Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-06-20
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 juin 1908 20 juin 1908
Description : 1908/06/20 (A2,N264). 1908/06/20 (A2,N264).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646648q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2* Année. Ne 264 (Quotidien)
Le Numéro : S centimes1
Samedi 20 Juin 1908.
COMŒDIA
J
'.- .., Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKt
RÉDACTION & ADMINISTRATION 1
27, Boulevard Poissonnière, PARIS.
TÉLÉPHONE : 288-07 -
Adresse Télégraphique : C0/$2DIA»PARI£
ABONNEMENTS:
UN AN 6 «01»
Paris et Départements 24 fr. 12 Cr.
Étranger. 40 » 20 »
r RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27. Boulevard Poissonnière, PARIS
: - TÉLÉPHONE : 288-07 «
, Adresse Télégraphique : C0MŒDIA-PARI5
, ABONNEMENTS:
UN AN e mora
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 D 20 a
Moumoute
On avait collé, ces temps-ci, sur tous
les murs disponibles de Paris, de gran-
des tapageuses d'affiches où l'on voyait
un terrible adjudant, revolver au poing,
et suivi de quatre turcos, baïonnettes
aux canons, troubler méchamment le
tête-à-tête amoureux d'un fusilier des
bataillons d'Afrique et d'une moukère
de qui la gorge. outrecuidante, si j'ose
dire, a dû enchanter les rêves de bien
des collégiens.
Et devant cette image, d'ailleurs ro-
buste et bien composée, j'ai entendu
'maintes fois des hommes, des ouvriers,
remontant tout à coup sur leur épaule,
d'un geste ressouvenu, leur ballot d'ou-
tils comme un sac de soldat, grommeler
0
'en passant:
— Chameau!
C'était de l'adjudant qu'il s'agissait.
Et ces gens songeaient sans nul doute
à d'anciens adjudants qu'ils avaient con-
nus.
Car il n'y a pas à dire mon bel ami,
: l'adjudant, en général, n'a pas la cote
:d'amour dans le souvenir des troupiers.
Le terme cfë « chiens de quartier», fort
usité dans les casernes, n'a pas été fait
pour les chiens, mais pour ces gradés
redoutables. Le théâtre et le roman
s'en sont mêlés. Le féroce Flick de
Courteline et son célèbre motif de pu-
nition, quand il appointa de quatre
jours le brigadier La Guillaumette: « a
pris le soleil dans une glace pour le je-
ter violemment à la figure de ce sous-
Gfficier » sont dans toutes les mémoires.
Bref, l'adjudant, l'adjudant-entêté, l'ad-
judant « en soi », a une mauvaise presse.
C'est pourquoi désireux de montrer
lé bien à côté du mal, et pour que le
bon diable rachète les méchants bou-
gres, je veux citer ici quelques traits
touchants d'un adjudant qui fut le mien,
au temps où je servais la patrie sous
les plis de son noble drapeau. En ef-
fet, celui-là n'évoque en moi que des
réminiscences joyeuses et cordiales, et
jamais l'idée ne me viendrait de grom-
meler : « Chameau ! » quand je songe à
Moumoute.
Moumoute — je ne me remets pas
son vrai nom, submergé par son JSO:
briquet - était un--,beatu. militaire de
temps de paix, grand, gros et gras, au
thorax bombant dans la tunique, aux
cuisses impressionnantes sous la ga-
rance, le képi crânement incliné jusqu'à
toucher l'oreille. droite, au-dessus d'une
ronde face aux yeux bleus de poupard
ravi de l'existence.
Moumoute, qui nous « mit au port
d'armes » moi et les autres pierrots de
ma classe, jonglait avec le lebel comme
avec une fleur. Véritablement, il était
joli à regarder quand il maniait un fusil
pour indiquer un mouvement. Sur l'é-
paule!. drrroiteî Une! Deux! Trois!
,Passez, muscade! On avait envie d'ap-
plaudir.
Il tirait, au reste, beaucoup de fierté
de ce rôle d'éducateur héroïque, et nous
le fit bien voir, un jour.
Ce jour-là, je me trouvais dans un
café de la petite ville garnisonnée où
nous attendions, faute de mieux, l'heure
de la libération, assis devant un piano
brèche-dents et hurlant quelques chan-
sons de Montmartre, et d'ailleurs, au
milieu d'un auditoire compact de sol-
dats de mon grade — celui qui ne com-
porte aucun galon.
Soudain, je sentis, derrière mon dos,
dans le public rouge et bleu, le froid
subit que communique à tout subalterne
la présence inattendue d'un supérieur.
Je risquai un œil par-dessus mon épaule.
La porte de la salle, en effet, s'était ou-
verte et Moumoute venait d'effectuer
parmi nous une entrée sensationnelle.
Je cessai immédiatement de malaxer
l'ivoire et de donner de la voix. N'est-
ce pas? on ne sait jamais! Mais Mou-
moute, bon prince, commanda :
— Continuez, Marsolleau! Conti-
nuez !
., J'achevai donc la romance, peut-être
Un peu salée dont je charmais les oreil-
les martiales de mes camarades. Or,
comme je plaquais le dernier accord,
lune main se posa sur mon épaule et
Une voix péremptoire affirma:
- C'EST MON ÉLÈVE!!
Cette déclaration, Moumoute, son au-
.tre main sur la garde du sabre et le re-
gard flambant d'orgueil, la. faisait à son
;Oncle, un vieux civil, très saoûl, qu'il
avait amené avec lui, et qui dut croire,
'tout le restant de sa vie, que son neveu,
Pédagogue universel, (enseignait aux,
sommes, non seulement les immortels
Principes du tir à répétition, mais en-
core les notions essentielles de la mu-
squé et du chant!
Une autre fois, j'étais tranquillement
Embusqué dans la chambre des sergents,
en train d'écrire un conte pour la Meu-
nerie Française — voici vingt-deux ans
qu'à chaque premier janvier, je persiste
souhaiter, en vers, la bonne * année
aux lecteurs de ce magazine, car je suis
^9 collaborateur fidèle! — et ce conte
Teroulant son aventure sous le règne
c e Louis XV, le Bien-Aimé, j'y faisais,
comnie de juste, se rencontrer pêle-
JJtele un tas de notoriétés du siècle dix-
huitièrne
Moumoute, ex abrupto, pénétra dans
On asile. Zut! Pincé! Mais non: Mou-
inoute vint droit à la table sur laquelle
je pondais, sans trop s'étonner, au de-
meurant, que je fusse là au lieu d'être à
l'exercice. Plusieurs feuillets noircis
s'empilaient à ma gauche, dûment nu-
mérotés déjà. Moumoute prit le premier,
le lut, le remit en son lieu, saisit et
traita de même le second, puis le troi-
sième, puis le quatrième, puis, comme
le cinquième manquait — ma plume
inquiète courait dessus, à ce moment -
il s'écria :
—- C'est très rigolo, cette affaire-là!
très rigolo! Mais, dites-moi, où est-ce
que vous avez copié ça?
Je répondis avec respect:
— Mais, mon adjudant, nulle part!
C'est une petite histoire que j'invente.
Il leva les épaules comme quelqu'un
que cela dégoûte à la fin de toujours
se heurter à des êtres bornés qui ne
comprennent rien ! Et il accentua :
— Naturellement! Je vois bien que
vous ne copiez pas sur place! Mais je
vous demande dans quel bouquin vous
avez lu, avant de le transcrire, ce que
vous écrivez là !
Je hasardai:
— Mais dans aucun livre, mon adju-
dant. Je vous répète que c'est une petite
histoire que j'invente., que j'invente,
moi-même; c'est si vrai que je ne sais
pas encore comment je vais la terminer !
Les sourcils de Moumoute se haussè-
rent sur ses yeux qui s'arrondirent. Il
croisa violemment ses bras sur sa poi-
trine, et d'une voix changée, non plus
l'organe du bon garçon, mais le timbre
du chef qui n'admet pas qu'on « la lui
fasses, il me rétorqua:
— Dites donc, tout de même! il ne
faudrait pas me prendre pour un. Suf-
fit! Si je vous fichais quatre jours de
boîte, vous les auriez, n'est-ce pas?
Alors, n'essayez pas de me le mettre!
Richelieu! Lauzun! J'AI DÉJÀ VU ÇA
QUELQUE FART!
Louis MARSOLLEAU.
0
Nous publierons demain un article de
HENRY KISTEMAECKERS
Femmes entières
Beaucoup de personnes s'imaginent que
si nous 'avons fyrih parti 'contre W. BiFéhgèr,
dans la question du Nu à la scène, c'était en
raison de la sympathie naturelle que nous
avons à Comœdia pour les choses de théâ-
tre et non point en nous appuyant sur de
simples principes généraux. C'est là une
erreur qu'il conviendrait, je crois, de dissi-
per.
Nous pensons. très fermement que les
deux meilleures bases de la vie intelligente
sont l'hygiène physique et l'hygiène morale,
dont les règles n'ont point varié depuis l'ori-
gine du monde.
Au point de vue physique, vous pouvez
être assuré qu'une personne propre, soigneu-
se de son corps et de tout ce qui l'entoure,
ne pourra manquer d'apporter le même or-
dre et la même netteté dans tous les actes
de sa vie. A ce point de vue, du reste, notre
société moderne a fait d'immenses progrès,
et de la propreté de nos villes est résulté un
ordre moral que l'on ignorait forcément dans
les égoûts sordides et incurables où l'on
vivait autrefois.
Malheureusement, au point de vue de
l'hygiène artistique de notre esprit, il faut
bien constater que nous sommes loin d'avoir
suivi le même chemin. Au lieu de ne suppor-
ter autour de nous, comme le faisaient les
anciens, que des images véritablement ar-
tistiques éveillant chaque jour en notre es-
prit l'habitude de la Beauté, nous préférons
nous repaître de ce que la vie quotidienne
peut nous présenter de plus. hideux.
Il est facile, pour s'en convaincre, de sui-
vre pendant quelques jours nos excellents
journaux quotidiens. En tête de la première
page nous trouvons généralement la photo-
graphie du bocal qui contient les intestins
récemment exhumés de l'un de nos contem-
porains; l'article suivant nous révèle qu'un
cheveu ayant été trouvé dernièrement dans
une fosse d'aisance, les plus fins reporters
du journal sont chargés de reconstituer le
cadavre qui, immanquablement, devait com-
pléter ce cheveu et de retrouver, dans le plus
bref délai possible, la piste de l'assassin.
Je ne parle point des faits-divers. Ils en-
seignent aux apaches la meilleure façon de
tuer leurs contemporains, ils leur indiquent
en détail les imprudences qu'il ne faut point
commettre pour éveiller, — tout arrive —
la vigilance de la police, et lorsque ces mes-
sieurs se sont décidés à taire « un beau tra-
vail bien fait qui en vaut la peine », on se
fait un plaisir de donner leur portrait en
l'entourant des éloges de saison.
Quant aux informations des départe-
ments, elles nous présentent généralement
la campagne française sous les aspects les
plus charmantsÊLes sources les plus pures,
les fontaines iMplus ombragées contiennent
généralement le cadavre d'une vieille femme
abandonnée là depuis trois mois aux sang-
sues, tandis que sur nos routes ensoleillées
circulent des Romanichels chargés de voler
les enfants destinés à la nourriture quoti-
dienne de leurs ours familiers.
Est-il besoin d'ajouter que chaque ca-
serne ne contient plus que des soldats mu-
tinés, que chaque usine est en grève, que
nos ports et nos arsenaux sont livrés au
pillage ? Vous avouerez que dans de pareilles
conditions il est difficile, après trois cent
soixante-cinq jours par an de ce régime,
d'avoir dans l'esprit les images délicieuses
et charmantes que l'on pouvait cultiver dans
les jàrdins de la Villa Hadriana ou sur les
terrasses de Fiesole. Véritablement, est-ce
trop exiger que de demander que l'on nous
montre, une ou deux fois par an, un corps
féminin non encore dépecé et comportant
encore tous ses morceaux? Ce n'est, on
l'avouera, que la très modeste contré-partie
de la triperie infâme dont on nous régale
chaque jour,
G. DE PAWLOWSKI,
Échos
Ce soir, à l'Apollo, première représen-
tation de Une Nuit d'Amour? fantaisie mi-
mée de MM. Le Barbier et Guy Laurent,
musique de M. Paul Letombe.
L
les deux pièces.
t Après avoir vainement cherché un
moyen pour inciter l'employé principal d'un
grand théâtre à lire son manuscrit, un jeune
auteur prit une décision énergique.
Considérant que les principes anglo-
saxons deviennent d'un usage de plus en
plus fréquent chez nous, il mit en pratique
l'adage time is money et envoya à un admi-
nistrateur réputé subtil d'un théâtre très
coté — le théâtlf Réjane — M. Charles
Burguet, pour ne pas le nommer, un mandat
de vingt francs, en même temps qu'une œu-
vre en plusieurs actes.
Mais après avoir parcouru cette dernière,
notre administrateur, qui est un homme dé-
licieux, renvoya à l'intéressé la pièce. de
vingt francs, et il garda la pièce de comé-
die !
L
1 tz réflexions de Marius.
t Au Moulin-Rouge, dans La Revue,,
Max Dearly et Mistmguett nous donnent
une impressionnante image de la chorégra-
phie-apache, la valse, chaloupée par les
deux excellents artistes à la fin du premier
acte, est la reproduction exacte du pas fa-
vori des nervis marseillais.
Max Derly l'a réglée lui-même avec le ta-
lent que l'on sait, et l'exactitude en est telle
que Marius, assistant l'autre soir à La Re-
vue, n'a pu s'empêcher de s'écrier:
« Té ! ce Max Dearly, si tout le monde ne
savait pas qu'il est Anglais, on croirait, à le
voir danser, qu'il est de Marseille!!! »
p
olitesses internationales. 1
La scène se passe faubourg Mont-
martre, vers six heures du soir. D'une bou-
tique à louer sortent successivement des
gens à faces rasées et de jolies jeunes fem-
mes, dont le passant, averti des choses du
théâtre, prononce les noms: Séverin-Mars,
Goujet, Rémongin, Schultz; les femmes:
Jeanne Doé, Lavernière, d'autres encore.
Comœdia, qui veut tout savoir, harponne
au passage Séverin-Mars, qui semble le chef
de la bande, et l'interviewe tout vif:
- D'où sortez-vous ainsi, conspirateurs?
- D'une boutique inoccupée, où mes ca-
marades et moi venons de répéter le spec-
tacle que j'emmène à Londres la semaine
prochaine. ^>
- A Londres?
— Oui. M. Leichmann, l'imprésario an-
glais, a formé le projet, depuis plusieurs an-
nées, de me mettre en contact avec le pu-
blic londonien. Il a loué le « Royalty-Thea-
tre » pour un mois. Et j'y emporte L'Aven-
ture de Frédérick-Lemaître, de Serge Basset;
La Dernière Soirée de Brümmel, L'Honnête
Homme, d'autres pièces encore. M. Leich-
mann a confiance ; il prétend que je suis
l'Irving français.
— Peter Pan, au Vaudeville; Séverin-
Mars, au Royalty, voilà de l'entente cordiale
ou je n'y connais goutte !
T
ous les chemins mènent au prix de
Rome.
A la suite de notre récent écho sur l'attri-
bution du prix de Rome de poésie, nous
avons reçu d'un groupe de jeunes poètes la
longue lettre eue voici:
Monsieur le directeur,
Nous sommes stupéfaits et vivement émus de
votre écho relatif au prix de Rome de poésie :
« Les premiers seront les derniers. » Des consi-
dérations extérieures peuvent donc influer et
ont influé sur le vote du jury, qui ne relève
donc pas uniquement de sa conscience? Ceci
est important à savoir. Nous avions déià la stu-
péfiante déclaration, parue hier, de M. Jules
Bois, secrétaire, qui a déclare officiellement que
le prix avait été décerné principalement contre
les tendances de la poésie récente. Un vote im-
partial peut donc avoir lieu contre quelque cho-
se? Il y a donc des considérations en dehors du
mérite respectif des candidats? C'est modifier
complètement et gravement l'institution de ce
concours.
Hélas!. Aujourd'hui vous affirmez de source
certaine - circonstance aggravante - que les
membres votèrent contre leur conscience à cau-
se d'articles qui vantaient à l'avance les candi-
dats les plus désignés. Ceci est tellement incon-
cevable et est tellement la négation même du
concours, sa condamnation absolue, que nous
vous prions avec instance d'insérer cette lettre
dans l'intérêt de tous les jeunes poètes qui se
présenteront à ce concours dans l'avenir, et afin
d'obtenir du jury en question, pour son hon-
neur, une rectification qu'il importe qu'il donne
hautement. Il est préférable de penser qu'il s'est
trompé de bonne foi en attribuant la bourse à
un candidat inférieur, que de croire que, pour
une raison quelconque, il l'a fait sciemment.
Recevez, monsieur, l'assurance de nos meil-
leurs sentiments.
Un groupe de jeunes poètes.
P.-S. — Nous comptons sur votre impartiale
et coutumière obligeance pour insérer cette
lettre demain matin, en même place que l'écho
paru aujourd'hui. Si nos signatures ne" suivent
pas, c'est que nous ne voulons pas être, de ce
fait, boycotté dans l'avenir par ce redoutable
jury.
D
usausoy! Dusausoy! Voilà le nom de
, l'expert joaillier du 4, boulevard des
Italiens, qui acheté le plus cher bijoux, dia-
mants, perles. M. Dusausoy prie de bien se
renseigner sur la valeur avant de lui vendre.
LES PETITES COMEDIES
L'AUTEUR EST DANS LA SALLE
FI Au Théâtre Comique. C'est la dixième
représentation du Sopha de Sophie.
L'auteur se promène derrière la toile
de fond, cherchant des trous dans le
décor qui lui permettent de voir Sa
Majesté le public.
Au deuxième acte, qui colle très bien,
l'auteur, pour mieux goûter le nec-
tar des éclats de rire, quitte le pla-
teau sournoisement et se dirige vers
la salle. Dans la coulisse, il se
heurte à un pompier endormi.
L'AUTEUR, vexé, à part. — Voyez un peu
cette brute qui ronfle au lieu de s'amuser à
écouter ma pièce!. (Après réflexion.) BahJ
le pauvre homme s'est sûrement levé à cinq
heures du matin; il est mort de fatigue t
Il entre dans la salle par la porté de
fer, qu'il referme sans bruit pour ne
pas détourner l'attention des specta-
teurs, et va s'asseoir au dernier rang
des fauteuils d'orchestre. Un ménage
de bons bourgeois, près de lui, s'a-
muse follement.
LE MARI, à sa moitié. — A la bonne heure!
Ça, c'est une pièce rigolote! J'en suis %.aladel.
L'AUTEUR, à part, avec un bonheur sans mé-
lange. — Braves gens!. Dire que c'est moi
qui leur procure cette joie!. (Après réflexion.)
Et l'hommage me flatte d'autant plus qu'ils ne
me connaissent pas!.
Au bout d'un moment, en quête d'au-
tres louanges, l'auteur monte au bal-
H cm, et se place sur un strapontin,
---. f?Bs de âeUx 'niessierarsr en habit, qui
près de deux messieurs en habit.
PREMIER MONSIEUR, à son voisin, d'un ton
fatigué. — Je n'ai jamais rien vu de plus idiot!
L'AUTEUR, saisi, à -part. Hein ? J'ai mal
entendu ?
DEUXIÈME MONSIEUR, au premier. — Le type
qui a écrit ça est une bien sombre moule!
L'AUTEUR, la gorge serrée, s'éloignant. —
Sombre moule!. (Après réflexion.) Peuhl Ce
sont sûrement deux confrères qui m'ont re-
connu et qui disent tout ça pour m'embêteTt.
Mais, pour se remettre, l'auteur re-
tourne à l'orchestre auprès des deux
bons bourgeois.
ANDRÉ-MYCHO.
s
i on pouvait hésiter à désigner a l'a van-
ce le gagnant du Grand Prix, il était
facile de se convaincre que le véritable fa-
vori de nos mondaines, au pesage, étaiLSo-
lange, le parfum exquis de Gellé frères.
M
Albert Halphen, 5, rue de Provence,
a ouvert récemment, au 241 de la
rue Saint-Honoré, près la place Vendôme, ;
un nouveau magasin dans lequel sa nom-4
breuse clientèle trouvera, comme par ^Ie
passé, de superbes occasions en bijouterie,
orfèvrerie, meubles, bronzes et objets d'art.
L
;s troublantes ivresses de la route sont
décuplées par le plaisir qu'on éprou-
ve - à se sentir rapidement transporté dans
une confortable Richard Unie, à la marche
souple et silencieuse.
Le Masque de Verre.
Les Projets de M. Henry Ba tailleil
Une pièce en vers aux Français.
Une autre pièce en trois actes. A
La Commission défend "La Femme Nue".
M. Henry Bataille quitte Paris aujour-
d'hui. Il ne va pas, ansi qu'il a été annoncé,
prendre ses vacances à Fontainebleau, mais
il retourne à Forges-les-Eaux où il a déjà
été passer plusieurs étés.
Nous avons été rendre visite hier au jeune
et glorieux dramaturge de La Femme Nue,et
de Maman Colibri, et nous lui avons de-
mandé ses projets. Il nous a dit:
« Je viens de terminer une pièce en vers
qui, pour ne comporter qu'une petite heure
de spectacle, n'en a pas moins à mes yeux,
du moins, une certaine importance, — vous
saurez pourquoi, quand elle sera représen-
tée.
« M. Claretie a eu l'obligeance de me
la demander, je la lui ai promise, ainsi qu'à
M. Le Bargv. qui en sera l'interprète. Je
vais y mettre la dernière main et la re-
mettrai à M. Claretie dans peu de jours.
« Quant à ma prochaine pièce, La Pou-
pée, je vais l'écrire, en toute paix, dans ma
propriété de Forges-les-Eaux. C'est une
grande pièce en trois actes, qui comporte
les données les plus larges de sentiments
et de consciences que j'ai eu à traiter jus-
qu'ici. Mais, par exemple, je ne veux m'en-
gager par avance avec aucune direction!
Jusqu'ici j'ai toujours signé des traités con-
sidérables. mais ces traités- sonc de vérita-
bles étouffoirs, j'en ai fait cette année une
trop vive expérience avec La Femme Nue,
chez Porel, et Faust, chez Sarah-Bernhardt.
« Ce sont des maquis à contestations, à
procès, et on risque d'être joué dans les
plus invraisemblables conditions. Je ne veux
plus non plus remettre mon manuscrit à jour
fixe, ni même être obligé de le remettre.
Quand ma pièce, Poupée, sera terminée, je
m entendrai avec le théâtre qui pourra me
fournir la distribution la meilleure. Le théâ-
tre est avant tout une question d'interpré-
tation adéquate à notre œuvre. »
Et La Femme Nue, demandons-nous?
« Pour ce qui est de La Femme Nue, eh
bien, sachez seulement que la Commission
des auteurs, à l'unanimité des voix, a blâmé
énergiquement l'arrêt inadmissible de mes
représentations, et elle m'a adressé une
lettre dans laquelle elle me fait savoir que
si un procès se présentait, elle me sou-
tiendrait elle-même contre Guitry.
« On ne peut avoir une attitude plus
nette et plus significative, et il faut féli-
citer la commission de son attitude en cette
affaire.
« Mais je me contente du blâme et du
soutien de la commission, que je considère
comme la meilleure et la plus satisfaisante
sanction. — Elle me suffit.
« J'espère et suis certain qu'aucun pro-
cês n'aura lieu par la suite. Et pour l'ins-
tant, il n'y a rien d'autre que la grande
tournée de La Femme Nue qui va s'apprê-
ter, et partira vers la fin août sous la di-
rection Baret, pour la France et l'étranger,
avec en tête la merveilleuse interprète de
l'œuvre - Berthe Bady. »
; :ASMODEE.
0
Au Cirque
de la rue Benouville
Moîier présente au Tout=Paris sa troupe d'artistes mondains
Les splendeurs de cette deuxième soi-
rée dépassèrent encore celles de la pre-
mière, dont je vous ai parlé dans notre der-
nier numéro du 17. On s'écrasait l'ittéra-
lement dans le petit cirque de la rue Bé-
nouville, pittoresquement aménagé à l'ins-
tar d'un cirque forain, et c'était un curieux
spectacle de voir resplendir sur ces mo-
destes gradins de bois les plus jolies fem-
mes de Paris, en de fastueuses toilettes,
tous diamants dehors.
Le programme, fort artistiquement illus-
tré par Lunel, comportait, avec quelques
légères variations, les mêmes numéros qui
furent présentés dans la soirée du 16 juin.
Nous vîmes avec plaisir le docteur de Cié-
rambault et M. A. Gillette, s'empoigner en
jiu-jitsu ; nous applaudîmes M. Georges Hé-,
bert, un officier de notre marine, dans ses
exercices sur la « corde marine » ; the
Texas cow-boys, un divertissement éques
tre réglé par MOller, avec le concours ai tis-
tique de Mlle Renée de Veriane, sculpteur,.
,. SARDANAPALE»
pantomime
équestre
< -pu six tableaux
de
v 4A.£E.MolIer
de M.-AV Lemoine et de M. Philypon, nous,
furent présentés par MM. Pierre Lecomtes
du Nouy et Montana Johnny; MM. PaysséJ
champion des jeux olympiques, RobertsGer-J
mot, Vignon et Maurice Desprats nous*dé-|
montrèrent d'éclatante façon la ->supérioritél
du biceps mondain; MM. P. et G. de
Chamberet et J. Le Mire nous amusèrent
fort dans une scène équestre et burlesque;
La' vicomtesse Eva de Peterhof, scène co-
mique et hippique, jouée par Mlles Yola de
Nyss et Gaby de Torins. et MM. de Fré-
chencourt et Dimitri eut un gros succès
d'hilarité.
Me restera-t-il assez d'enthousiasme pour
célébrer le triomphe de cette exquise
Blanche AHarty, écuyère charmeuse et in-
trépide, qui nous montra tout d'abord un
jeune chameau, César, dont elle a fait elle-
même l'éducation; nous présenta ensuite en
haute école d'Artagnan, un superbe étalon,
dont elle vient de terminer le dressage et
nous émerveilla enfin -par la hardiesse des
exercices qu'elle exécuta sur trois coursiers
fougueux sans selle! Ovations frénétiques
enfin, applaudissements éclatants pour Mo-
lier, montant son pur-sang Mistral, qui exé-
cuta la craquette avec Mlle Baia de Bou-
zoul, et eut l'honneur d'un vis-à-vis avec
Mlle Alice Barton, qui est sans contredit
une des plus belles fleurs de notre capitale.
Et maintenant, quelques noms cueillis
sur les gradins, où s'épanouissaient en des
robes merveilleuses, les jolies spectatrices.
Mmes la comtesse de Dreuzy, comtesse de
Saint-Pierre, baronne Surcouf, baronne de Bé-
ville, comtesse de Gévaudan, Mme Lafaurie;
vicomtesse de Sàuvigny de Moncorps, baronne
de Grandmaison, Mme Carvalho, comtesse de
la Noë, Mme Guy de Franqueville, comtesse de
la Ruelle, baronne de Beauregard, baronne Fa-
verot de Kerbrech, comtesse de Chateaubriand,
comtesse de Fayolle, comtesse de la Forest--Di-
vonne. marquise de Beauvois, comtesse de
Thieulloy, baronne de Lormais, baronne de
Saucker, marquise de Clinchamp, Mme de Bas-
sompiére, marquise de Séguier, comtesse de
Nalèche, etc., etc.
Reconnu également dans un groupe très.
diamanté :
Mme Marcelle Dartoy, qui présidait le Jury
du concours de chapeaux, avec l'assistance de
Mmes Simone d'Arnaud et Brozia (de l'Opéra),
Jane Evel et Rachel Launay (de l'Opéra-Comi-
que), Maina et Lydie Doria, Odette Dulae rt
Anna Thibaud: Marthe Thermondes (du Palais-
Royal), gentille à croquer dans une déticîeïise
toilette rose; Jane Dariel, qui a des yeux à
(Ernesto Brod, phot.)
damner un saint; Golfler, Simone de Luze^Gabf
lMauritz,.i.en -une féerique toilette brodée argent
iAlice Berry, Alice deJRiclès, qui triompha sut
sune scène bruxelloise "ét nous fait esp&*er sa
prochaine apparition sur une scène parisienne
,etc., etc.
Un concours de chapeaux fut pour Mmes
Jane d'Alba l'occasion d'une victoire, son
chapeau ayant été déclaré à l'unanimité 1
plus élégant, et un concours de roses valut
à M. le comte dè Chateaubriand les hon
neurs d'un premier prix.
Et pour terminer cette inoubliable fête
une pantomine équestre à grand spectacle
et six tableaux, écrits par Molier. En voici
le programme, uniquement exécuté par des.
artistes mondains:
Mmes A. Soulié, le chef des Byzantins; VaP
cor, le chef des Arabes; Baïce de Bouzoul, Il
danseuse.
MM. F. Gautier, Surdanapale; comte P. dé
Chamberet, Babou; G. Keller, Clicha; L. da
Bar, cavalier byzantin; baron de Boissière, ca-
valier byzantin; M. Guyard, cavalier byzantin?
Montana-Johnny, cavalier byzantin; baron Thé-
ry, cavalier byzantin; Franca-Puaux, cavalier
arabe; comte de la Fayette, cavalier arabe ;
vicomte du Norcy, cavalier arabe; J. le Mire,
cavalier arabe ; N. le Mire, cavalier arabe.
.Et un groupe voluptueux de belles
filles, qui nous apparurent vêtues seule-
ment de bijoux, splendide apothéose de
chairs roses et blanches, alliciant tableai^
de nudité artistique!
G. DE VILLETTF,
Le Numéro : S centimes1
Samedi 20 Juin 1908.
COMŒDIA
J
'.- .., Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKt
RÉDACTION & ADMINISTRATION 1
27, Boulevard Poissonnière, PARIS.
TÉLÉPHONE : 288-07 -
Adresse Télégraphique : C0/$2DIA»PARI£
ABONNEMENTS:
UN AN 6 «01»
Paris et Départements 24 fr. 12 Cr.
Étranger. 40 » 20 »
r RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27. Boulevard Poissonnière, PARIS
: - TÉLÉPHONE : 288-07 «
, Adresse Télégraphique : C0MŒDIA-PARI5
, ABONNEMENTS:
UN AN e mora
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 D 20 a
Moumoute
On avait collé, ces temps-ci, sur tous
les murs disponibles de Paris, de gran-
des tapageuses d'affiches où l'on voyait
un terrible adjudant, revolver au poing,
et suivi de quatre turcos, baïonnettes
aux canons, troubler méchamment le
tête-à-tête amoureux d'un fusilier des
bataillons d'Afrique et d'une moukère
de qui la gorge. outrecuidante, si j'ose
dire, a dû enchanter les rêves de bien
des collégiens.
Et devant cette image, d'ailleurs ro-
buste et bien composée, j'ai entendu
'maintes fois des hommes, des ouvriers,
remontant tout à coup sur leur épaule,
d'un geste ressouvenu, leur ballot d'ou-
tils comme un sac de soldat, grommeler
0
'en passant:
— Chameau!
C'était de l'adjudant qu'il s'agissait.
Et ces gens songeaient sans nul doute
à d'anciens adjudants qu'ils avaient con-
nus.
Car il n'y a pas à dire mon bel ami,
: l'adjudant, en général, n'a pas la cote
:d'amour dans le souvenir des troupiers.
Le terme cfë « chiens de quartier», fort
usité dans les casernes, n'a pas été fait
pour les chiens, mais pour ces gradés
redoutables. Le théâtre et le roman
s'en sont mêlés. Le féroce Flick de
Courteline et son célèbre motif de pu-
nition, quand il appointa de quatre
jours le brigadier La Guillaumette: « a
pris le soleil dans une glace pour le je-
ter violemment à la figure de ce sous-
Gfficier » sont dans toutes les mémoires.
Bref, l'adjudant, l'adjudant-entêté, l'ad-
judant « en soi », a une mauvaise presse.
C'est pourquoi désireux de montrer
lé bien à côté du mal, et pour que le
bon diable rachète les méchants bou-
gres, je veux citer ici quelques traits
touchants d'un adjudant qui fut le mien,
au temps où je servais la patrie sous
les plis de son noble drapeau. En ef-
fet, celui-là n'évoque en moi que des
réminiscences joyeuses et cordiales, et
jamais l'idée ne me viendrait de grom-
meler : « Chameau ! » quand je songe à
Moumoute.
Moumoute — je ne me remets pas
son vrai nom, submergé par son JSO:
briquet - était un--,beatu. militaire de
temps de paix, grand, gros et gras, au
thorax bombant dans la tunique, aux
cuisses impressionnantes sous la ga-
rance, le képi crânement incliné jusqu'à
toucher l'oreille. droite, au-dessus d'une
ronde face aux yeux bleus de poupard
ravi de l'existence.
Moumoute, qui nous « mit au port
d'armes » moi et les autres pierrots de
ma classe, jonglait avec le lebel comme
avec une fleur. Véritablement, il était
joli à regarder quand il maniait un fusil
pour indiquer un mouvement. Sur l'é-
paule!. drrroiteî Une! Deux! Trois!
,Passez, muscade! On avait envie d'ap-
plaudir.
Il tirait, au reste, beaucoup de fierté
de ce rôle d'éducateur héroïque, et nous
le fit bien voir, un jour.
Ce jour-là, je me trouvais dans un
café de la petite ville garnisonnée où
nous attendions, faute de mieux, l'heure
de la libération, assis devant un piano
brèche-dents et hurlant quelques chan-
sons de Montmartre, et d'ailleurs, au
milieu d'un auditoire compact de sol-
dats de mon grade — celui qui ne com-
porte aucun galon.
Soudain, je sentis, derrière mon dos,
dans le public rouge et bleu, le froid
subit que communique à tout subalterne
la présence inattendue d'un supérieur.
Je risquai un œil par-dessus mon épaule.
La porte de la salle, en effet, s'était ou-
verte et Moumoute venait d'effectuer
parmi nous une entrée sensationnelle.
Je cessai immédiatement de malaxer
l'ivoire et de donner de la voix. N'est-
ce pas? on ne sait jamais! Mais Mou-
moute, bon prince, commanda :
— Continuez, Marsolleau! Conti-
nuez !
., J'achevai donc la romance, peut-être
Un peu salée dont je charmais les oreil-
les martiales de mes camarades. Or,
comme je plaquais le dernier accord,
lune main se posa sur mon épaule et
Une voix péremptoire affirma:
- C'EST MON ÉLÈVE!!
Cette déclaration, Moumoute, son au-
.tre main sur la garde du sabre et le re-
gard flambant d'orgueil, la. faisait à son
;Oncle, un vieux civil, très saoûl, qu'il
avait amené avec lui, et qui dut croire,
'tout le restant de sa vie, que son neveu,
Pédagogue universel, (enseignait aux,
sommes, non seulement les immortels
Principes du tir à répétition, mais en-
core les notions essentielles de la mu-
squé et du chant!
Une autre fois, j'étais tranquillement
Embusqué dans la chambre des sergents,
en train d'écrire un conte pour la Meu-
nerie Française — voici vingt-deux ans
qu'à chaque premier janvier, je persiste
souhaiter, en vers, la bonne * année
aux lecteurs de ce magazine, car je suis
^9 collaborateur fidèle! — et ce conte
Teroulant son aventure sous le règne
c e Louis XV, le Bien-Aimé, j'y faisais,
comnie de juste, se rencontrer pêle-
JJtele un tas de notoriétés du siècle dix-
huitièrne
Moumoute, ex abrupto, pénétra dans
On asile. Zut! Pincé! Mais non: Mou-
inoute vint droit à la table sur laquelle
je pondais, sans trop s'étonner, au de-
meurant, que je fusse là au lieu d'être à
l'exercice. Plusieurs feuillets noircis
s'empilaient à ma gauche, dûment nu-
mérotés déjà. Moumoute prit le premier,
le lut, le remit en son lieu, saisit et
traita de même le second, puis le troi-
sième, puis le quatrième, puis, comme
le cinquième manquait — ma plume
inquiète courait dessus, à ce moment -
il s'écria :
—- C'est très rigolo, cette affaire-là!
très rigolo! Mais, dites-moi, où est-ce
que vous avez copié ça?
Je répondis avec respect:
— Mais, mon adjudant, nulle part!
C'est une petite histoire que j'invente.
Il leva les épaules comme quelqu'un
que cela dégoûte à la fin de toujours
se heurter à des êtres bornés qui ne
comprennent rien ! Et il accentua :
— Naturellement! Je vois bien que
vous ne copiez pas sur place! Mais je
vous demande dans quel bouquin vous
avez lu, avant de le transcrire, ce que
vous écrivez là !
Je hasardai:
— Mais dans aucun livre, mon adju-
dant. Je vous répète que c'est une petite
histoire que j'invente., que j'invente,
moi-même; c'est si vrai que je ne sais
pas encore comment je vais la terminer !
Les sourcils de Moumoute se haussè-
rent sur ses yeux qui s'arrondirent. Il
croisa violemment ses bras sur sa poi-
trine, et d'une voix changée, non plus
l'organe du bon garçon, mais le timbre
du chef qui n'admet pas qu'on « la lui
fasses, il me rétorqua:
— Dites donc, tout de même! il ne
faudrait pas me prendre pour un. Suf-
fit! Si je vous fichais quatre jours de
boîte, vous les auriez, n'est-ce pas?
Alors, n'essayez pas de me le mettre!
Richelieu! Lauzun! J'AI DÉJÀ VU ÇA
QUELQUE FART!
Louis MARSOLLEAU.
0
Nous publierons demain un article de
HENRY KISTEMAECKERS
Femmes entières
Beaucoup de personnes s'imaginent que
si nous 'avons fyrih parti 'contre W. BiFéhgèr,
dans la question du Nu à la scène, c'était en
raison de la sympathie naturelle que nous
avons à Comœdia pour les choses de théâ-
tre et non point en nous appuyant sur de
simples principes généraux. C'est là une
erreur qu'il conviendrait, je crois, de dissi-
per.
Nous pensons. très fermement que les
deux meilleures bases de la vie intelligente
sont l'hygiène physique et l'hygiène morale,
dont les règles n'ont point varié depuis l'ori-
gine du monde.
Au point de vue physique, vous pouvez
être assuré qu'une personne propre, soigneu-
se de son corps et de tout ce qui l'entoure,
ne pourra manquer d'apporter le même or-
dre et la même netteté dans tous les actes
de sa vie. A ce point de vue, du reste, notre
société moderne a fait d'immenses progrès,
et de la propreté de nos villes est résulté un
ordre moral que l'on ignorait forcément dans
les égoûts sordides et incurables où l'on
vivait autrefois.
Malheureusement, au point de vue de
l'hygiène artistique de notre esprit, il faut
bien constater que nous sommes loin d'avoir
suivi le même chemin. Au lieu de ne suppor-
ter autour de nous, comme le faisaient les
anciens, que des images véritablement ar-
tistiques éveillant chaque jour en notre es-
prit l'habitude de la Beauté, nous préférons
nous repaître de ce que la vie quotidienne
peut nous présenter de plus. hideux.
Il est facile, pour s'en convaincre, de sui-
vre pendant quelques jours nos excellents
journaux quotidiens. En tête de la première
page nous trouvons généralement la photo-
graphie du bocal qui contient les intestins
récemment exhumés de l'un de nos contem-
porains; l'article suivant nous révèle qu'un
cheveu ayant été trouvé dernièrement dans
une fosse d'aisance, les plus fins reporters
du journal sont chargés de reconstituer le
cadavre qui, immanquablement, devait com-
pléter ce cheveu et de retrouver, dans le plus
bref délai possible, la piste de l'assassin.
Je ne parle point des faits-divers. Ils en-
seignent aux apaches la meilleure façon de
tuer leurs contemporains, ils leur indiquent
en détail les imprudences qu'il ne faut point
commettre pour éveiller, — tout arrive —
la vigilance de la police, et lorsque ces mes-
sieurs se sont décidés à taire « un beau tra-
vail bien fait qui en vaut la peine », on se
fait un plaisir de donner leur portrait en
l'entourant des éloges de saison.
Quant aux informations des départe-
ments, elles nous présentent généralement
la campagne française sous les aspects les
plus charmantsÊLes sources les plus pures,
les fontaines iMplus ombragées contiennent
généralement le cadavre d'une vieille femme
abandonnée là depuis trois mois aux sang-
sues, tandis que sur nos routes ensoleillées
circulent des Romanichels chargés de voler
les enfants destinés à la nourriture quoti-
dienne de leurs ours familiers.
Est-il besoin d'ajouter que chaque ca-
serne ne contient plus que des soldats mu-
tinés, que chaque usine est en grève, que
nos ports et nos arsenaux sont livrés au
pillage ? Vous avouerez que dans de pareilles
conditions il est difficile, après trois cent
soixante-cinq jours par an de ce régime,
d'avoir dans l'esprit les images délicieuses
et charmantes que l'on pouvait cultiver dans
les jàrdins de la Villa Hadriana ou sur les
terrasses de Fiesole. Véritablement, est-ce
trop exiger que de demander que l'on nous
montre, une ou deux fois par an, un corps
féminin non encore dépecé et comportant
encore tous ses morceaux? Ce n'est, on
l'avouera, que la très modeste contré-partie
de la triperie infâme dont on nous régale
chaque jour,
G. DE PAWLOWSKI,
Échos
Ce soir, à l'Apollo, première représen-
tation de Une Nuit d'Amour? fantaisie mi-
mée de MM. Le Barbier et Guy Laurent,
musique de M. Paul Letombe.
L
les deux pièces.
t Après avoir vainement cherché un
moyen pour inciter l'employé principal d'un
grand théâtre à lire son manuscrit, un jeune
auteur prit une décision énergique.
Considérant que les principes anglo-
saxons deviennent d'un usage de plus en
plus fréquent chez nous, il mit en pratique
l'adage time is money et envoya à un admi-
nistrateur réputé subtil d'un théâtre très
coté — le théâtlf Réjane — M. Charles
Burguet, pour ne pas le nommer, un mandat
de vingt francs, en même temps qu'une œu-
vre en plusieurs actes.
Mais après avoir parcouru cette dernière,
notre administrateur, qui est un homme dé-
licieux, renvoya à l'intéressé la pièce. de
vingt francs, et il garda la pièce de comé-
die !
L
1 tz réflexions de Marius.
t Au Moulin-Rouge, dans La Revue,,
Max Dearly et Mistmguett nous donnent
une impressionnante image de la chorégra-
phie-apache, la valse, chaloupée par les
deux excellents artistes à la fin du premier
acte, est la reproduction exacte du pas fa-
vori des nervis marseillais.
Max Derly l'a réglée lui-même avec le ta-
lent que l'on sait, et l'exactitude en est telle
que Marius, assistant l'autre soir à La Re-
vue, n'a pu s'empêcher de s'écrier:
« Té ! ce Max Dearly, si tout le monde ne
savait pas qu'il est Anglais, on croirait, à le
voir danser, qu'il est de Marseille!!! »
p
olitesses internationales. 1
La scène se passe faubourg Mont-
martre, vers six heures du soir. D'une bou-
tique à louer sortent successivement des
gens à faces rasées et de jolies jeunes fem-
mes, dont le passant, averti des choses du
théâtre, prononce les noms: Séverin-Mars,
Goujet, Rémongin, Schultz; les femmes:
Jeanne Doé, Lavernière, d'autres encore.
Comœdia, qui veut tout savoir, harponne
au passage Séverin-Mars, qui semble le chef
de la bande, et l'interviewe tout vif:
- D'où sortez-vous ainsi, conspirateurs?
- D'une boutique inoccupée, où mes ca-
marades et moi venons de répéter le spec-
tacle que j'emmène à Londres la semaine
prochaine. ^>
- A Londres?
— Oui. M. Leichmann, l'imprésario an-
glais, a formé le projet, depuis plusieurs an-
nées, de me mettre en contact avec le pu-
blic londonien. Il a loué le « Royalty-Thea-
tre » pour un mois. Et j'y emporte L'Aven-
ture de Frédérick-Lemaître, de Serge Basset;
La Dernière Soirée de Brümmel, L'Honnête
Homme, d'autres pièces encore. M. Leich-
mann a confiance ; il prétend que je suis
l'Irving français.
— Peter Pan, au Vaudeville; Séverin-
Mars, au Royalty, voilà de l'entente cordiale
ou je n'y connais goutte !
T
ous les chemins mènent au prix de
Rome.
A la suite de notre récent écho sur l'attri-
bution du prix de Rome de poésie, nous
avons reçu d'un groupe de jeunes poètes la
longue lettre eue voici:
Monsieur le directeur,
Nous sommes stupéfaits et vivement émus de
votre écho relatif au prix de Rome de poésie :
« Les premiers seront les derniers. » Des consi-
dérations extérieures peuvent donc influer et
ont influé sur le vote du jury, qui ne relève
donc pas uniquement de sa conscience? Ceci
est important à savoir. Nous avions déià la stu-
péfiante déclaration, parue hier, de M. Jules
Bois, secrétaire, qui a déclare officiellement que
le prix avait été décerné principalement contre
les tendances de la poésie récente. Un vote im-
partial peut donc avoir lieu contre quelque cho-
se? Il y a donc des considérations en dehors du
mérite respectif des candidats? C'est modifier
complètement et gravement l'institution de ce
concours.
Hélas!. Aujourd'hui vous affirmez de source
certaine - circonstance aggravante - que les
membres votèrent contre leur conscience à cau-
se d'articles qui vantaient à l'avance les candi-
dats les plus désignés. Ceci est tellement incon-
cevable et est tellement la négation même du
concours, sa condamnation absolue, que nous
vous prions avec instance d'insérer cette lettre
dans l'intérêt de tous les jeunes poètes qui se
présenteront à ce concours dans l'avenir, et afin
d'obtenir du jury en question, pour son hon-
neur, une rectification qu'il importe qu'il donne
hautement. Il est préférable de penser qu'il s'est
trompé de bonne foi en attribuant la bourse à
un candidat inférieur, que de croire que, pour
une raison quelconque, il l'a fait sciemment.
Recevez, monsieur, l'assurance de nos meil-
leurs sentiments.
Un groupe de jeunes poètes.
P.-S. — Nous comptons sur votre impartiale
et coutumière obligeance pour insérer cette
lettre demain matin, en même place que l'écho
paru aujourd'hui. Si nos signatures ne" suivent
pas, c'est que nous ne voulons pas être, de ce
fait, boycotté dans l'avenir par ce redoutable
jury.
D
usausoy! Dusausoy! Voilà le nom de
, l'expert joaillier du 4, boulevard des
Italiens, qui acheté le plus cher bijoux, dia-
mants, perles. M. Dusausoy prie de bien se
renseigner sur la valeur avant de lui vendre.
LES PETITES COMEDIES
L'AUTEUR EST DANS LA SALLE
FI Au Théâtre Comique. C'est la dixième
représentation du Sopha de Sophie.
L'auteur se promène derrière la toile
de fond, cherchant des trous dans le
décor qui lui permettent de voir Sa
Majesté le public.
Au deuxième acte, qui colle très bien,
l'auteur, pour mieux goûter le nec-
tar des éclats de rire, quitte le pla-
teau sournoisement et se dirige vers
la salle. Dans la coulisse, il se
heurte à un pompier endormi.
L'AUTEUR, vexé, à part. — Voyez un peu
cette brute qui ronfle au lieu de s'amuser à
écouter ma pièce!. (Après réflexion.) BahJ
le pauvre homme s'est sûrement levé à cinq
heures du matin; il est mort de fatigue t
Il entre dans la salle par la porté de
fer, qu'il referme sans bruit pour ne
pas détourner l'attention des specta-
teurs, et va s'asseoir au dernier rang
des fauteuils d'orchestre. Un ménage
de bons bourgeois, près de lui, s'a-
muse follement.
LE MARI, à sa moitié. — A la bonne heure!
Ça, c'est une pièce rigolote! J'en suis %.aladel.
L'AUTEUR, à part, avec un bonheur sans mé-
lange. — Braves gens!. Dire que c'est moi
qui leur procure cette joie!. (Après réflexion.)
Et l'hommage me flatte d'autant plus qu'ils ne
me connaissent pas!.
Au bout d'un moment, en quête d'au-
tres louanges, l'auteur monte au bal-
H cm, et se place sur un strapontin,
---. f?Bs de âeUx 'niessierarsr en habit, qui
près de deux messieurs en habit.
PREMIER MONSIEUR, à son voisin, d'un ton
fatigué. — Je n'ai jamais rien vu de plus idiot!
L'AUTEUR, saisi, à -part. Hein ? J'ai mal
entendu ?
DEUXIÈME MONSIEUR, au premier. — Le type
qui a écrit ça est une bien sombre moule!
L'AUTEUR, la gorge serrée, s'éloignant. —
Sombre moule!. (Après réflexion.) Peuhl Ce
sont sûrement deux confrères qui m'ont re-
connu et qui disent tout ça pour m'embêteTt.
Mais, pour se remettre, l'auteur re-
tourne à l'orchestre auprès des deux
bons bourgeois.
ANDRÉ-MYCHO.
s
i on pouvait hésiter à désigner a l'a van-
ce le gagnant du Grand Prix, il était
facile de se convaincre que le véritable fa-
vori de nos mondaines, au pesage, étaiLSo-
lange, le parfum exquis de Gellé frères.
M
Albert Halphen, 5, rue de Provence,
a ouvert récemment, au 241 de la
rue Saint-Honoré, près la place Vendôme, ;
un nouveau magasin dans lequel sa nom-4
breuse clientèle trouvera, comme par ^Ie
passé, de superbes occasions en bijouterie,
orfèvrerie, meubles, bronzes et objets d'art.
L
;s troublantes ivresses de la route sont
décuplées par le plaisir qu'on éprou-
ve - à se sentir rapidement transporté dans
une confortable Richard Unie, à la marche
souple et silencieuse.
Le Masque de Verre.
Les Projets de M. Henry Ba tailleil
Une pièce en vers aux Français.
Une autre pièce en trois actes. A
La Commission défend "La Femme Nue".
M. Henry Bataille quitte Paris aujour-
d'hui. Il ne va pas, ansi qu'il a été annoncé,
prendre ses vacances à Fontainebleau, mais
il retourne à Forges-les-Eaux où il a déjà
été passer plusieurs étés.
Nous avons été rendre visite hier au jeune
et glorieux dramaturge de La Femme Nue,et
de Maman Colibri, et nous lui avons de-
mandé ses projets. Il nous a dit:
« Je viens de terminer une pièce en vers
qui, pour ne comporter qu'une petite heure
de spectacle, n'en a pas moins à mes yeux,
du moins, une certaine importance, — vous
saurez pourquoi, quand elle sera représen-
tée.
« M. Claretie a eu l'obligeance de me
la demander, je la lui ai promise, ainsi qu'à
M. Le Bargv. qui en sera l'interprète. Je
vais y mettre la dernière main et la re-
mettrai à M. Claretie dans peu de jours.
« Quant à ma prochaine pièce, La Pou-
pée, je vais l'écrire, en toute paix, dans ma
propriété de Forges-les-Eaux. C'est une
grande pièce en trois actes, qui comporte
les données les plus larges de sentiments
et de consciences que j'ai eu à traiter jus-
qu'ici. Mais, par exemple, je ne veux m'en-
gager par avance avec aucune direction!
Jusqu'ici j'ai toujours signé des traités con-
sidérables. mais ces traités- sonc de vérita-
bles étouffoirs, j'en ai fait cette année une
trop vive expérience avec La Femme Nue,
chez Porel, et Faust, chez Sarah-Bernhardt.
« Ce sont des maquis à contestations, à
procès, et on risque d'être joué dans les
plus invraisemblables conditions. Je ne veux
plus non plus remettre mon manuscrit à jour
fixe, ni même être obligé de le remettre.
Quand ma pièce, Poupée, sera terminée, je
m entendrai avec le théâtre qui pourra me
fournir la distribution la meilleure. Le théâ-
tre est avant tout une question d'interpré-
tation adéquate à notre œuvre. »
Et La Femme Nue, demandons-nous?
« Pour ce qui est de La Femme Nue, eh
bien, sachez seulement que la Commission
des auteurs, à l'unanimité des voix, a blâmé
énergiquement l'arrêt inadmissible de mes
représentations, et elle m'a adressé une
lettre dans laquelle elle me fait savoir que
si un procès se présentait, elle me sou-
tiendrait elle-même contre Guitry.
« On ne peut avoir une attitude plus
nette et plus significative, et il faut féli-
citer la commission de son attitude en cette
affaire.
« Mais je me contente du blâme et du
soutien de la commission, que je considère
comme la meilleure et la plus satisfaisante
sanction. — Elle me suffit.
« J'espère et suis certain qu'aucun pro-
cês n'aura lieu par la suite. Et pour l'ins-
tant, il n'y a rien d'autre que la grande
tournée de La Femme Nue qui va s'apprê-
ter, et partira vers la fin août sous la di-
rection Baret, pour la France et l'étranger,
avec en tête la merveilleuse interprète de
l'œuvre - Berthe Bady. »
; :ASMODEE.
0
Au Cirque
de la rue Benouville
Moîier présente au Tout=Paris sa troupe d'artistes mondains
Les splendeurs de cette deuxième soi-
rée dépassèrent encore celles de la pre-
mière, dont je vous ai parlé dans notre der-
nier numéro du 17. On s'écrasait l'ittéra-
lement dans le petit cirque de la rue Bé-
nouville, pittoresquement aménagé à l'ins-
tar d'un cirque forain, et c'était un curieux
spectacle de voir resplendir sur ces mo-
destes gradins de bois les plus jolies fem-
mes de Paris, en de fastueuses toilettes,
tous diamants dehors.
Le programme, fort artistiquement illus-
tré par Lunel, comportait, avec quelques
légères variations, les mêmes numéros qui
furent présentés dans la soirée du 16 juin.
Nous vîmes avec plaisir le docteur de Cié-
rambault et M. A. Gillette, s'empoigner en
jiu-jitsu ; nous applaudîmes M. Georges Hé-,
bert, un officier de notre marine, dans ses
exercices sur la « corde marine » ; the
Texas cow-boys, un divertissement éques
tre réglé par MOller, avec le concours ai tis-
tique de Mlle Renée de Veriane, sculpteur,.
,. SARDANAPALE»
pantomime
équestre
< -pu six tableaux
de
v 4A.£E.MolIer
de M.-AV Lemoine et de M. Philypon, nous,
furent présentés par MM. Pierre Lecomtes
du Nouy et Montana Johnny; MM. PaysséJ
champion des jeux olympiques, RobertsGer-J
mot, Vignon et Maurice Desprats nous*dé-|
montrèrent d'éclatante façon la ->supérioritél
du biceps mondain; MM. P. et G. de
Chamberet et J. Le Mire nous amusèrent
fort dans une scène équestre et burlesque;
La' vicomtesse Eva de Peterhof, scène co-
mique et hippique, jouée par Mlles Yola de
Nyss et Gaby de Torins. et MM. de Fré-
chencourt et Dimitri eut un gros succès
d'hilarité.
Me restera-t-il assez d'enthousiasme pour
célébrer le triomphe de cette exquise
Blanche AHarty, écuyère charmeuse et in-
trépide, qui nous montra tout d'abord un
jeune chameau, César, dont elle a fait elle-
même l'éducation; nous présenta ensuite en
haute école d'Artagnan, un superbe étalon,
dont elle vient de terminer le dressage et
nous émerveilla enfin -par la hardiesse des
exercices qu'elle exécuta sur trois coursiers
fougueux sans selle! Ovations frénétiques
enfin, applaudissements éclatants pour Mo-
lier, montant son pur-sang Mistral, qui exé-
cuta la craquette avec Mlle Baia de Bou-
zoul, et eut l'honneur d'un vis-à-vis avec
Mlle Alice Barton, qui est sans contredit
une des plus belles fleurs de notre capitale.
Et maintenant, quelques noms cueillis
sur les gradins, où s'épanouissaient en des
robes merveilleuses, les jolies spectatrices.
Mmes la comtesse de Dreuzy, comtesse de
Saint-Pierre, baronne Surcouf, baronne de Bé-
ville, comtesse de Gévaudan, Mme Lafaurie;
vicomtesse de Sàuvigny de Moncorps, baronne
de Grandmaison, Mme Carvalho, comtesse de
la Noë, Mme Guy de Franqueville, comtesse de
la Ruelle, baronne de Beauregard, baronne Fa-
verot de Kerbrech, comtesse de Chateaubriand,
comtesse de Fayolle, comtesse de la Forest--Di-
vonne. marquise de Beauvois, comtesse de
Thieulloy, baronne de Lormais, baronne de
Saucker, marquise de Clinchamp, Mme de Bas-
sompiére, marquise de Séguier, comtesse de
Nalèche, etc., etc.
Reconnu également dans un groupe très.
diamanté :
Mme Marcelle Dartoy, qui présidait le Jury
du concours de chapeaux, avec l'assistance de
Mmes Simone d'Arnaud et Brozia (de l'Opéra),
Jane Evel et Rachel Launay (de l'Opéra-Comi-
que), Maina et Lydie Doria, Odette Dulae rt
Anna Thibaud: Marthe Thermondes (du Palais-
Royal), gentille à croquer dans une déticîeïise
toilette rose; Jane Dariel, qui a des yeux à
(Ernesto Brod, phot.)
damner un saint; Golfler, Simone de Luze^Gabf
lMauritz,.i.en -une féerique toilette brodée argent
iAlice Berry, Alice deJRiclès, qui triompha sut
sune scène bruxelloise "ét nous fait esp&*er sa
prochaine apparition sur une scène parisienne
,etc., etc.
Un concours de chapeaux fut pour Mmes
Jane d'Alba l'occasion d'une victoire, son
chapeau ayant été déclaré à l'unanimité 1
plus élégant, et un concours de roses valut
à M. le comte dè Chateaubriand les hon
neurs d'un premier prix.
Et pour terminer cette inoubliable fête
une pantomine équestre à grand spectacle
et six tableaux, écrits par Molier. En voici
le programme, uniquement exécuté par des.
artistes mondains:
Mmes A. Soulié, le chef des Byzantins; VaP
cor, le chef des Arabes; Baïce de Bouzoul, Il
danseuse.
MM. F. Gautier, Surdanapale; comte P. dé
Chamberet, Babou; G. Keller, Clicha; L. da
Bar, cavalier byzantin; baron de Boissière, ca-
valier byzantin; M. Guyard, cavalier byzantin?
Montana-Johnny, cavalier byzantin; baron Thé-
ry, cavalier byzantin; Franca-Puaux, cavalier
arabe; comte de la Fayette, cavalier arabe ;
vicomte du Norcy, cavalier arabe; J. le Mire,
cavalier arabe ; N. le Mire, cavalier arabe.
.Et un groupe voluptueux de belles
filles, qui nous apparurent vêtues seule-
ment de bijoux, splendide apothéose de
chairs roses et blanches, alliciant tableai^
de nudité artistique!
G. DE VILLETTF,
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