Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-07-22
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 juillet 1908 22 juillet 1908
Description : 1908/07/22 (A2,N296). 1908/07/22 (A2,N296).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645951x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
_^Année. » No 296 (Quotidien) la IVOméro : 9 Centlmes Mercredi 22 Juillet 1908.
Rédacteur en Chefs G. dû PAWLOWStd
REDACTION & ADMINISTRATION
27, Bouleuard Poiyyonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-IT
Presse Télégraphique : CO^SDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN -4 am
ïaris et Départements 24 fr. 12 fr.
It tranger. 40 > 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION:
27. Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 2HH 07
Adresse Télégraphique : COiViiEDîA.pAT;!.*
ABONNEMENTS:
UN AN 6MC.
y -_
Paris et Départements 24, fr. 12 fr.
tuanger 40 a 20 D
La Petite Bête
ta bans Sa l0^e» entre le deux et le trois,
to touf jolie Fernande Clarice, assise de-
Vant a table à maquillage, les sourcils
froncés SOUS sa toison vénitienne, et
mordin ?1 de ses claires dents rageuses
le bon •
cravnn innocent d'un pauvre petit
rice fa- °r' la toute jolie Fernande Cla-
e Ce faisaIt ses comptes. Vrai! le fracas
ij ncore vibrant des applaudissements
dont la salle avait accueilli sa dernière
îortip de , scène était déjà loin de ses
^eillpc et de sa pensée. Par instants, le
hl 1 crayon d'or, délivré de l'étau des
blanches incisives, s'abattait sur une
feuille de Papîer, entre les pots de crê-
nies les boîtes à poudre et les étuis de
rouge) et traçait des chiffres, beaucoup
chiffres
t toc* quelqu'un frappa à la por-
Porte s'ouvrit et l'auteur de la
Ptèce entra Les yeux bruns furibonds
qui tout àCOUP, lui sautèrent à la figure,
ne Purent lui laisser aucun doute sur
son i Inportunité. Ce pendant qu'une
son Importunité. Ce pendant qu'une
voix sans nulle aménité, lui éclatait au
VIsag'e, toute chargée d'exaspération:
- Ah t non, je vous en prie ! La bar-
be ! Ta-û leZnîoi le coude ! Que tout le
fitondtf* ,?ri? ficch? la Paix! tout le
Ce me fiche la paix!
(,et r un homme doux et
Patient- en outre, sa pièce marchait bien,
qui .lui rendait l'âme indulgente à
rn IquIte des nerfs féminins. Paisible-
ment
ment - il était à claquer, cet imbécile!
claquer ! T il répondit:
atn' ?Qu est-ce qu'il y a de cassé, chère
amie? VrfS venez d'avoir un succès ad-
mirable ! venez d'avoir un succès ad-
- Voilà qui m'est égal, par exemple 1
Ah! bien tPour ce qu'il me rapporte,
mon succè, aimerais autant une tape !
°ur sûr une tape !
ajouta la toute jolie Fernande Clarisse
Coulea, afin que nul n'ignorât rien de la
deur Ur Ide Ses sentiments, à bon enten-
deur, salut :
- eOnInie ça, au moins, il y en aurait
d'autres dans le lac, avec moi!
Mais c
au fond, la meil-
112ure Creature du monde, elle sentit
ne eXpl' t" , ,
Qu'une eY PIV1.Catlon de sa fureur s'impo-
W était en somme, le pauvre diable
qui était 'ii ?» Gn était Pas cause.
- Quand je pense, se déchaîna-t-elle,
qUe je vais le pense, se déchaîna-t-elle,
Jue je vais if ï® saisie, vendue ! tout le
bazar, quatre cela, parce que je n'ai
pas les quatre SOus qu'il me faudrait
Pour raye: ries trois sous de-dettes!
C'est à îse 'jlAi er à !'^u de Barèges!
J'ai dt notre auteur était un au
teur dont laPièce marchait bien. Le plai-
sir rend rsmsjb°nne! Tant de déses-
Pérance lui f si bonne! Tant de déses-
-î le cœur, et sans ar-
rière-pensie-e, il hasarda:
gent e Coutez, Clarice. Je gagne de l'ar-
gent en ce moment. Si deux ou trois bil-
lets co eUyent Vous être utiles?. C'est
en conain vous me les rendrez plus
tard.
Jours Ci!Ïf. leva vers lui des yeux tou-
doux aUssI beaux, mais beaucoup plus
doux qu- e tout à l'heure. Même, lis étaient
gais, cfS Yeux: ils riaient! et la bouche
a^Ssi> la h®^llie^ touche rouge emperlée se
pit de ta Douche rouge emperlée se
fa fr e la partie; Fernande Clarice pouf-
Q, franchernent.
bien None non! cher ami; vous êtes
m£ io. déclara-t-elle, mais les
encore sous qu'il me faudrait ne sont pas
encore dans vctre bourse d'homme de
EUs. nez* voici mon total !
Ëlle H e- signa la feuille sur laquelle s' é-
tait "scrimé le crayon d'or: é -
franc Tr°IS cent cinquante-deux mille
s. ~t cinquante-deux mille
ARDAIT.
préso Cela Vous en bouche un coin, jeune
ux- Non, non! Gardez vos
iilets hi f^s* Merci tout de même! Je
ri) l'ublierai pas votre chic mouvement.
rnanti: débarrassez-moi le plan-
ïer> otm je fasse mon changement!
1- te rirti, la toute jolie Fernande
babill e s abandonna aux mains de son
tepar euse, et le ^ême pli dur du front
r tparss la toison vénitienne. Trois
trouve InqUante-deux mille francs! Où
, Ah! non, ce n'était plus
.,l.nstant u 10111611^ des bons amis, des
Oh! 1 amarades ou des amants gentils!
les tfp*Q cas de galette! Plus d'a-
22 0ur! aJU> .béguins ! La petite bête
ait morte T La petite bête
r~ pS à Point?. C'est-bien pos-
reçut 1 PUisque ce même soir Fernande
r^î ain richiolf' puis la visite d'un Amé-
^mLqU1' sans hésiter, lui fit,
bonTlê; latnp, les propositions les plus
Près c es. ,Car il ne faut Pas croire, d'a-
es. ar il ne faut pas croire, d'a-
lpcmiiliardairp nos confrères que tous
nSîttantiques sont de
ito able lgueux ri dont ila fortune n'est
lèn^11 Pacir dont la Fortune n'est
sèr ^ain réri *?UL Seraient> du jour au
iene Celuli eur fflif h la plus extrême mi-
hon Cd leur fallaIt réaliser leur situa-
qoliars véritablement le
e anknotes et la montagne de
dOUars e banknotes et la montagne de
te?Sande^n,?f Par Payer les dettes de
IPerna., e , L j1 ,1 instaUa dans un hô-
licieùhx A à deux pas du Parc Mon-
etat, - cet ~Ô t i il le louait simpiement,
Il est" e! hoteI. il le louait simplement.
SéjoUr r", Pour la durée de son propre
icl ea1f, Uf ; Vrai pj£n? n f r i !a durée de son propre
à son. arls, six mois environ; mais,
son 12Dart, - il l'achèterait et le laisse-
rait fans Drfii,PI0Prié*é a sa Sonne amie,
Stri l? -e' naturellement, de la
rente lu,ecessaire à soutenir le train, et
qu'il ah' par devant no-
Iui cons Par devant no-
TOUte eUre de retraverser les mers.
T S choses ainsi convenues, ce
mortel g;énéreux s'établit dans son bon-
heur, et Fernande Clarice, dans sa sé-
curité. Car maintenant, n'est-ce pas?
c'était bien réglé! Plus de gêne, plus
d'embarras d'argent, plus d'échéances,
plus d'huissiers! après le présent cer-
tain, c'était l'avenir assuré. Fernande ne
se souvenait plus avoir oncques froncé
les sourcils en inscrivant des chiffres!
Finis, les soucis: on était tranquille!
Vive la joie et les truffes sous la ser-
viette! Les yeux bruns n'auraient plus
prétexte à devenir méchants! Jamais,
jamais!
Et alors, la petite bête se réveilla.
Moins de quinze jours après la pen-
daison de la crémaillère, l'Américain,
rentrant à l'improviste au logis, un
après-midi où personne ne l'attendait,
éprouva la désagréable surprise, comme
il soulevait une portière, d'apercevoir
dans son lit, outre la personne qui en
était la titulaire et l'ornement habituels,
un jeune cabot du théâtre de Fernande,
lequel n'avait aucun titre à se trouver là
et y produisait plutôt mauvais effet.
Le citoyen du Nouveau-Monde était
un sage. Il dit tout bonnement: « Oh! »
laissa retomber la portière, fit demi-tour
et puis s'en fut. Il s'en fut chez le pro-
priétaire de l'hôtel, en résilier la loca-
tion, et dès lors, « n'ayant fait que pas-
tion, il n'était déjà plus » ! Et c'est ainsi
ser,
qu'une Perrette plus moderne cassa un
autre pot au lait.
Le plus drôle en cette tristesse, c'est
que Fernande, la minute qui suivit
l'apparition catastrophale, se rendant
compte brusquement de la chute de son
château de cartes et de l'effondrement
de sa destinée opulente, entra, du coup,
dans une colère folle et, de toutes les
forces de sa main mignonne, gifla son
complice, ahuri et dévêtu, ce pendant
qu'assis tous deux sur les oreillers, elle
lui criait:
- — Idiot! c'est de ta faute!
Fernande Clarice ne fut point juste
en l'occurence. C'était la faute de la pe-
tite bête!.
Louis MARSOLLEAU.
Nous publierons demain un article de
FÉLIX GALIPAUX 1
La décadence
des Romains
L'ancien chef de service du théâtre na-
tional de l'Opéra n'est pas content.
On sait que son service consistait à as-
surer la claque à l'Académie nationale de
musique, et qu'en vertu d'écriteaux en car-
ton apposés dans le monument Garnier la
claque, depuis près* d'un an, est supprimée.
Il parait, si l'on en croit l'ancien chef de
service, que cette suppression entraînera
sous peu la déchéance de l'art lyrique tout
entier. Le public de l'Opéra est, en effet,
dit-il, particulièrement apathique et manque
d'enthousiasme pour applaudir lorsqu'il le
faut; cela est très préjudiciable à nos chan-
teurs, et l'ancien chef de service offre les
siens à tout venant pour un prix particuliè-
rement raisonnable.
On peut tout attendre de son goût artisti-
que, de son discernement et de son zèle;
lui seul sait couvrir une voix détaillante
aux mauvais moments, souligner des en-
trées comme il convient; espérons donc
qu'avant peu l'excellent chef de service
pourra reformer sa clientèle et s'assurer des
subsides nécessaires à la location des pla-
ces qui lui sont indispensables. Espérons
particulièrement que nos principaux chan-
teurs négligeront de recourir à ce petit
moyen pour s'assurer les suffrages du pu-
blic, et que ce seront au contraire les ar-
tistes de troisième et quatrième ordre qui
s'entendront avec le chef de service.
A la fin d'un acte qui aura été religieu-
sement écouté en silence nous verrons un
choriste s'avancer au devant du roi et chan-
ter: « Le voilà! le voilà! » Aussitôt un
tonnerre d'applaudissements fera crouler la
salle, taisant bien augurer de l'avenir lyri-
que de ce modeste protagoniste. Et ce sera,
somme toute, une heureuse façon de faire
définitivement sombrer sous le ridicule
l'institution la plus absurde qui soit encore
dans le monde des théâtres.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos.
L
eurs mots.
Deux comédiens partent en villégia-
ture et ils causent; l'un est pensionnaire
d'un théâtre lyrique, l'autre un des meil-
leurs artistes du Grand-Guignol:
— Que faisiez-vous, demande curieuse-
ment le chanteur, pendant les dix minutes
de terreur que durait votre dernière pièce?
Et l'autre, qui connait son histoire et
ses classiques, se redressant comme Sieyès,
de répondre :
— J'ai vécu!. -
c
hose vue.
Il errait, le visage glabre, ressem-
blant à Voltaire et à m. victorien ;:,araou
comme un mignon un peu défraîchi, dans
la galerie d'Orléans. Il allait, rêvant à de
lointains passés ou à des avenirs plus rap-
prochés.
Un quidam indiscret et tapageur troubla
sa quiétude, arrêta sa promenade. Il lui pro-
posait des billets « moins cher qu'au bu-
reau » pour la représentation du Palais-
Royal.
Et il insistait:
- Vous devriez voir ça, monsieur, c'est
très bien ! On joue La Cagnotte. Vous pas-
serez une bonne soirée!.
Le promeneur s'arrêta un moment, sou-
rit, et reprit sa promenade.
Lassouche ne crut pas nécessaire de dé-
penser huit francs. Nous croyons savoir
qu'il connaissait la pièce -— il l'a même
créée !
L
a gloire!
Encore que le mot ait six lettres, ce
n'est pas — du moins cette fois — le titi e
d'une pièce de M. Henry Bernstein. La
gloire dont il s'agit esf celle qui va cerner
le front périgourdin de M. Sem.
Nous apprenons, en effet, que la pro-
chaine pièce que M. Romain Coolus achève
en ce moment à Plombières, et qui a pour
sujet une caricaturiste, s'appellera — excu-
sez du peu! — La Petite Sem.
Souhaitons que les spectateurs ne soient
pas trop antisémites.
u
n joli bijou se vend très facilement et
très cher chez Dusausoy, expert,
4, Douievara aes italiens, qui achète au
comptant. Il vend aussi de belles occasions.
p
rudence.
On annonce pour la saison prochaine
une nouvelle pièce écrite en collaboration
par un auteur dramatique souvent applaudi
et un journaliste renommé surtout pour sa
rosserie.
Et l'on demande à l'auteur:
- Pourquoi avoir pris X. corrtmecpl.
laborateur?
— Mais simplement pour ne pas l'avoir
dans la salle le jour de la première !
L
a politique au théâtre.
Au cours d'une représentation don-
née. au théâtre municipal de Prague-Wein-
berg en l'honneur des délégués du Congrès
slave, on donnait une comédie: L'Epreuve
de l'Homme d'Etat.
Dans une scène entre l'impératrice Ma-
rie-Thérèse et le chancelier prince de Kau-
nitz, celui-ci conseille à sa souveraine de ne
pas s'allier avec la Prusse, mais bien avec
la France.
Toute la salle, debout, laissa à l'artiste
à peine le temps de terminer sa tirade, et
.de longues acclamations interrompirent le
spectacle.
Ce fut la revanche de Sadowa.
L
e chant du cygne.
C'était le soir de la dernière du
Chant du Cygne.
A l'heure de la représentation, un hom-
me d'un certain âge, un peu courbé, pau-
vre d'aspect et grelottant, accompagné d'un
monsieur correctement mis, pénétrait dans
la cour qui précède l'entrée des artistes de
l'Athénée.
Arrivé là, l'inconnu, d'abord timidement,
puis avec plus d'assurance, se mit à chan-
ter quelques vieux refrains d'opérette.
Il les chantait fort bien, des têtes paru-
rent aux fenêtres, puis des mains jetèrent
des gros sous.
Le malheureux troubadour ramassa ainsi
près de trois francs.
Alors on le vit se redresser: c'était M.
Félix Huguenet, qui venait de dîner avec
l'auteur, M. Xavier Roux.
Ce soir-là, les « machinos » de l'Athénée
burent une joviale tournée à la santé du
futur sociétaire.
CONSOLATIONS BANALES
.: (Henri Manuel, phot.)
SI Jeune et déjà décoré!.
Pauvre enfant, c'était pour sa mère '!.
v
ite, des pseudonymes.
Voilà donc terminés les concours du
Conservatoire et les lauréats dispersés a
travers la vie.
Les uns erront dans de vagues tournées,
les autres peineront à Paris, quelques-uns
entrent à l'Odéon et quelques-uns aU
Théâtre-Français.
A quoi tiennent quelquefois les destinées
et les carrières! Un engagement manque
après le premier prix et c'est toute une vie
perdue !
Et quelquefois on ne sait vraiment Pas
ce qui décide du sort d'un jeune artiste.
Les caprices de la Fortune sont parfois
si inexplicables qu'on en arrive à toutes les
superstitions.
Ainsi nous observerons par exemple que,
dans le quart des noms d'artistes de la-Co-
médie-Française on peut retrouver un Y.
Ainsi MM. Mounet-Sully, de Féraudy,
Jacques de Féraudy, Le Bargy, DeheIlY,
Henry Mayer, Delaunay, Garay, puyla-
garde, Leroy; Mmes Cerny, Bovy, De-
voyod, Faylis, Lynnès, Mitzy-Dalti, Rachel
Boyer, Fayolle, Clary, et sans doute eo
oublions-nous I
D'autres remarques ne sont pas moins
surprenantes.
On a pu voir en ces dernières années, au
Théâtre-Français, MM. Garraud, Garry,
Garay, Mlle Yvonne Garrick, sans parler
d'un élève du Conservatoire qui plusieurs
fois figura sur l'affiche: M. Garrigues.
Il y a décidément des lettres qui sont des
lettres d'introduction.
L'éditeur Sansot vient de publier La
Ville Charnelle, du poète F.-T. Ma-
rinetti, auteur de la tragédie satirique Le
Roi Bombance et directeur de Poésia, cette
florissante revue internationale qui paraît à
Milan et où collaborent, côte à côte, Mis-
tral, d'Annunzio, Paul Adam, Henri de Ré-
gnier, la comtesse de Noailles, Gustave
Kahn; Mme Catulle Mendès, jules Bois,
Pascoli, Ada Négri, Notari, Vacaresco, Jean
Dornis, etc.
La Ville Charnelle est un recueil de poè-
mes orientaux d'une originalité puissante,
qui classe F.-T. Marinetti parmi nos meil-
leurs poètes. -..
BALLADES
NOS JOLIES DAMES DE COMÉDIE
« Il n'est bon bec que de Paris »,
Disait Villon. Bartet divine,
Belle Sorel au frais souris,
Gloire nationale et câline;
Blonde Méoard, grâce féline;
Cerny troublante. à vos genoux,
Il répéterait, j'imagine:
Il n'est bon bec que de chez nous.
Hading, Roggers, Berthe Bady,
Brandès par qui Bourget culmine,
Blanche Toutain qui joua Guy
Launay-Nozière, et vous mutine
Leconte à la lèvre assassine,
Marthe Régnier. Serions-nous fous
De rêver la. gloire marine.
Il n'est bon bec que de chez nous-r
Très vibrante Gilda Darthy,
Montespan de royale échine,
Et vous Simone ex-Le Bargy,
Et vous Lantelme, et vous Sergine,
Cassive, Armande superflne.
Si de Max part, qu'importe: vous
Demeurez, nymphes de l'ondinel
Il n'est bon bec que de chez nous!
Provost, Faber, ciel que de fruits!
Devant lesquels ma faim dandine.
Made Carlier. Les yeux de nuit
De Venturette Venturine.
Hélas, amis, trop j' « ensardine ».
Lavallière est le clou des clous.
., Rose (en beurre) est notre Félyne.
II n'est bon bec que de chez nous.
Des Ariette et tant de Fany
Il y en a plein la terrine.
Pes MartJjç» Jane, des Nelly.
- ; Cormon par son talent dominer - -:
Nous avotîs Polaire-Claudine.
Nos plateaux sont pleins de bijoti.
Diéterle est la perle opaline.
Il n'est bon bec que de chez nous!
Yvonne de Bray qui frémit,
Tandis que Père Ubu boudiné,
Dutrieu qui nous éblouit,
Flèche humaine; ah! que féminine.
Duluc. Leduc. Franquet. Je dîne
Parfois chez les autres. plats doux.
Songeant alors que j'y jardine.
Il n'est bon bec que de chez nous!
ENVOI
Princesses de la gente mine,
Allez donc et prouvez à tous,
Loin de ma muse citadine,
Qu'il n'est bon bec que de chez nous.
ARMORY.
T
'héâtres de la Nature.
Nos théâtres en plein air — chacun
'1.. - - .-J''-~-- --- ':1- --
sait cela — ne datent pas a nier, uar us i c-
montent à la plus haute antiquité. Mais sait-
on que Paris, sous Louis XIV, eut son théâ-
tre de la Nature? Il était installé aux Tui-
leries, à l'endroit qu'on appelait alors la
« Petite Provence », et où passe mainte-
nant la rue de Rivoli. La scène était placée
au milieu de bosquets; le fond et les décors
étaient formés par les arbres et les 'arbus-
tes. Ce théâtre fut détruit durant les pre-
mières années du règne de Louis XV.
Plus tard, un autre théâtre de verdure
fut aménagé dans le bois de Boulogne, sous
le second Empire, et fut dirigé par Nestor
Roqueplan. On y joua longtemps des fée-
ries nocturnes. Ce théâtre est devenu celui
du Pré-Catelan, où demain nous entendrons
la Dalila de nos amis Gabriel Nigond et
Tiarko Richepin.
F
aguet et l'Ecole normale.
- Comme suite à l'article que Comoe-
lia publiait sur Faguet, sait-on que l'illus-
tre normalien eut. un accident à la sortie
de l'Ecole?
Il est d'usage à l'Ecole normale de faire
des farces. C'est à qui trouvera la plus
forte. Une des plus générales consiste à
laisser dans les dictionnaires qui servent
aux compositions de fin d'année traîner des
lettres d'amour fabriquées pour les fem-
mes des professeurs.
Or, dans unf, dictionnaire on trouva une
lettre brûlante, archi-brûlante, adressée à
a femme du célèbre professeur de philoso-
phie Francisque Bouillier, l'auteur du livre
Le Plaisir et la Douleur. Comment tomba-
t-elle entre les mains du mari? On ne sait
trop. Ce qui est certain, c'est que Francis-
que Bouillier se fâcha de cette farce et exi-
gea d'en connaître l'auteur. On fit une ex-
pertise d'écritures et on acquit la certitude
que c'était l'élève Emile Faguet.
Cela ne l'a pas empêché d'entrer à l'Aca-
démie française et d'être prince de la cri-
tique.
H
yménée.
Nous apprenons le mariage de Mlle
Germaine Le Senne, nièce du distingué cri-
tique, qui vient de terminer brillamment
ses études du Conservatoire avec des prix
de chant et d'opéra, avec M. Charles Ba-
tilliot.
NOUVELLE A LA MAIN
G
rande conférence entre MM. André de
Lorde, Ollivier, Laumann et quel-
ques autres terroristes notoires, fournisseurs
attitrés du Grand-Guignol :
- Ma prochaine pièce a pour sujet une
opération chirurgicale; on ouvre un homme,
on lui déroule les intestins.
Et M. Max Maurey, confiant, d'interro-
ger:
- Comment l'appelez-vous?
- Le Riifcaa roue.
Le Masque de Verre.
La Distribution des Prix
du ConserVatoire
(Ernesto Brod. pbot.)
J'aime, pour son cérémonial, cette aernière
fête de la saison.
Elle est de tradition solennelle: par quoi
elle conclut dignement la série des grandes
journées du Conservatoire.
Mais elle est intime, et elle ramène à un
juste sentiment de modestie scolaire les jeunes
élèves que ne manque pas d'égarer l'excessive
publicité des concours.
Donc, hier, sur la scène du grand théâtre,
M. Gabriel Fauré. présidait, en l'absence du
ministre des Beaux-Arts et de son sous-secré-
taire d'Etat. A ses côtés étaient assis MM. Ga-
briel Faure, chef du cabinet de M. Dujardin-
Beaumetz; Bigard-Faure, chef de division aux
Beaux-Arts; Jean d'Estournelles Ae Constant,
Véronge de la Nux, Fernand Bourgeat, Bouvet,
Hasselmans, Lefort, Cros-Saint-Ange et la plu-
part des professeurs.
M. Gabriel Fauré a prononcé le discours d'u-
sage. Ea voici les principaux passages :
« M. le ministre de l'Instruction publique et
M. le goùs-seerétaîfè d'Etat ltes Beatcr-Arts,
empêchés l'un et l'autre de venir présider cette
cérémonie annuelle, ainsi qu'ils avaient coutume
de le faire, m'ont chargé d'être ici l'interprète
de leurs regrets et de procéder en leur nom à
la distribution des prix.
(c Mais avant de donner la parole au lecteur
du palmarès, j'ai le devoir d'annoncer à nos
élèves que deux nouveaux legs sont venus ré-
cemment accroître le nombre déjà si considéra-
ble .des dotations faites en leur faveur, dota-
tions qui, émanant pour la plupart d'anciens élè-
ves du Conservatoire, prouvent l'attachement
que gardent pour cette maison ceux qui y ont
passé.
« Le premier de ces legs nous a été transmis
par M. le général Parmentier, au nom de la
célèbre violoniste Teresa Milanollo, sa femme.
«. D'après les dernières volontés de Mme la
générale Parmentier, une somme d'environ
200.000 francs a été partagée entre le Conser-
vatoire de Milan, sa ville natale, et le Conser-
vatoire. de Paris, où elle fit son éducation mu-
sicale.
Le revenu de la somme de 98.000 francs, re-
présentant le legs fait à notre école et dont
l'emploi a été fixé par la testatrice elle-même,
sera donné, d'une part, sous forme de prix et,
d'autre part, sous forme de pensions attribuées
à des élèves violonistes pour toute la durée de
léurs études.
« La seconde donation faite par M. et Mme
Potron, en exécution volontaire d'un désir sou-
vent exprimé de son vivant par une autre cé-
lèbre artiste, Mme, Rosine Laborde, leur pa-
rente, intéresse les élèves femmes des classes
de chant et tout particulièrement les élèves qui
se sont montrées zélées dans l'étude du solfège.
« Une autre très bonne nouvelle, un heureux
événement qui a déjà' trouvé au dehors de re-
tentissants échos, mais qui doit être particuliè-
rement fêté ici, est la nomination de M. Geor-
ges Berr au grade de chevalier de la Légion
d'honneur. Qu'il me soit permis de dire com-
bien il m'est personnellement agréable de féli-
citer publiquement l'un des plus dévoués et des
plus brillants professeurs du Conservatoire, et
de féliciter en même temps le très apprécié so-
ciétaire de la Comédie-Française et l'auteur dra-
matique non moins applaudi. »
Puis, d'une voix forte et qui ne faiblit pas,
M. Alexandre fait la lecture du palmarès. C'est
un honneur qui revient, par tradition, au pre-
mier prix de tragédie.
Et c'est devant M. Gabriel Fauré, aimable
dispensateur de diplômes, le défilé tumultueux
et divers des quelques milliers de lauréats: fillet-
tes des classes de solfège et basses chantantes
barbues, violonistes, tragédiens, ingénues et
trompettes.
Enfin le concert, impatiemment attendu, où
l'on entend de nouveau les morceaux et les scè-
nes des premiers prix.
Mlle Piltan a joué avec une jeune autorité élé-
gante et aisée l'introduction et l'allégro dm
Deuxième Concerto de Saint-Saëns, qui lui va-j
lut un succès aujourd'hui confirmé.
C'est avec l'art d'un parfait musicien que MJ
Paulet a chanté l'air d'Alceste. Je ne sais quels
succès lui réserve le théâtre. Sa voix légère,;
heureusement timbrée, peut l'y faire réussir.,
Le Conservatoire, en tout cas, a fait de lui uni
très sûr chanteur.
Et déjà artiste et virtuose, M. Michelcn pn.
lève d'un archet maître le Concerto de Dvorak.
Mme Garchery chante l'air d'Armidc, et ie
retrouve dans, sa voix, maintenant reposée les
accents généreux et les inflexions émouvantes
qui m'avaient séduit.
Puis la scène entre Achille et Agamemnon,
d'Iphigénie. - -
Et c'est merveille d'entendre M. Alexandre
exprimer avec son admirable voix, pénétrante et*
nette, les emportements du héros. On dirait
d'un jeune lion prêt à bondir sur une proie.,
La Comédie-Française a bien fait de s'sttacher'
ce jeune tragédien. Il est digne d'y entrer.
Un choix pareil aurait pu favoriser M. Cr.PTi-,
breuil, qui a su, par une grande sûreté de com-
position, par beaucoup d'autorité dans la tenue,
ne pas se laisser écraser dans une scène choisie
pour un autre. Il n'a pas été inférieur à M.'
Alexandre.
Aux acclamations renouvelées d'un public qui
avait déjà célébré le triomphe de ses trois pre-
miers prix, Mlle Alice Raveau a donné la scène
des lettres de Werther. Son admirable voix,i
vibrante et d'un timbre rare, se déploie magni-
fiquement dans cette scène si pathétique. Le
jeu reste encore simple, mais Mlle Raveau,\
qui est intelligente et artiste — on ne chante
pas comme elle sans l'être — prendra bien vite
l'expérience de la scène. M. Albert Carré, qui)
a eu le bon esprit de l'engager hier, l'y aidera.
Mlle Le Senne, qui a le physique d'une tra-i
gédienne lyrique, en a aussi le tempérament et1
l'organe ample, solide et puissant. Elle en aura
sans doute le talènt. C'est du moins l'heureuse
promesse que contient son interprétation d'Al-
ceste.
M. Vaurs, que j'aurais entendu bien volon-
tiers dans sa scène du Bal Masqué, a donné une.
courte réplique avec la grande tenue qui affirme.
un artiste.
Et j'ai gardé pour la fin Mlle Reuver, qui a'
retrouvé auprès des fillettes des premiers rangs
de l'orchestre le succès que lui avait fait l'au-,
tre jour le public de l'Opéré-Comique.
Mlle Reuver avait concouru l'an dernier danst
Le Dépit'amoureux. Elle y fut mauvaise, mais,
obtint un second accessit. C'est cette année
seulement qu'elle le méritait.
Et je m'en voudrais de décourager cette petite*
soubrette, assez divertissante sans doute, mais
dont le' talent menu ne justifie pas qu'on la
place au premier rang d'une promotion de comé-
diennes. Elle paraît décidée à beaucoup travailler
à l'Odéon. Je souhaite qu'elle y réussisse cd
qu'elle puisse être utile à son directeur. Cluny
ou les Folies-Dramatiques lui donneraient, cm
tout cas, de très sûres revanches.
C'est à la fin que j'ai voulu parler d'elle
pour la citer en exemple de l'erreur où peut se
laisser entraîner un jury en veine d'adopter le
sentiment du public. La séance était, on s'en
souvient, languissante. L'ennui était général et
justifié — et général, mais injustifié fut l'em-.
ballement qui lui succéda.
Le secret du prix de Mlle Reuver est là.
Ai-je besoin de revenir sur la qualité toute
nouvelle de ce public et l'étrange attribution des
billets?
Un de nos confrères a invité ces spectateurs
imprévus à voter après le jury. C'est avant sa
délibération que demain cette expérience se fe-
ra. Et le contrôle deviendra une indication.
Allons, je l'espère bien, les concours publics
ont vécu.
FAUBLAS.
Le ConserVatoire Théâtre Populaire.
"Comœdia", sous la plume de M. Charles Akar, propose
une meilleure utilisation du Conservatoire
L'arrêté organique du Conservatoire contient
un article qui interdit aux jeunes élèves de pa-
raître, pendant la durée de leurs études, sur
une scène parisienne.
Cet article, le voici:
ART. 67.
Aucun élève ne peut, sous peine de radiation,
contracter un engagement avec un théâtre quel-
conque, jouer un rôle, chanter ou exécuter un
morceau sur un théâtre ou dans un concert pu-
blic, sans la permission expresse du directeur.
Cette interdiction est levée cependant et le
cas se présente chaque fois que la Comédie-
Française ou l'Odéon demandent au Conserva-
toire le concours de nos espoirs nationaux, ap-
partenant aux classes de tragédie et de corné-
die. b
Ce cas spécial est subordonné aux besoins de
,A 10r"q"1'¡1 ms e
ces deux théâtres, lorsqu montent des ouvra-
ges très important dont les distribuions con-
tiennent up très grand nombre de persomu-
ces.
Ces rôles tiennent parfois plutôt à la figura»
tion, les titulaires n'ayant à dire que deux ou
trou; répliques de quelques mots
Aussi s'adresse-t-on aux jeunes élèves du
Conservatoire pour ce genre d'exercice.
Mais, ce qui oblige surtout le jeune élève du
conservatoire à jouer en dehors des théâtres
subventionnés et malgré le règlement, c'est tuut
simplement le besoin de vivre.
En effet, cet étudiant, d'un genre spécial,
est, très souvent, peu fortuné; aussi a-t-i! re-
cours à tous les cachets possibles pour équili-
brer, souvent et très péniblement, son bud'get
M. Dujardin-Beaumetz, le premier, déplore cet
état d'infériorité pécuniaire dans leQuel se trou-
vent les administrés de M G. i riol Fauré
Aussi notre sous-seeré/j.c 'Er:.:! 'lUX helux-
arts a-t-il l'intention -1.1 t i il ecs
payantes d'élèves; ce« représcm?.-.:- ;-;ira.etu
lieu à l'Opéra-Comique ei recV ,:. sc-rs'îi-n'-
destinées à créer des bourbe* alu-cr-Je.- .au* --lè-
ves.
Cette idép N;:t ,.y-..:~,.. ,.,~, ;:':'" crique.
Rédacteur en Chefs G. dû PAWLOWStd
REDACTION & ADMINISTRATION
27, Bouleuard Poiyyonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-IT
Presse Télégraphique : CO^SDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN -4 am
ïaris et Départements 24 fr. 12 fr.
It tranger. 40 > 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION:
27. Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 2HH 07
Adresse Télégraphique : COiViiEDîA.pAT;!.*
ABONNEMENTS:
UN AN 6MC.
y -_
Paris et Départements 24, fr. 12 fr.
tuanger 40 a 20 D
La Petite Bête
ta bans Sa l0^e» entre le deux et le trois,
to touf jolie Fernande Clarice, assise de-
Vant a table à maquillage, les sourcils
froncés SOUS sa toison vénitienne, et
mordin ?1 de ses claires dents rageuses
le bon •
cravnn innocent d'un pauvre petit
rice fa- °r' la toute jolie Fernande Cla-
e Ce faisaIt ses comptes. Vrai! le fracas
ij ncore vibrant des applaudissements
dont la salle avait accueilli sa dernière
îortip de , scène était déjà loin de ses
^eillpc et de sa pensée. Par instants, le
hl 1 crayon d'or, délivré de l'étau des
blanches incisives, s'abattait sur une
feuille de Papîer, entre les pots de crê-
nies les boîtes à poudre et les étuis de
rouge) et traçait des chiffres, beaucoup
chiffres
t toc* quelqu'un frappa à la por-
Porte s'ouvrit et l'auteur de la
Ptèce entra Les yeux bruns furibonds
qui tout àCOUP, lui sautèrent à la figure,
ne Purent lui laisser aucun doute sur
son i Inportunité. Ce pendant qu'une
son Importunité. Ce pendant qu'une
voix sans nulle aménité, lui éclatait au
VIsag'e, toute chargée d'exaspération:
- Ah t non, je vous en prie ! La bar-
be ! Ta-û leZnîoi le coude ! Que tout le
fitondtf* ,?ri? ficch? la Paix! tout le
Ce me fiche la paix!
(,et r un homme doux et
Patient- en outre, sa pièce marchait bien,
qui .lui rendait l'âme indulgente à
rn IquIte des nerfs féminins. Paisible-
ment
ment - il était à claquer, cet imbécile!
claquer ! T il répondit:
atn' ?Qu est-ce qu'il y a de cassé, chère
amie? VrfS venez d'avoir un succès ad-
mirable ! venez d'avoir un succès ad-
- Voilà qui m'est égal, par exemple 1
Ah! bien tPour ce qu'il me rapporte,
mon succè, aimerais autant une tape !
°ur sûr une tape !
ajouta la toute jolie Fernande Clarisse
Coulea, afin que nul n'ignorât rien de la
deur Ur Ide Ses sentiments, à bon enten-
deur, salut :
- eOnInie ça, au moins, il y en aurait
d'autres dans le lac, avec moi!
Mais c
au fond, la meil-
112ure Creature du monde, elle sentit
ne eXpl' t" , ,
Qu'une eY PIV1.Catlon de sa fureur s'impo-
W était en somme, le pauvre diable
qui était 'ii ?» Gn était Pas cause.
- Quand je pense, se déchaîna-t-elle,
qUe je vais le pense, se déchaîna-t-elle,
Jue je vais if ï® saisie, vendue ! tout le
bazar, quatre cela, parce que je n'ai
pas les quatre SOus qu'il me faudrait
Pour raye: ries trois sous de-dettes!
C'est à îse 'jlAi er à !'^u de Barèges!
J'ai dt notre auteur était un au
teur dont laPièce marchait bien. Le plai-
sir rend rsmsjb°nne! Tant de déses-
Pérance lui f si bonne! Tant de déses-
-î le cœur, et sans ar-
rière-pensie-e, il hasarda:
gent e Coutez, Clarice. Je gagne de l'ar-
gent en ce moment. Si deux ou trois bil-
lets co eUyent Vous être utiles?. C'est
en conain vous me les rendrez plus
tard.
Jours Ci!Ïf. leva vers lui des yeux tou-
doux aUssI beaux, mais beaucoup plus
doux qu- e tout à l'heure. Même, lis étaient
gais, cfS Yeux: ils riaient! et la bouche
a^Ssi> la h®^llie^ touche rouge emperlée se
pit de ta Douche rouge emperlée se
fa fr e la partie; Fernande Clarice pouf-
Q, franchernent.
bien None non! cher ami; vous êtes
m£ io. déclara-t-elle, mais les
encore sous qu'il me faudrait ne sont pas
encore dans vctre bourse d'homme de
EUs. nez* voici mon total !
Ëlle H e- signa la feuille sur laquelle s' é-
tait "scrimé le crayon d'or: é -
franc Tr°IS cent cinquante-deux mille
s. ~t cinquante-deux mille
ARDAIT.
préso Cela Vous en bouche un coin, jeune
ux- Non, non! Gardez vos
iilets hi f^s* Merci tout de même! Je
ri) l'ublierai pas votre chic mouvement.
rnanti: débarrassez-moi le plan-
ïer> otm je fasse mon changement!
1- te rirti, la toute jolie Fernande
babill e s abandonna aux mains de son
tepar euse, et le ^ême pli dur du front
r tparss la toison vénitienne. Trois
trouve InqUante-deux mille francs! Où
, Ah! non, ce n'était plus
.,l.nstant u 10111611^ des bons amis, des
Oh! 1 amarades ou des amants gentils!
les tfp*Q cas de galette! Plus d'a-
22 0ur! aJU> .béguins ! La petite bête
ait morte T La petite bête
r~ pS à Point?. C'est-bien pos-
reçut 1 PUisque ce même soir Fernande
r^î ain richiolf' puis la visite d'un Amé-
^mLqU1' sans hésiter, lui fit,
bonTlê; latnp, les propositions les plus
Près c es. ,Car il ne faut Pas croire, d'a-
es. ar il ne faut pas croire, d'a-
lpcmiiliardairp nos confrères que tous
nSîttantiques sont de
ito able lgueux ri dont ila fortune n'est
lèn^11 Pacir dont la Fortune n'est
sèr ^ain réri *?UL Seraient> du jour au
iene Celuli eur fflif h la plus extrême mi-
hon Cd leur fallaIt réaliser leur situa-
qoliars véritablement le
e anknotes et la montagne de
dOUars e banknotes et la montagne de
te?Sande^n,?f Par Payer les dettes de
IPerna., e , L j1 ,1 instaUa dans un hô-
licieùhx A à deux pas du Parc Mon-
etat, - cet ~Ô t i il le louait simpiement,
Il est" e! hoteI. il le louait simplement.
SéjoUr r", Pour la durée de son propre
icl ea1f, Uf ; Vrai pj£n? n f r i !a durée de son propre
à son. arls, six mois environ; mais,
son 12Dart, - il l'achèterait et le laisse-
rait fans Drfii,PI0Prié*é a sa Sonne amie,
Stri l? -e' naturellement, de la
rente lu,ecessaire à soutenir le train, et
qu'il ah' par devant no-
Iui cons Par devant no-
TOUte eUre de retraverser les mers.
T S choses ainsi convenues, ce
mortel g;énéreux s'établit dans son bon-
heur, et Fernande Clarice, dans sa sé-
curité. Car maintenant, n'est-ce pas?
c'était bien réglé! Plus de gêne, plus
d'embarras d'argent, plus d'échéances,
plus d'huissiers! après le présent cer-
tain, c'était l'avenir assuré. Fernande ne
se souvenait plus avoir oncques froncé
les sourcils en inscrivant des chiffres!
Finis, les soucis: on était tranquille!
Vive la joie et les truffes sous la ser-
viette! Les yeux bruns n'auraient plus
prétexte à devenir méchants! Jamais,
jamais!
Et alors, la petite bête se réveilla.
Moins de quinze jours après la pen-
daison de la crémaillère, l'Américain,
rentrant à l'improviste au logis, un
après-midi où personne ne l'attendait,
éprouva la désagréable surprise, comme
il soulevait une portière, d'apercevoir
dans son lit, outre la personne qui en
était la titulaire et l'ornement habituels,
un jeune cabot du théâtre de Fernande,
lequel n'avait aucun titre à se trouver là
et y produisait plutôt mauvais effet.
Le citoyen du Nouveau-Monde était
un sage. Il dit tout bonnement: « Oh! »
laissa retomber la portière, fit demi-tour
et puis s'en fut. Il s'en fut chez le pro-
priétaire de l'hôtel, en résilier la loca-
tion, et dès lors, « n'ayant fait que pas-
tion, il n'était déjà plus » ! Et c'est ainsi
ser,
qu'une Perrette plus moderne cassa un
autre pot au lait.
Le plus drôle en cette tristesse, c'est
que Fernande, la minute qui suivit
l'apparition catastrophale, se rendant
compte brusquement de la chute de son
château de cartes et de l'effondrement
de sa destinée opulente, entra, du coup,
dans une colère folle et, de toutes les
forces de sa main mignonne, gifla son
complice, ahuri et dévêtu, ce pendant
qu'assis tous deux sur les oreillers, elle
lui criait:
- — Idiot! c'est de ta faute!
Fernande Clarice ne fut point juste
en l'occurence. C'était la faute de la pe-
tite bête!.
Louis MARSOLLEAU.
Nous publierons demain un article de
FÉLIX GALIPAUX 1
La décadence
des Romains
L'ancien chef de service du théâtre na-
tional de l'Opéra n'est pas content.
On sait que son service consistait à as-
surer la claque à l'Académie nationale de
musique, et qu'en vertu d'écriteaux en car-
ton apposés dans le monument Garnier la
claque, depuis près* d'un an, est supprimée.
Il parait, si l'on en croit l'ancien chef de
service, que cette suppression entraînera
sous peu la déchéance de l'art lyrique tout
entier. Le public de l'Opéra est, en effet,
dit-il, particulièrement apathique et manque
d'enthousiasme pour applaudir lorsqu'il le
faut; cela est très préjudiciable à nos chan-
teurs, et l'ancien chef de service offre les
siens à tout venant pour un prix particuliè-
rement raisonnable.
On peut tout attendre de son goût artisti-
que, de son discernement et de son zèle;
lui seul sait couvrir une voix détaillante
aux mauvais moments, souligner des en-
trées comme il convient; espérons donc
qu'avant peu l'excellent chef de service
pourra reformer sa clientèle et s'assurer des
subsides nécessaires à la location des pla-
ces qui lui sont indispensables. Espérons
particulièrement que nos principaux chan-
teurs négligeront de recourir à ce petit
moyen pour s'assurer les suffrages du pu-
blic, et que ce seront au contraire les ar-
tistes de troisième et quatrième ordre qui
s'entendront avec le chef de service.
A la fin d'un acte qui aura été religieu-
sement écouté en silence nous verrons un
choriste s'avancer au devant du roi et chan-
ter: « Le voilà! le voilà! » Aussitôt un
tonnerre d'applaudissements fera crouler la
salle, taisant bien augurer de l'avenir lyri-
que de ce modeste protagoniste. Et ce sera,
somme toute, une heureuse façon de faire
définitivement sombrer sous le ridicule
l'institution la plus absurde qui soit encore
dans le monde des théâtres.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos.
L
eurs mots.
Deux comédiens partent en villégia-
ture et ils causent; l'un est pensionnaire
d'un théâtre lyrique, l'autre un des meil-
leurs artistes du Grand-Guignol:
— Que faisiez-vous, demande curieuse-
ment le chanteur, pendant les dix minutes
de terreur que durait votre dernière pièce?
Et l'autre, qui connait son histoire et
ses classiques, se redressant comme Sieyès,
de répondre :
— J'ai vécu!. -
c
hose vue.
Il errait, le visage glabre, ressem-
blant à Voltaire et à m. victorien ;:,araou
comme un mignon un peu défraîchi, dans
la galerie d'Orléans. Il allait, rêvant à de
lointains passés ou à des avenirs plus rap-
prochés.
Un quidam indiscret et tapageur troubla
sa quiétude, arrêta sa promenade. Il lui pro-
posait des billets « moins cher qu'au bu-
reau » pour la représentation du Palais-
Royal.
Et il insistait:
- Vous devriez voir ça, monsieur, c'est
très bien ! On joue La Cagnotte. Vous pas-
serez une bonne soirée!.
Le promeneur s'arrêta un moment, sou-
rit, et reprit sa promenade.
Lassouche ne crut pas nécessaire de dé-
penser huit francs. Nous croyons savoir
qu'il connaissait la pièce -— il l'a même
créée !
L
a gloire!
Encore que le mot ait six lettres, ce
n'est pas — du moins cette fois — le titi e
d'une pièce de M. Henry Bernstein. La
gloire dont il s'agit esf celle qui va cerner
le front périgourdin de M. Sem.
Nous apprenons, en effet, que la pro-
chaine pièce que M. Romain Coolus achève
en ce moment à Plombières, et qui a pour
sujet une caricaturiste, s'appellera — excu-
sez du peu! — La Petite Sem.
Souhaitons que les spectateurs ne soient
pas trop antisémites.
u
n joli bijou se vend très facilement et
très cher chez Dusausoy, expert,
4, Douievara aes italiens, qui achète au
comptant. Il vend aussi de belles occasions.
p
rudence.
On annonce pour la saison prochaine
une nouvelle pièce écrite en collaboration
par un auteur dramatique souvent applaudi
et un journaliste renommé surtout pour sa
rosserie.
Et l'on demande à l'auteur:
- Pourquoi avoir pris X. corrtmecpl.
laborateur?
— Mais simplement pour ne pas l'avoir
dans la salle le jour de la première !
L
a politique au théâtre.
Au cours d'une représentation don-
née. au théâtre municipal de Prague-Wein-
berg en l'honneur des délégués du Congrès
slave, on donnait une comédie: L'Epreuve
de l'Homme d'Etat.
Dans une scène entre l'impératrice Ma-
rie-Thérèse et le chancelier prince de Kau-
nitz, celui-ci conseille à sa souveraine de ne
pas s'allier avec la Prusse, mais bien avec
la France.
Toute la salle, debout, laissa à l'artiste
à peine le temps de terminer sa tirade, et
.de longues acclamations interrompirent le
spectacle.
Ce fut la revanche de Sadowa.
L
e chant du cygne.
C'était le soir de la dernière du
Chant du Cygne.
A l'heure de la représentation, un hom-
me d'un certain âge, un peu courbé, pau-
vre d'aspect et grelottant, accompagné d'un
monsieur correctement mis, pénétrait dans
la cour qui précède l'entrée des artistes de
l'Athénée.
Arrivé là, l'inconnu, d'abord timidement,
puis avec plus d'assurance, se mit à chan-
ter quelques vieux refrains d'opérette.
Il les chantait fort bien, des têtes paru-
rent aux fenêtres, puis des mains jetèrent
des gros sous.
Le malheureux troubadour ramassa ainsi
près de trois francs.
Alors on le vit se redresser: c'était M.
Félix Huguenet, qui venait de dîner avec
l'auteur, M. Xavier Roux.
Ce soir-là, les « machinos » de l'Athénée
burent une joviale tournée à la santé du
futur sociétaire.
CONSOLATIONS BANALES
.: (Henri Manuel, phot.)
SI Jeune et déjà décoré!.
Pauvre enfant, c'était pour sa mère '!.
v
ite, des pseudonymes.
Voilà donc terminés les concours du
Conservatoire et les lauréats dispersés a
travers la vie.
Les uns erront dans de vagues tournées,
les autres peineront à Paris, quelques-uns
entrent à l'Odéon et quelques-uns aU
Théâtre-Français.
A quoi tiennent quelquefois les destinées
et les carrières! Un engagement manque
après le premier prix et c'est toute une vie
perdue !
Et quelquefois on ne sait vraiment Pas
ce qui décide du sort d'un jeune artiste.
Les caprices de la Fortune sont parfois
si inexplicables qu'on en arrive à toutes les
superstitions.
Ainsi nous observerons par exemple que,
dans le quart des noms d'artistes de la-Co-
médie-Française on peut retrouver un Y.
Ainsi MM. Mounet-Sully, de Féraudy,
Jacques de Féraudy, Le Bargy, DeheIlY,
Henry Mayer, Delaunay, Garay, puyla-
garde, Leroy; Mmes Cerny, Bovy, De-
voyod, Faylis, Lynnès, Mitzy-Dalti, Rachel
Boyer, Fayolle, Clary, et sans doute eo
oublions-nous I
D'autres remarques ne sont pas moins
surprenantes.
On a pu voir en ces dernières années, au
Théâtre-Français, MM. Garraud, Garry,
Garay, Mlle Yvonne Garrick, sans parler
d'un élève du Conservatoire qui plusieurs
fois figura sur l'affiche: M. Garrigues.
Il y a décidément des lettres qui sont des
lettres d'introduction.
L'éditeur Sansot vient de publier La
Ville Charnelle, du poète F.-T. Ma-
rinetti, auteur de la tragédie satirique Le
Roi Bombance et directeur de Poésia, cette
florissante revue internationale qui paraît à
Milan et où collaborent, côte à côte, Mis-
tral, d'Annunzio, Paul Adam, Henri de Ré-
gnier, la comtesse de Noailles, Gustave
Kahn; Mme Catulle Mendès, jules Bois,
Pascoli, Ada Négri, Notari, Vacaresco, Jean
Dornis, etc.
La Ville Charnelle est un recueil de poè-
mes orientaux d'une originalité puissante,
qui classe F.-T. Marinetti parmi nos meil-
leurs poètes. -..
BALLADES
NOS JOLIES DAMES DE COMÉDIE
« Il n'est bon bec que de Paris »,
Disait Villon. Bartet divine,
Belle Sorel au frais souris,
Gloire nationale et câline;
Blonde Méoard, grâce féline;
Cerny troublante. à vos genoux,
Il répéterait, j'imagine:
Il n'est bon bec que de chez nous.
Hading, Roggers, Berthe Bady,
Brandès par qui Bourget culmine,
Blanche Toutain qui joua Guy
Launay-Nozière, et vous mutine
Leconte à la lèvre assassine,
Marthe Régnier. Serions-nous fous
De rêver la. gloire marine.
Il n'est bon bec que de chez nous-r
Très vibrante Gilda Darthy,
Montespan de royale échine,
Et vous Simone ex-Le Bargy,
Et vous Lantelme, et vous Sergine,
Cassive, Armande superflne.
Si de Max part, qu'importe: vous
Demeurez, nymphes de l'ondinel
Il n'est bon bec que de chez nous!
Provost, Faber, ciel que de fruits!
Devant lesquels ma faim dandine.
Made Carlier. Les yeux de nuit
De Venturette Venturine.
Hélas, amis, trop j' « ensardine ».
Lavallière est le clou des clous.
., Rose (en beurre) est notre Félyne.
II n'est bon bec que de chez nous.
Des Ariette et tant de Fany
Il y en a plein la terrine.
Pes MartJjç» Jane, des Nelly.
- ; Cormon par son talent dominer - -:
Nous avotîs Polaire-Claudine.
Nos plateaux sont pleins de bijoti.
Diéterle est la perle opaline.
Il n'est bon bec que de chez nous!
Yvonne de Bray qui frémit,
Tandis que Père Ubu boudiné,
Dutrieu qui nous éblouit,
Flèche humaine; ah! que féminine.
Duluc. Leduc. Franquet. Je dîne
Parfois chez les autres. plats doux.
Songeant alors que j'y jardine.
Il n'est bon bec que de chez nous!
ENVOI
Princesses de la gente mine,
Allez donc et prouvez à tous,
Loin de ma muse citadine,
Qu'il n'est bon bec que de chez nous.
ARMORY.
T
'héâtres de la Nature.
Nos théâtres en plein air — chacun
'1.. - - .-J''-~-- --- ':1- --
sait cela — ne datent pas a nier, uar us i c-
montent à la plus haute antiquité. Mais sait-
on que Paris, sous Louis XIV, eut son théâ-
tre de la Nature? Il était installé aux Tui-
leries, à l'endroit qu'on appelait alors la
« Petite Provence », et où passe mainte-
nant la rue de Rivoli. La scène était placée
au milieu de bosquets; le fond et les décors
étaient formés par les arbres et les 'arbus-
tes. Ce théâtre fut détruit durant les pre-
mières années du règne de Louis XV.
Plus tard, un autre théâtre de verdure
fut aménagé dans le bois de Boulogne, sous
le second Empire, et fut dirigé par Nestor
Roqueplan. On y joua longtemps des fée-
ries nocturnes. Ce théâtre est devenu celui
du Pré-Catelan, où demain nous entendrons
la Dalila de nos amis Gabriel Nigond et
Tiarko Richepin.
F
aguet et l'Ecole normale.
- Comme suite à l'article que Comoe-
lia publiait sur Faguet, sait-on que l'illus-
tre normalien eut. un accident à la sortie
de l'Ecole?
Il est d'usage à l'Ecole normale de faire
des farces. C'est à qui trouvera la plus
forte. Une des plus générales consiste à
laisser dans les dictionnaires qui servent
aux compositions de fin d'année traîner des
lettres d'amour fabriquées pour les fem-
mes des professeurs.
Or, dans unf, dictionnaire on trouva une
lettre brûlante, archi-brûlante, adressée à
a femme du célèbre professeur de philoso-
phie Francisque Bouillier, l'auteur du livre
Le Plaisir et la Douleur. Comment tomba-
t-elle entre les mains du mari? On ne sait
trop. Ce qui est certain, c'est que Francis-
que Bouillier se fâcha de cette farce et exi-
gea d'en connaître l'auteur. On fit une ex-
pertise d'écritures et on acquit la certitude
que c'était l'élève Emile Faguet.
Cela ne l'a pas empêché d'entrer à l'Aca-
démie française et d'être prince de la cri-
tique.
H
yménée.
Nous apprenons le mariage de Mlle
Germaine Le Senne, nièce du distingué cri-
tique, qui vient de terminer brillamment
ses études du Conservatoire avec des prix
de chant et d'opéra, avec M. Charles Ba-
tilliot.
NOUVELLE A LA MAIN
G
rande conférence entre MM. André de
Lorde, Ollivier, Laumann et quel-
ques autres terroristes notoires, fournisseurs
attitrés du Grand-Guignol :
- Ma prochaine pièce a pour sujet une
opération chirurgicale; on ouvre un homme,
on lui déroule les intestins.
Et M. Max Maurey, confiant, d'interro-
ger:
- Comment l'appelez-vous?
- Le Riifcaa roue.
Le Masque de Verre.
La Distribution des Prix
du ConserVatoire
(Ernesto Brod. pbot.)
J'aime, pour son cérémonial, cette aernière
fête de la saison.
Elle est de tradition solennelle: par quoi
elle conclut dignement la série des grandes
journées du Conservatoire.
Mais elle est intime, et elle ramène à un
juste sentiment de modestie scolaire les jeunes
élèves que ne manque pas d'égarer l'excessive
publicité des concours.
Donc, hier, sur la scène du grand théâtre,
M. Gabriel Fauré. présidait, en l'absence du
ministre des Beaux-Arts et de son sous-secré-
taire d'Etat. A ses côtés étaient assis MM. Ga-
briel Faure, chef du cabinet de M. Dujardin-
Beaumetz; Bigard-Faure, chef de division aux
Beaux-Arts; Jean d'Estournelles Ae Constant,
Véronge de la Nux, Fernand Bourgeat, Bouvet,
Hasselmans, Lefort, Cros-Saint-Ange et la plu-
part des professeurs.
M. Gabriel Fauré a prononcé le discours d'u-
sage. Ea voici les principaux passages :
« M. le ministre de l'Instruction publique et
M. le goùs-seerétaîfè d'Etat ltes Beatcr-Arts,
empêchés l'un et l'autre de venir présider cette
cérémonie annuelle, ainsi qu'ils avaient coutume
de le faire, m'ont chargé d'être ici l'interprète
de leurs regrets et de procéder en leur nom à
la distribution des prix.
(c Mais avant de donner la parole au lecteur
du palmarès, j'ai le devoir d'annoncer à nos
élèves que deux nouveaux legs sont venus ré-
cemment accroître le nombre déjà si considéra-
ble .des dotations faites en leur faveur, dota-
tions qui, émanant pour la plupart d'anciens élè-
ves du Conservatoire, prouvent l'attachement
que gardent pour cette maison ceux qui y ont
passé.
« Le premier de ces legs nous a été transmis
par M. le général Parmentier, au nom de la
célèbre violoniste Teresa Milanollo, sa femme.
«. D'après les dernières volontés de Mme la
générale Parmentier, une somme d'environ
200.000 francs a été partagée entre le Conser-
vatoire de Milan, sa ville natale, et le Conser-
vatoire. de Paris, où elle fit son éducation mu-
sicale.
Le revenu de la somme de 98.000 francs, re-
présentant le legs fait à notre école et dont
l'emploi a été fixé par la testatrice elle-même,
sera donné, d'une part, sous forme de prix et,
d'autre part, sous forme de pensions attribuées
à des élèves violonistes pour toute la durée de
léurs études.
« La seconde donation faite par M. et Mme
Potron, en exécution volontaire d'un désir sou-
vent exprimé de son vivant par une autre cé-
lèbre artiste, Mme, Rosine Laborde, leur pa-
rente, intéresse les élèves femmes des classes
de chant et tout particulièrement les élèves qui
se sont montrées zélées dans l'étude du solfège.
« Une autre très bonne nouvelle, un heureux
événement qui a déjà' trouvé au dehors de re-
tentissants échos, mais qui doit être particuliè-
rement fêté ici, est la nomination de M. Geor-
ges Berr au grade de chevalier de la Légion
d'honneur. Qu'il me soit permis de dire com-
bien il m'est personnellement agréable de féli-
citer publiquement l'un des plus dévoués et des
plus brillants professeurs du Conservatoire, et
de féliciter en même temps le très apprécié so-
ciétaire de la Comédie-Française et l'auteur dra-
matique non moins applaudi. »
Puis, d'une voix forte et qui ne faiblit pas,
M. Alexandre fait la lecture du palmarès. C'est
un honneur qui revient, par tradition, au pre-
mier prix de tragédie.
Et c'est devant M. Gabriel Fauré, aimable
dispensateur de diplômes, le défilé tumultueux
et divers des quelques milliers de lauréats: fillet-
tes des classes de solfège et basses chantantes
barbues, violonistes, tragédiens, ingénues et
trompettes.
Enfin le concert, impatiemment attendu, où
l'on entend de nouveau les morceaux et les scè-
nes des premiers prix.
Mlle Piltan a joué avec une jeune autorité élé-
gante et aisée l'introduction et l'allégro dm
Deuxième Concerto de Saint-Saëns, qui lui va-j
lut un succès aujourd'hui confirmé.
C'est avec l'art d'un parfait musicien que MJ
Paulet a chanté l'air d'Alceste. Je ne sais quels
succès lui réserve le théâtre. Sa voix légère,;
heureusement timbrée, peut l'y faire réussir.,
Le Conservatoire, en tout cas, a fait de lui uni
très sûr chanteur.
Et déjà artiste et virtuose, M. Michelcn pn.
lève d'un archet maître le Concerto de Dvorak.
Mme Garchery chante l'air d'Armidc, et ie
retrouve dans, sa voix, maintenant reposée les
accents généreux et les inflexions émouvantes
qui m'avaient séduit.
Puis la scène entre Achille et Agamemnon,
d'Iphigénie. - -
Et c'est merveille d'entendre M. Alexandre
exprimer avec son admirable voix, pénétrante et*
nette, les emportements du héros. On dirait
d'un jeune lion prêt à bondir sur une proie.,
La Comédie-Française a bien fait de s'sttacher'
ce jeune tragédien. Il est digne d'y entrer.
Un choix pareil aurait pu favoriser M. Cr.PTi-,
breuil, qui a su, par une grande sûreté de com-
position, par beaucoup d'autorité dans la tenue,
ne pas se laisser écraser dans une scène choisie
pour un autre. Il n'a pas été inférieur à M.'
Alexandre.
Aux acclamations renouvelées d'un public qui
avait déjà célébré le triomphe de ses trois pre-
miers prix, Mlle Alice Raveau a donné la scène
des lettres de Werther. Son admirable voix,i
vibrante et d'un timbre rare, se déploie magni-
fiquement dans cette scène si pathétique. Le
jeu reste encore simple, mais Mlle Raveau,\
qui est intelligente et artiste — on ne chante
pas comme elle sans l'être — prendra bien vite
l'expérience de la scène. M. Albert Carré, qui)
a eu le bon esprit de l'engager hier, l'y aidera.
Mlle Le Senne, qui a le physique d'une tra-i
gédienne lyrique, en a aussi le tempérament et1
l'organe ample, solide et puissant. Elle en aura
sans doute le talènt. C'est du moins l'heureuse
promesse que contient son interprétation d'Al-
ceste.
M. Vaurs, que j'aurais entendu bien volon-
tiers dans sa scène du Bal Masqué, a donné une.
courte réplique avec la grande tenue qui affirme.
un artiste.
Et j'ai gardé pour la fin Mlle Reuver, qui a'
retrouvé auprès des fillettes des premiers rangs
de l'orchestre le succès que lui avait fait l'au-,
tre jour le public de l'Opéré-Comique.
Mlle Reuver avait concouru l'an dernier danst
Le Dépit'amoureux. Elle y fut mauvaise, mais,
obtint un second accessit. C'est cette année
seulement qu'elle le méritait.
Et je m'en voudrais de décourager cette petite*
soubrette, assez divertissante sans doute, mais
dont le' talent menu ne justifie pas qu'on la
place au premier rang d'une promotion de comé-
diennes. Elle paraît décidée à beaucoup travailler
à l'Odéon. Je souhaite qu'elle y réussisse cd
qu'elle puisse être utile à son directeur. Cluny
ou les Folies-Dramatiques lui donneraient, cm
tout cas, de très sûres revanches.
C'est à la fin que j'ai voulu parler d'elle
pour la citer en exemple de l'erreur où peut se
laisser entraîner un jury en veine d'adopter le
sentiment du public. La séance était, on s'en
souvient, languissante. L'ennui était général et
justifié — et général, mais injustifié fut l'em-.
ballement qui lui succéda.
Le secret du prix de Mlle Reuver est là.
Ai-je besoin de revenir sur la qualité toute
nouvelle de ce public et l'étrange attribution des
billets?
Un de nos confrères a invité ces spectateurs
imprévus à voter après le jury. C'est avant sa
délibération que demain cette expérience se fe-
ra. Et le contrôle deviendra une indication.
Allons, je l'espère bien, les concours publics
ont vécu.
FAUBLAS.
Le ConserVatoire Théâtre Populaire.
"Comœdia", sous la plume de M. Charles Akar, propose
une meilleure utilisation du Conservatoire
L'arrêté organique du Conservatoire contient
un article qui interdit aux jeunes élèves de pa-
raître, pendant la durée de leurs études, sur
une scène parisienne.
Cet article, le voici:
ART. 67.
Aucun élève ne peut, sous peine de radiation,
contracter un engagement avec un théâtre quel-
conque, jouer un rôle, chanter ou exécuter un
morceau sur un théâtre ou dans un concert pu-
blic, sans la permission expresse du directeur.
Cette interdiction est levée cependant et le
cas se présente chaque fois que la Comédie-
Française ou l'Odéon demandent au Conserva-
toire le concours de nos espoirs nationaux, ap-
partenant aux classes de tragédie et de corné-
die. b
Ce cas spécial est subordonné aux besoins de
,A 10r"q"1'¡1 ms e
ces deux théâtres, lorsqu montent des ouvra-
ges très important dont les distribuions con-
tiennent up très grand nombre de persomu-
ces.
Ces rôles tiennent parfois plutôt à la figura»
tion, les titulaires n'ayant à dire que deux ou
trou; répliques de quelques mots
Aussi s'adresse-t-on aux jeunes élèves du
Conservatoire pour ce genre d'exercice.
Mais, ce qui oblige surtout le jeune élève du
conservatoire à jouer en dehors des théâtres
subventionnés et malgré le règlement, c'est tuut
simplement le besoin de vivre.
En effet, cet étudiant, d'un genre spécial,
est, très souvent, peu fortuné; aussi a-t-i! re-
cours à tous les cachets possibles pour équili-
brer, souvent et très péniblement, son bud'get
M. Dujardin-Beaumetz, le premier, déplore cet
état d'infériorité pécuniaire dans leQuel se trou-
vent les administrés de M G. i riol Fauré
Aussi notre sous-seeré/j.c 'Er:.:! 'lUX helux-
arts a-t-il l'intention -1.1 t i il ecs
payantes d'élèves; ce« représcm?.-.:- ;-;ira.etu
lieu à l'Opéra-Comique ei recV ,:. sc-rs'îi-n'-
destinées à créer des bourbe* alu-cr-Je.- .au* --lè-
ves.
Cette idép N;:t ,.y-..:~,.. ,.,~, ;:':'" crique.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Auteurs similaires Pawlowski Gaston de Pawlowski Gaston de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Pawlowski Gaston de" or dc.contributor adj "Pawlowski Gaston de")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7645951x/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7645951x/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7645951x/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7645951x/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7645951x
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7645951x
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7645951x/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest