Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-06-11
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 juin 1908 11 juin 1908
Description : 1908/06/11 (A2,N255). 1908/06/11 (A2,N255).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646639r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2e Année, -i fc° 255 (Quotidien)
Le u i § tàittiniéi
i
Jeudi 11 Juin 1903.
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION t
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : Q88-<~
Adresse Télégraphique : CO/40gDIA»PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN eeow
Paris et Départements 24 fr. 1*2 fr.
Étranger 40 D 20 »
RÉDACTION & -ADMINISTAATION -
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
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IF* AN e MOIS
- -
Paris et Départements 24 fr.. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 D
Manuel Roret
de l'Auteur Dramatique
en France et, du reste,
partout ailleurs
I
jeunes hommes, délaissés des dieux,
qui, vous sentant décidément impropres
à tout autre métier utile et honorable,
vous résignez à courir la carrière d'é-
crivain théâtral, comme à y utiliser
l'instruction reçue, des diplômes peut-
être, et ce goût atavique pour les spec-
tacles que les mères, les sœurs et les
amantes confondent, bénévoles, avec la
vraie vocation, je n'essaierai pas, et
pour cause, de vous détourner d'une ré-
solution qui, dès qu'elle est conçue,
devient toujours irrévocable.
Outre qu'il y va de l'entretien d'une
suprématie, ethnique et nationale, sur
laquelle le civisme est de s'aveugler, je
n'ignore pas combien la vie est devenue
âpre aux bacheliers, déshérités d'élite,
et quel dilemme elle leur pose entre le
labeur aux colonies et les divers jeux de
la littérature.
Madagascar ici, — l'Odéon là. Her-
cule lui-même hésiterait. Vous n'êtes
pas des fils d'Alcmène, et vous choisis-
sez l'Odéon, qui, en somme, est encore
en France.
Il ne m'appartient pas de vous en
blâmer. J'ai, comme vous, reculé devant
les Madagascars de mon temps. Allez
donc et soutenez au moins la supréma-
tie, œuvre d'ensemble. Berlin nous
guette.
Certes, la plus grande vilenie que
puissent commettre ceux-là qui ont vé-
cu, c'est de désenchanter de la vie les
croyants blonds qui s'y élancent, la tor-
che de Lucrèce au poing, et radieux
d'espérance. Dieu me préserve de telle
vieillarderie ! Mais il m'a semblé que
l'on médit trop aussi de l'expérience ac-
quise lorsque ces acquisitions sont con-
trôlées par le retour sempiternel des mê-
mes faits, renouvelés par les mêmes
causes, invariablement, et, sans doute,
ad œternum. De là, l'idée de ce manuel,
placé sous l'invocation de Roret, il est
aisé de deviner pourquoi, puisqu'il s' a-
git d'être pratique. S'il diffère un peu
des autres vade-mecum de la célèbre en-
cyclopédie populaire, ce ne sera que par
la forme où je m'efforcerai de repro-
duire la sage et souriante causerie des
vieux chefs sauvages, fumeurs de calu-
mets de paix, autour des brasiers an-
thropophagiques.
Lois générales
L'art dramatique a été certainement
un art.
Il l'a été en Grèce, sous Pendes;
En Angleterre, sous Elisabeth;
En France, sous Louis XIV, et, de-
puis la dernière en date de ces époques
théoriques, il a normalement, soin le
couvert machinal de ce qua^a ;alif d'art
dramatique, repris sa fonc;;on simies-
que et son pouvoir forain. C'est ainsi
que les tondeurs de chiens se réclament
de l'art capillaire.
L'erreur mortelle est d'eiiseigier qu il
y a un art dramatique. La folie, c'est
de le croire.
Jeune homme, frère, athlète, je t'en
conjure,, convaincs-toi bien, avant de te
jeter dans la mêlée, qu'il n'entre pas
pour une once d'art, rie n'importe quel
art, dans les exercices inortnographî-
ques et légers auxquels tu va.> demander
ton triste pain du jour. Et si tu en dou-
tes, au nom de ta mère, meurs — ou
fuis à Madagascar.
Il n'y a eu, te dis-je, que des artis-
tes — sept en quatre mille ans — dans
la singerie parlée aux muitipbj indus-
tries, les nommés Eschyle, Sophocle,
Euripide, Shakespeare, Corneille, Ra-
cine et Molière, des monstres. Lorsque
la Sorbonne te les garantit inimitables,
crois-en la Sorbonne sur parole et
prends-la au mot — ne les imite pas. De
loin, et malgré le recul, ils épouvantent
encore les gens du métier dont tu vas
être. Les Etats eux-mêmes en sont r6
duits à leur édifier des temples et à do-
ter leurs mânes pour s'en débarrasser.
Jeune athlète des dialogues, il n'y a
pas couramment d'art au théâtre, en-
duis-toi de cette assurance et qu'elle te
soit comme une huile de bronze.
Du reste écoute.
Histoire et légende
Le propre de l'art, dans tous les arts,
c'est d'être hors des fortuités contingen-
tes qu'il détermine insciemment.
Le trafic de ses produits est l'une de
ces fortuités. L'achalandage, ou succès,
en est une autre. Si des métiers s'en-
tent sur ces produits, s'y greffent,
y mettent leur ver ou feur chenille, il
ne le sait ou n'en a cure. L'arbre frui-
tier n'a pas d'armes de défense.
C'est ainsi que les sept monstres sus-
nommés, hommes étranges, nés sans
doute de ces commerces mythologiques
que chante Ovide, ont fait scandale au
théâtre, lieu de négoces, par des pièces,
ou espèces de pièces — car comment les
nommer? — à la fois semblables et
contraires à tout ce dont on fait argent,
depuis Thespis, sur des tréteaux- Ils
ont dérouté le monde, et sa stupeur
dure encore. J'ai dit qu'elle s'exprimait
par des monuments et des ~tatues.
Comme de leur vivant, puisqu'ils ont
vécu, ils ne demandaient ni à boire ni
à manger, ni même la croix d'honneur
de leur temps, et se déclaraient satis-
faits d'avoir réalisé. on ne sait
quoi. des rêves sans doute?. il fut
avéré; qu'ils étaient d'une autre espèce
que les fournisseurs ordinaires de la
denrée et, partant, phénoménaux et ex-
ceptionnels. On les qualifia donc de gé-
nies (démons) pour les mettre hors de
cause, et leurs produits, sous l'étiquette
de chefs-d'œuvre (veaux à deux têtes,
moutons à cinq pattes) furent mis sous
verre dans des muséums payants—ce
qui simplifie, d'ailleurs, la question de la
propriété littéraire. ,
Ont-ils fait du théâtre, ces démons?
Non, jeune homme, ils ont fait de l'art
dramatique, hélas!
La pierre de touche
Ne les imite pas, puisqu'il s'agit de
vivre, soit de manger, de boire, de te
reproduire et d'être décoré de celle de
ton temps. — Fais du théâtre.
Il se peut néanmoins, car l'impossible
seul arrive, que la cruelle nature t'ait
créé pour l'œuvre de veaux à deux tê-
tes et que tu sois celui qui doit ajouter
un monstre, le huitième, aux sept au-
tres? A quels signes reconnaître un pa-
reil destin? Il n'y en a qu'un — le
voici :
Un directeur de théâtre élève une tor-
tue sur son balcon.
Tu passes par hasard dans la rue.
La tortue tombe et te fend la tête.
Alors fais de l'art — si tu en réchap-
pes — car tu es Eschyle; mais je te
plains sous Fallières.
CALIBAN.
(A suivre i)
Nous publierons demain une chronique de
J.-H. ROSNY
Illusions dramatiques
J'ai toujours été frappé de l'injustice et
du manque de clairvoyance dont témoignent
les meilleurs littérateurs lorsqu'ils parlent
de « l'injustice et du manque de clair-
voyance » du public.
A les en croire, la foule, complètement
stupide, ne tait bon accueil qu'aux mau-
vaises, pièces et siffle irrémédiablement les
meilleures qui lui sont présentees.
On peut s'étonner, dans de pareilles con-
ditions, de voir les bonnes pièces se main-
tenir pendant des centaines et des miniers
d'années dans la faveur de la joule, et les
mauvatses disparaître immanquablement
dans le plus bref délai. Consultez les recet-
tes de nos grands théâtres .ef voyez un peu
ce que l'on peut faire de nos jours avec
Œdipe Roi ou Le Misanthrope; comparez
les résultats ainsi obtenus avec ceux des
nouvelles pièces dites à succès et vous com-
prendrez aisément Que le public n'est pas
aussi bête qu'on le prétend..
Le malheur c'est que les auteurs jugent
de la valeur d'une œuvre non point d'une
façon absolue, mais d'après la peine per-
sonnelle qu'ils ont prise à l'écrire. Jamais
un auteur dramatique n'admettra que le pu-
blic n'applaudisse pas un ouvrage qui lui coû-
ta dix ans d'un labeur acharné; il s'éton-
nera toujours, par contre, du rapide succès,
de l'enthousiasme même qui accueille sou-
vent une œuvre bâclée en quelques heures.
Il est facile de comprendre cependant qu'un
ouvfiage laborieusement écrit pendant plu-
sieurs années par son auteur ne comporte
point généralement d'idée claire, lucide ou
géniale qui s'impose à l'attention des fou-
les. Si l'auteur a mis tant de temps pour la
dégager lui-même, si elle ne forçait pas da-
vantage les ressources de son imagination,
c'est très évidemment, quel que soit le tra-
vail qu'il y ait mis par ailleurs, qu'elle ne
vaut pas grand'chose.
On peut penser, au contratre, qu'une idée
de génie en matière de théâtre s'impose
brusquement à l'esprit. Cela ne veut point
dire évidemment que sa préparation n'ait
pas demandé de longues années, mais cette
préparation fut celle de l'esprit, ce fut celle
qui créa laborieusement et merveilleuse-
ment l'instrument qui, une tois construit,
devait tout naturellement, et sans chercher,
trouver avec facilité la bonne idée qui s'im-
pose.
La soudaineté d'une œuvre de génie n'est
qu'une simple illusion d'optique; les au-
teurs feràient bien de le comprendre et de
s'inquiéter avant toute chose non point de
la lourde préparation de l'œuvre définitive,
mais de l'entraînement laborieux de l'esprit
qui la doit concevoir.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à neuf heures, à l'Opéra, repré-
sentation de gala de Rigoletto, au bénéfice
de la Caisse de retraites de la Société dee
Auteurs et Compositeurs dramatiques.
u
'ne création de Mounet-Sully. Voilà qui
1 devient plus rare chaque jour, tant
est profond et varie le trésor dramatique ou,
pour nous enchanter, puise l'illustre tragé-
dien. Aussi l'annonce d'une telle nouvelle
fera-t-elle frémir d'aise tous les admirateurs
du maître. Mounet créera, en effet, le prin-
cipal rôle de la nouvelle tragédie de M. G.
Rivollet, qui aura lieu aux premiers jours
d'août, sur la scène antique d'Orange. Cette
œuvre s'intitule Œdipe à Colone, et c'est
une adaptation très bien faite du célèbre
chef-d'œuvre de Sophocle.
Quelles belles heures se préparent pour
les fervents de la tragédie. Œdipe Roi avait
sacré Mounet acteur incomparable. Espé-
rons et souhaitons que nous aurons bientôt
le « pendant » d'OEdipe Roi.
R
eprésailles.
Des difficultés sont prochaines avec
nos amis et allies.
Rassurez-vous, n ne s'agit point de dif-
ficultés diplomatiques consécutives à l'en-
trevue de Revel. Il s'agit simplement de la
question toujours angoissante des droits
d'auteur.
L'héritier de Moussorgsky, qui comptait
toucher une vingtaine de mille francs pour
les droits de Boris Godounow, va se-trouver
complètement déçu.
La commission des auteurs vient, en effet,
de décider — c'est M. Milliet qui l'annonce
— de ne plus laisser payer de droits aux na-
tions qui ne nous en reconnaissent pas.
La Russie n'ayant pas adhéré à la con-
vention de Berne, les droits à percevoir sur
l'admirable opéra russe seront confisqués et
versés à la caisse de secours et de retraite
de la Société.
Sévère, mais de bonne guerre !
Mme MELBA
De Melbourne à Londres, et de Milan à Saint-
Pétersbourg, en passant par toutes les capitales,
Melba est, depuis des ans, reine de l'opéra. A
Covent-Garden, elle est même impératrice, ses
désirs ayant force de lois comme ceux d'une ab-
solue souveraine.
Mais si l'Angleterre est sa patrie d'élection,
elle n'en garde pas moins au cœur une vive ten-
dresse pour la France, où elle connut de bonne
heure les joies du triomphe, et qui lui fournit
ses meilleurs rôles.
Ldrsqu'elle débuta à Bruxelles, la diva était si,
peu familiarisée avec notre langue qu'on se de-
mandait si elle pourrait chanter Lakmé. « Elle
chantera en chinois, si elle veut, s'écria De-
libes, mais elle chantera mon opéra ».
Aujourd'hui, elle parle couramment le fran-
Mme Melba - 1
çais, et le meilleur. Comme je m'étonnais l'au-
tre soir qu'elle ne fût pas revenue à l'Opéra de-
puis sept ou huit ans, elle me répondit: « Ah!
vous savez, la galette! pour ça, il n'y a que
l'Amérique et l'Angleterre! »
Aux pays des milliards, qu'elle a surtout fré-
Quentés, elle n'a pas délaissé notre répertoire;
et si, pendant un temps, nos œuvres furent
chantées en français à Covent-Garden, c'est à
elle et à Jean de Reszké qu'on le doit.
Elle a aussi une grande admiration pour la
musique italienne, particulièrement pour La
Bohème, de Puccini, qu'elle a lancée à Londres,
admiration que certains trouvent exagérée.
Ce soir, elle va reparaître dans Rigoletto, qui
lui servit de débuts, il y a. un certain temps,
à Bruxelles, et qui, du jour au lendemain, la
rendit célèbre.
Elle aura pour digne partenaire signor Ca-
ruso, qu'elle considère comme un excellent ca-
marade, quoique un peu trop enclin aux plai-
santeries. « Il aime trop les farces, dit-elle; il
ne cherche qu'à me faire rire, surtout dans les
passages les plus tragiques, par exemple, à la
mort de Mimi, dans La Bohème. »
Caruso a promis d'être bien sage ce soir.
D MP A T V
(
;cupons-nous d'Amélie.
C'est ce soir que le nouveau triom-
phe de M. Georges Feydeau, Occupe-toi
dl Amélie! atteindra, aux Nouveautés, sa
centième représentation.
Une petite fête intime se prépare à cette
occasion, et elle promet d'être joyeuse. Une
suite ininterrompue de recettes, telles qu'on
n'avait plus connues de pareilles boulevard
des Italiens, depuis La Dame de chez
Maxim's, ayant maintenu depuis le début le
personnel complet du théâtre — du direc-
teur aux employés — en belle humeur. Car
les recettes d'Occupe-toi d'Amélie ! pour les
cent premières représentations, ont dépassé
celles des plus gros succès des Nouveautés,
celles même de Champignol ou de L'Hôtel
du Libre-Echange.
Puisque nous nous occupons d'Amélie,
annonçons avec joie qu'on a les meilleures
nouvelles de la santé de Mlle Cassive, pour
qui l'on avait craint des troubles cardiaques
très graves.
Les médecins sont maintenant pleinement
rassurés. Les amis et les admirateurs de
Mlle Cassive — c'est-à-dire tout le public
- l'apprendront avec plaisir.
0
h! Midi!
L'Association toulousaine de Paris,
convoquant ses membres a un banquet, énu-
mère les notabilités qui s'y trouveront: il
y aura les ministres Cruppi et Ruau, les sé-
nateurs Leygue et Ournac, de nombreux té-
nors; il y aura aussi le soleil, qui (on l'es-
père) fera son apparition un peu tard, vers
quatre heures du matin.
- Et savez-vous comment l'invitation ap-
pelle le soleil? « Notre éminent compatriote
et ami ».
Ah! Toulouse! Toulouse!
c
L onvalescent. --
Ravet est sauvé. Quoi qu'on en ait
dit jusqu'à ces derniers temps, son entou-
rage a été fort inquiet, et pendant quatorze
jours les médecins eux-mêmes n'étaient pas
rassurés. Les soins éclairés du docteur
Claude et de deux autres docteurs, le dé-
vouement affectueux des siens et une ro-
buste constitution ont eu raison de cette
rude fièvre tvohoïde causée par le surme-
nage. L'administrateur général de la Comé-
die-Française a d'ailleurs fait prendre très
fréquemment des nouvelles du malade, et
ses camarades sont venus à plusieurs re-
prises, notamment M. de Féraudy.
Aujourd'hui, à petits pas et appuyé sur
une canne, Ravet peut commencer à se le-
ver. Il paraîtra ainsi jouer pour tout de bon
- momentanément — le rôle qu'il inter-
prétait du vieil esclave, dans Œdipe Roi.
Après un court séjour aux environs, de
Fontainebleau, on espère pouvoir emmener
Ravet au bord de la mer. Puis il prendra
son congé. Et vers septembre, si tout va
bien comme on le souhaite, l'excellent ar-
tiste sera en état de recommencer à travail-
ler, rue de Richelieu, et de reprendre avec
ses illustres camarades les répétitions du
Foyer.
L
es matches sont très en vogue. Il vient
d'en être gagné un par Dusausoy, ex-
pert, 4, boulevard des Italiens, qui a acheté
le plus cher de tout Paris un lot de bijoux
très important. Grand choix d'occasions.
L
e dernier privilège.
Avenue de Versailles, tout là-bas,
vers le Point du Jour. Une maison de plai-
sance un peu isolée, cachant un jardin plan-
té de grands arbres et qui domine la Seine.
Les tramways de Versailles et de Saint-
Cloud s'y arrêtent à chaque voyage, sans
que jamais y monte ou descende personne.
Si d'occasion un voyageur a la curiosité
de demander au conducteur pour quelle rai-
son son tramway stoppe en cet endroit dé-
sert, alors qu'il passe sans s'arrêter devant
un important groupe de maisons situé quel-
que cinq cents mètres plus loin, le conduc-
teur prend un air mystérieux et lui chuchote
en confidence:
— C'est parce qu'ici habite une ancien-
ne à l'Empereur!
Il n'ea sait pas plus: c'est une ancienne.
Cette ancienne c'est Hortense Schneider
qui, dans le calme et la tranquillité, se re-
pose d'une existence triomphale en son-
geant en paix aux beaux jours d'antan, et
qui a obtenu ce privilège de faire arrêter
le tramway devant sa porte.
A
utÕur d'un monument.
L M. Harduin est un homme à princi-
pes.
Il y a quelques semaines, dans une de
ces notes quotidiennes où il assaisonne de
gros sel l'actualité politique et financière,
il avait pris à partie la mémoire de Becque
et doctoralement ironie sur l'auteur ..de, La
Parisienne.
Cet article dé M. fîàrduin fut fres re-
marqué et fit longuement rire — longue-
ment rire de M. Harduin.
Celui-ci, fier de son succès, reprenait
hier la même chanson dont le second cou-
plet ne le cède certes en rien au premier.
Il faut citer brièvement ces propos d'une
causticité attique:
Sortant des entrailles de la terre, où circule
le Métro, j'ai aperçu, avenue de Villiers, le
monument d'Henry Becque, récemment inau-
guré. Il se compose d'un buste fort haut perché
sur un socle.
L'architecte Nénot, auteur de ce socle, n'a.
pas eu la vision du symbole qui s'imposait.
S'Ii l'avait eue, le buste aurait été posé par
lui au sommet d'un tuyau de poêle. Le pas-
sant, qui ignorera toujours ce que fut Henry
Becque, aurait ainsi compris que le monument
a pour but de perpétuer le souvenir d'une fu-
misterie.
Suivent des considérations sévères sur
Henry Becque, exposées péremptoirement
sur le même ton badin dont l'enjouement
n'exclut cependant pas une assez lourde
autorité.
Voilà donc qui est avéré et l'on voudrait
en vain douter. M. Harduin méprise puis-
samment Henry Becque.
C'est dommage. pour M. Harduin.
L
e bonheur, dans la vie, consiste à sa-
voir se rendre heureux, et le charme
d'un intérieur y contribue puissamment.
Les installations faites par la Maison des
Bambous (Perret-Vibert) sont le dernier cri
du confortable artistique et de bon ton.
Rien de plus joli que les meubles et siè-
ges aux lianes souples et aux gaies cou-
leurs — à ceux en bambou naturel aux
ornements originaux et aux riches orne-
ments — aux tentures, brodées de fleurs et
d'oiseaux par les superbes artistes japonais.
Vous trouverez, charmantes lectrices,
toutes ces merveilles, 33, rue du Quatre-
Septembre, à des prix très pratiques.
P
armi les nombreuses marques de voi-
tures automobiles qui sollicitent l'at-
tention des chauffeurs, il en est une qui
s'impose particulièrement à leur choix.
C'est la Richard Unie, dont les qualités de
robustesse et de rapidité sont reconnues et
appréciées de tous.
1 1 .NOUVELLE A LA MAIN
p
ropos de coulisses.
— Mon cher, je suis au comble. de
la joie: j'ai été présenté lundi à Malvina et
je n'ai pas déplu.
— Lundi, c'était la Saint-Médard. Alors,
mon vieux, si tu as plu ce jour-là, en voilà
pour quarante autres jours!
Le Masque de Verre.
SON SUCCESSEUR!
La succession de M. Gaston Boissier est
ouverte. L'illustre académicien meurt à
quatre-vingt cinq ans, après une vie litté-
raire honorable et paisible. Il est encore un
peu tôt pour choisir l'immortel qui succédera
atf secrétaire perpétuel de l'Académie Fran-
çaise — perpétuel, immortel!. à propos
d'un homme .qui meurt, les mots ont aussi
leurs ironies!.
Le successeur de M. Gaston Boissier est
indiqué, on le connaît. Il était l'ami intime
du défunt et fut son voisin de campagne en
ce joli village de Viroflay, où l'historiogra-
phe de Cicéron vient de s'éteindre. -
Nous demandons que M. Jules Claretie
soit nommé à sa place. L'Académie n'y per-
dra pas et la Comédie-Française v gagnera.
q Un Prince de la Critique
Nous avons adressé la lettre suivante à
toutes les personnes qui touchent ou s'inté-
ressent au théâtre: auteurs, directeurs, ac-
teurs, actrices, abonnés des scènes subven-
tionnées, etc. :
M
Notre république égalitaire aime, de temps
en temps, à se choisir et à nommer des princes.
C'est pour elle une distraction sans risque et
de tout repos. On se rappelle le succès qui ac-
cueillit la nomination par plébiscite d'un prince
des poètes, d'un prince des prosateurs, d'un
prince des chansonniers. Ce vote flatteur n'é-
tait peut-être pas indispensable à la gloire de
M. Léon Dierx, de M. Anatole France ou de
M. Xavier Privas, mais convenons cependant
qu'il ne leur fut point nuisible.
En notre temps, où le rôle de la critique est
devenu prépondérant, ncus avons donc décidé
de réunir les opinions les plus autorisées — la
vôtre est du nombre — et de vous demander
de nous dire — oubliant un instant vos amitiés
ou vos rancunes — auquel d'entre nos critiques
vous voudriez voir donner le sceptre et la cou-
ronne.
Faites-nolls la grâce de souligner sur cette
liste le nom qui aura votre préférence, et, pour
assurer la liberté du vote, de nous la retourner
sans signature:
ADOLPHE ADERER FRANÇOIS DE NION
EMMANUEL ARÈNE NOZIÈRE
LOUIS ARTUS PAUL REBOUX
ADOLPHE BRISSON JEAN RICHEPIN
FÉLIX DUQUESNEL JULES RENARD
EMILE FAGUET C. DE SAINTE-CROIX
ROBERT DE FLERS LOUIS SCHNEIDER
GUY LAUNAY EDMOND STOULLIG
CAMILLE LE SENNE PAUL SOUDAY
CHARLES MARTEL PIERRE VEBER
CATULLE MENDÈS
Nous avons commencé à dépouiller le
volumineux courrier qui nous est parvenu.
Voici les premiers résultats du vote:
Adolphe Aderer » "2
Emmanuel Arène. 81
Louis Artus. 8
Adolphe Brisson. 147
Félix Duquesne!. 59
Emile Faguet. 163
Robert de Fiers. 61
Guy Laun~y. 26
Camille Le Senne. 72
Charles Martel 17
Catulle Mendès. 209
François de Nion. 40
Nozière 211
Paul Reboux. 56
Jean Riéhépin. 139
Jules Renard. 63
C. de Sainte-Croix. 16
Louis Schneider. 29
Edmond Stoullig. 4
Paul Souday. 18
Pierre Veber. 26
Nous publierons tous les jours, jusqu'i
samedi prochain irrévocablement fies der-
nières réponses devant nous parvenir sa-
medi avant midi), les résultats de ce con-
cours qui passionne le monde du théâtre.
COMŒDIA*
Les ennuis d'un "prix de beauté'4';
Wiss Ivy^Cloje XTîie Tati r)
Miss Ivy Close, qui vient de remporter le pre-
mier prix de beauté du récent concours interna-
tional organisé par Le Dail- Mirror, a fait ses
confidences à notre excellent confrère The
Tattler.
Il paraît que tout n'est pas rose dans la profes-
sion de beauté, et que la vie n'est plus tenable
dès que les résultats du concours sont proclamés :
Photographes, intervieweurs, marieurs, les piles
de lettres s'entassent, venues de tous les points
du monde, avec une monotonie ou une stupidité
dont il est difficile de se faire la moindre idée.
lot Quelques lettres, cependant, se détachent du
lot: il y a l'officier de marine qui se déclare ravi
de la victoire remDortée par l'Angleterre en la
personne de Miss Ivy Close sur les jeunes filles
américaines. Toutefois, l'officier de marine fait
quelques critiques purement scientifiques: il se
déclare juge infaillible en matière de beauté, et
il tient à faire connaître son opinion: Miss Ivy
Close a le nez troj* long de la vingtième partie
d'un ich.
C'est regrettable,- évidemment, pour le triom-
phe de 1 Angleterre, mais c'est comme cela.
D ,innombrables lettres sont dictées par le dé-
sir de connaître la bonne recette pour devenir
belle. Que faut-il se mettre sur la figure? est-il
réellement vrai que le charbon est ce qu'il y a
de meilleur pour se nettoyer les dents? si vous
avec des cheveux blonds et des yeux bruns, peut-
on mettre un ruban rouge sur une robe bleue?!
avez-vous foi dans le lait bouilli que l'on prend'
vers la fin de la nuit? etc.
Les demandes de mariage sont innombrables :
elles ne manquent point souvent d'originalité.
Un gentleman, indiscutablement pressé' écrit :
« Je suis absolument débordé de travail cette se-
maine, mais je njen suis jpas moins des plus dési-
reux de vous épouser. Je compte avoir un après-
midi de libre mercredi prochain, si vous n'ayez,
rien de mieux à faire, vous conviendrait-il que
nous nous marions ce jour-là? »
Il y a aussi des grincheux qui ne cachent point
leur opinion. « Chère Mademoiselle Close, écrit
un gentleman habitant dans le Yorkshire, vous
m'excuserez de vous parler ainsi, j'en suis sûr,
mais je ne puis parvenir à aimer le plus petit
morceau de votre figure, enfin, vous me faites
horreur ».
Si nous en jugeons par la photographie que
nous reproduisons de Mlle Close, cette opiniez
ne sera pas universellement partagée.
Je sais bien ce que disait une mè"e à sa fille
pour la décider à se marier: La beauté pans--;
mais nous nous permettrons d'objecter, comre
la jeune fille en question, que la laideur reste,
et cela ne manque pôint d'agrément d'avoir été
pendant quelques années la olus jolie femme de
son pays et peut-être même du monde entier.
ANNE DE BUR1DAN.
CHEZ LES AUTEURS
Les Sociétaires souverains == Tous commissaires
MM. Robert de Flers et Maurice Henne-
quin, au nom de la Commission des auteurs,
ont adressé, hier, à tous les membres socié-
taires de la Société des auteurs et compo-
siteurs dramatiques la lettre suivante:
Mon chér confrère,
La Commission des Auteurs et Compositeurs
dramatiques, profondément reconnaissante aux
membres de la Société qui ont fait prévaloir
l'ordre du jour de confiance dans la dernière
assemblée générale, — profondément dévouée
aux intérêts de tous les sociétaires.
Considérant que la communauté de vues et
l'unanimité des sentiments seraient d'importance
capitale pour notre Société, et que tous les bons
vouloirs doivent s'efforcer vers ce but.
Vous demande de bien vouloir voter dans
vos statuts les additions suivantes, qui servi-
ront à la force morale de ses décisions, pour la
bien général :
Addition à l'article J5
Néanmoins, avant d'adopter définItivement
soit une réforme de grande administration, soit
une modification qui introduirait une clause non
encore insérée ou abolirait une clause usuelle
dans les dispositions générales des traités exis-
tants de la Société avec les directeurs, la com-
mission devra procéder à la consultation pré-
vue à l'article 22 bis ci-après.
Article 22 bis
Tous les quatre ans, il sera procédé, par vole
de tirage au sort, à la répartition des ^ociéf';",*es
en quatre groupes intitulés: groupe d - ides
pour Paris, groupe d'études pour la province,
groupe d'études pour l'étranger, groupe d'études
administratives.
Le u i § tàittiniéi
i
Jeudi 11 Juin 1903.
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION t
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : Q88-<~
Adresse Télégraphique : CO/40gDIA»PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN eeow
Paris et Départements 24 fr. 1*2 fr.
Étranger 40 D 20 »
RÉDACTION & -ADMINISTAATION -
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE: 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA=PARIS
ABONNEMENTS :
IF* AN e MOIS
- -
Paris et Départements 24 fr.. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 D
Manuel Roret
de l'Auteur Dramatique
en France et, du reste,
partout ailleurs
I
jeunes hommes, délaissés des dieux,
qui, vous sentant décidément impropres
à tout autre métier utile et honorable,
vous résignez à courir la carrière d'é-
crivain théâtral, comme à y utiliser
l'instruction reçue, des diplômes peut-
être, et ce goût atavique pour les spec-
tacles que les mères, les sœurs et les
amantes confondent, bénévoles, avec la
vraie vocation, je n'essaierai pas, et
pour cause, de vous détourner d'une ré-
solution qui, dès qu'elle est conçue,
devient toujours irrévocable.
Outre qu'il y va de l'entretien d'une
suprématie, ethnique et nationale, sur
laquelle le civisme est de s'aveugler, je
n'ignore pas combien la vie est devenue
âpre aux bacheliers, déshérités d'élite,
et quel dilemme elle leur pose entre le
labeur aux colonies et les divers jeux de
la littérature.
Madagascar ici, — l'Odéon là. Her-
cule lui-même hésiterait. Vous n'êtes
pas des fils d'Alcmène, et vous choisis-
sez l'Odéon, qui, en somme, est encore
en France.
Il ne m'appartient pas de vous en
blâmer. J'ai, comme vous, reculé devant
les Madagascars de mon temps. Allez
donc et soutenez au moins la supréma-
tie, œuvre d'ensemble. Berlin nous
guette.
Certes, la plus grande vilenie que
puissent commettre ceux-là qui ont vé-
cu, c'est de désenchanter de la vie les
croyants blonds qui s'y élancent, la tor-
che de Lucrèce au poing, et radieux
d'espérance. Dieu me préserve de telle
vieillarderie ! Mais il m'a semblé que
l'on médit trop aussi de l'expérience ac-
quise lorsque ces acquisitions sont con-
trôlées par le retour sempiternel des mê-
mes faits, renouvelés par les mêmes
causes, invariablement, et, sans doute,
ad œternum. De là, l'idée de ce manuel,
placé sous l'invocation de Roret, il est
aisé de deviner pourquoi, puisqu'il s' a-
git d'être pratique. S'il diffère un peu
des autres vade-mecum de la célèbre en-
cyclopédie populaire, ce ne sera que par
la forme où je m'efforcerai de repro-
duire la sage et souriante causerie des
vieux chefs sauvages, fumeurs de calu-
mets de paix, autour des brasiers an-
thropophagiques.
Lois générales
L'art dramatique a été certainement
un art.
Il l'a été en Grèce, sous Pendes;
En Angleterre, sous Elisabeth;
En France, sous Louis XIV, et, de-
puis la dernière en date de ces époques
théoriques, il a normalement, soin le
couvert machinal de ce qua^a ;alif d'art
dramatique, repris sa fonc;;on simies-
que et son pouvoir forain. C'est ainsi
que les tondeurs de chiens se réclament
de l'art capillaire.
L'erreur mortelle est d'eiiseigier qu il
y a un art dramatique. La folie, c'est
de le croire.
Jeune homme, frère, athlète, je t'en
conjure,, convaincs-toi bien, avant de te
jeter dans la mêlée, qu'il n'entre pas
pour une once d'art, rie n'importe quel
art, dans les exercices inortnographî-
ques et légers auxquels tu va.> demander
ton triste pain du jour. Et si tu en dou-
tes, au nom de ta mère, meurs — ou
fuis à Madagascar.
Il n'y a eu, te dis-je, que des artis-
tes — sept en quatre mille ans — dans
la singerie parlée aux muitipbj indus-
tries, les nommés Eschyle, Sophocle,
Euripide, Shakespeare, Corneille, Ra-
cine et Molière, des monstres. Lorsque
la Sorbonne te les garantit inimitables,
crois-en la Sorbonne sur parole et
prends-la au mot — ne les imite pas. De
loin, et malgré le recul, ils épouvantent
encore les gens du métier dont tu vas
être. Les Etats eux-mêmes en sont r6
duits à leur édifier des temples et à do-
ter leurs mânes pour s'en débarrasser.
Jeune athlète des dialogues, il n'y a
pas couramment d'art au théâtre, en-
duis-toi de cette assurance et qu'elle te
soit comme une huile de bronze.
Du reste écoute.
Histoire et légende
Le propre de l'art, dans tous les arts,
c'est d'être hors des fortuités contingen-
tes qu'il détermine insciemment.
Le trafic de ses produits est l'une de
ces fortuités. L'achalandage, ou succès,
en est une autre. Si des métiers s'en-
tent sur ces produits, s'y greffent,
y mettent leur ver ou feur chenille, il
ne le sait ou n'en a cure. L'arbre frui-
tier n'a pas d'armes de défense.
C'est ainsi que les sept monstres sus-
nommés, hommes étranges, nés sans
doute de ces commerces mythologiques
que chante Ovide, ont fait scandale au
théâtre, lieu de négoces, par des pièces,
ou espèces de pièces — car comment les
nommer? — à la fois semblables et
contraires à tout ce dont on fait argent,
depuis Thespis, sur des tréteaux- Ils
ont dérouté le monde, et sa stupeur
dure encore. J'ai dit qu'elle s'exprimait
par des monuments et des ~tatues.
Comme de leur vivant, puisqu'ils ont
vécu, ils ne demandaient ni à boire ni
à manger, ni même la croix d'honneur
de leur temps, et se déclaraient satis-
faits d'avoir réalisé. on ne sait
quoi. des rêves sans doute?. il fut
avéré; qu'ils étaient d'une autre espèce
que les fournisseurs ordinaires de la
denrée et, partant, phénoménaux et ex-
ceptionnels. On les qualifia donc de gé-
nies (démons) pour les mettre hors de
cause, et leurs produits, sous l'étiquette
de chefs-d'œuvre (veaux à deux têtes,
moutons à cinq pattes) furent mis sous
verre dans des muséums payants—ce
qui simplifie, d'ailleurs, la question de la
propriété littéraire. ,
Ont-ils fait du théâtre, ces démons?
Non, jeune homme, ils ont fait de l'art
dramatique, hélas!
La pierre de touche
Ne les imite pas, puisqu'il s'agit de
vivre, soit de manger, de boire, de te
reproduire et d'être décoré de celle de
ton temps. — Fais du théâtre.
Il se peut néanmoins, car l'impossible
seul arrive, que la cruelle nature t'ait
créé pour l'œuvre de veaux à deux tê-
tes et que tu sois celui qui doit ajouter
un monstre, le huitième, aux sept au-
tres? A quels signes reconnaître un pa-
reil destin? Il n'y en a qu'un — le
voici :
Un directeur de théâtre élève une tor-
tue sur son balcon.
Tu passes par hasard dans la rue.
La tortue tombe et te fend la tête.
Alors fais de l'art — si tu en réchap-
pes — car tu es Eschyle; mais je te
plains sous Fallières.
CALIBAN.
(A suivre i)
Nous publierons demain une chronique de
J.-H. ROSNY
Illusions dramatiques
J'ai toujours été frappé de l'injustice et
du manque de clairvoyance dont témoignent
les meilleurs littérateurs lorsqu'ils parlent
de « l'injustice et du manque de clair-
voyance » du public.
A les en croire, la foule, complètement
stupide, ne tait bon accueil qu'aux mau-
vaises, pièces et siffle irrémédiablement les
meilleures qui lui sont présentees.
On peut s'étonner, dans de pareilles con-
ditions, de voir les bonnes pièces se main-
tenir pendant des centaines et des miniers
d'années dans la faveur de la joule, et les
mauvatses disparaître immanquablement
dans le plus bref délai. Consultez les recet-
tes de nos grands théâtres .ef voyez un peu
ce que l'on peut faire de nos jours avec
Œdipe Roi ou Le Misanthrope; comparez
les résultats ainsi obtenus avec ceux des
nouvelles pièces dites à succès et vous com-
prendrez aisément Que le public n'est pas
aussi bête qu'on le prétend..
Le malheur c'est que les auteurs jugent
de la valeur d'une œuvre non point d'une
façon absolue, mais d'après la peine per-
sonnelle qu'ils ont prise à l'écrire. Jamais
un auteur dramatique n'admettra que le pu-
blic n'applaudisse pas un ouvrage qui lui coû-
ta dix ans d'un labeur acharné; il s'éton-
nera toujours, par contre, du rapide succès,
de l'enthousiasme même qui accueille sou-
vent une œuvre bâclée en quelques heures.
Il est facile de comprendre cependant qu'un
ouvfiage laborieusement écrit pendant plu-
sieurs années par son auteur ne comporte
point généralement d'idée claire, lucide ou
géniale qui s'impose à l'attention des fou-
les. Si l'auteur a mis tant de temps pour la
dégager lui-même, si elle ne forçait pas da-
vantage les ressources de son imagination,
c'est très évidemment, quel que soit le tra-
vail qu'il y ait mis par ailleurs, qu'elle ne
vaut pas grand'chose.
On peut penser, au contratre, qu'une idée
de génie en matière de théâtre s'impose
brusquement à l'esprit. Cela ne veut point
dire évidemment que sa préparation n'ait
pas demandé de longues années, mais cette
préparation fut celle de l'esprit, ce fut celle
qui créa laborieusement et merveilleuse-
ment l'instrument qui, une tois construit,
devait tout naturellement, et sans chercher,
trouver avec facilité la bonne idée qui s'im-
pose.
La soudaineté d'une œuvre de génie n'est
qu'une simple illusion d'optique; les au-
teurs feràient bien de le comprendre et de
s'inquiéter avant toute chose non point de
la lourde préparation de l'œuvre définitive,
mais de l'entraînement laborieux de l'esprit
qui la doit concevoir.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à neuf heures, à l'Opéra, repré-
sentation de gala de Rigoletto, au bénéfice
de la Caisse de retraites de la Société dee
Auteurs et Compositeurs dramatiques.
u
'ne création de Mounet-Sully. Voilà qui
1 devient plus rare chaque jour, tant
est profond et varie le trésor dramatique ou,
pour nous enchanter, puise l'illustre tragé-
dien. Aussi l'annonce d'une telle nouvelle
fera-t-elle frémir d'aise tous les admirateurs
du maître. Mounet créera, en effet, le prin-
cipal rôle de la nouvelle tragédie de M. G.
Rivollet, qui aura lieu aux premiers jours
d'août, sur la scène antique d'Orange. Cette
œuvre s'intitule Œdipe à Colone, et c'est
une adaptation très bien faite du célèbre
chef-d'œuvre de Sophocle.
Quelles belles heures se préparent pour
les fervents de la tragédie. Œdipe Roi avait
sacré Mounet acteur incomparable. Espé-
rons et souhaitons que nous aurons bientôt
le « pendant » d'OEdipe Roi.
R
eprésailles.
Des difficultés sont prochaines avec
nos amis et allies.
Rassurez-vous, n ne s'agit point de dif-
ficultés diplomatiques consécutives à l'en-
trevue de Revel. Il s'agit simplement de la
question toujours angoissante des droits
d'auteur.
L'héritier de Moussorgsky, qui comptait
toucher une vingtaine de mille francs pour
les droits de Boris Godounow, va se-trouver
complètement déçu.
La commission des auteurs vient, en effet,
de décider — c'est M. Milliet qui l'annonce
— de ne plus laisser payer de droits aux na-
tions qui ne nous en reconnaissent pas.
La Russie n'ayant pas adhéré à la con-
vention de Berne, les droits à percevoir sur
l'admirable opéra russe seront confisqués et
versés à la caisse de secours et de retraite
de la Société.
Sévère, mais de bonne guerre !
Mme MELBA
De Melbourne à Londres, et de Milan à Saint-
Pétersbourg, en passant par toutes les capitales,
Melba est, depuis des ans, reine de l'opéra. A
Covent-Garden, elle est même impératrice, ses
désirs ayant force de lois comme ceux d'une ab-
solue souveraine.
Mais si l'Angleterre est sa patrie d'élection,
elle n'en garde pas moins au cœur une vive ten-
dresse pour la France, où elle connut de bonne
heure les joies du triomphe, et qui lui fournit
ses meilleurs rôles.
Ldrsqu'elle débuta à Bruxelles, la diva était si,
peu familiarisée avec notre langue qu'on se de-
mandait si elle pourrait chanter Lakmé. « Elle
chantera en chinois, si elle veut, s'écria De-
libes, mais elle chantera mon opéra ».
Aujourd'hui, elle parle couramment le fran-
Mme Melba - 1
çais, et le meilleur. Comme je m'étonnais l'au-
tre soir qu'elle ne fût pas revenue à l'Opéra de-
puis sept ou huit ans, elle me répondit: « Ah!
vous savez, la galette! pour ça, il n'y a que
l'Amérique et l'Angleterre! »
Aux pays des milliards, qu'elle a surtout fré-
Quentés, elle n'a pas délaissé notre répertoire;
et si, pendant un temps, nos œuvres furent
chantées en français à Covent-Garden, c'est à
elle et à Jean de Reszké qu'on le doit.
Elle a aussi une grande admiration pour la
musique italienne, particulièrement pour La
Bohème, de Puccini, qu'elle a lancée à Londres,
admiration que certains trouvent exagérée.
Ce soir, elle va reparaître dans Rigoletto, qui
lui servit de débuts, il y a. un certain temps,
à Bruxelles, et qui, du jour au lendemain, la
rendit célèbre.
Elle aura pour digne partenaire signor Ca-
ruso, qu'elle considère comme un excellent ca-
marade, quoique un peu trop enclin aux plai-
santeries. « Il aime trop les farces, dit-elle; il
ne cherche qu'à me faire rire, surtout dans les
passages les plus tragiques, par exemple, à la
mort de Mimi, dans La Bohème. »
Caruso a promis d'être bien sage ce soir.
D MP A T V
(
;cupons-nous d'Amélie.
C'est ce soir que le nouveau triom-
phe de M. Georges Feydeau, Occupe-toi
dl Amélie! atteindra, aux Nouveautés, sa
centième représentation.
Une petite fête intime se prépare à cette
occasion, et elle promet d'être joyeuse. Une
suite ininterrompue de recettes, telles qu'on
n'avait plus connues de pareilles boulevard
des Italiens, depuis La Dame de chez
Maxim's, ayant maintenu depuis le début le
personnel complet du théâtre — du direc-
teur aux employés — en belle humeur. Car
les recettes d'Occupe-toi d'Amélie ! pour les
cent premières représentations, ont dépassé
celles des plus gros succès des Nouveautés,
celles même de Champignol ou de L'Hôtel
du Libre-Echange.
Puisque nous nous occupons d'Amélie,
annonçons avec joie qu'on a les meilleures
nouvelles de la santé de Mlle Cassive, pour
qui l'on avait craint des troubles cardiaques
très graves.
Les médecins sont maintenant pleinement
rassurés. Les amis et les admirateurs de
Mlle Cassive — c'est-à-dire tout le public
- l'apprendront avec plaisir.
0
h! Midi!
L'Association toulousaine de Paris,
convoquant ses membres a un banquet, énu-
mère les notabilités qui s'y trouveront: il
y aura les ministres Cruppi et Ruau, les sé-
nateurs Leygue et Ournac, de nombreux té-
nors; il y aura aussi le soleil, qui (on l'es-
père) fera son apparition un peu tard, vers
quatre heures du matin.
- Et savez-vous comment l'invitation ap-
pelle le soleil? « Notre éminent compatriote
et ami ».
Ah! Toulouse! Toulouse!
c
L onvalescent. --
Ravet est sauvé. Quoi qu'on en ait
dit jusqu'à ces derniers temps, son entou-
rage a été fort inquiet, et pendant quatorze
jours les médecins eux-mêmes n'étaient pas
rassurés. Les soins éclairés du docteur
Claude et de deux autres docteurs, le dé-
vouement affectueux des siens et une ro-
buste constitution ont eu raison de cette
rude fièvre tvohoïde causée par le surme-
nage. L'administrateur général de la Comé-
die-Française a d'ailleurs fait prendre très
fréquemment des nouvelles du malade, et
ses camarades sont venus à plusieurs re-
prises, notamment M. de Féraudy.
Aujourd'hui, à petits pas et appuyé sur
une canne, Ravet peut commencer à se le-
ver. Il paraîtra ainsi jouer pour tout de bon
- momentanément — le rôle qu'il inter-
prétait du vieil esclave, dans Œdipe Roi.
Après un court séjour aux environs, de
Fontainebleau, on espère pouvoir emmener
Ravet au bord de la mer. Puis il prendra
son congé. Et vers septembre, si tout va
bien comme on le souhaite, l'excellent ar-
tiste sera en état de recommencer à travail-
ler, rue de Richelieu, et de reprendre avec
ses illustres camarades les répétitions du
Foyer.
L
es matches sont très en vogue. Il vient
d'en être gagné un par Dusausoy, ex-
pert, 4, boulevard des Italiens, qui a acheté
le plus cher de tout Paris un lot de bijoux
très important. Grand choix d'occasions.
L
e dernier privilège.
Avenue de Versailles, tout là-bas,
vers le Point du Jour. Une maison de plai-
sance un peu isolée, cachant un jardin plan-
té de grands arbres et qui domine la Seine.
Les tramways de Versailles et de Saint-
Cloud s'y arrêtent à chaque voyage, sans
que jamais y monte ou descende personne.
Si d'occasion un voyageur a la curiosité
de demander au conducteur pour quelle rai-
son son tramway stoppe en cet endroit dé-
sert, alors qu'il passe sans s'arrêter devant
un important groupe de maisons situé quel-
que cinq cents mètres plus loin, le conduc-
teur prend un air mystérieux et lui chuchote
en confidence:
— C'est parce qu'ici habite une ancien-
ne à l'Empereur!
Il n'ea sait pas plus: c'est une ancienne.
Cette ancienne c'est Hortense Schneider
qui, dans le calme et la tranquillité, se re-
pose d'une existence triomphale en son-
geant en paix aux beaux jours d'antan, et
qui a obtenu ce privilège de faire arrêter
le tramway devant sa porte.
A
utÕur d'un monument.
L M. Harduin est un homme à princi-
pes.
Il y a quelques semaines, dans une de
ces notes quotidiennes où il assaisonne de
gros sel l'actualité politique et financière,
il avait pris à partie la mémoire de Becque
et doctoralement ironie sur l'auteur ..de, La
Parisienne.
Cet article dé M. fîàrduin fut fres re-
marqué et fit longuement rire — longue-
ment rire de M. Harduin.
Celui-ci, fier de son succès, reprenait
hier la même chanson dont le second cou-
plet ne le cède certes en rien au premier.
Il faut citer brièvement ces propos d'une
causticité attique:
Sortant des entrailles de la terre, où circule
le Métro, j'ai aperçu, avenue de Villiers, le
monument d'Henry Becque, récemment inau-
guré. Il se compose d'un buste fort haut perché
sur un socle.
L'architecte Nénot, auteur de ce socle, n'a.
pas eu la vision du symbole qui s'imposait.
S'Ii l'avait eue, le buste aurait été posé par
lui au sommet d'un tuyau de poêle. Le pas-
sant, qui ignorera toujours ce que fut Henry
Becque, aurait ainsi compris que le monument
a pour but de perpétuer le souvenir d'une fu-
misterie.
Suivent des considérations sévères sur
Henry Becque, exposées péremptoirement
sur le même ton badin dont l'enjouement
n'exclut cependant pas une assez lourde
autorité.
Voilà donc qui est avéré et l'on voudrait
en vain douter. M. Harduin méprise puis-
samment Henry Becque.
C'est dommage. pour M. Harduin.
L
e bonheur, dans la vie, consiste à sa-
voir se rendre heureux, et le charme
d'un intérieur y contribue puissamment.
Les installations faites par la Maison des
Bambous (Perret-Vibert) sont le dernier cri
du confortable artistique et de bon ton.
Rien de plus joli que les meubles et siè-
ges aux lianes souples et aux gaies cou-
leurs — à ceux en bambou naturel aux
ornements originaux et aux riches orne-
ments — aux tentures, brodées de fleurs et
d'oiseaux par les superbes artistes japonais.
Vous trouverez, charmantes lectrices,
toutes ces merveilles, 33, rue du Quatre-
Septembre, à des prix très pratiques.
P
armi les nombreuses marques de voi-
tures automobiles qui sollicitent l'at-
tention des chauffeurs, il en est une qui
s'impose particulièrement à leur choix.
C'est la Richard Unie, dont les qualités de
robustesse et de rapidité sont reconnues et
appréciées de tous.
1 1 .NOUVELLE A LA MAIN
p
ropos de coulisses.
— Mon cher, je suis au comble. de
la joie: j'ai été présenté lundi à Malvina et
je n'ai pas déplu.
— Lundi, c'était la Saint-Médard. Alors,
mon vieux, si tu as plu ce jour-là, en voilà
pour quarante autres jours!
Le Masque de Verre.
SON SUCCESSEUR!
La succession de M. Gaston Boissier est
ouverte. L'illustre académicien meurt à
quatre-vingt cinq ans, après une vie litté-
raire honorable et paisible. Il est encore un
peu tôt pour choisir l'immortel qui succédera
atf secrétaire perpétuel de l'Académie Fran-
çaise — perpétuel, immortel!. à propos
d'un homme .qui meurt, les mots ont aussi
leurs ironies!.
Le successeur de M. Gaston Boissier est
indiqué, on le connaît. Il était l'ami intime
du défunt et fut son voisin de campagne en
ce joli village de Viroflay, où l'historiogra-
phe de Cicéron vient de s'éteindre. -
Nous demandons que M. Jules Claretie
soit nommé à sa place. L'Académie n'y per-
dra pas et la Comédie-Française v gagnera.
q Un Prince de la Critique
Nous avons adressé la lettre suivante à
toutes les personnes qui touchent ou s'inté-
ressent au théâtre: auteurs, directeurs, ac-
teurs, actrices, abonnés des scènes subven-
tionnées, etc. :
M
Notre république égalitaire aime, de temps
en temps, à se choisir et à nommer des princes.
C'est pour elle une distraction sans risque et
de tout repos. On se rappelle le succès qui ac-
cueillit la nomination par plébiscite d'un prince
des poètes, d'un prince des prosateurs, d'un
prince des chansonniers. Ce vote flatteur n'é-
tait peut-être pas indispensable à la gloire de
M. Léon Dierx, de M. Anatole France ou de
M. Xavier Privas, mais convenons cependant
qu'il ne leur fut point nuisible.
En notre temps, où le rôle de la critique est
devenu prépondérant, ncus avons donc décidé
de réunir les opinions les plus autorisées — la
vôtre est du nombre — et de vous demander
de nous dire — oubliant un instant vos amitiés
ou vos rancunes — auquel d'entre nos critiques
vous voudriez voir donner le sceptre et la cou-
ronne.
Faites-nolls la grâce de souligner sur cette
liste le nom qui aura votre préférence, et, pour
assurer la liberté du vote, de nous la retourner
sans signature:
ADOLPHE ADERER FRANÇOIS DE NION
EMMANUEL ARÈNE NOZIÈRE
LOUIS ARTUS PAUL REBOUX
ADOLPHE BRISSON JEAN RICHEPIN
FÉLIX DUQUESNEL JULES RENARD
EMILE FAGUET C. DE SAINTE-CROIX
ROBERT DE FLERS LOUIS SCHNEIDER
GUY LAUNAY EDMOND STOULLIG
CAMILLE LE SENNE PAUL SOUDAY
CHARLES MARTEL PIERRE VEBER
CATULLE MENDÈS
Nous avons commencé à dépouiller le
volumineux courrier qui nous est parvenu.
Voici les premiers résultats du vote:
Adolphe Aderer » "2
Emmanuel Arène. 81
Louis Artus. 8
Adolphe Brisson. 147
Félix Duquesne!. 59
Emile Faguet. 163
Robert de Fiers. 61
Guy Laun~y. 26
Camille Le Senne. 72
Charles Martel 17
Catulle Mendès. 209
François de Nion. 40
Nozière 211
Paul Reboux. 56
Jean Riéhépin. 139
Jules Renard. 63
C. de Sainte-Croix. 16
Louis Schneider. 29
Edmond Stoullig. 4
Paul Souday. 18
Pierre Veber. 26
Nous publierons tous les jours, jusqu'i
samedi prochain irrévocablement fies der-
nières réponses devant nous parvenir sa-
medi avant midi), les résultats de ce con-
cours qui passionne le monde du théâtre.
COMŒDIA*
Les ennuis d'un "prix de beauté'4';
Wiss Ivy^Cloje XTîie Tati r)
Miss Ivy Close, qui vient de remporter le pre-
mier prix de beauté du récent concours interna-
tional organisé par Le Dail- Mirror, a fait ses
confidences à notre excellent confrère The
Tattler.
Il paraît que tout n'est pas rose dans la profes-
sion de beauté, et que la vie n'est plus tenable
dès que les résultats du concours sont proclamés :
Photographes, intervieweurs, marieurs, les piles
de lettres s'entassent, venues de tous les points
du monde, avec une monotonie ou une stupidité
dont il est difficile de se faire la moindre idée.
lot Quelques lettres, cependant, se détachent du
lot: il y a l'officier de marine qui se déclare ravi
de la victoire remDortée par l'Angleterre en la
personne de Miss Ivy Close sur les jeunes filles
américaines. Toutefois, l'officier de marine fait
quelques critiques purement scientifiques: il se
déclare juge infaillible en matière de beauté, et
il tient à faire connaître son opinion: Miss Ivy
Close a le nez troj* long de la vingtième partie
d'un ich.
C'est regrettable,- évidemment, pour le triom-
phe de 1 Angleterre, mais c'est comme cela.
D ,innombrables lettres sont dictées par le dé-
sir de connaître la bonne recette pour devenir
belle. Que faut-il se mettre sur la figure? est-il
réellement vrai que le charbon est ce qu'il y a
de meilleur pour se nettoyer les dents? si vous
avec des cheveux blonds et des yeux bruns, peut-
on mettre un ruban rouge sur une robe bleue?!
avez-vous foi dans le lait bouilli que l'on prend'
vers la fin de la nuit? etc.
Les demandes de mariage sont innombrables :
elles ne manquent point souvent d'originalité.
Un gentleman, indiscutablement pressé' écrit :
« Je suis absolument débordé de travail cette se-
maine, mais je njen suis jpas moins des plus dési-
reux de vous épouser. Je compte avoir un après-
midi de libre mercredi prochain, si vous n'ayez,
rien de mieux à faire, vous conviendrait-il que
nous nous marions ce jour-là? »
Il y a aussi des grincheux qui ne cachent point
leur opinion. « Chère Mademoiselle Close, écrit
un gentleman habitant dans le Yorkshire, vous
m'excuserez de vous parler ainsi, j'en suis sûr,
mais je ne puis parvenir à aimer le plus petit
morceau de votre figure, enfin, vous me faites
horreur ».
Si nous en jugeons par la photographie que
nous reproduisons de Mlle Close, cette opiniez
ne sera pas universellement partagée.
Je sais bien ce que disait une mè"e à sa fille
pour la décider à se marier: La beauté pans--;
mais nous nous permettrons d'objecter, comre
la jeune fille en question, que la laideur reste,
et cela ne manque pôint d'agrément d'avoir été
pendant quelques années la olus jolie femme de
son pays et peut-être même du monde entier.
ANNE DE BUR1DAN.
CHEZ LES AUTEURS
Les Sociétaires souverains == Tous commissaires
MM. Robert de Flers et Maurice Henne-
quin, au nom de la Commission des auteurs,
ont adressé, hier, à tous les membres socié-
taires de la Société des auteurs et compo-
siteurs dramatiques la lettre suivante:
Mon chér confrère,
La Commission des Auteurs et Compositeurs
dramatiques, profondément reconnaissante aux
membres de la Société qui ont fait prévaloir
l'ordre du jour de confiance dans la dernière
assemblée générale, — profondément dévouée
aux intérêts de tous les sociétaires.
Considérant que la communauté de vues et
l'unanimité des sentiments seraient d'importance
capitale pour notre Société, et que tous les bons
vouloirs doivent s'efforcer vers ce but.
Vous demande de bien vouloir voter dans
vos statuts les additions suivantes, qui servi-
ront à la force morale de ses décisions, pour la
bien général :
Addition à l'article J5
Néanmoins, avant d'adopter définItivement
soit une réforme de grande administration, soit
une modification qui introduirait une clause non
encore insérée ou abolirait une clause usuelle
dans les dispositions générales des traités exis-
tants de la Société avec les directeurs, la com-
mission devra procéder à la consultation pré-
vue à l'article 22 bis ci-après.
Article 22 bis
Tous les quatre ans, il sera procédé, par vole
de tirage au sort, à la répartition des ^ociéf';",*es
en quatre groupes intitulés: groupe d - ides
pour Paris, groupe d'études pour la province,
groupe d'études pour l'étranger, groupe d'études
administratives.
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