Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-06-03
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 juin 1908 03 juin 1908
Description : 1908/06/03 (A2,N247). 1908/06/03 (A2,N247).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646631f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2* Année. •• Mo 241 (Quotfdlee) ÎLe Numéro ; 5 centimes
Mercredi 3 Juin 1908«v
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Rédacteur en Chefs G. de PAWLOWSKt
#
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 HO»
Paris et Départements 24: fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION ? *
27, Boulevard Poissonnière; PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
adresse Télégraphique : COMŒDIA.PARl$
ABONNEMENTS:
UN AN e nota
Paris et Départements 24 fr. 12 fr..
Étranger40 » 20 »
FERDINAND,
UTILITÉ
Ferdinand est mort.
J'ai appris ça hier. on apprend tous
les jours.
Oui, il est mort. il y a déjà huit ans,
paraît-il. Comme le temps passe.
Et je parie deux sous que vous ne sa-
,vez pas de qui je parle?
Alors, vrai? ça ne vous dit rien, ce
nom-là? Ferdinand. Ferdinand, du Pa-
lais-Royal?
Allons, je vois qu'il faut vous rafraî-
chir.
Ferdinand est resté cinquante et quel-
ques années au théâtre du Palais-Royal
— cinquante ans!. un rien! aujour-
d'hui, quand on reste cinquante jours
dans une « maison », c'est énorme. Il
n'y a que dans l'autre, la grande Mai-
son. celle qui est au coin de la rue Ri-
chelieu. Oh! dans celle-là, on y reste.
toute sa vie, on s'y cramponne!
A l'aube de sa jeunesse, ce brave Fer-
dinand était, je crois, peintre sur porce-
laine, dans la journée. mais comme on
ne peint pas, le soir, surtout la porce-
laine — on pourrait la casser, — afin
de mettre un peu d'épinards dans son
beurre, il entra comme figurant au théâ-
tre de la Montansier, que dirigeait, à
cette lointaine époque, le père Dormeuil.
Comme on chantait (?!) dans les vau-
devilles de ce temps-là, Ferdinand était,
en même temps que figurant, choriste,
choryphée à l'occasion, et parfois petit
rôle ; en un mot, il tenait cet emploi mo-
deste mais nécessaire qu'on désigne clai-
rement sous l'appellation : utilité. Il avait
même fait mettre ce mot, au-desaous de
son nom, sur ses cartes de visite, pour
épater le bourgeois.
Le fait est que Ferdinand était très
utile.
'Vu sa taille élevée, ses moustaches en
broussaille et son parler gras de vieux
Parigot, la direction l'avait spécialisé
dans les sergents de ville.
Vous ne pouvez pas vous imaginer le
nombre incalculable de sergents de ville
que Ferdinand a représentés! Si bien
que ses directeurs, il en a eu des tas,
n'hésitaient pas à faire pour lui une dis-
pendieuse exception en lui commandant
sur mesure des uniformes flambants
-neufs. sûrs qu'ils étaient de les lui voir
user !
Que de fois a-t-il accompagné le com-
missaire de police, venu à la fin du
deuxième acte pour constater le flagrant
délit d'adultère, au moment où les gifles
retentissent, où la femme se trouve mal
pendant l'envol des pantalons : emme-
nez-le! emmenez-le!. Rideau.
Quand, par un heureux hasard, le titu-
laire du rôle du commissaire était ma-
lade, Ferdinand le remplaçait. et je
vous fiche mon billet (de faveur) que ce
soir-là il n'aurait pas donné sa place à
l'empereur. Ah ! il fallait l'entendre vi-
brer : Emmenez-le ! Emmenez-le !
Quant aux « voix dans la coulisse »,
c'était naturellement lui qui était chargé
de « les faire ». Ferdinand fut certaine-
ment, de tous les peintres sur porcelaine,
celui qui a crée le plus ae « voix a la
cantonade » ! Et avec ça, si simple 1
Si modeste, si discret!
Tout le monde l'aimait au théâtre: les
directeurs, parce qu'il était un pension-
naire modèle ; les artistes, parce qu'il ne
les gênait pas: les figurants, parce qu'il
leur était un tantinet supérieur: il par-
lait !
Sans compter que cet employé théâ-
trier avait un autre talent, talent qu'il
cachait avec soin : il taquinait la muse !
mais par une modestie bien rare de nos
jours — et des siens — Ferdinand ne te-
nait pas à ce que ses camarades sussent
qu'il enfourchait Pégase.
C'est le hasard, le hasard pur, qui nous
révéla ce mystère, le hasard sous les es-
pèces de notre habilleur, son voisin de
palier. Il nous apprit un soir que Ferdi-
nand avait composé un quatrain dont il
bavait fait cadeau à son perruquier. Ce
barbier de la Villette, en un jour de faste
fou, de fou faste, eut l'idée de rechampir,
badigeonner la façade de sa boutique et
inscrivit les vers de l'artiste, au-dessus
de ses plats à barbe.
Ces vers, je les connais, je les ai gar-
dés pour moi pendant vingt ans, mais
l'égoïsme est une chose répugnante ; au-
cune puissance humaine ne m'empê-
chera aujourd'hui de vous en faire profi-
'ter.
Les voici:
Passants qui errez au hasard
Arrêtez-vous ici, vous êtes à l'enseigne
Du merveilleux rasouard
Et du magique peigne !
C'est beau comme tout ce qui est sim-
ple.
Je n'oublierai de ma vie sa soirée d'a-
dieux. Elle fut touchante par sa discré-
tion même. Oh! certes. le public n'en sut
rien. On n'annonça point cette ultime re-
présentation de Ferdinand sur les affi-
ches. Pas de réclame, nulle publicité au
sujet de cet événement artistique. Cela se
Passa entre nous, très simplement.
ta C'était le soir de la dernière représen-
tation du Train de plaisir.
Nous savions que Ferdinand nous
Quittait pour aller planter ses choux à la
Campagne, en un joli petit coin, à Ivry,
et nous nous étions dit: il faut venir lui
ferrer les mains après « son » acte, le
troisième. Ça lui fera plaisir.
Et tous vinrent, ceux qui finissaient au
« premier » comme ceux qui n'étaient
pas de la pièce.
Ah! quel entr'acte inoubliable.
Mais d'abord, je veux vous raconter la
tradition de Ferdinand.
Depuis dix lustres, Ferdinand souffrait
visiblement de voir autour de lui les ar-
tistes, même les modestes, ajouter à leur
texte d'amusants lazzis, alors que lui n'a-
vait vraiment pas matière à traditionner.
Ses répliques étaient par trop brèves
pour lui permettre de les émailler de
quelques mots spirituels, sans compter
que son extrême timidité eût paralysé sa
langue au moment psychologique.
Cependant, en vue de sa dernière soi-
rée, il nous avait dit :
— Vous verrez! vous verrez! same-
di!. Je ne veux rien vous dire avant.
mais je vous épaterai.
Effectivement, au moment où au troi-
sième acte le gendarme (vous savez que
la scène se passe à Monaco) soupèse la
valise des voyageurs indûment pris pour
des filous, au lieu de se contenter de
dire sa simple réplique : « Eh ! eh ! » Fer-
dinand prenant son courage à deux
mains (tout en tenant la valise) s'écria:
Renngala! che ne chont pas des pains
à cacheter qu'y a là dedans.
Eh bien ! vous me croirez si vous vou-
lez, le souffleur s'est tordu.
Revenons à la cérémonie du déDart.
Après le troisième acte, nous étions
tous. montés dans le bain, « Le bain à
quai' sous », nom donné jadis à la loge
commune dans laquelle s'habillaient les
nouveaux et où, par faveur spéciale,
Ferdinand se gendarmait. Sur la plan-
chette qui courait le long du mur (1 exi-
guïté de la pièce n'aurait pas permis l'in-
trusion d'une table) trônait un majes-
tueux saladier de vin blanc — bichof
d'honneur. Alors, le brave Pellerin, ten-
dant un verre plein à Ferdinand, lui
adressa avec une effroyable émotion ces
paroles que j'ai encore dans l'oreille -
façon de parler:
« Mon - chsr Ferdinand, vous nous
quittez! Je sais que votre résolution est
irrémissiblement prise et que rien ne
pourra vous faire changer d'avis. Je suis
trop ému pour vous faire un discours, je
vous dirai seulement en quelques pa-
roles, combien vifs sont nos regrets de
vous voir partir. Si vous avez tenu peu
de place sur la scène, vous en avez tenu
une grande dans notre loge. La vue de
votre place désormais vide va nous gla-
cer le cœur. Vous êtes trop intelligent
pour que je vous fasse des compliments
que vous ne méritez pas. Vous vous
apercevriez tout de suite de mon exagé-
ration. Il n'y a pas de déshonneur de n'a-
voir eu aucun talent. Le don n'est pas
attribué à tous. Mais soyez assuré que
nous n'oublierons pas ici votre exacti-
tude, votre dévouement, votre caractère,
votre bonne camaraderie et. mais oui,
la conscience avec laquelle vous avez
rempli votre devoir. Vous n'êtes pas
vieux et certes vous eussiez pu encore
longtemps remplir cet emploi.
A ce moment Pellerin, étouffé par les
larmes, ne put achever et Ferdinand, qui
n'était pas plus ému qu'une sardine, con-
clua :
— Peuh ! place aux jeunes!
Félix GALIPAUX.
Naturalisme
Il est certain que des acteurs comme An-
toine ou Guitry ont tait accomplir à l'art
dramatique, durant ces dernières années,
d'immenses progrès dans la voie du réalis-
me et de l'honnêteté littéraire. Tandis' que
les acteurs d'autrefois échangeaient leurs
impressions en se tournant le dos, les yeux
fixés sur les spectateurs, ceux d'aujourd'hui
jouent avec plus de naturel et reproduisent,
à peu de chose près, les conditions de l^ vie
normale.
Il conviendrait cependant, je crois, de
s'arrêter à temps sur cette excellente voie
et de ne pas pousser les choses un peu trop
loin. C'est ainsi que nous recevons de nom-
breuses réclamations de provinciaux qui,
venus à Paris pour entendre une pièce, s'en
retournent tort étonnés dans leurs foyers
après n'avoir rien entendu du tout.
L'un d'entre eux se plaint par exemple
qu'à la dernière scène du deuxième acte de
La Femme nue il n'entendit, quelle que fût
son attention, que les mots: « arbres. rou-
te. et talus »" le reste était dit avec une
émotion tellement contenue et un tel désir
de réalisme que rien ne parvenait aux oreil-
les des spectateurs.
Lorsque l'on a le talent de Guitry, la
chose a peu d'importance, mais on peut
craindre que dans quelques années, la mé-
thode nouvelle faisant des adeptes parmi
nos jeunes acteurs, on n'entende plus rien
d'une pièce entière.
Par amour de la réalité, les passages les
plus passionnés seront murmurés à l'oreille,
et, par un sentiment de discrétion facile à
comprendre, les dialogues s'échangeront
même dans les coulisses à l'abri des regards
indiscrets des spectateurs. L'on n'aura plus
qu'à baisser le rideau pour permettre aux
scènes poignantes de se dérouler ensuite en
toute intimité comme dans la réalité même.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Cet après-midi, à une heure trois quarts,
à la Comédie-Française, répétition générale
d'Amoureuse, de M. Georges de Porto-Ri-
che.
-Ce soir, au Little-Palace, nouveau specta-
cle -
L
a fin des ouvreuses.
Soyez heureux, ô Jacques May! que
les ouvreuses seraient si heureuses de lyn-
cher. Après le bar automatique, voici que
l'on nous annonce l'ouvreuse dito. Au pays
d'Edison, naturellement, mettez dix centi-
mes, disent les appareils construits par M.
Baumfield, architecte du nouveau théâtre
de New-York — car la nouvelle nous vient
d'Amérique — et l'armoire s'ouvrira. Vous
y appendrez chapeaux, parapluies et pardes-
sus, vous prendrez le jeton, et vous ferme-
rez. A la sortie, remettre le jeton, etc.
N'est-ce pas le rêve !
Quand donc, ô Jacques May, ferez-vous
imposer, à Paris, l'ouvreuse ou plutôt l'ar-
moire automatique!
SIGNALONS A M. BI!RENCER.
A Montmartre, au square Saint-Pierre :
La Grotte d'Amour et la Fontaine des Enfants
LE DRAME DU FAUBOURG
POISSONNIERE
LE MASSACRE DES INNOCENTS
Nous avons anmmoé hier qu'à l'issue des
examens d'opéra le jury, composé de MM. Mes-
sager, Albert Carré, Bernheim, Renaud et Hil-
lemacker, avait adressé au ministre des Beaux-
Arts une protestation contre l'enseignement du
professeur Melchissédec. Il confirmait ce blâ-
me en n'admettant à concourir que deux de
ses élèves seulement. Ceux-là même qui, par-
mi les autres, avaient déjà concouru étaient
;npynrnhlpmpnf prnrfp",
Mais que pense M. Melchissédec de cette
mesure? A ceux qui l'interrogent, le profes-
seur, non sans exagérer les mines de croque-
mitaine oourru, répond simplement: « le m'en
f. I » Et il ajoute: « J'en ai tant vu, mon cher
monsieur, en quarante-cinq ans de métier, que
plus rien ne m'impressionne. Tout ça, voyez-
vous, ce sont des histoires de femmes. Parfai-
tement, de femmes, puisque c'est au moment
où Mlle Arni donnait la scène "de Carmen que
M. Carré est intervenu pour critiquer la tradi-
tion que je lui faisais donner dans le poème.
Vous savez bien, le fameux .donc. Et pourtant
Galli-Marié le disait et c'était une artiste celle-
là! A propos d'une scène de Manon, autre in-
tervention de M. Messager, qui avait l'air de
trouver que ce n'était pas de la musique. Pour
Faust, nouvelle algarade au sujet d'un mouve-
ment que deux de mes élèves avaient un peu
pressé, comme le font d'ailleurs tous les chan-
teurs lorsqu'ils sont émus. Pendant toutes les
autrers scènes, inattention et conversation gé-
nérale. Pas un de mes élèves n'a été écouté
sérieusement.
H Et cette protestation, est-ce que c'est sé-
rieux ? Est-ce qu'en six mois je suis brusque-
ment devenu une ganache? C'est ce qu'on ne
fera croire à personne, car tous les ans j'ai des
premiers prix dans ma classe: Gille, l'an der-
nier; et avant, Carbelly, Mlle Chenal, et tant
d'autres qui sont restés mes élèves reconnais-
sants. -
« Et puis, il ne s'agit pas de moi dans toute
cette histoire. Je peux me défendre et je vais
voir le ministre-à cette intention. Mais les vic-
times, ce sont mes élèves, qu'on empêche de
con.courir. Si l'on me juge indigne dd professer,
que l'on me révoque. Mais qu'on écoute mes
élèves quand ils passent leurs examens. Et sur-
tout qu'on ne les empêche pas de concourir.
Je vous assure bien que s'il est vrai que je
me sens encore capable d'enseigner, et je ne
crois pas, quoi qu'on en ait dit, que M. Gabriel
Fauré pense le contraire, il est encore plus cer-
tain que j'ai de bons élèves, qui valent bien
les autres. Les résultats sont là ».
Il est hors de doute que les dernières paro-
les du professeur contiennent la' morale de cet
incident. Quelque raison qu'on ait dans le jury
de désapprouver la méthode de M. Melchissé-
Idee, il est souverainement injuste que ses élè-
ves, innocents de ce tort, aient à en souffrir. Et
c'est cependant le résultat le plus net de ce qui
s'est passé avant-hier. Le jury, qui, pendant
l'audition des premièrers scènes, était composé
de deux, puis de trois membres seulement, de-
vrait se montrer plus exact, mais moins ner-
veux. Car les gens de sang-froid se demande-
ront pourquoi M. Ponzio, à la voix chaude,
n'est pas admis en ovéra; pourquoi Mlle Arné,
contralto généreux et comédienne de tempéra-
ment, est impitoyablement écartée de tout con-
cours, et pourquoi en sont écartés aussi Mlle
Yvon, Mlle Delph, Mme Felisaz, MM. Rougé,
Tirmont, Castel, qui valent bien les concur-
rents plus favorisés des autres classes?
Le ministre le dira peut-être à ces jeunes
gens, qui lui adressent une juste et ardente ré-
clamation ?
PIERRE CONSTANT.
p
ar delà les mers.
On va donner prochainement la pre-
mière représentation d'une grande comédie
en trois actes, de M. Henri de Rothschild.
Cette pièce, intitulée Le Jouet, aura comme
principaux interprètes Mme Marthe Bran-
dès et M. de Féraudy - excusez du peu ! —
L'auteur viendra diriger lui-même les re-
présentations de cette œuvre importante, qui
sera la prochaine nouveauté de l'Odéon.
de l'Odéon de Buenos-Aires.
Car c'est à Buenos-Aires que cet événe-
ment considérable se passera.
u
rn joli bijou se vend très facilement ei
1 très cher chez Dusausoy, expert
4, boulevard des Italiens, qui achète au
comptant. Il vend aussi de belles occasions.
E
ncore les accidents d'automobile!.
r Hier, dans la matinée, nous pûmes
assister, des tenetres de omoea, a un
impressionnant spectacle.
Un homme d'un certain âge, un honnête
travailleur, aux cheveux blanchis par le
labeur, traînait une petite voiture.
Quand tout à coup nous aperçûmes une
automobile démontée, aux roues disjointes,
au capot isolé de son châssis dont les dé-
bris gisaient dans la petite charrette.
C'était sans doute là les conséquences
de quelque horrible catastrophe, survenue
un peu plus tôt. Ah! les dangers de l'au-
tomobile!. 1
Renseignements pris, ces pièces d'auto
étaient tout simplement de carton peint et
on les emmenait pour la prochaine tournée
Brasseur, où elles doivent servir d'acces-
soires.
T
rrop cher d'achat et d'entretien, cette
grosse voiture dans laquelle vous avez
vu monter hier l artiste en renom à la porte
du théâtre! Trop mesquine la voiturette du
brave petit bourgeois! Mais pourquoi ne
pas acheter immédiatement cette magnifique
10/16 Bayard-Clément qui a tous les con-
forts de la grosse voiture sans ses inconvé-
nients d'entretien de pneus et d'essence.
1
1 nous souvient d'une romance fort agréa-
ble, ma foi, qui - s'appelle, croyons-nous,
Les Ailes de mon Moulin.
Au cours de chacune des strophes, le pro-
priétaire dudit moulin voit passer successi-
vement devant ses yeux nombre de person-
nages symboliques qui font valoir leur verve
poétique: le Malheureux, le Meurt-de-Faim,
l'Amoureux, le Soldat, etc.
Le directeur du Moulin-Rouge-Palace,
lui, ne connaît que des réalités, c'est-à-dire
toute l'aristocratie du monde des lettres, des
arts et de la politique, qui se donnent ren-
dez-vous dans ses jardins.
s
i le rire est le propre de l'homme, le
« bien manger » est aussi l'une de
ses caractéristiques les plus formelles.
C'est pour cela que son premier désir est
de rechercher les maisons où satisfaction
complète puisse lui être donnée.
Ceux qui attachent quelque importance
- et c'est la majorité — aux « choses de
la bouche » se rendent, en théories nom-
breuses, au café Gutenberg, 25, boulevard
Poissonnière, où les plats les plus délicats
leur sont servis au prix le plus juste.
NOUVELLE A LA MAIN
E
ntendu hier, dans les coulisses de la
Scala, ce court dialogue entre deux
marcheuses :
— Ma chère, je viens de recevoir une
carte postale de Djibouti.
— C'est un ami à toi?.
Le Masque de Verre.
Nous publierons demain une chronique de
MARCEL BOULENGER
COMME QUOI LA MODE EST UN ETERNEL RECOMMENCEMENT.
Mlle Suzy Deguez, de la Comédle-Royale (Henri Manuel. pbot.)
dans le rôle 40 Manama necamler.
- 4e4 téméritéa d-6 Mme mode actuelle n'est une éyfflUoil
On demande des Criticju'ks
O a -.. 1- -ib - -9
W i
C'est ce soir qu'aura lieu, au Théâtre Réjane,
le Concours ouvert au public par "Comœdht"
On peut difficilement imaginer le suc-
cès obtenu par l'annonce de notre Concours
de critiques.
On nous signale d'un peu partout l'inten-
tion manifestée par de jeunes écrivains d'y
prendre part, et l'on nous annonce même
l'arrivée à Paris de plusieurs d'entre eux
qui viennent spécialement de province à
cet effet.
Il semble évident, dès maintenant, que
nous pouvons tout attendre de ce concours
et qu'il nous révélera, sans aucun doute,
des critiques d'avenir que l'on ne soup-
çonnait point jusqu'à présent.
D'une façon générale, on s'étonne que
l'idée ne se soit pas fait jour-plus tôt; elle
répond, en effet, essentiellement, aux qua-
lités de notre race, et nombreux sont les
jeunes littérateurs, qui, incapables de fournir
une œuvre passable dans un concours pure-
ment littéraire, voient. se développer chez
eux, au seul mot de critique, des qualités de
polémiste qu'ils ne soupçonnaient point.Rien
ne vaut la réalité des faits, et tel qui se trou-
verait incapable de concevoir chez lui une
œuvre de pure imagination sera tout éton-
né lui-même de voir les idées lui venir en
foule au cours de la représentation.
Avons-nous besoin de le dire. il nous
sera facile de discerner les comptes rendus
faits d'avance, les devoirs d'élèves rédigés
sous la direction de littérateurs ou de cri-
tiques avertis: ils n'auront point cette spon-
tanéité. ce naturel qu'auront immanquable-
ment des critiques rédigées au cours déliai
représentation et il nous sera facile de 'es
éliminer.
Il faut bien Qu'on le sache, en effet, ce
n'est point tant un concours littéraire quo
nous organisons, portant sur la qualité du
style ou sur la correction de la rédaction.
qu'un concours de critique, de "polémique,
pourrions-nous dire, destiné à mettre au
jour chez tous les concurrents des Qualités,
d'observations et de critique, pour peu
qu'elles existent. Ce que nous demandons
avant tout, c'est quelque chose de -vivafltt
d'observé, de vécu, des observations tnou-
velles faites au sujet de la pièce;etd'âu..,
tant plus difficiles à réaliser que tout sembla
avoir été dit actuellement sur ce sujet..-
Rappelons, au surplus, que la critique quel
nous demandons à nos concurrents doit noû9
parvenir dans les vingt-quatre heures, après
la représentation d'aujourd'hui- le compta
rendu ne doit pas dépasser deux - cent!
lignes. ,
Au vainqueur, la publication dans GCH
mcedia de sa critique et le droit de faire,
dans Comoedia, la saison prochaine, le com^p*
te rendu rétribué d'une pièce nouvelle ;aujj'
suivants, quelques souvenirs.
Les articles ne doivent pas être signés,
mais être accompagnés d'une enveloppe-fer-
mée contenant le nom et l'adresse de-l'au-
teur ou la reproduction d'une devise qui de*,
vra figurer au bas de l'article*
"Peter Pan"
au - VaydeyiHe
J'ai eu le plaisir de rencontrer hier M.
Hillier, le chef d'orchestre de la troupe du
« Duke of York's Theatre », avant son dé-
part pour Londres, où l'appellent les der-
nières répétitions de Peter Pan. On sait
que la pièce si curieuse de M. J.-M. Barrie
va être jouée au Vaudeville, et que le prin-
cipal rôle sera interprété par la toute gra-
cieuse Miss Pauline Chase.
— Nous croyons au succès, m'a-t-il dit;
n'oubliez pas que Peter Pan a été jouée
quatre cents fois à l'étranger, et a fait la
joie de milliers d'enfants et de grandes per-
sonnes en Angleterre et en Amérique. Seu-
lement, notre tâche est ici assez compli-
quée, la scène du Vaudeville n'étant pas
agence pour les trucs de machinerie. Or,
vous le savez, dans Peter Pan, il y a des
enfants qui volent, des crocodiles qui ava-
lent des pendules, et des champignons
géants qui s'ouvrent.
— C'est, en somme, un conte de fées?
— Si vous voulez! Mais, c'est vous qui
l'avez dit, n'y a-t-il pas en chacun de nous
une âme de grand enfant toute disposée à
se laisser enchanter par de beaux contes
de fées?
Peter Pan vous enchantera.
PAULINO.
Mies Pauline Chase
Démission ! Démission !
Par Henry Hecque
Le Théâtre-Français, tout le monde le
voit et en convient aujourd'hui, est en train
de disparaître. Les maîtres de la maison
eux-mêmes démolissent la maison. M. * Truf-
fier, qui est de la petite troupe, attaque la
grande troupe. M. Le Bargy déclare que la
grande troupe, dont il fait partie, est insuf-
fisante et n'existe plus. Enfin, M. Silvain,
plus courageux que ses camarades, s'en
prend directement à l'administrateur. « Le
coupable, nous dit-il, c'est M. Claretie, et
lui seul. Il l'est par son insouciance, par tou-
tes ses faiblesses, par son mauvais goût lit-
téraire. » M. Silvain se plaint aussi du cou-
lage, d'un coulage mystérieux et sur lequel
'il ne s'explique pas. Au cri général: « D'où
vient l'argent? » il en substitue un autre:
« Où va l'argent? »
Cet effondrement du Théâtre-Français, si
je suis des premiers à le regretter, est bien
loin de me surprendre. Déjà, en 1890, au
moment de La Parisienne, j'avais vu de près
l'état de désordre et de décomposition où
la Comédie était tombée. Cette grande mai-
son, que Perrin avait conduite et mainte-
nue si fermement, n'était plus qu'une pétau-
dière, pis que cela, une véritable popote.
Elle ne vivait que de compromis entre l'ad-
ministrateur et les comédiens. Rôles refu-
sés ou rendus, répétitions manquées, esca-
pades des uns et des autres, Claretie accep-
tait tout et favorisait tout. En revanche, on
lui passait ses volontés et ses caprices. Lors-
qu'il arrivait à Claretie de prendre une me-
sure, si préjudiciable qu'elle fût, on le lais-
sait faire; on savait que l'honorable admi-
nistrateur avait quelque profit personnel,
passablement scandaleux, à en retirer.
Disons tout et que cette leçon puisse pro-
fiter à nos ministres: le Théâtre-Français
était condamné le jour où on mettait à sa
tête un homme sans caractère et sans auto-
rité, sans une pensée artistique, qui voyait
là, non pas un service public dont il était
chargé, mais une position exceptionnelle,
qu'il allait exploiter pas à pas, de toutes les
manières, avec une imperturbable effron-
terie, - -. - - --
Claretie, dans ces dernières années, a fait
de grands voyages, et c'est par lui-même que
nous les avons appris. Un jour, il bouclait
sa valise; un autre jour, il se jetait dans un
sleeping; une troisième fois, il franchissait
la frontière. Il a parcouru ainsi l'Angleterre.
la Belgique, la Suède et la Norvège, la riol-
lande, l'Espagne, une quantité de pays qui
se trouvent à quelque distance de la rue Ri-
chelieu. Il est bien certain que l'adminis-
tration d'un théâtre est un poste plutôt se-:
dentaire et qui exige que le titulaire soit la
le plus souvent possible. Il ne faut pas croire
pourtant que le Théâtre-Français ait souf-,
fert des absences de Claretie et qu'elles
soient pour quelque chose dans la situation-
actuelle. Claretie, depuis bien longtemps
déjà, depuis 1890, a pour co-directeur un
artiste du théâtre, M. Prudhon, qui.se trou?
vait tout indiqué pour le suppléer. M. Cla-
retie et M. Prudhon se ressemblent d'abord
par la nature de leur talent. C'est le même
talent, pourrait-on dire, et qui donne la mê-
me impression. Si M. Prudhon n'a pas sur
ses camarades toute l'autorité nécessaire,
Claretie ne leur en impose pas beaucoup
plus. Enfin, pour la distinction et les belles
manières, ce qu'on appelle le port, Claretie
est forcément inférieur au brillant sociétai-
re, qui compte vingt-cinq années de réper-
toire.
Les voyages de Claretie, j'ai hâte de le
dire, présentent un autre danger, et un dan-
ger beaucoup plus sérieux.
Nommé presqué en même temps admi-
nistrateur du Théâtre-Français et membre
de l'Académie, Claretie avait un premier
sacrifice à faire. Il devait, je ne dirai pas
cesser absolument d'écrire, mais s'interdirf
à jamais cette copie lamentable, si fâcheuse
pour lui-même, qui nous rappelle à tout mo
ment sa médiocrité. Il devait ensuite, pat
reconnaissance pour la Comédie et pour
remplir ses obligations envers elle, disons
le mot, pour gagner son argent, consacrer
au Théâtre-Français tocs ses soins et tout
Mercredi 3 Juin 1908«v
JpSA^jM JPv^B /■?-♦."S^k I» ^^Wtaë*-^ 9 mm )m K •" HjftjMS Mg-^H
Rédacteur en Chefs G. de PAWLOWSKt
#
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 HO»
Paris et Départements 24: fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION ? *
27, Boulevard Poissonnière; PARIS
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UN AN e nota
Paris et Départements 24 fr. 12 fr..
Étranger40 » 20 »
FERDINAND,
UTILITÉ
Ferdinand est mort.
J'ai appris ça hier. on apprend tous
les jours.
Oui, il est mort. il y a déjà huit ans,
paraît-il. Comme le temps passe.
Et je parie deux sous que vous ne sa-
,vez pas de qui je parle?
Alors, vrai? ça ne vous dit rien, ce
nom-là? Ferdinand. Ferdinand, du Pa-
lais-Royal?
Allons, je vois qu'il faut vous rafraî-
chir.
Ferdinand est resté cinquante et quel-
ques années au théâtre du Palais-Royal
— cinquante ans!. un rien! aujour-
d'hui, quand on reste cinquante jours
dans une « maison », c'est énorme. Il
n'y a que dans l'autre, la grande Mai-
son. celle qui est au coin de la rue Ri-
chelieu. Oh! dans celle-là, on y reste.
toute sa vie, on s'y cramponne!
A l'aube de sa jeunesse, ce brave Fer-
dinand était, je crois, peintre sur porce-
laine, dans la journée. mais comme on
ne peint pas, le soir, surtout la porce-
laine — on pourrait la casser, — afin
de mettre un peu d'épinards dans son
beurre, il entra comme figurant au théâ-
tre de la Montansier, que dirigeait, à
cette lointaine époque, le père Dormeuil.
Comme on chantait (?!) dans les vau-
devilles de ce temps-là, Ferdinand était,
en même temps que figurant, choriste,
choryphée à l'occasion, et parfois petit
rôle ; en un mot, il tenait cet emploi mo-
deste mais nécessaire qu'on désigne clai-
rement sous l'appellation : utilité. Il avait
même fait mettre ce mot, au-desaous de
son nom, sur ses cartes de visite, pour
épater le bourgeois.
Le fait est que Ferdinand était très
utile.
'Vu sa taille élevée, ses moustaches en
broussaille et son parler gras de vieux
Parigot, la direction l'avait spécialisé
dans les sergents de ville.
Vous ne pouvez pas vous imaginer le
nombre incalculable de sergents de ville
que Ferdinand a représentés! Si bien
que ses directeurs, il en a eu des tas,
n'hésitaient pas à faire pour lui une dis-
pendieuse exception en lui commandant
sur mesure des uniformes flambants
-neufs. sûrs qu'ils étaient de les lui voir
user !
Que de fois a-t-il accompagné le com-
missaire de police, venu à la fin du
deuxième acte pour constater le flagrant
délit d'adultère, au moment où les gifles
retentissent, où la femme se trouve mal
pendant l'envol des pantalons : emme-
nez-le! emmenez-le!. Rideau.
Quand, par un heureux hasard, le titu-
laire du rôle du commissaire était ma-
lade, Ferdinand le remplaçait. et je
vous fiche mon billet (de faveur) que ce
soir-là il n'aurait pas donné sa place à
l'empereur. Ah ! il fallait l'entendre vi-
brer : Emmenez-le ! Emmenez-le !
Quant aux « voix dans la coulisse »,
c'était naturellement lui qui était chargé
de « les faire ». Ferdinand fut certaine-
ment, de tous les peintres sur porcelaine,
celui qui a crée le plus ae « voix a la
cantonade » ! Et avec ça, si simple 1
Si modeste, si discret!
Tout le monde l'aimait au théâtre: les
directeurs, parce qu'il était un pension-
naire modèle ; les artistes, parce qu'il ne
les gênait pas: les figurants, parce qu'il
leur était un tantinet supérieur: il par-
lait !
Sans compter que cet employé théâ-
trier avait un autre talent, talent qu'il
cachait avec soin : il taquinait la muse !
mais par une modestie bien rare de nos
jours — et des siens — Ferdinand ne te-
nait pas à ce que ses camarades sussent
qu'il enfourchait Pégase.
C'est le hasard, le hasard pur, qui nous
révéla ce mystère, le hasard sous les es-
pèces de notre habilleur, son voisin de
palier. Il nous apprit un soir que Ferdi-
nand avait composé un quatrain dont il
bavait fait cadeau à son perruquier. Ce
barbier de la Villette, en un jour de faste
fou, de fou faste, eut l'idée de rechampir,
badigeonner la façade de sa boutique et
inscrivit les vers de l'artiste, au-dessus
de ses plats à barbe.
Ces vers, je les connais, je les ai gar-
dés pour moi pendant vingt ans, mais
l'égoïsme est une chose répugnante ; au-
cune puissance humaine ne m'empê-
chera aujourd'hui de vous en faire profi-
'ter.
Les voici:
Passants qui errez au hasard
Arrêtez-vous ici, vous êtes à l'enseigne
Du merveilleux rasouard
Et du magique peigne !
C'est beau comme tout ce qui est sim-
ple.
Je n'oublierai de ma vie sa soirée d'a-
dieux. Elle fut touchante par sa discré-
tion même. Oh! certes. le public n'en sut
rien. On n'annonça point cette ultime re-
présentation de Ferdinand sur les affi-
ches. Pas de réclame, nulle publicité au
sujet de cet événement artistique. Cela se
Passa entre nous, très simplement.
ta C'était le soir de la dernière représen-
tation du Train de plaisir.
Nous savions que Ferdinand nous
Quittait pour aller planter ses choux à la
Campagne, en un joli petit coin, à Ivry,
et nous nous étions dit: il faut venir lui
ferrer les mains après « son » acte, le
troisième. Ça lui fera plaisir.
Et tous vinrent, ceux qui finissaient au
« premier » comme ceux qui n'étaient
pas de la pièce.
Ah! quel entr'acte inoubliable.
Mais d'abord, je veux vous raconter la
tradition de Ferdinand.
Depuis dix lustres, Ferdinand souffrait
visiblement de voir autour de lui les ar-
tistes, même les modestes, ajouter à leur
texte d'amusants lazzis, alors que lui n'a-
vait vraiment pas matière à traditionner.
Ses répliques étaient par trop brèves
pour lui permettre de les émailler de
quelques mots spirituels, sans compter
que son extrême timidité eût paralysé sa
langue au moment psychologique.
Cependant, en vue de sa dernière soi-
rée, il nous avait dit :
— Vous verrez! vous verrez! same-
di!. Je ne veux rien vous dire avant.
mais je vous épaterai.
Effectivement, au moment où au troi-
sième acte le gendarme (vous savez que
la scène se passe à Monaco) soupèse la
valise des voyageurs indûment pris pour
des filous, au lieu de se contenter de
dire sa simple réplique : « Eh ! eh ! » Fer-
dinand prenant son courage à deux
mains (tout en tenant la valise) s'écria:
Renngala! che ne chont pas des pains
à cacheter qu'y a là dedans.
Eh bien ! vous me croirez si vous vou-
lez, le souffleur s'est tordu.
Revenons à la cérémonie du déDart.
Après le troisième acte, nous étions
tous. montés dans le bain, « Le bain à
quai' sous », nom donné jadis à la loge
commune dans laquelle s'habillaient les
nouveaux et où, par faveur spéciale,
Ferdinand se gendarmait. Sur la plan-
chette qui courait le long du mur (1 exi-
guïté de la pièce n'aurait pas permis l'in-
trusion d'une table) trônait un majes-
tueux saladier de vin blanc — bichof
d'honneur. Alors, le brave Pellerin, ten-
dant un verre plein à Ferdinand, lui
adressa avec une effroyable émotion ces
paroles que j'ai encore dans l'oreille -
façon de parler:
« Mon - chsr Ferdinand, vous nous
quittez! Je sais que votre résolution est
irrémissiblement prise et que rien ne
pourra vous faire changer d'avis. Je suis
trop ému pour vous faire un discours, je
vous dirai seulement en quelques pa-
roles, combien vifs sont nos regrets de
vous voir partir. Si vous avez tenu peu
de place sur la scène, vous en avez tenu
une grande dans notre loge. La vue de
votre place désormais vide va nous gla-
cer le cœur. Vous êtes trop intelligent
pour que je vous fasse des compliments
que vous ne méritez pas. Vous vous
apercevriez tout de suite de mon exagé-
ration. Il n'y a pas de déshonneur de n'a-
voir eu aucun talent. Le don n'est pas
attribué à tous. Mais soyez assuré que
nous n'oublierons pas ici votre exacti-
tude, votre dévouement, votre caractère,
votre bonne camaraderie et. mais oui,
la conscience avec laquelle vous avez
rempli votre devoir. Vous n'êtes pas
vieux et certes vous eussiez pu encore
longtemps remplir cet emploi.
A ce moment Pellerin, étouffé par les
larmes, ne put achever et Ferdinand, qui
n'était pas plus ému qu'une sardine, con-
clua :
— Peuh ! place aux jeunes!
Félix GALIPAUX.
Naturalisme
Il est certain que des acteurs comme An-
toine ou Guitry ont tait accomplir à l'art
dramatique, durant ces dernières années,
d'immenses progrès dans la voie du réalis-
me et de l'honnêteté littéraire. Tandis' que
les acteurs d'autrefois échangeaient leurs
impressions en se tournant le dos, les yeux
fixés sur les spectateurs, ceux d'aujourd'hui
jouent avec plus de naturel et reproduisent,
à peu de chose près, les conditions de l^ vie
normale.
Il conviendrait cependant, je crois, de
s'arrêter à temps sur cette excellente voie
et de ne pas pousser les choses un peu trop
loin. C'est ainsi que nous recevons de nom-
breuses réclamations de provinciaux qui,
venus à Paris pour entendre une pièce, s'en
retournent tort étonnés dans leurs foyers
après n'avoir rien entendu du tout.
L'un d'entre eux se plaint par exemple
qu'à la dernière scène du deuxième acte de
La Femme nue il n'entendit, quelle que fût
son attention, que les mots: « arbres. rou-
te. et talus »" le reste était dit avec une
émotion tellement contenue et un tel désir
de réalisme que rien ne parvenait aux oreil-
les des spectateurs.
Lorsque l'on a le talent de Guitry, la
chose a peu d'importance, mais on peut
craindre que dans quelques années, la mé-
thode nouvelle faisant des adeptes parmi
nos jeunes acteurs, on n'entende plus rien
d'une pièce entière.
Par amour de la réalité, les passages les
plus passionnés seront murmurés à l'oreille,
et, par un sentiment de discrétion facile à
comprendre, les dialogues s'échangeront
même dans les coulisses à l'abri des regards
indiscrets des spectateurs. L'on n'aura plus
qu'à baisser le rideau pour permettre aux
scènes poignantes de se dérouler ensuite en
toute intimité comme dans la réalité même.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Cet après-midi, à une heure trois quarts,
à la Comédie-Française, répétition générale
d'Amoureuse, de M. Georges de Porto-Ri-
che.
-Ce soir, au Little-Palace, nouveau specta-
cle -
L
a fin des ouvreuses.
Soyez heureux, ô Jacques May! que
les ouvreuses seraient si heureuses de lyn-
cher. Après le bar automatique, voici que
l'on nous annonce l'ouvreuse dito. Au pays
d'Edison, naturellement, mettez dix centi-
mes, disent les appareils construits par M.
Baumfield, architecte du nouveau théâtre
de New-York — car la nouvelle nous vient
d'Amérique — et l'armoire s'ouvrira. Vous
y appendrez chapeaux, parapluies et pardes-
sus, vous prendrez le jeton, et vous ferme-
rez. A la sortie, remettre le jeton, etc.
N'est-ce pas le rêve !
Quand donc, ô Jacques May, ferez-vous
imposer, à Paris, l'ouvreuse ou plutôt l'ar-
moire automatique!
SIGNALONS A M. BI!RENCER.
A Montmartre, au square Saint-Pierre :
La Grotte d'Amour et la Fontaine des Enfants
LE DRAME DU FAUBOURG
POISSONNIERE
LE MASSACRE DES INNOCENTS
Nous avons anmmoé hier qu'à l'issue des
examens d'opéra le jury, composé de MM. Mes-
sager, Albert Carré, Bernheim, Renaud et Hil-
lemacker, avait adressé au ministre des Beaux-
Arts une protestation contre l'enseignement du
professeur Melchissédec. Il confirmait ce blâ-
me en n'admettant à concourir que deux de
ses élèves seulement. Ceux-là même qui, par-
mi les autres, avaient déjà concouru étaient
;npynrnhlpmpnf prnrfp",
Mais que pense M. Melchissédec de cette
mesure? A ceux qui l'interrogent, le profes-
seur, non sans exagérer les mines de croque-
mitaine oourru, répond simplement: « le m'en
f. I » Et il ajoute: « J'en ai tant vu, mon cher
monsieur, en quarante-cinq ans de métier, que
plus rien ne m'impressionne. Tout ça, voyez-
vous, ce sont des histoires de femmes. Parfai-
tement, de femmes, puisque c'est au moment
où Mlle Arni donnait la scène "de Carmen que
M. Carré est intervenu pour critiquer la tradi-
tion que je lui faisais donner dans le poème.
Vous savez bien, le fameux .donc. Et pourtant
Galli-Marié le disait et c'était une artiste celle-
là! A propos d'une scène de Manon, autre in-
tervention de M. Messager, qui avait l'air de
trouver que ce n'était pas de la musique. Pour
Faust, nouvelle algarade au sujet d'un mouve-
ment que deux de mes élèves avaient un peu
pressé, comme le font d'ailleurs tous les chan-
teurs lorsqu'ils sont émus. Pendant toutes les
autrers scènes, inattention et conversation gé-
nérale. Pas un de mes élèves n'a été écouté
sérieusement.
H Et cette protestation, est-ce que c'est sé-
rieux ? Est-ce qu'en six mois je suis brusque-
ment devenu une ganache? C'est ce qu'on ne
fera croire à personne, car tous les ans j'ai des
premiers prix dans ma classe: Gille, l'an der-
nier; et avant, Carbelly, Mlle Chenal, et tant
d'autres qui sont restés mes élèves reconnais-
sants. -
« Et puis, il ne s'agit pas de moi dans toute
cette histoire. Je peux me défendre et je vais
voir le ministre-à cette intention. Mais les vic-
times, ce sont mes élèves, qu'on empêche de
con.courir. Si l'on me juge indigne dd professer,
que l'on me révoque. Mais qu'on écoute mes
élèves quand ils passent leurs examens. Et sur-
tout qu'on ne les empêche pas de concourir.
Je vous assure bien que s'il est vrai que je
me sens encore capable d'enseigner, et je ne
crois pas, quoi qu'on en ait dit, que M. Gabriel
Fauré pense le contraire, il est encore plus cer-
tain que j'ai de bons élèves, qui valent bien
les autres. Les résultats sont là ».
Il est hors de doute que les dernières paro-
les du professeur contiennent la' morale de cet
incident. Quelque raison qu'on ait dans le jury
de désapprouver la méthode de M. Melchissé-
Idee, il est souverainement injuste que ses élè-
ves, innocents de ce tort, aient à en souffrir. Et
c'est cependant le résultat le plus net de ce qui
s'est passé avant-hier. Le jury, qui, pendant
l'audition des premièrers scènes, était composé
de deux, puis de trois membres seulement, de-
vrait se montrer plus exact, mais moins ner-
veux. Car les gens de sang-froid se demande-
ront pourquoi M. Ponzio, à la voix chaude,
n'est pas admis en ovéra; pourquoi Mlle Arné,
contralto généreux et comédienne de tempéra-
ment, est impitoyablement écartée de tout con-
cours, et pourquoi en sont écartés aussi Mlle
Yvon, Mlle Delph, Mme Felisaz, MM. Rougé,
Tirmont, Castel, qui valent bien les concur-
rents plus favorisés des autres classes?
Le ministre le dira peut-être à ces jeunes
gens, qui lui adressent une juste et ardente ré-
clamation ?
PIERRE CONSTANT.
p
ar delà les mers.
On va donner prochainement la pre-
mière représentation d'une grande comédie
en trois actes, de M. Henri de Rothschild.
Cette pièce, intitulée Le Jouet, aura comme
principaux interprètes Mme Marthe Bran-
dès et M. de Féraudy - excusez du peu ! —
L'auteur viendra diriger lui-même les re-
présentations de cette œuvre importante, qui
sera la prochaine nouveauté de l'Odéon.
de l'Odéon de Buenos-Aires.
Car c'est à Buenos-Aires que cet événe-
ment considérable se passera.
u
rn joli bijou se vend très facilement ei
1 très cher chez Dusausoy, expert
4, boulevard des Italiens, qui achète au
comptant. Il vend aussi de belles occasions.
E
ncore les accidents d'automobile!.
r Hier, dans la matinée, nous pûmes
assister, des tenetres de omoea, a un
impressionnant spectacle.
Un homme d'un certain âge, un honnête
travailleur, aux cheveux blanchis par le
labeur, traînait une petite voiture.
Quand tout à coup nous aperçûmes une
automobile démontée, aux roues disjointes,
au capot isolé de son châssis dont les dé-
bris gisaient dans la petite charrette.
C'était sans doute là les conséquences
de quelque horrible catastrophe, survenue
un peu plus tôt. Ah! les dangers de l'au-
tomobile!. 1
Renseignements pris, ces pièces d'auto
étaient tout simplement de carton peint et
on les emmenait pour la prochaine tournée
Brasseur, où elles doivent servir d'acces-
soires.
T
rrop cher d'achat et d'entretien, cette
grosse voiture dans laquelle vous avez
vu monter hier l artiste en renom à la porte
du théâtre! Trop mesquine la voiturette du
brave petit bourgeois! Mais pourquoi ne
pas acheter immédiatement cette magnifique
10/16 Bayard-Clément qui a tous les con-
forts de la grosse voiture sans ses inconvé-
nients d'entretien de pneus et d'essence.
1
1 nous souvient d'une romance fort agréa-
ble, ma foi, qui - s'appelle, croyons-nous,
Les Ailes de mon Moulin.
Au cours de chacune des strophes, le pro-
priétaire dudit moulin voit passer successi-
vement devant ses yeux nombre de person-
nages symboliques qui font valoir leur verve
poétique: le Malheureux, le Meurt-de-Faim,
l'Amoureux, le Soldat, etc.
Le directeur du Moulin-Rouge-Palace,
lui, ne connaît que des réalités, c'est-à-dire
toute l'aristocratie du monde des lettres, des
arts et de la politique, qui se donnent ren-
dez-vous dans ses jardins.
s
i le rire est le propre de l'homme, le
« bien manger » est aussi l'une de
ses caractéristiques les plus formelles.
C'est pour cela que son premier désir est
de rechercher les maisons où satisfaction
complète puisse lui être donnée.
Ceux qui attachent quelque importance
- et c'est la majorité — aux « choses de
la bouche » se rendent, en théories nom-
breuses, au café Gutenberg, 25, boulevard
Poissonnière, où les plats les plus délicats
leur sont servis au prix le plus juste.
NOUVELLE A LA MAIN
E
ntendu hier, dans les coulisses de la
Scala, ce court dialogue entre deux
marcheuses :
— Ma chère, je viens de recevoir une
carte postale de Djibouti.
— C'est un ami à toi?.
Le Masque de Verre.
Nous publierons demain une chronique de
MARCEL BOULENGER
COMME QUOI LA MODE EST UN ETERNEL RECOMMENCEMENT.
Mlle Suzy Deguez, de la Comédle-Royale (Henri Manuel. pbot.)
dans le rôle 40 Manama necamler.
- 4e4 téméritéa d-6 Mme mode actuelle n'est une éyfflUoil
On demande des Criticju'ks
O a -.. 1- -ib - -9
W i
C'est ce soir qu'aura lieu, au Théâtre Réjane,
le Concours ouvert au public par "Comœdht"
On peut difficilement imaginer le suc-
cès obtenu par l'annonce de notre Concours
de critiques.
On nous signale d'un peu partout l'inten-
tion manifestée par de jeunes écrivains d'y
prendre part, et l'on nous annonce même
l'arrivée à Paris de plusieurs d'entre eux
qui viennent spécialement de province à
cet effet.
Il semble évident, dès maintenant, que
nous pouvons tout attendre de ce concours
et qu'il nous révélera, sans aucun doute,
des critiques d'avenir que l'on ne soup-
çonnait point jusqu'à présent.
D'une façon générale, on s'étonne que
l'idée ne se soit pas fait jour-plus tôt; elle
répond, en effet, essentiellement, aux qua-
lités de notre race, et nombreux sont les
jeunes littérateurs, qui, incapables de fournir
une œuvre passable dans un concours pure-
ment littéraire, voient. se développer chez
eux, au seul mot de critique, des qualités de
polémiste qu'ils ne soupçonnaient point.Rien
ne vaut la réalité des faits, et tel qui se trou-
verait incapable de concevoir chez lui une
œuvre de pure imagination sera tout éton-
né lui-même de voir les idées lui venir en
foule au cours de la représentation.
Avons-nous besoin de le dire. il nous
sera facile de discerner les comptes rendus
faits d'avance, les devoirs d'élèves rédigés
sous la direction de littérateurs ou de cri-
tiques avertis: ils n'auront point cette spon-
tanéité. ce naturel qu'auront immanquable-
ment des critiques rédigées au cours déliai
représentation et il nous sera facile de 'es
éliminer.
Il faut bien Qu'on le sache, en effet, ce
n'est point tant un concours littéraire quo
nous organisons, portant sur la qualité du
style ou sur la correction de la rédaction.
qu'un concours de critique, de "polémique,
pourrions-nous dire, destiné à mettre au
jour chez tous les concurrents des Qualités,
d'observations et de critique, pour peu
qu'elles existent. Ce que nous demandons
avant tout, c'est quelque chose de -vivafltt
d'observé, de vécu, des observations tnou-
velles faites au sujet de la pièce;etd'âu..,
tant plus difficiles à réaliser que tout sembla
avoir été dit actuellement sur ce sujet..-
Rappelons, au surplus, que la critique quel
nous demandons à nos concurrents doit noû9
parvenir dans les vingt-quatre heures, après
la représentation d'aujourd'hui- le compta
rendu ne doit pas dépasser deux - cent!
lignes. ,
Au vainqueur, la publication dans GCH
mcedia de sa critique et le droit de faire,
dans Comoedia, la saison prochaine, le com^p*
te rendu rétribué d'une pièce nouvelle ;aujj'
suivants, quelques souvenirs.
Les articles ne doivent pas être signés,
mais être accompagnés d'une enveloppe-fer-
mée contenant le nom et l'adresse de-l'au-
teur ou la reproduction d'une devise qui de*,
vra figurer au bas de l'article*
"Peter Pan"
au - VaydeyiHe
J'ai eu le plaisir de rencontrer hier M.
Hillier, le chef d'orchestre de la troupe du
« Duke of York's Theatre », avant son dé-
part pour Londres, où l'appellent les der-
nières répétitions de Peter Pan. On sait
que la pièce si curieuse de M. J.-M. Barrie
va être jouée au Vaudeville, et que le prin-
cipal rôle sera interprété par la toute gra-
cieuse Miss Pauline Chase.
— Nous croyons au succès, m'a-t-il dit;
n'oubliez pas que Peter Pan a été jouée
quatre cents fois à l'étranger, et a fait la
joie de milliers d'enfants et de grandes per-
sonnes en Angleterre et en Amérique. Seu-
lement, notre tâche est ici assez compli-
quée, la scène du Vaudeville n'étant pas
agence pour les trucs de machinerie. Or,
vous le savez, dans Peter Pan, il y a des
enfants qui volent, des crocodiles qui ava-
lent des pendules, et des champignons
géants qui s'ouvrent.
— C'est, en somme, un conte de fées?
— Si vous voulez! Mais, c'est vous qui
l'avez dit, n'y a-t-il pas en chacun de nous
une âme de grand enfant toute disposée à
se laisser enchanter par de beaux contes
de fées?
Peter Pan vous enchantera.
PAULINO.
Mies Pauline Chase
Démission ! Démission !
Par Henry Hecque
Le Théâtre-Français, tout le monde le
voit et en convient aujourd'hui, est en train
de disparaître. Les maîtres de la maison
eux-mêmes démolissent la maison. M. * Truf-
fier, qui est de la petite troupe, attaque la
grande troupe. M. Le Bargy déclare que la
grande troupe, dont il fait partie, est insuf-
fisante et n'existe plus. Enfin, M. Silvain,
plus courageux que ses camarades, s'en
prend directement à l'administrateur. « Le
coupable, nous dit-il, c'est M. Claretie, et
lui seul. Il l'est par son insouciance, par tou-
tes ses faiblesses, par son mauvais goût lit-
téraire. » M. Silvain se plaint aussi du cou-
lage, d'un coulage mystérieux et sur lequel
'il ne s'explique pas. Au cri général: « D'où
vient l'argent? » il en substitue un autre:
« Où va l'argent? »
Cet effondrement du Théâtre-Français, si
je suis des premiers à le regretter, est bien
loin de me surprendre. Déjà, en 1890, au
moment de La Parisienne, j'avais vu de près
l'état de désordre et de décomposition où
la Comédie était tombée. Cette grande mai-
son, que Perrin avait conduite et mainte-
nue si fermement, n'était plus qu'une pétau-
dière, pis que cela, une véritable popote.
Elle ne vivait que de compromis entre l'ad-
ministrateur et les comédiens. Rôles refu-
sés ou rendus, répétitions manquées, esca-
pades des uns et des autres, Claretie accep-
tait tout et favorisait tout. En revanche, on
lui passait ses volontés et ses caprices. Lors-
qu'il arrivait à Claretie de prendre une me-
sure, si préjudiciable qu'elle fût, on le lais-
sait faire; on savait que l'honorable admi-
nistrateur avait quelque profit personnel,
passablement scandaleux, à en retirer.
Disons tout et que cette leçon puisse pro-
fiter à nos ministres: le Théâtre-Français
était condamné le jour où on mettait à sa
tête un homme sans caractère et sans auto-
rité, sans une pensée artistique, qui voyait
là, non pas un service public dont il était
chargé, mais une position exceptionnelle,
qu'il allait exploiter pas à pas, de toutes les
manières, avec une imperturbable effron-
terie, - -. - - --
Claretie, dans ces dernières années, a fait
de grands voyages, et c'est par lui-même que
nous les avons appris. Un jour, il bouclait
sa valise; un autre jour, il se jetait dans un
sleeping; une troisième fois, il franchissait
la frontière. Il a parcouru ainsi l'Angleterre.
la Belgique, la Suède et la Norvège, la riol-
lande, l'Espagne, une quantité de pays qui
se trouvent à quelque distance de la rue Ri-
chelieu. Il est bien certain que l'adminis-
tration d'un théâtre est un poste plutôt se-:
dentaire et qui exige que le titulaire soit la
le plus souvent possible. Il ne faut pas croire
pourtant que le Théâtre-Français ait souf-,
fert des absences de Claretie et qu'elles
soient pour quelque chose dans la situation-
actuelle. Claretie, depuis bien longtemps
déjà, depuis 1890, a pour co-directeur un
artiste du théâtre, M. Prudhon, qui.se trou?
vait tout indiqué pour le suppléer. M. Cla-
retie et M. Prudhon se ressemblent d'abord
par la nature de leur talent. C'est le même
talent, pourrait-on dire, et qui donne la mê-
me impression. Si M. Prudhon n'a pas sur
ses camarades toute l'autorité nécessaire,
Claretie ne leur en impose pas beaucoup
plus. Enfin, pour la distinction et les belles
manières, ce qu'on appelle le port, Claretie
est forcément inférieur au brillant sociétai-
re, qui compte vingt-cinq années de réper-
toire.
Les voyages de Claretie, j'ai hâte de le
dire, présentent un autre danger, et un dan-
ger beaucoup plus sérieux.
Nommé presqué en même temps admi-
nistrateur du Théâtre-Français et membre
de l'Académie, Claretie avait un premier
sacrifice à faire. Il devait, je ne dirai pas
cesser absolument d'écrire, mais s'interdirf
à jamais cette copie lamentable, si fâcheuse
pour lui-même, qui nous rappelle à tout mo
ment sa médiocrité. Il devait ensuite, pat
reconnaissance pour la Comédie et pour
remplir ses obligations envers elle, disons
le mot, pour gagner son argent, consacrer
au Théâtre-Français tocs ses soins et tout
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