Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-08-18
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 août 1908 18 août 1908
Description : 1908/08/18 (A2,N323). 1908/08/18 (A2,N323).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645978k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2" Année. «N° 323 (Quotidien)
#.Je numéro ; o centimes
Mardi 18 Août 1908.
COMCEDIA f
Rédacteur en Chef G. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
11
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
i
TÉLÉPHONE : 288*07
Adresse Télégraphique : COMCEDIA-PARIS
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Paris et Départements 24: fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20. »
REDACTION & ADMINISTRATION ; T
27, Boulevard Poissonnière, PARIS ¡
TÉLÉPHONE : 288-07
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Adresse Télégraphique : COl,lŒDlA"PARIS
ABONNEMENTS:
, UN AN e raole
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. , 40 »- 20 »
En Tournée
— C'était l'été dernier, nous dit le
comique Giscard. Nous tournions une
Pièce assez amusante, Une Famille d'al-
binos, qui avait fait cent représentations
à Paris. Mais enfin ce n'était pas encore
la grosse grosse affaire. Si Rigadel avait
Pris cette pièce dans une de ses tour-
nées, c'était surtout pour employer des
artistes qu'il avait engagés cette année-
s/Oui, une autre affaire qui ne s'était
Pas faite! ,-
« Rigadel paie assez bien. J'avais
Quarante francs par jour, et, vous sa-
'\Tel, moi, quand je dis que j'ai quarante
francs, c'est quarante francs, et pas
Quinze francs. C'est le chiffre qu'il y a
sur mon engagement, et ce n'est pas un
chiffre à la gomme. Rigadel, comme
^'habitude, payait le chemin de fer.
L'administrateur de la tournée voulait
bien pour notre compte s'occuper de
'hôtel, afin de nous avoir des additions
Meilleures. Tout ça se faisait très gen-
timent. Nous avions avec nous de bons
garçons et de bonnes petites camarades.
; On causait et on faisait des blagues dans
ta train, et le temps passait vite. Arri-
vés dans les villes, ceux qui connais-
saient le patelin allaient le montrer à
ceux qui ne le connaissaient pas.
« Il n'y avait qu'un de nos camarades
qui se tînt un peu à l'écart. Quand je
dis camarade, c'est par habitude pro-
fessionnelle. Le fait est qu'il n'était
guère notre camarde. D'abord personne
de nous ne le connaissait. On ignorait
complètement son nom. que j'ai d'ail-
leurs oublié.
« C'était un assez beau gaillard de
trente à trente-cinq ans, qui n'a-
vait d'autre qualité que d'être de bonne
taille. Il avait une voix forte; mais pour
entendre ce qu'il disait, il fallait être là
de bonne heure. Dans sa façon de jouer
on reconnaissait l'enseignement de M.
Pied. Ajoutez à cela qu'il ne tenait pas
Un rôle de son emploi, si tant est qu'il
ait eu un emploi. Rigadel l'avait en-
gage pour l'autre pièce, pour l'affaire
qui ne s'était pas faite; cette pièce-là
c'était une comédie dramatique, et notre
Jeune premier s'était vu attribuer dans
Une Famille d'albinos un personnage
d'amoureux très en dehors, une espèce
de commandant au picrate, qui, grâce
à lui, était devenu le plus paisible des
hommes.
« Ce qu'il y a de plus grave, c'est que
ce commandant autour de lui devait se-
mer la terreur. Naturellement, tous les
Petits artistes qui jouaient des rôles de
domestiques continuaient à lever les
bras au ciel et à s'enfuir effrayés, de
sorte que cette panique générale avait
quelque chose de mystérieux, qui devait
surprendre un peu les spectateurs.
« A Paris, ce rôle de commandant
faisait un effet énorme, et pourtant il
n'était joué que convenablement. N'em-
pêche qu'à chacune de ces sorties, c'é-
tait très chaud dans la salle. Dans la
tournée, avec notre individu, calme plat,
silence de mort, ce qui est fâcheux pour
une pièce gaie. Le public ne s'aperce-
,,; vait pas que ctétait mal joué. Le rôle
: ne sortait pas, voilà tout.
; « Vous croyez peut-être que le las-
car s'en inquiétait? Même en tournée,
n'est-ce pas? et devant des salles demi-
1 pleines, le métier est le métier ; on a
beau s'en défendre, on aime à faire de
l'effet, et, quand on ne récolte rien,
on passe quelquefois une mauvaise soi-
rée. Quand notre homme avait vendu
sa petite affaire, il montait tranquille-
ment dans sa loge sans paraître se sou-
cier de rien.
— « Mais enfin, que je demande un
jour à Rochon, l'administrateur de la
tournée, où Rigadel avait-il trouvé cet
oiseau-là?
—. « je n'en sais rien, me dit Ro-
chon. Je sais seulement qu'il est venu
voir le patron plusieurs fois pour se
faire engager, et qu'il a fait écrire des
lettres à notre bureau de Paris par des
personnes qui ont de l'influence dans
la maison. Comme il est assez bien ha-
billé, le patron l'avait engagé pour jouer
un homme du monde dans l'autre pièce,
celle qui nous a manqué au dernier mo-
ment. En somme, c'est un gaillard qui
se tient bien, et j'ajoute qu'il ne coûte
pas cher.
— « Mais enfin, il joue la comédie
pour gagner sa vie? Parce que vrai-
ment je ne peux pas croire que ce soit
par goût. Il fait ça comme une corvée.
- « C'est un mystère, dit l'adminis-
trateur. Je ne vais pas dans la salle,
mais tout le monde me dit qu'il est mau-
vais comme un cochon, et qu'il a l'air
de s'embêter en scène. Il ne fait donc
pas ça par goût. Et il ne le fait pas non
plus par besoin. Car c'est un monsieur
qui est loin de crever de faim. Je l'ai
souvent vu ouvrir son portefeuille. Hé
bien! il n'y avait pas d'erreur, ce n'é-
tait pas le portefeuille d'un miteux; en
fait de billets de banque, il y avait du
monde.
« .J'ajoute, continua Rochon, qu'il
connaît énormément de monde, pas des
gens très « hurf » mais des personnes
assez convenables. Je vois ça, parce qu'il
me demande chaque fois des billets,
« tant que vous pourrez m'en donner »,
qu'il me dit « j'en ai le placement ».
(N'est-ce pas? nous avons malheureuse-
ment de la place pour les clients à
l'œil). Je suis au contrôle, je vois arri-
ver ses amis, ce sont, je vous dis, des
gens modestes, mais assez bien vêtus.
« Le mystère, continua Rochon, enve-
loppait toujours la personnalité de. Sa-
pristi, je ne suis pas fichu de retrouver
son nom. Nous avons fait toute la tour-
née avec lui sans en savoir plus long.
Il ne descendait pas toujours dans l'hôtel
où nous étions ; mais les fois où ça lui
arrivait, nous le voyions écrire un cour-
rier à n'en plus finir, de six heures
à sept heures, et mettre haut comme ça
de lettres à la poste.
« Quand on se quitta, en rentrant de
la tournée, on s'était fait part de ses pro-
jets pour l'hiver. Les uns restaient à Pa-
ris; les autres allaient à Nice, à Lyon,
ou, comme moi, à Bruxelles. On de-
manda à Sacardin — j'ai trouvé, il s'ap-
pelait Sacardin, c'est curieux, il suffit de
ne plus chercher un nom, et tout de
suite. - On demanda donc à. à com-
ment?
- « A Sacardin.
- « On demanda donc à Sacardin s'il
avait un engagement.
— Oh! moi, nous dit-il, je ne compte
pas faire du théâtre cet hiver.
« Et il nous quitta à la gare, et on
n'eut plus de ses nouvelles. -
« Ce n'est que tout à fait par hasard,
la semaine dernière, que l'on a appris
qui c'était.
- « Il n'avait jamais été acteur de sa
vie.
« Il était tout simplement voyageur en
eaux minérales.
« Il avait trouvé cette ingénieuse com-
binaise pour se faire payer ses frais et
son chemin de fer par Rigadel, pendant
qu'il se faisait encore défrayer de sa mai-
son d'eaux gazeuses.
« De plus, le bougre faisait, paraît-il,
de très belles affaires, car il gorgeait de
billets de faveur toute sa clientèle.
Tristan BERNARD.
Nous publierons demain un article de
PIERRE MORTIER
Méditation
sur les Ruines
On va souvent chercher bien loin ce
que l'on a sous la main.
Par ces temps de villégiature, certains
s'en vont à la mer, d'autres à la montagne
dénicher le petit coin tranquille où l'on peut
vivre à l'abri de toute préoccupation et l'on
admet communément que Paris est un en-
fer qu'il faut fuir* à tout prix pendant
l'été. Rien n'est plus taux, et un simple
petit voyage place de la Concorde peut
nous assurer en ce moment qu'il existe à
Paris des coins infiniment plus calmes que
partout ailleurs.
C'est ce qu'a pensé fort justement un
sage ermite qui habite en ce moment sur
la place de la Concorde. Protégé contre
l'indiscrétion des rares passants par les im-
menses palissades définitives qui, jusqu'à
la fin des siècles, feront de ce petit coin de
Paris un véritable Paradou inaccessible aux
vaines agitations des villes et sachant sans
doute qu'en vertu des progrès sociaux il ne
court aucun risque d'être dérangé dans cet
asile jusqu'à sa mort, le gardien des ex-
travaux a transformé sa cabane d'une façon
véritablement délicieuse. ,
Devant, c'est un jardin d'agrément, avec
des fleurs, des liserons et des capucines
soigneusement élevés au long des fils de
ter qui, dans des temps anciens, servaient
sans doute aux travaux. Derrière — car il
taut prévoir la famine tout en conservant
l'aspect décoratif de l'ensemble — il y a
un potager avec arbres truitiers et des
plants de salade soigneusement alignés en
plate-bandes qu'envieraient nos meilleurs
horticulteurs.
Les chênes, les peupliers et les tilleuls
sont encore bien petits, mais dans quelques
années ils donneront à ce prévoyant de
l'avenir une ombre méritée.
Evidemment, les salades ainsi plantées
sur la place de la Concorde seraient d'un
prix de revient élevé, trois ou quatre mille
francs par tête sans doute, si l'on calculait
d'après les principes capitalistes d'autre-
tois, mais au temps où nous vivons, il ne
taut retenir que le côté décoratif de l'en-
semble et l'on peut espérer que cet exem-
ple sera suivi par tous les autres chantiers
qui, de vingt en vingt mètres, décorent au-
jourd'hui pour toujours notre belle capitale.
Les étrangers qui venaient encore à Pa-
ris pour se distraire, et qui s'étonnaient de
trouver tous nos théâtres fermés pour cau-
se de grève ou nos grandes avenues bar-
rées par des chantiers, trouveront ainsi un
charme nouveau à notre ville et la visite-
ront comme on le fait encore de la Suisse
ou des gorges du Tarn. C'est une faible
consolation, mais nous en avons si peu qu'il
faut se contenter de celles que l'on nous
donne.
donne. G. DE PAWLOWSKI.
Échos
]
1 n'y a pas de principes. - -
Georges Courteline, dans - sa savou-
reuse préface de Sur le Pré, le livre -
qui aurait pu être sanguinaire et qui est
seulement charmant — de notre ami Kou-
zier-Dorcières, se déclare ennemi-ne du
duel.
Un jour cependant il envoya des témoins
à notre excellent ami et collaborateur Pierre
Mortier. Il s'était jugé offensé par la publi-
cation d'un mot de lui qu'il jugeait indis-
crète.
Pendant la délibération il se trouvait dans
une salle de rédaction où. seul avec lui, se
trouvait son ami devenu pour un instant
son adversaire.
Le débat se prolongeait. Il était neuf
heures du soir.
Brusquement, Courteline s'adressa à
Pierre Mortier: « Si on allait dîner? »
Ainsi fut fait et, dès le potage, les deux
adversaires s'étaient réconciliés.
Mais, une fois au moins dans sa vie,
Georges Courteline avait envoyé des té-
moins. -
Chez Wagner.
Sur les versants fleuris du mont Pi-
latus, au bord du lac des Quatre-Cantons,
s'élève, mystérieuse, entre des touffes de
roses et de mimosas, une petite maison
aux volets clos.
Depuis quelque temps on peut aperce-
voir, à l'aube, M. Gabriel Fauré, l'éminent
directeur de notre Conservatoire national,
rêvant, aux alentours de cette petite mai-
son, à la musique de sa Pénélope, qu'atten-
dent impatiemment MM. Messager et
Broussan.
C'est que M. Gabriel Fauré n'ignore
point que, il y a une trentaine d'années,
Richard Wagner habita cette maison où
tous les wagnériens français, Catulle Men-
dès en tête, le visitèrent à cette époque.
J'I'
- COMCEDIA » A LONDRP-
- - Miss Cartle Mitlaf'*~~ ",
.Dans « A Waltz Dream »
u
n coin du voile!
Après le théâtre, il est incontesta-
ble que Rostand a une prédilection très
marquée pour sa retraite de Cambo.
C'est ainsi qu'il a dépensé pour sa mai-
son une petite fortune. Tout d'abord, il a
un jardin reproduisant le Petit Trianon, et
un jardinier spécialement chargé de l'en-
tretenir. Une autre partie de sa propriété
fut dessinée en parc anglais, tel un joli cot-
tage de « Brighton ». Comme ses terrains
sont situés sur une hauteur, il a fait capter
une source à plus de 12 kilomètres.
Ces poètes font des merveilles!.
L
es collabos.
Quelle raison, dans une collabora-
tion, décide du nom qui passe le premier
sur l'affiche?
Est-ce le degré de réputation individuelle
de chaque auteur? Est-ce la part de chacun
dans la collaboration commune? Est-ce un
simple souci d'euphonie?
Il n'y a pas de règle à cet égard. Géné-
ralement, c'est l'auteur le plus connu qui
signe le premier, mais quand les deux col-
laborateurs sont de renom égal, le seul ca-
price réglant le rang de chacun c'est d'or-
dinaire celui dont le caractère est le moins
doux qui l'emporte.
D'autres fois, les auteurs prennent des
arrangements amicaux.
C'est ainsi que MM. Robert de Fiers et
G.-A. de Caillavet ont imaginé d'alterner
l'ordre de leurs noms. Une de leurs pièces
est de « MM. R. de Fiers et G.-A. de Cail-
lavet », l'autre de « MM. G.-A. de Cailla-
vet et R. de Fiers ».
Et comme ils font beaucoup de pièces,
chacun signe souvent le premier.
A
u travail.
Depuis longtemps — trop longtemps,
au gré des lettrés, — Georges Courteline
prolongeait son repos.
Il paraît qu'il va enfin sortir de ce si-
lence et qu'il prépare une œuvre nouvelle.
Il la prépare en collaboration. Et avec qui?
Avec un musicien, M. Gabriel Marie.
Travaille-t-il comme son ami Catulle
Mendès pour l'Opéra?
U
ne population artistique.
Orange est vraiment la - granae cité
d art du Midi provençal, ht l'influence théâ-
trale du Mur se fait sentir jusque dans les
noms de ses habitants.
En souvenir sans doute des représenta-
tions de L'Arlésienne, il y a un Mititio,
coiffeur.
Plus loin un Michel Ange vend des jour-
naux.
Orange possède encore un Biaise Pascal
boulanger, et sur la boutique de l'un des
principaux marchands de vins s'étale fière-
ment le nom d'Alexandre Dumas. 1
Voici qui enfonce la gloire de posséder
un Lamartine coiffeur, dont les Parisiens
sont jaloux. -
u
n scénario. #
Nombreux sont les comédiens qui
se mêlent d'écrire et qui travaillent double-
ment pour le théâtre.
C'est ainsi qu'à la Comédie-Française
seulement nous trouvons Mounet-Sully, au-
teur de La Vieillesse de Don Juan; de Fé-
raudy, qui signa nombre de petits actes ;
,"
Truffier, l'un des auteurs du Dîner de Pier-
rot; Georges Berr, qui connut tant de suc-
cès, citons seulement Madame Flirt; Leloir.
qui fit jouer à l'Ambigu Le Roman de Fran-
çoise; d'autres encore.
Cette liste va probablement s'accroître
du nom de M. Paul Mounet.
L'excellent sociétaire projette en effet
une tragédie dont le sujet ne manque certes
pas d'originalité. ,
Il s'agit d'un homme du Midi qui, pour-
suivi par la Fatalité antique, ne parvient
pas à gagner Lille, où l'appellent de pres-
sants intérêts.'
C'est du moins ce qu'il affirmait récem-
ment au jeune. poète René Fauchois, un
soir où tous deux, de compagnie, avaient
vidé force pichets.
L
,.,
a ceinture.
Un procès pas banal serait sur le
point de s engager en Amérique entre un
ténor italien et la direction de l'Opéra de
Manhattan.
La direction avait engagé ledit ténor,
mais, le trouvant trop gros, elle lui prescri-
vit de réduire son tour de taille de 7 centi-
mètres.
Le chanteur hésite. Il est venu en Amé-
rique pour chanter mais non pour suivre
un régime. Voilà un procès et des débats
qui ne laisseront d'être piquants.
Il est permis de se demander si l'amour
de l'esthétique autorise de semblables exi-
gences.
Un ténor n'est pas un jockey.
BILLETS D'UN PROVINCIAL
DÉCHÉANCE
Les -hasards d'une tardive flânerie me condui-
sirent, hier, à une station d'omnibus. J'étais las.
Un morne-ennui pesait sur la place déserte. Con-
trairement à l'habitude, nulle foule n'assiégeait
la dernière voiture qui déjà démarrait pesamment
et comme à regret. Le conducteur lui-même
semblait anéanti, et, seul être vivant, régner sur
un véhicule de désolation. Je méditais déjà sur
un St étrange phénomène, quand l'homme à la
sacoche, effleurant mon bras, me dit : « Monsieur
ne me reconnaît pas ? C'est vrai, pourtant, que
j'ai changé! Hélas! » — « Tiens, Tournefier!
Heureux de vous voir! »
Cela me fait toujours quelque chose de ren-
contrer Toumefier. C'est un rude homme, bien
qu'un brin gâté par la civilisation. Si je le recon-
naissais! Tout le portrait de son père; un gail-
lard, celui-là, que je vois encore — tout là-bas
en province — perché sur le siège de sa patache
apocalyptique, les rênes hautes, le fouet en ba-
taille, la bouche tordue vers ses chevaux, engouf-
frer son équipage de tonnerre dans la grande rue
du village. Comme c'est loin! Cher papa Tourne-
fier! Les chemins de fer l'ont tué. Et le fils, dé-
possédé par le progrès, dispense maintenant des
correspondances aux citadins. .,.,., -
Il reprit: « Ahl oui, j'ai changé! 'On a son
amour-propre! Alors, le sang remuer. » -
« Comment vous aussi, Tourne/ier, Vous mé-
prisez votre métier! Je vous croyais plus de sa-
gesse! » - '« Non. Le métier n'enrichit pas, mais
je l'aime! Mais tout s'en va! C'est la fin. Mi-
sère!. Ainsi, où est monsieur, en ce moment? »
— « Mais. » — « Sur « l'Omnibus des Théâ-
tres », tout simplement!. Hein! Qui le.dirait?.
« L'omnibus des théâtres »! C'est-à-dire le roi
des omnibus! Celui qu'on se dispute, au'on at-
tend, qu'on envahit! Son image trouble l'émotion
des plus cruels dévouements !. Chez lui aussi
on refuse du monde !. Chaque soir, dans ma
modeste sphère, je faisais « plus que le maxi-
mum », car je suis charitable!. Et des toilettes,
avec ça! et du chic! Oh! monsieur peut souri-
re !. Quand j'y pense!. Maintenant, plus rien!
Four noir, si j'ose dire!. » - « Les beaux
jours reviendront pour vous! C'est l'été, Tour-
nefier, songez-y !. » — « L'été! Qui ! Parlons-
en!. Partir à vide, cela déchire! Mais on se
raisonne; faut bien!. Mais les dimanches, mon-
sieur, les soirs de fête!. Odieux!. Une cohue
innomable, débraillée, qui sûrement ignore le
théâtre, envahit ma voiture, s'assied aux mêmes
places, qui naguère. Ah! c'est saler ça crie!
ça fait du dégât!. C'est vulgaire! Ç'a n'a au-
cune conversation!. Déchéance! Monsieur me
comprend!. Oui! c'est trente centimes !. Pas
de correspondance!. Au revoir, Monsieur!.
Enfin, voici-septembre qui revient! » ,
GASTON ROIG..
u
n vrai théâtre de plein air.
Un grand seigneur, le marquis de
L., qui pendant longtemps derraya la chro-
nique élégante de Biarritz par le luxe ex-
trêmement original de son installation et la
somptuosité sans précédent de ses récep-
tions, disparut un jour de la vie mondaine.
Un accès de misanthropie l'avait chassé
vers les Alpes. Et là, réfugié sûr une cime
élevée, il passait ses journées dans la na-
celle, confortablement aménagée, d'un im-
mense ballon captif.
Mais un jour l'ennui vint au grand sei-
gneur de cette solitude, et le désir de pins
mondains divertissements. Bientôt la na-
celle se garnit d'invités et l'on a même
joué le Proverbe.
Il faut bien passer ses soirées.
Les plus malins s'y font prendre. et
* tel chauffeur qui s'imagine esthétiser
infailliblement en mécanique ne dira que
des blasphèmes s'il ignore la perfection des
voiturettes Zedel, que Lamberjack a lan-
cées en France. Silencieuses, souples et ra-
pides, ces trois mots étant pris dans leur
acception stricte, ce sont des merveilles
pour le tourisme. -
NOUVELLE A LA MAIN
c
atulle Mendès déjeunait l'autre jour à
Avignon et il avait prié à sa - table
Georges Courteline et NOZlère, en déplace-
ment à Orange.
On venait de servir des truites.
— Des truites à Avignon, s'écria Courte-
line. Je ne savais pas que l'ancienne rési-
dence des papes fut une ville des truites.
Le Masque de Verre.
Lire à la deuxième page
LETTRE DE BAYREUTH
par WiUy
à la troisième page
1 "Çomœdia" à 'Buenos-Aires
DE L'OPÉRA A L'optRA=COMIQUE
UN
DESSINATEUR
A,~ DE
COSTUMES
Le théâtre contemporain, poussé par le
souci de la mise en scène que prouvent cer-
tains directeurs et le goût du public pour
les spectacles où l'exactitude du détail est
absolue, a pris depuis quelques années une
habitude que l'èn ne saurait trop louer:
l'habitude de la vérité.
Le temps est loin où l'unité de lieu suf-
fisait à tous les désirs, où les oripeaux les
plus disparates, couvrant les gestes héroï-
ques des acteurs, contentaient le public.
Talma maintenant ne pourrait plus jouer
Ham!et coiffé d'une toque à la romaine et
les jambes prises en des bottes Souvarow.
Le public peu à peu a fait son éducation,
et de telles négligences scéniques soulève-
raient ses rires.
C'est pourquoi, en vertu du principe
scientifique « la fonction crée l'organe »,
les dessinateurs de costumes sont nés. Je
ne parle pas de ces délicieux fantaisistes
dont tout l'art est affaire d'imagination et
qui triomphent dans les revues ou les piè-
ces à spectacle, mais des dessinateurs de
costumes dont l'érudition solide s'est éta*;
blie - lentement par de laborieuses recher-
ches. ,
Ceux-là sont des manières de petits sa-
vants. Ils ont pâli sur l'histoire et peuvent
vous dire, sans l'ombre d'une hésitation,
les traits caractéristiques qui différencient
le haut-de-chausse Henri II et celui qui fut:
glorieux sous Louis XIII. A la vérité, ils
sont peu nombreux. Pour ma part, j'en con-
nais quatre: MM. Marcel Multzer, Ibels,'
Chairieux et Clément Bétout.
Des quatre, M. Clément Bétout est le
plus jeune,. mais, malgré sa jeunesse, il
est abondamment ; pourvu de talent. Il le
doit à la fois à ses dons personnels et aux
enseignements d'un homme qui, pendant
Ooltumu da Paul Mounet) /«t
Bétout
de longues années, fut une autorité en la
matière. Car M. Bétout fut d'abord l'élève
de; Ch. Bianchini, à l'époque où celui-ci
dessinait les costumes pour l'Opéra et
l'Opéra-Comique. Bientôt il devint même
son collaborateur, son second. A ce double
titre, il associa son nom à toutes les gran-
des victoires artistiques remportées par nos
deux théâtres lyriques.
Depuis la mort de Ch. Bianchini et à
l'exemple des frères Pierre Petit, M. Bé-
tout opère lui-même. Cela lui a été l'occa-
sion de donner toute la mesure de son ta-
lent d'abord à l'Opéra, où il demeura jus-
qu'à la fin de la direction Gailhard, et de-
puis un an à l'Opéra-Comique, où il as-
sume la direction du service des costu-
mes.
Entre tenus. M,. Bétout occupe les rares
- « On Prisonnier »
Costume dessiné pour « Le premier Glalva il
par' M.. Bétout -
instants de' loisir, qui lui restent à préparer
les costumes pour les représentations - or-
ganisées par M. Castelbon de Beauxhostesf
aux arènes de Béziers. A ce titre, il vient
de dessiner Le Premier Glaive, l'œuvre de
MM. Népoty et-Rabaud, dont la première
aura lieu a la fin de ce mois. Les auteurs
comme le directeur se montrent ravis de
ses csotumes. et il est probable que le
public confirmera leur opinion. car M. Bé-
tout a tout ce qu'il faut pour acquérir très
vite une. grande réputation;
Quoique jeune, il a derrière lui un passé
qui est une garantie d'avenir. Son goût très-
sûr,, son érudition parfaite, *somsotici ■
monie, la minutie et l'exactitude qu'il à
apportées jusqu'à présent rdans les œuvi
qu'il a préparées ont prouvé quel fonds ort
pouvait. faire sur lui. Travailleur acharné,
nullement abusé par un facile contentement
de soi, d'une documentation précise, il a ;
dans sa-mémoire et dans ses cartons les
bases lies plus admirables qui se puissent
trouver pour une œuvre de reconstitution,
quelle qu en soit 1 epoque. Il n'est pas à
craindre avec lui de fautes de goût ou de
fautes de venté. Dans le dessin du costume
c'est un savant qui sait allier à ses qualités
de savoir des dons précieux d'imagination.
Pour peu que vous 1 en priiez, il se trans-
portera, par 1 esprit, de quelques siècles
en arrière et fera revivre devant vos yeux
un monde depuis longtemps disparu.
C'est en quelque sorte un magicien d'his.
toire.
GEORGES TALMONT.
#.Je numéro ; o centimes
Mardi 18 Août 1908.
COMCEDIA f
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En Tournée
— C'était l'été dernier, nous dit le
comique Giscard. Nous tournions une
Pièce assez amusante, Une Famille d'al-
binos, qui avait fait cent représentations
à Paris. Mais enfin ce n'était pas encore
la grosse grosse affaire. Si Rigadel avait
Pris cette pièce dans une de ses tour-
nées, c'était surtout pour employer des
artistes qu'il avait engagés cette année-
s/Oui, une autre affaire qui ne s'était
Pas faite! ,-
« Rigadel paie assez bien. J'avais
Quarante francs par jour, et, vous sa-
'\Tel, moi, quand je dis que j'ai quarante
francs, c'est quarante francs, et pas
Quinze francs. C'est le chiffre qu'il y a
sur mon engagement, et ce n'est pas un
chiffre à la gomme. Rigadel, comme
^'habitude, payait le chemin de fer.
L'administrateur de la tournée voulait
bien pour notre compte s'occuper de
'hôtel, afin de nous avoir des additions
Meilleures. Tout ça se faisait très gen-
timent. Nous avions avec nous de bons
garçons et de bonnes petites camarades.
; On causait et on faisait des blagues dans
ta train, et le temps passait vite. Arri-
vés dans les villes, ceux qui connais-
saient le patelin allaient le montrer à
ceux qui ne le connaissaient pas.
« Il n'y avait qu'un de nos camarades
qui se tînt un peu à l'écart. Quand je
dis camarade, c'est par habitude pro-
fessionnelle. Le fait est qu'il n'était
guère notre camarde. D'abord personne
de nous ne le connaissait. On ignorait
complètement son nom. que j'ai d'ail-
leurs oublié.
« C'était un assez beau gaillard de
trente à trente-cinq ans, qui n'a-
vait d'autre qualité que d'être de bonne
taille. Il avait une voix forte; mais pour
entendre ce qu'il disait, il fallait être là
de bonne heure. Dans sa façon de jouer
on reconnaissait l'enseignement de M.
Pied. Ajoutez à cela qu'il ne tenait pas
Un rôle de son emploi, si tant est qu'il
ait eu un emploi. Rigadel l'avait en-
gage pour l'autre pièce, pour l'affaire
qui ne s'était pas faite; cette pièce-là
c'était une comédie dramatique, et notre
Jeune premier s'était vu attribuer dans
Une Famille d'albinos un personnage
d'amoureux très en dehors, une espèce
de commandant au picrate, qui, grâce
à lui, était devenu le plus paisible des
hommes.
« Ce qu'il y a de plus grave, c'est que
ce commandant autour de lui devait se-
mer la terreur. Naturellement, tous les
Petits artistes qui jouaient des rôles de
domestiques continuaient à lever les
bras au ciel et à s'enfuir effrayés, de
sorte que cette panique générale avait
quelque chose de mystérieux, qui devait
surprendre un peu les spectateurs.
« A Paris, ce rôle de commandant
faisait un effet énorme, et pourtant il
n'était joué que convenablement. N'em-
pêche qu'à chacune de ces sorties, c'é-
tait très chaud dans la salle. Dans la
tournée, avec notre individu, calme plat,
silence de mort, ce qui est fâcheux pour
une pièce gaie. Le public ne s'aperce-
,,; vait pas que ctétait mal joué. Le rôle
: ne sortait pas, voilà tout.
; « Vous croyez peut-être que le las-
car s'en inquiétait? Même en tournée,
n'est-ce pas? et devant des salles demi-
1 pleines, le métier est le métier ; on a
beau s'en défendre, on aime à faire de
l'effet, et, quand on ne récolte rien,
on passe quelquefois une mauvaise soi-
rée. Quand notre homme avait vendu
sa petite affaire, il montait tranquille-
ment dans sa loge sans paraître se sou-
cier de rien.
— « Mais enfin, que je demande un
jour à Rochon, l'administrateur de la
tournée, où Rigadel avait-il trouvé cet
oiseau-là?
—. « je n'en sais rien, me dit Ro-
chon. Je sais seulement qu'il est venu
voir le patron plusieurs fois pour se
faire engager, et qu'il a fait écrire des
lettres à notre bureau de Paris par des
personnes qui ont de l'influence dans
la maison. Comme il est assez bien ha-
billé, le patron l'avait engagé pour jouer
un homme du monde dans l'autre pièce,
celle qui nous a manqué au dernier mo-
ment. En somme, c'est un gaillard qui
se tient bien, et j'ajoute qu'il ne coûte
pas cher.
— « Mais enfin, il joue la comédie
pour gagner sa vie? Parce que vrai-
ment je ne peux pas croire que ce soit
par goût. Il fait ça comme une corvée.
- « C'est un mystère, dit l'adminis-
trateur. Je ne vais pas dans la salle,
mais tout le monde me dit qu'il est mau-
vais comme un cochon, et qu'il a l'air
de s'embêter en scène. Il ne fait donc
pas ça par goût. Et il ne le fait pas non
plus par besoin. Car c'est un monsieur
qui est loin de crever de faim. Je l'ai
souvent vu ouvrir son portefeuille. Hé
bien! il n'y avait pas d'erreur, ce n'é-
tait pas le portefeuille d'un miteux; en
fait de billets de banque, il y avait du
monde.
« .J'ajoute, continua Rochon, qu'il
connaît énormément de monde, pas des
gens très « hurf » mais des personnes
assez convenables. Je vois ça, parce qu'il
me demande chaque fois des billets,
« tant que vous pourrez m'en donner »,
qu'il me dit « j'en ai le placement ».
(N'est-ce pas? nous avons malheureuse-
ment de la place pour les clients à
l'œil). Je suis au contrôle, je vois arri-
ver ses amis, ce sont, je vous dis, des
gens modestes, mais assez bien vêtus.
« Le mystère, continua Rochon, enve-
loppait toujours la personnalité de. Sa-
pristi, je ne suis pas fichu de retrouver
son nom. Nous avons fait toute la tour-
née avec lui sans en savoir plus long.
Il ne descendait pas toujours dans l'hôtel
où nous étions ; mais les fois où ça lui
arrivait, nous le voyions écrire un cour-
rier à n'en plus finir, de six heures
à sept heures, et mettre haut comme ça
de lettres à la poste.
« Quand on se quitta, en rentrant de
la tournée, on s'était fait part de ses pro-
jets pour l'hiver. Les uns restaient à Pa-
ris; les autres allaient à Nice, à Lyon,
ou, comme moi, à Bruxelles. On de-
manda à Sacardin — j'ai trouvé, il s'ap-
pelait Sacardin, c'est curieux, il suffit de
ne plus chercher un nom, et tout de
suite. - On demanda donc à. à com-
ment?
- « A Sacardin.
- « On demanda donc à Sacardin s'il
avait un engagement.
— Oh! moi, nous dit-il, je ne compte
pas faire du théâtre cet hiver.
« Et il nous quitta à la gare, et on
n'eut plus de ses nouvelles. -
« Ce n'est que tout à fait par hasard,
la semaine dernière, que l'on a appris
qui c'était.
- « Il n'avait jamais été acteur de sa
vie.
« Il était tout simplement voyageur en
eaux minérales.
« Il avait trouvé cette ingénieuse com-
binaise pour se faire payer ses frais et
son chemin de fer par Rigadel, pendant
qu'il se faisait encore défrayer de sa mai-
son d'eaux gazeuses.
« De plus, le bougre faisait, paraît-il,
de très belles affaires, car il gorgeait de
billets de faveur toute sa clientèle.
Tristan BERNARD.
Nous publierons demain un article de
PIERRE MORTIER
Méditation
sur les Ruines
On va souvent chercher bien loin ce
que l'on a sous la main.
Par ces temps de villégiature, certains
s'en vont à la mer, d'autres à la montagne
dénicher le petit coin tranquille où l'on peut
vivre à l'abri de toute préoccupation et l'on
admet communément que Paris est un en-
fer qu'il faut fuir* à tout prix pendant
l'été. Rien n'est plus taux, et un simple
petit voyage place de la Concorde peut
nous assurer en ce moment qu'il existe à
Paris des coins infiniment plus calmes que
partout ailleurs.
C'est ce qu'a pensé fort justement un
sage ermite qui habite en ce moment sur
la place de la Concorde. Protégé contre
l'indiscrétion des rares passants par les im-
menses palissades définitives qui, jusqu'à
la fin des siècles, feront de ce petit coin de
Paris un véritable Paradou inaccessible aux
vaines agitations des villes et sachant sans
doute qu'en vertu des progrès sociaux il ne
court aucun risque d'être dérangé dans cet
asile jusqu'à sa mort, le gardien des ex-
travaux a transformé sa cabane d'une façon
véritablement délicieuse. ,
Devant, c'est un jardin d'agrément, avec
des fleurs, des liserons et des capucines
soigneusement élevés au long des fils de
ter qui, dans des temps anciens, servaient
sans doute aux travaux. Derrière — car il
taut prévoir la famine tout en conservant
l'aspect décoratif de l'ensemble — il y a
un potager avec arbres truitiers et des
plants de salade soigneusement alignés en
plate-bandes qu'envieraient nos meilleurs
horticulteurs.
Les chênes, les peupliers et les tilleuls
sont encore bien petits, mais dans quelques
années ils donneront à ce prévoyant de
l'avenir une ombre méritée.
Evidemment, les salades ainsi plantées
sur la place de la Concorde seraient d'un
prix de revient élevé, trois ou quatre mille
francs par tête sans doute, si l'on calculait
d'après les principes capitalistes d'autre-
tois, mais au temps où nous vivons, il ne
taut retenir que le côté décoratif de l'en-
semble et l'on peut espérer que cet exem-
ple sera suivi par tous les autres chantiers
qui, de vingt en vingt mètres, décorent au-
jourd'hui pour toujours notre belle capitale.
Les étrangers qui venaient encore à Pa-
ris pour se distraire, et qui s'étonnaient de
trouver tous nos théâtres fermés pour cau-
se de grève ou nos grandes avenues bar-
rées par des chantiers, trouveront ainsi un
charme nouveau à notre ville et la visite-
ront comme on le fait encore de la Suisse
ou des gorges du Tarn. C'est une faible
consolation, mais nous en avons si peu qu'il
faut se contenter de celles que l'on nous
donne.
donne. G. DE PAWLOWSKI.
Échos
]
1 n'y a pas de principes. - -
Georges Courteline, dans - sa savou-
reuse préface de Sur le Pré, le livre -
qui aurait pu être sanguinaire et qui est
seulement charmant — de notre ami Kou-
zier-Dorcières, se déclare ennemi-ne du
duel.
Un jour cependant il envoya des témoins
à notre excellent ami et collaborateur Pierre
Mortier. Il s'était jugé offensé par la publi-
cation d'un mot de lui qu'il jugeait indis-
crète.
Pendant la délibération il se trouvait dans
une salle de rédaction où. seul avec lui, se
trouvait son ami devenu pour un instant
son adversaire.
Le débat se prolongeait. Il était neuf
heures du soir.
Brusquement, Courteline s'adressa à
Pierre Mortier: « Si on allait dîner? »
Ainsi fut fait et, dès le potage, les deux
adversaires s'étaient réconciliés.
Mais, une fois au moins dans sa vie,
Georges Courteline avait envoyé des té-
moins. -
Chez Wagner.
Sur les versants fleuris du mont Pi-
latus, au bord du lac des Quatre-Cantons,
s'élève, mystérieuse, entre des touffes de
roses et de mimosas, une petite maison
aux volets clos.
Depuis quelque temps on peut aperce-
voir, à l'aube, M. Gabriel Fauré, l'éminent
directeur de notre Conservatoire national,
rêvant, aux alentours de cette petite mai-
son, à la musique de sa Pénélope, qu'atten-
dent impatiemment MM. Messager et
Broussan.
C'est que M. Gabriel Fauré n'ignore
point que, il y a une trentaine d'années,
Richard Wagner habita cette maison où
tous les wagnériens français, Catulle Men-
dès en tête, le visitèrent à cette époque.
J'I'
- COMCEDIA » A LONDRP-
- - Miss Cartle Mitlaf'*~~ ",
.Dans « A Waltz Dream »
u
n coin du voile!
Après le théâtre, il est incontesta-
ble que Rostand a une prédilection très
marquée pour sa retraite de Cambo.
C'est ainsi qu'il a dépensé pour sa mai-
son une petite fortune. Tout d'abord, il a
un jardin reproduisant le Petit Trianon, et
un jardinier spécialement chargé de l'en-
tretenir. Une autre partie de sa propriété
fut dessinée en parc anglais, tel un joli cot-
tage de « Brighton ». Comme ses terrains
sont situés sur une hauteur, il a fait capter
une source à plus de 12 kilomètres.
Ces poètes font des merveilles!.
L
es collabos.
Quelle raison, dans une collabora-
tion, décide du nom qui passe le premier
sur l'affiche?
Est-ce le degré de réputation individuelle
de chaque auteur? Est-ce la part de chacun
dans la collaboration commune? Est-ce un
simple souci d'euphonie?
Il n'y a pas de règle à cet égard. Géné-
ralement, c'est l'auteur le plus connu qui
signe le premier, mais quand les deux col-
laborateurs sont de renom égal, le seul ca-
price réglant le rang de chacun c'est d'or-
dinaire celui dont le caractère est le moins
doux qui l'emporte.
D'autres fois, les auteurs prennent des
arrangements amicaux.
C'est ainsi que MM. Robert de Fiers et
G.-A. de Caillavet ont imaginé d'alterner
l'ordre de leurs noms. Une de leurs pièces
est de « MM. R. de Fiers et G.-A. de Cail-
lavet », l'autre de « MM. G.-A. de Cailla-
vet et R. de Fiers ».
Et comme ils font beaucoup de pièces,
chacun signe souvent le premier.
A
u travail.
Depuis longtemps — trop longtemps,
au gré des lettrés, — Georges Courteline
prolongeait son repos.
Il paraît qu'il va enfin sortir de ce si-
lence et qu'il prépare une œuvre nouvelle.
Il la prépare en collaboration. Et avec qui?
Avec un musicien, M. Gabriel Marie.
Travaille-t-il comme son ami Catulle
Mendès pour l'Opéra?
U
ne population artistique.
Orange est vraiment la - granae cité
d art du Midi provençal, ht l'influence théâ-
trale du Mur se fait sentir jusque dans les
noms de ses habitants.
En souvenir sans doute des représenta-
tions de L'Arlésienne, il y a un Mititio,
coiffeur.
Plus loin un Michel Ange vend des jour-
naux.
Orange possède encore un Biaise Pascal
boulanger, et sur la boutique de l'un des
principaux marchands de vins s'étale fière-
ment le nom d'Alexandre Dumas. 1
Voici qui enfonce la gloire de posséder
un Lamartine coiffeur, dont les Parisiens
sont jaloux. -
u
n scénario. #
Nombreux sont les comédiens qui
se mêlent d'écrire et qui travaillent double-
ment pour le théâtre.
C'est ainsi qu'à la Comédie-Française
seulement nous trouvons Mounet-Sully, au-
teur de La Vieillesse de Don Juan; de Fé-
raudy, qui signa nombre de petits actes ;
,"
Truffier, l'un des auteurs du Dîner de Pier-
rot; Georges Berr, qui connut tant de suc-
cès, citons seulement Madame Flirt; Leloir.
qui fit jouer à l'Ambigu Le Roman de Fran-
çoise; d'autres encore.
Cette liste va probablement s'accroître
du nom de M. Paul Mounet.
L'excellent sociétaire projette en effet
une tragédie dont le sujet ne manque certes
pas d'originalité. ,
Il s'agit d'un homme du Midi qui, pour-
suivi par la Fatalité antique, ne parvient
pas à gagner Lille, où l'appellent de pres-
sants intérêts.'
C'est du moins ce qu'il affirmait récem-
ment au jeune. poète René Fauchois, un
soir où tous deux, de compagnie, avaient
vidé force pichets.
L
,.,
a ceinture.
Un procès pas banal serait sur le
point de s engager en Amérique entre un
ténor italien et la direction de l'Opéra de
Manhattan.
La direction avait engagé ledit ténor,
mais, le trouvant trop gros, elle lui prescri-
vit de réduire son tour de taille de 7 centi-
mètres.
Le chanteur hésite. Il est venu en Amé-
rique pour chanter mais non pour suivre
un régime. Voilà un procès et des débats
qui ne laisseront d'être piquants.
Il est permis de se demander si l'amour
de l'esthétique autorise de semblables exi-
gences.
Un ténor n'est pas un jockey.
BILLETS D'UN PROVINCIAL
DÉCHÉANCE
Les -hasards d'une tardive flânerie me condui-
sirent, hier, à une station d'omnibus. J'étais las.
Un morne-ennui pesait sur la place déserte. Con-
trairement à l'habitude, nulle foule n'assiégeait
la dernière voiture qui déjà démarrait pesamment
et comme à regret. Le conducteur lui-même
semblait anéanti, et, seul être vivant, régner sur
un véhicule de désolation. Je méditais déjà sur
un St étrange phénomène, quand l'homme à la
sacoche, effleurant mon bras, me dit : « Monsieur
ne me reconnaît pas ? C'est vrai, pourtant, que
j'ai changé! Hélas! » — « Tiens, Tournefier!
Heureux de vous voir! »
Cela me fait toujours quelque chose de ren-
contrer Toumefier. C'est un rude homme, bien
qu'un brin gâté par la civilisation. Si je le recon-
naissais! Tout le portrait de son père; un gail-
lard, celui-là, que je vois encore — tout là-bas
en province — perché sur le siège de sa patache
apocalyptique, les rênes hautes, le fouet en ba-
taille, la bouche tordue vers ses chevaux, engouf-
frer son équipage de tonnerre dans la grande rue
du village. Comme c'est loin! Cher papa Tourne-
fier! Les chemins de fer l'ont tué. Et le fils, dé-
possédé par le progrès, dispense maintenant des
correspondances aux citadins. .,.,., -
Il reprit: « Ahl oui, j'ai changé! 'On a son
amour-propre! Alors, le sang remuer. » -
« Comment vous aussi, Tourne/ier, Vous mé-
prisez votre métier! Je vous croyais plus de sa-
gesse! » - '« Non. Le métier n'enrichit pas, mais
je l'aime! Mais tout s'en va! C'est la fin. Mi-
sère!. Ainsi, où est monsieur, en ce moment? »
— « Mais. » — « Sur « l'Omnibus des Théâ-
tres », tout simplement!. Hein! Qui le.dirait?.
« L'omnibus des théâtres »! C'est-à-dire le roi
des omnibus! Celui qu'on se dispute, au'on at-
tend, qu'on envahit! Son image trouble l'émotion
des plus cruels dévouements !. Chez lui aussi
on refuse du monde !. Chaque soir, dans ma
modeste sphère, je faisais « plus que le maxi-
mum », car je suis charitable!. Et des toilettes,
avec ça! et du chic! Oh! monsieur peut souri-
re !. Quand j'y pense!. Maintenant, plus rien!
Four noir, si j'ose dire!. » - « Les beaux
jours reviendront pour vous! C'est l'été, Tour-
nefier, songez-y !. » — « L'été! Qui ! Parlons-
en!. Partir à vide, cela déchire! Mais on se
raisonne; faut bien!. Mais les dimanches, mon-
sieur, les soirs de fête!. Odieux!. Une cohue
innomable, débraillée, qui sûrement ignore le
théâtre, envahit ma voiture, s'assied aux mêmes
places, qui naguère. Ah! c'est saler ça crie!
ça fait du dégât!. C'est vulgaire! Ç'a n'a au-
cune conversation!. Déchéance! Monsieur me
comprend!. Oui! c'est trente centimes !. Pas
de correspondance!. Au revoir, Monsieur!.
Enfin, voici-septembre qui revient! » ,
GASTON ROIG..
u
n vrai théâtre de plein air.
Un grand seigneur, le marquis de
L., qui pendant longtemps derraya la chro-
nique élégante de Biarritz par le luxe ex-
trêmement original de son installation et la
somptuosité sans précédent de ses récep-
tions, disparut un jour de la vie mondaine.
Un accès de misanthropie l'avait chassé
vers les Alpes. Et là, réfugié sûr une cime
élevée, il passait ses journées dans la na-
celle, confortablement aménagée, d'un im-
mense ballon captif.
Mais un jour l'ennui vint au grand sei-
gneur de cette solitude, et le désir de pins
mondains divertissements. Bientôt la na-
celle se garnit d'invités et l'on a même
joué le Proverbe.
Il faut bien passer ses soirées.
Les plus malins s'y font prendre. et
* tel chauffeur qui s'imagine esthétiser
infailliblement en mécanique ne dira que
des blasphèmes s'il ignore la perfection des
voiturettes Zedel, que Lamberjack a lan-
cées en France. Silencieuses, souples et ra-
pides, ces trois mots étant pris dans leur
acception stricte, ce sont des merveilles
pour le tourisme. -
NOUVELLE A LA MAIN
c
atulle Mendès déjeunait l'autre jour à
Avignon et il avait prié à sa - table
Georges Courteline et NOZlère, en déplace-
ment à Orange.
On venait de servir des truites.
— Des truites à Avignon, s'écria Courte-
line. Je ne savais pas que l'ancienne rési-
dence des papes fut une ville des truites.
Le Masque de Verre.
Lire à la deuxième page
LETTRE DE BAYREUTH
par WiUy
à la troisième page
1 "Çomœdia" à 'Buenos-Aires
DE L'OPÉRA A L'optRA=COMIQUE
UN
DESSINATEUR
A,~ DE
COSTUMES
Le théâtre contemporain, poussé par le
souci de la mise en scène que prouvent cer-
tains directeurs et le goût du public pour
les spectacles où l'exactitude du détail est
absolue, a pris depuis quelques années une
habitude que l'èn ne saurait trop louer:
l'habitude de la vérité.
Le temps est loin où l'unité de lieu suf-
fisait à tous les désirs, où les oripeaux les
plus disparates, couvrant les gestes héroï-
ques des acteurs, contentaient le public.
Talma maintenant ne pourrait plus jouer
Ham!et coiffé d'une toque à la romaine et
les jambes prises en des bottes Souvarow.
Le public peu à peu a fait son éducation,
et de telles négligences scéniques soulève-
raient ses rires.
C'est pourquoi, en vertu du principe
scientifique « la fonction crée l'organe »,
les dessinateurs de costumes sont nés. Je
ne parle pas de ces délicieux fantaisistes
dont tout l'art est affaire d'imagination et
qui triomphent dans les revues ou les piè-
ces à spectacle, mais des dessinateurs de
costumes dont l'érudition solide s'est éta*;
blie - lentement par de laborieuses recher-
ches. ,
Ceux-là sont des manières de petits sa-
vants. Ils ont pâli sur l'histoire et peuvent
vous dire, sans l'ombre d'une hésitation,
les traits caractéristiques qui différencient
le haut-de-chausse Henri II et celui qui fut:
glorieux sous Louis XIII. A la vérité, ils
sont peu nombreux. Pour ma part, j'en con-
nais quatre: MM. Marcel Multzer, Ibels,'
Chairieux et Clément Bétout.
Des quatre, M. Clément Bétout est le
plus jeune,. mais, malgré sa jeunesse, il
est abondamment ; pourvu de talent. Il le
doit à la fois à ses dons personnels et aux
enseignements d'un homme qui, pendant
Ooltumu da Paul Mounet) /«t
Bétout
de longues années, fut une autorité en la
matière. Car M. Bétout fut d'abord l'élève
de; Ch. Bianchini, à l'époque où celui-ci
dessinait les costumes pour l'Opéra et
l'Opéra-Comique. Bientôt il devint même
son collaborateur, son second. A ce double
titre, il associa son nom à toutes les gran-
des victoires artistiques remportées par nos
deux théâtres lyriques.
Depuis la mort de Ch. Bianchini et à
l'exemple des frères Pierre Petit, M. Bé-
tout opère lui-même. Cela lui a été l'occa-
sion de donner toute la mesure de son ta-
lent d'abord à l'Opéra, où il demeura jus-
qu'à la fin de la direction Gailhard, et de-
puis un an à l'Opéra-Comique, où il as-
sume la direction du service des costu-
mes.
Entre tenus. M,. Bétout occupe les rares
- « On Prisonnier »
Costume dessiné pour « Le premier Glalva il
par' M.. Bétout -
instants de' loisir, qui lui restent à préparer
les costumes pour les représentations - or-
ganisées par M. Castelbon de Beauxhostesf
aux arènes de Béziers. A ce titre, il vient
de dessiner Le Premier Glaive, l'œuvre de
MM. Népoty et-Rabaud, dont la première
aura lieu a la fin de ce mois. Les auteurs
comme le directeur se montrent ravis de
ses csotumes. et il est probable que le
public confirmera leur opinion. car M. Bé-
tout a tout ce qu'il faut pour acquérir très
vite une. grande réputation;
Quoique jeune, il a derrière lui un passé
qui est une garantie d'avenir. Son goût très-
sûr,, son érudition parfaite, *somsotici ■
monie, la minutie et l'exactitude qu'il à
apportées jusqu'à présent rdans les œuvi
qu'il a préparées ont prouvé quel fonds ort
pouvait. faire sur lui. Travailleur acharné,
nullement abusé par un facile contentement
de soi, d'une documentation précise, il a ;
dans sa-mémoire et dans ses cartons les
bases lies plus admirables qui se puissent
trouver pour une œuvre de reconstitution,
quelle qu en soit 1 epoque. Il n'est pas à
craindre avec lui de fautes de goût ou de
fautes de venté. Dans le dessin du costume
c'est un savant qui sait allier à ses qualités
de savoir des dons précieux d'imagination.
Pour peu que vous 1 en priiez, il se trans-
portera, par 1 esprit, de quelques siècles
en arrière et fera revivre devant vos yeux
un monde depuis longtemps disparu.
C'est en quelque sorte un magicien d'his.
toire.
GEORGES TALMONT.
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