Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-08-29
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 août 1908 29 août 1908
Description : 1908/08/29 (A2,N333). 1908/08/29 (A2,N333).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645988z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2#Année* «N# 333 {.Quotidien j
- -
Le Numéro : 5 centimes
Samedi 29 Août 1908,
Rédacteur en Chef : G. doPA WLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
-97, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA..PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
-=ta- *
TÉLÉPHONE: 288-07
Adresse Télégraphique : C0M(EDlA*FARI$
•« ABONNEMENTS
UN AN 6 r.'O:S
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
La Bonne
Bouteille
Essai sur l'ésotérisme
des choses familières
Cinq ou six compagnons robustes, des
façons, des déménageurs ou des charpen-
1 tiers, pénètrent chez le Bistrot.
Il est quatre heures de l'après-midi, c'est
le moment du casse-croûte cher à tous ceux
Ùont les muscles triment depuis l'aube.
Vers le même instant de la journée, d'au-
tres personnes d'une catégorie sociale dif-
férente lunchent et flirtent dans les teas
rooms ou les garçonnières; à chacun son
genre de plaisir, n'est-ce pas?
Debout près du comptoir en étain, les
ouvriers forment chœur, un groupe de com-
Parses rugueux, de « poteaux » aux vi-
Sages humbles et naïfs. Leurs dos voûtés,
leurs bras ballants, leurs traits tirés disent
leur fatigue.
Pendant quelques minutes, ils restent
; muets, et leurs regards sont vagues.
Sans même qu'il en soit requis, le Bis-
trot, qui connaît sa fonction dans la vie, va
Prendre à la huche un long pain fendu,
et, de retour dans son comptoir, en coupe
et distribue, autant de morceaux qu'il y a
d'assistants.
L'un d'entre eux réclame du « fromgi ».
, - Bon ! approuve le chand de vins ; mais,
a part ça, qu'est-ce que vous prenez; les
« enfants » ?
- Moi! affirme, péremptoire, un « en-
fant » de six pieds, moi, ça sera du vin.
Et vous, les « frangins »?
- Ben, nous aussi, ça s'ra du vin, dé-
pare le chœur; « patron », un kilog!
Toutefois, l'un des gars propose:
- Si qu'on prendrait une bonne bou-
teille?
— Convenu. vas-y, bouffi !
Aussitôt, le « patron » choisit des petits
Verres fins à pied, dits « petits bordeaux »,
et les aligne devant ses clients; car, pour
savourer du « supérieur », il faut des ré-
CIPIents moins grossiers aux lèvres que les
«( canons » ordinaires, qui lui enlèveraient
son bouquet. Puis, il plonge dans la cave
et en remonte peu après, avec précautions,
Une « négresse » poussiéreuse à chéchia
de cire rouge.
Ses manches retroussées découvrent ses
gros bras nus comme ceux d'un sacrifica-
teur rituel ; il place la bête entre ses cuis-
Ses ûjasi qu'un boucher le ferait d'un
Agneau ; il lui enfonce dans la gorge, par-
On! le goulot, l'outil meurtrier, et, d'un
seul coup vigoureux, lui déchire la caro-
tide, j'entends qu'il débouche la « bonne
bouteille ».
T «
Les « entants » ont surveille tous ses
Mouvements, prêts à l'invectiver au cas où
il l'eût trop secouée, car leur respect pour
le Vin est héréditaire et mystique. Mais
Point; le « patron » partage leur culte, et,
aVec la lenteur sérieuse d'un officiant, il
Commence à remplir les « petits bordeaux »,
et le flot pourpre glougloute, vermeil et
translucide comme un Sang surnaturel.
Les verres pleins, un « frangin » invite
te dispensateur: ,
- Et vous, « patron », qu'est-ce que
Vous prenez?
— Ça sera tout comme vous, répond-il.
Et, à son tour, il se verse un doigt du
liquide sacré, avec discrétion: « pour trin-
quer ».
L'instant est grave.
Elevant son verre au-dessus des yeux,
afin qu'on puisse admirer dans la lumière
a beauté et la couleur du Vin, il semble
rendre grâces au Soleil, père des vendanges
jet de toutes choses créées sur la Terre.
j — Regardez-moi ça !
Tous imitent sa libation, et les réponses
s t expriment :
- Oh! c'est du bath, du chenu!.
- Sûr. c'est du nanan!
Alors, solennel comme un ministre du
,Dieu vivant, le Bistrot donne le signal es-
entiel, et, chacun renversant la tête, la
liqueur sublime et mystérieuse coule dans
!les gosiers avides.
¡ Forte lampée. claquements de langues,
: Hence; recueillement prolongée, méditation
•instinctivement religieuse.
; Puis les teints s'empourprent, les visages
,se détendent, les yeux rient, la Joie divine
! règne dans les cœurs. On repose les verres;
Ce petit choc sur le comptoir dissipe l'exta-
se. et des avis se formulent :
- C'est un vrai velours.
; I — Ça r'met 1' palpitant.
- Y a encore que l' jinglet. ça ré-
chauffe.
(i - Ça fait du bien par où qu' ça passe.
y f" - On s'en ferait mourir.
, Bientôt, la chaleur du breuvage pénétrant
es poitrines et montant aux cervelles, frus-
; es, naissent les lazzis et les propos salés;
on s'envoie de grandes claques amicales et
On trempe le Pain dans le Vin, mariant ainsi
les deux substances.
Pas de querelle, de la tendresse frater-
:nelle et de la gaieté entre rudes gaillards,
,entre pauvres diables qui n'imaginent point
ae consolation plus grande.
Assis dans un coin de la salle, j'ai d'a-
bord suivi distraitement cette scène vul-
gaire en apparence et tant de fois observée ;
^ais certaines phrases, certains gestes ont
Pour moi une signification symbolique.
L'Homme n'est-il pas identique à lui-
jïïême à travers l'espace et le temps? La
101 d'évolution, qui n'implique pas l'idée de
Progrès, ne modifie pas ses mouvements
Vjtaux, qui sont en petit nombre et qu'il
recommence chaque jour. Donc, chacun de
-ses gestes ordinaires qui ont pour but de
Perpétuer sa vie retentit dans l'Idéal.
Peu à peu, je suis frappé par l'identité
ee la scène qui se déroule et la cérémonie
eucharistique. J'ai beau vouloir échapper à
ette vision, tyranniquement elle s'impose
"mon esprit, et, malgré moi, j'en découvre
et interprète l'ésotérisme. Les accessoires
Y aident même; tout, jusqu'aux phrases
des protagonistes, dont le sens caché. se
jévoile, m'apparaît sous l'angle chrétien, et
l'en consigne ici l'Exégèse inattendue.
J'assiste à la Messe, à la Communion des
fidèles sous les espèces du Pain et du Vin,
que Notre Seigneur Jésus-Christ a instituée.
« Mangez, ceci est mon Corps; buvez,
ceci est mon Sang. »
Sans oublier la parole :
« Lorsque vous vous réunirez en mon
Nom, en quelque lieu que ce soit, je des-
cendrai parmi vous. »
Ainsi s'avère la Présence du Sauveur
chez le Bistrot, aidée par les substances du
sacrifice, le Pain et le Vin; chez le Bistrot,
au milieu des Pauvres qui l'invoquent in-
consciemment ou non, au milieu des Pau-
vres où il est toujours.
Or, la communion fut instituée par le
divin Maître de Galilée afin de faire régner
l'Amour et la Fraternité entre les Pauvres.
« Aimez-vous les uns, les autres. »
L'Esclavage antique équivaut au Prolé-
tariat moderne. Si Jésus fut le Dieu des
Esclaves, jadis, il est aujourd'hui unique-
ment celui des Salariés, des Locataires, des
Ecrivains honnêtes, des Artistes, et ne peut
à aucun moment passer pour favoriser les
Propriétaires, encore que ces derniers s'en
soient emparés contre toute logique, toute
justice, commettant ainsi la plus révoltante
profanation, le plus étonnant sacrilège.
Jésus n'est autre chose que la cristalli-
sation des souffrances populaires, des tra-
vailleurs, des prolos, de leur désir d'uni-
versel amour tant de fois trahi et bafoué.
Je défie qu'on me prouve le contraire;
tous Jes Pères de l'Eglise, tous les saints
me donnent raison.
Maintenant, le Symbole évangélique est
complet, et je comprends quelque chose au
raccourci du drame chrétien. La simple
dégustation d'une « bonne bouteille » prend
des proportions grandioses. Tout y est d'ail-
leurs, y compris le décor.
Le comptoir devient l'autel et la table
sainte dont s'approchent ceux qui ont faim
et soif d'amour et de paix; la Bouteille of-
ferte est le sacrifice ancien de l'Agneau,
remplacé par l'emblématique hostie, et le
Prêtre ou Sacrificateur, c'est le Bistrot aux
bras nus.
Jésus, mythe solaire, est appelé: l'Agneau,
dans les textes. « Ils ont répandu le sang
de l'Agneau. » Tout homme d'action, tout
prophète qui aime l'espèce, est canonisé
d'ailleurs en mythe solaire par la mémoire
reconnaissante des Hommes.
Pour Jésus, Agneau, ou Agni, ou Igni
sont des vocables sanscrits qui désignent
le Feu. ou le Soleil. Le Soleil étant le
père de la vigne, le Vin se trouve devenir
strictement le Sang du Christ ou de TAstre
dont les bienfaits se répandent sur tous les
hommes, sans distinction de caste.
Reflet du Soleil, Miroir de l'Amour, ô
Jésus !
bt ce symbole du reu se retrouve brode
sur la chasuble du prêtre catholique, car
l'on y voit un Soleil en flammes derrière
une croix; la croix formée des deux bâtons
mémorables par lesquels les Peuples pri-
mitifs ou prétendus tels obtenaient le Feu.
Quant au Pain de froment considéré par
l'Esclave antique comme une friandise, on
sait que c'est la civilisation chrétienne qui
en popularisa l'usage.
Maintenant, je n'interpréterai que quel-
ques paroles ou gestes des ouvriers qui boi-
vent une bonne bouteille pour le déroule-
ment logique de la Similitude.
Inconscients serviteurs du Divin lors-
qu'ils nomment le Bistrot « patron », le-
quel les appelle ses « Enfants », qu'entre
eux ils se qualifient de « frangins » et
qu'enfin ils réclament les indispensables
substances, le Pain et le Vin, il faut en-
tendre la prière de leurs âmes, que révèlent
leurs attitudes, leurs yeux vides, leurs traits
tirés et désespérés.
« Notre Père, nous sommes pauvres
et las.
cc Notre besogne est dure et notre cœur
est amer. Ecoute notre plainte. Nous ac-
ceptons de gagner notre Pain à la sueur de
nos Corps; mais gagner le Pain de ceux
qui nous exploitent, est-ce juste, ô Sei-
gneur?
« Nous sommes tes fils, et frères entre
nous. et nous venons, selon ton invitation
renouvelée au cours des siècles, manger ton
Corps et boire ton Sang, afin de nous ré-
jouir, de nous aimer et reprendre des forces
pour continuer notre labeur et notre vie,
en attendant que, sur la Terre, ton Règne
arrive, le règne du définitif Amour. »
Puis, lorsque, d'un mouvement unique,
ils haussent leurs verres ou calices vers la
lumière et lui rendent grâces, en disant:
« C'est du bath, du chenu, etc. », cet ins-
tant s'appelle l'Elévation, et n'a pas d'autre
nom.
Enfin, j'ai suffisamment indiqué plus haut
l'instant de la Transsubstantiation, ou chan-
gement miraculeux de la Substance du Pain
et du Vin en celle du Corps et du Sang
de Notre Seigneur, lorsque j'ai démontré
sa Présence réelle et continuelle parmi les
Pauvres, fussent-ils réunis autour d'un
comptoir de bistrot.
Après la lampée s'élève de leurs cœurs
réconfortés un hymne reconnaissant qu'ils
traduisent par:
« Ça fait du bien par où qu' ça passe,
etc., etc. »
J'en suis là de mon émerveillement.
Voici la fin de la cérémonie qui corrobore
mon interprétation. Le quart d'heure du
casse-croûte est passé; il faut retourner au
boulot. On achève de vider la bouteille;
chacun tire de son gousset sa part de la
dépense, ce qui constitue l'Offrande; on
trinque une dernière fois:
- A vos santés, les frangins !
- A la tienne, Etienne!
lté Missa est.
La Messe est terminée; ils s'en vont, et,
comme souvent cela se produit, la conver-
sation est tombée sur la Religion ; ils font
profession d'athéisme et déblatèrent contre
les curés.
Jehan RICTUS.
NOUS publierons demain un article de
pEORGES ISTA
Equivalents en poids
Pour tous ceux qui savent observer le
savant équilibre de la nature, il parait évi-
dent que les différences de forme que nous
remarquons entre les choses ne correspon-
dent point à des différences matérielles
aussi considérables.
De même qu'en chimie il faut toujours
que le même poids se retrouve, la nature
se plait à rétablir souvent l'égalité entre
les hommes d'une façon que nous ne soup-
çonnons pas.
C'est ainsi, très évidemment, qu'un fou
et un homme de génie doivent dépenser
une somme à peu près équivalente d'acti
vité dans la même journée, et que la vie
d'un homme d'affaires et celle d'un rêveur
entraînent le même effort dirigé l'un en
surface et l'autre en profondeur. La quan-
tité est toujours la même, la qualité seule
diffère, et c'est ce point qui nous importe
en matière d'art.
Lorsque l'on voyage sur de hauts som-
mets, à l'endroit où la végétation cesse sous
un climat trop rude, on constate que les
branches de sapins qui s'écrasent sur le
sol sont supportées par un tronc tout aussi
considérable que ceux de la vallée; seule-
ment, ce tronc est replié sur lui-même,
noué de mille façons, et l'on a peine à re-
connaître dans cet enchevêtrement la tige
élancée que l'on est habitué à considérer.
Il en va de même en art dramatique, et
c'est là ce qui explique l'insuccès, incom-
préhensible pour leur auteur, de certaines
pièces. Toutes les qualités s'y trouvent réu-
nies; elles sont émaillées d'innombrables
mots d'esprit, de scènes ingénieuses, de vé-
ritables trouvailles; elles contiennent tout
autant de talent qu'une pièce à succès, et
cependant leur échec est lamentable.
C'est qu'ici, comme partout, si l'effort
fut le même, la forme diffère, et les mêmes
idées qui, présentées autrement, eussent
été géniales, ne deviennent plus qu'incolo-
res et lamentables. Elles sont égales en
poids, mais elles diffèrent par ce je ne sais
quoi d'impondérable qui échappe aux ba-
lances des savants et que seuls les vérita-
bles artistes peuvent saisir.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
D
ames seules.
Dans le wagon réservé aux artistes
qui, l'autre jour, quittaient Paris pour Bé-
ziers, un compartiment restait obstinément
clos. Il portait l'inscription: Dames seules*
Mais toutes les femmes qui, fort natu-
rellement, se dirigeaient vers lui, s'en re-
tournaient dès l'accès et envahissaient les
autres compartiments.
Un contrôleur, intrigué, en secoua la
porte. Une voix s'éleva, formidable et rude,
nullement féminine. Et, lorsque la porte
s'ouvrit, l'agent de la Compagnie aperçut,
seul, paisiblement installé sur les banquet-
tes, Paul Mounet, qu'il venait de troubler
dans son sommeil.
u
ne interprétation nouvelle.
On sait qu'il sera donné à Béziers
une représentation consacrée aux œuvres
dramatiques de Saint-Saëns. Il est curieux
de remarquer que ces comédies seront ex-
clusivement jouées par des tragédiens. C'est
ainsi que la Crampe des Ecrivains, un acte
de la plus vive fantaisie, aura pour inter-
prètes Mlles Madeleine Roch, Madeleine Bar-
jac et Madeleine Lyrisse, et M. Desmares.
Mais on entendra mieux encore, et quel-
ques privilégiés assisteront à une représen-
tation de La Cagnotte, jouée par les tragé-
diens Henri Perrin, Teste, Desmares et
Mlles Morsenn et Norma, tous interprètes
du Premier Glaive. Cette originale distri-
bution ne manquera pas de provoquer des
effets que Labiche sans doute n'avait pas
prévus.
0
ù ne vont-ils pas?
-- Au bord de l'Océan, dans un petit
port éloigné, du Finistère, une jeune femme
élégante, à l'allure audacieuse, se promène
mélancoliquement au milieu d'une foule aux
costumes étranges.
Tout à coup, elle pousse une exclama-
tion d'étonnement à la vue d'un monstre
marin qui évolue dans le port. Et Mlle Irène
Peçny, disparue au firmament parisien, re-
connaît, au hasard d'une villégiature, son
camarade Rousseau, des Folies-Dramati-
ques, qui se livre à l'un de ses passe-temps
favoris devant les habitants de Guilvinec.
c
orrespondance.
De Mlle Armande Cassive. ce char-
mant billet :
Cher monsieur,
Je vous serais obligée de me faire envoyer
Comœdia, 3, place d'Iéna. Malgré le charme de
ma propriété à Vaucresson, je ne nuis me pas-
ser de mon cher Paris.
Et comme il pleut, je m'empresse d'y ren-
trer, ce qui ne m'empêchera pas, quand il fera
beau, de venir ici prendre l'air. Si cela peut
intéresser le public, voulez-vous, je vous prie,
annoncer que je reprends Amélie aux Nouveau-
tés, le 16 courant, en attendant ma création
d'une pièce de Feydeau à la Comédie-Royale.
Je vous présente, monsieur, mes remercie-
ments et mes salutations.
A. CASSIVE.
Jeudi. Vaucresson.
L
es femmes aiment le changement,
quand un bijou a cessé de leur plaire,
elles le vendent à Dusausoy, 4, boulevard
des Italiens, qui en donne toujours le maxi-
mum.
Grand choix d'occasions.
A
propos de Chiquito.
Nous croyons savoir que la nou-
velle pièce, Chiquito, que doit monter, au
cours de la saison prochaine, M. Albert
Carré, à l'Opéra-Comique, suscite déjà ds
sérieux ennuis à ses auteurs, MM. Jean
Nouguès et Henri Cain. -
Comme Ramuntcho, de triste mémoire,
les diverses scènes de Chiquito se dérou-
lent en effet en plein pays basque. Le mu-
sicien qui, si nous sommes bien renseigné!-
est d'origine bordelaise et a souvent eu
l'occasion de visiter le Midi de la France,
connaît admirablement les mœurs des pelo-
tari. Seulement, il y a MM. Gabriel Pierné,
auteur de la musique, et P. Loti, auteur du
livret de Ramuntcho. Ceux-ci, paraît-il,
ne voudraient voir dans la pièce de M. Nou-
guès qu'une simple contrefaçon de la leur.
et M. Pierre Loti réclamerait des droits
d'auteur que M. J. Nouguès serait, d'ail-
leurs, assez disposé à lui accorder.
Espérons que tout s'arrangera et que
nous pourrons applaudir, sous peu, l'œuvre
du distingué compositeur et du remarqua-
ble librettiste.
p
asse-temps d'été.
L'autre jour, dans un hôtel de Ca-
bourg, un petit groupe savouraif*une joie
complète. Il y avait là: Nozière, Bernstein,
Lucy Gérard, Marcel Proust, le marquis de
Biron et Sigismond Bardac. Le sujet de
leur gaieté était bien simple; l'auteur de
La Rafale, avec une verve remarquable et
l'esprit direct qu'on lui connaît, racontait à
ses amis des histoires. sémites.
Qui sait si ce n'est pas là comme un avant-
goût d'Israël, la prochaine pièce de Henri
Bernstein, qui, avant d'être jouée, fait déjà
beaucoup parler d'elle.
CAMPOCASSO
La mort, depuis quelques jours, atteint métho-
diquement les savants et les artistes. Des figures
disparaissent, qu'on aimait, et qui seront riches
en souvenirs pour ceux qui, dans Paris, ne con-
sentent pas aisément à l'oubli. De ces figures,
Campocasso est la dernière en date. On a rap-
pelé hier la @ carriez? de cet ami des artistes, de
ce passionné de la scène, on l'a salué trop judi-
cieusement pour que je me trouve le droit et le
devoir d'y revenir. Je voudrais dire seulement
que Campocasso fut, avant tout, un caractère. Il
prit l'initiative du premier théâtre lyrique popu-
laire,et ceci ne doit point être oublié! Il se soucia
toujours infiniment plus de la belle présentation
d'une œuvre que de son intérêt personnel. Il
prévit et tenta beaucoup de choses dont d'autres
n'ont depuis recueilli les bénéfices qu'à cause
des risques qu'il avait assumés. C'était un hom-
me de l'ancienne génération, un de ces hommes
encore frémissants des derniers échos du roman-
tisme, un de ces oseurs honnêtes, comme Pas-
deloup, par exemple, dont le type s'est perdu, et
qui étaient fous d'art, confiants jusqu'à la té-
mérité dans la compréhension et la reconnaissan-
ce des foules, insoucieux d'eux-mêmes, braves,
spirituels, naïfs, et pleins d'énergie: tels, enfin,
qu'après les avoir plaisantés, on les regrette et
on éprouve douloureusement leur disparition
chaque fois qu'on voit traiter l'art comme une
affaire.
Cette, ingénuité enthousiaste, cette généreuse
propulsion à l'illusion furent les traits distinc-
tifs de ce dernier survivant des directeurs du
second romantisme. Il faut y ajouter celui-ci,
qu'on m. ikik pas. mtèst-q&i. çsi te slm vrai! Cet
homme, incapable de se plier aux intrigues, était
profondément bon. Nul n'a plus spontanément
rendu service. Le nombre des artistes qu'il obli-
gea est infini: ceux-là n'oublieront ni les faits, ni
la façon élevée et charmante dont Campocasso
savait les présenter, coupant court à la grati-
tude avec une brusquerie cordiale. Toute sa vie
fiévreuse, pleine de projets intelligents, de ten-
tatives qu'on a su retenir, toute sa vie de boule-
vardier brillant et de travailleur acharné était, si
je puis dire, doublée par des actes de bonté ac-
complis par passion d'obliger. Cela est encore
plus rare qu'on n'ose en convenir, même dans ce
monde théâtral où on sait ce que doivent être
l'entr'aide et le cœur. C'est pourquoi Campo-
casso ne saurait disparaître tout entier: il fera
partie de l'histoire d'une génération où il a
compté, et qui fut belle.
CAMILLE MAUCLAIR.
0
n rentre à Paris. Toutes les routes
sont sillonnées d'autos; ce sont ce-
pendant les voitures Bayard qui sont en
majorité, et ces excellentes machines vont
faire en ville le même et bon service qu'en
tourisme.
E
n villégiature.
Sur la scène, au milieu des ba-
layeurs, des machinistes, dans la poussière
matinale d'un lendemain de représentation,
vêtu d'un modeste complet jaquette gris,
face rasée, un individu mesure la scène
avec sa canne et en commente les dimen-
sions et les qualités avec quelques amis.
Quel est cet inconnu, arrivé à l'instant
de Dieppe en auto? Quelque touriste cu-
rieux et indiscret? Pas du tout. C'est notre
grand Coquelin qui, même en villégiature,
pense à ses vieux artistes et vient se docu-
menter pour la construction du nouveau
théâtre de Pont-aux-Dames. Et comme on
lui présente quelques comédiens, membres
de la Société des Artistes, finement il leur
répond: « Vous avez raison, messieurs, ça
commence à devenir une bonne maison: »
Grâce à qui, monsieur Coquelin?
L
a voiturette la plus simple, la plus élé-
- gante, la plus rapide (40 kilom. de
moyenne; et le meilleur marché, est in-
contestablement la voiturette Truffault qui,
jusqu'à fin septembre, sera vendue 2.500
francs bien. complète avec carrosserie Vé-
drine, pneus Le Gaulois, changement de vi-
tesse Rozier et moteur Aster 105 x 120 de
9 chevaux à soupapes commandées.
Pour les essais et les, commandes, s'a-
dresser au siège social, 24, rue de Pen-
thièvre.
thièvre. Le Masque de Verre.
Une lettre
de M. Bernstein
Mon cher confrère,
Un journal hebdomadaire a révélé à ses lec-
teurs le prétendu sujet de ma prochaine pièce:
Israël.
Aussitôt et déjà trois quotidiens ont publié
des articles de tendances différentes, mais de
violence égale.
, Cet empressement à polémiquer me flatte in-
finiment ; mais je me dois de prévenir public et
journalistes que le sujet raconté est dû à l'ima-
gination d'un rédacteur à court de copie et ne
ressemble en aucune sorte à celui de ma pièce.
Je déplore toutefois la nécessité où je me trou-
ve de publier cette rectification. Jusqu'à ce jour,
la presse voulait bien ne s'occuper de l'essentiel
d une œuvre qu'après la première représentation,
et cet usage me semble plus courtois que le pro-
Cédé dont je me plains, plus légitime, plus hon-
nête
Cordialement.
Henry BERNSTEIN.
"COMŒDIA" organise
Un Grand Concours
0 d'Opérettes
Nos lecteurs savent combien s'est des-
siné nettement, au cours de la saison der-
nière, le mouvement du public en faveur
de la rénovation de l'opérette. De nombreux
auteurs et compositeurs nous avaient de-
mandé de prendre leur cause en mains.
Nous ne pouvions le faire utilement qu'en
leur assurant la réception de l'œuvre primée
dans un grand théâtre de Paris. Grâce à
l'amabilité et au grand sens artistique de
M. Debrenne, directeur des Folies-Dramati-
ques, nous avons le plaisir de leur annon-
cer que c'est chose faite aujourd'hui.
Règlement du Concours
Il est ouvert, sous le patronage de Co-
mœdia, un grand concours d'opérettes pour
tous les auteurs et compositeurs français et
étrangers.
Ce concours est divisé en deux séries
distinctes:
1° Concours de livrets
Un premier concours est ouvert à dater
d'aujourd'hui entre les auteurs de livrets.
Ces livrets devront parvenir à Comœdia
avant le 1er novembre 1908, à midi.
L'envoi devra indiquer le nom et l'a-
dresse de l'auteur. Ces livrets seront jugés
par un jury dont la composition sera publiée
ultérieurement.
Communication
des livrets primés
Les six premiers livrets primés par le
jury seront communiqués, à titre confiden- i
tiel, aux compositeurs qui auront fait une
demande en ce sens adressée à Comœdia
dans le même délai que celui fixé pour le
dépôt des livrets. Chaque compositeur, au
cas où il ne retiendrait pas un livret, devra
le restituer dans un délai de six jours à
Comœdia.
2° Concours d'opérettes
La seconde période du concours s'ou-
vrira le 1er novembre 1908, et se terminera
le 1er mars 1909 à midi.
Durant cette période seront envoyées in*
distinctement à Comœdia les opérettes com-
plètes, comprenant le livret et la partition,
ainsi que les partitions qui auront été écri-
tes sur les livrets retenus au premier con-
cours.,
Aussitôt après la clôture des dépôts, le
jury s'e réunira pour juger à huis clos les
œuvres soumises au concours, aucune com,
municatioti ne pouvant en être faite sous
aucun prétextè 4 des tiers.
Deux opérettes primées
Deux œuvres seront retenues par le jury
et soumises à M. Debrenne, directeur des
Folies-Dramatiques, qui s'engage, dès main-
tenant, sous sa seule responsabilité, à faire
jouer dans son théâtre, dans un délai ue
deux saisons, celle des deux œuvres qui
s'accommodera le mieux aux exigences de
son théâtre.
L'œuvre éliminée par M. Debrenne. et
qui ne sera pas jouée dans son théâtre, tout
au moins à la suite du concours, recevra,
à titre d'indemnité et sous les conditions
suivantes, une somme de mille francs.
Cette somme sera versée par l'aut-eud
dont la pièce aura été retenue par M. De-
brenne et qui sera jouée aux Folies-Dra-
matiques. Elle ne pourra être prélevée que
sur les droits d'auteur,-après perception.
Les deux auteurs primés s'engageront
donc par écrit, avant la clôture du con-
cours, à satisfaire à cette condition, sousi
peine d'élimination:
Il est entendu flue cet engagement. de
meure sans valeur pour tout ce qui dépas
sera la perception des droits d'auteur ef-
fectuée par l'auteur joué, à l'occasion de
sa pièce primée.
Il est bien entendu également que les
premiers mille francs perçus par l'auteun
joué recevront cet emploi.
Nous nous tenons dès maintenant à la
disposition des concurrents pour leur don-
ner, au sujet de cet intéressant concours;
tous les renseignements qui pourraient lent,
être utiles.
La Saison à Vichy
S'il y a une grande semaine hippique de
Vichy, il faut convenir qu'il y a plusieurs gran-
des semaines artistiques.
Et cela s'explique aisément par l'importance et
la variété des attractions théâtrales, musicales,
- - n__- - '-- -.r
Photo Dupont-Eméra. Bruxelles M. Albers Mil. Suzanne cBsbron ,
chorégraphiques et autres que le Casino offre
aux hôtes de la grande station thermale ; du reste,
avec sa troupe de comédie, sa troupe lyrique,
son corps de ballet et son admirable orchestre,
le CaSino peut varier son affiche constamment.
Le répertoire de comédie comprend un nom-
bre de pièces très élevé, et son établissement
représente, de la çfft des ~Hrs, une ^mme
- ►
de travail énorme. Pourtant, assistez au hasard
à n'importe quel spectacle, vous serez étonné du
fini de la mise en scène, de la cohésion des ré-
pliques, de la. fidélité au texte. Qu'il s'agisse
d'un vaudeville d'usaee courant, tel Que Le Con-*
irôleur des Wagons-Lits ou bien d'un pièce
fantaisiste nouvelle, telle que Patachn frais
émoulu du boulevard, ou bien d'une pièce de
tenue, telle que Le Duel; ou encore d'une grande
machine à costumes, telle que Madame Sans-
Gêne, l'interprétation est toujours intéressante
souvent même supérieure.
J U y 44il MUpe de comédie du Casinç
- -
Le Numéro : 5 centimes
Samedi 29 Août 1908,
Rédacteur en Chef : G. doPA WLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
-97, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA..PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
-=ta- *
TÉLÉPHONE: 288-07
Adresse Télégraphique : C0M(EDlA*FARI$
•« ABONNEMENTS
UN AN 6 r.'O:S
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
La Bonne
Bouteille
Essai sur l'ésotérisme
des choses familières
Cinq ou six compagnons robustes, des
façons, des déménageurs ou des charpen-
1 tiers, pénètrent chez le Bistrot.
Il est quatre heures de l'après-midi, c'est
le moment du casse-croûte cher à tous ceux
Ùont les muscles triment depuis l'aube.
Vers le même instant de la journée, d'au-
tres personnes d'une catégorie sociale dif-
férente lunchent et flirtent dans les teas
rooms ou les garçonnières; à chacun son
genre de plaisir, n'est-ce pas?
Debout près du comptoir en étain, les
ouvriers forment chœur, un groupe de com-
Parses rugueux, de « poteaux » aux vi-
Sages humbles et naïfs. Leurs dos voûtés,
leurs bras ballants, leurs traits tirés disent
leur fatigue.
Pendant quelques minutes, ils restent
; muets, et leurs regards sont vagues.
Sans même qu'il en soit requis, le Bis-
trot, qui connaît sa fonction dans la vie, va
Prendre à la huche un long pain fendu,
et, de retour dans son comptoir, en coupe
et distribue, autant de morceaux qu'il y a
d'assistants.
L'un d'entre eux réclame du « fromgi ».
, - Bon ! approuve le chand de vins ; mais,
a part ça, qu'est-ce que vous prenez; les
« enfants » ?
- Moi! affirme, péremptoire, un « en-
fant » de six pieds, moi, ça sera du vin.
Et vous, les « frangins »?
- Ben, nous aussi, ça s'ra du vin, dé-
pare le chœur; « patron », un kilog!
Toutefois, l'un des gars propose:
- Si qu'on prendrait une bonne bou-
teille?
— Convenu. vas-y, bouffi !
Aussitôt, le « patron » choisit des petits
Verres fins à pied, dits « petits bordeaux »,
et les aligne devant ses clients; car, pour
savourer du « supérieur », il faut des ré-
CIPIents moins grossiers aux lèvres que les
«( canons » ordinaires, qui lui enlèveraient
son bouquet. Puis, il plonge dans la cave
et en remonte peu après, avec précautions,
Une « négresse » poussiéreuse à chéchia
de cire rouge.
Ses manches retroussées découvrent ses
gros bras nus comme ceux d'un sacrifica-
teur rituel ; il place la bête entre ses cuis-
Ses ûjasi qu'un boucher le ferait d'un
Agneau ; il lui enfonce dans la gorge, par-
On! le goulot, l'outil meurtrier, et, d'un
seul coup vigoureux, lui déchire la caro-
tide, j'entends qu'il débouche la « bonne
bouteille ».
T «
Les « entants » ont surveille tous ses
Mouvements, prêts à l'invectiver au cas où
il l'eût trop secouée, car leur respect pour
le Vin est héréditaire et mystique. Mais
Point; le « patron » partage leur culte, et,
aVec la lenteur sérieuse d'un officiant, il
Commence à remplir les « petits bordeaux »,
et le flot pourpre glougloute, vermeil et
translucide comme un Sang surnaturel.
Les verres pleins, un « frangin » invite
te dispensateur: ,
- Et vous, « patron », qu'est-ce que
Vous prenez?
— Ça sera tout comme vous, répond-il.
Et, à son tour, il se verse un doigt du
liquide sacré, avec discrétion: « pour trin-
quer ».
L'instant est grave.
Elevant son verre au-dessus des yeux,
afin qu'on puisse admirer dans la lumière
a beauté et la couleur du Vin, il semble
rendre grâces au Soleil, père des vendanges
jet de toutes choses créées sur la Terre.
j — Regardez-moi ça !
Tous imitent sa libation, et les réponses
s t expriment :
- Oh! c'est du bath, du chenu!.
- Sûr. c'est du nanan!
Alors, solennel comme un ministre du
,Dieu vivant, le Bistrot donne le signal es-
entiel, et, chacun renversant la tête, la
liqueur sublime et mystérieuse coule dans
!les gosiers avides.
¡ Forte lampée. claquements de langues,
: Hence; recueillement prolongée, méditation
•instinctivement religieuse.
; Puis les teints s'empourprent, les visages
,se détendent, les yeux rient, la Joie divine
! règne dans les cœurs. On repose les verres;
Ce petit choc sur le comptoir dissipe l'exta-
se. et des avis se formulent :
- C'est un vrai velours.
; I — Ça r'met 1' palpitant.
- Y a encore que l' jinglet. ça ré-
chauffe.
(i - Ça fait du bien par où qu' ça passe.
y f" - On s'en ferait mourir.
, Bientôt, la chaleur du breuvage pénétrant
es poitrines et montant aux cervelles, frus-
; es, naissent les lazzis et les propos salés;
on s'envoie de grandes claques amicales et
On trempe le Pain dans le Vin, mariant ainsi
les deux substances.
Pas de querelle, de la tendresse frater-
:nelle et de la gaieté entre rudes gaillards,
,entre pauvres diables qui n'imaginent point
ae consolation plus grande.
Assis dans un coin de la salle, j'ai d'a-
bord suivi distraitement cette scène vul-
gaire en apparence et tant de fois observée ;
^ais certaines phrases, certains gestes ont
Pour moi une signification symbolique.
L'Homme n'est-il pas identique à lui-
jïïême à travers l'espace et le temps? La
101 d'évolution, qui n'implique pas l'idée de
Progrès, ne modifie pas ses mouvements
Vjtaux, qui sont en petit nombre et qu'il
recommence chaque jour. Donc, chacun de
-ses gestes ordinaires qui ont pour but de
Perpétuer sa vie retentit dans l'Idéal.
Peu à peu, je suis frappé par l'identité
ee la scène qui se déroule et la cérémonie
eucharistique. J'ai beau vouloir échapper à
ette vision, tyranniquement elle s'impose
"mon esprit, et, malgré moi, j'en découvre
et interprète l'ésotérisme. Les accessoires
Y aident même; tout, jusqu'aux phrases
des protagonistes, dont le sens caché. se
jévoile, m'apparaît sous l'angle chrétien, et
l'en consigne ici l'Exégèse inattendue.
J'assiste à la Messe, à la Communion des
fidèles sous les espèces du Pain et du Vin,
que Notre Seigneur Jésus-Christ a instituée.
« Mangez, ceci est mon Corps; buvez,
ceci est mon Sang. »
Sans oublier la parole :
« Lorsque vous vous réunirez en mon
Nom, en quelque lieu que ce soit, je des-
cendrai parmi vous. »
Ainsi s'avère la Présence du Sauveur
chez le Bistrot, aidée par les substances du
sacrifice, le Pain et le Vin; chez le Bistrot,
au milieu des Pauvres qui l'invoquent in-
consciemment ou non, au milieu des Pau-
vres où il est toujours.
Or, la communion fut instituée par le
divin Maître de Galilée afin de faire régner
l'Amour et la Fraternité entre les Pauvres.
« Aimez-vous les uns, les autres. »
L'Esclavage antique équivaut au Prolé-
tariat moderne. Si Jésus fut le Dieu des
Esclaves, jadis, il est aujourd'hui unique-
ment celui des Salariés, des Locataires, des
Ecrivains honnêtes, des Artistes, et ne peut
à aucun moment passer pour favoriser les
Propriétaires, encore que ces derniers s'en
soient emparés contre toute logique, toute
justice, commettant ainsi la plus révoltante
profanation, le plus étonnant sacrilège.
Jésus n'est autre chose que la cristalli-
sation des souffrances populaires, des tra-
vailleurs, des prolos, de leur désir d'uni-
versel amour tant de fois trahi et bafoué.
Je défie qu'on me prouve le contraire;
tous Jes Pères de l'Eglise, tous les saints
me donnent raison.
Maintenant, le Symbole évangélique est
complet, et je comprends quelque chose au
raccourci du drame chrétien. La simple
dégustation d'une « bonne bouteille » prend
des proportions grandioses. Tout y est d'ail-
leurs, y compris le décor.
Le comptoir devient l'autel et la table
sainte dont s'approchent ceux qui ont faim
et soif d'amour et de paix; la Bouteille of-
ferte est le sacrifice ancien de l'Agneau,
remplacé par l'emblématique hostie, et le
Prêtre ou Sacrificateur, c'est le Bistrot aux
bras nus.
Jésus, mythe solaire, est appelé: l'Agneau,
dans les textes. « Ils ont répandu le sang
de l'Agneau. » Tout homme d'action, tout
prophète qui aime l'espèce, est canonisé
d'ailleurs en mythe solaire par la mémoire
reconnaissante des Hommes.
Pour Jésus, Agneau, ou Agni, ou Igni
sont des vocables sanscrits qui désignent
le Feu. ou le Soleil. Le Soleil étant le
père de la vigne, le Vin se trouve devenir
strictement le Sang du Christ ou de TAstre
dont les bienfaits se répandent sur tous les
hommes, sans distinction de caste.
Reflet du Soleil, Miroir de l'Amour, ô
Jésus !
bt ce symbole du reu se retrouve brode
sur la chasuble du prêtre catholique, car
l'on y voit un Soleil en flammes derrière
une croix; la croix formée des deux bâtons
mémorables par lesquels les Peuples pri-
mitifs ou prétendus tels obtenaient le Feu.
Quant au Pain de froment considéré par
l'Esclave antique comme une friandise, on
sait que c'est la civilisation chrétienne qui
en popularisa l'usage.
Maintenant, je n'interpréterai que quel-
ques paroles ou gestes des ouvriers qui boi-
vent une bonne bouteille pour le déroule-
ment logique de la Similitude.
Inconscients serviteurs du Divin lors-
qu'ils nomment le Bistrot « patron », le-
quel les appelle ses « Enfants », qu'entre
eux ils se qualifient de « frangins » et
qu'enfin ils réclament les indispensables
substances, le Pain et le Vin, il faut en-
tendre la prière de leurs âmes, que révèlent
leurs attitudes, leurs yeux vides, leurs traits
tirés et désespérés.
« Notre Père, nous sommes pauvres
et las.
cc Notre besogne est dure et notre cœur
est amer. Ecoute notre plainte. Nous ac-
ceptons de gagner notre Pain à la sueur de
nos Corps; mais gagner le Pain de ceux
qui nous exploitent, est-ce juste, ô Sei-
gneur?
« Nous sommes tes fils, et frères entre
nous. et nous venons, selon ton invitation
renouvelée au cours des siècles, manger ton
Corps et boire ton Sang, afin de nous ré-
jouir, de nous aimer et reprendre des forces
pour continuer notre labeur et notre vie,
en attendant que, sur la Terre, ton Règne
arrive, le règne du définitif Amour. »
Puis, lorsque, d'un mouvement unique,
ils haussent leurs verres ou calices vers la
lumière et lui rendent grâces, en disant:
« C'est du bath, du chenu, etc. », cet ins-
tant s'appelle l'Elévation, et n'a pas d'autre
nom.
Enfin, j'ai suffisamment indiqué plus haut
l'instant de la Transsubstantiation, ou chan-
gement miraculeux de la Substance du Pain
et du Vin en celle du Corps et du Sang
de Notre Seigneur, lorsque j'ai démontré
sa Présence réelle et continuelle parmi les
Pauvres, fussent-ils réunis autour d'un
comptoir de bistrot.
Après la lampée s'élève de leurs cœurs
réconfortés un hymne reconnaissant qu'ils
traduisent par:
« Ça fait du bien par où qu' ça passe,
etc., etc. »
J'en suis là de mon émerveillement.
Voici la fin de la cérémonie qui corrobore
mon interprétation. Le quart d'heure du
casse-croûte est passé; il faut retourner au
boulot. On achève de vider la bouteille;
chacun tire de son gousset sa part de la
dépense, ce qui constitue l'Offrande; on
trinque une dernière fois:
- A vos santés, les frangins !
- A la tienne, Etienne!
lté Missa est.
La Messe est terminée; ils s'en vont, et,
comme souvent cela se produit, la conver-
sation est tombée sur la Religion ; ils font
profession d'athéisme et déblatèrent contre
les curés.
Jehan RICTUS.
NOUS publierons demain un article de
pEORGES ISTA
Equivalents en poids
Pour tous ceux qui savent observer le
savant équilibre de la nature, il parait évi-
dent que les différences de forme que nous
remarquons entre les choses ne correspon-
dent point à des différences matérielles
aussi considérables.
De même qu'en chimie il faut toujours
que le même poids se retrouve, la nature
se plait à rétablir souvent l'égalité entre
les hommes d'une façon que nous ne soup-
çonnons pas.
C'est ainsi, très évidemment, qu'un fou
et un homme de génie doivent dépenser
une somme à peu près équivalente d'acti
vité dans la même journée, et que la vie
d'un homme d'affaires et celle d'un rêveur
entraînent le même effort dirigé l'un en
surface et l'autre en profondeur. La quan-
tité est toujours la même, la qualité seule
diffère, et c'est ce point qui nous importe
en matière d'art.
Lorsque l'on voyage sur de hauts som-
mets, à l'endroit où la végétation cesse sous
un climat trop rude, on constate que les
branches de sapins qui s'écrasent sur le
sol sont supportées par un tronc tout aussi
considérable que ceux de la vallée; seule-
ment, ce tronc est replié sur lui-même,
noué de mille façons, et l'on a peine à re-
connaître dans cet enchevêtrement la tige
élancée que l'on est habitué à considérer.
Il en va de même en art dramatique, et
c'est là ce qui explique l'insuccès, incom-
préhensible pour leur auteur, de certaines
pièces. Toutes les qualités s'y trouvent réu-
nies; elles sont émaillées d'innombrables
mots d'esprit, de scènes ingénieuses, de vé-
ritables trouvailles; elles contiennent tout
autant de talent qu'une pièce à succès, et
cependant leur échec est lamentable.
C'est qu'ici, comme partout, si l'effort
fut le même, la forme diffère, et les mêmes
idées qui, présentées autrement, eussent
été géniales, ne deviennent plus qu'incolo-
res et lamentables. Elles sont égales en
poids, mais elles diffèrent par ce je ne sais
quoi d'impondérable qui échappe aux ba-
lances des savants et que seuls les vérita-
bles artistes peuvent saisir.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
D
ames seules.
Dans le wagon réservé aux artistes
qui, l'autre jour, quittaient Paris pour Bé-
ziers, un compartiment restait obstinément
clos. Il portait l'inscription: Dames seules*
Mais toutes les femmes qui, fort natu-
rellement, se dirigeaient vers lui, s'en re-
tournaient dès l'accès et envahissaient les
autres compartiments.
Un contrôleur, intrigué, en secoua la
porte. Une voix s'éleva, formidable et rude,
nullement féminine. Et, lorsque la porte
s'ouvrit, l'agent de la Compagnie aperçut,
seul, paisiblement installé sur les banquet-
tes, Paul Mounet, qu'il venait de troubler
dans son sommeil.
u
ne interprétation nouvelle.
On sait qu'il sera donné à Béziers
une représentation consacrée aux œuvres
dramatiques de Saint-Saëns. Il est curieux
de remarquer que ces comédies seront ex-
clusivement jouées par des tragédiens. C'est
ainsi que la Crampe des Ecrivains, un acte
de la plus vive fantaisie, aura pour inter-
prètes Mlles Madeleine Roch, Madeleine Bar-
jac et Madeleine Lyrisse, et M. Desmares.
Mais on entendra mieux encore, et quel-
ques privilégiés assisteront à une représen-
tation de La Cagnotte, jouée par les tragé-
diens Henri Perrin, Teste, Desmares et
Mlles Morsenn et Norma, tous interprètes
du Premier Glaive. Cette originale distri-
bution ne manquera pas de provoquer des
effets que Labiche sans doute n'avait pas
prévus.
0
ù ne vont-ils pas?
-- Au bord de l'Océan, dans un petit
port éloigné, du Finistère, une jeune femme
élégante, à l'allure audacieuse, se promène
mélancoliquement au milieu d'une foule aux
costumes étranges.
Tout à coup, elle pousse une exclama-
tion d'étonnement à la vue d'un monstre
marin qui évolue dans le port. Et Mlle Irène
Peçny, disparue au firmament parisien, re-
connaît, au hasard d'une villégiature, son
camarade Rousseau, des Folies-Dramati-
ques, qui se livre à l'un de ses passe-temps
favoris devant les habitants de Guilvinec.
c
orrespondance.
De Mlle Armande Cassive. ce char-
mant billet :
Cher monsieur,
Je vous serais obligée de me faire envoyer
Comœdia, 3, place d'Iéna. Malgré le charme de
ma propriété à Vaucresson, je ne nuis me pas-
ser de mon cher Paris.
Et comme il pleut, je m'empresse d'y ren-
trer, ce qui ne m'empêchera pas, quand il fera
beau, de venir ici prendre l'air. Si cela peut
intéresser le public, voulez-vous, je vous prie,
annoncer que je reprends Amélie aux Nouveau-
tés, le 16 courant, en attendant ma création
d'une pièce de Feydeau à la Comédie-Royale.
Je vous présente, monsieur, mes remercie-
ments et mes salutations.
A. CASSIVE.
Jeudi. Vaucresson.
L
es femmes aiment le changement,
quand un bijou a cessé de leur plaire,
elles le vendent à Dusausoy, 4, boulevard
des Italiens, qui en donne toujours le maxi-
mum.
Grand choix d'occasions.
A
propos de Chiquito.
Nous croyons savoir que la nou-
velle pièce, Chiquito, que doit monter, au
cours de la saison prochaine, M. Albert
Carré, à l'Opéra-Comique, suscite déjà ds
sérieux ennuis à ses auteurs, MM. Jean
Nouguès et Henri Cain. -
Comme Ramuntcho, de triste mémoire,
les diverses scènes de Chiquito se dérou-
lent en effet en plein pays basque. Le mu-
sicien qui, si nous sommes bien renseigné!-
est d'origine bordelaise et a souvent eu
l'occasion de visiter le Midi de la France,
connaît admirablement les mœurs des pelo-
tari. Seulement, il y a MM. Gabriel Pierné,
auteur de la musique, et P. Loti, auteur du
livret de Ramuntcho. Ceux-ci, paraît-il,
ne voudraient voir dans la pièce de M. Nou-
guès qu'une simple contrefaçon de la leur.
et M. Pierre Loti réclamerait des droits
d'auteur que M. J. Nouguès serait, d'ail-
leurs, assez disposé à lui accorder.
Espérons que tout s'arrangera et que
nous pourrons applaudir, sous peu, l'œuvre
du distingué compositeur et du remarqua-
ble librettiste.
p
asse-temps d'été.
L'autre jour, dans un hôtel de Ca-
bourg, un petit groupe savouraif*une joie
complète. Il y avait là: Nozière, Bernstein,
Lucy Gérard, Marcel Proust, le marquis de
Biron et Sigismond Bardac. Le sujet de
leur gaieté était bien simple; l'auteur de
La Rafale, avec une verve remarquable et
l'esprit direct qu'on lui connaît, racontait à
ses amis des histoires. sémites.
Qui sait si ce n'est pas là comme un avant-
goût d'Israël, la prochaine pièce de Henri
Bernstein, qui, avant d'être jouée, fait déjà
beaucoup parler d'elle.
CAMPOCASSO
La mort, depuis quelques jours, atteint métho-
diquement les savants et les artistes. Des figures
disparaissent, qu'on aimait, et qui seront riches
en souvenirs pour ceux qui, dans Paris, ne con-
sentent pas aisément à l'oubli. De ces figures,
Campocasso est la dernière en date. On a rap-
pelé hier la @ carriez? de cet ami des artistes, de
ce passionné de la scène, on l'a salué trop judi-
cieusement pour que je me trouve le droit et le
devoir d'y revenir. Je voudrais dire seulement
que Campocasso fut, avant tout, un caractère. Il
prit l'initiative du premier théâtre lyrique popu-
laire,et ceci ne doit point être oublié! Il se soucia
toujours infiniment plus de la belle présentation
d'une œuvre que de son intérêt personnel. Il
prévit et tenta beaucoup de choses dont d'autres
n'ont depuis recueilli les bénéfices qu'à cause
des risques qu'il avait assumés. C'était un hom-
me de l'ancienne génération, un de ces hommes
encore frémissants des derniers échos du roman-
tisme, un de ces oseurs honnêtes, comme Pas-
deloup, par exemple, dont le type s'est perdu, et
qui étaient fous d'art, confiants jusqu'à la té-
mérité dans la compréhension et la reconnaissan-
ce des foules, insoucieux d'eux-mêmes, braves,
spirituels, naïfs, et pleins d'énergie: tels, enfin,
qu'après les avoir plaisantés, on les regrette et
on éprouve douloureusement leur disparition
chaque fois qu'on voit traiter l'art comme une
affaire.
Cette, ingénuité enthousiaste, cette généreuse
propulsion à l'illusion furent les traits distinc-
tifs de ce dernier survivant des directeurs du
second romantisme. Il faut y ajouter celui-ci,
qu'on m. ikik pas. mtèst-q&i. çsi te slm vrai! Cet
homme, incapable de se plier aux intrigues, était
profondément bon. Nul n'a plus spontanément
rendu service. Le nombre des artistes qu'il obli-
gea est infini: ceux-là n'oublieront ni les faits, ni
la façon élevée et charmante dont Campocasso
savait les présenter, coupant court à la grati-
tude avec une brusquerie cordiale. Toute sa vie
fiévreuse, pleine de projets intelligents, de ten-
tatives qu'on a su retenir, toute sa vie de boule-
vardier brillant et de travailleur acharné était, si
je puis dire, doublée par des actes de bonté ac-
complis par passion d'obliger. Cela est encore
plus rare qu'on n'ose en convenir, même dans ce
monde théâtral où on sait ce que doivent être
l'entr'aide et le cœur. C'est pourquoi Campo-
casso ne saurait disparaître tout entier: il fera
partie de l'histoire d'une génération où il a
compté, et qui fut belle.
CAMILLE MAUCLAIR.
0
n rentre à Paris. Toutes les routes
sont sillonnées d'autos; ce sont ce-
pendant les voitures Bayard qui sont en
majorité, et ces excellentes machines vont
faire en ville le même et bon service qu'en
tourisme.
E
n villégiature.
Sur la scène, au milieu des ba-
layeurs, des machinistes, dans la poussière
matinale d'un lendemain de représentation,
vêtu d'un modeste complet jaquette gris,
face rasée, un individu mesure la scène
avec sa canne et en commente les dimen-
sions et les qualités avec quelques amis.
Quel est cet inconnu, arrivé à l'instant
de Dieppe en auto? Quelque touriste cu-
rieux et indiscret? Pas du tout. C'est notre
grand Coquelin qui, même en villégiature,
pense à ses vieux artistes et vient se docu-
menter pour la construction du nouveau
théâtre de Pont-aux-Dames. Et comme on
lui présente quelques comédiens, membres
de la Société des Artistes, finement il leur
répond: « Vous avez raison, messieurs, ça
commence à devenir une bonne maison: »
Grâce à qui, monsieur Coquelin?
L
a voiturette la plus simple, la plus élé-
- gante, la plus rapide (40 kilom. de
moyenne; et le meilleur marché, est in-
contestablement la voiturette Truffault qui,
jusqu'à fin septembre, sera vendue 2.500
francs bien. complète avec carrosserie Vé-
drine, pneus Le Gaulois, changement de vi-
tesse Rozier et moteur Aster 105 x 120 de
9 chevaux à soupapes commandées.
Pour les essais et les, commandes, s'a-
dresser au siège social, 24, rue de Pen-
thièvre.
thièvre. Le Masque de Verre.
Une lettre
de M. Bernstein
Mon cher confrère,
Un journal hebdomadaire a révélé à ses lec-
teurs le prétendu sujet de ma prochaine pièce:
Israël.
Aussitôt et déjà trois quotidiens ont publié
des articles de tendances différentes, mais de
violence égale.
, Cet empressement à polémiquer me flatte in-
finiment ; mais je me dois de prévenir public et
journalistes que le sujet raconté est dû à l'ima-
gination d'un rédacteur à court de copie et ne
ressemble en aucune sorte à celui de ma pièce.
Je déplore toutefois la nécessité où je me trou-
ve de publier cette rectification. Jusqu'à ce jour,
la presse voulait bien ne s'occuper de l'essentiel
d une œuvre qu'après la première représentation,
et cet usage me semble plus courtois que le pro-
Cédé dont je me plains, plus légitime, plus hon-
nête
Cordialement.
Henry BERNSTEIN.
"COMŒDIA" organise
Un Grand Concours
0 d'Opérettes
Nos lecteurs savent combien s'est des-
siné nettement, au cours de la saison der-
nière, le mouvement du public en faveur
de la rénovation de l'opérette. De nombreux
auteurs et compositeurs nous avaient de-
mandé de prendre leur cause en mains.
Nous ne pouvions le faire utilement qu'en
leur assurant la réception de l'œuvre primée
dans un grand théâtre de Paris. Grâce à
l'amabilité et au grand sens artistique de
M. Debrenne, directeur des Folies-Dramati-
ques, nous avons le plaisir de leur annon-
cer que c'est chose faite aujourd'hui.
Règlement du Concours
Il est ouvert, sous le patronage de Co-
mœdia, un grand concours d'opérettes pour
tous les auteurs et compositeurs français et
étrangers.
Ce concours est divisé en deux séries
distinctes:
1° Concours de livrets
Un premier concours est ouvert à dater
d'aujourd'hui entre les auteurs de livrets.
Ces livrets devront parvenir à Comœdia
avant le 1er novembre 1908, à midi.
L'envoi devra indiquer le nom et l'a-
dresse de l'auteur. Ces livrets seront jugés
par un jury dont la composition sera publiée
ultérieurement.
Communication
des livrets primés
Les six premiers livrets primés par le
jury seront communiqués, à titre confiden- i
tiel, aux compositeurs qui auront fait une
demande en ce sens adressée à Comœdia
dans le même délai que celui fixé pour le
dépôt des livrets. Chaque compositeur, au
cas où il ne retiendrait pas un livret, devra
le restituer dans un délai de six jours à
Comœdia.
2° Concours d'opérettes
La seconde période du concours s'ou-
vrira le 1er novembre 1908, et se terminera
le 1er mars 1909 à midi.
Durant cette période seront envoyées in*
distinctement à Comœdia les opérettes com-
plètes, comprenant le livret et la partition,
ainsi que les partitions qui auront été écri-
tes sur les livrets retenus au premier con-
cours.,
Aussitôt après la clôture des dépôts, le
jury s'e réunira pour juger à huis clos les
œuvres soumises au concours, aucune com,
municatioti ne pouvant en être faite sous
aucun prétextè 4 des tiers.
Deux opérettes primées
Deux œuvres seront retenues par le jury
et soumises à M. Debrenne, directeur des
Folies-Dramatiques, qui s'engage, dès main-
tenant, sous sa seule responsabilité, à faire
jouer dans son théâtre, dans un délai ue
deux saisons, celle des deux œuvres qui
s'accommodera le mieux aux exigences de
son théâtre.
L'œuvre éliminée par M. Debrenne. et
qui ne sera pas jouée dans son théâtre, tout
au moins à la suite du concours, recevra,
à titre d'indemnité et sous les conditions
suivantes, une somme de mille francs.
Cette somme sera versée par l'aut-eud
dont la pièce aura été retenue par M. De-
brenne et qui sera jouée aux Folies-Dra-
matiques. Elle ne pourra être prélevée que
sur les droits d'auteur,-après perception.
Les deux auteurs primés s'engageront
donc par écrit, avant la clôture du con-
cours, à satisfaire à cette condition, sousi
peine d'élimination:
Il est entendu flue cet engagement. de
meure sans valeur pour tout ce qui dépas
sera la perception des droits d'auteur ef-
fectuée par l'auteur joué, à l'occasion de
sa pièce primée.
Il est bien entendu également que les
premiers mille francs perçus par l'auteun
joué recevront cet emploi.
Nous nous tenons dès maintenant à la
disposition des concurrents pour leur don-
ner, au sujet de cet intéressant concours;
tous les renseignements qui pourraient lent,
être utiles.
La Saison à Vichy
S'il y a une grande semaine hippique de
Vichy, il faut convenir qu'il y a plusieurs gran-
des semaines artistiques.
Et cela s'explique aisément par l'importance et
la variété des attractions théâtrales, musicales,
- - n__- - '-- -.r
Photo Dupont-Eméra. Bruxelles M. Albers Mil. Suzanne cBsbron ,
chorégraphiques et autres que le Casino offre
aux hôtes de la grande station thermale ; du reste,
avec sa troupe de comédie, sa troupe lyrique,
son corps de ballet et son admirable orchestre,
le CaSino peut varier son affiche constamment.
Le répertoire de comédie comprend un nom-
bre de pièces très élevé, et son établissement
représente, de la çfft des ~Hrs, une ^mme
- ►
de travail énorme. Pourtant, assistez au hasard
à n'importe quel spectacle, vous serez étonné du
fini de la mise en scène, de la cohésion des ré-
pliques, de la. fidélité au texte. Qu'il s'agisse
d'un vaudeville d'usaee courant, tel Que Le Con-*
irôleur des Wagons-Lits ou bien d'un pièce
fantaisiste nouvelle, telle que Patachn frais
émoulu du boulevard, ou bien d'une pièce de
tenue, telle que Le Duel; ou encore d'une grande
machine à costumes, telle que Madame Sans-
Gêne, l'interprétation est toujours intéressante
souvent même supérieure.
J U y 44il MUpe de comédie du Casinç
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