Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-05-22
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 mai 1908 22 mai 1908
Description : 1908/05/22 (A2,N235). 1908/05/22 (A2,N235).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76466190
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2* Année. « N° 235 (Quotidien) -
Le Numéro ; S centimes ,
1 1 :' r ,.- ,.. I~
Vendredi 22 Mai 190&
COMŒDIA
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKl
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
37, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
, presse Télégraphique : COMOEDIA.PARIS
ABONNEMENTS :
11 UN AN 6 RIOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 m
RÉDACTION & ADMINISTRATION ?
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UN AN $ MOIS
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Paris et Départements 24 fr. 12 fr
Étranger. 40 » 20 a
AUX 66
depuis notre fougueuse séance de mardi
fermer on aperçoit, j'ai grande joie à le cons-
tater, une tendance très nette à la concilia-
tion parmi les auteurs dramatiques; je di-
rais même, si j'osais entrechoquer ces ter-
mes, qu'il y a de violents indices d'apaise-
ment. Des deux parts, des esprits justes et
judicieux préparent un terrain d'entente, et
tout permet d'espérer que notre prochaine
assemblée sera, dans toute l'acception du
mot. confraternelle.
En l'attendant, je voudrais, mes chers con-
frères, causer un peu avec vous, en cama-
rade. J'y ai quelque titre: car j'ai été, dans
la lutte de l'autre jour, non pas l'un des
champions, mais le champ de bataille. C'est,
en effet, à propos du rapport annuel, dont
je n'étais que le modeste rédacteur, que
fut émis le vote sur lequel les deux partis
se Comptèrent: nous fûmes 119, vous fû-
tes 66.
Je crois, mes. chers confrères, que la
cause de nos dissentiments — qui sont tou-
jours passagers, l'expérience le prouve -
vient de la fausse idée que nous nous fai-
sons de ce que nous sommes. On ne se
connaît jamais soi-même; c'est une vérité
qui date du grec. Elle nous a été léguée
par les gens qui inventèrent le théâtre. Nous
étions donc tout désignés pour en démon-
trer l'exactitude..
Non, nous ne nous connaissons pas nous-
mêmes, puisque dans vingt chroniques, dans
cinquante lettres publiées et dans mille con-
versations, à 'la fois confidentielles et pu-
bliques — comme toutes les conver-
sations entre gens de théâtre -, on a com-
paré notre organisation sociale à une orga-
nisation politique, les uns estimant que l'As-
semblée des auteurs dramatiques était un
Parlement et la Commission un ministère,
les autres soutenant, comme l'a fait ici-
même si ingénieusement notre confrère Kis-
temaeckers, que l'Assemblée était un corps
électoral et la Commission un Parlement.
Gardons-nous de rien emprunter à la
politique, même des comparaisons. A la vé-
rité, nous n'avons aucun rapport, et il faut
nous en louer, avec tout ce qui peut être
issu du suffrage universel. Nous sommes
tout simplement une Association de produc-
teurs, et notre Société est une Société de
perception : -
Quelques-uns de ces producteurs sont dé-
légués à la gérance financière des affaires
communes. Toute décision arrêtée par eux
les touche donc directement; elle est pro-
prement à leur profit ou à leur désavantage.
Et c'est pourquoi - même lorsque vous
êtes en désaccord avec eux — vous ne pou-
vez pas ne pas être assurés que vos gé-
rants, c'est-à-dire vos commissaires, ne
prennent jamais une résolution qu'après l'a-
voir étudiée avec tout le soin et toute l'in-
telligence qui est en eux,
Leur intérêt est trop en jeu pour que
vous en puissiez douter.
Lorsque la Chambre des députés vote
une loi, lorsqu'un ministre prend un dé-
cret, ils n'ont pas à en supporter personnel-
lement les conséquences, les contribuables
ont été créés pour ça. — Et c'est la beauté
de ce régime-ci -.
Le député ni le ministre ne payent au-
cun pot cassé, ils ne font pas la guerre s'ils
la décident, ils ne versent pas l'impôt sur
le revenu s'ils le votent. Vos commissaires,
au contraire, sont des auteurs, des auteurs
dont le répertoire est important; toute me-
sure qui serait préjudiciable aux auteurs
dramatiques le serait à eux plus qu'à per-
sonne. Le seul reproche que vous puissiez
donc leur adresser est de leur dire: « Vous
connaissez mal vos propres intérêts, vous
gérez mal vos propres affaires. »
Voilà, je pense, qui démontre assez la
complète bonne foi, la conscience absolue
de ceux contre qui vous avez émis mardi
dernier vos 66 suffrages. C'est d'un défaut
de jugement, et non d'autre chose,, que
vous pouvez accuser la Commission qui
rédigea le nouveau traité avec les directeurs
de théâtre de Paris.
Vous n'êtes pas de leur avis, mes chers
iconfrères, voilà tout. Mais un avis en vaut
un autre. Celui que soutinrent MM. Capus
et Gavault a, jusqu'à preuve du contraire,
c'est-à-dire jusqu'à expérience faite, autant
de crédit que celui que défendirent MM.
Trarieux et Max Maurey.
Ceci établi, je voudrais vous dire une
chose qui ne vous a pas été dite, je crois:
La suppression des billets de faveur, que
vous attaquez et que nous soutenons, n'est
pas, mes chers confrères, dans notre esprit,
ime mesure parfaite. Elle participe de l'in-
certitude commune à toutes les affaires hu-
maines.
Un proverbe dit: « De deux maux, il faut
choisir le moindre. » Aucun proverbe ne
dit: « De deux biens, il faut choisir le plus
grand. » Sans doute parce que tout le long
de la vie on a constamment à hésiter entre
deux maux, et presque jamais entre deux
biens.
Dans la question des billets de faveur,
notre étude fut justement de détermi-
ner où était le moindre mal, et après deux
mois de recherches, d'enquêtes et de confé-
rences, les quinze auteurs dramatiques qui
composent votre Commission en arrivèrent
à conclure unanimement qu'il y avait pour
vous, pour eux, pour l'art dramatique, des
dangers infiniment plus graves, plus pres-
sants, plus redoutables à maintenir l'état de
choses actuel qu'à supprimer le billet de
faveur. D'un côté, ils ont aperçu des frau-
des chaque jour grandissantes, des abus in-
tolérables, un tort immense causé à l'indus-
tris théâtrale; de l'autre, ils n'ont vu qu'un
préjudice d'amour-propre et la diminution
possible, mais non pas sûre, de la durée de
certaines pièces, d'ailleurs largement com-
pensée par l'augmentation forcée des re-
cettes.
Remarquez, je vous prie, que ceux qui
ont critiqué notre réforme n'ont indiqué au-
cun remède à la situation terriblement pé-
rilleuse qui nous avait été découverte et
Çjue nous vous avions signalée. En somme,
li maladie étant certaine, votre Commis-
sion est pour l'intervention chirurgicale;
vous, vous êtes pour la cure médicale, mais
vous n'avez pas encore trouvé le médecin.
C'est l'histoire de toutes les appendicites.
Et Dresque toujours en pareil cas. ceux oui
ont, pendant des années, tenté des cures
compliquées et suivi des régimes pénibles,
sont tout de même obligés, un beau jour,
d'en venir à l'opération.
Parce que nous avions décidé d'en es-
sayer, avec cette particularité que cette opé-
ration-là n'a qu'un caractère expérimental,
vous avez, mes soixante-six chers confrères,
refusé d'approuver le rapport, c'est-à-dire
voulu désavouer votre Commission et l'obli-
ger à se retirer.
Aviez-vous bien mesuré les conséquen-
ces de votre vote? Si vous aviez triomphé,
que fût-il advenu de notre Société? Les
deux partis en présence auraient eu une
force suffisante pour que chacun pût anni-
hiler l'autre; mais aucun n'en aurait eu as-
sez pour assumer désormais la gérance de
nos affaires sociales. C'était l'anarchie, c'é-
tait la scission, c'était la disparition cer-
taine et rapide de cette admirable associa-
tion qui a pu établir, pour les auteurs dra-
matiques français, ce régime si merveilleu-
sement égalitaire que nos confrères de tous
les pays jalousent et qu'en France, tous les
groupements, tous les artistes, tous les ou-
vriers envient.
Pour mesurer ce qu'a fait pour nous la
Société des auteurs dramatiques, ce qu'elle
nous a donné de puissance, de crédit, d'a-
vantages, souvenons-nous, mes chers con-
frères de nos débuts. Souvenons-nous de
notre première pièce, que nous apportions,
tout tremblants, à notre premier directeur.
Souvenons-nous que, lorsque cette pièce
fut jouée, nous reçûmes, nous, auteurs in-
connus, exactement le même salaire que
nos plus glorieux maîtres. Tout leur illustre
passé servait à protéger notre jeunesse. Et
c'est parce que Augier, Dumas ou Sardou
voulaient bien ne toucher que douze pour
cent de la recette quotidienne que nous en
touchions tout autant.
En Angleterre, en Amérique, où il n'y a
pas de société d'auteurs, certains de nos
confrères sont obligés de vendre leurs œu-
vres ferme pour quelques centaines de
francs, comme au dix-septième siècle ; d'au-
tres, les arrivés, les notoires, peuvent exi-
ger la part du lion, et on m'a assuré que
le fameux Pinero réclama, pour l'un de ses
ouvrages, la totalité des recettes pendant les
dix premiers jours; et qu'il l'obtint.
Est-ce une pareille inégalité que vous
voudriez voir se rétablir chez nous? Voulez-
vous que ceux qui nous suivront soient à la
merci des directeurs de théâtre? Non, as-
surément! Et cependant, voilà ce que vous
avez risqué.
Sans traverser la mer, voulez-vous un
autre exemple ?
Imaginez-vous un marchand de tableaux
disant au plus célèbre 4,eunos,peintres.Au
lieu de payer vos toiles cinquante mille
francs, je ne les paierai désormais plus que
cinq mille; mais, en revanche, je paierai
cinq mille aussi les œuvres de commen-
çants que jusqu'ici, je payais deux louis! »
Que répondra le célèbre peintre?
Imaginez-vous un éditeur déclarant au
romancier en vogue : « Au lieu de vous
donner un franc par exemplaire vendu, je
ne vous donnerai plus, à l'avenir, que cin-
quante centimes; mais, en revanche, je
donnerai cinquante centimes aussi aux écri-
vains ignorés qui, jusqu'ici, n'en recevaient
que quinze. »
Que répondra le romancier en vogue?
Voilà pourtant le sacrifice admirable
qu'ont fait nos maîtres à nous. Ils ont voulu
que comme le plus fameux de nos auteurs
dramatiques, le plus obscur perçut chaque
jour douze pour cent de la recette. Ma-
dame Sans-Gêne ou Cyrano de Bergerac ne
sont pas plus rétribués que l'ouvrage d'un
débutant. Voilà le régime qu'ont établi, à
force d'énergie et de désintéressement, les
défenseurs 'de nos droits, les fondateurs de
notre Société, et c'est pourquoi nous som-
mes aussi fiers de leurs actes que nous le
sommes de leurs œuvres. Ce régime-là ne
survivrait pas d'une heure à une scission
dans la Société des auteurs dramatiques. Et,
à cause de cela, mes soixante-six confrères,
j'ai pensé qu'il n'était pas inutile de vous
rappeler des choses, qui méritent de n'être
jamais oubliées par tous ceux de notre pro-
fession.
G.=A. de CAILLAVET.
Nous publierons demain un article de:
FÉLIX GALIPAUX
L'amour injouable
Au sujet de pièces récentes jouées sur
nos plus grandes scènes parisiennes, cer-
tains confrères ont cru devoir ouvrir d'ur-
gence une enquête sur la crise de l'amour.
Il garait, en effet, que la situation révélée
par nos auteurs dramatiques est des plus
angoissantes et qu'il importe de savoir au
plus tôt, en pareille matière, où nous allons.
C'est là une enquête qui ne manquera
point de faire sourire les gens qui aiment
véritablement, et qui étonnera tout en
même temps ceux qui ont quelque habitude
du théâtre.
On n'ignore pas, en effet, que ce qu'on
appelle l'Amour au théâtre consiste généra-
lement en une longue série de meurtres,
d'assassinats, de divorces, de femmes cou-
pées en morceaux ou jetées par la fenêtre,
et que, dès l'instant où le mot amour est
prononcé dans une pièce, on peut s'atten-
dre aux pires catastrophes, aux manifesta-
tions de la haine la plus acharnée.
Et cela s'explique. Tout le monde sait,
en effet, que les peuples heureux n'ont pas
d'histoire, et que, sans histoire, il est bien
difficile de faire une pièce de théâtre.
L'amour pur est une chose dont on ne
peut se passer que quand on l'à, et dont la
privation seule peut comporter Une action
théâtrale. Sitôt atteint, il devient injouable.
Le poème d'Albert Samain, que l'on vient
de donner au Français, est à ce point de vue
des plus instructifs. On y voit deux jeunes
gens qui s'aiment véritablement et, tout na-
turellement, comme leur amour est sans
mélange, ils ne peuvent taire que dormir
très tranquillement tout au long de la pièce.
Polyphème lui-même s'en trouve désarmé.
Je sais bien que les sceptiques trouveront
à son pacifisme d'autres motifs. Il est im-
possible, en ettet9 de lancer un bloc de
pierre, fût-il en carton, sur deux acteurs en
scène, sans accident ou sans invraisem-
blance, et le parti de la paix s'imposait de
lui-même.
Mais, malgré cela, croyez-le bien, Poly-
phème se trouverait encore complètement
désarmé, car rien ne prévaut dans la vie
contre le tait parfaitement calme, somno-
lent et cynique, de deux personnes qui s'ai-
ment tout simplement.
Contre une pareille force d'inertie, les
jaloux — je parle de ceux qui ne sont point
des assassins ou des alcooliques —- n'ont pu
de tout temps que taire un chose: fermer
les yeux. Quand ce sont des héros
fabuleux, ils se les crèvent, mais cela re-
vient toujours exactement au même, avec
l'achat d'un caniche en moins.
G. DE PAWLOWSKI.
Echos
Ce soir, à huit heures, à l'Opéra-Comi-
que, première représentation de Snegou-
rotchka (La Fille de Neige), conte de prin-
temps en quatre actes et un prologue, tiré
d'Ostrovsky, adaptation française de M.
Pierre Lalo, d'après la traduction de Mme
Halpérine, musique de M. Rimsky-Korsa*
koff.
Ce soir, a huit heures et demie, à VO-
déon, première représentation de ; Le Nir-
vana, poème dramatique en quatre actes, de
M. Paul Verola, musique de scène de M.
Tiarko Richepin, et La Voix Frêle, pièce en
un acte, de MM. Augustin Thierry et Eu-
gène Berteaux.
Ce soir, à huit heures et demie, au Pa-
lais-Royal, première représentation (reprise)
de La Nuit de Noces, vaudeville en-trois ac-
tes, de MM. Henry Kéroul et Albert Barré.
*
Ce soir, à huit heures et demie, au Tria-
non-Lyrique, première représentation (à ce
théâtre) de Giroflé-Girofla, opéra-bouffe en
trois actes, de MM. Vanloo et E. -Leterrier,
musique de M. Charles Lecocq. >
MM. les critiques musicaux, dramatiques,
soiristes, courriéristes théâtraux et les per-
sonnes inscrites aux divers services du théâ-
tre seront reçus ce soir, au contrôle, sur
présentation de leur carte.
Cet après-midi, à deux heures, au théâ-
tre de Montrouge, répétition générale de
Alesi. à Montrouge, revue .d'été.satirique
et locale en trois actes et Cinq tabîeàux, ilé'j
MM. André de Caye et Paul Goguet, inu-
sique arrangée par M. Radoux. Ce soir, pre-
mière représentation.
A L'OPERA-COMIQUE
- (Paul Boyer et Bert, phot.) 1
Géraldine FARRAR, dans Le Clown
A
u pays du muffle.
Hier. à la sortie de la générale de
l'Odéon. Il pleut à verse. Une de nos très
aimables artistes hèle un gamin à l'affût de
toutes les bonnes occasions.
— Va me chercher une voiture, « mon
vieux » !
— Bien, princesse !
Deux minutes après, un fiacre stoppe. La
comédienne ouvre la portière. A ce mo-
ment précis, un monsieur très, élégant, rasé
d' « encore plus près », se précipite:
— Pardon!. C'est ma voiture!
— Mais enfin, monsieur. je viens de
l'envoyer chercher!!.
— C'est ma voiture: je vous prie de des-
cendre.
— Ça, jamais ! Conduisez-nous plutôt au
commissariat de police.
Entrée bruyante dans l'antichambre de la
justice.
Explications contradictoires - évidem-
ment.
Le magistrat municipal, requis, s'inter-
pose :
— Enfin, monsieur, la galanterie voudrait
que vous reconnaissiez le bon droit de ma-
dame.
— Il n'est pas de galanterie lorsqu'il
pleut. et puis je dois entrer en scène à huit
heures.
— Fort bien, monsieur. Vous permettez,
madame?
Et M. le commissaire de police, lui-même,
s'en fut quérir une autre voiture pour la
gente comédienne, l'y conduisit, la salua
bien bas, et referma la porte du commissa-
riat sur le nez du beau jeune homme, qui
put enfin occuper, seul, sa voiture.
s
crutin. ---
La Commission de la Société des au-
teurs et compositeurs dramatiques a procé-
dé, hier après-midi, à l'élection de son bu-
reau. Ont été nommés :
Président: M. Paul Hervieu;
Vice-présidents: MM. Jean Richepin et
Maurice Donriây;
,\ .1
1 Trésorier: M. Paul Gavault:
Secrétaires: MM. Robert de Flers et
Maurice Hennequin;
Archiviste: M. Maurice Hennequin.
L'Assemblée générale extraordinaire de
la Société aura lieu le 12 juin.
L
a Polonaise revient de France.
On a souri, l'autre soir, à l'Opéra,
lorsqu au défilé des fiançailles du troisième
acte de Boris Godounow on vit le cortège
nuptial défiler en boitant tous les trois pas.
C'est, paraît-il, une coutume encore en
vigueur actuellement à la cour du tsar. Cela
s'appelle, la Polonaise, et c'est un usage qui
vient de France.
Il n'y a, décidément, rien de nouveau sous
le soleil. de Russie.
UNE LETTRE DE M. A. GUINON
A propos des questions qui divisent ac-
tuellement la Société des auteurs dramati-
ques, nous recevons la lettre suivante de
l'auteur du Pârtage:
Mon cher Comœdia,
Un simple mot, avant la prochaine assemblée
de la S. D. A. D.
Je ne fais pas partie du Syndicat collatéral;
et je compte dans la Commission plusieurs amis
personnels; je ne suis donc pas suspect d'hosti-
lité préconçue envers les membres de cette der-
nière.
Mais il me semblerait excellent, dans l'intérêt
général - y compris l'intérêt de nos camarades
commissaires — que l'article 15 des statuts fût
précisé de la façon suivante:
Dans le cas où il s'agirait d'engager une dé-
pense dépassant une certaine somme (à fixer),
comme dans le cas où il s'agirait d'apporter un
changement quelconque dans le fonctionnement
habituel de la Société (traité d'une forme nou-
velle à conclure, par exemple), nos commissai-
res seraient tenus de soumettre leurs proposi-
tions au vote d'une assemblée générale.
Car, pour peu qu'on soit de bonne foi, l'on
reconnaîtra que le droit conféré à nos camarades
de la Commission, par l'esprit des statuts com-
me par nos traditions sociales, est uniquement
le droit d'expédier les affaires courantes de la
Société dans les conditions ordinaires de son
fonctionnement, mais que toute modification ap-
portée à ces conditions mêmes doit-être soumise
à la Société entière.
Il me semble que la presque unanimité pour-
rait se, faire sur ce point entre hommes bien
élevés et confrères de bonne foi comme nous
le sommes certainement tous.
Croyez, mon cher Comœdia, à mes senti-
ments les plus sympathiques.
Albert GUINON.
E
ntendu à la sortie de l'assemblée gé-
Il nérale de la Société des auteurs et
compositeurs dramatiques — de la S. D.
A, D., comme écrirait Robert. Qudot, le
chantre habituel Ses exploits des commis-
saires. et des huissiers.
Personnages : un sociétaire incorruptible,
un membre du syndicat :
— La séance fut plutôt chaude. Vous
avez eu le dessus, mais soyez tranquille.
nous vo-us, « aurons »
Soit! j'en accepte l'augure, mais en at-
tendant, allons dîner sur nos positions au.
Moulin-Rouge-Palace.
Tout s'arrange, évidemment, surtout au-
tour d'une table bien servie.
L
es propriétaires d'automobiles avisés
sont ceux qui possèdent ou achètent le
châssis 20/30 Labor, construit aux célèbres
Usines Weyher et Richemond. Il est à la
fois idéal pour la route et pour la ville. Sou-
ple et docile, il a une force plus que suffi-
sante pour faire vite et monter les côtes les
plus dures.
L
es grandes chaleurs survenues tout à
coup n'empêchent pas la clientèle élé-
gante de Paillard de fréquenter plus assidû-
ment que jamais le célèbre restaurant du
boulevard où, aux sons d'une musique ex-
quise, défilent, sur les tables fleuries, les
mets les. plus recherchés et les plus déli-
cats.
]
1 est incontestable que le nouvel antidé-
rapant Gaulois, que les Etablissements
Bergougnan ont lance tout récemmept, est
vraiment un progrès. C'est un antidéra-
pant. qui ne dérape pas! En outre, la
matière employée pour l'application des ri-
vets leur assure une saillie prononcée et
une solidité absolue.
s
i Champeaux est le rendez-vous des fi-
nanciers les plus fameux et des litté-
rateurs les plus notoires, c est qu ils savent
qu'au restaurant de la place de la Bourse
ils trouveront une chère exquise et un ser-
vice merveilleusement fait.
Et nunc erudimini.
D
Regner, 4, rue des Capucines, paye
cher bijoux, diamants, perles, auto-
mobiles, reconnaissances du Mont-de-Piété,
100 0/0, les dégage sans frais, même chez
des tiers.
Le Masque de Verre.
Gala Alice Verlet
--
Le mardi 26 mai.' au Trocadéro, sera don-
née une grande matinée de gala par Mlle
Aiice Verlet, à laquelle S. A. R. la duchesse
de Vendôme, Mme Leghait et la légation de
Belgique ont bien voulu accorder leur haut
patronage.
Prêteront leur concours à cette brillante
représentation: Mlles Féart, Flahaut, Caro-
Lucas; MM. Féodoroff, Nuibo, Nucelly,. de
l'Opéra; Mlles Claire Friché, Sylva, Mari-
gnan ; MM. Dufranne,. Devriès, Viannenc,
de l'Opéra-Comique; Mlle Renée du Minil,
de la Comédie-Française; Mlle Lilliàn
Greuze, MM. J. Zoulli, Jean Coquelin; MM.
Sardet, Cèbe et Mary, de la Gaîte-Lyrique ;
Mme Roger-Miclos Battaille, Mme Anna
Thibaud, Mme A. Pouget, Mlle Borsa, M.
Martinelli, M. L.-Ch. Battaille.
Direction artistique: M. Paul Vidal, de
l'Opéra.
Le double quintette, qui vient de triom-
pher en Espagne pour la cinquième fois, a
promis également son précieux concours.
On applaudira donc MM. Sechiari, Houdret,
Vieux, Marner Leduc, Hennebain, Bas,
LefebvrÇi Reine et Vizentini.
La Vraie Question
La seule, la vraie question, celle qui s'im-
pose et que nous n'avons point vu poser
dans un seul journal de Paris, c'est de sa-
voir: non pas si M. Claretie jouera Le Foyer,
ou s'il faudra que les auteurs retournent de-
vant le tribunal pour que celui-ci « fasse
droit », non pas de s'enquérir si ce même
Foyer sera joué en pleine canicule ou la
saison prochaine; la seule question estde sa-
voir si M. Claretie va quitter la Comédie-
Française. Si les lettres françaises doi-
vent gagner à la mise à la scène du
Foyer, il n'est pas douteux qu'elles doivent
gagner beaucoup plus encore au départ de
M. Claretie.
Entendons-nous bien: Le départ de la
Comédie-Française de M. Claretie ne fait
point partie du programme de notre jour-
rial; nous n'avons ici de haine contre per-
sonne, nous estimons que le temps est trop
précieux pour en perdre même une par-
celle à la satisfaction de rancunes plus ou
moins graves. L'intérêt seul du théâtre ins-
pire jusqu'aux moindres de nos actes, et
c'est ce seul intérêt que nous consultons en
affirmant que le départ de M. Claretie de
la Comédie-Française serait l'événement le
plus heureux qui puisse se produire pour
les destinées de la Maison de Molière.
Le départ de M. Claretie ne dépend point
de nous ; mieux encore, nous ne ferons
point un pas pour l'obtenir; c'est dire en
même temps que son maintien dans un
poste qu'il remplit si mal ne nous apparaî-
tra point comme un échec pour Comœdia,
Mieux encore, nous' n'avons contre M.
Claretie aucun grief personnel- il n'eut ja-
mais occasion de nous bien accueillir, puis-
que nous en sommes.encore à lui demander
de nous ouvrir une de ses portes ; nous de-
vons même indiquer la conviction où nous
sommes qu'il nous aurait accueilli fort ci-
vilement si nous avions eu à prendre con-
tact avec lui.
Donc, nulle question d'amour-propre;
point, vis-à-vis de lui, de victoire qu'il nous
faille absolument remporter. Son départ, se-
lon nous, s'impose parce qu'il est un mau-
vais administrateur sans autorité, sans fer-
meté, sans poigne; parce qu'il est fluém. in-
décis ; parce que son esprit voltige sans
cesse ailleurs qu'à la Comédie; parce que-,
la Maison, sous son égide, périclite et va
sombrer, peut-être.
Son départ est désirable, parce qu'il n'est
plus le .maître du navire, parce que ses ma-
telots désertent le bord sans cesse, parce
que les tournées se font sans cesse plus
nombreuses, parce que sociétaires et pen-
sionnaires s'en vont au hasard de pièces
qu'ils ne savent point et d'un répertoire qui
est" rarement le leur, s'en vont en province
gêner l'exploitation ordinaire des théâtres et
donner trop souvent une piètre idée des co-
médiens de. la Grande Maison.
Son départ est désirable parce que, quel-
ques recettes qu'il fasse valoir, la part des
sociétaires est réduite de moitié, et que les
sociétaires ne vivent plus de cette part ;
parce qu'on ne peut être partout et que l'ad-
ministration de !a Maison de Molière ne
laisse pas le loisir d'écrire dans toute la
presse, pas plus que de faire des romans '- oq,
des pièces en un ou plusieurs actes.
Son départ est désirable pour le viens ré-
pertoire comme pour celui du dix-neuvième
siècle, pour les auteurs' modernes comme
pour les anciens, pour le bon renom de la
Comédie à l'étranger, comme Dour sa bon-
ne administration.
Il n'y .a qu'une chose qui puisse mainte-
nir M. Claretie à son poste: c'est la cou-
pable inertie de ceux crui pourraient, avec,
d'ailleurs, tous les égards qui lui sont dus,
le prier daller planter ses choux ailleurs.
Et voici que nous nous prenons à songer
qu'avec un successeur de l'envergure de
M. Albert Carré, par exemple, notre rôié à
nous serait beaucoup plus difficile. Plus
rien à dire sur les tournées,' sur les rôleg-
non sus en double, sur les milliers d'abus
qui sortent chaque jour comme des chain
pignons.
Quand même, nous aimerions mieux urr
administrateur impeccable qu'une adminis-
tration aussi amusante que l'administration
de M. Claretie.
COMŒDIA.
AU TRÉTEAU
- L,e-NéuVeau Spectacle >
(Ernesto Brort. -
MAUREL, MARGUERITE DEVAL, DEFREYN
Nous connaissions déjà la maison démon-
table que son propriétaire emmène avec soi
à la façon dont les escargots trimballent leur
coquille.
Le très avisé Parisien et le directeur ha-
bile qu'est M. Michel Mortier vient de nous
offrir le théâtre portatif.
Oui, dès que les dernières belles clientes
du « Ceylon », le tea-room de la rue Cau-
martin, ont fui vers les garçonnières ou
vers- le pot au feu conjugal, M. Michel Mor-
tier fait un signe — et, hop ! une heure plus
tard, un vrai théâtre aligne sur l'emplace-
ment des petites tables ses cent fauteuils
confortables et ses soixante places de loges.
C'est un rien, un souffle, un rien, un
coup de baguette de magicien, des fleurs
en guirlande courant au rebord des loges,
des clartés électriques tombant à flot sur
des élégances notoires.
Et voilà un nouveau « petit théâtre chic »
de plus à Paris.
Il n'y a qu'un mal à cela: c'est qu'il y
avait déjà, à Paris, beaucoup, beaucoup de
Detits théâtres chics.
Très curieuse, l'installation des loges (?)
d'artistes.
C'est ainsi qu'hier soir la belle Madeleine
Carlier s'habillait dans. les waters:Iose^
du « Ceylon » ; Mlle Véniat, dans la cui.
sine où, pendant le jour, des opérateurs in-
diens préparent l'infusion parfumée.
A Mlle Félyne — la veinarde! — était
échu le bureau du caissier, tandis que ma
charmante camarade Jameson — bonsoir
madame Codomat ! — se maquillait en com-
pagnie de la sémillante Calvill et d'Andrée
Glady dans le cabinet directorial — le tou;
au troisième étage, alors que les camarade:,
s'habillaient dans les sous-sols!
Infiniment pratique, comme vous voycç
Quant aux hommes, le bel et élégant Ro
zemberg, l'amusant Maurel, le sémiTan
Defreyn, ils campaient au hasard, dans une
quelconque antichambre.
Mais tout cela se faisait avec gaieté, se
supportait avec esprit.
Et mon boo camarade Lucien Meyrar
gues, secrétaire général de la maison, af
fairé, reluisant, pavoisé du sourire der
grands soirs, se prodiguait en des besogne-
ingrates de machiniste, de régisseur — que
sais-je encore?
C'était charmant!
* *
Dans la salle, une floraison a,. "Pp'
a hurf » - si j'ose ainsi dir, !
Le Numéro ; S centimes ,
1 1 :' r ,.- ,.. I~
Vendredi 22 Mai 190&
COMŒDIA
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKl
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
37, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
, presse Télégraphique : COMOEDIA.PARIS
ABONNEMENTS :
11 UN AN 6 RIOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 m
RÉDACTION & ADMINISTRATION ?
-,
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE: 288-07*
Adresse Télégraphique : COMŒDIA.PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN $ MOIS
-
Paris et Départements 24 fr. 12 fr
Étranger. 40 » 20 a
AUX 66
depuis notre fougueuse séance de mardi
fermer on aperçoit, j'ai grande joie à le cons-
tater, une tendance très nette à la concilia-
tion parmi les auteurs dramatiques; je di-
rais même, si j'osais entrechoquer ces ter-
mes, qu'il y a de violents indices d'apaise-
ment. Des deux parts, des esprits justes et
judicieux préparent un terrain d'entente, et
tout permet d'espérer que notre prochaine
assemblée sera, dans toute l'acception du
mot. confraternelle.
En l'attendant, je voudrais, mes chers con-
frères, causer un peu avec vous, en cama-
rade. J'y ai quelque titre: car j'ai été, dans
la lutte de l'autre jour, non pas l'un des
champions, mais le champ de bataille. C'est,
en effet, à propos du rapport annuel, dont
je n'étais que le modeste rédacteur, que
fut émis le vote sur lequel les deux partis
se Comptèrent: nous fûmes 119, vous fû-
tes 66.
Je crois, mes. chers confrères, que la
cause de nos dissentiments — qui sont tou-
jours passagers, l'expérience le prouve -
vient de la fausse idée que nous nous fai-
sons de ce que nous sommes. On ne se
connaît jamais soi-même; c'est une vérité
qui date du grec. Elle nous a été léguée
par les gens qui inventèrent le théâtre. Nous
étions donc tout désignés pour en démon-
trer l'exactitude..
Non, nous ne nous connaissons pas nous-
mêmes, puisque dans vingt chroniques, dans
cinquante lettres publiées et dans mille con-
versations, à 'la fois confidentielles et pu-
bliques — comme toutes les conver-
sations entre gens de théâtre -, on a com-
paré notre organisation sociale à une orga-
nisation politique, les uns estimant que l'As-
semblée des auteurs dramatiques était un
Parlement et la Commission un ministère,
les autres soutenant, comme l'a fait ici-
même si ingénieusement notre confrère Kis-
temaeckers, que l'Assemblée était un corps
électoral et la Commission un Parlement.
Gardons-nous de rien emprunter à la
politique, même des comparaisons. A la vé-
rité, nous n'avons aucun rapport, et il faut
nous en louer, avec tout ce qui peut être
issu du suffrage universel. Nous sommes
tout simplement une Association de produc-
teurs, et notre Société est une Société de
perception : -
Quelques-uns de ces producteurs sont dé-
légués à la gérance financière des affaires
communes. Toute décision arrêtée par eux
les touche donc directement; elle est pro-
prement à leur profit ou à leur désavantage.
Et c'est pourquoi - même lorsque vous
êtes en désaccord avec eux — vous ne pou-
vez pas ne pas être assurés que vos gé-
rants, c'est-à-dire vos commissaires, ne
prennent jamais une résolution qu'après l'a-
voir étudiée avec tout le soin et toute l'in-
telligence qui est en eux,
Leur intérêt est trop en jeu pour que
vous en puissiez douter.
Lorsque la Chambre des députés vote
une loi, lorsqu'un ministre prend un dé-
cret, ils n'ont pas à en supporter personnel-
lement les conséquences, les contribuables
ont été créés pour ça. — Et c'est la beauté
de ce régime-ci -.
Le député ni le ministre ne payent au-
cun pot cassé, ils ne font pas la guerre s'ils
la décident, ils ne versent pas l'impôt sur
le revenu s'ils le votent. Vos commissaires,
au contraire, sont des auteurs, des auteurs
dont le répertoire est important; toute me-
sure qui serait préjudiciable aux auteurs
dramatiques le serait à eux plus qu'à per-
sonne. Le seul reproche que vous puissiez
donc leur adresser est de leur dire: « Vous
connaissez mal vos propres intérêts, vous
gérez mal vos propres affaires. »
Voilà, je pense, qui démontre assez la
complète bonne foi, la conscience absolue
de ceux contre qui vous avez émis mardi
dernier vos 66 suffrages. C'est d'un défaut
de jugement, et non d'autre chose,, que
vous pouvez accuser la Commission qui
rédigea le nouveau traité avec les directeurs
de théâtre de Paris.
Vous n'êtes pas de leur avis, mes chers
iconfrères, voilà tout. Mais un avis en vaut
un autre. Celui que soutinrent MM. Capus
et Gavault a, jusqu'à preuve du contraire,
c'est-à-dire jusqu'à expérience faite, autant
de crédit que celui que défendirent MM.
Trarieux et Max Maurey.
Ceci établi, je voudrais vous dire une
chose qui ne vous a pas été dite, je crois:
La suppression des billets de faveur, que
vous attaquez et que nous soutenons, n'est
pas, mes chers confrères, dans notre esprit,
ime mesure parfaite. Elle participe de l'in-
certitude commune à toutes les affaires hu-
maines.
Un proverbe dit: « De deux maux, il faut
choisir le moindre. » Aucun proverbe ne
dit: « De deux biens, il faut choisir le plus
grand. » Sans doute parce que tout le long
de la vie on a constamment à hésiter entre
deux maux, et presque jamais entre deux
biens.
Dans la question des billets de faveur,
notre étude fut justement de détermi-
ner où était le moindre mal, et après deux
mois de recherches, d'enquêtes et de confé-
rences, les quinze auteurs dramatiques qui
composent votre Commission en arrivèrent
à conclure unanimement qu'il y avait pour
vous, pour eux, pour l'art dramatique, des
dangers infiniment plus graves, plus pres-
sants, plus redoutables à maintenir l'état de
choses actuel qu'à supprimer le billet de
faveur. D'un côté, ils ont aperçu des frau-
des chaque jour grandissantes, des abus in-
tolérables, un tort immense causé à l'indus-
tris théâtrale; de l'autre, ils n'ont vu qu'un
préjudice d'amour-propre et la diminution
possible, mais non pas sûre, de la durée de
certaines pièces, d'ailleurs largement com-
pensée par l'augmentation forcée des re-
cettes.
Remarquez, je vous prie, que ceux qui
ont critiqué notre réforme n'ont indiqué au-
cun remède à la situation terriblement pé-
rilleuse qui nous avait été découverte et
Çjue nous vous avions signalée. En somme,
li maladie étant certaine, votre Commis-
sion est pour l'intervention chirurgicale;
vous, vous êtes pour la cure médicale, mais
vous n'avez pas encore trouvé le médecin.
C'est l'histoire de toutes les appendicites.
Et Dresque toujours en pareil cas. ceux oui
ont, pendant des années, tenté des cures
compliquées et suivi des régimes pénibles,
sont tout de même obligés, un beau jour,
d'en venir à l'opération.
Parce que nous avions décidé d'en es-
sayer, avec cette particularité que cette opé-
ration-là n'a qu'un caractère expérimental,
vous avez, mes soixante-six chers confrères,
refusé d'approuver le rapport, c'est-à-dire
voulu désavouer votre Commission et l'obli-
ger à se retirer.
Aviez-vous bien mesuré les conséquen-
ces de votre vote? Si vous aviez triomphé,
que fût-il advenu de notre Société? Les
deux partis en présence auraient eu une
force suffisante pour que chacun pût anni-
hiler l'autre; mais aucun n'en aurait eu as-
sez pour assumer désormais la gérance de
nos affaires sociales. C'était l'anarchie, c'é-
tait la scission, c'était la disparition cer-
taine et rapide de cette admirable associa-
tion qui a pu établir, pour les auteurs dra-
matiques français, ce régime si merveilleu-
sement égalitaire que nos confrères de tous
les pays jalousent et qu'en France, tous les
groupements, tous les artistes, tous les ou-
vriers envient.
Pour mesurer ce qu'a fait pour nous la
Société des auteurs dramatiques, ce qu'elle
nous a donné de puissance, de crédit, d'a-
vantages, souvenons-nous, mes chers con-
frères de nos débuts. Souvenons-nous de
notre première pièce, que nous apportions,
tout tremblants, à notre premier directeur.
Souvenons-nous que, lorsque cette pièce
fut jouée, nous reçûmes, nous, auteurs in-
connus, exactement le même salaire que
nos plus glorieux maîtres. Tout leur illustre
passé servait à protéger notre jeunesse. Et
c'est parce que Augier, Dumas ou Sardou
voulaient bien ne toucher que douze pour
cent de la recette quotidienne que nous en
touchions tout autant.
En Angleterre, en Amérique, où il n'y a
pas de société d'auteurs, certains de nos
confrères sont obligés de vendre leurs œu-
vres ferme pour quelques centaines de
francs, comme au dix-septième siècle ; d'au-
tres, les arrivés, les notoires, peuvent exi-
ger la part du lion, et on m'a assuré que
le fameux Pinero réclama, pour l'un de ses
ouvrages, la totalité des recettes pendant les
dix premiers jours; et qu'il l'obtint.
Est-ce une pareille inégalité que vous
voudriez voir se rétablir chez nous? Voulez-
vous que ceux qui nous suivront soient à la
merci des directeurs de théâtre? Non, as-
surément! Et cependant, voilà ce que vous
avez risqué.
Sans traverser la mer, voulez-vous un
autre exemple ?
Imaginez-vous un marchand de tableaux
disant au plus célèbre 4,eunos,peintres.Au
lieu de payer vos toiles cinquante mille
francs, je ne les paierai désormais plus que
cinq mille; mais, en revanche, je paierai
cinq mille aussi les œuvres de commen-
çants que jusqu'ici, je payais deux louis! »
Que répondra le célèbre peintre?
Imaginez-vous un éditeur déclarant au
romancier en vogue : « Au lieu de vous
donner un franc par exemplaire vendu, je
ne vous donnerai plus, à l'avenir, que cin-
quante centimes; mais, en revanche, je
donnerai cinquante centimes aussi aux écri-
vains ignorés qui, jusqu'ici, n'en recevaient
que quinze. »
Que répondra le romancier en vogue?
Voilà pourtant le sacrifice admirable
qu'ont fait nos maîtres à nous. Ils ont voulu
que comme le plus fameux de nos auteurs
dramatiques, le plus obscur perçut chaque
jour douze pour cent de la recette. Ma-
dame Sans-Gêne ou Cyrano de Bergerac ne
sont pas plus rétribués que l'ouvrage d'un
débutant. Voilà le régime qu'ont établi, à
force d'énergie et de désintéressement, les
défenseurs 'de nos droits, les fondateurs de
notre Société, et c'est pourquoi nous som-
mes aussi fiers de leurs actes que nous le
sommes de leurs œuvres. Ce régime-là ne
survivrait pas d'une heure à une scission
dans la Société des auteurs dramatiques. Et,
à cause de cela, mes soixante-six confrères,
j'ai pensé qu'il n'était pas inutile de vous
rappeler des choses, qui méritent de n'être
jamais oubliées par tous ceux de notre pro-
fession.
G.=A. de CAILLAVET.
Nous publierons demain un article de:
FÉLIX GALIPAUX
L'amour injouable
Au sujet de pièces récentes jouées sur
nos plus grandes scènes parisiennes, cer-
tains confrères ont cru devoir ouvrir d'ur-
gence une enquête sur la crise de l'amour.
Il garait, en effet, que la situation révélée
par nos auteurs dramatiques est des plus
angoissantes et qu'il importe de savoir au
plus tôt, en pareille matière, où nous allons.
C'est là une enquête qui ne manquera
point de faire sourire les gens qui aiment
véritablement, et qui étonnera tout en
même temps ceux qui ont quelque habitude
du théâtre.
On n'ignore pas, en effet, que ce qu'on
appelle l'Amour au théâtre consiste généra-
lement en une longue série de meurtres,
d'assassinats, de divorces, de femmes cou-
pées en morceaux ou jetées par la fenêtre,
et que, dès l'instant où le mot amour est
prononcé dans une pièce, on peut s'atten-
dre aux pires catastrophes, aux manifesta-
tions de la haine la plus acharnée.
Et cela s'explique. Tout le monde sait,
en effet, que les peuples heureux n'ont pas
d'histoire, et que, sans histoire, il est bien
difficile de faire une pièce de théâtre.
L'amour pur est une chose dont on ne
peut se passer que quand on l'à, et dont la
privation seule peut comporter Une action
théâtrale. Sitôt atteint, il devient injouable.
Le poème d'Albert Samain, que l'on vient
de donner au Français, est à ce point de vue
des plus instructifs. On y voit deux jeunes
gens qui s'aiment véritablement et, tout na-
turellement, comme leur amour est sans
mélange, ils ne peuvent taire que dormir
très tranquillement tout au long de la pièce.
Polyphème lui-même s'en trouve désarmé.
Je sais bien que les sceptiques trouveront
à son pacifisme d'autres motifs. Il est im-
possible, en ettet9 de lancer un bloc de
pierre, fût-il en carton, sur deux acteurs en
scène, sans accident ou sans invraisem-
blance, et le parti de la paix s'imposait de
lui-même.
Mais, malgré cela, croyez-le bien, Poly-
phème se trouverait encore complètement
désarmé, car rien ne prévaut dans la vie
contre le tait parfaitement calme, somno-
lent et cynique, de deux personnes qui s'ai-
ment tout simplement.
Contre une pareille force d'inertie, les
jaloux — je parle de ceux qui ne sont point
des assassins ou des alcooliques —- n'ont pu
de tout temps que taire un chose: fermer
les yeux. Quand ce sont des héros
fabuleux, ils se les crèvent, mais cela re-
vient toujours exactement au même, avec
l'achat d'un caniche en moins.
G. DE PAWLOWSKI.
Echos
Ce soir, à huit heures, à l'Opéra-Comi-
que, première représentation de Snegou-
rotchka (La Fille de Neige), conte de prin-
temps en quatre actes et un prologue, tiré
d'Ostrovsky, adaptation française de M.
Pierre Lalo, d'après la traduction de Mme
Halpérine, musique de M. Rimsky-Korsa*
koff.
Ce soir, a huit heures et demie, à VO-
déon, première représentation de ; Le Nir-
vana, poème dramatique en quatre actes, de
M. Paul Verola, musique de scène de M.
Tiarko Richepin, et La Voix Frêle, pièce en
un acte, de MM. Augustin Thierry et Eu-
gène Berteaux.
Ce soir, à huit heures et demie, au Pa-
lais-Royal, première représentation (reprise)
de La Nuit de Noces, vaudeville en-trois ac-
tes, de MM. Henry Kéroul et Albert Barré.
*
Ce soir, à huit heures et demie, au Tria-
non-Lyrique, première représentation (à ce
théâtre) de Giroflé-Girofla, opéra-bouffe en
trois actes, de MM. Vanloo et E. -Leterrier,
musique de M. Charles Lecocq. >
MM. les critiques musicaux, dramatiques,
soiristes, courriéristes théâtraux et les per-
sonnes inscrites aux divers services du théâ-
tre seront reçus ce soir, au contrôle, sur
présentation de leur carte.
Cet après-midi, à deux heures, au théâ-
tre de Montrouge, répétition générale de
Alesi. à Montrouge, revue .d'été.satirique
et locale en trois actes et Cinq tabîeàux, ilé'j
MM. André de Caye et Paul Goguet, inu-
sique arrangée par M. Radoux. Ce soir, pre-
mière représentation.
A L'OPERA-COMIQUE
- (Paul Boyer et Bert, phot.) 1
Géraldine FARRAR, dans Le Clown
A
u pays du muffle.
Hier. à la sortie de la générale de
l'Odéon. Il pleut à verse. Une de nos très
aimables artistes hèle un gamin à l'affût de
toutes les bonnes occasions.
— Va me chercher une voiture, « mon
vieux » !
— Bien, princesse !
Deux minutes après, un fiacre stoppe. La
comédienne ouvre la portière. A ce mo-
ment précis, un monsieur très, élégant, rasé
d' « encore plus près », se précipite:
— Pardon!. C'est ma voiture!
— Mais enfin, monsieur. je viens de
l'envoyer chercher!!.
— C'est ma voiture: je vous prie de des-
cendre.
— Ça, jamais ! Conduisez-nous plutôt au
commissariat de police.
Entrée bruyante dans l'antichambre de la
justice.
Explications contradictoires - évidem-
ment.
Le magistrat municipal, requis, s'inter-
pose :
— Enfin, monsieur, la galanterie voudrait
que vous reconnaissiez le bon droit de ma-
dame.
— Il n'est pas de galanterie lorsqu'il
pleut. et puis je dois entrer en scène à huit
heures.
— Fort bien, monsieur. Vous permettez,
madame?
Et M. le commissaire de police, lui-même,
s'en fut quérir une autre voiture pour la
gente comédienne, l'y conduisit, la salua
bien bas, et referma la porte du commissa-
riat sur le nez du beau jeune homme, qui
put enfin occuper, seul, sa voiture.
s
crutin. ---
La Commission de la Société des au-
teurs et compositeurs dramatiques a procé-
dé, hier après-midi, à l'élection de son bu-
reau. Ont été nommés :
Président: M. Paul Hervieu;
Vice-présidents: MM. Jean Richepin et
Maurice Donriây;
,\ .1
1 Trésorier: M. Paul Gavault:
Secrétaires: MM. Robert de Flers et
Maurice Hennequin;
Archiviste: M. Maurice Hennequin.
L'Assemblée générale extraordinaire de
la Société aura lieu le 12 juin.
L
a Polonaise revient de France.
On a souri, l'autre soir, à l'Opéra,
lorsqu au défilé des fiançailles du troisième
acte de Boris Godounow on vit le cortège
nuptial défiler en boitant tous les trois pas.
C'est, paraît-il, une coutume encore en
vigueur actuellement à la cour du tsar. Cela
s'appelle, la Polonaise, et c'est un usage qui
vient de France.
Il n'y a, décidément, rien de nouveau sous
le soleil. de Russie.
UNE LETTRE DE M. A. GUINON
A propos des questions qui divisent ac-
tuellement la Société des auteurs dramati-
ques, nous recevons la lettre suivante de
l'auteur du Pârtage:
Mon cher Comœdia,
Un simple mot, avant la prochaine assemblée
de la S. D. A. D.
Je ne fais pas partie du Syndicat collatéral;
et je compte dans la Commission plusieurs amis
personnels; je ne suis donc pas suspect d'hosti-
lité préconçue envers les membres de cette der-
nière.
Mais il me semblerait excellent, dans l'intérêt
général - y compris l'intérêt de nos camarades
commissaires — que l'article 15 des statuts fût
précisé de la façon suivante:
Dans le cas où il s'agirait d'engager une dé-
pense dépassant une certaine somme (à fixer),
comme dans le cas où il s'agirait d'apporter un
changement quelconque dans le fonctionnement
habituel de la Société (traité d'une forme nou-
velle à conclure, par exemple), nos commissai-
res seraient tenus de soumettre leurs proposi-
tions au vote d'une assemblée générale.
Car, pour peu qu'on soit de bonne foi, l'on
reconnaîtra que le droit conféré à nos camarades
de la Commission, par l'esprit des statuts com-
me par nos traditions sociales, est uniquement
le droit d'expédier les affaires courantes de la
Société dans les conditions ordinaires de son
fonctionnement, mais que toute modification ap-
portée à ces conditions mêmes doit-être soumise
à la Société entière.
Il me semble que la presque unanimité pour-
rait se, faire sur ce point entre hommes bien
élevés et confrères de bonne foi comme nous
le sommes certainement tous.
Croyez, mon cher Comœdia, à mes senti-
ments les plus sympathiques.
Albert GUINON.
E
ntendu à la sortie de l'assemblée gé-
Il nérale de la Société des auteurs et
compositeurs dramatiques — de la S. D.
A, D., comme écrirait Robert. Qudot, le
chantre habituel Ses exploits des commis-
saires. et des huissiers.
Personnages : un sociétaire incorruptible,
un membre du syndicat :
— La séance fut plutôt chaude. Vous
avez eu le dessus, mais soyez tranquille.
nous vo-us, « aurons »
Soit! j'en accepte l'augure, mais en at-
tendant, allons dîner sur nos positions au.
Moulin-Rouge-Palace.
Tout s'arrange, évidemment, surtout au-
tour d'une table bien servie.
L
es propriétaires d'automobiles avisés
sont ceux qui possèdent ou achètent le
châssis 20/30 Labor, construit aux célèbres
Usines Weyher et Richemond. Il est à la
fois idéal pour la route et pour la ville. Sou-
ple et docile, il a une force plus que suffi-
sante pour faire vite et monter les côtes les
plus dures.
L
es grandes chaleurs survenues tout à
coup n'empêchent pas la clientèle élé-
gante de Paillard de fréquenter plus assidû-
ment que jamais le célèbre restaurant du
boulevard où, aux sons d'une musique ex-
quise, défilent, sur les tables fleuries, les
mets les. plus recherchés et les plus déli-
cats.
]
1 est incontestable que le nouvel antidé-
rapant Gaulois, que les Etablissements
Bergougnan ont lance tout récemmept, est
vraiment un progrès. C'est un antidéra-
pant. qui ne dérape pas! En outre, la
matière employée pour l'application des ri-
vets leur assure une saillie prononcée et
une solidité absolue.
s
i Champeaux est le rendez-vous des fi-
nanciers les plus fameux et des litté-
rateurs les plus notoires, c est qu ils savent
qu'au restaurant de la place de la Bourse
ils trouveront une chère exquise et un ser-
vice merveilleusement fait.
Et nunc erudimini.
D
Regner, 4, rue des Capucines, paye
cher bijoux, diamants, perles, auto-
mobiles, reconnaissances du Mont-de-Piété,
100 0/0, les dégage sans frais, même chez
des tiers.
Le Masque de Verre.
Gala Alice Verlet
--
Le mardi 26 mai.' au Trocadéro, sera don-
née une grande matinée de gala par Mlle
Aiice Verlet, à laquelle S. A. R. la duchesse
de Vendôme, Mme Leghait et la légation de
Belgique ont bien voulu accorder leur haut
patronage.
Prêteront leur concours à cette brillante
représentation: Mlles Féart, Flahaut, Caro-
Lucas; MM. Féodoroff, Nuibo, Nucelly,. de
l'Opéra; Mlles Claire Friché, Sylva, Mari-
gnan ; MM. Dufranne,. Devriès, Viannenc,
de l'Opéra-Comique; Mlle Renée du Minil,
de la Comédie-Française; Mlle Lilliàn
Greuze, MM. J. Zoulli, Jean Coquelin; MM.
Sardet, Cèbe et Mary, de la Gaîte-Lyrique ;
Mme Roger-Miclos Battaille, Mme Anna
Thibaud, Mme A. Pouget, Mlle Borsa, M.
Martinelli, M. L.-Ch. Battaille.
Direction artistique: M. Paul Vidal, de
l'Opéra.
Le double quintette, qui vient de triom-
pher en Espagne pour la cinquième fois, a
promis également son précieux concours.
On applaudira donc MM. Sechiari, Houdret,
Vieux, Marner Leduc, Hennebain, Bas,
LefebvrÇi Reine et Vizentini.
La Vraie Question
La seule, la vraie question, celle qui s'im-
pose et que nous n'avons point vu poser
dans un seul journal de Paris, c'est de sa-
voir: non pas si M. Claretie jouera Le Foyer,
ou s'il faudra que les auteurs retournent de-
vant le tribunal pour que celui-ci « fasse
droit », non pas de s'enquérir si ce même
Foyer sera joué en pleine canicule ou la
saison prochaine; la seule question estde sa-
voir si M. Claretie va quitter la Comédie-
Française. Si les lettres françaises doi-
vent gagner à la mise à la scène du
Foyer, il n'est pas douteux qu'elles doivent
gagner beaucoup plus encore au départ de
M. Claretie.
Entendons-nous bien: Le départ de la
Comédie-Française de M. Claretie ne fait
point partie du programme de notre jour-
rial; nous n'avons ici de haine contre per-
sonne, nous estimons que le temps est trop
précieux pour en perdre même une par-
celle à la satisfaction de rancunes plus ou
moins graves. L'intérêt seul du théâtre ins-
pire jusqu'aux moindres de nos actes, et
c'est ce seul intérêt que nous consultons en
affirmant que le départ de M. Claretie de
la Comédie-Française serait l'événement le
plus heureux qui puisse se produire pour
les destinées de la Maison de Molière.
Le départ de M. Claretie ne dépend point
de nous ; mieux encore, nous ne ferons
point un pas pour l'obtenir; c'est dire en
même temps que son maintien dans un
poste qu'il remplit si mal ne nous apparaî-
tra point comme un échec pour Comœdia,
Mieux encore, nous' n'avons contre M.
Claretie aucun grief personnel- il n'eut ja-
mais occasion de nous bien accueillir, puis-
que nous en sommes.encore à lui demander
de nous ouvrir une de ses portes ; nous de-
vons même indiquer la conviction où nous
sommes qu'il nous aurait accueilli fort ci-
vilement si nous avions eu à prendre con-
tact avec lui.
Donc, nulle question d'amour-propre;
point, vis-à-vis de lui, de victoire qu'il nous
faille absolument remporter. Son départ, se-
lon nous, s'impose parce qu'il est un mau-
vais administrateur sans autorité, sans fer-
meté, sans poigne; parce qu'il est fluém. in-
décis ; parce que son esprit voltige sans
cesse ailleurs qu'à la Comédie; parce que-,
la Maison, sous son égide, périclite et va
sombrer, peut-être.
Son départ est désirable, parce qu'il n'est
plus le .maître du navire, parce que ses ma-
telots désertent le bord sans cesse, parce
que les tournées se font sans cesse plus
nombreuses, parce que sociétaires et pen-
sionnaires s'en vont au hasard de pièces
qu'ils ne savent point et d'un répertoire qui
est" rarement le leur, s'en vont en province
gêner l'exploitation ordinaire des théâtres et
donner trop souvent une piètre idée des co-
médiens de. la Grande Maison.
Son départ est désirable parce que, quel-
ques recettes qu'il fasse valoir, la part des
sociétaires est réduite de moitié, et que les
sociétaires ne vivent plus de cette part ;
parce qu'on ne peut être partout et que l'ad-
ministration de !a Maison de Molière ne
laisse pas le loisir d'écrire dans toute la
presse, pas plus que de faire des romans '- oq,
des pièces en un ou plusieurs actes.
Son départ est désirable pour le viens ré-
pertoire comme pour celui du dix-neuvième
siècle, pour les auteurs' modernes comme
pour les anciens, pour le bon renom de la
Comédie à l'étranger, comme Dour sa bon-
ne administration.
Il n'y .a qu'une chose qui puisse mainte-
nir M. Claretie à son poste: c'est la cou-
pable inertie de ceux crui pourraient, avec,
d'ailleurs, tous les égards qui lui sont dus,
le prier daller planter ses choux ailleurs.
Et voici que nous nous prenons à songer
qu'avec un successeur de l'envergure de
M. Albert Carré, par exemple, notre rôié à
nous serait beaucoup plus difficile. Plus
rien à dire sur les tournées,' sur les rôleg-
non sus en double, sur les milliers d'abus
qui sortent chaque jour comme des chain
pignons.
Quand même, nous aimerions mieux urr
administrateur impeccable qu'une adminis-
tration aussi amusante que l'administration
de M. Claretie.
COMŒDIA.
AU TRÉTEAU
- L,e-NéuVeau Spectacle >
(Ernesto Brort. -
MAUREL, MARGUERITE DEVAL, DEFREYN
Nous connaissions déjà la maison démon-
table que son propriétaire emmène avec soi
à la façon dont les escargots trimballent leur
coquille.
Le très avisé Parisien et le directeur ha-
bile qu'est M. Michel Mortier vient de nous
offrir le théâtre portatif.
Oui, dès que les dernières belles clientes
du « Ceylon », le tea-room de la rue Cau-
martin, ont fui vers les garçonnières ou
vers- le pot au feu conjugal, M. Michel Mor-
tier fait un signe — et, hop ! une heure plus
tard, un vrai théâtre aligne sur l'emplace-
ment des petites tables ses cent fauteuils
confortables et ses soixante places de loges.
C'est un rien, un souffle, un rien, un
coup de baguette de magicien, des fleurs
en guirlande courant au rebord des loges,
des clartés électriques tombant à flot sur
des élégances notoires.
Et voilà un nouveau « petit théâtre chic »
de plus à Paris.
Il n'y a qu'un mal à cela: c'est qu'il y
avait déjà, à Paris, beaucoup, beaucoup de
Detits théâtres chics.
Très curieuse, l'installation des loges (?)
d'artistes.
C'est ainsi qu'hier soir la belle Madeleine
Carlier s'habillait dans. les waters:Iose^
du « Ceylon » ; Mlle Véniat, dans la cui.
sine où, pendant le jour, des opérateurs in-
diens préparent l'infusion parfumée.
A Mlle Félyne — la veinarde! — était
échu le bureau du caissier, tandis que ma
charmante camarade Jameson — bonsoir
madame Codomat ! — se maquillait en com-
pagnie de la sémillante Calvill et d'Andrée
Glady dans le cabinet directorial — le tou;
au troisième étage, alors que les camarade:,
s'habillaient dans les sous-sols!
Infiniment pratique, comme vous voycç
Quant aux hommes, le bel et élégant Ro
zemberg, l'amusant Maurel, le sémiTan
Defreyn, ils campaient au hasard, dans une
quelconque antichambre.
Mais tout cela se faisait avec gaieté, se
supportait avec esprit.
Et mon boo camarade Lucien Meyrar
gues, secrétaire général de la maison, af
fairé, reluisant, pavoisé du sourire der
grands soirs, se prodiguait en des besogne-
ingrates de machiniste, de régisseur — que
sais-je encore?
C'était charmant!
* *
Dans la salle, une floraison a,. "Pp'
a hurf » - si j'ose ainsi dir, !
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