Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-08-09
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 août 1908 09 août 1908
Description : 1908/08/09 (A2,N314). 1908/08/09 (A2,N314).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645969m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2e Armée, «N° 314 (Quotidien) Le Numéro ; $ centimes
-
Dimanche 9 Août 1908.
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKt
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique :, COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements. 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 9.
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COM(EDIA=PARIS
5 ABONNEMENTS :
UN'AN 6 MOtS
Paris et Départements 24 fr. 12 f r..
Étranger. 40 » 20 n
Souvenir
de voyage
Bien que n'ayant pas l'honneur d'ap-
Partenir à la Comédie-Française, je
Voyage souvent. Beaucoup moins qu'un
Sociétaire, mais presque autant qu'un
Pensionnaire.
Il y a quelq*s années, j'ai fait, moi
aussi, ce que, dans notre monde, nous
appelons la grande tournée. C'était la
^conde fois que j'allais entreprendre cet
^portant voyage, mais mon itinéraire
Emportait certaines villes très intéres-
santes que je ne connaissais pas, et je
rne réjouissais à l'idée de les visiter en
détail.
Je m'étais, comme Perrichon, muni de
gUides et de lettres de recommandation
devant m'ouvrir certaines portes, closes
Pour le commun des mortels.
l' Ne voulant pas avoir l'air de découvrir
* Amérique, je ne vous ferai, rassurez-
vous, aucune description des endroits
que je parcourus, les yeux écarquillés.
"ous les connaissez sans doute aussi bien
qUe moi.
Il y a néanmoins un pays, un seul,
?°.nt je veux vous entretenir quelques
instants, quelques instants seulement, ma
fortune ne me permettant pas d'entre-
tenir à vie tous ceux qui me liront.
Ce pays, c'est. ah! voilà. nom
d'un chien ! je ne veux pas le nommer,
Parce que si j'y retourne jamais (tiens,
donc! on ne sait pas ce qui peut arriver)
t S seraient capables, là-bas, de me pi-
%er - - ils sont si susceptibles en.
Voyons, puisque, homme de théâtre,
Je m'adresse à des gens qui connaissent
le théâtre, j'appellerai les villes et les
Personnages dont j'aurai à parler de
noms bien connus de notre monde.
Au surplus, cela n'ajouterait rien com-
1116 intérêt à mon récit si je vous disais
Que la rivière qui arrose ce pays est la
tner d'Azov, la Baltique ou la Boréale!
Qu'elle soit jaune, blanche, rouge ou
nOIre, ça ne vous fera ni chaud ni froid
-- même s'il s'agit de l'océan Glacial.
De même qu'il vous importe peu de
j^Vûir si l'homme Qui gouverne: Ipriit
Pays s'intitule : roi, empereur, tzar, shah,
sultan, bey, khédive, grand-duc ou né-
gus. Les noms seuls seront inventés, le
reste étant, comme ce que j'ai toujours
ÊCrit, d'une scrupuleuse exactitude.
Donc, en 1905, par une mirifique et
glorieuse matinée de novembre, notre
^perbe paquebot, le Klarty, entra dans
les eaux d'Alberquaré. Tout Porelville,
la cité fameuse, ruisselait de lumière et
de soleil. Quel coup d'œil magnifique!
L'entrée de ce port, à pareille heure
et sous ce 4Ciel, est la chose la plus belle
eu monde.
Je devais donner dix représentations
en cette ville. Malheureusement, l'épo-
que n'était pas très opportune. Il est
vrai que, en fait de tournées, l'époque
n'est jamais complètement opportune.
(Ah ! si vous étiez venus le mois dernier !)
l Bref, la politique faisait des siennes.
L'anarchie couvait sous les cendres. Les
Clubs ou endjoumans turbulaient. C'est
jjn-peuple qui a beaucoup d'endjouman,
bien que les gens ne s'y expriment, cal-
mes et tranquilles, que par sentences
Jutes à mi-voix et sur un ton doux comme
le chant des oiseaux.
Presque tous les habitants, bourgeois
Paisibles, ont l'air de prendre le temps
eornme il vient. Tant qu'il y aura de bon
café noir, du beau tabac blond, du henné
Pour les ongles et la barbe, de l'anti-
moine pour les yeux, des dattes transpa-
rentes de Pétercarine, des pastèques de
^rtz, des aubergines de Micho, des gre-
jjades rouges de Samhüel, des perles des
euxbrainn, des diamants de Lemoane,
ees turquoises d'Izola et des rubis sur
Ongle, ces sages philosophes envisage-
ant la vie avec sérénité.
Mais si les Porelvilliens semblaient se
Complaire dans la dolence et l'apathie,
eUr souverain, lui, ne vivait pas. (Nom-
mons-le, si vous le voulez bien: Cuit.)
Une seule phrase avait le don de dérider
Sa face auguste et éternellement tour-
mentée, cette phrase, il ne se lassait pas
e'en sourire, la lui eût-on (oh ! la lui eût-
011. trou lala itou) la lui eût-on dite
Vingt fois par jour, c'est lorsque Max-
rnoré, son chambellan préféré, l'abor-
erit ainsi :
- Sire Cuit.
Quoique, au fond, infiniment modeste,
il préférait de beaucoup s'entendre ap-
peler simplement: Roi des Rois. Pôle
de l'univers. Puits de science. Mar-
chepied du ciel. Idole du monde. ou
Vmbre de Dieu — un rien, comme on
voit.
Pourtant, Marchepied du ciel faillit un
jour être la cause du renvoi d'un larbin,
lequel se méprit et répondit au secré-
aire du Puits, lui demandant : « Où est
6 marchepied? »
- Dans le couloir, contre les cabinets.
Ce pauvre monarque, quel martyre
qUe son existence! Perpétuellement
Peuré, il se montre envers ses domesti-
ques exigeant, autoritaire et despote, ré-
Pétant sans cesse :
Cuit. Je dois être cru, puisque je suis
Il y a quelques années, un fou lança
ne bombe dans son palais ; depuis lors,
infortuné potentat ne vit plus : il a une
trompe telle d'un nouvel attentat qu'il
a interdit l'électricité sur tout son terri-
toire comme étant une force mystérieuse
et incompréhensible — pour lui.
Il dispose de 174 chambres à coucher;
chaque soir, il change de lit, à l'insu
même de son valet, qui, le matin, pour
le réveiller, est obligé d'ouvrir inutile-
ment 173 portes avant de trouver son
maître. -
Mieux que ça : en son paiais, coulent
perpétuellement certaines fontaines et
brûlent sans cesse quelques becs de gaz.
afin que nul ne puisse se cacher dans
les tuyaux! C'est assez dire qu'aucun
mot pouvant même de très loin prêter à
une équivoque fâcheuse ne doit être im-
primé dans un journal ou sur une affi-
che, à plus forte raison prononcé en
public.
Ainsi, à peine débarqués, nous cons-
tatons, en traversant la ville, que nos
immenses chromos, ces chromos où
Léandre me caricature de façon si amu-
sante et qui tapissèrent tant de murs!
étaient tous amputés du quatrain qui lé-
gendise l'image.
Informations prises, on nous chuchote
à voix imperceptible que nous levons
échappé belle !
— Ah! monsieur! vous venez pour la
première fois chez nous et vous vous
faites annoncer en ces termes:
Il fulmine, éclate et détonne!
C'est l'explosif de la gaîté.
,
Mais, monsieur, si on LUI avait com-
muniqué ça, c'en était fait de vous!
Brrrou !
— Il faut, poursuivit l'interprète, que
je vous prévienne tout de suite: malgré
le plaisir que nous nous promettions de
vous applaudir dans vos monologues,
vous ne pouvez pas en dire.
— Ah! et pourquoi?
— Les monologues sont interdits de-
puis un soir où M. Coquelin cadet en
dit un, intitulé :Moderne, et dans lequel
se trouvait cette phrase: Pour être mo-
derne, il faut voter des lois, mais ne pas
les appliquer.,
.! ! !
Aussi ne fus-je pas surpris de recevoir
nos brochures tailladées en tous sens par
une censure. étrange encore plus qu'é-
trangère.
Aiiioi, dans Les surprtses au Divorce,
on coupa cette phrase :
« Tout passe, les gouvernements chan-
gent, les peuples disparaissent. »
Dans Médor, je dus dire à la place de :
« Tu as peur d'intriguer. », « Tu as
peur de faire des démarches. »
Au lieu de: « Je vole une heure au
ministère. Une heure au travail. »
On ne doit jamais prononcer les mots :
roi, prince, empereur, duc, marquis, etc.
Dans La Correspondance, petit bijou
en un acte (de moi), six coups de crayon
bleu zébrèrent cette phrase: « Tout le
tramway était en révolution. »
Un comble ! Dans Quart-de-Soupir, je
remplaçai: « Après tout, Louis XIV ser-
vait Molière 1 » par: « Machin servait
Molière!J1 »
Enfin — le bouquet - dans Le Ju-
meau, je joue un double rôle : Emile-
Edouard. Au moment où le spectacle
commençait, la brochure n'était pas en-
core revenue de la censure. Nous n'é-
tions pas sans inquiétude, non qu'il y
eût en cette pièce des phrases subversi-
ves, mais chaque fois les suppressions
immotivées exigées par les anastasiens
locaux nous ahurissaient.
L'orchestre finissait l'ouverture quand
le censeur surgit et nous dit simplement :
— Vous ne pouvez pas prononcer le
nom d'Edouard.
-?
- (Très bas.) .VII.
— ?
- VII. Edouard. VII.
- Eh bien, et Emile, alors? Notre
Emile. même prix. Comment m'ap-
pellerai-je dans la pièce où les quinze
personnages prononcent pendant trois
heures 17.854 fois ces deux noms-là?
— Monsieur, c'est ainsi. Tenez, der-
nièrement, on a déplacé un professeur
de chimie qui avait eu l'imprudence de
prononcer, à son cours, cette phrase
malencontreuse: « Ce sont des gaz en
liberté 1 »
Je fis comme le gaz, je fuis !
Félix GALIPAUX.
Nous publierons demain un article de
CALIBAN
Arrivisme
On me communique un prospectus qu'un
habile industriel distribue, durant toute l'an-
née, à la porte d'un grand lycée de Paris et
qu'il intitule jort justement: La Tranquillité
de l'Elève. Moyennant la somme modeste
de cinquante centimes et même moins
(trois, quatre sous peut-être), l'élève peut
se procurer l'explication écrite ou orale des
problèmes scientifiques les plus compliqués
et l'assurance pratique, en dehors de cette
satisfaction purement morale, d'éviter im-
manquablement les mauvaises notes et la
consigne du jeudi.
Le correspondant qui me communique ce
prospectus s'indigne naturellement d'une
telle audace.
Triste époque. 'où allons-nous. De-
main les élèves des lycées se mettront en
grève. Dans quelques mois la Confédéra-
tion Générale du Thème Latin dictera ses
conditions aux proviseurs de nos lycées.
l'avoue ne point partager une pareille
indignation. Tout d'abord, il n'est point as-
suré que ce système donne les bons résul-
tats que l'on croit. Chaque processeur a
ses idées à lui, et l'on risque fort d'être
mal noté si l'on n'en tient pas compte. Je
me souviens pour mon compte avoir tait
pendant de longues années appel aux petits
auteurs latins non classiques pour rédiger
des discours latins que j'avais à taire; tan-
tôt Velleius Paterculus me fournissait le
récit de l'incendie d'une ville, tantôt Aulu-
Gelle me donnait les éléments d'une lettre
bien sentie de Caton au Conseil municipal.
Ma copie, une tois rédigée, m'était tou-
jours rendue couverte de ratures, et je cons-
tatais avec terreur qu'aux yeux de mon pro-
fesseur de rhétorique ces auteurs réprou-
vés ne savaient pas un mot de latin.
Je sais bien que l'habile industriel dont
je parle ne doit point se trouver dans le
même cas, et qu'il doit habilement flatter
les idées particulières des professeurs qu'il
connaît. Dans ce cas, rien de mieux. L'élève
qui, depuis de longues années, est complè-
tement découragé par des échecs successifs,
connaît des joies triomphales, son courage
s'en relève et l'on peut être assuré qu'au
bout de plusieurs semaines, la confiance
lui revenant, il ne manquera pas de dewnfs
un brillant élève.
Beaucoup de nos auteurs dramatiques se
sont trouvés dans ce cas. Inquiets au début
de leur carrière, troublés par des Jours
noirs, ils se sont décidés à recourir à l'in-
dustriel-libérateur, le succès est venu, l'as-
surance aussi, et l'on prétend que plusieurs
d'entre eux ont fait aujourd'hui de leurs
propres mains des pièces qui n'étaient pas
plus mauvaises que d'autres. Prendre con-
fiance dans la vie, c'est faire la moitié du
chemin nécessaire, et comme la vie est
très courte, c'est peut-être, en somme, en.
matière de théâtre, le seul moyen de par-
venir, avant sa mort aux honneurs suprê-
mes.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
u
n heureux choix.
M. Dujardin-Beaumetz vient d'attri- i
buer a notre emment collaborateur, m. Ar-
sène Alexandre, le poste de conservateur du
Musée de Compiègne, devenu vacant, il y
a quelques mois, par la mort de M. Taba-
raud.
Il y fallait un homme aegofifJ c'est un
homme de goût qui l'obtient.
Cette nomination sera unanimement ap-
plaudie.
M. Arsène Alexandre est depuis vingt
ans un de nos nlus sûrs critiques d'art.
C'est un lettré et un homme d'esprit.
Tous ses amis, c'est-à-dire tous ceux qui
le connaissent, seront heureux de voir le
gouvernement lui donner publiquement ce
témoignage d'estime.
Le
théâtre à Constantinople.
La constitution dont le sultan vient
de gratiner son peuple a un ertet des plus
heureux sur le théâtre contemporain en
Turquie. La troupe du Paris-Théâtre, qui
donne actuellement ses représentations à
l'Amphithéâtre des Petits-Champs, à Cons-
tantinople, a pu la première jouir de la
liberté qui est une des bases de la Consti-
tution. En effet, un article dit: « La cen-
sure est supprimée. » Jusqu'ici, toutes les
pièces jouées étaient passées au Caviar et
sérieusement censurées. Défense de se dés-
habiller, défense de mettre un lit sur scène,
défense aussi de prononcer les mots : lit,
étoile, porte, et enfin tout ce qui pouvait
avoir trait, de près ou de loin, au pays, à
l'armée ou au sultan, était rigoureusement
défendu. Toutes ces interdictions tombent
à la suite du dernier hatti-hatagoum. Aussi,
parmi les pièces qui viennent d'obtenir un
succès retentissant, signalons: La Dame de
chez Maxim, La Nuit de noces, Tourtelin
s'amuse, Panachot, gendarme!, Le Paradis,
Le Coup de Fouet, Ce veinard de Brida-
che, Mademoiselle Josette, ma femme, etc.
Toutes ces comédies modernes ont sou-
levé d'enthousiasme un peuple peu habitué
aux plus élémentaires libertés. Les acteurs
ont. été acclamés, notamment M. Roland et
M. Georges Desplas.
c
e n'était pas lui.
Nous avons rencontré hier, sur le
boulevard, le sympathique Garay, qui sta-
tionnait devant une colonne Picard:
— Vous avez été mal informés, nous dé-
clare-t-il, ce n'est pas moi qui ai gagné un
procès contre M. Hertz, et j'en suis fort
heureux. Je n'ai jamais soutenu de procès
contre personne et j'ai toujours entretenu
avec M. Hertz les meilleures relations. Il
aura été aussi étonné que moi de cette pe-
tite erreur.
» Et je songe d'autant moins à un procès
contre M. Hertz qu'il va probablement en-
gager pour la saison prochaine ma femme,
Mme Garay-Myriel.
» Et puis, j'ai horreur des chicanes »,
conclut M. Garay.
Et un vieux souvenir de classique lui re-
venant aux lèvres, il ajouta en souriant :
-— La seule pensée d'un procès serait
capable de me faire fuir jusqu'aux Indes.
BILLETS D'UN PROVINCIAL
ïf.t." NATURE! v
NATURE!
Hier, sur la plage, j'ai rencontré mon ami
Amarante. Je suis toujours heureux de le voir.
Il sait tout. Nul commentaire ne lui est étranger
et il apporte dans son rôle d'initiateur une cons-
cience qu'ornent l'imprévu et l'autorité. Sa
société est fertile en enseignements et je loue
Dieu, chaque jour, d'avoir permis qu'un tel
homme m'accueillit dans l'intimité de sa pensée,
qui est rare et précieuse.
Il contemplait la vaste mer. « Que c'est beauf
me dit-il, en me serrant la main, sans hauteur.
Ah!, cela fait du bien! Cela lave l'âme, un
peu 1 Et comme on se sent loin du boulevard,
des salons, des théâtres 1 Ce flot mouvant me
rappelle un décor admirable du Châtelet, ja-
dts/ C'est prodigieux de vérité! Et ce glisse-
ment de l'air qui siffle! J'ai connu un machi
niste qui rendait cela à la perfection! Inouï!
Ahl la naturel Il n'y a que cela, quoi qu'on
dise ! Tournez-vous ! Regardez cette foule. Quel
mouvement, quelle couleur! On dirait d'une
mise en scène « à la 'Antoine'! » Parolel,Est-ce
réglé! Et juste!. Et cet orchestre, là-rbasl Tout
y est! Le kiosque un peu de guingois; le chef
d'orchestre, éloquent comme un symbole! Et
les musiciens! Et leur musique tour à tour lan-
goureuse et violente, avec ce rien de cacopho-
nie qui sent la vraie vie !. Est-ce camper Cela
me rappelle, au Gymnase. Oh! ce yacht, là-
bas! Est-ce criant d'exactitude! Tout à fait le
pont du (c trois » dans la pièce de Chose, vous
savez 1. Et vous, comment allez-vous P Des-
cendu au « Cabot-Palace », comme moi! Vous
avez raison. C'est le meilleur! Le service y est
déplorable, la nourriture vénéneuse à souhait;
c'est exquis 1 Et le domestique, d'une insolence
de grande comédie! Quant au vieux portier, je
donnerais ma tête à couper qu'il a joué quelque
part l'Ami Fritz! C'est à l'embrasser!. Et
le hall de l'Hôtel! Est-ce planté ? Et ces falai-
ses, là-bas, à gauche! Dix louis qu'elles sont
signées, quelque part, Amable, Jambon ou Mé.
nessierl. Ahl la nature! Est-ce bon! Cela vous
ressuscite! Il n'y a qu'elle!. Mais, sapristi!
quatre heures, déjà! Je parle! Je parle! Excu-
sez-moi, cher ami, je. » — « Faites donc!
L'heure du bain, sans doute 1. » — « Le
bain!. oh/ non/ non! le suis. attendu ! Une
répétition générale! Croyez-vous qu'ils n'ont pas
de théâtre, ici! Quel trou! Alors nous avons
organisé au Théâtre de la nature!. Il faut bien
tuer le temps!. Au revoir, cher ami!. »
GASTON ROIG.
E
t c'est justice.
La Clément-Bayard, souple, élé-
gante, d'une robustesse a toute épreuve, est
de toutes les voitures automobiles celle qui
est préférée par nos meilleurs chauffeurs
et nos plus jolies chauffeuses.
Le Masque de Verre.
LES DEUX CHORÈGES D'ORANGE
ta. ANTONY RfJLK p. «ARItTOH
SUR LES PLANCHES
"Hamlet" à Trouville
On vient enfin de donner Hamlet, qui avait
été retardé par suite de l'indisposition de M.
Auber.
Cet artiste, né à Toulon, y débuta en 1897,
précisément dans le rôle d'Hamlet. Engagé l'an-
née suivante à Marseille, il créa Le Cid et Pierre
d'Aragon; ensuite, à Nice, Salammbô; à Nan-
tes, Thaïs et Iphigénie en Aulide; à Toulouse,
M. Jean Auber (Cliché Morettal
Messaline, Moina et Théodora; à Bordeaux,
Henri VIII et Les Girondins; enfin, à Lyon, La
Damnation de Faust, La Reine Fiammette, For-
tunio et la reprise des Maîtres Chanteurs. Tout
cela sans compter, naturellement, les ouvrages
du répertoire courant.
La représentation a été excellente, bien que
M. Auber .encore un peu souffrant, ait cru de-
voir, au commencement de la soirée, faire récla-
mer l'indulgence du public. Les trois premiers
actes ont été interprétés avec un grand sentiment
artistique. Le duo du premier acte avec Ophélie :
(c Doute de la lumière », la grande scène de l'Es-
planade: « Ombre terrible et chère », le trio
avec la Reine et le Roi et la chanson: « 0 vin,
dissipa la tristesse », ont été très chaleureuse-
ment applaudis et soulignés par deux rappels à
chaque baisser de rideau, ce qui est fort rare
ici, car la claaue n'existe pas, et d'habitude on
sort aussitôt la fin des actes pour courir, soit
aux petits jeux, soit à la salle de danse, voire
au baccarat.
A partir du tableau suivant, la fête et la pan-
tomime, M. Auber était visiblement fatigué, et
c'est alors qu'on a pu voir ce qu'un véritable
artiste peut faire sans donner de voix. La diction
et les jeux de physionomie, ainsi que les attitudes
très étudiées ont sauvé la situation, et les spec-
tateurs l'ont encore fort applaudi après le mo-
nologue: « Etre ou ne pas être » et rappelé
avec enthousiasme après le duo avec la Reine.
Au résumé, c'est un gros succès pour M .Auber.
La présence de Mlle Yvonne Dubel, qui in-
terprétait le rôle d'Ophélie pour la première fois,
ajoutait encore de l'intérêt à cette représenta-
tion. On n'aurait jamais cru que Mlle Dubel
n'était pas, depuis longtemps, en possession de
ce rôle, tant elle a mis d'autorité dans le duo
du premier acte avec Hamlet, dans la scène du
livre: « Sa main depuis hier n'a pas touché mai
main », le trio avec la Reine et Hamlet, et
surtout la grande scène de la Folie. La voix
était de solidité exceptionnelle, et les nombreux
traits, points d'orgues, etc., dont le rôle est
émaillé cnt été d'une correction absolue.
Mlle Dubel, qui avait chanté dimanche Thaïsl
mardi, Roméo et Juliette, et jeudi Hamlet, avait
été appelée mercredi à Paris pour y cnantec
Lohenerin. C'est, je crois, un joli record.
, Mlle de Georgis, de l'Opéra de Nice, dé-'
butait dans le rôle de la Reine. C'est une'
vraie voix de contralto bien sonore et homogène
dans toute son étendue. L'artiste est jeune, de
taille élégante, et porte de fort beaux costumes*
L'air: « Ne. pars pas,. Ophélie », le trio avec
Hamlet et le Roi, et surtout le grand duo avec
Hamlet: « Vous avez gravement offensé votre
père », ont conquis d'emblée l'auditoire. C'était
vraiment très bien. Il faut retenir le nom da
Mlle de Georgis, car on en reparlera.
La belle voix de M. Rudolff sonne généreu-
sement dans le rôle du Roi. L'air du premier
acte: « 0 toi, qui fus la femme de mon frère M,
et la prière du quatrième acte ont été soulignés
très chaleureusement.
M. Régis n'a, dans le rôle de Laërte, 'qu'un,
air assez court au premier acte: « Pour mon
pays un serviteur fidèle », qui n'est pas la perle
de la partition. Il a fait ce qu'il a pu de ce roitt
ingrat entre tous. Combien d'abonnés de l'Opéra
ne connaissent même pas ce personnage qui
entre en scène au premier acte, y reste environ:
dix minutes, et disparaît pour ne plus revenir
quand on ne joue pas l'acte du Cimetière! II
est probable qu'il se trouve bien en Noryège.
MM. Cosson (le spectre), Cardon (Marcellus),
et Froidurot (Horstis), ont apporté tous leurs
soins dans ces petits rôles. Evidemment, les de-
cors laissent un peu à désirer et le ballet man-
que ; mais il faut cependant féliciter M. Laurent,
régisseur général, pour la façon dont l'ouvrage
a été présenté.
L'orchestre et les chœurs, sous l'habile di-
rection d'Adolphe Maton, ont été à la hauteur
de l'interprétation scénique qui a fait de cettff
soirée une des meilleures de la saison.
HENRI CARRE.
LETTRE DE BAYREUTH.
"SIEGFRIED
Immense enthousiasme, après cette ar-
dente représentation de Siegfried, qui est
bien le plus dynamique des drames wagné-
riens, le plus débordant de vitalité, celui
dont Joséphin Péladan qualifiait le héros
« une brute rayonnante ».
C'est Burgstaller, le Siegfried élevé à la
becquée par Mme Wagner; vous avez en-
tendu, à Paris, ce produit du Conservatoire
wagnérien; au Concert Colonne, il a été
applaudi poliment; ici, on l'acclame avec
transport. Gauche, impétueux, convaincu,
ce gars à la figure trop longue voit tous ses
défauts, quand il incarne Siegfried, se muer
en qualités. Et, comme l'adolescent fores-
tier qu'il représente, il donne pleinement
l'impression d'un puceau frénétique. D'ail-
leurs, il chante robustement cette -violente
musique; il y va de tout cœur, sans nuan-
ces, poussant sa voix de'ténor barytonnant
sans marchander, employant autant de force
à rejetér le roseau taillé dans lequel il a
soufflé qu'à crever le corps du dragon
géant. Et puis, il prononce les e et les u
comme des i, les a comme des an; et puis,
dès qu'il ne chante plus, il se campe de
trois quarts, la tête légèrement tournée vers
le public. « souriez, bien! ne bougeons
plus!. » Enfin, il est épatant.
M. Breuer est un trop bon Mime; il a
si consciencieusement fouillé son rôle qu'il
le joue avec une perfection insupportable;
chacune de ses grimaces est une glose wag-
nérienne, chacun de ses gestes un acte de
foi. M. Dawison, très apprécié, me paraît
un Alberich quelque peu conventionJ)'JI,.
mais il pourrait me répondre qu'il n'a pas
trouvé d'Alberich véritable à imiter, et je
resterais quinaud.
Mme Gulbranson, tout de même un peu
trop dénuée de grâce et .de poésie quand
Siegfried la réveille (d'ailleurs, je confesse
que ce début m'a toujours semblé long,
même comme musique), ne tarde pas à!
devenir intéressante dès que le duo s'élever
et plane, les ailes largement ouvertes*
in est-ce pas que l'idée eh est belle? « Hé*
roïque et brutal », il ignore le frisson déli-
cieux de la Peur, et le frisson, plus déli-
cieux, de la Passion; c'est la Femme qut
va les lui révéler, avec une soudaineté
bouleversante, alors qu'endormie en pleine
divinité, dans l'enceinte des flammes magi-
ques, elle ouvre pour la première fois des
yeux « humains ».
Encore un aveu: la brutalité de l'alleerd
final, sa violence massive,- je ne l'ai jamais
aimée. Mais, avant d'en arriver à cette fin
écrasante, que de beautés 1 Comme il s'es.
sore fièrement, ce thème de Siegfried héX
tier-du-monde! Comme on sent bien dans
ce double éveil, l'éveil lumineux et fort
de géants qui surgissent là, chqs d'une
race neuve!.
(Oh 1 je le sais, en des jours de mau.
vaise humeur, de non-réceptivité, apres des
auditions insuffisantes, il m'est arrivé de
médire rageusement de ces pages qui, au..
jourd'hui, me transportent. Après? Qu'est..
ce que cela prouve, sinon la bonne foi de
mes sincérités successives. Peu me chaut
qu'un pion fielleux ncane de mes contradic-
tions, lui qui ne change pas plus d'opinion
que de chemise.)
Une fois encore, Hans Richter s'est Af-
firme le plus grand chef d'orchestre dit
monde. Une fois encore, cette supériorité
partout proclamée, partout acclamée, a. tor.
turé le fils Wagner qui cache, sous les
dehors d'un polichinelle anodin, la plus vi.
laine âme envieuse qu'on puisse imagi-
her, Pour. se consoler H s.' est; Xait offrir.
-
Dimanche 9 Août 1908.
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKt
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique :, COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements. 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 9.
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
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Adresse Télégraphique : COM(EDIA=PARIS
5 ABONNEMENTS :
UN'AN 6 MOtS
Paris et Départements 24 fr. 12 f r..
Étranger. 40 » 20 n
Souvenir
de voyage
Bien que n'ayant pas l'honneur d'ap-
Partenir à la Comédie-Française, je
Voyage souvent. Beaucoup moins qu'un
Sociétaire, mais presque autant qu'un
Pensionnaire.
Il y a quelq*s années, j'ai fait, moi
aussi, ce que, dans notre monde, nous
appelons la grande tournée. C'était la
^conde fois que j'allais entreprendre cet
^portant voyage, mais mon itinéraire
Emportait certaines villes très intéres-
santes que je ne connaissais pas, et je
rne réjouissais à l'idée de les visiter en
détail.
Je m'étais, comme Perrichon, muni de
gUides et de lettres de recommandation
devant m'ouvrir certaines portes, closes
Pour le commun des mortels.
l' Ne voulant pas avoir l'air de découvrir
* Amérique, je ne vous ferai, rassurez-
vous, aucune description des endroits
que je parcourus, les yeux écarquillés.
"ous les connaissez sans doute aussi bien
qUe moi.
Il y a néanmoins un pays, un seul,
?°.nt je veux vous entretenir quelques
instants, quelques instants seulement, ma
fortune ne me permettant pas d'entre-
tenir à vie tous ceux qui me liront.
Ce pays, c'est. ah! voilà. nom
d'un chien ! je ne veux pas le nommer,
Parce que si j'y retourne jamais (tiens,
donc! on ne sait pas ce qui peut arriver)
t S seraient capables, là-bas, de me pi-
%er - - ils sont si susceptibles en.
Voyons, puisque, homme de théâtre,
Je m'adresse à des gens qui connaissent
le théâtre, j'appellerai les villes et les
Personnages dont j'aurai à parler de
noms bien connus de notre monde.
Au surplus, cela n'ajouterait rien com-
1116 intérêt à mon récit si je vous disais
Que la rivière qui arrose ce pays est la
tner d'Azov, la Baltique ou la Boréale!
Qu'elle soit jaune, blanche, rouge ou
nOIre, ça ne vous fera ni chaud ni froid
-- même s'il s'agit de l'océan Glacial.
De même qu'il vous importe peu de
j^Vûir si l'homme Qui gouverne: Ipriit
Pays s'intitule : roi, empereur, tzar, shah,
sultan, bey, khédive, grand-duc ou né-
gus. Les noms seuls seront inventés, le
reste étant, comme ce que j'ai toujours
ÊCrit, d'une scrupuleuse exactitude.
Donc, en 1905, par une mirifique et
glorieuse matinée de novembre, notre
^perbe paquebot, le Klarty, entra dans
les eaux d'Alberquaré. Tout Porelville,
la cité fameuse, ruisselait de lumière et
de soleil. Quel coup d'œil magnifique!
L'entrée de ce port, à pareille heure
et sous ce 4Ciel, est la chose la plus belle
eu monde.
Je devais donner dix représentations
en cette ville. Malheureusement, l'épo-
que n'était pas très opportune. Il est
vrai que, en fait de tournées, l'époque
n'est jamais complètement opportune.
(Ah ! si vous étiez venus le mois dernier !)
l Bref, la politique faisait des siennes.
L'anarchie couvait sous les cendres. Les
Clubs ou endjoumans turbulaient. C'est
jjn-peuple qui a beaucoup d'endjouman,
bien que les gens ne s'y expriment, cal-
mes et tranquilles, que par sentences
Jutes à mi-voix et sur un ton doux comme
le chant des oiseaux.
Presque tous les habitants, bourgeois
Paisibles, ont l'air de prendre le temps
eornme il vient. Tant qu'il y aura de bon
café noir, du beau tabac blond, du henné
Pour les ongles et la barbe, de l'anti-
moine pour les yeux, des dattes transpa-
rentes de Pétercarine, des pastèques de
^rtz, des aubergines de Micho, des gre-
jjades rouges de Samhüel, des perles des
euxbrainn, des diamants de Lemoane,
ees turquoises d'Izola et des rubis sur
Ongle, ces sages philosophes envisage-
ant la vie avec sérénité.
Mais si les Porelvilliens semblaient se
Complaire dans la dolence et l'apathie,
eUr souverain, lui, ne vivait pas. (Nom-
mons-le, si vous le voulez bien: Cuit.)
Une seule phrase avait le don de dérider
Sa face auguste et éternellement tour-
mentée, cette phrase, il ne se lassait pas
e'en sourire, la lui eût-on (oh ! la lui eût-
011. trou lala itou) la lui eût-on dite
Vingt fois par jour, c'est lorsque Max-
rnoré, son chambellan préféré, l'abor-
erit ainsi :
- Sire Cuit.
Quoique, au fond, infiniment modeste,
il préférait de beaucoup s'entendre ap-
peler simplement: Roi des Rois. Pôle
de l'univers. Puits de science. Mar-
chepied du ciel. Idole du monde. ou
Vmbre de Dieu — un rien, comme on
voit.
Pourtant, Marchepied du ciel faillit un
jour être la cause du renvoi d'un larbin,
lequel se méprit et répondit au secré-
aire du Puits, lui demandant : « Où est
6 marchepied? »
- Dans le couloir, contre les cabinets.
Ce pauvre monarque, quel martyre
qUe son existence! Perpétuellement
Peuré, il se montre envers ses domesti-
ques exigeant, autoritaire et despote, ré-
Pétant sans cesse :
Cuit. Je dois être cru, puisque je suis
Il y a quelques années, un fou lança
ne bombe dans son palais ; depuis lors,
infortuné potentat ne vit plus : il a une
trompe telle d'un nouvel attentat qu'il
a interdit l'électricité sur tout son terri-
toire comme étant une force mystérieuse
et incompréhensible — pour lui.
Il dispose de 174 chambres à coucher;
chaque soir, il change de lit, à l'insu
même de son valet, qui, le matin, pour
le réveiller, est obligé d'ouvrir inutile-
ment 173 portes avant de trouver son
maître. -
Mieux que ça : en son paiais, coulent
perpétuellement certaines fontaines et
brûlent sans cesse quelques becs de gaz.
afin que nul ne puisse se cacher dans
les tuyaux! C'est assez dire qu'aucun
mot pouvant même de très loin prêter à
une équivoque fâcheuse ne doit être im-
primé dans un journal ou sur une affi-
che, à plus forte raison prononcé en
public.
Ainsi, à peine débarqués, nous cons-
tatons, en traversant la ville, que nos
immenses chromos, ces chromos où
Léandre me caricature de façon si amu-
sante et qui tapissèrent tant de murs!
étaient tous amputés du quatrain qui lé-
gendise l'image.
Informations prises, on nous chuchote
à voix imperceptible que nous levons
échappé belle !
— Ah! monsieur! vous venez pour la
première fois chez nous et vous vous
faites annoncer en ces termes:
Il fulmine, éclate et détonne!
C'est l'explosif de la gaîté.
,
Mais, monsieur, si on LUI avait com-
muniqué ça, c'en était fait de vous!
Brrrou !
— Il faut, poursuivit l'interprète, que
je vous prévienne tout de suite: malgré
le plaisir que nous nous promettions de
vous applaudir dans vos monologues,
vous ne pouvez pas en dire.
— Ah! et pourquoi?
— Les monologues sont interdits de-
puis un soir où M. Coquelin cadet en
dit un, intitulé :Moderne, et dans lequel
se trouvait cette phrase: Pour être mo-
derne, il faut voter des lois, mais ne pas
les appliquer.,
.! ! !
Aussi ne fus-je pas surpris de recevoir
nos brochures tailladées en tous sens par
une censure. étrange encore plus qu'é-
trangère.
Aiiioi, dans Les surprtses au Divorce,
on coupa cette phrase :
« Tout passe, les gouvernements chan-
gent, les peuples disparaissent. »
Dans Médor, je dus dire à la place de :
« Tu as peur d'intriguer. », « Tu as
peur de faire des démarches. »
Au lieu de: « Je vole une heure au
ministère. Une heure au travail. »
On ne doit jamais prononcer les mots :
roi, prince, empereur, duc, marquis, etc.
Dans La Correspondance, petit bijou
en un acte (de moi), six coups de crayon
bleu zébrèrent cette phrase: « Tout le
tramway était en révolution. »
Un comble ! Dans Quart-de-Soupir, je
remplaçai: « Après tout, Louis XIV ser-
vait Molière 1 » par: « Machin servait
Molière!J1 »
Enfin — le bouquet - dans Le Ju-
meau, je joue un double rôle : Emile-
Edouard. Au moment où le spectacle
commençait, la brochure n'était pas en-
core revenue de la censure. Nous n'é-
tions pas sans inquiétude, non qu'il y
eût en cette pièce des phrases subversi-
ves, mais chaque fois les suppressions
immotivées exigées par les anastasiens
locaux nous ahurissaient.
L'orchestre finissait l'ouverture quand
le censeur surgit et nous dit simplement :
— Vous ne pouvez pas prononcer le
nom d'Edouard.
-?
- (Très bas.) .VII.
— ?
- VII. Edouard. VII.
- Eh bien, et Emile, alors? Notre
Emile. même prix. Comment m'ap-
pellerai-je dans la pièce où les quinze
personnages prononcent pendant trois
heures 17.854 fois ces deux noms-là?
— Monsieur, c'est ainsi. Tenez, der-
nièrement, on a déplacé un professeur
de chimie qui avait eu l'imprudence de
prononcer, à son cours, cette phrase
malencontreuse: « Ce sont des gaz en
liberté 1 »
Je fis comme le gaz, je fuis !
Félix GALIPAUX.
Nous publierons demain un article de
CALIBAN
Arrivisme
On me communique un prospectus qu'un
habile industriel distribue, durant toute l'an-
née, à la porte d'un grand lycée de Paris et
qu'il intitule jort justement: La Tranquillité
de l'Elève. Moyennant la somme modeste
de cinquante centimes et même moins
(trois, quatre sous peut-être), l'élève peut
se procurer l'explication écrite ou orale des
problèmes scientifiques les plus compliqués
et l'assurance pratique, en dehors de cette
satisfaction purement morale, d'éviter im-
manquablement les mauvaises notes et la
consigne du jeudi.
Le correspondant qui me communique ce
prospectus s'indigne naturellement d'une
telle audace.
Triste époque. 'où allons-nous. De-
main les élèves des lycées se mettront en
grève. Dans quelques mois la Confédéra-
tion Générale du Thème Latin dictera ses
conditions aux proviseurs de nos lycées.
l'avoue ne point partager une pareille
indignation. Tout d'abord, il n'est point as-
suré que ce système donne les bons résul-
tats que l'on croit. Chaque processeur a
ses idées à lui, et l'on risque fort d'être
mal noté si l'on n'en tient pas compte. Je
me souviens pour mon compte avoir tait
pendant de longues années appel aux petits
auteurs latins non classiques pour rédiger
des discours latins que j'avais à taire; tan-
tôt Velleius Paterculus me fournissait le
récit de l'incendie d'une ville, tantôt Aulu-
Gelle me donnait les éléments d'une lettre
bien sentie de Caton au Conseil municipal.
Ma copie, une tois rédigée, m'était tou-
jours rendue couverte de ratures, et je cons-
tatais avec terreur qu'aux yeux de mon pro-
fesseur de rhétorique ces auteurs réprou-
vés ne savaient pas un mot de latin.
Je sais bien que l'habile industriel dont
je parle ne doit point se trouver dans le
même cas, et qu'il doit habilement flatter
les idées particulières des professeurs qu'il
connaît. Dans ce cas, rien de mieux. L'élève
qui, depuis de longues années, est complè-
tement découragé par des échecs successifs,
connaît des joies triomphales, son courage
s'en relève et l'on peut être assuré qu'au
bout de plusieurs semaines, la confiance
lui revenant, il ne manquera pas de dewnfs
un brillant élève.
Beaucoup de nos auteurs dramatiques se
sont trouvés dans ce cas. Inquiets au début
de leur carrière, troublés par des Jours
noirs, ils se sont décidés à recourir à l'in-
dustriel-libérateur, le succès est venu, l'as-
surance aussi, et l'on prétend que plusieurs
d'entre eux ont fait aujourd'hui de leurs
propres mains des pièces qui n'étaient pas
plus mauvaises que d'autres. Prendre con-
fiance dans la vie, c'est faire la moitié du
chemin nécessaire, et comme la vie est
très courte, c'est peut-être, en somme, en.
matière de théâtre, le seul moyen de par-
venir, avant sa mort aux honneurs suprê-
mes.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
u
n heureux choix.
M. Dujardin-Beaumetz vient d'attri- i
buer a notre emment collaborateur, m. Ar-
sène Alexandre, le poste de conservateur du
Musée de Compiègne, devenu vacant, il y
a quelques mois, par la mort de M. Taba-
raud.
Il y fallait un homme aegofifJ c'est un
homme de goût qui l'obtient.
Cette nomination sera unanimement ap-
plaudie.
M. Arsène Alexandre est depuis vingt
ans un de nos nlus sûrs critiques d'art.
C'est un lettré et un homme d'esprit.
Tous ses amis, c'est-à-dire tous ceux qui
le connaissent, seront heureux de voir le
gouvernement lui donner publiquement ce
témoignage d'estime.
Le
théâtre à Constantinople.
La constitution dont le sultan vient
de gratiner son peuple a un ertet des plus
heureux sur le théâtre contemporain en
Turquie. La troupe du Paris-Théâtre, qui
donne actuellement ses représentations à
l'Amphithéâtre des Petits-Champs, à Cons-
tantinople, a pu la première jouir de la
liberté qui est une des bases de la Consti-
tution. En effet, un article dit: « La cen-
sure est supprimée. » Jusqu'ici, toutes les
pièces jouées étaient passées au Caviar et
sérieusement censurées. Défense de se dés-
habiller, défense de mettre un lit sur scène,
défense aussi de prononcer les mots : lit,
étoile, porte, et enfin tout ce qui pouvait
avoir trait, de près ou de loin, au pays, à
l'armée ou au sultan, était rigoureusement
défendu. Toutes ces interdictions tombent
à la suite du dernier hatti-hatagoum. Aussi,
parmi les pièces qui viennent d'obtenir un
succès retentissant, signalons: La Dame de
chez Maxim, La Nuit de noces, Tourtelin
s'amuse, Panachot, gendarme!, Le Paradis,
Le Coup de Fouet, Ce veinard de Brida-
che, Mademoiselle Josette, ma femme, etc.
Toutes ces comédies modernes ont sou-
levé d'enthousiasme un peuple peu habitué
aux plus élémentaires libertés. Les acteurs
ont. été acclamés, notamment M. Roland et
M. Georges Desplas.
c
e n'était pas lui.
Nous avons rencontré hier, sur le
boulevard, le sympathique Garay, qui sta-
tionnait devant une colonne Picard:
— Vous avez été mal informés, nous dé-
clare-t-il, ce n'est pas moi qui ai gagné un
procès contre M. Hertz, et j'en suis fort
heureux. Je n'ai jamais soutenu de procès
contre personne et j'ai toujours entretenu
avec M. Hertz les meilleures relations. Il
aura été aussi étonné que moi de cette pe-
tite erreur.
» Et je songe d'autant moins à un procès
contre M. Hertz qu'il va probablement en-
gager pour la saison prochaine ma femme,
Mme Garay-Myriel.
» Et puis, j'ai horreur des chicanes »,
conclut M. Garay.
Et un vieux souvenir de classique lui re-
venant aux lèvres, il ajouta en souriant :
-— La seule pensée d'un procès serait
capable de me faire fuir jusqu'aux Indes.
BILLETS D'UN PROVINCIAL
ïf.t." NATURE! v
NATURE!
Hier, sur la plage, j'ai rencontré mon ami
Amarante. Je suis toujours heureux de le voir.
Il sait tout. Nul commentaire ne lui est étranger
et il apporte dans son rôle d'initiateur une cons-
cience qu'ornent l'imprévu et l'autorité. Sa
société est fertile en enseignements et je loue
Dieu, chaque jour, d'avoir permis qu'un tel
homme m'accueillit dans l'intimité de sa pensée,
qui est rare et précieuse.
Il contemplait la vaste mer. « Que c'est beauf
me dit-il, en me serrant la main, sans hauteur.
Ah!, cela fait du bien! Cela lave l'âme, un
peu 1 Et comme on se sent loin du boulevard,
des salons, des théâtres 1 Ce flot mouvant me
rappelle un décor admirable du Châtelet, ja-
dts/ C'est prodigieux de vérité! Et ce glisse-
ment de l'air qui siffle! J'ai connu un machi
niste qui rendait cela à la perfection! Inouï!
Ahl la naturel Il n'y a que cela, quoi qu'on
dise ! Tournez-vous ! Regardez cette foule. Quel
mouvement, quelle couleur! On dirait d'une
mise en scène « à la 'Antoine'! » Parolel,Est-ce
réglé! Et juste!. Et cet orchestre, là-rbasl Tout
y est! Le kiosque un peu de guingois; le chef
d'orchestre, éloquent comme un symbole! Et
les musiciens! Et leur musique tour à tour lan-
goureuse et violente, avec ce rien de cacopho-
nie qui sent la vraie vie !. Est-ce camper Cela
me rappelle, au Gymnase. Oh! ce yacht, là-
bas! Est-ce criant d'exactitude! Tout à fait le
pont du (c trois » dans la pièce de Chose, vous
savez 1. Et vous, comment allez-vous P Des-
cendu au « Cabot-Palace », comme moi! Vous
avez raison. C'est le meilleur! Le service y est
déplorable, la nourriture vénéneuse à souhait;
c'est exquis 1 Et le domestique, d'une insolence
de grande comédie! Quant au vieux portier, je
donnerais ma tête à couper qu'il a joué quelque
part l'Ami Fritz! C'est à l'embrasser!. Et
le hall de l'Hôtel! Est-ce planté ? Et ces falai-
ses, là-bas, à gauche! Dix louis qu'elles sont
signées, quelque part, Amable, Jambon ou Mé.
nessierl. Ahl la nature! Est-ce bon! Cela vous
ressuscite! Il n'y a qu'elle!. Mais, sapristi!
quatre heures, déjà! Je parle! Je parle! Excu-
sez-moi, cher ami, je. » — « Faites donc!
L'heure du bain, sans doute 1. » — « Le
bain!. oh/ non/ non! le suis. attendu ! Une
répétition générale! Croyez-vous qu'ils n'ont pas
de théâtre, ici! Quel trou! Alors nous avons
organisé au Théâtre de la nature!. Il faut bien
tuer le temps!. Au revoir, cher ami!. »
GASTON ROIG.
E
t c'est justice.
La Clément-Bayard, souple, élé-
gante, d'une robustesse a toute épreuve, est
de toutes les voitures automobiles celle qui
est préférée par nos meilleurs chauffeurs
et nos plus jolies chauffeuses.
Le Masque de Verre.
LES DEUX CHORÈGES D'ORANGE
ta. ANTONY RfJLK p. «ARItTOH
SUR LES PLANCHES
"Hamlet" à Trouville
On vient enfin de donner Hamlet, qui avait
été retardé par suite de l'indisposition de M.
Auber.
Cet artiste, né à Toulon, y débuta en 1897,
précisément dans le rôle d'Hamlet. Engagé l'an-
née suivante à Marseille, il créa Le Cid et Pierre
d'Aragon; ensuite, à Nice, Salammbô; à Nan-
tes, Thaïs et Iphigénie en Aulide; à Toulouse,
M. Jean Auber (Cliché Morettal
Messaline, Moina et Théodora; à Bordeaux,
Henri VIII et Les Girondins; enfin, à Lyon, La
Damnation de Faust, La Reine Fiammette, For-
tunio et la reprise des Maîtres Chanteurs. Tout
cela sans compter, naturellement, les ouvrages
du répertoire courant.
La représentation a été excellente, bien que
M. Auber .encore un peu souffrant, ait cru de-
voir, au commencement de la soirée, faire récla-
mer l'indulgence du public. Les trois premiers
actes ont été interprétés avec un grand sentiment
artistique. Le duo du premier acte avec Ophélie :
(c Doute de la lumière », la grande scène de l'Es-
planade: « Ombre terrible et chère », le trio
avec la Reine et le Roi et la chanson: « 0 vin,
dissipa la tristesse », ont été très chaleureuse-
ment applaudis et soulignés par deux rappels à
chaque baisser de rideau, ce qui est fort rare
ici, car la claaue n'existe pas, et d'habitude on
sort aussitôt la fin des actes pour courir, soit
aux petits jeux, soit à la salle de danse, voire
au baccarat.
A partir du tableau suivant, la fête et la pan-
tomime, M. Auber était visiblement fatigué, et
c'est alors qu'on a pu voir ce qu'un véritable
artiste peut faire sans donner de voix. La diction
et les jeux de physionomie, ainsi que les attitudes
très étudiées ont sauvé la situation, et les spec-
tateurs l'ont encore fort applaudi après le mo-
nologue: « Etre ou ne pas être » et rappelé
avec enthousiasme après le duo avec la Reine.
Au résumé, c'est un gros succès pour M .Auber.
La présence de Mlle Yvonne Dubel, qui in-
terprétait le rôle d'Ophélie pour la première fois,
ajoutait encore de l'intérêt à cette représenta-
tion. On n'aurait jamais cru que Mlle Dubel
n'était pas, depuis longtemps, en possession de
ce rôle, tant elle a mis d'autorité dans le duo
du premier acte avec Hamlet, dans la scène du
livre: « Sa main depuis hier n'a pas touché mai
main », le trio avec la Reine et Hamlet, et
surtout la grande scène de la Folie. La voix
était de solidité exceptionnelle, et les nombreux
traits, points d'orgues, etc., dont le rôle est
émaillé cnt été d'une correction absolue.
Mlle Dubel, qui avait chanté dimanche Thaïsl
mardi, Roméo et Juliette, et jeudi Hamlet, avait
été appelée mercredi à Paris pour y cnantec
Lohenerin. C'est, je crois, un joli record.
, Mlle de Georgis, de l'Opéra de Nice, dé-'
butait dans le rôle de la Reine. C'est une'
vraie voix de contralto bien sonore et homogène
dans toute son étendue. L'artiste est jeune, de
taille élégante, et porte de fort beaux costumes*
L'air: « Ne. pars pas,. Ophélie », le trio avec
Hamlet et le Roi, et surtout le grand duo avec
Hamlet: « Vous avez gravement offensé votre
père », ont conquis d'emblée l'auditoire. C'était
vraiment très bien. Il faut retenir le nom da
Mlle de Georgis, car on en reparlera.
La belle voix de M. Rudolff sonne généreu-
sement dans le rôle du Roi. L'air du premier
acte: « 0 toi, qui fus la femme de mon frère M,
et la prière du quatrième acte ont été soulignés
très chaleureusement.
M. Régis n'a, dans le rôle de Laërte, 'qu'un,
air assez court au premier acte: « Pour mon
pays un serviteur fidèle », qui n'est pas la perle
de la partition. Il a fait ce qu'il a pu de ce roitt
ingrat entre tous. Combien d'abonnés de l'Opéra
ne connaissent même pas ce personnage qui
entre en scène au premier acte, y reste environ:
dix minutes, et disparaît pour ne plus revenir
quand on ne joue pas l'acte du Cimetière! II
est probable qu'il se trouve bien en Noryège.
MM. Cosson (le spectre), Cardon (Marcellus),
et Froidurot (Horstis), ont apporté tous leurs
soins dans ces petits rôles. Evidemment, les de-
cors laissent un peu à désirer et le ballet man-
que ; mais il faut cependant féliciter M. Laurent,
régisseur général, pour la façon dont l'ouvrage
a été présenté.
L'orchestre et les chœurs, sous l'habile di-
rection d'Adolphe Maton, ont été à la hauteur
de l'interprétation scénique qui a fait de cettff
soirée une des meilleures de la saison.
HENRI CARRE.
LETTRE DE BAYREUTH.
"SIEGFRIED
Immense enthousiasme, après cette ar-
dente représentation de Siegfried, qui est
bien le plus dynamique des drames wagné-
riens, le plus débordant de vitalité, celui
dont Joséphin Péladan qualifiait le héros
« une brute rayonnante ».
C'est Burgstaller, le Siegfried élevé à la
becquée par Mme Wagner; vous avez en-
tendu, à Paris, ce produit du Conservatoire
wagnérien; au Concert Colonne, il a été
applaudi poliment; ici, on l'acclame avec
transport. Gauche, impétueux, convaincu,
ce gars à la figure trop longue voit tous ses
défauts, quand il incarne Siegfried, se muer
en qualités. Et, comme l'adolescent fores-
tier qu'il représente, il donne pleinement
l'impression d'un puceau frénétique. D'ail-
leurs, il chante robustement cette -violente
musique; il y va de tout cœur, sans nuan-
ces, poussant sa voix de'ténor barytonnant
sans marchander, employant autant de force
à rejetér le roseau taillé dans lequel il a
soufflé qu'à crever le corps du dragon
géant. Et puis, il prononce les e et les u
comme des i, les a comme des an; et puis,
dès qu'il ne chante plus, il se campe de
trois quarts, la tête légèrement tournée vers
le public. « souriez, bien! ne bougeons
plus!. » Enfin, il est épatant.
M. Breuer est un trop bon Mime; il a
si consciencieusement fouillé son rôle qu'il
le joue avec une perfection insupportable;
chacune de ses grimaces est une glose wag-
nérienne, chacun de ses gestes un acte de
foi. M. Dawison, très apprécié, me paraît
un Alberich quelque peu conventionJ)'JI,.
mais il pourrait me répondre qu'il n'a pas
trouvé d'Alberich véritable à imiter, et je
resterais quinaud.
Mme Gulbranson, tout de même un peu
trop dénuée de grâce et .de poésie quand
Siegfried la réveille (d'ailleurs, je confesse
que ce début m'a toujours semblé long,
même comme musique), ne tarde pas à!
devenir intéressante dès que le duo s'élever
et plane, les ailes largement ouvertes*
in est-ce pas que l'idée eh est belle? « Hé*
roïque et brutal », il ignore le frisson déli-
cieux de la Peur, et le frisson, plus déli-
cieux, de la Passion; c'est la Femme qut
va les lui révéler, avec une soudaineté
bouleversante, alors qu'endormie en pleine
divinité, dans l'enceinte des flammes magi-
ques, elle ouvre pour la première fois des
yeux « humains ».
Encore un aveu: la brutalité de l'alleerd
final, sa violence massive,- je ne l'ai jamais
aimée. Mais, avant d'en arriver à cette fin
écrasante, que de beautés 1 Comme il s'es.
sore fièrement, ce thème de Siegfried héX
tier-du-monde! Comme on sent bien dans
ce double éveil, l'éveil lumineux et fort
de géants qui surgissent là, chqs d'une
race neuve!.
(Oh 1 je le sais, en des jours de mau.
vaise humeur, de non-réceptivité, apres des
auditions insuffisantes, il m'est arrivé de
médire rageusement de ces pages qui, au..
jourd'hui, me transportent. Après? Qu'est..
ce que cela prouve, sinon la bonne foi de
mes sincérités successives. Peu me chaut
qu'un pion fielleux ncane de mes contradic-
tions, lui qui ne change pas plus d'opinion
que de chemise.)
Une fois encore, Hans Richter s'est Af-
firme le plus grand chef d'orchestre dit
monde. Une fois encore, cette supériorité
partout proclamée, partout acclamée, a. tor.
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laine âme envieuse qu'on puisse imagi-
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