Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-07-13
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 juillet 1908 13 juillet 1908
Description : 1908/07/13 (A2,N287). 1908/07/13 (A2,N287).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645942z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2'Année. » Nf) 287 (Quotidien)
lA Numéro : S clmtlme"
Lundi 13 Juillet 1908.
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKi
RÉDACTION & ADMINISTRATION ?
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288 - fi
Presse Télégraphique : COUfZDIA-PAEUS
ABONNEMENTS:
UN AN once
Paris et Départements 24 fr. 12 fir.
Franger. 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION Î
£7, Bouleuard Poissonnière, PARU
TÉLÉPHONE : 283-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOia
- -
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 &
PAYSAGES ANIMÉS
La Danseuse
A l'heure où, sur les lagunes, le pê-
cheur craintif voit le rouge soleil s'étein-
re dans le lointain chaos des Alpes,
seul devant sa demeure, étendu sur un
lit d'herbes sèches, le vieux Siméon s'é-
Veille.
Il lui semble que quelqu'un l'a appe-
lé, qu'il doit se lever et le suivre ; puis,
Petit à petit, il reprend conscience de
lui-même et, craignant de mourir, il
reste immobile, n'osant plus se laisser
aller au sommeil.
Il cherche à comprendre ce qui vient
de se passer; tout est, autour de lui,
comme à son ordinaire; toutefois, il ne
souffre plus et, brusquement, il a peur
d'être mort; mais un mouvement qu'il
fait l'assure qu'il n'en est rien et ses
pensées reprennent leur cours.
La maison du vieux Simeon n est
POint un palais, c'est l'une des plus pau-
ses de l'île longue de la Giudecca, mais
Une petite place le sépare seulement du
canal, et au delà rayonne l'or en fusion
de Saint-Marc, l'éblouissement du palais
des Doges et Venise tout entière, la
Mystérieuse cité de la mer.
La vie éclate partout, bravant la nuit
prochaine ; la chaleur du jour monte en-
core entre les pierres, la brise tiède du
targe, passant sur le Lido, apporte par
Moments des senteurs d'aromates qu'a-
vive l'âcre parfum de la mer. Tout sem-
ble joyeux, impatient de vivre et d'ai-
mer; seul, le vieux Siméon comprend
enfin qu'il faut mourir. -
Jadis, il fut jeune et célèbre ; nul
mieux que lui ne savait peindre la Vierge
fet les saints, orner les églises de pieuses
images; mais, depuis, ses forces s'en
sont allées, l'âge est venu, frère de l'ou-
bli et de la pauvreté et, maintenant, il
est si vieux qu'on ne pourrait dire si les
vivants le comptent encore au nombre
des leurs. -On le laisse là, tout le jour,
sachant bien que ce n'est plus pour lui
qu'une question d'heures.
Le vieux Siméon s'efforce de penser,
lui aussi, à sa fin prochaine et de l'en-
visager avec calme; mais il comprend.
bien vite qu'il se ment à lui-même et ne
peut croire sincèrement à sa mort. Il vit
depuis si longtemps qu'il pense, malgré
lui, qu'il en sera toujours ainsi ; et puis,
de cette longue vie, il reste, aujourd'hui,
si peu de chose qu'on pourrait croire
encore qu'elle ne fait que commencer.
Le vieux Siméon prend plaisirjà cher-
cher assistance auprès des choses fami-
lières; leur apparence immuable le con-
sole, il aime à penser que son sort leur
demeure enchaîné.
La oetite ruelle est toujours ainsi qu'il
la connaît avec ses portes basses char-
gées de ferrures, ses grilles et ses hau-
tes maisons aux formes étranges. Plus
loin, c'est une rôtisserie dont les voûtes
s'égayent aux reflets d'un grand feu, et,
tout à côté, une petite boutique peinte en
rouge, toute sanglante avec son étalage
de pastèques ouvertes.
De grandes voiles jaunes ou rouges
glissent silencieusement sur la lagune et,
.plus près, contournant une petite cha-
pelle, élevée sur pilotis, les gondoles dé-
bouchent brusquement sur le canal pour
disparaître au loin.
L'eau ressemble, au soleil couchant,
à ces verreries de Murano qui gardent
en elles les reflets du foyer et restent
animées pour toujours d'une flamme in-
térieure. Les gondoles, en passant, lais-
sent derrière elles un remous sur cette
nappe de lave, puis ce sont de longues
ondulations en forme de palmes, d'un
bleu sombre comme le ciel, avec une
crête d'or.
Le vieux Siméon songe qu'on l'em-
mènera par là, vers le Nord, dans l'île
des Tombeaux ; il se révolte en pensant
qu'alors tout sera fini, qu'on le laissera
seul sous la pierre, et ces choses, qu'il
ne trouvait point extraordinaires tant
qu'il s'agissait des autres, lui apparais-
sent inconcevables pour lui-même.
Des enfants demi-nus jouent vers le
canal, pêle-mêle, se roulant à terre, et
le vieux Siméon à peur tout à coup en
voyant cette chair qui remue et se dé-
bat dans la poussière. Il voudrait s'api-
toyer sur lui-même, mais déjà ses lar-
mes sont mortes.
Cependant, sur la petite place, les pas-
sants s'attardent; une ballerine venue là
par hasard commence à danser; jolie,
vue ainsi dans l'ombre lumineuse d'un
soir d'Orient, avec sa peau mate, ses
cheveux noirs et crépus et son maillot
rouge échancré sur la poitrine. Elle sou-
rit en dansant, riant aux pêcheurs et
aux gens de la Giudecca, et ses dents
sont si claires que ses lèvres en parais-
sent presque noires.
Une vieille, accroupie près d'elle, l'ac-
compagne lentement en chantant et sa
voix résonne monotone et grave dans la
splendeur silencieuse du soir. La petite
danseuse est si légère qu'elle semble ne
plus reprendre terre. Ses jambes, fines
et nerveuses, se jouent sous son corps
immobile, puis tout à coup retombent
plus épaisses en un brusque temps d'ar-
rêt. On dirait qu'elle se plaît dans l'air,
s'y appuie, s'y caresse et se laisse glis-
ser sur le sol comme à regret.
Le vieux Siméon, seul devant sa por-
e. un peu plus encore courbe sa pauvre
tête. Il sent mieux maintenant-qu'il va
mourir et que cette nuit qui, lentement,
monte de la mer, en endormant les vil-
les, le couvrira bientôt de son lourd lin-
ceul semé d'étoiles.
Déjà, en lui-même, l'ombre se fait
plus épaisse, ensevelissant en son cœur
les idées, les souvenirs, les passions et
les haines d'autrefois. Tout lui devient
indifférent; et le ciel, la Madone et les
anges, toutes ses croyances, ses espéran-
ces, encore hier vivantes} s'éloignent
avec toutes choses, restent vivantes avec
les vivants.
II ne voit plus, maintenant, qu'une
petite barque noire, des cierges, des
chants funèbres et, perdue au ras dé la
mer, l'île silencieuse et froide des Tom-
beaux. Que lui sert la vie, puisqu'il n'en
peut rien emporter? A quoi bon tant de
luttes, tant d'efforts, tant de peines?
Personne, bientôt, ne songera plus à
lui; il oubliera lui-même ce qu'il a été,
il n'est plus qu'un mourant, très peu de
chose, plus rien peut-être tout à l'heure.
Mais voici que la foule se dissipe.
Drapée dans son châle noir qui ondule
sur ses hanches, la petite danseuse s'en
va à pas pressés et, peut-être sans sa-
voir, comme elle passe auprès du vieux,
doucement elle sourit. Elle lui sourit à
peine un moment, comme on fait une
aumône, et, légère, elle est déjà loin.
Mais le vieux Siméon ferme les yeux
et la zingarella continue de lui sourire
en son cœur. Il n'a plus rien que cette
image de ballerine, que cette ombre de
vie, qu'il étreint précieusement, qu'il
garde vers lui comme un avare son der-
nier bien. Il n'ouvre plus les yeux, de
peur qu'elle ne s'échappe. Rien ne lui
est plus désormais que la petite lumière
de ces yeux sombres qu'il emportera
dans l'île lointaine des morts.
Il n'est plus seul, il n'a plus peur.
Et c'est à peine si le vieux Siméon
sent maintenant, au long de ses mem-
bres, le sommeil de l'âme qui monte
lentement, le glace, l'envahit et, peu à
peu, comme un enfant que l'on berce,
l'endort doucement avec la nuit.
G. de PAWLOWSKI.
Nous publierons demain un article de
TRISTAN.BERNARD
Échos
]
is n'attachent pas leurs. cabots avec des
saucisses-..
L'autre jour, les directeurs au urana-
Théâtre Impérial de Finlande ont fait ce
qu'on peut appeler une heureuse spécula-
tion. N'ayant pas d'artiste prête, à jouer le
principal rôle de la représentation annoncée
pour le soir, ils s'en furent trouver une des
plus célèbres artistes de leur troupe. Celle-
ci refusa de paraître ainsi au pied levé. Les
directeurs lui infligèrent une forte amende.
Ils agirent de même vis-à-vis de deux au-
tres artistes dont le refus semblable leur
permit de réaliser, ce jour-là, un millier de
roubles d'économie.
Et par le temps qui court!.
c
omme on se retrouve.
, Sait-on que MM. Brieux et Porto-
Riche, qui vont se retrouver aux pn~s U,tH::>
le courtois tournoi académique, furent déjà
en rivalité il y a quelques années.
A cette époque, M. Jules Claretie, pressé
par la critique et l'opinion publique, son-
dait à ouvrir les portes de la Comédie aux
grands succès des autres théâtres.
Il devait reprendre Amoureuse ; après
une longue hésitation. il choisit Blanchette.
M. de Porto-Riche en fut longtemps ir-
rité.
Le tour d'Amoureuse est venu. Tout ar-
rive. tout s'arrange!.-.
L
e chapitre des chapeaux.
t Vendredi, au concours de comédie,
presque tous les jurés avaient néglige ae
faire des frais. On les vit arriver en veston
de fantaisie, estivaux et désinvoltes.
M. Capus portait un chapeau de paille;
M. Paul Hervieu, un « melon » ; M. Mau-
rice Donnay, un large feutre mou qui lui
donnait l'allure d'un petit boursier Israélite
du Vésinet ou bien d'Enghien.
Seuls, trois hommes s'étaient imposés la
redingote et le « tuyau de poêle ».
C'était MM. Brieux, Claretie et Mounet-
Sully, représentant ces trois forces graves:
la Morale, l'Administration et la Tragédie.
Les dieux ne s'en vont pas-encore!
v
ieux papiers.
En feuilletant, hier, de vieux papiers
* P11 (7(7PÇtlVPQ
nous avons retrouve ces ngnco ~&———
et toujours actuelles:
Enfin, mon cher ami, un an de travail, de lut-
tes, de fatigues, de courses, de répétitions, de
sollicitations, de discussions, de concessions de
tourments, d'énervements, d'agacements, de tor-
tures, de piqûres, de censures. d
Et il est des gens qm, me voyant passer dans
la rue, murmurent : « En a+il une chance!. »
C'est ainsi que se terminait un billet écrit
le 15 décmbre 1863, par M. ) >«or'en bar-
dou, à la veille d'une de ses premières. Les
Diables Noirs.
Plus ça change !
T
olstoï et le ballet.
Un collaborateUr du journal Parole
russe, s'étant rendu a ,u""m.
pris de Tolstoï l'origine de la pension que
reçoit le grand écrivain russe- -
- Il Y a à peu près vingt ans, lui a dé-
claré l'illustre auteur d'Anna Karenine, j'ai
d'auteur et à rna for-
renoncé, à mes droits jus rien posséder; il
tune. Je croyais ne P je possédais encore
parait pourtant encore
quelque chose. J'ai écrIt en eff~t: plusieurs
pièces Qu'on joue dans les théâtres impé-
riaux. C'est le prix de ces pièces - près
de sept cents roubles par an — qui consti-
tue ma pension. Un jour j'ai voulu y re-
noncer, mais on m'a expliqué que si je re-
fusais cet argent il servirait à augmenter
le ballet. Oui, oui, ne riez pas, je parle sé-
rieusement! Encourager la danse!. je ne
voudrais pour rien au monde y consentir.
l'ai préféré toucher cet argent et l'affecter
moi-même à soulager la misère.
T
"halie,' Euterpe et Terpsichore.
Sur les murs de la capitale on peut
encore voir — du spectacle d'hier affiche
déchirée — l'annonce d'une fête en plein
air donnée dans le parc d'une fastueuse an-
cienne résidence royale.
On y lit notamment ceci :
FÉLIA LITVINNE
JÏ' MOUNET-SULLY
ALBERT LAMBERT Fils
DANSES antiques. — DANSES grecques.
II y eut sans doute foule pour assis-
ter aux débuts dans l'art chorégraphique
de l'admirable cantatrice et de nos deux
plus réputés tragédiens.
s
on répertoire.
La nièce, qui fut représentée il v a
quelque temps par les soins d'une vail-
lante Université populaire n'est point la
seule qu'ait écrite le délicat lettré, le poli-
ticien plus que vigoureux qui s'appelle Ch.
Malato.
Le plus obligeant de nos anarchistes a,
parmi ses œuvres dramatiques, un Au delà
du divorce qu'il espère voir mettre à la
scène assez prochainement.
Et puisque nous parlons de Ch. Malato,
donnons ce détail: un de ses coreligionnai-
res politiques, mort récemment. lui a laissé
un petit héritage lequel sera employé par
Malato à adoucir la vieillesse de son véné-
rable père qu'il entoure de soins et de pré-
venances délicieusement touchants.
]
nterview-express.
Rencontré hier notre ami Galipaux, un
indicateur neuf sous le bras:
- Ah! en partance?
— Mais zoui, je lâche les arbres des
Galipettes pour aller casinoter un brin.
— Longue, votre tournée?
— Non, tournéette. Suffisante pour me
distraire mais pas pour me fatiguer.
— Et peut-on savoir.
— Si l'on peut? on doit. Voici: Frédéric
Achard, qui a le privilège de Boute-en-
Train, l'amusante pièce d'Athis.
— Où vous-avez été si.
- Merci. M'a demandé d'aller jouer mon
rôle avec lui et sa troupe dans les principa-
les villes de son itinéraire. Ce qui fait qu'a-
près avoir Boute-en-trainé une dizaine de
fois devant les montagnes, d'abord, je re-
viendrai prendre à Brunoy des forces pour
une seconde série, en face de la mé.
— Bravo ! Il est superflu de vous souhai-
ter bon succès. D'autant que.
- Non, non, souhaitez! Je suis le seul
artiste du globe qui n'ai aucune supersti-
tion, mais aucune! J'ai tout lieu de penser
d'ailleurs que ça marchera. La pièce est
très amusante, la marque Achard est con-
nue.
— Et vous.
— Merci. A propos d'Achard, j'ai une
crainte. Vous savez que ce derviche drama-
tique jouit d'un embonpoint tel que la So-
ciété des cent kilos l'a nommé par acclama-
tion membre d'honneur. Tous les ans, il va
à Marienbad faire une cure. Hier il m'a
écrit: « Enchanté du traitement. un syl-
phe. », et, dam! je me demande mainte-
nant si, dans les villes où nous allons aller,
ce n'est pas moi qu'on prendra pour lui.
Enfin, nous verrons!
Et preste, leste, aérien, Galipaux s'en-
vola avec la grâce de ses dix-huit ans.
A LA COMËDIE-FRANCAISB
M
M. Leltner
dans « Le Misanthrope
(Paul Boyer et Bert, phot.)
p
i as drôle !
Ancien premier prix de tragédIe et
de comédie il est aujourd'hui l'administra-
teur général sympathique d'un coquet théâ-
tre voisin du boulevard.
L'autre jour un commissionnaire lui ap-
porte un paquet, accompagné d'une facture
de trente-sept francs:
- Mais je n'ai rien commandé, s'écrie-
t-il surpris.
- Pardon, réplique le porteur, la com-
mande a été faite par le théâtre. ■
i
De plus en plus stupéfait, il ouvre le pa-
quet; il contenait une couronne mortuaire
avec cette inscription:
REGRETS ÉTERNELS
11 notre administrateur général.
Convenons que, dans cet élégant théâtre,
on dépense plus d'esprit sur la scène que
dans la coulisse.
T
rous les bijoux, diamants, perles se ven-
dent très cher chez Dusausoy, expert,
4, boulevard des Italiens, qui achète toute
la journée toujours au comptant, quelle que
soit l'importance de la somme. Il revend à
petit bénéfice. -
p
pudeurs japonaises.
Il existe à Tokio un Conservatoire
ou Académie de musique où sont formés
les professeurs qui doivent aller enseigne?
la musique dans les écoles du pays.
Depuis l'hiver dernier, les élèves qui
donnent chaque année des concerts publics
étudiaient activement Orphée et Eurydice,
de Gluck, qu'ils comptaient jouer complète-
ment. Mais, au dernier moment, le minis-
tère de l'Instruction publique opposa un
veto formel et déclara ne pouvoir tolérer
qu'une œuvre aussi immorale soit représen-
tée par de futurs éducateurs de la jeu-
nesse.
Après bien des négociations, le ministère
admit en principe qu'on joue l'opéra, mais
en supprimant tous les baisers qu'Orphée
donne à Eurydice.
Pourquoi M. Bérenger ne va-t-il pas faire
un petit voyage à Tokio? Ses pudeurs in-
times n'y seraient pas aussi souvent frois-
sées au'à Paris.
L
'évolution du music-hall.
- On a quelque peu daubé sur l'infé-
nonte du niveau dramatique de nos music-
halls. Pourtant, les fournisseurs de nos
meilleures scènes ne dédaignent pas de s'y
faire représenter.
M. Catulle Mendès a ouvert la marche
aux Folies-Bergère avec Chand d'habits -
un petit chef-d'œuvre. Et, plus récem
ment, n'a-t-on pas vu le nom de M. Pierre
Veber en même temps sur l'affiche de Ré-
jane et celle de l'Olympia? M. Michel
Carré n'était-il pas joué chez Sarah Bern-
hardt pendant qu'il donnait une revue à la
Gaîté-Rochechouart ?
A son tour, M. Maurice Ordonneau, dont
nous avons relaté les projets au théâtre, a
accepté d'écrire, pour l'Eldorado, une pièce
à spectacle qui passera après la revue.
Il s'est adjoint comme collaborateur M.
Octave Pradels et a demandé la partition à
M. Frédéric Toutmouche.
-- C'est Dranem qui créera lè rôle princi-
pal, avec pour partenaire Mlle Jane Oryan,
une piquante artiste qui nous vient de
Bruxelles.
D
e toutes les marques de voitures auto-
mobiles. la Richard Unie s'impose au
choix de nos chauffeurs par ses qualités de
solidité, de vitesse et d'endurance.
Avoir une Richard Unie, c'est ne jamais
connaître la panne.
Le Masque de Verre.
, Le Duel
Pierre Mortier-de Monzie
Une rencontre à l'épée avait lieu, hier, entre
M. Anatole de Monzie, ancien chef de cabinet
de M. Chaumié, et M. Pierre Mortier, au sujet
d'un article écrit par ce dernier.
Les témoins étaient, pour M. de Monzie, MM.
de Moro-Giafferi et de Sal, avocats à la Cour;
pour M. Pierre Mortier, MM. Catulle Mendès
et Henry Bernstein.
Le lieu de la rencontre avait été tenu caché,
ainsi que l'heure, et la consigne était sévère qui
maintenait close la porte des établissements-
Chéri-Heilbronn où elle se déroulait à six heures
du soir. Malgré les précautions prises, j'ai pu
assister aux phases du duel. Je veux annoncer
tout de suite qu'il se continuera, aujourd'hui,
puisque vingt reprises, hier soir, n'Ont pu ame-
ner 1 offensé à tirer de son adversaire une ven-
geance qui lui donne satisfaction.
Les duels qui durent deux jours sont peu
fréquents. Il faut remonter à dix années en ar-
rière, dans l'histoire des rencontres modernes
pour trouver un cas semblable: Je veux pàr-
ler du combat Max Régis-Laberdesque, qui se
déroula, en deux éditions, au parc des Princes.
Celui d hier était dirigé par notre excellent
confrère et ami Marcel Boulenger, qui est, on
le sait, un écrivain et un escrimeur. Dàs le pre-
mier engagement, M. de Monzie, qui tombe en
une garde correcte, encore que trop piaffeuse,
trouve devant lui le fer rigide et bien décidé de
Pierre Mortier. On sent chez M. de Monzie, de
la salle et de l'école, chez Mortier, un sens tout
à fait précis de la distance et ce je ne sais quoi
de calme qui, tout à l'heure lui permettra, d'un
poignet inlassable de résister aux attaques réi-
térées de son adversaire. M. de Monzie bat
le fer vde Mortier> mais ne profite pas de la ligne
ouverte, il change alors de tactique et roule des
contres. C'est ce qui l'amène, à la quatrième
reprise, à se faire blesser à l'avant-bras par
Mortier. Le coup n'est pas assez sérieux, ce-
pendant, Pour déterminer la cessation du duel.
Le combat continue donc.
Mortier, qui a pris le terrain de son adver-
saire, peu à peu, en marchant le bras tendu,
voit soudain M. de Monzie effectuer une. volte
complète. La marche se poursuit, et,-après des
alternatives où chacun des combattants fait preu-
ve d'un égal courage, M. de Monzie arrive à
un mètre du terrain qui reste acquis, aux ter-
mes du procès-verbal. La nuit tombe. Il y a deux
heures que ces messieurs se battent. Les té-
moins se concertent et ne peuvent aboutir à une
réconciliation. Ils décident donc que le combat
se continuera aujourd'hui — bien entendu, ail-
leurs qu'à Neuilly, puisque ce terrain est désor-
mais « brûlé ».
s en va. Mortier avec ses témoins, M.
de Monzie avec les siens et son maître d'armes.
nomment, dira-t-on, « avec son maître d'ar-
mes? Parfaitement.
Un maître d'armes assistait à la rencontre. Il
en a suivi les moindres phases, de loin, très
correctement, sans parler à son élève pendant
les repos, c'est entendu,, mais il a pu ainsi étu-
dier le jeu des combattants. Et comme le duel
— il n'en prévoyait pas, évidemment, la conti-
nuatIon aujourd'hui — va reprendre à nouveau,
on me permettra d'écrire qu'il place M. de Mon-
Zle dans une situation que son caractère et son
courage ne peuvent que regretter.
En effet de mauvais esprits pourraient croire
que ce professeur d'escrime mettra à profit les
nprr£érc>;i« euses indications que lui fournît le duel
d hIer, mais ceux-là ignorent que les hommes
a epee sont aussi des hommes d'honneur.
- E. ROUZIER-DORCIERES.
AU-THÉATRE AUX CHAMPS
Le "Berger aux Trois 1)éesses
de Mme Lucie Delarue-Mardrus
Le Mauvais Grain
de M. Maurice de Faramond
Le Guérisseur,. de M. Jules Princet
Fabienne Lysl, et RosI Ferrand
(Ernesto Brod. iphot7
Que Mme Lucie Delarue-Mardrus et M.
Maurice de Faramond veuillent bien m'ex-
cuser de pe leur donner qu'une place mi-
nime dans le compte rendu du premier spec-
tacle du Théâtre aux Champs.
Il importe, en effet, lorsqu'on se trouve
en présence d'une œuvre considérable, de
lui réserver les honneurs sans barguigner.
et je n'aurai garde de manquer à cette cou-
tume, car Le Guérisseur, de M. Jules Prin-
cet, mérite mieux que toutes les banalités
courantes dont je vais faire usage à leur
détriment à tous deux.
Que l'on se figure tout d'abord un décor
de rêve, celui-là seul que les poètes peuvent
souhaiter: un vaste espace libre, entière-
ment gazonné ; à droite, une hutte de terre,
et tout à l'entour, dans le fond et, sur les
côtés, un rideau de sombres feuillages, avec,
par endroits, des gerbes de blé mûr liées
en botte et des oiseaux jacasseurs qui vien-
nent picorer les blonds épis.
Dans toute cette admirable nature, Jules
Princet nous a campé des personnages ad
mirables — vraiment humains — qui par-
lent une langue magnifique, et ce m'est un
plaisir de constater que l'âme du poète et
l'âme des spectateurs avaient communié,
hier, dans une apothéose magnifique, au
rythme des vers sonores que disaient à la
perfection les incomparables interprètes du
Guérisseur.
Cette journée marquera dans l'histoire de
la littérature, et les ovations qui accueilli-
rent l'auteur, après qu'Henry Perrin l'eut
nommé, furent une juste récompense —
non seulement de sa valeur, mais encore de
son labeur obstiné, de l'inlassable patience
dont ilfit oreuve dans l'édification du «Théâ-
tre aux Champs », que le succès a définiti-
vement consacré.
Il ne faut pas trop galvauder le substantiî
qualificatif chef-d'œuvre : il fut plutôt usagé
au cours de ces dernières années. Aussi ne
m'en servirai-je point "dans l'appréciation de
l'oeuvre nouvelle de M. Jules Princet. Et
pourtant, lorsque l'on songe à toutes les
petites infamies littéraires devant lesquelles
on s'inclina, ces temps derniers, on se
prend à regretter qu'un pur et vrai poète
conyne Princet n'ait pas eu pour sa consé-
cration formelle un. cadre moins, grandiose.
mais plus .officiel. C'est de la Maison de
Molière que je veux parler
Tous ceux oui se trouvaient,, hier, à Aul-
nay-sous-Bois seront de mon avis, et je ne
¡n'en pourrai dédire.
Le sujet de ces quatre actes en vers est
des plus simples. Il peutse résumer de la
sorte: le Guérisseur est un savant, un pré-
curseur, un socialiste, c'est l'Avenir; la
Mère Loque, la sorcière, est 1 ignorance, la
méchanceté, la jalousie, c est le Présent et
le Passé (nous sommes, ne 1 oublions pas.
au temps d'Henri IV.). Gàbr de f-s-
Le bon roi, amant de Gabrielle d'Es-
trées, aime son peuple et cherche à se ren-
dre compte par lui-même de ce qu'il fau-
drait pour lui assurer la vie plus douce et
plus facile. Caché dans une hutte, il entend
les doléances des paysans, ainsi que, la voix
puissante du Guérisseur,, qui leur donne,
suivant son pouvoir, un peu, plus de bon-
heur matériel et physique. Malgré les mau-
vais avis de la sorcière et l'inquiétude hau-
taine et jalouse de Gabrielle d'Estrées, le
roi dit au savant que, seuls, tous les deux,
ils sont les vrais amis - du peuple et que son
plus vif désir est de voir chaque dimanche,
sur chaque table, la poule au por désirée.
Entre temps, silhouettes bien campées et
qui donnent à la pièce une action intense,
passent des figures symboliques : un artiste,
amoureux volage, nommé Astratto ; le comte.
gentilhomme cruel; Pierre Loque, sourd-
muet, fils de la sorcière; Bouche-d'Or, l'é-
lève du Guérisseur; Simon, le paysan 'qui
voudrait un titre nobiliaire; le marquis.;
et, parmi les femmes, Danielle. la fille du
Guérisseur, qui comprendra enfin l'amour
du sourd-muet après avoir été bernée par
Astratto; Diane, Icelle et nombre d'autres.
Ces quatre actes sont interprétés à la per-
fection par M. Henry Perrin, qui person-
nifie avec autorité le rôle du Guérisseur.
M. Henry Perrin est un bel artiste, le plus
complet peut-être de tous ceux qui se sont
spécialisés dans le théâtre en plein air. Il
a eu des accents magnifiques, et sa grandi-
loquence, voulue par l'auteur, ne pouvait
qu impressionner les foules. M. Jean-Louis
Teste fut un Henri IV remarouable* Do
même qu'il s'était fait la têtç du Vert-Ga-
lant, il exprima des pensées royales et saines
avec beaucoup de vigueur. Georges Wague,
mime incomparable, représentait un sourd-
muet terrifiant de vérité. M. Georges Des-
mares Astratto vain et capricieux; Henry
Valbel, comte orgueilleux et sanguinaire:
Suarès, men pris dans son pourpoint violet,
un disciple ému et croyant; MM. Leporcher,
Montis, Groullard et Charlus furent vigou-
reusement applaudis.
Mme Irma Perrot a une création iriou-
bliable. Cette sorcière oui. reconnaît enfin
une Justice et une Bonté est admirable-
ment rendue. Mlle de Cléry, dS
fort remarquée, je crois, dans Lais, une des
Pièces primées au concours de ComœdiaJ
s'est confirmée une fois de plus. Mlle
Adrienne Beer, touchante et amoureuse Da.
nielle, eut des gestes exacts et une intona-
tion juste. Mlles Fabienne Lysis, Rose Fer
raud, Léone MarceV Fackler, Dapré, C;¡ar..
lus et Faulcon remplirent à merveille lee
rôles qui leur avaient été confiés.
Le Mauvais Grain, de M. de Faramond,
est une pièce couronnée au concours de Co-
mœdia. J'en ai dit, hier, la thèse. C'est une
véritable tragédie moderne parfaitement
conçue, parfaitement exprimée et parfaite-
ment jouée. MM. Henri Valbel et Blondeau,
Mmes Irma Perrot et Léone Marcel eurent
les honneurs du rappel.
Mme Caristie-Martel récita Le Bon &)?
venir, de notre éminent collaborateur Jean
Richepin, et M. Montis, Miles Adrienm
Beer., Darbelly et Alice Berny firent valoi
lA Numéro : S clmtlme"
Lundi 13 Juillet 1908.
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKi
RÉDACTION & ADMINISTRATION ?
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288 - fi
Presse Télégraphique : COUfZDIA-PAEUS
ABONNEMENTS:
UN AN once
Paris et Départements 24 fr. 12 fir.
Franger. 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION Î
£7, Bouleuard Poissonnière, PARU
TÉLÉPHONE : 283-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOia
- -
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 &
PAYSAGES ANIMÉS
La Danseuse
A l'heure où, sur les lagunes, le pê-
cheur craintif voit le rouge soleil s'étein-
re dans le lointain chaos des Alpes,
seul devant sa demeure, étendu sur un
lit d'herbes sèches, le vieux Siméon s'é-
Veille.
Il lui semble que quelqu'un l'a appe-
lé, qu'il doit se lever et le suivre ; puis,
Petit à petit, il reprend conscience de
lui-même et, craignant de mourir, il
reste immobile, n'osant plus se laisser
aller au sommeil.
Il cherche à comprendre ce qui vient
de se passer; tout est, autour de lui,
comme à son ordinaire; toutefois, il ne
souffre plus et, brusquement, il a peur
d'être mort; mais un mouvement qu'il
fait l'assure qu'il n'en est rien et ses
pensées reprennent leur cours.
La maison du vieux Simeon n est
POint un palais, c'est l'une des plus pau-
ses de l'île longue de la Giudecca, mais
Une petite place le sépare seulement du
canal, et au delà rayonne l'or en fusion
de Saint-Marc, l'éblouissement du palais
des Doges et Venise tout entière, la
Mystérieuse cité de la mer.
La vie éclate partout, bravant la nuit
prochaine ; la chaleur du jour monte en-
core entre les pierres, la brise tiède du
targe, passant sur le Lido, apporte par
Moments des senteurs d'aromates qu'a-
vive l'âcre parfum de la mer. Tout sem-
ble joyeux, impatient de vivre et d'ai-
mer; seul, le vieux Siméon comprend
enfin qu'il faut mourir. -
Jadis, il fut jeune et célèbre ; nul
mieux que lui ne savait peindre la Vierge
fet les saints, orner les églises de pieuses
images; mais, depuis, ses forces s'en
sont allées, l'âge est venu, frère de l'ou-
bli et de la pauvreté et, maintenant, il
est si vieux qu'on ne pourrait dire si les
vivants le comptent encore au nombre
des leurs. -On le laisse là, tout le jour,
sachant bien que ce n'est plus pour lui
qu'une question d'heures.
Le vieux Siméon s'efforce de penser,
lui aussi, à sa fin prochaine et de l'en-
visager avec calme; mais il comprend.
bien vite qu'il se ment à lui-même et ne
peut croire sincèrement à sa mort. Il vit
depuis si longtemps qu'il pense, malgré
lui, qu'il en sera toujours ainsi ; et puis,
de cette longue vie, il reste, aujourd'hui,
si peu de chose qu'on pourrait croire
encore qu'elle ne fait que commencer.
Le vieux Siméon prend plaisirjà cher-
cher assistance auprès des choses fami-
lières; leur apparence immuable le con-
sole, il aime à penser que son sort leur
demeure enchaîné.
La oetite ruelle est toujours ainsi qu'il
la connaît avec ses portes basses char-
gées de ferrures, ses grilles et ses hau-
tes maisons aux formes étranges. Plus
loin, c'est une rôtisserie dont les voûtes
s'égayent aux reflets d'un grand feu, et,
tout à côté, une petite boutique peinte en
rouge, toute sanglante avec son étalage
de pastèques ouvertes.
De grandes voiles jaunes ou rouges
glissent silencieusement sur la lagune et,
.plus près, contournant une petite cha-
pelle, élevée sur pilotis, les gondoles dé-
bouchent brusquement sur le canal pour
disparaître au loin.
L'eau ressemble, au soleil couchant,
à ces verreries de Murano qui gardent
en elles les reflets du foyer et restent
animées pour toujours d'une flamme in-
térieure. Les gondoles, en passant, lais-
sent derrière elles un remous sur cette
nappe de lave, puis ce sont de longues
ondulations en forme de palmes, d'un
bleu sombre comme le ciel, avec une
crête d'or.
Le vieux Siméon songe qu'on l'em-
mènera par là, vers le Nord, dans l'île
des Tombeaux ; il se révolte en pensant
qu'alors tout sera fini, qu'on le laissera
seul sous la pierre, et ces choses, qu'il
ne trouvait point extraordinaires tant
qu'il s'agissait des autres, lui apparais-
sent inconcevables pour lui-même.
Des enfants demi-nus jouent vers le
canal, pêle-mêle, se roulant à terre, et
le vieux Siméon à peur tout à coup en
voyant cette chair qui remue et se dé-
bat dans la poussière. Il voudrait s'api-
toyer sur lui-même, mais déjà ses lar-
mes sont mortes.
Cependant, sur la petite place, les pas-
sants s'attardent; une ballerine venue là
par hasard commence à danser; jolie,
vue ainsi dans l'ombre lumineuse d'un
soir d'Orient, avec sa peau mate, ses
cheveux noirs et crépus et son maillot
rouge échancré sur la poitrine. Elle sou-
rit en dansant, riant aux pêcheurs et
aux gens de la Giudecca, et ses dents
sont si claires que ses lèvres en parais-
sent presque noires.
Une vieille, accroupie près d'elle, l'ac-
compagne lentement en chantant et sa
voix résonne monotone et grave dans la
splendeur silencieuse du soir. La petite
danseuse est si légère qu'elle semble ne
plus reprendre terre. Ses jambes, fines
et nerveuses, se jouent sous son corps
immobile, puis tout à coup retombent
plus épaisses en un brusque temps d'ar-
rêt. On dirait qu'elle se plaît dans l'air,
s'y appuie, s'y caresse et se laisse glis-
ser sur le sol comme à regret.
Le vieux Siméon, seul devant sa por-
e. un peu plus encore courbe sa pauvre
tête. Il sent mieux maintenant-qu'il va
mourir et que cette nuit qui, lentement,
monte de la mer, en endormant les vil-
les, le couvrira bientôt de son lourd lin-
ceul semé d'étoiles.
Déjà, en lui-même, l'ombre se fait
plus épaisse, ensevelissant en son cœur
les idées, les souvenirs, les passions et
les haines d'autrefois. Tout lui devient
indifférent; et le ciel, la Madone et les
anges, toutes ses croyances, ses espéran-
ces, encore hier vivantes} s'éloignent
avec toutes choses, restent vivantes avec
les vivants.
II ne voit plus, maintenant, qu'une
petite barque noire, des cierges, des
chants funèbres et, perdue au ras dé la
mer, l'île silencieuse et froide des Tom-
beaux. Que lui sert la vie, puisqu'il n'en
peut rien emporter? A quoi bon tant de
luttes, tant d'efforts, tant de peines?
Personne, bientôt, ne songera plus à
lui; il oubliera lui-même ce qu'il a été,
il n'est plus qu'un mourant, très peu de
chose, plus rien peut-être tout à l'heure.
Mais voici que la foule se dissipe.
Drapée dans son châle noir qui ondule
sur ses hanches, la petite danseuse s'en
va à pas pressés et, peut-être sans sa-
voir, comme elle passe auprès du vieux,
doucement elle sourit. Elle lui sourit à
peine un moment, comme on fait une
aumône, et, légère, elle est déjà loin.
Mais le vieux Siméon ferme les yeux
et la zingarella continue de lui sourire
en son cœur. Il n'a plus rien que cette
image de ballerine, que cette ombre de
vie, qu'il étreint précieusement, qu'il
garde vers lui comme un avare son der-
nier bien. Il n'ouvre plus les yeux, de
peur qu'elle ne s'échappe. Rien ne lui
est plus désormais que la petite lumière
de ces yeux sombres qu'il emportera
dans l'île lointaine des morts.
Il n'est plus seul, il n'a plus peur.
Et c'est à peine si le vieux Siméon
sent maintenant, au long de ses mem-
bres, le sommeil de l'âme qui monte
lentement, le glace, l'envahit et, peu à
peu, comme un enfant que l'on berce,
l'endort doucement avec la nuit.
G. de PAWLOWSKI.
Nous publierons demain un article de
TRISTAN.BERNARD
Échos
]
is n'attachent pas leurs. cabots avec des
saucisses-..
L'autre jour, les directeurs au urana-
Théâtre Impérial de Finlande ont fait ce
qu'on peut appeler une heureuse spécula-
tion. N'ayant pas d'artiste prête, à jouer le
principal rôle de la représentation annoncée
pour le soir, ils s'en furent trouver une des
plus célèbres artistes de leur troupe. Celle-
ci refusa de paraître ainsi au pied levé. Les
directeurs lui infligèrent une forte amende.
Ils agirent de même vis-à-vis de deux au-
tres artistes dont le refus semblable leur
permit de réaliser, ce jour-là, un millier de
roubles d'économie.
Et par le temps qui court!.
c
omme on se retrouve.
, Sait-on que MM. Brieux et Porto-
Riche, qui vont se retrouver aux pn~s U,tH::>
le courtois tournoi académique, furent déjà
en rivalité il y a quelques années.
A cette époque, M. Jules Claretie, pressé
par la critique et l'opinion publique, son-
dait à ouvrir les portes de la Comédie aux
grands succès des autres théâtres.
Il devait reprendre Amoureuse ; après
une longue hésitation. il choisit Blanchette.
M. de Porto-Riche en fut longtemps ir-
rité.
Le tour d'Amoureuse est venu. Tout ar-
rive. tout s'arrange!.-.
L
e chapitre des chapeaux.
t Vendredi, au concours de comédie,
presque tous les jurés avaient néglige ae
faire des frais. On les vit arriver en veston
de fantaisie, estivaux et désinvoltes.
M. Capus portait un chapeau de paille;
M. Paul Hervieu, un « melon » ; M. Mau-
rice Donnay, un large feutre mou qui lui
donnait l'allure d'un petit boursier Israélite
du Vésinet ou bien d'Enghien.
Seuls, trois hommes s'étaient imposés la
redingote et le « tuyau de poêle ».
C'était MM. Brieux, Claretie et Mounet-
Sully, représentant ces trois forces graves:
la Morale, l'Administration et la Tragédie.
Les dieux ne s'en vont pas-encore!
v
ieux papiers.
En feuilletant, hier, de vieux papiers
* P11 (7(7PÇtlVPQ
nous avons retrouve ces ngnco ~&———
et toujours actuelles:
Enfin, mon cher ami, un an de travail, de lut-
tes, de fatigues, de courses, de répétitions, de
sollicitations, de discussions, de concessions de
tourments, d'énervements, d'agacements, de tor-
tures, de piqûres, de censures. d
Et il est des gens qm, me voyant passer dans
la rue, murmurent : « En a+il une chance!. »
C'est ainsi que se terminait un billet écrit
le 15 décmbre 1863, par M. ) >«or'en bar-
dou, à la veille d'une de ses premières. Les
Diables Noirs.
Plus ça change !
T
olstoï et le ballet.
Un collaborateUr du journal Parole
russe, s'étant rendu a ,u""m.
pris de Tolstoï l'origine de la pension que
reçoit le grand écrivain russe- -
- Il Y a à peu près vingt ans, lui a dé-
claré l'illustre auteur d'Anna Karenine, j'ai
d'auteur et à rna for-
renoncé, à mes droits jus rien posséder; il
tune. Je croyais ne P je possédais encore
parait pourtant encore
quelque chose. J'ai écrIt en eff~t: plusieurs
pièces Qu'on joue dans les théâtres impé-
riaux. C'est le prix de ces pièces - près
de sept cents roubles par an — qui consti-
tue ma pension. Un jour j'ai voulu y re-
noncer, mais on m'a expliqué que si je re-
fusais cet argent il servirait à augmenter
le ballet. Oui, oui, ne riez pas, je parle sé-
rieusement! Encourager la danse!. je ne
voudrais pour rien au monde y consentir.
l'ai préféré toucher cet argent et l'affecter
moi-même à soulager la misère.
T
"halie,' Euterpe et Terpsichore.
Sur les murs de la capitale on peut
encore voir — du spectacle d'hier affiche
déchirée — l'annonce d'une fête en plein
air donnée dans le parc d'une fastueuse an-
cienne résidence royale.
On y lit notamment ceci :
FÉLIA LITVINNE
JÏ' MOUNET-SULLY
ALBERT LAMBERT Fils
DANSES antiques. — DANSES grecques.
II y eut sans doute foule pour assis-
ter aux débuts dans l'art chorégraphique
de l'admirable cantatrice et de nos deux
plus réputés tragédiens.
s
on répertoire.
La nièce, qui fut représentée il v a
quelque temps par les soins d'une vail-
lante Université populaire n'est point la
seule qu'ait écrite le délicat lettré, le poli-
ticien plus que vigoureux qui s'appelle Ch.
Malato.
Le plus obligeant de nos anarchistes a,
parmi ses œuvres dramatiques, un Au delà
du divorce qu'il espère voir mettre à la
scène assez prochainement.
Et puisque nous parlons de Ch. Malato,
donnons ce détail: un de ses coreligionnai-
res politiques, mort récemment. lui a laissé
un petit héritage lequel sera employé par
Malato à adoucir la vieillesse de son véné-
rable père qu'il entoure de soins et de pré-
venances délicieusement touchants.
]
nterview-express.
Rencontré hier notre ami Galipaux, un
indicateur neuf sous le bras:
- Ah! en partance?
— Mais zoui, je lâche les arbres des
Galipettes pour aller casinoter un brin.
— Longue, votre tournée?
— Non, tournéette. Suffisante pour me
distraire mais pas pour me fatiguer.
— Et peut-on savoir.
— Si l'on peut? on doit. Voici: Frédéric
Achard, qui a le privilège de Boute-en-
Train, l'amusante pièce d'Athis.
— Où vous-avez été si.
- Merci. M'a demandé d'aller jouer mon
rôle avec lui et sa troupe dans les principa-
les villes de son itinéraire. Ce qui fait qu'a-
près avoir Boute-en-trainé une dizaine de
fois devant les montagnes, d'abord, je re-
viendrai prendre à Brunoy des forces pour
une seconde série, en face de la mé.
— Bravo ! Il est superflu de vous souhai-
ter bon succès. D'autant que.
- Non, non, souhaitez! Je suis le seul
artiste du globe qui n'ai aucune supersti-
tion, mais aucune! J'ai tout lieu de penser
d'ailleurs que ça marchera. La pièce est
très amusante, la marque Achard est con-
nue.
— Et vous.
— Merci. A propos d'Achard, j'ai une
crainte. Vous savez que ce derviche drama-
tique jouit d'un embonpoint tel que la So-
ciété des cent kilos l'a nommé par acclama-
tion membre d'honneur. Tous les ans, il va
à Marienbad faire une cure. Hier il m'a
écrit: « Enchanté du traitement. un syl-
phe. », et, dam! je me demande mainte-
nant si, dans les villes où nous allons aller,
ce n'est pas moi qu'on prendra pour lui.
Enfin, nous verrons!
Et preste, leste, aérien, Galipaux s'en-
vola avec la grâce de ses dix-huit ans.
A LA COMËDIE-FRANCAISB
M
M. Leltner
dans « Le Misanthrope
(Paul Boyer et Bert, phot.)
p
i as drôle !
Ancien premier prix de tragédIe et
de comédie il est aujourd'hui l'administra-
teur général sympathique d'un coquet théâ-
tre voisin du boulevard.
L'autre jour un commissionnaire lui ap-
porte un paquet, accompagné d'une facture
de trente-sept francs:
- Mais je n'ai rien commandé, s'écrie-
t-il surpris.
- Pardon, réplique le porteur, la com-
mande a été faite par le théâtre. ■
i
De plus en plus stupéfait, il ouvre le pa-
quet; il contenait une couronne mortuaire
avec cette inscription:
REGRETS ÉTERNELS
11 notre administrateur général.
Convenons que, dans cet élégant théâtre,
on dépense plus d'esprit sur la scène que
dans la coulisse.
T
rous les bijoux, diamants, perles se ven-
dent très cher chez Dusausoy, expert,
4, boulevard des Italiens, qui achète toute
la journée toujours au comptant, quelle que
soit l'importance de la somme. Il revend à
petit bénéfice. -
p
pudeurs japonaises.
Il existe à Tokio un Conservatoire
ou Académie de musique où sont formés
les professeurs qui doivent aller enseigne?
la musique dans les écoles du pays.
Depuis l'hiver dernier, les élèves qui
donnent chaque année des concerts publics
étudiaient activement Orphée et Eurydice,
de Gluck, qu'ils comptaient jouer complète-
ment. Mais, au dernier moment, le minis-
tère de l'Instruction publique opposa un
veto formel et déclara ne pouvoir tolérer
qu'une œuvre aussi immorale soit représen-
tée par de futurs éducateurs de la jeu-
nesse.
Après bien des négociations, le ministère
admit en principe qu'on joue l'opéra, mais
en supprimant tous les baisers qu'Orphée
donne à Eurydice.
Pourquoi M. Bérenger ne va-t-il pas faire
un petit voyage à Tokio? Ses pudeurs in-
times n'y seraient pas aussi souvent frois-
sées au'à Paris.
L
'évolution du music-hall.
- On a quelque peu daubé sur l'infé-
nonte du niveau dramatique de nos music-
halls. Pourtant, les fournisseurs de nos
meilleures scènes ne dédaignent pas de s'y
faire représenter.
M. Catulle Mendès a ouvert la marche
aux Folies-Bergère avec Chand d'habits -
un petit chef-d'œuvre. Et, plus récem
ment, n'a-t-on pas vu le nom de M. Pierre
Veber en même temps sur l'affiche de Ré-
jane et celle de l'Olympia? M. Michel
Carré n'était-il pas joué chez Sarah Bern-
hardt pendant qu'il donnait une revue à la
Gaîté-Rochechouart ?
A son tour, M. Maurice Ordonneau, dont
nous avons relaté les projets au théâtre, a
accepté d'écrire, pour l'Eldorado, une pièce
à spectacle qui passera après la revue.
Il s'est adjoint comme collaborateur M.
Octave Pradels et a demandé la partition à
M. Frédéric Toutmouche.
-- C'est Dranem qui créera lè rôle princi-
pal, avec pour partenaire Mlle Jane Oryan,
une piquante artiste qui nous vient de
Bruxelles.
D
e toutes les marques de voitures auto-
mobiles. la Richard Unie s'impose au
choix de nos chauffeurs par ses qualités de
solidité, de vitesse et d'endurance.
Avoir une Richard Unie, c'est ne jamais
connaître la panne.
Le Masque de Verre.
, Le Duel
Pierre Mortier-de Monzie
Une rencontre à l'épée avait lieu, hier, entre
M. Anatole de Monzie, ancien chef de cabinet
de M. Chaumié, et M. Pierre Mortier, au sujet
d'un article écrit par ce dernier.
Les témoins étaient, pour M. de Monzie, MM.
de Moro-Giafferi et de Sal, avocats à la Cour;
pour M. Pierre Mortier, MM. Catulle Mendès
et Henry Bernstein.
Le lieu de la rencontre avait été tenu caché,
ainsi que l'heure, et la consigne était sévère qui
maintenait close la porte des établissements-
Chéri-Heilbronn où elle se déroulait à six heures
du soir. Malgré les précautions prises, j'ai pu
assister aux phases du duel. Je veux annoncer
tout de suite qu'il se continuera, aujourd'hui,
puisque vingt reprises, hier soir, n'Ont pu ame-
ner 1 offensé à tirer de son adversaire une ven-
geance qui lui donne satisfaction.
Les duels qui durent deux jours sont peu
fréquents. Il faut remonter à dix années en ar-
rière, dans l'histoire des rencontres modernes
pour trouver un cas semblable: Je veux pàr-
ler du combat Max Régis-Laberdesque, qui se
déroula, en deux éditions, au parc des Princes.
Celui d hier était dirigé par notre excellent
confrère et ami Marcel Boulenger, qui est, on
le sait, un écrivain et un escrimeur. Dàs le pre-
mier engagement, M. de Monzie, qui tombe en
une garde correcte, encore que trop piaffeuse,
trouve devant lui le fer rigide et bien décidé de
Pierre Mortier. On sent chez M. de Monzie, de
la salle et de l'école, chez Mortier, un sens tout
à fait précis de la distance et ce je ne sais quoi
de calme qui, tout à l'heure lui permettra, d'un
poignet inlassable de résister aux attaques réi-
térées de son adversaire. M. de Monzie bat
le fer vde Mortier> mais ne profite pas de la ligne
ouverte, il change alors de tactique et roule des
contres. C'est ce qui l'amène, à la quatrième
reprise, à se faire blesser à l'avant-bras par
Mortier. Le coup n'est pas assez sérieux, ce-
pendant, Pour déterminer la cessation du duel.
Le combat continue donc.
Mortier, qui a pris le terrain de son adver-
saire, peu à peu, en marchant le bras tendu,
voit soudain M. de Monzie effectuer une. volte
complète. La marche se poursuit, et,-après des
alternatives où chacun des combattants fait preu-
ve d'un égal courage, M. de Monzie arrive à
un mètre du terrain qui reste acquis, aux ter-
mes du procès-verbal. La nuit tombe. Il y a deux
heures que ces messieurs se battent. Les té-
moins se concertent et ne peuvent aboutir à une
réconciliation. Ils décident donc que le combat
se continuera aujourd'hui — bien entendu, ail-
leurs qu'à Neuilly, puisque ce terrain est désor-
mais « brûlé ».
s en va. Mortier avec ses témoins, M.
de Monzie avec les siens et son maître d'armes.
nomment, dira-t-on, « avec son maître d'ar-
mes? Parfaitement.
Un maître d'armes assistait à la rencontre. Il
en a suivi les moindres phases, de loin, très
correctement, sans parler à son élève pendant
les repos, c'est entendu,, mais il a pu ainsi étu-
dier le jeu des combattants. Et comme le duel
— il n'en prévoyait pas, évidemment, la conti-
nuatIon aujourd'hui — va reprendre à nouveau,
on me permettra d'écrire qu'il place M. de Mon-
Zle dans une situation que son caractère et son
courage ne peuvent que regretter.
En effet de mauvais esprits pourraient croire
que ce professeur d'escrime mettra à profit les
nprr£érc>;i« euses indications que lui fournît le duel
d hIer, mais ceux-là ignorent que les hommes
a epee sont aussi des hommes d'honneur.
- E. ROUZIER-DORCIERES.
AU-THÉATRE AUX CHAMPS
Le "Berger aux Trois 1)éesses
de Mme Lucie Delarue-Mardrus
Le Mauvais Grain
de M. Maurice de Faramond
Le Guérisseur,. de M. Jules Princet
Fabienne Lysl, et RosI Ferrand
(Ernesto Brod. iphot7
Que Mme Lucie Delarue-Mardrus et M.
Maurice de Faramond veuillent bien m'ex-
cuser de pe leur donner qu'une place mi-
nime dans le compte rendu du premier spec-
tacle du Théâtre aux Champs.
Il importe, en effet, lorsqu'on se trouve
en présence d'une œuvre considérable, de
lui réserver les honneurs sans barguigner.
et je n'aurai garde de manquer à cette cou-
tume, car Le Guérisseur, de M. Jules Prin-
cet, mérite mieux que toutes les banalités
courantes dont je vais faire usage à leur
détriment à tous deux.
Que l'on se figure tout d'abord un décor
de rêve, celui-là seul que les poètes peuvent
souhaiter: un vaste espace libre, entière-
ment gazonné ; à droite, une hutte de terre,
et tout à l'entour, dans le fond et, sur les
côtés, un rideau de sombres feuillages, avec,
par endroits, des gerbes de blé mûr liées
en botte et des oiseaux jacasseurs qui vien-
nent picorer les blonds épis.
Dans toute cette admirable nature, Jules
Princet nous a campé des personnages ad
mirables — vraiment humains — qui par-
lent une langue magnifique, et ce m'est un
plaisir de constater que l'âme du poète et
l'âme des spectateurs avaient communié,
hier, dans une apothéose magnifique, au
rythme des vers sonores que disaient à la
perfection les incomparables interprètes du
Guérisseur.
Cette journée marquera dans l'histoire de
la littérature, et les ovations qui accueilli-
rent l'auteur, après qu'Henry Perrin l'eut
nommé, furent une juste récompense —
non seulement de sa valeur, mais encore de
son labeur obstiné, de l'inlassable patience
dont ilfit oreuve dans l'édification du «Théâ-
tre aux Champs », que le succès a définiti-
vement consacré.
Il ne faut pas trop galvauder le substantiî
qualificatif chef-d'œuvre : il fut plutôt usagé
au cours de ces dernières années. Aussi ne
m'en servirai-je point "dans l'appréciation de
l'oeuvre nouvelle de M. Jules Princet. Et
pourtant, lorsque l'on songe à toutes les
petites infamies littéraires devant lesquelles
on s'inclina, ces temps derniers, on se
prend à regretter qu'un pur et vrai poète
conyne Princet n'ait pas eu pour sa consé-
cration formelle un. cadre moins, grandiose.
mais plus .officiel. C'est de la Maison de
Molière que je veux parler
Tous ceux oui se trouvaient,, hier, à Aul-
nay-sous-Bois seront de mon avis, et je ne
¡n'en pourrai dédire.
Le sujet de ces quatre actes en vers est
des plus simples. Il peutse résumer de la
sorte: le Guérisseur est un savant, un pré-
curseur, un socialiste, c'est l'Avenir; la
Mère Loque, la sorcière, est 1 ignorance, la
méchanceté, la jalousie, c est le Présent et
le Passé (nous sommes, ne 1 oublions pas.
au temps d'Henri IV.). Gàbr de f-s-
Le bon roi, amant de Gabrielle d'Es-
trées, aime son peuple et cherche à se ren-
dre compte par lui-même de ce qu'il fau-
drait pour lui assurer la vie plus douce et
plus facile. Caché dans une hutte, il entend
les doléances des paysans, ainsi que, la voix
puissante du Guérisseur,, qui leur donne,
suivant son pouvoir, un peu, plus de bon-
heur matériel et physique. Malgré les mau-
vais avis de la sorcière et l'inquiétude hau-
taine et jalouse de Gabrielle d'Estrées, le
roi dit au savant que, seuls, tous les deux,
ils sont les vrais amis - du peuple et que son
plus vif désir est de voir chaque dimanche,
sur chaque table, la poule au por désirée.
Entre temps, silhouettes bien campées et
qui donnent à la pièce une action intense,
passent des figures symboliques : un artiste,
amoureux volage, nommé Astratto ; le comte.
gentilhomme cruel; Pierre Loque, sourd-
muet, fils de la sorcière; Bouche-d'Or, l'é-
lève du Guérisseur; Simon, le paysan 'qui
voudrait un titre nobiliaire; le marquis.;
et, parmi les femmes, Danielle. la fille du
Guérisseur, qui comprendra enfin l'amour
du sourd-muet après avoir été bernée par
Astratto; Diane, Icelle et nombre d'autres.
Ces quatre actes sont interprétés à la per-
fection par M. Henry Perrin, qui person-
nifie avec autorité le rôle du Guérisseur.
M. Henry Perrin est un bel artiste, le plus
complet peut-être de tous ceux qui se sont
spécialisés dans le théâtre en plein air. Il
a eu des accents magnifiques, et sa grandi-
loquence, voulue par l'auteur, ne pouvait
qu impressionner les foules. M. Jean-Louis
Teste fut un Henri IV remarouable* Do
même qu'il s'était fait la têtç du Vert-Ga-
lant, il exprima des pensées royales et saines
avec beaucoup de vigueur. Georges Wague,
mime incomparable, représentait un sourd-
muet terrifiant de vérité. M. Georges Des-
mares Astratto vain et capricieux; Henry
Valbel, comte orgueilleux et sanguinaire:
Suarès, men pris dans son pourpoint violet,
un disciple ému et croyant; MM. Leporcher,
Montis, Groullard et Charlus furent vigou-
reusement applaudis.
Mme Irma Perrot a une création iriou-
bliable. Cette sorcière oui. reconnaît enfin
une Justice et une Bonté est admirable-
ment rendue. Mlle de Cléry, dS
fort remarquée, je crois, dans Lais, une des
Pièces primées au concours de ComœdiaJ
s'est confirmée une fois de plus. Mlle
Adrienne Beer, touchante et amoureuse Da.
nielle, eut des gestes exacts et une intona-
tion juste. Mlles Fabienne Lysis, Rose Fer
raud, Léone MarceV Fackler, Dapré, C;¡ar..
lus et Faulcon remplirent à merveille lee
rôles qui leur avaient été confiés.
Le Mauvais Grain, de M. de Faramond,
est une pièce couronnée au concours de Co-
mœdia. J'en ai dit, hier, la thèse. C'est une
véritable tragédie moderne parfaitement
conçue, parfaitement exprimée et parfaite-
ment jouée. MM. Henri Valbel et Blondeau,
Mmes Irma Perrot et Léone Marcel eurent
les honneurs du rappel.
Mme Caristie-Martel récita Le Bon &)?
venir, de notre éminent collaborateur Jean
Richepin, et M. Montis, Miles Adrienm
Beer., Darbelly et Alice Berny firent valoi
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Auteurs similaires Pawlowski Gaston de Pawlowski Gaston de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Pawlowski Gaston de" or dc.contributor adj "Pawlowski Gaston de")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7645942z/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7645942z/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7645942z/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7645942z/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7645942z
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7645942z
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7645942z/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest