Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-08-12
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 août 1908 12 août 1908
Description : 1908/08/12 (A2,N317). 1908/08/12 (A2,N317).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76459723
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
V Année, «Tv» 3irCQuo«dîenT
Le Numéro : 5 centimes
Mercredi 12 Août 1908.
— — -————— — F
I
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B-' J9f B ÉŒ bN^H k1(^Ï m$li n v ï *^BNS"
Rédacteur en Chef G» de PAWLOWSKÎ
;• 'RÉDACTION & ADMINISTRATION :
1
Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA.PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOIS
earis et Départements. 24 fr. 12 fr.
Étranger • 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
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Adresse Télégraphique : COMŒDIA.PARIS
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UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger - 40 » 20 »
kalud de Chicago
gavais rencontré mon ami 'Arthur à
JJarritz il y a trois ans. Arthur était à
cette époque un garçon d'une trentaine
d'années, très calé. Il venait d'hériter de
sa tnere; il avait à dépenser chaque an-
I e une bonne soixantaine de mille
^ncs. Nous étions tranquilles sur son
compte; aucune inquiétude pour ses
vi eux jours.
Or il fit la rencontre d'une jeune fille
blonde sans fortune, la fille d'un ébé-
niste de Charonne. Cette jeune Pari-
sienne, reniant le nom de son père et
eme son propre prénom, se faisait ap-
Peler Maud de Chicago. Elle devait ce
ttre à un jeune dessinateur avec qui elle
I vait vécu et connu l'amour.
- - 0 - - --
au de Chicago tut distinguée par
8 ur, un jour qu'il était venu des con-
fis de Passy dans les régions bien plus
orientales de Ba-Ta-Clan. On avait si-
gnalé la revue de ce music-hall à la
bande d'Occidentaux dont il faisait partie.
les trois loges que cette bande remplis-
sait s'exaltèrent à la vue de Maud de
Chicago, au spectacle de la Beauté pure,
que faisaient valoir une absence complète
de talent et la voix la plus imperceptible
des music-halls parisiens.
uès lors, les progrès de Maud furent
rapides. Un directeur des Mathurins lui
tr nfia un rôle de bonne dans une pièce
t ès courte. Puis, grâce à de puissantes
relations, elle fut engagée dans une tour-
née importante, la tournée Rigadel, qui
faisait une quarantaine de casinos.
Arthur suivait la tournée, et c'est ainsi
qu'il se trouvait de passage à Biarritz. Il
était très heureux, car il aimait beaucoup
Nager:
l' .- Vois-tu, me dit-il, jamais je n'aurais
énergie de me déplacer aussi souvent. Il
J avait des quantités de villes que je dési-
rs voir. De ma vie je n'y serais allé.
94alid vous voyagez, toi et les autres,
q eus vous croyez obligés de vous rendre
pans des endroits consacrés. Tu n'auras
h8 honte de dire: Je vais dans l'Enga-
ge, ou au Mont-Saint-Michel, ou à
Ii tnsterdam. Et tu t'en vas dans des pate-
es intéressants, mais trop fréquentés.
J U n'auras jamais le culot d'annoncer:
e Vais à Chalon-sur-Saône, ou à Péri-
tueux. On s'écrierait: Qu'est-ce que vous
allez f aire là? Alors tu seras obligé d'm-
Ilter un vieil oncle à visiter, ou une
"aire.
Aux yeux du monde, on n'a d'excuse
de Voyager dans les endroits peu s ré-
gentés que s'ils sont situés au diable.
p n vous permet d'aller dans des villages
() eu connus, s'ils sont en Asie-Mineure
U dans le Canada.
L'automobile a un peu changé ça.
Maintenant il est avouable de visiter Ne-
Vers ou Moulins, parce qu'on est censé
* être allé en auto.
1 Moi, tu vois, continua Arthur, je
h Parcours la France en chemin de fer, et
e m'en trouve fort bien. Nous partons,
taud et moi, quelquefois après ie spe*-
baCle, à minuit, d'autres fois le matin de
conne heure. Il n'y a pas à réfléc.ur, à
lornbiner des itinéraires. Nous sommes
tes esclaves de l'administrateur de la
°Urnée qui nous indique ce que nous
?,vons à faire, l'heure du départ du train,
, heure de l'arrivée, ainsi que les change-
ants et les stationnements dans les ga-
es pour attendre la correspondance. Et
qUelle économie! Je suis considéré corn-
ue faisant partie de la troupe, et je paie
??ur mon billet un tarif spécial. Et le
billet de Maud est payé par la tournée !
le n'ai à régler que l'hôtel et les petits
rais accessoires.
J'ai appris l'année dernière qu Arthur,
l' nomme économe, était pour ainsi dire
ruiné par diverses petites dépenses : ar-
&nt de poche, achat de cigares, d'autos
et de petits hôtels. J'appris dans le même
temps qu'il n'était plus avec Maud de
Chicago. C'était d'ailleurs une brave
41le. Je suis sûr, moi qui l'ai connue,
qu'elle avait aimé Arthur pour lui-même.
Mais elle aimait aussi le luxe et le bien-
être. Un Américain du Sud lui offrit son
C(feur et son titre. Le nom des de Chi-
cago disparut de l'armoriai, où il avait
1 ait une bien brève apparition.
Or donc, il y a huit jours, j étais assis
'SUr le bord de la mer. L'onde était trans-
parente ainsi qu'aux plus beaux jours.
Ma commère la sole y faisait mille tours,
^Vec le mulet son compère.
, (Rien de plus juste que cette impres-
?on du bord de la mer.)
J'étais, je dois le dire, assez malheu-
t'eux, ce jour-là, parce que j'avais mis un
Pantalon blanc. Et je guettais avidement
au ciel un petit nuage, afin d'avoir le
droit de rentrer dans mon cottage pour
Lettre un très vieux pantalon.
t ^'autant que chez moi un pantalon
"lanc s'accompagne toujours — c'est un
Point sur lequel je ne transige pas -
r une paire de souliers blancs en anti-
ope, encore plus « susceptibles ».
j.. Je pouvais donc mettre — ô satisfac-
t IOn profonde — de vieux souliers jaunes
Out ridés.
Comme je reprenais le chemin de la
^lUa <( Mon Rêve », je passai devant un
afé et j'aperçus une petite pancarte qui
rangea le cours de mes idées. Elle était
,erte, d'un vert très frais, et portait en
ettres d'or: Citronnade glacée.
Oh! l'attrait d'une citronnade glacée!
es mots, à certaines époques de l'an-
ge. sont les plus exquis du monde..
J'étais installé au café et le garçon ve-
nait de m'apporter la tasse de camomille
très chaude que je m'étais décidé à com-
mander, quand j'aperçus un monsieur
rasé qui lisait son journal. Je connaissais
ce fin visage un peu fatigué.
Je n'avais pas revu Arthur depuis tous
ses ennuis. Je l'abordai donc avec une
figure de composition qui n'exprimait ni
une joie insolente, ni une blessante com-
passion : une figure qui ne disait rien et
attendait les événements.
— Eh bien ! oui, me voilà 1 me dit Ar-
thur. Crois-tu!
Je me crus autorisé à répondre, d'un
hochement de tête, que je croyais.
— Je suis de nouveau, me dit-il, dans
la tournée Rigadel.
— Eh bien ! tant mieux ! mon vieux !
Je suis content que tu aies autre chose en
tête.
— Ce n'est pas ce que tu crois. Je
tourne avec Rigadel, mais cette fois je
suis son pensionnaire. Je joue la comé-
die.
» Oui, poursuivit Arthur, Rigadel a
été très chic. Il a vu que j'étais un peu
frappé, et passablement fauché. Il s'est
souvenu que j'avais été, dans mes beaux
jours, un. compagnon agréable. Oui, nous
soupions souvent ensemble après le spec-
tacle. Ça faisait partie de mes petits
frais accessoires. Alors, comme je suis
bien vêtu, il me donne des pannes
d'homme du monde dans les deux pièces
qu'il promène. Ainsi, je puis passer mon
été à voyager, comme jadis. Je ne dé-
pense rien, je me promène l'après-midi,
et je suis à peu près libre de mes soirées,
car mes rôles ne sont pas très absor-
bants.
» Et je dois dire, ajouta Arthur avec
un petit « dash » d'amertume dans la
voix, que, sans avoir beaucoup, beau-
coup de talent, j'en ai tout de même un
peu plus qu'elle, celle qui, indirectement,
m'a fait faire ce métier, la blonde, câ-
line, mais un peu fantasque Maud de
Chicago.
Tristan BERNARD.
Nous publierons demain un article de
J.-H. ROSNY
La lutte contre
le déboisement
Parmi les réformes qui turent réclamées
.ardemment par le public parisien l'an der-
nier et que M. Lépine devrait bien faire
aboutir pour la saison prochaine, il faut
placer sans nul doute la question des fia-
cres à la sortie des théâtres.
En vertu de règlements infiniment mys-
térieux, on sait en effet que les. tristes sa-
pins ont le droit, vers minuit et demie, de
stationner partout dans Paris, sauf aux en-
droits où le public en a besoin.
Cette heureuse disposition, on le sait, a
pour but de dégager la circulation à la sor-
tie des théâtres en supprimant tous les
véhicules. On évite ainsi les embarras de
voitures, et l'ordre public y trouve son
compte.
Malheureusement, tant que ce règlement
ne sera pas complété par un autre règle-
ment, interdisant les fluxions de poi-
trine à tous les spectateurs qui pa-
taugent dans la boue pendant un quart
d'heure avant de se disputer, aux enchères,
un fiacre que son cocher met en vente au
poids de l'or, force nous sera bien de pré-
férer encore à cet ordre admirable l'heu-
reux désordre d'un embarras de voitures.
Ou bien alors, que l'on poursuive la ré-
forme jusqu'au bout et que pour éviter
tout embarras on cantonne les voitures dans
un quartier de Paris, les spectateurs dans
un autre, les théâtres et les acteurs dans
un troisième. Ce sont là de ces mesures
d'ordre qui mettent fin à toute discussion.
G. DE PAWLOWSKI.
-- -- , -. -
Échos
L
es rites tragiques.
Alors que traditions et rites partout
se meurent, le théâtre va-t-ll les ressusci-
ter? A l'ombre ardente du Mur héroïque,
sous les auspices de la Société des Fami-
liers d'Orange, deux vœux ont été expri-
més. L'un de Gabriel Boissy tend à ce que
les choré-ies soient ouvertes et closes cha-
que année par le chant d'un hymne im-
muable, le Coupo Santo de Mistral, par
exemple, que dix mille poitrines lance-
raient aux étoiles. L'autre, de Paul-Hyacin-
the Loyson, propose que soit dressée, en
plein théâtre, la seule statue digne de la
ruine, une réplique en marbre de la Vic-
toire de Samothrace, au pied de laquelle,
chaque année, seraient gravés les titres des
drames nouveaux et les noms des poètes
couronnés. Les autorités locales, nous as-
sure-t-on, sont toutes disposées à consacrer
cette idée qui restituera au vingtième siè-
cle l'autel antique des Dionysies.
H
~w
yménée.
Hier a été célébré, à la mairie du
18e arrondissement et à l'église de Saint-
Pierre de Montmartre, le mariage de M.
Henri Gréjois, auteur dramatique, et de la
Mlle Calet
toute charmante Suzanne Galet, du théâtre
des Nouveautés.
Nous présentons aux jeunes époux nos
meilleurs vœux de bonheur.
L
e nouveau régime.
f C'est seulement le 1er octobre pro-
enain que le nouveau régime dû au nou-
veau traité des auteurs et des directeurs
entrera en vigueur - et si encore, d'ici là,
il n'est pas considérablement remanié.
Mais M. Duplay, le sympathique direc-
teur du théâtre Cluny, n'attend pas ce dé-
lai.
Jeudi prochain il donne la répétition gé-
nérale et vendredi la première représenta-
tion de L'Homme de la Montagne, la pièce
de Kraatz, adaptée par MM. Claude Ro-
land et A. de Mauprey.
En prévision de cette reprise de la sai-
son, M. Duplày a fait afficher à la porte
de son théâtre un avis annonçant que les
billets à droits — il n'est pas question des
billets de faveur — seraient désormais sup-
primés.
Mais, comme conséquence de cette me-
sure, M. Duplay a abaissé le prix de ses
places. Les fauteuils d'orchestre et de bal-
con coûteront désormais 2 fr. 50 au lieu de
5 francs.
Cette fois, le théâtre Cluny sera bien dé-
sormais le théâtre le meilleur marché de
Paris.
Une émeraude bien verte et sans défauts
se paie des prix fous. Dusausoy, ex-
pert-joaillier, 4, boulevard des Italiens, achè-
te toujours les belles pierres. Il vend aussi
de belles occasions.
B
ulletin.
Mistinguett est malade! La char-
-- ---,.I.ft.
mante artiste n a pu, nier soir, se îcnuic
au Moulin-Rouge pour exécuter son inénar-
rable « valse chaloupée ».
Nous nous sommes enquis aussitôt de la
gravité du mal dont souffre la créatrice du
P'tit trère à Fernand. Les médecins, nous
affirme-t-on, ne désespèrent point de ren-
dre bientôt au public qui l'adore l'exquise
étoile du Moulin-Rouge.
Puissent-ils réaliser rapidement cet heu-
reux pronostic!
Mieux vaut trop tôt que trop tard.
~VL Mlle Polaire est plutôt distraite.
Elle l'est avec persévérance et ténacité.
En ces derniers temps elle signa un en-
gagement avec le directeur d'un théâtre
de Londres pour y jouer Son premier
voyage, la pièce de Léon Xanroff, avec le
créateur, M. Bery.
L'engagement était fait en bonne forme,
la date de la représentation bien indiquée,
et toutes les clauses bien déterminées. Et,
à différentes reprises, Mlle Polaire l'avait
lu, relu et presque appris par cœur.
Et, un beau matin, Mlle Polaire, embar-
quée de la veille avec tous ses cama-
rades, leurs costumes et les accessoires,
s'en fut au théâtre londonien trouver son
directeur :
— Nous voici, dit-elle simplement.
Le directeur s'empressa:
— C'est gentil à vous de venir si tôt.
Un mois d'avance pour répéter. c'est
d'une rare conscience!
- Comment, un mois d'avance?
— Mais parfaitement, voyez votre enga-
gement. - r -
De fait, Mlle Polaire put se convaincre
que la date de sa venue était exacte, mais
précédait d'un mois celle de son arrivée.
Le soir même, Mlle Polaire s'en retourna,
et ce fut là son premier voyage.
p
our corser l'affiche.
Ce sont deux personnages aimables,
tous deux complètement rasés et également
vêtus d'un pittoresque costume breton.
L'un est maigre, mince, la figure longue, à
l'œil éteint sous des sourcils broussailleux.
L'autre, plus petit et grassouillet, replet,
tout rond, et promène une physionomie
agréable de momie, dont les regards vifs et
polissons pétillent à la vue des femmes.
Ils font, en quelque sorte, une tournée
pastorale dans les villégiatures normandes
et bretonnes. Ils chantent des chansons de
la vieille Armorique et donnent aux bai-
gneurs l'audition des Pardons.
En dépit de leurs costumes caractéristi-
ques, comme ils craignent que le public ne
soit difficilement attiré à leurs séances par
leur bonne mine, ils ont songé à se créer
un titre à l'attention des foules. C'est pour-
quoi ils ont fait suivre leur nom de cette
simple mention:
« Amis de M. Théodore Botrel. »
Ces simples mots ne les engagent pàs à
montrer du talent. Mais ça fait venir le
monde!
C'est toujours ça!
LES PREMIERS EXPLOITS ,.
Est-ce le sacrifice d'iphigênie à' l'avance
exaucé? Le mistral s'essouffle à courir vers la
t. -.A~
Mlle Naplerkowska
mer et la poussière aveugle l'œil monstrueux
du Cyclope: l'attentat d'Ulysse est, comme
tous les crimes, une inutile horreur.
Alors, contre les éléments déchaînés, les hé-
ros entament la lutte. Perrin, gigantesque fils
de Neptune, clame avec la fureur du flot. Il
faut quand même avouer que les plaisanteries
du drame satirique s'évanouissent tôt et portent
mal. En vain, essaye-t-Qn de se laisser pénétrer
par une archaïque et respectueuse gaieté. Est-
ce le vers brisé du poème français, est-ce-l'im-
possible entente avec les artistes, désunis ? Il
faut reconnaître que le succès est atténué.
La tempête redouble et l'éclairage faiblit,
quànd le divin Racine réveille Arcas par la
voix d'Agamemnon. Et quand même, plus
grand qu'il ne fut jamais, Paul Mounet rugit
par-dessus le frisson claquant des arbres cour-
bes. Pendant toute la soirée, on assiste à ce
duel géant des puissantes voix de l'air et des
éclats des paroles rythmées.
Les nuances, les douceurs, les élégances, les,
plaintes profondes, tout disparait. Seules les
colères et les rages fusent graves et désespé-'
rées. La physionomie du chef-d'œuvre est chan-
gée: un drame nouveau nous angoisse. Les'
maîtres de la Comédie-Française ont des gran-
deurs de Titans ou d'Amazones. Lambert a des
emportements juvénils, beaux comme la charge
d'un taureau blessé. Weber force par nécessité
la douce Iphigénie à supplier comme on me-
nace. Tessandier, dont la chevelure noire se
tord comme une fumée, traverse l'air de cris
splendides. Mais le miracle, l'inoubliable ex-
ploit, c'est la voix de Madeleine Roch couvrant
littéralement les sifflunents du mistral et ar-
rachant à la foule immense, remuée par tant
de vaillance, des acclamations furieuses. En
toute conscience, c'est Eriphile que l'on a
joué hier soir. A côté d'elle, la belle Neith
Blanc, les bras nus, la gorge étincelante, en-
traînée par son admirable partenaire, déploie
des ondes musicales qui ne se perdent pas dans
le tumulte! Dorival a rivalisé de force et d'art
heureux avec ses camarades.
Dans l'intervalle des deux pièces, les danses
grecques nous ont émerveillé. Les gazes flot-
taient aux corps gracteux des ballerines, tandis
que le regard étincelant ou rêveur, la danseuse
Napierkowska semblait une tubéreuse trou-
blante, qui se penche en mourant au bord du
vase ou un clair papillon rentré dans cette nuit
par fraude.
ROGER DUCOS.
L
e mérite-des automobiles Unie est d'a-
voir. dans leur construction, pressenti
l'avenir de très loin. Elles ont la qualité des
meilleures marques, leur élégance et leur.
renommée, mais surtout 1^ bénéfice d'une
fabrication énorme, à rythme continu, per-
mettant un prix de revient faible et, par
suite, un prix d'achat très avantageux.
L
a voiturette la plus simple, la plus élé-
f gante, la plus - rapide (40 kilom. de
moyenne) et le meilleur marché, est in-
contestablement la voiturette Truffault qui,
jusqu'à fin septembre, sera vendue 2,500
francs bien complète avec carrosserie Vé-
drine, pneus Le Gaulois, changement de vi-
tesse Rozier et moteur Aster 105 x 120 de
9 chevaux à soupapes commandées.
Pour les essais et les commandes, s'a-
dresser au siège social, 24, rue de Pen-
thièvre.
Le Masque de Verre.
LIRE A LA 2° PAGE
LETTRE DE BAYREUTH
par Willy
LE THÉÂTRE ANTIQUE D'AIX-LES-BAINS (Phot. Desgrange, à Aix)
4P"
r n Gala à Aix=les=Bains
sous le patronage de "Comœdia"
"Iphigénie 93 tragédie de Jean Moréas
L'Iphigénie, de Jean Moréas, que le
Grand Cercle d'Aix-les-Bains va donner,
pour le gala de Comcedia, le dimanche 16
août sur son Théâtre Antique, a déjà un
passé fort glorieux. Cette tragédie fut re-
présentée pour la première fois à Orange
le 24 août 1903, puis à Paris, sur la scène
de l'Odéon, le 10 décembre de la même
année.
A la fin de 1904, pendant sa grande tour-
née, Silvain, toujours passionné d'art clas-
sique, fit applaudir Iphigénie à Athènes, à
Constantinople, à Alexandrie, au Caire et
dans plusieurs autres villes de l'Orient.
Au mois de juillet 1906, un comité qui
mêlait de beaux noms à la science et au
monde officiel, organisa une représentation
d'Iphigénie sur les vestiges du Théâtre
gallo-romain de Champlieu, devant la forêt
de Compiègne.
M. Adolphe Brisson, dans son feuilleton
du Temps, écrit, à propos de cette repré-
sentation :
« M. Moréas est un poète de grande
race. Sa transcription est certainement la
plus fidèle et la plus harmonieuse qui ait
été faite du chef-d'œuvre grec. Ce chef-
d'œuvre, il l'a repensé, senti profondé-
par lui-même; son émotion personnelle s'y
ajoute. Quelque idolâtrie que puisse inspi-
rer la tragédie de Racine, j'ose dire que
celle de M. Moréas n'est pas indigne de lui
être comparée. »
Bordeaux, Tunis, Alger, Arles, Luchon,
et, cette année même, Bruxelles et Liège, ,
s'exaltèrent aux beaux vers de l'Iphigénie
de Jean Moréas.
Parmi les artistes éminents qui interpré-
tèrent tour à tour cette œuvre dramatique,
il faut citer Silvain, Albert Lambert, Fe-
noux, Mme Tessandier, Mme Dudlay, Mme
Louise Silvain. Mlle Rnrh
En ce moment, les répétitions d'Iphigé-
nie, en vue du gala d'Aix-les-Bains, sont
conduites à Paris, avec ardeur et dévoue-
ment, par l'imprésario Duray. L'interpré-
tation promet d'être à souhait. M. Dupont
sera un Agamemnon plein d'autorité, Mme*
Marbeau une Clytemnestre aiguë, M. Jean
Hervé un jeune Achille à la fougue entraî-
nante. M. Boyer reprend le rôle du Vieil-
lard, qu'il a créé à Orange avec un succès
mérité. Il y aura un excellent Ménélas,
M. Person-Dumaine, et la jolie et harmo-
nieuse Mlle Neith-Blanc charmera en pre-
mière choreute.
Le rôle d'Iphigénie fut créé magistrale-
ment par Mme Louise Silvain. C'est Mlle
Madeleine Roch qui incarnera cette fois ls
Vierge d'Argos. Comœdia a signalé à main-
tes reprises les beaux triomphes de Mile
Roch à la Comédie-Française. Cette jeune
femme est une tragédienne de race. EIle ne
force jamais son jeu et elle n'ignore point
que, Comme le poète, l'acteur, dans la tra-
gédie, doit émouvoir par le style.
A Aix-les-Bains, le public frémira déli-
ci, eusement dimanche prochain en écoutant
Madeleine Roch dans les tirades tendres ou -
héroïques d'iphigênie.
M. Gandrev, directeur du Grand Cercle,
n'épargne rien pour rehausser le gala du
16 août. Il a aussi réglé les entr'actes de
manière a pouvoir commencer le spectacle
a neuf heures, et cela sans risquer de 1
prolonger trop avant dans la nuit Voilà une
heureuse décision! Ainsi, dans les beaux
jardins du Grand Cercle, où la scène anti-
que est dressée, aucun bruit du dehors ne
viendra troubler les mystères des Muses.
On sait que Jean Moréas est Athénien
d'origine. Le roi Georges Ier de Grèce passe
toutes les saisons à Aix-les-Bains et l'on
espère que Sa Majesté honorera de sa pré-
sence le gala d'iphigênie.
Enfin, après le dernier vers de la tragé-
die, tout le monde là-bas pensera peut-être
ce que M. Emile Faguet, académicien et
prince des critiques, a écrit du talent de
M. Moréas, à propos de ses Stances: « La
forme est admirable, d'une Pureté absolu-
ment classique. avec le goût des images
justes et le don de les trouver sans effort.
C'est une des manifestations d'âme poéti-
que les plus extraordinaires que nous ivoni
vues depuis des années et des années
Ces vers entrent, pour ainsi parler, d'un
mouvement qui semble insensible, jusqu'au;
fond intime. »
fond & &QUZIER-DORCIÊRES..
Le Numéro : 5 centimes
Mercredi 12 Août 1908.
— — -————— — F
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mË^M B*'^1^. - MfeST iflraËaL
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1
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earis et Départements. 24 fr. 12 fr.
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kalud de Chicago
gavais rencontré mon ami 'Arthur à
JJarritz il y a trois ans. Arthur était à
cette époque un garçon d'une trentaine
d'années, très calé. Il venait d'hériter de
sa tnere; il avait à dépenser chaque an-
I e une bonne soixantaine de mille
^ncs. Nous étions tranquilles sur son
compte; aucune inquiétude pour ses
vi eux jours.
Or il fit la rencontre d'une jeune fille
blonde sans fortune, la fille d'un ébé-
niste de Charonne. Cette jeune Pari-
sienne, reniant le nom de son père et
eme son propre prénom, se faisait ap-
Peler Maud de Chicago. Elle devait ce
ttre à un jeune dessinateur avec qui elle
I vait vécu et connu l'amour.
- - 0 - - --
au de Chicago tut distinguée par
8 ur, un jour qu'il était venu des con-
fis de Passy dans les régions bien plus
orientales de Ba-Ta-Clan. On avait si-
gnalé la revue de ce music-hall à la
bande d'Occidentaux dont il faisait partie.
les trois loges que cette bande remplis-
sait s'exaltèrent à la vue de Maud de
Chicago, au spectacle de la Beauté pure,
que faisaient valoir une absence complète
de talent et la voix la plus imperceptible
des music-halls parisiens.
uès lors, les progrès de Maud furent
rapides. Un directeur des Mathurins lui
tr nfia un rôle de bonne dans une pièce
t ès courte. Puis, grâce à de puissantes
relations, elle fut engagée dans une tour-
née importante, la tournée Rigadel, qui
faisait une quarantaine de casinos.
Arthur suivait la tournée, et c'est ainsi
qu'il se trouvait de passage à Biarritz. Il
était très heureux, car il aimait beaucoup
Nager:
l' .- Vois-tu, me dit-il, jamais je n'aurais
énergie de me déplacer aussi souvent. Il
J avait des quantités de villes que je dési-
rs voir. De ma vie je n'y serais allé.
94alid vous voyagez, toi et les autres,
q eus vous croyez obligés de vous rendre
pans des endroits consacrés. Tu n'auras
h8 honte de dire: Je vais dans l'Enga-
ge, ou au Mont-Saint-Michel, ou à
Ii tnsterdam. Et tu t'en vas dans des pate-
es intéressants, mais trop fréquentés.
J U n'auras jamais le culot d'annoncer:
e Vais à Chalon-sur-Saône, ou à Péri-
tueux. On s'écrierait: Qu'est-ce que vous
allez f aire là? Alors tu seras obligé d'm-
Ilter un vieil oncle à visiter, ou une
"aire.
Aux yeux du monde, on n'a d'excuse
de Voyager dans les endroits peu s ré-
gentés que s'ils sont situés au diable.
p n vous permet d'aller dans des villages
() eu connus, s'ils sont en Asie-Mineure
U dans le Canada.
L'automobile a un peu changé ça.
Maintenant il est avouable de visiter Ne-
Vers ou Moulins, parce qu'on est censé
* être allé en auto.
1 Moi, tu vois, continua Arthur, je
h Parcours la France en chemin de fer, et
e m'en trouve fort bien. Nous partons,
taud et moi, quelquefois après ie spe*-
baCle, à minuit, d'autres fois le matin de
conne heure. Il n'y a pas à réfléc.ur, à
lornbiner des itinéraires. Nous sommes
tes esclaves de l'administrateur de la
°Urnée qui nous indique ce que nous
?,vons à faire, l'heure du départ du train,
, heure de l'arrivée, ainsi que les change-
ants et les stationnements dans les ga-
es pour attendre la correspondance. Et
qUelle économie! Je suis considéré corn-
ue faisant partie de la troupe, et je paie
??ur mon billet un tarif spécial. Et le
billet de Maud est payé par la tournée !
le n'ai à régler que l'hôtel et les petits
rais accessoires.
J'ai appris l'année dernière qu Arthur,
l' nomme économe, était pour ainsi dire
ruiné par diverses petites dépenses : ar-
&nt de poche, achat de cigares, d'autos
et de petits hôtels. J'appris dans le même
temps qu'il n'était plus avec Maud de
Chicago. C'était d'ailleurs une brave
41le. Je suis sûr, moi qui l'ai connue,
qu'elle avait aimé Arthur pour lui-même.
Mais elle aimait aussi le luxe et le bien-
être. Un Américain du Sud lui offrit son
C(feur et son titre. Le nom des de Chi-
cago disparut de l'armoriai, où il avait
1 ait une bien brève apparition.
Or donc, il y a huit jours, j étais assis
'SUr le bord de la mer. L'onde était trans-
parente ainsi qu'aux plus beaux jours.
Ma commère la sole y faisait mille tours,
^Vec le mulet son compère.
, (Rien de plus juste que cette impres-
?on du bord de la mer.)
J'étais, je dois le dire, assez malheu-
t'eux, ce jour-là, parce que j'avais mis un
Pantalon blanc. Et je guettais avidement
au ciel un petit nuage, afin d'avoir le
droit de rentrer dans mon cottage pour
Lettre un très vieux pantalon.
t ^'autant que chez moi un pantalon
"lanc s'accompagne toujours — c'est un
Point sur lequel je ne transige pas -
r une paire de souliers blancs en anti-
ope, encore plus « susceptibles ».
j.. Je pouvais donc mettre — ô satisfac-
t IOn profonde — de vieux souliers jaunes
Out ridés.
Comme je reprenais le chemin de la
^lUa <( Mon Rêve », je passai devant un
afé et j'aperçus une petite pancarte qui
rangea le cours de mes idées. Elle était
,erte, d'un vert très frais, et portait en
ettres d'or: Citronnade glacée.
Oh! l'attrait d'une citronnade glacée!
es mots, à certaines époques de l'an-
ge. sont les plus exquis du monde..
J'étais installé au café et le garçon ve-
nait de m'apporter la tasse de camomille
très chaude que je m'étais décidé à com-
mander, quand j'aperçus un monsieur
rasé qui lisait son journal. Je connaissais
ce fin visage un peu fatigué.
Je n'avais pas revu Arthur depuis tous
ses ennuis. Je l'abordai donc avec une
figure de composition qui n'exprimait ni
une joie insolente, ni une blessante com-
passion : une figure qui ne disait rien et
attendait les événements.
— Eh bien ! oui, me voilà 1 me dit Ar-
thur. Crois-tu!
Je me crus autorisé à répondre, d'un
hochement de tête, que je croyais.
— Je suis de nouveau, me dit-il, dans
la tournée Rigadel.
— Eh bien ! tant mieux ! mon vieux !
Je suis content que tu aies autre chose en
tête.
— Ce n'est pas ce que tu crois. Je
tourne avec Rigadel, mais cette fois je
suis son pensionnaire. Je joue la comé-
die.
» Oui, poursuivit Arthur, Rigadel a
été très chic. Il a vu que j'étais un peu
frappé, et passablement fauché. Il s'est
souvenu que j'avais été, dans mes beaux
jours, un. compagnon agréable. Oui, nous
soupions souvent ensemble après le spec-
tacle. Ça faisait partie de mes petits
frais accessoires. Alors, comme je suis
bien vêtu, il me donne des pannes
d'homme du monde dans les deux pièces
qu'il promène. Ainsi, je puis passer mon
été à voyager, comme jadis. Je ne dé-
pense rien, je me promène l'après-midi,
et je suis à peu près libre de mes soirées,
car mes rôles ne sont pas très absor-
bants.
» Et je dois dire, ajouta Arthur avec
un petit « dash » d'amertume dans la
voix, que, sans avoir beaucoup, beau-
coup de talent, j'en ai tout de même un
peu plus qu'elle, celle qui, indirectement,
m'a fait faire ce métier, la blonde, câ-
line, mais un peu fantasque Maud de
Chicago.
Tristan BERNARD.
Nous publierons demain un article de
J.-H. ROSNY
La lutte contre
le déboisement
Parmi les réformes qui turent réclamées
.ardemment par le public parisien l'an der-
nier et que M. Lépine devrait bien faire
aboutir pour la saison prochaine, il faut
placer sans nul doute la question des fia-
cres à la sortie des théâtres.
En vertu de règlements infiniment mys-
térieux, on sait en effet que les. tristes sa-
pins ont le droit, vers minuit et demie, de
stationner partout dans Paris, sauf aux en-
droits où le public en a besoin.
Cette heureuse disposition, on le sait, a
pour but de dégager la circulation à la sor-
tie des théâtres en supprimant tous les
véhicules. On évite ainsi les embarras de
voitures, et l'ordre public y trouve son
compte.
Malheureusement, tant que ce règlement
ne sera pas complété par un autre règle-
ment, interdisant les fluxions de poi-
trine à tous les spectateurs qui pa-
taugent dans la boue pendant un quart
d'heure avant de se disputer, aux enchères,
un fiacre que son cocher met en vente au
poids de l'or, force nous sera bien de pré-
férer encore à cet ordre admirable l'heu-
reux désordre d'un embarras de voitures.
Ou bien alors, que l'on poursuive la ré-
forme jusqu'au bout et que pour éviter
tout embarras on cantonne les voitures dans
un quartier de Paris, les spectateurs dans
un autre, les théâtres et les acteurs dans
un troisième. Ce sont là de ces mesures
d'ordre qui mettent fin à toute discussion.
G. DE PAWLOWSKI.
-- -- , -. -
Échos
L
es rites tragiques.
Alors que traditions et rites partout
se meurent, le théâtre va-t-ll les ressusci-
ter? A l'ombre ardente du Mur héroïque,
sous les auspices de la Société des Fami-
liers d'Orange, deux vœux ont été expri-
més. L'un de Gabriel Boissy tend à ce que
les choré-ies soient ouvertes et closes cha-
que année par le chant d'un hymne im-
muable, le Coupo Santo de Mistral, par
exemple, que dix mille poitrines lance-
raient aux étoiles. L'autre, de Paul-Hyacin-
the Loyson, propose que soit dressée, en
plein théâtre, la seule statue digne de la
ruine, une réplique en marbre de la Vic-
toire de Samothrace, au pied de laquelle,
chaque année, seraient gravés les titres des
drames nouveaux et les noms des poètes
couronnés. Les autorités locales, nous as-
sure-t-on, sont toutes disposées à consacrer
cette idée qui restituera au vingtième siè-
cle l'autel antique des Dionysies.
H
~w
yménée.
Hier a été célébré, à la mairie du
18e arrondissement et à l'église de Saint-
Pierre de Montmartre, le mariage de M.
Henri Gréjois, auteur dramatique, et de la
Mlle Calet
toute charmante Suzanne Galet, du théâtre
des Nouveautés.
Nous présentons aux jeunes époux nos
meilleurs vœux de bonheur.
L
e nouveau régime.
f C'est seulement le 1er octobre pro-
enain que le nouveau régime dû au nou-
veau traité des auteurs et des directeurs
entrera en vigueur - et si encore, d'ici là,
il n'est pas considérablement remanié.
Mais M. Duplay, le sympathique direc-
teur du théâtre Cluny, n'attend pas ce dé-
lai.
Jeudi prochain il donne la répétition gé-
nérale et vendredi la première représenta-
tion de L'Homme de la Montagne, la pièce
de Kraatz, adaptée par MM. Claude Ro-
land et A. de Mauprey.
En prévision de cette reprise de la sai-
son, M. Duplày a fait afficher à la porte
de son théâtre un avis annonçant que les
billets à droits — il n'est pas question des
billets de faveur — seraient désormais sup-
primés.
Mais, comme conséquence de cette me-
sure, M. Duplay a abaissé le prix de ses
places. Les fauteuils d'orchestre et de bal-
con coûteront désormais 2 fr. 50 au lieu de
5 francs.
Cette fois, le théâtre Cluny sera bien dé-
sormais le théâtre le meilleur marché de
Paris.
Une émeraude bien verte et sans défauts
se paie des prix fous. Dusausoy, ex-
pert-joaillier, 4, boulevard des Italiens, achè-
te toujours les belles pierres. Il vend aussi
de belles occasions.
B
ulletin.
Mistinguett est malade! La char-
-- ---,.I.ft.
mante artiste n a pu, nier soir, se îcnuic
au Moulin-Rouge pour exécuter son inénar-
rable « valse chaloupée ».
Nous nous sommes enquis aussitôt de la
gravité du mal dont souffre la créatrice du
P'tit trère à Fernand. Les médecins, nous
affirme-t-on, ne désespèrent point de ren-
dre bientôt au public qui l'adore l'exquise
étoile du Moulin-Rouge.
Puissent-ils réaliser rapidement cet heu-
reux pronostic!
Mieux vaut trop tôt que trop tard.
~VL Mlle Polaire est plutôt distraite.
Elle l'est avec persévérance et ténacité.
En ces derniers temps elle signa un en-
gagement avec le directeur d'un théâtre
de Londres pour y jouer Son premier
voyage, la pièce de Léon Xanroff, avec le
créateur, M. Bery.
L'engagement était fait en bonne forme,
la date de la représentation bien indiquée,
et toutes les clauses bien déterminées. Et,
à différentes reprises, Mlle Polaire l'avait
lu, relu et presque appris par cœur.
Et, un beau matin, Mlle Polaire, embar-
quée de la veille avec tous ses cama-
rades, leurs costumes et les accessoires,
s'en fut au théâtre londonien trouver son
directeur :
— Nous voici, dit-elle simplement.
Le directeur s'empressa:
— C'est gentil à vous de venir si tôt.
Un mois d'avance pour répéter. c'est
d'une rare conscience!
- Comment, un mois d'avance?
— Mais parfaitement, voyez votre enga-
gement. - r -
De fait, Mlle Polaire put se convaincre
que la date de sa venue était exacte, mais
précédait d'un mois celle de son arrivée.
Le soir même, Mlle Polaire s'en retourna,
et ce fut là son premier voyage.
p
our corser l'affiche.
Ce sont deux personnages aimables,
tous deux complètement rasés et également
vêtus d'un pittoresque costume breton.
L'un est maigre, mince, la figure longue, à
l'œil éteint sous des sourcils broussailleux.
L'autre, plus petit et grassouillet, replet,
tout rond, et promène une physionomie
agréable de momie, dont les regards vifs et
polissons pétillent à la vue des femmes.
Ils font, en quelque sorte, une tournée
pastorale dans les villégiatures normandes
et bretonnes. Ils chantent des chansons de
la vieille Armorique et donnent aux bai-
gneurs l'audition des Pardons.
En dépit de leurs costumes caractéristi-
ques, comme ils craignent que le public ne
soit difficilement attiré à leurs séances par
leur bonne mine, ils ont songé à se créer
un titre à l'attention des foules. C'est pour-
quoi ils ont fait suivre leur nom de cette
simple mention:
« Amis de M. Théodore Botrel. »
Ces simples mots ne les engagent pàs à
montrer du talent. Mais ça fait venir le
monde!
C'est toujours ça!
LES PREMIERS EXPLOITS ,.
Est-ce le sacrifice d'iphigênie à' l'avance
exaucé? Le mistral s'essouffle à courir vers la
t. -.A~
Mlle Naplerkowska
mer et la poussière aveugle l'œil monstrueux
du Cyclope: l'attentat d'Ulysse est, comme
tous les crimes, une inutile horreur.
Alors, contre les éléments déchaînés, les hé-
ros entament la lutte. Perrin, gigantesque fils
de Neptune, clame avec la fureur du flot. Il
faut quand même avouer que les plaisanteries
du drame satirique s'évanouissent tôt et portent
mal. En vain, essaye-t-Qn de se laisser pénétrer
par une archaïque et respectueuse gaieté. Est-
ce le vers brisé du poème français, est-ce-l'im-
possible entente avec les artistes, désunis ? Il
faut reconnaître que le succès est atténué.
La tempête redouble et l'éclairage faiblit,
quànd le divin Racine réveille Arcas par la
voix d'Agamemnon. Et quand même, plus
grand qu'il ne fut jamais, Paul Mounet rugit
par-dessus le frisson claquant des arbres cour-
bes. Pendant toute la soirée, on assiste à ce
duel géant des puissantes voix de l'air et des
éclats des paroles rythmées.
Les nuances, les douceurs, les élégances, les,
plaintes profondes, tout disparait. Seules les
colères et les rages fusent graves et désespé-'
rées. La physionomie du chef-d'œuvre est chan-
gée: un drame nouveau nous angoisse. Les'
maîtres de la Comédie-Française ont des gran-
deurs de Titans ou d'Amazones. Lambert a des
emportements juvénils, beaux comme la charge
d'un taureau blessé. Weber force par nécessité
la douce Iphigénie à supplier comme on me-
nace. Tessandier, dont la chevelure noire se
tord comme une fumée, traverse l'air de cris
splendides. Mais le miracle, l'inoubliable ex-
ploit, c'est la voix de Madeleine Roch couvrant
littéralement les sifflunents du mistral et ar-
rachant à la foule immense, remuée par tant
de vaillance, des acclamations furieuses. En
toute conscience, c'est Eriphile que l'on a
joué hier soir. A côté d'elle, la belle Neith
Blanc, les bras nus, la gorge étincelante, en-
traînée par son admirable partenaire, déploie
des ondes musicales qui ne se perdent pas dans
le tumulte! Dorival a rivalisé de force et d'art
heureux avec ses camarades.
Dans l'intervalle des deux pièces, les danses
grecques nous ont émerveillé. Les gazes flot-
taient aux corps gracteux des ballerines, tandis
que le regard étincelant ou rêveur, la danseuse
Napierkowska semblait une tubéreuse trou-
blante, qui se penche en mourant au bord du
vase ou un clair papillon rentré dans cette nuit
par fraude.
ROGER DUCOS.
L
e mérite-des automobiles Unie est d'a-
voir. dans leur construction, pressenti
l'avenir de très loin. Elles ont la qualité des
meilleures marques, leur élégance et leur.
renommée, mais surtout 1^ bénéfice d'une
fabrication énorme, à rythme continu, per-
mettant un prix de revient faible et, par
suite, un prix d'achat très avantageux.
L
a voiturette la plus simple, la plus élé-
f gante, la plus - rapide (40 kilom. de
moyenne) et le meilleur marché, est in-
contestablement la voiturette Truffault qui,
jusqu'à fin septembre, sera vendue 2,500
francs bien complète avec carrosserie Vé-
drine, pneus Le Gaulois, changement de vi-
tesse Rozier et moteur Aster 105 x 120 de
9 chevaux à soupapes commandées.
Pour les essais et les commandes, s'a-
dresser au siège social, 24, rue de Pen-
thièvre.
Le Masque de Verre.
LIRE A LA 2° PAGE
LETTRE DE BAYREUTH
par Willy
LE THÉÂTRE ANTIQUE D'AIX-LES-BAINS (Phot. Desgrange, à Aix)
4P"
r n Gala à Aix=les=Bains
sous le patronage de "Comœdia"
"Iphigénie 93 tragédie de Jean Moréas
L'Iphigénie, de Jean Moréas, que le
Grand Cercle d'Aix-les-Bains va donner,
pour le gala de Comcedia, le dimanche 16
août sur son Théâtre Antique, a déjà un
passé fort glorieux. Cette tragédie fut re-
présentée pour la première fois à Orange
le 24 août 1903, puis à Paris, sur la scène
de l'Odéon, le 10 décembre de la même
année.
A la fin de 1904, pendant sa grande tour-
née, Silvain, toujours passionné d'art clas-
sique, fit applaudir Iphigénie à Athènes, à
Constantinople, à Alexandrie, au Caire et
dans plusieurs autres villes de l'Orient.
Au mois de juillet 1906, un comité qui
mêlait de beaux noms à la science et au
monde officiel, organisa une représentation
d'Iphigénie sur les vestiges du Théâtre
gallo-romain de Champlieu, devant la forêt
de Compiègne.
M. Adolphe Brisson, dans son feuilleton
du Temps, écrit, à propos de cette repré-
sentation :
« M. Moréas est un poète de grande
race. Sa transcription est certainement la
plus fidèle et la plus harmonieuse qui ait
été faite du chef-d'œuvre grec. Ce chef-
d'œuvre, il l'a repensé, senti profondé-
par lui-même; son émotion personnelle s'y
ajoute. Quelque idolâtrie que puisse inspi-
rer la tragédie de Racine, j'ose dire que
celle de M. Moréas n'est pas indigne de lui
être comparée. »
Bordeaux, Tunis, Alger, Arles, Luchon,
et, cette année même, Bruxelles et Liège, ,
s'exaltèrent aux beaux vers de l'Iphigénie
de Jean Moréas.
Parmi les artistes éminents qui interpré-
tèrent tour à tour cette œuvre dramatique,
il faut citer Silvain, Albert Lambert, Fe-
noux, Mme Tessandier, Mme Dudlay, Mme
Louise Silvain. Mlle Rnrh
En ce moment, les répétitions d'Iphigé-
nie, en vue du gala d'Aix-les-Bains, sont
conduites à Paris, avec ardeur et dévoue-
ment, par l'imprésario Duray. L'interpré-
tation promet d'être à souhait. M. Dupont
sera un Agamemnon plein d'autorité, Mme*
Marbeau une Clytemnestre aiguë, M. Jean
Hervé un jeune Achille à la fougue entraî-
nante. M. Boyer reprend le rôle du Vieil-
lard, qu'il a créé à Orange avec un succès
mérité. Il y aura un excellent Ménélas,
M. Person-Dumaine, et la jolie et harmo-
nieuse Mlle Neith-Blanc charmera en pre-
mière choreute.
Le rôle d'Iphigénie fut créé magistrale-
ment par Mme Louise Silvain. C'est Mlle
Madeleine Roch qui incarnera cette fois ls
Vierge d'Argos. Comœdia a signalé à main-
tes reprises les beaux triomphes de Mile
Roch à la Comédie-Française. Cette jeune
femme est une tragédienne de race. EIle ne
force jamais son jeu et elle n'ignore point
que, Comme le poète, l'acteur, dans la tra-
gédie, doit émouvoir par le style.
A Aix-les-Bains, le public frémira déli-
ci, eusement dimanche prochain en écoutant
Madeleine Roch dans les tirades tendres ou -
héroïques d'iphigênie.
M. Gandrev, directeur du Grand Cercle,
n'épargne rien pour rehausser le gala du
16 août. Il a aussi réglé les entr'actes de
manière a pouvoir commencer le spectacle
a neuf heures, et cela sans risquer de 1
prolonger trop avant dans la nuit Voilà une
heureuse décision! Ainsi, dans les beaux
jardins du Grand Cercle, où la scène anti-
que est dressée, aucun bruit du dehors ne
viendra troubler les mystères des Muses.
On sait que Jean Moréas est Athénien
d'origine. Le roi Georges Ier de Grèce passe
toutes les saisons à Aix-les-Bains et l'on
espère que Sa Majesté honorera de sa pré-
sence le gala d'iphigênie.
Enfin, après le dernier vers de la tragé-
die, tout le monde là-bas pensera peut-être
ce que M. Emile Faguet, académicien et
prince des critiques, a écrit du talent de
M. Moréas, à propos de ses Stances: « La
forme est admirable, d'une Pureté absolu-
ment classique. avec le goût des images
justes et le don de les trouver sans effort.
C'est une des manifestations d'âme poéti-
que les plus extraordinaires que nous ivoni
vues depuis des années et des années
Ces vers entrent, pour ainsi parler, d'un
mouvement qui semble insensible, jusqu'au;
fond intime. »
fond & &QUZIER-DORCIÊRES..
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