nuit. Et ce
n'est pas drôle que de ne pas retrouver
sa route, dans le noir épais et inquiétant.
— Ça vous est arrivé?
— Souvent. Mais je suis du pays. Je
m'en tirais toujours.
— Vous n'avez jamais eu peur, alors,
monsieur Courtois?
- Une fois, — si. Il y a. mon Dieu,
11 y a quarante-neuf ans! C'est effrayant.
J'en avais douze ou treize. Et ce fut
dans des circonstances. Quand j'y re-
Pense, je me redis à moi-même: « Mon
vieux Courtois, t'es bien bête. Mais tu
l'as été encore davantage un certain
jour ». C'est une histoire qui est. toute
une histoire, et pas très convenable et
que je ne saurai pas bien raconter de-
vant madame. Mais tout de même, c'est
drolichon. Et puis, cela me reporte si
loin en arrière, à l'époque où j'avais
chaque jour sept kilomètres à faire ma-
tin et soir pour aller à l'école. Mon pau-
vre père tenait beaucoup à ce que nous
soyons » instruits », comme il disait; lui
ne savait pas lire! Je partais les pieds
dans de grosses galoches, un cache-nez
au cou, les poches bourrées de mon dé-
jeuner, quelques livres dans une sorte
de sac que m'avait confectionné la mère,
e?t, retenue par une ficelle pendue à
l'épaule, l'ardoise qui nous servait de
cahier. L'hiver même, chacun apportait
son fagot, pour chauffer la salle.
» Mais c'était l'été, ce jour-là, up été
superbe où les fruits mûrissaient en quel-
ques heures de soleil. Roses le matin, les
cerises étaient d'un rouge magnifique et
attirant quand nous rentrions. Attirant,
?ui, trop attirant ; car pénétrant dans les
jardins, sautant les murs, défiant les-
haies, grimpant dans les arbres, j'avais
fait de mon retour un immense et suc-
culent dessert, si copieux, si copieux
que mes intestins commencèrent bientôt
à m'en reprocher l'excès. Mes camara-
des de débauche rentrant chez eux tour
à tour, selon le hasard de la route et du
lieu de leur ferme, je me trouvai seul
dans une vaste propriété fort éloignée
du domicile de mes parents. Car notre
Tournée des beaux arbres ne pouvait pré-
tendre à constituer le chemin direct de
l'école à la maison.
» 'Quels fruits magnifiques il y avait chez
m'sieu Carindon, un homme bizarre, mi-
Parisien, mi-campagnard; mi-savant, mi-
Inventeur. Sa marotte, c'était de cons-
truire des engins mécaniques pour les
besognes de culture, soit au jardin, soit
aux champs. Il dépensait finalement
beaucoup plus d'argent qu'aux simples
méthodes de tout le monde ; mais il était
fier de parvenir à peu près aux mêmes
résultats par des moyens plus compliqués
où la vapeur, des roues dentées, des res-
sorts. des sifflets, des leviers concou-
raient à remplacer les deux bras d'un
garde ou d'un journalier.
» Jaloux des produits de sa terre, avec
cela, m'sieu Carindon orgueilleusement
aVare de ce qu'il y faisait pousser; du
reste possédant les plus beaux fruits de
tout le canton.
» Mais je ne songeais à rien de tout cela.
Mon imprudente gourmandise m'avait
attiré là. J'y souffrais, étendu sous le ce-
risier qui avait achevé. de m'achever.
Instinctivement, mes mains cachaient en
la tenant la partie endolorie. Et bientôt
la nature, impérieusement, me dicta ce
que je devais, tout de suite, faire. Je me
levai et pus à peine, tant l'urgence était
absolue, gagner en quelques pas rapides
le bord d'un fourré, en face d'un carré
tout particulièrement riche en fruits de
toutes sortes.
» Le front perlant d'une froide sueur,
je commençais à goûter le calme intes-
tinal succédant à une si furieuse tempête ;
je revivais un peu, j'osais regarder va-
guement autour de moi, quand, terreur!
je vis, se dressant avec son lent balan-
cement habituel, un gros serpent, gueule
ouverte.1 L'état débraillé dans lequel je
me trouvais me désignait en proie immé-
diate à la bête terrible. Et à côté du
serpent, un autre à peu près identique
le suivait dans son lever à la fois me-
suré, affecté, inquiétant; et un troisième
imitait les deux autres. Et plusieurs. Et
beaucoup, beaucoup d'autres serpents.
— Toute une colonie?
— Ah! je ne réfléchissais pas. Sans
prendre le temps d'ajuster plus civile-
ment mon incorrecte tenue, oubliant fati-
gue, malaise, douleur, souffrance, je
n'eus qu'une pensée: fuir. Il me fallut
repasser au-dessus du mur, traverser tout
un petit bois, suivre la grande route. Je
fis tout cela en courant comme, je crois,
jamais je n'avais couru — si bien que je
me jetai tête basse dans l'une des vaches
que ramenait Marianne, une petite fille
(elle avait peut-être sept ou huit ans) dont
le père travaillait justement chez M. Ca-
rindon.
— Qu'ec' qu't'a? me demanda Ma-
rianne-
» Je n'étais pas fier. Essouflé, je lui
racontai tout d'une traite et la prévins
de l'épouvantable danger qui la menaçait
dans le jardin du patron de son papa.
Un accès de rire, qui ne s'arrêtait plus,
et qui était franc, et qui était frais —
voilà comme elle me rassura et me con-
sola, d'abord; pour m'expliquer ensuite
que M. Carindon avait posté de nom-
breux faux reptiles, mus automatique-
ment, dans son verger pour en écarter
les rongeurs.
» Ces révélations m'emplissaient de
honte. Marianne eut pitié de moi et voulut
bien me promettre de ne raconter à per-
sonne la mésaventure que je venais de
lui confier.
» Et ce qu'il y a de plus curieux, c'est
qu'elle tint sa parole. -
— Mais Marianne, c'est votre femme?
Vous l'avez épousée?
"- Ah ! non. La ménagère aussi s'ap-
pelle Marianne, mais c'est une autre Ma-
rianne. Il y a beaucoup de Mariannes par
ici.
» Bien sûr, dans une histoire, c'est par
un mariage que tout cela aurait fini. Mais
point. La petite Marianne est établie à
« quéque kilomètes » d'ici. C'est une
vieille, maintenant, qu'a pus de dents et
dont le dos est rond. On se rencontre
encore de temps à autre, les jours de
foire. On est bons copains. On rit parfois
en pensant au truc des serpents. Mais
quand on rit à présent, on ne fait que
sourire. C'est parce que sans doute les
années passées nous donnent à la fois
des envies de pleurer. »
Le garde-chasse, dont la voix était un
peu moins ferme, lança son jet de salive.
Et il y eut de nouveau un long silence.
Jacques MAY.
Limite d'âge
Depuis le jour où j'ai parlé pour la pre-
mière fois ici même du recul possible de
la limite d'âge au Conservatoire, il ne s'est
point passé de semaine sans que l'on m'é-
crive de nombreuses lettres à ce sujet, tou-
jours signées de jeunes personnes que la
question semble intéresser tout particuliè-
rement.
A en juger par les dernières que le re-
çois, il semble même que toute une petite
armée se forme, que Comœdia soutiendra
bien volontiers; et l'on peut espérer qu'avec
l'appui de ces nouvelles suffragettes la vic-
toire sera bientôt un fait accompli.
Au surplus, l'on peut penser d'une jaçon
plus générale que toute campagne entre-
prise en faveur du recul d'une quelconque
limite d'âge sera toujours bien accueillie
dans l'état actuel de la civilisation.
Je ne parle point seulement du recul
d'une certaine limite d'âge qui nous est
commune à tous; une campagne faite en ce
sens serait accueillie, je crois, d'enthou-
siasme par bien des gens qui pensent, avec
certains écrivains, qu'il est une chose plus
terrible encore que d'être enterré vivant:
c'est d'être enterré mort.
Sans aller si loin, il faut bien constater
qu'avec l'extrême complication de la vie
moderne, la durée de l'apprentissage,
quelle que soit la carrière que l'on choisit,
devient chaque jour plus longue. #
La science, qui n'a point- encore trouve
le moyen de prolonger la vie humaine de
cent ou deux cents ans, nous contraint, par
contre, toujours davantage, à prolonger nos
études. Si cela continue, nous verrons un
jour de jeunes collégiens de quatre-vingt-
cinq ans arriver enfin, après soixante-dix
ans d'études, à passer leur baccalauréat, les
proprammes se compliquant singulièrement
avec le temps. Et lorsque l'on mourra sans
avoir commencé sa vie. l'on regrettera peut-
être alors les âges bienheureux où l'on vi-
vait très tranquillement pendant de longues
années sans jamais avoir appris.
G. DE PAWLOWSKI.
De qui était la Ballade
Sous ce titre: « De qui est-elle?. » nous
avons publié une ballade : Ballade Cambogienne,
sur l'atelier d'Edmond Rostand.
, - - (Reutlinger, phot.)
Edmond Rostqnd
L'illustre poète qu'elle célébrait n'a pas eu
grand'peine à deviner que l'auteur de ces vers,
aux rimes prodigieuses, ne pouvait être que no-
tre cher et éminent collaborateur Emile Berge-
rat.
Il a fait plus — et mieux — que de le de-
viner, puisque, avec une bonne grâce exquise, il
nous envoie par courrier, en guise de réponse
— et quelle jolie réponse ! — cette ballade dont
les rimes ne sont pas moins prodigieuses que
celles qui dictèrent au grand poète de Cyrano
les strophes d'une si riche et si heureuse inspi-
ration qu'on lira plus loin.
Une ballade d'Edmond Rostand c'est toujours
un régal de roi. Celle-ci sera particulièrement
goûtée et notre cher ami Bergerat ne sera pas
le seul à être ravi de la jolie pensée de son jeune
et glorieux confrère.
Nous avons reçu également d'autres réponses
dont plusieurs émanent de poètes célèbres, qui
ont également reconnu la manière de M. Emile
Bergerat.
Nous en commencerons, demain, la publica-
tion.
BALLADE
sur une Ballade anonyme
Chacun se demande: « Ah! ça, qui
Traite la Muse, altière sphinge,
Comme un sultan son assaki?
Sur les trous de quelle photinge,
Aux cordes de quelle phorminge
Fit-on qu'un tel arpège erra? » •
Ne vous foulez pas la méninge :
La ballade est de Bergerat.
Aussi vrai que d'Hermès naquit
La lyre, et de Pan la syringe,
Que le Hongrois boit du raki,
Que le Chinois tresse la gingëjr
Qu'il était en écus de singe
Le trésor qu'une Humbert géra,
Et que Mergy tua Comminge,
La ballade est de Bergerat.
Car les loups suivent le droscki ;
Dans l'eau nage le piquitinge;
Les dames portent du kaki ;
Le rossignol chante en Thuringe;
Mais, étonnant notre myringe,
Lui, toujours, il hébergera
La Rime qui dit : « Comment vins-je? »
La ballade est de Bergerat.
ENVOI
Prince, il fait tiède. On bat du linge.
L'œil suit l'air qu'une bergère a.
Tu m'as fait des vers : je me vinge/
La ballade est de Bergerat.
EDMOND ROSTANIJ.
Échos
L
e mariage de M. Broussan.
C'est aujourd'hui qu'aura lieu, à
— - v - 11 'Kit r»
Gif (Seine-et-Uise), le mariage ae m. oruub-
san, un des directeurs de l'Opéra, avec
Mlle Madeleine Lagarde, nièce de M. Pierre
Lagarde.
Les témoins sont, pour le marié : M. Dou-
mergue, ministre de l'Instruction pu-
blique, et M. André Messager ; pour la ma-
riée: M. Guillaume Sabatier et M. Georges
Samary.
La cérémonie civile sera célébrée à la
mairie de Gif, à dix heures et demie; la
cérémonie religieuse, à midi.
Pendant la messe nuptiale, MM. Delmas
et Muratore, de l'Opéra, se feront enten-
dre.
Comœdia présente aux futurs époux ses
meilleurs vœux de bonheur.
u
ne panne d'allumage.
C'est fréquent, sur la route, quand
il s'agit d'un moteur. C'est plus rare en
scène ou dans une salle de théâtre. Le cas
pourtant s'est présenté mardi soir, dans un
grand et bel établissement — subventionné,
s'il vous plaît.
L'orchestre — et là, vous savez, 1 or-
chestre c'est chose importante — s'arrêta
soudain. Il y eut un mouvement d'interro-
gation générale dans la salle. Que se pas-
sait-il? Ceci, tout simplement, que la lu-
mière était supprimée aux exécutants. Et
le chef d'orchestre attendait qu'on voulut
bien la lui rendre.
Ce fut, du reste, l'affaire de vingt se-
condes. Mais, vingt secondes, cela paraît
long. Cinq minutes après, personne, il est
vrai, n'y pensait plus. Et la représentation
d'Aphrodite s'acheva. brillamment, maigre
la brève éclipse oubliée.
1
S
ur quelques perles.
L'affaire du collier d'Emilienne d'A-
lençon a attiré attention publique sur ivime
Arosa, artiste dramatique, et l'on s'est de-
mandé si celle-ci l'avait été réellement.
Nous avons fait des recherches et nous
pouvons répondre: oui. En 1895, Mme Léo-
nie Arosa créait, à la Société « La Rampe »,
un rôle dans Le Supplice d'une épousée,
quatre actes de Michaud d'Humiac. Nous
retrouvons encore son nom dans la distri-
bution des Deux nids, au théâtre Cluny, et,
en 1896, dans celle de La Poudre aux yeux,
de Labiche, à ce charmant Théâtre Blanc
que dirigeait Mme Marie Samary.
On doit éviter toute confusion, d'ailleurs,
avec les artistes hommes du monde que
sont M. et Mme Paul Arosa, vedettes de
la Société d'amateurs « Le Masque ».
M. Paul Arosa, l'auteur de Petit Beurre,
De qui sont-ils? donnait tout récemment à
la Comédie-Royale une importante pièce en
collaboration avec M. Charles Desfontaines,
pseudonyme dont chacun connaît la trans-
parence.
L
e nom.
- M. Guilhem-Puylagarde vient de dé-
outer à la Comedie-rrançaise sous le nom
de Guilhène.
l Il n'est pas le premier artiste qui modifie
soudain son nom, et sans une pressante
nécessité comme Simone ou Paulette II-
liaux. Au Français même, M. Grandval a
pris ce nom après ses débuts. Avant d'y
entrer, Mlle Maille avait été Mlle Melly, et J
Dessonnes avait toujours un pseudonyme
pour jouer à l'Œuvre.
Dorival, après avoir été Donnel au Châ-
telet, a créé Toinet, du Chemineau, sous
le nom de Denel: André Brûlé fut succes-
sivement Bruly et Grésely; Desfontaines
(Odéon) s'est appelé Néret; Caillard (Am-
bigu), Belle; Colas (Antoine), Axel; Ger.
main (Odéon), Saint-Charles; Suzanne Dès-
prés, qui avait débuté sous son nom, fut
Suzanne Auclaire pendant son séjour au
Conservatoire; et nous avons connu, au
Tréteau de Tabarin, un certain Seigneur qui
est devenu. Prince.
u
n joli bijou se vend très facilement et
très cher chez Dusausoy, excert.
4, boulevard des Italiens, qui achète au
comptant. Il vend aussi de belles occasions.
L
e benjamin des pianistes.
» Le plus jeune pianiste du monde est
en ce moment un petit garçon âgé de qua-
tre ans et neuf mois, qui est fils d'un mu-
sicien de Brindisi, M. François Mollena.
Sous la direction de son père, ce jeune
prodige est devenu capable de jouer des
compositions assez difficiles. Les disposi-
tions qu'il montre pour la musique sont
tellement étonnantes que son père a l'inten-
tion de le produire en public.
L
es dates historiques des annales théâ-
trales.
biles sont nombreuses et quelques-unes
marquent (selon la formule) un tournant de
l'histoire. Elles sont toutes dignes d'être re-"
tenues, et cependant beaucoup sont igno-
rées, presque toutes oubliées. Il en est une
cependant qui fait exception, c'est celle du
4 septembre, qui marque la réouverture des
Folies-Bergère. C'est en effet la date la
plus parisienne qu'il soit, celle de la réou-
verture toujours si impatiemment attendue
du premier de nos music-halls, car elle
marque la reprise de la saison théâtrale.
La voiturette la plus simple, la plus élé-
gante, la plus rapide (40 kilom. de
moyenne) et le meilleur marché, est in-
contestablement la voiturette Truffault qui,
jusqu'à fin septembre, sera vendue 2.500
francs bien complète avec carrosserie Vé-
drine, pneus Le Gaulois, changement de vi-
tesse Rozier et moteur Aster 105 x 120 de
9 chevaux à soupapes commandées.
Pour les essais et les commandes, s'a-
dresser au siège social, 24, rue de Pen-
thièvre.
T
-lie loge, telle artiste!
La Maison des Bambous. 33. rue du
Quatre-Septembre, - sait seule créer - pour
nos étoiles l'écrin digne de leur beauté, par
la richesse et l'originalité de son installa-
tion.
Ma voiture, dit celui-ci, est une Re-'
-FV~. nault; il vante son silence. Un au-
tre revendique la puissance des Fiat ou la
jolie mécanique des Zedel. Tous cependant
sont d'accord pour avouer qu'ils ont acheté
leur automobile chez Lamberjack, dont on
sait la sûre clairvoyance.
0
n fait grand tapage autour de mets exo-
tiques qui constitueraient autant de
nouvelles trouvailles de l'art culinaire;
n'exagère-t-on pas quand, après un dîner
au Moulin-Rouge-Palace, il semble bien
qu'on ait goûté aux plats les plus délicieux
et aux vins les plus exquis?
Le Masque de Verre.
Nous publierons demain un article de
FÉLIX GALIPAUX
SAINT-SAÊNS A BÉZIERS
'Botriocéphaîe ,'
^LaCram^ées^crWains^
Pièces en un acte
V , .'> de ',' M. Camille Saint = Saëns
M. Camille. Saint-Saëns a cette rare fortune
qu'une ville lui voue de son vivant le culte dont
on a coutume d'honorer la mémoire des morts
illustres.
Ici, c'est peu qu'aux Arènes;ilipréside.la solen-
nité des grands spectacles à la place centrale et
élevée qui appartient aux directeurs de courses
A LA TERRASSE.
Mlle Madeleine Lyrisse
de taureaux, ou qu'il ait, le privilège - de - pouvoir-,
traverser les fêtes illuminées du soir,' d'un -pas.
menu que le respect de la foule écartée s'efforce
à ne pas retarder, avec la joie d'un cortège que
les plus charmantes et les plus jeunesycomé--
diennes rivalisent de lui composer. , ;
Mais une odorante et vaste avenue, déjà, ; porte
son nom, et on ne célèbre plus que ses mérites
les moins connus. A Béziers, M. ; Camille « Saint-
Saëns c'est plus qu'un auteur dramatique. Puis
il l'est à Béziers seulement, car1 ailleurs ; il se
défend très vivement de l'être, et il" traite - vo-
lontiers d'insouciants délassements littéraires
les productions dramatiques dont, la represen- -
tation n'a lieu qu'au prixd 'ûne:.amicale:insisfan- ;
ce qu'il supporte malaisément.
Et l'autre soir, au théâtre, on-donnait,,-en
l'honneur du maître, Botriocéphaîe et La (Cram-
pe des Ecrivains. :, ,:
Botriocéphale est une bouffonnerie antique, en
vers et -rappelle-- par son sujet c- ¡ Le Baiser«
Pendant lesrépétlùolfedu*Premier Glaive »
fle Banville. C'est l'anecdote d'un 'Faune que
son extrême laideur priva toujours d .'amour, : et
dont la seule heureuse fortune est. d,'offrir son
premier baiser à une Furie métamorphosée ; en
Nymphe pour un instant. ,La ,-farce: est alerte-
ment menée, écrite en vers - faciles, dont quel-
ques-uns assez imprévus : -
BOTRIOCÉPHXLE, à, part. -
.,. Comme sera plus lard Don César-de Bazan,
Soyons hardi ! : :
Elle est vivement enlevée par M. Henri1 Per-
rin, formidable et truculent, et Mlle Kaiser,: qui
M. Camille Saint-SaMis- -.
se révéla aussi adroite comédienne qu'elle se
montra déjà bonne chanteuse.
La Crampe des Ecrivains, d'une heureuse; ve-
nue, met à la scène une femme de iettres qui,
vaincue jpar la fatale eït~~-~ont pâti*$»atles
écrivains, demande à une de ses amies d'écrire
à sa place une phrase d'amour, grâce à qui elle
réconcilie involontairement cette dernière avec
un mari volage. Ce petit acte a été représenté!
avec l'attrait d'une exceptionnelle interprétation.
Le mari, c'était M. Desmares qui, tragédien
d'ordinaire, a joué avec aisance ce rôle légers
Pûis MUe - Madeleine Roch, aimable avec simpîï3
cite ; Mlle Madeleine Barjac, d'une extrême el
viye - fantaisie, adroite, souple et enjouée, ed
Mlle-Madeleine Lyrisse qui a montré, avec la
séduction- de sa grâce jeune et très naturelle, lest
heureuses et intelligentes promesses d'un joli
avenir.
Et M. Camille Saint-Saëns qui, à Paris, se d6.
fend d'être auteur dramatique, passait dans ït;
coulisse à pas menus et aisait, de sa, voix tut7
peu-dure, à'Mlle Madeleine Roch: (t Il est cer-
tain que l'interprète est pour beaucoup dans la
portée sur le public des « tirades » à effet, et que-
c'est bien grâce à vous qu'on a compris ma
phrase : Un mari est encore le meilleur gardien
: dé la » liberté d'une femme ».
FERNAND FAURE.
"Le 'Premier
GlaiVe
e
26 Représentation
Oui! je dirai ce que je pense de Béziers, dût
ma sincérité contrister l'aimable optimisme de
M. Castelbon de Beauxhostes, dût mon opinion
courroucer le patrilotisme local d'une demi-dou-
zaine d'autochtones beaux buveurs, campés le
jour, le soir, la nuit, à la terrasse du.Grand Calé
Glacier.
C'est une ville fort désagréable et qui se s!"
gnale, dès l'abord, par-d'étranges odeurs circu-
lant librement dans le vent où tourbillone sans
répit, une abondante poussière blanchâtre.
On m'avait dit: « Vous verrez le Midi. C'est
une contrée parfumée, où la Nature sourit, apai-
sante,, pure et profonde. » On m'avait promis
une atmosphère lumineuse, se jouant en colora-
tions délicates, bleues, violettes, roses ou do-
rées, sur des végétations inconnues et souve*
raines.
J'ai trouvé des paysages nus, cuits, sans vem
dure; un Rhône pâle et fluet, des villes sales et
un ciel banal.
Et Béziers, surtout, a synthétisé brutalement
pour moi l'aridité insupportable de ces régions
mensongèrement vantées.
Il faut dire que notre séjour ici ne fut guère
divertissant. Nos journées s'écoulèrent en répé-
titions répétées, où le lyrisme de Lucien Népoty
nous offrit des joies un peu monotones, trop
rarement interrompues par la belle symphonie
de M. Henri Rabaud.
C'est vainement que nous luttâmes de toute
notre santé contre l'immense ennui flottant.
Bientôt, toute la troupe fut morne. Le visage
assombri de Paul Mounet, que poursuit le lent
crayon de deux dessinateurs, contraste avec
l'immaculée blancheur de son large vêtement
R*n« Faudiois, vaincu de lassitude.
- Le Numéro : S centimes
n Jeudi 3 Septembre 19Ô8.
COMŒDIA
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Étranger. 40 » 20 »
A LA CAMPAGNE
Une frayeur
On venait de dîner. De la salle à man-
ger fraîche et vaste, quelques chaises
avaient été sorties. Et, devant la maison-
nette on s'était installé, heureux du cal-
me de ce soir de septembre. La nuit arr-
ivait vite. La rue du village était muette
et déjà presque endormie, volets clos.
be loin en loin, attardée, une voiture de
cultivateurs rentrait aussi rapidement
que le voulait le pas long et soutenu des
chevaux conscients de l'heure. Et lors-
que, sur le mauvais pavé, le bruit des
roues s'était à peu près éteint, fondu
dans le silence général, on n'entendait
Plus .que le souffle intermittent de notre
hôte, un vieux garde-chasse qui pour
rien au monde n'eût un soir gagné son lit
Sans s'être payé « un sou de causette, di-
sait-il, avec Lilly» — Lilly, c'était sa pipe.
Grand, large, tout blanc mais donnant
de façon singulière l'impression de la
Puissance, le père Courtois chevauchait
ainsi, tous les jours, à ce même moment,
'a même chaise, et du même geste ins-
tallait ses bras sur le dossier du siège,
Lilly au coin de sa bouche cachée par
l'épaisse moustache jadis brune et victo-
rieuse. Il parlait peu, généralement, sa-
luant le passant pressé d'un incompréhen-
sible:
— B'soir Th'mas.
ou
- Adieu p'tit.
ou
b — F'ra 'cor beau d'main. L' ciel est
On.
.Et reprenant sa rêverie, ponctuée de
crachats lointains dont se mouillait peu
à peu toute une partie du petit trottoir.
Les deux Parisiens, ses pensionnaires,
las d'une journée orageux étaient ve-
nus aussi devant la ~.Le ce soir-là. On
n'y veut plus assez pour lire. Mais la
température était alors délicieuse. On ne
se décidait pas à s'aller coucher.
— N'est-ce pas, monsieur Courtois, il
ferait bon, à présent, se promener du
côté des Arinettes, entre le Moulin et
la route de Grand-Pré.
— Ah ! monsieur, madame, les matins
et les soirs — il n'y a rien de tel. Mais,
en ce moment, vous auriez peur.
-1- Peur?
- Mais oui, je vous le garantis bien.
Au bout de cinq minutes, vous revien-
driez. Vous auriez raison. Rien n'est plus
facile que de se perdre la nuit. Et ce
n'est pas drôle que de ne pas retrouver
sa route, dans le noir épais et inquiétant.
— Ça vous est arrivé?
— Souvent. Mais je suis du pays. Je
m'en tirais toujours.
— Vous n'avez jamais eu peur, alors,
monsieur Courtois?
- Une fois, — si. Il y a. mon Dieu,
11 y a quarante-neuf ans! C'est effrayant.
J'en avais douze ou treize. Et ce fut
dans des circonstances. Quand j'y re-
Pense, je me redis à moi-même: « Mon
vieux Courtois, t'es bien bête. Mais tu
l'as été encore davantage un certain
jour ». C'est une histoire qui est. toute
une histoire, et pas très convenable et
que je ne saurai pas bien raconter de-
vant madame. Mais tout de même, c'est
drolichon. Et puis, cela me reporte si
loin en arrière, à l'époque où j'avais
chaque jour sept kilomètres à faire ma-
tin et soir pour aller à l'école. Mon pau-
vre père tenait beaucoup à ce que nous
soyons » instruits », comme il disait; lui
ne savait pas lire! Je partais les pieds
dans de grosses galoches, un cache-nez
au cou, les poches bourrées de mon dé-
jeuner, quelques livres dans une sorte
de sac que m'avait confectionné la mère,
e?t, retenue par une ficelle pendue à
l'épaule, l'ardoise qui nous servait de
cahier. L'hiver même, chacun apportait
son fagot, pour chauffer la salle.
» Mais c'était l'été, ce jour-là, up été
superbe où les fruits mûrissaient en quel-
ques heures de soleil. Roses le matin, les
cerises étaient d'un rouge magnifique et
attirant quand nous rentrions. Attirant,
?ui, trop attirant ; car pénétrant dans les
jardins, sautant les murs, défiant les-
haies, grimpant dans les arbres, j'avais
fait de mon retour un immense et suc-
culent dessert, si copieux, si copieux
que mes intestins commencèrent bientôt
à m'en reprocher l'excès. Mes camara-
des de débauche rentrant chez eux tour
à tour, selon le hasard de la route et du
lieu de leur ferme, je me trouvai seul
dans une vaste propriété fort éloignée
du domicile de mes parents. Car notre
Tournée des beaux arbres ne pouvait pré-
tendre à constituer le chemin direct de
l'école à la maison.
» 'Quels fruits magnifiques il y avait chez
m'sieu Carindon, un homme bizarre, mi-
Parisien, mi-campagnard; mi-savant, mi-
Inventeur. Sa marotte, c'était de cons-
truire des engins mécaniques pour les
besognes de culture, soit au jardin, soit
aux champs. Il dépensait finalement
beaucoup plus d'argent qu'aux simples
méthodes de tout le monde ; mais il était
fier de parvenir à peu près aux mêmes
résultats par des moyens plus compliqués
où la vapeur, des roues dentées, des res-
sorts. des sifflets, des leviers concou-
raient à remplacer les deux bras d'un
garde ou d'un journalier.
» Jaloux des produits de sa terre, avec
cela, m'sieu Carindon orgueilleusement
aVare de ce qu'il y faisait pousser; du
reste possédant les plus beaux fruits de
tout le canton.
» Mais je ne songeais à rien de tout cela.
Mon imprudente gourmandise m'avait
attiré là. J'y souffrais, étendu sous le ce-
risier qui avait achevé. de m'achever.
Instinctivement, mes mains cachaient en
la tenant la partie endolorie. Et bientôt
la nature, impérieusement, me dicta ce
que je devais, tout de suite, faire. Je me
levai et pus à peine, tant l'urgence était
absolue, gagner en quelques pas rapides
le bord d'un fourré, en face d'un carré
tout particulièrement riche en fruits de
toutes sortes.
» Le front perlant d'une froide sueur,
je commençais à goûter le calme intes-
tinal succédant à une si furieuse tempête ;
je revivais un peu, j'osais regarder va-
guement autour de moi, quand, terreur!
je vis, se dressant avec son lent balan-
cement habituel, un gros serpent, gueule
ouverte.1 L'état débraillé dans lequel je
me trouvais me désignait en proie immé-
diate à la bête terrible. Et à côté du
serpent, un autre à peu près identique
le suivait dans son lever à la fois me-
suré, affecté, inquiétant; et un troisième
imitait les deux autres. Et plusieurs. Et
beaucoup, beaucoup d'autres serpents.
— Toute une colonie?
— Ah! je ne réfléchissais pas. Sans
prendre le temps d'ajuster plus civile-
ment mon incorrecte tenue, oubliant fati-
gue, malaise, douleur, souffrance, je
n'eus qu'une pensée: fuir. Il me fallut
repasser au-dessus du mur, traverser tout
un petit bois, suivre la grande route. Je
fis tout cela en courant comme, je crois,
jamais je n'avais couru — si bien que je
me jetai tête basse dans l'une des vaches
que ramenait Marianne, une petite fille
(elle avait peut-être sept ou huit ans) dont
le père travaillait justement chez M. Ca-
rindon.
— Qu'ec' qu't'a? me demanda Ma-
rianne-
» Je n'étais pas fier. Essouflé, je lui
racontai tout d'une traite et la prévins
de l'épouvantable danger qui la menaçait
dans le jardin du patron de son papa.
Un accès de rire, qui ne s'arrêtait plus,
et qui était franc, et qui était frais —
voilà comme elle me rassura et me con-
sola, d'abord; pour m'expliquer ensuite
que M. Carindon avait posté de nom-
breux faux reptiles, mus automatique-
ment, dans son verger pour en écarter
les rongeurs.
» Ces révélations m'emplissaient de
honte. Marianne eut pitié de moi et voulut
bien me promettre de ne raconter à per-
sonne la mésaventure que je venais de
lui confier.
» Et ce qu'il y a de plus curieux, c'est
qu'elle tint sa parole. -
— Mais Marianne, c'est votre femme?
Vous l'avez épousée?
"- Ah ! non. La ménagère aussi s'ap-
pelle Marianne, mais c'est une autre Ma-
rianne. Il y a beaucoup de Mariannes par
ici.
» Bien sûr, dans une histoire, c'est par
un mariage que tout cela aurait fini. Mais
point. La petite Marianne est établie à
« quéque kilomètes » d'ici. C'est une
vieille, maintenant, qu'a pus de dents et
dont le dos est rond. On se rencontre
encore de temps à autre, les jours de
foire. On est bons copains. On rit parfois
en pensant au truc des serpents. Mais
quand on rit à présent, on ne fait que
sourire. C'est parce que sans doute les
années passées nous donnent à la fois
des envies de pleurer. »
Le garde-chasse, dont la voix était un
peu moins ferme, lança son jet de salive.
Et il y eut de nouveau un long silence.
Jacques MAY.
Limite d'âge
Depuis le jour où j'ai parlé pour la pre-
mière fois ici même du recul possible de
la limite d'âge au Conservatoire, il ne s'est
point passé de semaine sans que l'on m'é-
crive de nombreuses lettres à ce sujet, tou-
jours signées de jeunes personnes que la
question semble intéresser tout particuliè-
rement.
A en juger par les dernières que le re-
çois, il semble même que toute une petite
armée se forme, que Comœdia soutiendra
bien volontiers; et l'on peut espérer qu'avec
l'appui de ces nouvelles suffragettes la vic-
toire sera bientôt un fait accompli.
Au surplus, l'on peut penser d'une jaçon
plus générale que toute campagne entre-
prise en faveur du recul d'une quelconque
limite d'âge sera toujours bien accueillie
dans l'état actuel de la civilisation.
Je ne parle point seulement du recul
d'une certaine limite d'âge qui nous est
commune à tous; une campagne faite en ce
sens serait accueillie, je crois, d'enthou-
siasme par bien des gens qui pensent, avec
certains écrivains, qu'il est une chose plus
terrible encore que d'être enterré vivant:
c'est d'être enterré mort.
Sans aller si loin, il faut bien constater
qu'avec l'extrême complication de la vie
moderne, la durée de l'apprentissage,
quelle que soit la carrière que l'on choisit,
devient chaque jour plus longue. #
La science, qui n'a point- encore trouve
le moyen de prolonger la vie humaine de
cent ou deux cents ans, nous contraint, par
contre, toujours davantage, à prolonger nos
études. Si cela continue, nous verrons un
jour de jeunes collégiens de quatre-vingt-
cinq ans arriver enfin, après soixante-dix
ans d'études, à passer leur baccalauréat, les
proprammes se compliquant singulièrement
avec le temps. Et lorsque l'on mourra sans
avoir commencé sa vie. l'on regrettera peut-
être alors les âges bienheureux où l'on vi-
vait très tranquillement pendant de longues
années sans jamais avoir appris.
G. DE PAWLOWSKI.
De qui était la Ballade
Sous ce titre: « De qui est-elle?. » nous
avons publié une ballade : Ballade Cambogienne,
sur l'atelier d'Edmond Rostand.
, - - (Reutlinger, phot.)
Edmond Rostqnd
L'illustre poète qu'elle célébrait n'a pas eu
grand'peine à deviner que l'auteur de ces vers,
aux rimes prodigieuses, ne pouvait être que no-
tre cher et éminent collaborateur Emile Berge-
rat.
Il a fait plus — et mieux — que de le de-
viner, puisque, avec une bonne grâce exquise, il
nous envoie par courrier, en guise de réponse
— et quelle jolie réponse ! — cette ballade dont
les rimes ne sont pas moins prodigieuses que
celles qui dictèrent au grand poète de Cyrano
les strophes d'une si riche et si heureuse inspi-
ration qu'on lira plus loin.
Une ballade d'Edmond Rostand c'est toujours
un régal de roi. Celle-ci sera particulièrement
goûtée et notre cher ami Bergerat ne sera pas
le seul à être ravi de la jolie pensée de son jeune
et glorieux confrère.
Nous avons reçu également d'autres réponses
dont plusieurs émanent de poètes célèbres, qui
ont également reconnu la manière de M. Emile
Bergerat.
Nous en commencerons, demain, la publica-
tion.
BALLADE
sur une Ballade anonyme
Chacun se demande: « Ah! ça, qui
Traite la Muse, altière sphinge,
Comme un sultan son assaki?
Sur les trous de quelle photinge,
Aux cordes de quelle phorminge
Fit-on qu'un tel arpège erra? » •
Ne vous foulez pas la méninge :
La ballade est de Bergerat.
Aussi vrai que d'Hermès naquit
La lyre, et de Pan la syringe,
Que le Hongrois boit du raki,
Que le Chinois tresse la gingëjr
Qu'il était en écus de singe
Le trésor qu'une Humbert géra,
Et que Mergy tua Comminge,
La ballade est de Bergerat.
Car les loups suivent le droscki ;
Dans l'eau nage le piquitinge;
Les dames portent du kaki ;
Le rossignol chante en Thuringe;
Mais, étonnant notre myringe,
Lui, toujours, il hébergera
La Rime qui dit : « Comment vins-je? »
La ballade est de Bergerat.
ENVOI
Prince, il fait tiède. On bat du linge.
L'œil suit l'air qu'une bergère a.
Tu m'as fait des vers : je me vinge/
La ballade est de Bergerat.
EDMOND ROSTANIJ.
Échos
L
e mariage de M. Broussan.
C'est aujourd'hui qu'aura lieu, à
— - v - 11 'Kit r»
Gif (Seine-et-Uise), le mariage ae m. oruub-
san, un des directeurs de l'Opéra, avec
Mlle Madeleine Lagarde, nièce de M. Pierre
Lagarde.
Les témoins sont, pour le marié : M. Dou-
mergue, ministre de l'Instruction pu-
blique, et M. André Messager ; pour la ma-
riée: M. Guillaume Sabatier et M. Georges
Samary.
La cérémonie civile sera célébrée à la
mairie de Gif, à dix heures et demie; la
cérémonie religieuse, à midi.
Pendant la messe nuptiale, MM. Delmas
et Muratore, de l'Opéra, se feront enten-
dre.
Comœdia présente aux futurs époux ses
meilleurs vœux de bonheur.
u
ne panne d'allumage.
C'est fréquent, sur la route, quand
il s'agit d'un moteur. C'est plus rare en
scène ou dans une salle de théâtre. Le cas
pourtant s'est présenté mardi soir, dans un
grand et bel établissement — subventionné,
s'il vous plaît.
L'orchestre — et là, vous savez, 1 or-
chestre c'est chose importante — s'arrêta
soudain. Il y eut un mouvement d'interro-
gation générale dans la salle. Que se pas-
sait-il? Ceci, tout simplement, que la lu-
mière était supprimée aux exécutants. Et
le chef d'orchestre attendait qu'on voulut
bien la lui rendre.
Ce fut, du reste, l'affaire de vingt se-
condes. Mais, vingt secondes, cela paraît
long. Cinq minutes après, personne, il est
vrai, n'y pensait plus. Et la représentation
d'Aphrodite s'acheva. brillamment, maigre
la brève éclipse oubliée.
1
S
ur quelques perles.
L'affaire du collier d'Emilienne d'A-
lençon a attiré attention publique sur ivime
Arosa, artiste dramatique, et l'on s'est de-
mandé si celle-ci l'avait été réellement.
Nous avons fait des recherches et nous
pouvons répondre: oui. En 1895, Mme Léo-
nie Arosa créait, à la Société « La Rampe »,
un rôle dans Le Supplice d'une épousée,
quatre actes de Michaud d'Humiac. Nous
retrouvons encore son nom dans la distri-
bution des Deux nids, au théâtre Cluny, et,
en 1896, dans celle de La Poudre aux yeux,
de Labiche, à ce charmant Théâtre Blanc
que dirigeait Mme Marie Samary.
On doit éviter toute confusion, d'ailleurs,
avec les artistes hommes du monde que
sont M. et Mme Paul Arosa, vedettes de
la Société d'amateurs « Le Masque ».
M. Paul Arosa, l'auteur de Petit Beurre,
De qui sont-ils? donnait tout récemment à
la Comédie-Royale une importante pièce en
collaboration avec M. Charles Desfontaines,
pseudonyme dont chacun connaît la trans-
parence.
L
e nom.
- M. Guilhem-Puylagarde vient de dé-
outer à la Comedie-rrançaise sous le nom
de Guilhène.
l Il n'est pas le premier artiste qui modifie
soudain son nom, et sans une pressante
nécessité comme Simone ou Paulette II-
liaux. Au Français même, M. Grandval a
pris ce nom après ses débuts. Avant d'y
entrer, Mlle Maille avait été Mlle Melly, et J
Dessonnes avait toujours un pseudonyme
pour jouer à l'Œuvre.
Dorival, après avoir été Donnel au Châ-
telet, a créé Toinet, du Chemineau, sous
le nom de Denel: André Brûlé fut succes-
sivement Bruly et Grésely; Desfontaines
(Odéon) s'est appelé Néret; Caillard (Am-
bigu), Belle; Colas (Antoine), Axel; Ger.
main (Odéon), Saint-Charles; Suzanne Dès-
prés, qui avait débuté sous son nom, fut
Suzanne Auclaire pendant son séjour au
Conservatoire; et nous avons connu, au
Tréteau de Tabarin, un certain Seigneur qui
est devenu. Prince.
u
n joli bijou se vend très facilement et
très cher chez Dusausoy, excert.
4, boulevard des Italiens, qui achète au
comptant. Il vend aussi de belles occasions.
L
e benjamin des pianistes.
» Le plus jeune pianiste du monde est
en ce moment un petit garçon âgé de qua-
tre ans et neuf mois, qui est fils d'un mu-
sicien de Brindisi, M. François Mollena.
Sous la direction de son père, ce jeune
prodige est devenu capable de jouer des
compositions assez difficiles. Les disposi-
tions qu'il montre pour la musique sont
tellement étonnantes que son père a l'inten-
tion de le produire en public.
L
es dates historiques des annales théâ-
trales.
biles sont nombreuses et quelques-unes
marquent (selon la formule) un tournant de
l'histoire. Elles sont toutes dignes d'être re-"
tenues, et cependant beaucoup sont igno-
rées, presque toutes oubliées. Il en est une
cependant qui fait exception, c'est celle du
4 septembre, qui marque la réouverture des
Folies-Bergère. C'est en effet la date la
plus parisienne qu'il soit, celle de la réou-
verture toujours si impatiemment attendue
du premier de nos music-halls, car elle
marque la reprise de la saison théâtrale.
La voiturette la plus simple, la plus élé-
gante, la plus rapide (40 kilom. de
moyenne) et le meilleur marché, est in-
contestablement la voiturette Truffault qui,
jusqu'à fin septembre, sera vendue 2.500
francs bien complète avec carrosserie Vé-
drine, pneus Le Gaulois, changement de vi-
tesse Rozier et moteur Aster 105 x 120 de
9 chevaux à soupapes commandées.
Pour les essais et les commandes, s'a-
dresser au siège social, 24, rue de Pen-
thièvre.
T
-lie loge, telle artiste!
La Maison des Bambous. 33. rue du
Quatre-Septembre, - sait seule créer - pour
nos étoiles l'écrin digne de leur beauté, par
la richesse et l'originalité de son installa-
tion.
Ma voiture, dit celui-ci, est une Re-'
-FV~. nault; il vante son silence. Un au-
tre revendique la puissance des Fiat ou la
jolie mécanique des Zedel. Tous cependant
sont d'accord pour avouer qu'ils ont acheté
leur automobile chez Lamberjack, dont on
sait la sûre clairvoyance.
0
n fait grand tapage autour de mets exo-
tiques qui constitueraient autant de
nouvelles trouvailles de l'art culinaire;
n'exagère-t-on pas quand, après un dîner
au Moulin-Rouge-Palace, il semble bien
qu'on ait goûté aux plats les plus délicieux
et aux vins les plus exquis?
Le Masque de Verre.
Nous publierons demain un article de
FÉLIX GALIPAUX
SAINT-SAÊNS A BÉZIERS
'Botriocéphaîe ,'
^LaCram^ées^crWains^
Pièces en un acte
V , .'> de ',' M. Camille Saint = Saëns
M. Camille. Saint-Saëns a cette rare fortune
qu'une ville lui voue de son vivant le culte dont
on a coutume d'honorer la mémoire des morts
illustres.
Ici, c'est peu qu'aux Arènes;ilipréside.la solen-
nité des grands spectacles à la place centrale et
élevée qui appartient aux directeurs de courses
A LA TERRASSE.
Mlle Madeleine Lyrisse
de taureaux, ou qu'il ait, le privilège - de - pouvoir-,
traverser les fêtes illuminées du soir,' d'un -pas.
menu que le respect de la foule écartée s'efforce
à ne pas retarder, avec la joie d'un cortège que
les plus charmantes et les plus jeunesycomé--
diennes rivalisent de lui composer. , ;
Mais une odorante et vaste avenue, déjà, ; porte
son nom, et on ne célèbre plus que ses mérites
les moins connus. A Béziers, M. ; Camille « Saint-
Saëns c'est plus qu'un auteur dramatique. Puis
il l'est à Béziers seulement, car1 ailleurs ; il se
défend très vivement de l'être, et il" traite - vo-
lontiers d'insouciants délassements littéraires
les productions dramatiques dont, la represen- -
tation n'a lieu qu'au prixd 'ûne:.amicale:insisfan- ;
ce qu'il supporte malaisément.
Et l'autre soir, au théâtre, on-donnait,,-en
l'honneur du maître, Botriocéphaîe et La (Cram-
pe des Ecrivains. :, ,:
Botriocéphale est une bouffonnerie antique, en
vers et -rappelle-- par son sujet c- ¡ Le Baiser«
Pendant lesrépétlùolfedu*Premier Glaive »
fle Banville. C'est l'anecdote d'un 'Faune que
son extrême laideur priva toujours d .'amour, : et
dont la seule heureuse fortune est. d,'offrir son
premier baiser à une Furie métamorphosée ; en
Nymphe pour un instant. ,La ,-farce: est alerte-
ment menée, écrite en vers - faciles, dont quel-
ques-uns assez imprévus : -
BOTRIOCÉPHXLE, à, part. -
.,. Comme sera plus lard Don César-de Bazan,
Soyons hardi ! : :
Elle est vivement enlevée par M. Henri1 Per-
rin, formidable et truculent, et Mlle Kaiser,: qui
M. Camille Saint-SaMis- -.
se révéla aussi adroite comédienne qu'elle se
montra déjà bonne chanteuse.
La Crampe des Ecrivains, d'une heureuse; ve-
nue, met à la scène une femme de iettres qui,
vaincue jpar la fatale eït~~-~ont pâti*$»atles
écrivains, demande à une de ses amies d'écrire
à sa place une phrase d'amour, grâce à qui elle
réconcilie involontairement cette dernière avec
un mari volage. Ce petit acte a été représenté!
avec l'attrait d'une exceptionnelle interprétation.
Le mari, c'était M. Desmares qui, tragédien
d'ordinaire, a joué avec aisance ce rôle légers
Pûis MUe - Madeleine Roch, aimable avec simpîï3
cite ; Mlle Madeleine Barjac, d'une extrême el
viye - fantaisie, adroite, souple et enjouée, ed
Mlle-Madeleine Lyrisse qui a montré, avec la
séduction- de sa grâce jeune et très naturelle, lest
heureuses et intelligentes promesses d'un joli
avenir.
Et M. Camille Saint-Saëns qui, à Paris, se d6.
fend d'être auteur dramatique, passait dans ït;
coulisse à pas menus et aisait, de sa, voix tut7
peu-dure, à'Mlle Madeleine Roch: (t Il est cer-
tain que l'interprète est pour beaucoup dans la
portée sur le public des « tirades » à effet, et que-
c'est bien grâce à vous qu'on a compris ma
phrase : Un mari est encore le meilleur gardien
: dé la » liberté d'une femme ».
FERNAND FAURE.
"Le 'Premier
GlaiVe
e
26 Représentation
Oui! je dirai ce que je pense de Béziers, dût
ma sincérité contrister l'aimable optimisme de
M. Castelbon de Beauxhostes, dût mon opinion
courroucer le patrilotisme local d'une demi-dou-
zaine d'autochtones beaux buveurs, campés le
jour, le soir, la nuit, à la terrasse du.Grand Calé
Glacier.
C'est une ville fort désagréable et qui se s!"
gnale, dès l'abord, par-d'étranges odeurs circu-
lant librement dans le vent où tourbillone sans
répit, une abondante poussière blanchâtre.
On m'avait dit: « Vous verrez le Midi. C'est
une contrée parfumée, où la Nature sourit, apai-
sante,, pure et profonde. » On m'avait promis
une atmosphère lumineuse, se jouant en colora-
tions délicates, bleues, violettes, roses ou do-
rées, sur des végétations inconnues et souve*
raines.
J'ai trouvé des paysages nus, cuits, sans vem
dure; un Rhône pâle et fluet, des villes sales et
un ciel banal.
Et Béziers, surtout, a synthétisé brutalement
pour moi l'aridité insupportable de ces régions
mensongèrement vantées.
Il faut dire que notre séjour ici ne fut guère
divertissant. Nos journées s'écoulèrent en répé-
titions répétées, où le lyrisme de Lucien Népoty
nous offrit des joies un peu monotones, trop
rarement interrompues par la belle symphonie
de M. Henri Rabaud.
C'est vainement que nous luttâmes de toute
notre santé contre l'immense ennui flottant.
Bientôt, toute la troupe fut morne. Le visage
assombri de Paul Mounet, que poursuit le lent
crayon de deux dessinateurs, contraste avec
l'immaculée blancheur de son large vêtement
R*n« Faudiois, vaincu de lassitude.
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