Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-07-03
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 juillet 1908 03 juillet 1908
Description : 1908/07/03 (A2,N277). 1908/07/03 (A2,N277).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645932k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
, g'Aanée. W> 217 (Quotidien
Le Numéro s S centimes v
Vendredi 3 Juillet 1908.
COMŒBIA
Rédacteur en Chef s G. de PAWLOWSKi
- REDACTION & ADMINISTRATION
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE ; 288-^?
Adresse Télégraphique : COMCDIA-PARIS
ABONNEMENTS^
ut 6 MOK
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'j)aris et Département. 24 fr. 12 Cr.
Etranger.-..-' f 40 a gQ 3,
Étranger. CiO D 20
RÉDACTION & ADMINISTRATION ?
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ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOrs
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 V 20 a
Monsieur
mon voisin
Ce soir-là lorsque j arrIvaI au casInO
de Mont-sous-Tendre, la salle casino
core éclairée qu'à moitié. je vous ai décrit
cette salle. On y peut facIlement trouver
sa place. J'allai jusqu'à celle que m'as-
signait mon coupon et je constatai que je
me voisin. ùnSoSn ifeet ^dW f q-e je
que d'un côté, tout au mOInS, J auraIs
me trouvais au ml heu d'une j'aurais
Le spectacle ne commençait que dIX
minutes plus tard. C'eût été tout ignorer
des usages du monde et de l'emploi des
loisirs d'un baigneur dans une vIlle
d'eaux, que de ne pOint retourner sur la
classique terrasse respirer, fumer ou re-
vasser.
La journée avait été fort belle.
Et dans la douceur tiède du soir, la
lumière semblait raire résistance à la
nuit et ne se retirer qu'à regret. Les ar-
bres et les fleurs, s'engourdissant, aban-
donnaient comme avec nonchalance un
parfum dernier, un peu las.
La sonnera appela. r\ ■"*
voisin n'avait point h™ 96n 'entra- Mon
de feutre mou était enfoncé vers son vi-
sage et recouvrait la presque totalité de
ses oreilles, tandis que le col de son par-
dessus, conservé aï»» 6 été relevé. par-
dessus,conservé,avaitétérelevé.
Je m'ap^roeUg,. sans doute
le lever prochain du rideau, monsieur
mon voisin retira son rh monsieur
voir alors que ses yeux étaient de pau-
vres yeux un peu effarésde pau"
qui semblaient gros de chagrin, de sou-
cis ou de lassitude; de o?nn' de sou-
aussi; car, à ne rien cacher 'une vague
odeur désagréable se manifestait avec
insistance. D'où diable Pouvait provenir
ce Parfum fâr-heux? je cherchais autour
de moi, quand les trois coups furent
frappés. décou-
rant peu à peu la salle ,l hôtel de
Bourgogne : on jouait Cyrano de Ber-
gerac. Monsieur mon voisin s'assura
plus confortablement dans son fauteui. Il
paraissait vouloir Vs'af srin ilïler- Empiète-
ment les détails sachant
sans doute de la suite de la pièce
s'y devait trouver en germe. ,
La tête penchée sur sa poitrine, il
écoutait plus qu'il ne Cepen-
dant, aux grands éclats de voix, no-
tamment lorsque Cyrano vint interdire
à Montfleury 1 r accès de la scve, et aussi
lorsque les épées tintèrent, au moment
du duel avec" un bélitre », Monsieur
rnon voisin se redressa comme avec ef-
fort. Et l'Odeur PerSiStait-
Pendant le Premier entr'acte, il alla
faire un petit tour dans les couloirs,
puis il revint prendre sa POsition favo-
rite, qui me semblait fort incommode, et
qu'il qui me semblait f° n rôtis-
serie de Ragueneau. Monsieur mon voi-
sin devenait de plus en plus méditatif et
cades dans son gilet. Quhid Cyrano,
excité, eclate de fureur et renvoie les
cadets pour rester seul avec Christian,
Monsieur mOn voisin fut fort ému: il eut
la grimace atro,,e de l'homme qu'une
sonnene - VIsIteur tardif ou COUP de
téléphone tnopportun ramène de la
doucuer d'un sommeil tout neuf à la
réalité des choses nocturnes; il lutta
quelques secondes et reprit son Songe
jusqu'à la fin du deuxieriie acte. s°nge
L'âcre émanation se manifestait tOIl-
jours. tou-
-"~I n un spectateur souffrit plus
que celui-là de la multiplicité et de la
longueur des entr'actes- Il eût vraiment
aimé - et ses douleurs se lisaient sur
son visage COntracté - il eût aimé que
le spectacle, ne cessant Point, durât
toute la soirée, sans interruption.
Une Petite catastrophe marqua le
con, Monsieur mon voisin, revenu à son
occupation habituelle, fit inconsciemment
un mouvement; son chapeau tomba et
roula. D'abord un peu interdit, surpris
sans doute, alors qu'il se crOyait dans
son lit à côté de habituels et
d'objets connus, de se trouver entre des
étrangers et dans une chambre extraor-
dinaire; il se rendit compte assez rapide-
ment pourtant du regrettable événement
dont il était la victime, ei tout engour-
di, il lui fallut se Se d'abord, ram-
per ensuite Pour ramener à lui l'impru-
dent Couvre-chef, qui n'avait pas fait un
long voyage, mais qui n'était pas facile
à Saisir Au moins, cette' chasse" à
court» l'obligeait-elle à ouïr, sinon à
bien comprendre les déc larations de Cy-
rano, le récit de la lune et à gagner ain-
si le qUatrième acte Mais, - durant cette
gymnastique, notre od orat fut choqué
plus violemment encore qu'auparavant.
Mauvais acte que ce qUatrième; on s'y
bat tout le temps, le bruit ne cesse
guère, on use de la poudre. Il est im-
possible de rester calme en des cir-
constances aussi tapageuses et aussi tour-
mentées, et certainement Monsieur mon
voisin, s trouvait la scène très belle
parfois peut-être aussi la jugeait un
peu fatiguante. «
Le erler entr'acte m'apporta d'ins.
tructives révélations. Comme il s étirait
sans discrétion Monsieur mon VOISin,
sur l'omoplate gauche, reçut un tape
des Plus rudes 1 fit se retourner en
courroux. C'était Jean son ami Jean,
qui venait lui dire bonjour.
- Comment, c'est toi? Tu te mets
bien! un fauteuil d'orchestre, mince de
chic !
Monsieur mon voisin, alors, expliqua
toute son histoire. Son patron, le doc-
teur Dubois, n'avait pu, ce soir-là, utili-
ser le service que lui fait le casino: il
n'était arrivé que de la veille, et toute
la journée avait été consacrée à l'instal-
lation de la villa.
Mon pauvre voisin avait dû cirer les
cinq ou six pièces à l'encaustique et les
frotter; et il avait eu à peirtfe, déclara-
t-il, le temps de se changer, sans même
se laver pour venir au Casino Quant
au dîner, il n'avait pas voulu y songer.
— Même, que j'ai emporté un bout
de pain et du « gruhière », et je l'ou-
bliais.
Ce disant, il sortait de sa poche un
repas préparé, intact. Jean répondit qu'il
comprenait parfaitement l'ardeur de son
ami et que, lui aussi, se passerait bien
de dîner pour applaudir une telle œuvre.
J'admirai alors la beauté. l'héroïsme
de Monsieur mon voisin. Après le la-
beur pénible de la journée, il n'avait
pas même pu se nettoyer, et c'est bien
cette transpiration ancienne, jointe à
celle du fromage, qui m'avaient si désa-
gréablement taquiné durant toute la soi-
rée. Je m'en consolai grandement, vous le
pensez bien et me. sentis réconforté en
pensant que, dans un pays où l'on peut
constater chez le oeuple un tel attrait
pour le soectacle, l'art théâtral n'est pas
près de déchoir.
Jicques MAY.
Nous publierons denrain un article de
FÉLIX GALIPAUX
Catastrophes
'Après le style antique, après celai de la
Renaissance et celui du dix-huitième siècle,
la statuaire possède aujourd'hui un style
que l'on pourrait appeler le style explosion.
Chaque nouveau monument que l'on élè-
ve donne en effet l'impression d'une catas-
trophe violente oui symbolise à s'y mépren-
dre soit l'éclatement d'une bombe de dyna-
mite, soit un accident d'automobile, soit,
pour les personnages de moindre impor-
tance, une simple explosion de gaz. On est
arrivé dans ce genre à d'admirables résul-
tats.
Le monument de Victor Hugo; Sur la
place du même nom, provoque une profonde
impression de terreur. Ce ne sont partout
que membres épars, cadavres projetés sur
des morceaux de rochers, débris de toute
sorte que le poète contemple avec effare-
ment. ;
Il y a aussi dans le jardin du Louvre un
Raffet qui, tel un camelot ambulant, étale
devant Meissonnier rêveur tous les petits
articles de sa boutique à treize. Il y a là
des tambours, un morceau de clairon, des
godillots, un casque, tout ce qu'on a pu
sauver de la catastrophe, et Raffet, qui est
évidemment pressé d'argent, voudrait bien
revendre tout cela à bon compte.
Nous avons aussi au parc Monceau la
catastrophe Gounod, oui ne laisse. point
d'inquiéter les admirateurs du maître. Gou-
nod, qui était cependant d'un caractère as-
sez calme, semble s'être mis dans une vio-
lente 'colère. Autour de lui gisent des ins-
truments de musiQue brisés, et il en est
un qui provoque particulièrement l'étonne-
ment des connaisseurs. C'est un violon dent
les cordes ont été arrachées, mais, chose
curieuse, dont le chevalet reste debout.
Gounod avait-il inventé des violons à che-
valets collés, supprimait-il volontairement
les cordes pour rendre l'instrument moins
sonore ? Ce seront, n'en doutez point, au-
tant de questions que se poseront les ar-
chéologues de l'avenir, lorsqu'ils déterre-
ront ce marbre vc .érable. Ils écriront d'a-
près lui un gros livre sur les usages des
temps anciens, sans penser un seul instant
que le sculpteur a pu tout simplement com-
mettre une grosse erreur.
Au surplus, soyons modestes, et mettons-
nous bien dans la tête rue les savantes re-
constituions nue nous taisons de la Grèce
et de l'Egypte reposent bien souvent sur de
sombres bêtises analogues.
G. DE PAWLOWSKI.
Echos
L
es autres projets.
Nous avons dit hier que M. Jean Ki-
chepin, après avoir donne d intéressais
détails sur les œuvres qu'il destine à la
Comédie-Française et au théâtre Sarah-
Bernhardt, nous avait laissé supposer, mal-
gré ses protestations, qu'il nous cachait
quelque chose. 64
Nous nous étions promis d'en avoir le
cœur net et nous avons appris ce que nous
voulions savoir.
M. Porel a reçu, pour être joué l'hiver
prochain, un drame en vers en cinq actes,
de notre éminent collaborateur.
Un drame en vers joué par la troupe du
Vaudeville, voilà un spectacle qui promet
de n'être point banal.
Là ne se bornent pas nos renseigne-
ments: l'ouvrage en question s'appellera
La Route d'Emeraude. Il est tiré du roman
d'Eugène Demolder, que publia Le Mercure
de France il y a une dizaine d'années.
La pièce, très courte, est toute de pas-
sion et très mouvementée; l'action se dé-
roule en Hollande, au dix-septième siècle,
dans le monde des peintres.
Voilà ce que M. Jean Richepin; par excès
de modestie sans doute, nous a dissimulé.
Il ne nous en voudra pas, nous l'espérons,
de notre indiscrétion, et ses admirateurs en
seront ravis. -
L
es deux masques.
M. - Silvain quitte la Comédie-Fran-
çaise et donne comme raison que l'on n'y
joue plus la tragédie.
M. Silvain a très longtemps bataillé pour
1
que M. Claretie lui fasse jouer Amis, d'A-
braham Dreyfus, et Boubouroche, de Geor-
ges Courteline.
Alors?.
L
eurs loisirs.
Pour charmer les siens. Mme Liane
de Pougy travaille à une comédie en trois
actes, dont le simple titre est Elise.
Elle aura pour collaborateur un jeune au-
teur inconnu, ou plutôt inédit, M. Hermann
Fuchs, que l'écrivain de L'Insaisissable
nous présente comme « un Oriental imbibé
de parisianisme, spirituel, cynique et let-
tré »
Elle prépare en outre un roman-feuille-
ton, et encore Seïna, « petite histoire suave
de femme suave ».
Et c'est à Roscoff, dans le Finistère, que
Mme Liane de Pougy se délassera dans cet
écrasant labeur.
L
e truc du sociétaire.
C'est un jeune sociétaire de la Mai-
son de Molière, et comme, à l'instar de ses
camarades, il fait quelques tournées, plu-
sieurs artistes qui l'entouraient dernière-
ment en voyage étaient fort étonnés de lui
voir arborer. la croix.
— Comment X. a-t-il pu être décoré
sans qu'on le sache? se demandaient-ils?
Or, en regardant de près, on reconnais-
sait tout simplement une décoration "étran-
gère, le Christ de Portugal, très recher-
chée en France, et cela à cause de sa cou-
leur rouge et des minuscules filets jaunes
généralement imperceptibles. Tout de mê-
me, pour la circonstance, l'excellent comé-
dien avait eu bien soin de plier les deux
bordures jaunes l'une sous l'autre, et ne
portait plus ainsi à la boutonnière qu'une
très prestigieux ruban rouge.
Ruban! ruban! quand tu nous tiens!
D
u pain sur la planche.
Allons, confrères, gens de lettres,
auteurs dramatiques, écrivains de tout àge
et de tout temps, voilà les jours heureux
qui reviennent.
Tout en haut de la rue d'Amsterdam, à
la porte de l'immeuble d'une Société de
publicité, on peut en lire en ce moment
une petite affiche imprimée qui nous dit
ceci :
TRÈS PRESSÉ
On demande des écrivains.
S'adresser eu premier étage.
Vous voilà donc averti; on a besoin d'é-
crivains. Serait-ce par hasard pour une fa-
brique de pièces de comédie à l'usage d'au-
teurs mondains?
ans les montagnes.. -
La fête de Neuilly devient de plus
en plus parisienne. Avani-hier, c'était une
soirée de gala donnée au théâtre de la foire,
et hier le Chariot Errant nous conviait à
son spectacle.
Mais,, plus passionnés de sport que de
théâtre, on pouvait voir hier soir, avenue
de Neuilly, toute une joyeuse bande de co-
médiens et d'auteurs se livrer aux douceurs
du « ludge », qu'on appelle communément
« Montagnes Russes ».
Sur le devant d'un chariot se tenaient
Mlles Lavallière et Marguerite f'r-' puis
derrière Mfie Mérindol, Mme Ro: : Coo
lus et Defreyn.
Peu partisan de ces petits voyages, le
poète Jacques Redelsperger attendait, en
compagnie de plusieurs amis, au pied des
Montagnes, le retour des hardis ascension-
nistes.
Il n'avait pas voulu se risquer.
c
omme on se retrouve !
Ceci se passait au Conservatoire, il
y a une vingtaine d années. Worms venait
de terminer sa classe. Avant de donner le
signal du départ, il appela, d'un signe, un
jeune homme modestement assis dans un
coin de la salle, un auditeur qui allait se
présenter aux concours d'admission et qui
lui était recommandé :
— Voulez-vous me dire votre scène?
L'interpellé répond affirmativement et,
du pas du condamné montant à l'échafaud,
il se mit à gravir les marches du petit es-
calier donnant accès à l'estrade sur laquelle
venaient de s'exercer les élèves.
Alors, s'adressant au maître:
— Il me faudrait une réplique? dit-il.
Worms se retourne vers une jolie jeune'
fille à la physionomie mutine et décidée:
— A vous, de Choudens!
Mlle de Choudens grimpa d'un pas leste
sur le petit théâtre. Le jeune homme lui
tendit une brochure du Supplice d'une
femme. Lui. joua Alvarez: elle, Mathilde.
Maintenant, à la Comédie-Française, lui
joue Alceste; elle, joue Célimène.
Le jeune candidat de jadis n'était autre
que Leitner, et Mlle de Choudens est au-
jourd'hui Mlle Berthe Cerny.
Tous deux ont fait leur chemin.
LES AFFICHES DOREES
CERNY AU BOIS *
Six heures. Le Bois étincelle.
Les autos fusent, mais là-bas,
Déjà le jour blessé chancelle
En courant dans les aucubas.
Des voitures mirobolantes
Emportent, beaux comme des dieux,
Près des impures indolentes
Les rastaquouères radieux.
Digérant au fond de carrosses
Dont s'esclaffent même les nids,
Se pavanent, plus loin, les noces
Des boutiquiers de Saint-Denis.
Et tandis que Paris amène
Sous les grands arbres lunche au frais
La dangereuse Célimène
S'en vient de Saint-Cloud aux Français.
Elle passe, et la grâce errante
Des longs crépuscules d'été
Met une caresse mourante
Sur son index diamanté.
Et dans ce soir qui l'enveloppe.
D'un sourire à peine pervers, l'
Elle plaindrait son misanthrope
S'il ne portait des rubans verts.
Des paons crient dans une volière,
Et vous, les cieux roses et gris,
Le grand rire amer de Molière
Déferle au large de Paris.
Joachim GASQUET.
L
e futur académicien, l'ancien président
de la Société des Auteurs, l'auteur de
La Veine, savez-vous qu'il joua lui-même la
comédie?
: Ce n'est pas d'hier, dame! Mais pour-
quoi ne pas le rappeler? Aux environs de
Paris, il y a sept ou huit lustres, un groupe
de jeunes gens s'amusait ainsi à interpréter
des piécettes gaies. Alfred Capus, Hubbard,
l'avocat politicien bien connu, étaient les
principaux « artistes ». On joua ainsi des
oeuvras qui s'appelaient La. Soupière, Fassé
minait, des actes de d'HerviUy, trç».* Même
il y avait parfois. des couplets. Et Capus et
Hubbard chantaient joyeusement.
Il y a sept ou huit lustres!
D
Regner, 4, rue des Capucines, paye cher
bijoux, diamants, perles, - automobiles,
reconnaissances du Mont-de-Piété, 100 70,
les dégage sans frais, même chez des tiers.
NOUVELLE A LA MAIN
L
a scène se passe à Marseille; quelques
comédiens, de passage là-bas et qui
jouent, en ce moment, un des derniers suc-
cès de Robert de Fiers et de Caillavet,
bavardent, assis à la terrasse d'un café.
Après avoir épuisé toutes les conver-
sations possibles, un Marseillais, qui s'était
joint à la bande, raconte Quelques histoires
de chasse.
Après lui, c'est le tour d'un comédien
notoire :
— La saison dernière, je chassais la
caille dans le Midi; tout à coup, j'en aper-
çois une, je tire, elle tombe et cette sacrée
caille a dû se cacher, je n'ai pas pu la
retrouver ! *
Et le Marseillais de répondre : ,.
— Té! mon bon, vous aurez passé à
côté et vous ne l'aurez pas vue. Ce gibier
vous aura senti, il n'aura pas bougé. Elle
était sauvée, grâce. au flers que la, caille
avait.
Terrible! mais par cette chaleur!
Le Masque de Verre.
LA VALSE CHALOUPÉE
par Benjamin Rabier
Mistinsuatt et Max Dearly
Les Concours du ConserVatoire
CHANT (HOMMES)
Le jury, présidé par M. Fauré, et composé de
MM. Adrien Bernhèzm, d'Estournelle de Cons-
tant, André Messager, Broussan, Gabriel Pierné,
Pedro Gailhard, Imbart de la Tour, Delmas pe-
naud, Mouliérat, Vilmos Beck, Thomas Salignac
et Fernand Bourgeat, secrétaire, a décerné les
récompenses suivantes :
PREMIER PRIX
M. Paulet, élève de M. Duvernoy.
, SECONDS PRIX
MM. Vaurs, élève de M. Lassalle, et Teissier,
élève de M. de Martini.
(HenrLManueI. phot.)
M. Vaurs
• seconds prix
M. Teissier
Faublas pronostiquait que la séance con-
servatoriale d'hier n'aurait « rien de très
impressionnant ». Fi, le mauvais prophète!
Dussé-je encourir le mécontentement de ses
belles amies, la comtesse de Lignoles, So-
phie de Pontis (et tant d'autres !), je n'hési-
terai pas à déclarer net que notre sémillant
chevalier s'est trompé du tout au tout: ce
concours de chant — hommes — m'a pro-
fondément impressionné; je n'ai jamais rien
vu, ni entendu, de plus maussadement mé-
diocre. '9
Certes, l'excellent musicien qu'est M.
Paulet a détaillé avec une élégance dis-
crète son air d'Admète: « Bannis la crain-
te » ; certes, M. Vaurs s'est honorablement
tiré de la romance aimable, trop aimable,
soupirée par le Sévère du Polyeuctè gou-
nodique, et M. Teissier, très utilement ac-
compagné par le parfait Catherine (chef
d'orchestre du Théâtre en plein air de Cau-
terets), n'a pas détonné, comme on l'avait
craint un instant, dans l'air d'Elie, d'un no-
ble embêtement. Mais les autres!.
Ne parlons pas de certains concurrents;
louons plutôt, en bloc, l'adresse menue de
M. Coulomb, le bon vouloir de M. Chah-
Mounadian, qui prononce le français pres-
que aussi mal que je prononcerais l'armé-
lien; l'habileté de M. Ponzio, dont la voix
luttait contre des mucosités résolues à en-
traver l'essor des Indes Galantes. J'ai idée
lue ce jeune homme va triompher mardi
orochain en Figaro, mais il lui faudra sa-
crifier sa moustache brune, hélas !
Il m'a semblé que M. Jourde, basse no-
)le (ah! si noble!), aux ondulations de rou-
is inquiétantes — ça rappelait l'lnviçta en-
re Boulogne et Folkestone — aggravait en-
core la platitude emphatique de sa Reine de
îaba à coups de point. d'orgue; mais j'ai
iû me tromper. M. Imbert ne tire pas
rand'chose d'Hippolyte et Aricie: « On
eut chanter Rameau, et n'avoir point de
tranche », s'est écrié Victor Hugo dans
me pièce restée inédite. Quant à MM. Bel-
et et Félisaz, pourquoi les contristerais-je
in écrivant ce que je pense de leur talent?
Mais je m'en voudrais de ne point remer-
ier M. Pierre Dupré ; il nous fit entendre
ne page, poétique et poignante, de la Pas-
ûon selon saint Matthieu, chantée avec un
oût si pur qu'il a dû lire (si ce n'est lui
est donc son maître, M. Hettich) les étu-
des du docteur Heuss: Bachsbehaadlung
PREMIERS ACCESSITS
MM. Colomb, élève de M. Hetticli; Cfiafa
Mouradian, élève de M. Çazeneuve; Ponzio,
élève de M. Manoury.
SECONDS ACCESSITS
MM. Pierre Dapré, élève de M. HettichÀ
Jourde, élève de M ,Dubulle; Félisaf, élève de At
Lorrain; Bellet élève de M, Lorrain; Imbert
élève de M. Èngel ; Combes, élève de AÏ
Hettich.
mit besonderer BemecksichUgung dez Pa*
sionen.
Bonté divine, comment les typos vont-ilf
accommoder ce titre rébarbatif?
WILLY.
Dans la Coulisse
Je me flattais, dès mon entrée dans la
salle de l'Opéra-Comique, d'éparpiller au-
tour de moi ces élégants regards amis par
quoi se distingue, dans toute artistique as-
semblée, cette élite qu'on nomme les-
ayants droit.
Peines perdues!
C'est à peine si les plus laborieuses in-,
vestigations me permirent d'apercevoir, çà
et là quelques rares critiques, perdus, dé-
sorientés, dernières épaves d'une catégorie
d'assistants qui n'est plus invitée.
Mais, en revanche, à foison, des institu-
teurs, des fournisseurs, et tous les mem-
bres de la C. G. T.
Les concours du Conservatoire sont de-
venus, à présent, une manière de divertis-
sement que ces messieurs du monde poli-,
tique offrent à leurs connaissances.
D'où la qualité du milieu!
Aussi, fort d'une invincible répugnance,
Je réussis à vaincre les résistances des gar-
diens de passage.
Et je pénétrai dans la coulisse.
En ce lieu d'asile, frais et encore pew
fréquenté, j'ai goûté les joies de curiosité
les plus pures.
Des jeunes gens circulent, fiévreux etf
sonores. Ils sont vêtus d'habits de cérémo-
nie, généralement mal adaptés. Là, un pe-
tit homme, barbu jusqu'aux yeux, flotte dans
un vêtement dont les basques caressent
ses mollets; ici, un colosse distend de tous
ses muscles le tissu fatigué d'un étroit ha-
bit, marqué du Temple. Quelques élégants
ont l'audace du gilet blanc et de la cravate
noire.
A un nom prononcé, l'un d'eux sepré-c
cipite vers la porte du décor et pénètre
sur la scène. Il va concourir. Je m'apn,
proche.
Il me semble que le cérémonial manquât
de son style accoutumé.
En effet, dans l'appariteur parlant au pu-
blie, je ne reconnais pas l'admirable Mc).
reau. à Qui trente années d'expérience de
Le Numéro s S centimes v
Vendredi 3 Juillet 1908.
COMŒBIA
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Étranger. 40 V 20 a
Monsieur
mon voisin
Ce soir-là lorsque j arrIvaI au casInO
de Mont-sous-Tendre, la salle casino
core éclairée qu'à moitié. je vous ai décrit
cette salle. On y peut facIlement trouver
sa place. J'allai jusqu'à celle que m'as-
signait mon coupon et je constatai que je
me voisin. ùnSoSn ifeet ^dW f q-e je
que d'un côté, tout au mOInS, J auraIs
me trouvais au ml heu d'une j'aurais
Le spectacle ne commençait que dIX
minutes plus tard. C'eût été tout ignorer
des usages du monde et de l'emploi des
loisirs d'un baigneur dans une vIlle
d'eaux, que de ne pOint retourner sur la
classique terrasse respirer, fumer ou re-
vasser.
La journée avait été fort belle.
Et dans la douceur tiède du soir, la
lumière semblait raire résistance à la
nuit et ne se retirer qu'à regret. Les ar-
bres et les fleurs, s'engourdissant, aban-
donnaient comme avec nonchalance un
parfum dernier, un peu las.
La sonnera appela. r\ ■"*
voisin n'avait point h™ 96n 'entra- Mon
de feutre mou était enfoncé vers son vi-
sage et recouvrait la presque totalité de
ses oreilles, tandis que le col de son par-
dessus, conservé aï»» 6 été relevé. par-
dessus,conservé,avaitétérelevé.
Je m'ap^roeUg,. sans doute
le lever prochain du rideau, monsieur
mon voisin retira son rh monsieur
voir alors que ses yeux étaient de pau-
vres yeux un peu effarésde pau"
qui semblaient gros de chagrin, de sou-
cis ou de lassitude; de o?nn' de sou-
aussi; car, à ne rien cacher 'une vague
odeur désagréable se manifestait avec
insistance. D'où diable Pouvait provenir
ce Parfum fâr-heux? je cherchais autour
de moi, quand les trois coups furent
frappés. décou-
rant peu à peu la salle ,l hôtel de
Bourgogne : on jouait Cyrano de Ber-
gerac. Monsieur mon voisin s'assura
plus confortablement dans son fauteui. Il
paraissait vouloir Vs'af srin ilïler- Empiète-
ment les détails sachant
sans doute de la suite de la pièce
s'y devait trouver en germe. ,
La tête penchée sur sa poitrine, il
écoutait plus qu'il ne Cepen-
dant, aux grands éclats de voix, no-
tamment lorsque Cyrano vint interdire
à Montfleury 1 r accès de la scve, et aussi
lorsque les épées tintèrent, au moment
du duel avec" un bélitre », Monsieur
rnon voisin se redressa comme avec ef-
fort. Et l'Odeur PerSiStait-
Pendant le Premier entr'acte, il alla
faire un petit tour dans les couloirs,
puis il revint prendre sa POsition favo-
rite, qui me semblait fort incommode, et
qu'il qui me semblait f° n rôtis-
serie de Ragueneau. Monsieur mon voi-
sin devenait de plus en plus méditatif et
cades dans son gilet. Quhid Cyrano,
excité, eclate de fureur et renvoie les
cadets pour rester seul avec Christian,
Monsieur mOn voisin fut fort ému: il eut
la grimace atro,,e de l'homme qu'une
sonnene - VIsIteur tardif ou COUP de
téléphone tnopportun ramène de la
doucuer d'un sommeil tout neuf à la
réalité des choses nocturnes; il lutta
quelques secondes et reprit son Songe
jusqu'à la fin du deuxieriie acte. s°nge
L'âcre émanation se manifestait tOIl-
jours. tou-
-"~I n un spectateur souffrit plus
que celui-là de la multiplicité et de la
longueur des entr'actes- Il eût vraiment
aimé - et ses douleurs se lisaient sur
son visage COntracté - il eût aimé que
le spectacle, ne cessant Point, durât
toute la soirée, sans interruption.
Une Petite catastrophe marqua le
con, Monsieur mon voisin, revenu à son
occupation habituelle, fit inconsciemment
un mouvement; son chapeau tomba et
roula. D'abord un peu interdit, surpris
sans doute, alors qu'il se crOyait dans
son lit à côté de habituels et
d'objets connus, de se trouver entre des
étrangers et dans une chambre extraor-
dinaire; il se rendit compte assez rapide-
ment pourtant du regrettable événement
dont il était la victime, ei tout engour-
di, il lui fallut se Se d'abord, ram-
per ensuite Pour ramener à lui l'impru-
dent Couvre-chef, qui n'avait pas fait un
long voyage, mais qui n'était pas facile
à Saisir Au moins, cette' chasse" à
court» l'obligeait-elle à ouïr, sinon à
bien comprendre les déc larations de Cy-
rano, le récit de la lune et à gagner ain-
si le qUatrième acte Mais, - durant cette
gymnastique, notre od orat fut choqué
plus violemment encore qu'auparavant.
Mauvais acte que ce qUatrième; on s'y
bat tout le temps, le bruit ne cesse
guère, on use de la poudre. Il est im-
possible de rester calme en des cir-
constances aussi tapageuses et aussi tour-
mentées, et certainement Monsieur mon
voisin, s trouvait la scène très belle
parfois peut-être aussi la jugeait un
peu fatiguante. «
Le erler entr'acte m'apporta d'ins.
tructives révélations. Comme il s étirait
sans discrétion Monsieur mon VOISin,
sur l'omoplate gauche, reçut un tape
des Plus rudes 1 fit se retourner en
courroux. C'était Jean son ami Jean,
qui venait lui dire bonjour.
- Comment, c'est toi? Tu te mets
bien! un fauteuil d'orchestre, mince de
chic !
Monsieur mon voisin, alors, expliqua
toute son histoire. Son patron, le doc-
teur Dubois, n'avait pu, ce soir-là, utili-
ser le service que lui fait le casino: il
n'était arrivé que de la veille, et toute
la journée avait été consacrée à l'instal-
lation de la villa.
Mon pauvre voisin avait dû cirer les
cinq ou six pièces à l'encaustique et les
frotter; et il avait eu à peirtfe, déclara-
t-il, le temps de se changer, sans même
se laver pour venir au Casino Quant
au dîner, il n'avait pas voulu y songer.
— Même, que j'ai emporté un bout
de pain et du « gruhière », et je l'ou-
bliais.
Ce disant, il sortait de sa poche un
repas préparé, intact. Jean répondit qu'il
comprenait parfaitement l'ardeur de son
ami et que, lui aussi, se passerait bien
de dîner pour applaudir une telle œuvre.
J'admirai alors la beauté. l'héroïsme
de Monsieur mon voisin. Après le la-
beur pénible de la journée, il n'avait
pas même pu se nettoyer, et c'est bien
cette transpiration ancienne, jointe à
celle du fromage, qui m'avaient si désa-
gréablement taquiné durant toute la soi-
rée. Je m'en consolai grandement, vous le
pensez bien et me. sentis réconforté en
pensant que, dans un pays où l'on peut
constater chez le oeuple un tel attrait
pour le soectacle, l'art théâtral n'est pas
près de déchoir.
Jicques MAY.
Nous publierons denrain un article de
FÉLIX GALIPAUX
Catastrophes
'Après le style antique, après celai de la
Renaissance et celui du dix-huitième siècle,
la statuaire possède aujourd'hui un style
que l'on pourrait appeler le style explosion.
Chaque nouveau monument que l'on élè-
ve donne en effet l'impression d'une catas-
trophe violente oui symbolise à s'y mépren-
dre soit l'éclatement d'une bombe de dyna-
mite, soit un accident d'automobile, soit,
pour les personnages de moindre impor-
tance, une simple explosion de gaz. On est
arrivé dans ce genre à d'admirables résul-
tats.
Le monument de Victor Hugo; Sur la
place du même nom, provoque une profonde
impression de terreur. Ce ne sont partout
que membres épars, cadavres projetés sur
des morceaux de rochers, débris de toute
sorte que le poète contemple avec effare-
ment. ;
Il y a aussi dans le jardin du Louvre un
Raffet qui, tel un camelot ambulant, étale
devant Meissonnier rêveur tous les petits
articles de sa boutique à treize. Il y a là
des tambours, un morceau de clairon, des
godillots, un casque, tout ce qu'on a pu
sauver de la catastrophe, et Raffet, qui est
évidemment pressé d'argent, voudrait bien
revendre tout cela à bon compte.
Nous avons aussi au parc Monceau la
catastrophe Gounod, oui ne laisse. point
d'inquiéter les admirateurs du maître. Gou-
nod, qui était cependant d'un caractère as-
sez calme, semble s'être mis dans une vio-
lente 'colère. Autour de lui gisent des ins-
truments de musiQue brisés, et il en est
un qui provoque particulièrement l'étonne-
ment des connaisseurs. C'est un violon dent
les cordes ont été arrachées, mais, chose
curieuse, dont le chevalet reste debout.
Gounod avait-il inventé des violons à che-
valets collés, supprimait-il volontairement
les cordes pour rendre l'instrument moins
sonore ? Ce seront, n'en doutez point, au-
tant de questions que se poseront les ar-
chéologues de l'avenir, lorsqu'ils déterre-
ront ce marbre vc .érable. Ils écriront d'a-
près lui un gros livre sur les usages des
temps anciens, sans penser un seul instant
que le sculpteur a pu tout simplement com-
mettre une grosse erreur.
Au surplus, soyons modestes, et mettons-
nous bien dans la tête rue les savantes re-
constituions nue nous taisons de la Grèce
et de l'Egypte reposent bien souvent sur de
sombres bêtises analogues.
G. DE PAWLOWSKI.
Echos
L
es autres projets.
Nous avons dit hier que M. Jean Ki-
chepin, après avoir donne d intéressais
détails sur les œuvres qu'il destine à la
Comédie-Française et au théâtre Sarah-
Bernhardt, nous avait laissé supposer, mal-
gré ses protestations, qu'il nous cachait
quelque chose. 64
Nous nous étions promis d'en avoir le
cœur net et nous avons appris ce que nous
voulions savoir.
M. Porel a reçu, pour être joué l'hiver
prochain, un drame en vers en cinq actes,
de notre éminent collaborateur.
Un drame en vers joué par la troupe du
Vaudeville, voilà un spectacle qui promet
de n'être point banal.
Là ne se bornent pas nos renseigne-
ments: l'ouvrage en question s'appellera
La Route d'Emeraude. Il est tiré du roman
d'Eugène Demolder, que publia Le Mercure
de France il y a une dizaine d'années.
La pièce, très courte, est toute de pas-
sion et très mouvementée; l'action se dé-
roule en Hollande, au dix-septième siècle,
dans le monde des peintres.
Voilà ce que M. Jean Richepin; par excès
de modestie sans doute, nous a dissimulé.
Il ne nous en voudra pas, nous l'espérons,
de notre indiscrétion, et ses admirateurs en
seront ravis. -
L
es deux masques.
M. - Silvain quitte la Comédie-Fran-
çaise et donne comme raison que l'on n'y
joue plus la tragédie.
M. Silvain a très longtemps bataillé pour
1
que M. Claretie lui fasse jouer Amis, d'A-
braham Dreyfus, et Boubouroche, de Geor-
ges Courteline.
Alors?.
L
eurs loisirs.
Pour charmer les siens. Mme Liane
de Pougy travaille à une comédie en trois
actes, dont le simple titre est Elise.
Elle aura pour collaborateur un jeune au-
teur inconnu, ou plutôt inédit, M. Hermann
Fuchs, que l'écrivain de L'Insaisissable
nous présente comme « un Oriental imbibé
de parisianisme, spirituel, cynique et let-
tré »
Elle prépare en outre un roman-feuille-
ton, et encore Seïna, « petite histoire suave
de femme suave ».
Et c'est à Roscoff, dans le Finistère, que
Mme Liane de Pougy se délassera dans cet
écrasant labeur.
L
e truc du sociétaire.
C'est un jeune sociétaire de la Mai-
son de Molière, et comme, à l'instar de ses
camarades, il fait quelques tournées, plu-
sieurs artistes qui l'entouraient dernière-
ment en voyage étaient fort étonnés de lui
voir arborer. la croix.
— Comment X. a-t-il pu être décoré
sans qu'on le sache? se demandaient-ils?
Or, en regardant de près, on reconnais-
sait tout simplement une décoration "étran-
gère, le Christ de Portugal, très recher-
chée en France, et cela à cause de sa cou-
leur rouge et des minuscules filets jaunes
généralement imperceptibles. Tout de mê-
me, pour la circonstance, l'excellent comé-
dien avait eu bien soin de plier les deux
bordures jaunes l'une sous l'autre, et ne
portait plus ainsi à la boutonnière qu'une
très prestigieux ruban rouge.
Ruban! ruban! quand tu nous tiens!
D
u pain sur la planche.
Allons, confrères, gens de lettres,
auteurs dramatiques, écrivains de tout àge
et de tout temps, voilà les jours heureux
qui reviennent.
Tout en haut de la rue d'Amsterdam, à
la porte de l'immeuble d'une Société de
publicité, on peut en lire en ce moment
une petite affiche imprimée qui nous dit
ceci :
TRÈS PRESSÉ
On demande des écrivains.
S'adresser eu premier étage.
Vous voilà donc averti; on a besoin d'é-
crivains. Serait-ce par hasard pour une fa-
brique de pièces de comédie à l'usage d'au-
teurs mondains?
ans les montagnes.. -
La fête de Neuilly devient de plus
en plus parisienne. Avani-hier, c'était une
soirée de gala donnée au théâtre de la foire,
et hier le Chariot Errant nous conviait à
son spectacle.
Mais,, plus passionnés de sport que de
théâtre, on pouvait voir hier soir, avenue
de Neuilly, toute une joyeuse bande de co-
médiens et d'auteurs se livrer aux douceurs
du « ludge », qu'on appelle communément
« Montagnes Russes ».
Sur le devant d'un chariot se tenaient
Mlles Lavallière et Marguerite f'r-' puis
derrière Mfie Mérindol, Mme Ro: : Coo
lus et Defreyn.
Peu partisan de ces petits voyages, le
poète Jacques Redelsperger attendait, en
compagnie de plusieurs amis, au pied des
Montagnes, le retour des hardis ascension-
nistes.
Il n'avait pas voulu se risquer.
c
omme on se retrouve !
Ceci se passait au Conservatoire, il
y a une vingtaine d années. Worms venait
de terminer sa classe. Avant de donner le
signal du départ, il appela, d'un signe, un
jeune homme modestement assis dans un
coin de la salle, un auditeur qui allait se
présenter aux concours d'admission et qui
lui était recommandé :
— Voulez-vous me dire votre scène?
L'interpellé répond affirmativement et,
du pas du condamné montant à l'échafaud,
il se mit à gravir les marches du petit es-
calier donnant accès à l'estrade sur laquelle
venaient de s'exercer les élèves.
Alors, s'adressant au maître:
— Il me faudrait une réplique? dit-il.
Worms se retourne vers une jolie jeune'
fille à la physionomie mutine et décidée:
— A vous, de Choudens!
Mlle de Choudens grimpa d'un pas leste
sur le petit théâtre. Le jeune homme lui
tendit une brochure du Supplice d'une
femme. Lui. joua Alvarez: elle, Mathilde.
Maintenant, à la Comédie-Française, lui
joue Alceste; elle, joue Célimène.
Le jeune candidat de jadis n'était autre
que Leitner, et Mlle de Choudens est au-
jourd'hui Mlle Berthe Cerny.
Tous deux ont fait leur chemin.
LES AFFICHES DOREES
CERNY AU BOIS *
Six heures. Le Bois étincelle.
Les autos fusent, mais là-bas,
Déjà le jour blessé chancelle
En courant dans les aucubas.
Des voitures mirobolantes
Emportent, beaux comme des dieux,
Près des impures indolentes
Les rastaquouères radieux.
Digérant au fond de carrosses
Dont s'esclaffent même les nids,
Se pavanent, plus loin, les noces
Des boutiquiers de Saint-Denis.
Et tandis que Paris amène
Sous les grands arbres lunche au frais
La dangereuse Célimène
S'en vient de Saint-Cloud aux Français.
Elle passe, et la grâce errante
Des longs crépuscules d'été
Met une caresse mourante
Sur son index diamanté.
Et dans ce soir qui l'enveloppe.
D'un sourire à peine pervers, l'
Elle plaindrait son misanthrope
S'il ne portait des rubans verts.
Des paons crient dans une volière,
Et vous, les cieux roses et gris,
Le grand rire amer de Molière
Déferle au large de Paris.
Joachim GASQUET.
L
e futur académicien, l'ancien président
de la Société des Auteurs, l'auteur de
La Veine, savez-vous qu'il joua lui-même la
comédie?
: Ce n'est pas d'hier, dame! Mais pour-
quoi ne pas le rappeler? Aux environs de
Paris, il y a sept ou huit lustres, un groupe
de jeunes gens s'amusait ainsi à interpréter
des piécettes gaies. Alfred Capus, Hubbard,
l'avocat politicien bien connu, étaient les
principaux « artistes ». On joua ainsi des
oeuvras qui s'appelaient La. Soupière, Fassé
minait, des actes de d'HerviUy, trç».* Même
il y avait parfois. des couplets. Et Capus et
Hubbard chantaient joyeusement.
Il y a sept ou huit lustres!
D
Regner, 4, rue des Capucines, paye cher
bijoux, diamants, perles, - automobiles,
reconnaissances du Mont-de-Piété, 100 70,
les dégage sans frais, même chez des tiers.
NOUVELLE A LA MAIN
L
a scène se passe à Marseille; quelques
comédiens, de passage là-bas et qui
jouent, en ce moment, un des derniers suc-
cès de Robert de Fiers et de Caillavet,
bavardent, assis à la terrasse d'un café.
Après avoir épuisé toutes les conver-
sations possibles, un Marseillais, qui s'était
joint à la bande, raconte Quelques histoires
de chasse.
Après lui, c'est le tour d'un comédien
notoire :
— La saison dernière, je chassais la
caille dans le Midi; tout à coup, j'en aper-
çois une, je tire, elle tombe et cette sacrée
caille a dû se cacher, je n'ai pas pu la
retrouver ! *
Et le Marseillais de répondre : ,.
— Té! mon bon, vous aurez passé à
côté et vous ne l'aurez pas vue. Ce gibier
vous aura senti, il n'aura pas bougé. Elle
était sauvée, grâce. au flers que la, caille
avait.
Terrible! mais par cette chaleur!
Le Masque de Verre.
LA VALSE CHALOUPÉE
par Benjamin Rabier
Mistinsuatt et Max Dearly
Les Concours du ConserVatoire
CHANT (HOMMES)
Le jury, présidé par M. Fauré, et composé de
MM. Adrien Bernhèzm, d'Estournelle de Cons-
tant, André Messager, Broussan, Gabriel Pierné,
Pedro Gailhard, Imbart de la Tour, Delmas pe-
naud, Mouliérat, Vilmos Beck, Thomas Salignac
et Fernand Bourgeat, secrétaire, a décerné les
récompenses suivantes :
PREMIER PRIX
M. Paulet, élève de M. Duvernoy.
, SECONDS PRIX
MM. Vaurs, élève de M. Lassalle, et Teissier,
élève de M. de Martini.
(HenrLManueI. phot.)
M. Vaurs
• seconds prix
M. Teissier
Faublas pronostiquait que la séance con-
servatoriale d'hier n'aurait « rien de très
impressionnant ». Fi, le mauvais prophète!
Dussé-je encourir le mécontentement de ses
belles amies, la comtesse de Lignoles, So-
phie de Pontis (et tant d'autres !), je n'hési-
terai pas à déclarer net que notre sémillant
chevalier s'est trompé du tout au tout: ce
concours de chant — hommes — m'a pro-
fondément impressionné; je n'ai jamais rien
vu, ni entendu, de plus maussadement mé-
diocre. '9
Certes, l'excellent musicien qu'est M.
Paulet a détaillé avec une élégance dis-
crète son air d'Admète: « Bannis la crain-
te » ; certes, M. Vaurs s'est honorablement
tiré de la romance aimable, trop aimable,
soupirée par le Sévère du Polyeuctè gou-
nodique, et M. Teissier, très utilement ac-
compagné par le parfait Catherine (chef
d'orchestre du Théâtre en plein air de Cau-
terets), n'a pas détonné, comme on l'avait
craint un instant, dans l'air d'Elie, d'un no-
ble embêtement. Mais les autres!.
Ne parlons pas de certains concurrents;
louons plutôt, en bloc, l'adresse menue de
M. Coulomb, le bon vouloir de M. Chah-
Mounadian, qui prononce le français pres-
que aussi mal que je prononcerais l'armé-
lien; l'habileté de M. Ponzio, dont la voix
luttait contre des mucosités résolues à en-
traver l'essor des Indes Galantes. J'ai idée
lue ce jeune homme va triompher mardi
orochain en Figaro, mais il lui faudra sa-
crifier sa moustache brune, hélas !
Il m'a semblé que M. Jourde, basse no-
)le (ah! si noble!), aux ondulations de rou-
is inquiétantes — ça rappelait l'lnviçta en-
re Boulogne et Folkestone — aggravait en-
core la platitude emphatique de sa Reine de
îaba à coups de point. d'orgue; mais j'ai
iû me tromper. M. Imbert ne tire pas
rand'chose d'Hippolyte et Aricie: « On
eut chanter Rameau, et n'avoir point de
tranche », s'est écrié Victor Hugo dans
me pièce restée inédite. Quant à MM. Bel-
et et Félisaz, pourquoi les contristerais-je
in écrivant ce que je pense de leur talent?
Mais je m'en voudrais de ne point remer-
ier M. Pierre Dupré ; il nous fit entendre
ne page, poétique et poignante, de la Pas-
ûon selon saint Matthieu, chantée avec un
oût si pur qu'il a dû lire (si ce n'est lui
est donc son maître, M. Hettich) les étu-
des du docteur Heuss: Bachsbehaadlung
PREMIERS ACCESSITS
MM. Colomb, élève de M. Hetticli; Cfiafa
Mouradian, élève de M. Çazeneuve; Ponzio,
élève de M. Manoury.
SECONDS ACCESSITS
MM. Pierre Dapré, élève de M. HettichÀ
Jourde, élève de M ,Dubulle; Félisaf, élève de At
Lorrain; Bellet élève de M, Lorrain; Imbert
élève de M. Èngel ; Combes, élève de AÏ
Hettich.
mit besonderer BemecksichUgung dez Pa*
sionen.
Bonté divine, comment les typos vont-ilf
accommoder ce titre rébarbatif?
WILLY.
Dans la Coulisse
Je me flattais, dès mon entrée dans la
salle de l'Opéra-Comique, d'éparpiller au-
tour de moi ces élégants regards amis par
quoi se distingue, dans toute artistique as-
semblée, cette élite qu'on nomme les-
ayants droit.
Peines perdues!
C'est à peine si les plus laborieuses in-,
vestigations me permirent d'apercevoir, çà
et là quelques rares critiques, perdus, dé-
sorientés, dernières épaves d'une catégorie
d'assistants qui n'est plus invitée.
Mais, en revanche, à foison, des institu-
teurs, des fournisseurs, et tous les mem-
bres de la C. G. T.
Les concours du Conservatoire sont de-
venus, à présent, une manière de divertis-
sement que ces messieurs du monde poli-,
tique offrent à leurs connaissances.
D'où la qualité du milieu!
Aussi, fort d'une invincible répugnance,
Je réussis à vaincre les résistances des gar-
diens de passage.
Et je pénétrai dans la coulisse.
En ce lieu d'asile, frais et encore pew
fréquenté, j'ai goûté les joies de curiosité
les plus pures.
Des jeunes gens circulent, fiévreux etf
sonores. Ils sont vêtus d'habits de cérémo-
nie, généralement mal adaptés. Là, un pe-
tit homme, barbu jusqu'aux yeux, flotte dans
un vêtement dont les basques caressent
ses mollets; ici, un colosse distend de tous
ses muscles le tissu fatigué d'un étroit ha-
bit, marqué du Temple. Quelques élégants
ont l'audace du gilet blanc et de la cravate
noire.
A un nom prononcé, l'un d'eux sepré-c
cipite vers la porte du décor et pénètre
sur la scène. Il va concourir. Je m'apn,
proche.
Il me semble que le cérémonial manquât
de son style accoutumé.
En effet, dans l'appariteur parlant au pu-
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