Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-04-25
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 avril 1908 25 avril 1908
Description : 1908/04/25 (A2,N208). 1908/04/25 (A2,N208).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646592s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2G Année. =« N° 208 (Quotidien)
JLé Numéro s É centimes
Samed 25 Avril 190'3.
Rédacteur en Chef : G. dô PAWLOWSKi
RÉDACTION & ADMINISTRATION s
27, Souleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 BOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 FR.
Étranger • • • 40 D 20 9
RÉDACTION & ADMINISTRATION î
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉÏ éphone : 288-07
âdress* Télégraphique : COMŒDlA"PARJS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOFT
Paris et Départements 0 24 fr. 12 fr.
E«J
Pour jouer
la Comédie
de salon (1)
De la midinette à la femme du monde,
du commis de nouveautés au clubman,
du simple troupier au généralissime, il
n'est personne que le théâtre ne fasci-
ne. La conversation du salon s'alimente
un peu de politique, passablement de
scandales et de potins, toujours et inlas-
sablement de théâtre. Que va-t-on jouer
de nouveau?. Quelle est votre impres-
sion?. Comment y joue ,tel acteur ou
telle actrice?. Voilà la question qu'on
sst sûr d'entendre poser dans n'importe
quelle maison dont la maîtresse a un
jour. Et quant à l'attrait que le théâtre
exerce sur les petites gens, il suffit pour
se convaincre qu'il est infini de regar-
der cette longue file de spectateurs qui,
chaque soir, patiemment, par le vent et
la pluie, font la queue aux guichets.
La vie de l'auteur dramatique, ses
origines, ses manies, ses aventures; la
vie des acteurs et des actrices, leurs va-
nités, leur luxe, leurs amours, leurs dif-
férends; la vie même des directeurs,
leurs démêlés conjugaux, leurs embarras
pécuniaires : voilà qui intéresse ardem-
ment toutes les classes.
Et comme si les théâtres ne suffisaient
même plus à contenter ce goût violent,
la comédie de salon est plus que jamais
florissante. Non seulement, on veut voir
jouer, mais encore on veut jouer soi-
même.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que date le
théâtre de société: j'imaginerais volon-
tiers que les Grecs le connaissaient, et
en tout cas, chez nous, il existe depuis
des siècles. Mais jamais la vogue n'en a
été plus grande. On n'est pas à court,
si l'on veut citer les salons où il est
passionnément cultivé, et les acteurs
mondains, qui ont acquis une renom-
mée.
Il n'est pas de distraction plus aima-
ble que la comédie de salon, et, puis-
qu'on prétend qu'il faut le plus possible
's'amuser en s'instruisant, il n'en est pas
qui réalise mieux ce sage et antique pré-
cepte. Or, pour tout jeu, il se publie des
manuels fort détaillés. La comédie de
salon est autre chose qu'un jeu; c'est
un art, et cet art, on a négligé de pro-
curer les moyens de le pratiquer. Il
n'existe, en effet, aucun volume qui
traite spécialement et complètement d'un
sujet auquel s'intéressent tant de per-
sonnes. La comédie de salon a produit
d'excellentes petites pièces et révélé des
acteurs étonnants, comme le comte Mar-
cel de Germiny, le baron H. de Bermin-
gham, le baron Despatys, et Mlles Pau-
lette de Saint-Victor et Juliette Dietzr
Monnin. On a écrit des milliers de li-
vres didactiques sur le théâtre à la ville,
on n'en a écrit aucun sur le théâtre de
société. Quelques articles, quelques étu-
des courtes et insuffisantes, et c'est là
toute la bibliographie. Or, si l'on songe
à tout ce que comporte la représenta-
tion, chez soi, d'un simple petit acte, le
choix de la pièce d'abord, la distribution
des rôles, la méthode pour les appren-
dre, les répétitions, la mise en scène, la
construction sommaire d'un théâtricule,
l'arrangement de la salle de spectacle, la
science du maquillage, de l'habillement,
et cent autres questions aussi importan-
tes, on conviendra qu'il est impossible
de s'improviser directeur et acteur, et
qu'il est nécessaire de posséder une ma-
nière de guide.
C'est ce guide que nous voudrions
être. Auteur dramatique et surtout aussi
bibliothécaire attaché à la bibliothèque
de l'Arsenal, nous croyons réunir une
certaine expérience et une certaine éru-
dition du théâtre.
Il noys est, en outre, souvent arrivé
de jouer la comédie dans le monde.
Nous avons donc cru devoir rassembler
dans ce petit livre, et ce que nous ont
appris la pratique continuelle et déjà an-
cienne des planches, et une documenta-
tion puisée aux meilleures sources. Pour
ce travail, nous avons suivi la méthode
la plus naturelle. Vous voulez, je sup-
pose, monter une comédie chez vous:
comment allez-vous vous y prendre? Il
vous faudra tout d'abord choisir la
pièce. Quelle pièce est-il préférable de
choisir? La pièce choisie, comment la
monterez-vous? En premier lieu, vous
distribuerez les rôles à vos acteurs, puis
;Ie régisseur commencera les répétitions,
'et les acteurs apprendront leurs rôles.
De là, des conseils sur la fonction du
régisseur, sur la manière d'apprendre
:un rôle, sur la manière de corriger les
! défauts de l'articulation, de la voix ou
da vaincre la timidité et la peur.
Mais ce n'est pas tout que de répé-
ter; il faut monter un théâtre, car bien
rare sont les heureux privilégiés qui
Ces jours-ci paraîtra en librairie un vo-
lume d'André de Lorde qui a pour titre: Pour
jouer la Comédie.
Le jeune et éminent auteur de tant de drames
sensationnels, qui est en même temps un de
nos plus distingués Bibliothécaires à l'Arsenal,
où il dirige l'un des départements des impri-
més, a écrit un ouvrage des plus intéressants
et des plus .complets sur la comédie de société,
et toutes les questions théâtrales qui s'y ratta-
chent.
Nos lecteurs nous sauront gré, nous l'espé-
rons, de leur offrir en primeur cet important ex-
trait de la préface qui résume, en quelque sorte,
te plan et la portée de l'œuvre.
possèdent une vraie scène chez eux.
Comment installe-t-on cette scène, une
rampe, des coulisses, des loges, un ri-
deau, des décors? Comment imite-t-on
les bruits de coulisse: tonnerre, pluie,
grêle, neige, cris d'animaux, vent, etc.
Faut-il des programmes? faut-il des af-
fiches? Le théâtre est construit, la pièce
est apprise. Elle sera représentée ce
soir. Vos acteurs savent-il se grimer? Il
est probable que non. Voilà donc tout
un petit traité pratique sur le maquil-
lage, afin qu'ils puissent faire leur fi-
gure, se vieillir, se rajeunir, se grandir,
porter barbe, moustaches, favoris. Sa-
vent-ils enfin se costumer? Il semble que
rien n'est plus aisé. Détrompez-vous, on
ne s'habille pas à sa guise. Le costume
doit toujours suivre la situation. Enfin,
nous avons mis à l'appendice un certain
nombre de renseignements, qui, pour
être secondaires, n'en sont pas moins
nécessaires, tels que la signification de
certains mots d'argot dramatique, une
étude sur le Conservatoire, l'enseigne-
ment des professeurs, une bibliographie
sur le costume, lest pièces faciles à jouer,
etc., etc.
Si nous avons pu rendre ainsi quel-
que service à tous ceux qui aiment la
comédie de société et s'y adonnent,
nulle récompense ne nous sera plus
chère. Tout en cherchant les documents
qui devaient instruire ses lecteurs, le bi-
bliothécaire de l'Arsenal ne pouvait ou-
blier qu'il avait en lui un auteur drama-
tique qui à déjà donné à l'art théâtral
quinze années de sa vie et qui doit à la
littérature ses joies les plus vives.
André de LORDE.
Nous publierons demain un article de
G. DE PAWLOWSKI
Le siècle des petitesses
En raison des progrès de la civilisation,
nous vivons à une époque où les miniatu-
ristes seuls peuvent avoir quelques chances
de succès et où les conceptions grandioses
semblent devoir être définitivement aban-
données.
Je sais plusieurs peintres ou sculpteurs
de grand talent qui, actuellement, ont re-
noncé à tout travail faute d'un cadre suffi-
sant, et comme ils ne peuvent se résigner à
faire des agrandissements de photographies
moyennant cinq francs et un bon cliché
joint à l'envoi, ils demeurent inoccupés. Il
leur eût fallu, pour révéler leur véritable
talent, des palais entiers à décorer, des
Saint-Pierre de Rome à construire et quel-
que haut protecteur éclairé pour les sous-
traire aux ennuis de la vie quotidienne.
Malheureusement, les ipapes font au-
jourd'hui de l'automobile ou chassent des
moineaux dans les jardins du Vatican, et
lorsqu'un mécène de la haute finance se dé-
cide à sacrifier aux Beaux-Arts, il se con-
tente de commander trois portraits de fa-
mille historiques pour décorer son salon,
ou de taire dorer par un décorateur les ar-
bres de son jardin.
Les compositeurs qui souhaiter aient d'é-
crire de grandes œuvres lyriques sont au-
jourd'hui dans une( situation analogue à
celle des artistes. Avec beaucoup de pro-
tection, ils peuvent peut-être trouver un
éditeur qui leur commandera une Valse
lente, petit format, mais ils ne recontre-
ront jamais un directeur assez avisé ou as-
sez fou pour leur commander un opéra.
Lorsque soixante ans d'attente auront usé
leur talent, lorsqu'ils seront devenus aigris,
hargneux et méchants, lorsqu'ils seront de
tous les Instituts et incapables de jouer Au
Clair de la Lune, d'un doigt tremblant, peut-
être, ce jour-là, seront-ils admis au rare
bonheur de faire entendre une œuvre infor-
me, vieillie et digne de rehausser la fête
du 14 Juillet au bal d'une sous-préfecture
de province.
Il semblerait, pourtant, qu'en abandonnant
tous leurs privilèges historiques au bénéfice
de la masse, les mécènes d'autrefois eussent
dû trouver un successeur tout désigné dans
le Gouvernement actuel. Il semble même
que c'est à lui qu'il appartiendrait de com-
mander, en architecture, en peinture. ou en
musique, ces œuvres colossales, qui ne peu-
vent plus relever .aujourd'hui de l'initiative
privée, et l'on peut penser que l'Etat mo-
derne ne remplit point sa fonction en nous
offrant, en tout et pour todt, de nouveaux
modèles de kiosques à journaux et des éco-
les modern-style en poireau verni et en
brique symbolique.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures et demie, à l'O-
déon, première représentation de L'Alibi,
pièce en trois actes, de M. Trarieux, et de
Une vieille contait., un acte en vers, de
MM. Gumpel et Delaquys.
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
Théâtre de l'Œuvre (salle Fémina), pre-
mière représentation de La Loi, pièce en
trois actes, de M. Daniel Jourda.
Ce soir samedi, à huit heures trois
quarts, à Parisiana, première représentation
de Yoritomo, un drame au Japon, en deux
actes, de MM. Bonis-Charancle et Romain,
et de La Comtesse Léa, pièce d'avant-
garde en quatre actes, de M. Bonis-Cha-
rancle.
Ce soir, à huit heures et demie, au théâ- I
tre Mévisto, répétition générale de En
bonne fortune, de MM. Xanrof et Pierre
Veber; Un épisode sous la Terréur, de M.
Nozière, d'après la nouvelle de Balzac;
Jujules, de MM. Auguste Germain et Pau-
blan; Les Trois Masques, de M. Ch. Méré,
et Méphisto chez Mévisto, revue de MM.
Trébor et A. Mainger.
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
Théâtre-Mondain, première représentation
(reprise) de La Voleuse d'Amour, comédie
en trois actes de M. de Valmonca. «
c
hevaleresque !
On attendait hier matin. avec une
petite curiosité parisienne, l'article de M.
Guy Launay sur Le Roi.
On sait que le plus intime ami de M.
Guy Launay, M. Nozière, eut jadis — et
ce journal s'en fit l'écho! — de retentis-
sants démêlés avec les auteurs de la pièce
des Variétés. Ce fut d'abord une aigre
brouille avec M. Arène, dont M. Guy Lau-
nay avait quelque peu malmené le Paris-
New-York, et qui prit sa revanche assez
durement. Puis vint « l'affaire» de L'E-
ventail, qui se termina par une lettre plus
que violente de M. Robert de Fiers et par
une rencontre entre celui-ci et M. Nozière.
Hier matin, les lecteurs de M. Guy Lau-
nay purent lire un compte rendu qui res-
semblait à un bulletin de victoire et dont
la manière enthousiaste et délirante con-
trastait joyeusement avec la rigueur habi',;,"
tuelle de notre très talentueux confrère.
Bravo! Et félicitons M. Nozière que
voici spirituellement réconcilié avec quel-
ques-uns des journalistes les plus impor-
tants du moment. Félicitons aussi MM. de
Flers, Arène et Caillavet, qui, décidément,
connaissent le cœur des hommes.
p
ropagande par l'effet. scénique.
Rue de l'Eglise — notez le nom de
cette voie — ces soirs-ci, dans le local
d'une Université populaire, des amateurs
zélés répètent une pièce : Le Fils du, Ciel.
L'auteur, avec douceur et activité, avec es-
prit et bienveillance aussi, dirige lui-même
ces répétitions et préside à la mise en
scène de son œuvre, fort amusante et très
satirique. Et savez-vous qui est cet auteur?
Quand je vous aurai dit que c'est le plus
aimable, le plus placide et l'un des plus
érudits de nos anarchistes, vous aurez de-,
viné que c'est M. Charles Malato.
Et c'est rue de l'Eglise qu'on le répète!
L
e trégolisme.
- Après - le Hollandais Bouwmeester
qui vient de faire au Gymnase un début si
remarqué, un impresario prépare une at-
traction de valeur au moins égale, et, cette
fois, dans le genre comique. fi vient, en
effet, d'engager Sinoël, l'exquis fantaisiste
de la Scala, pour jouer sur les grandes scè-
nes de France Le Petit Babouin, l'inépui-
sable succès de notre collaborateur André
Mycho. Dans cette pièce, Sinoël incarnera
« tous les pères » du petit Babouin. et ils
sont quelque chose comme huit ou dix!.
Voilà un pernicieux exemple.
Pour peu que cette mode se généralise,
les directeurs licencieront la plupart de
leurs artistes, devenus inutiles.
Ce sera le lock-out dramatique!
L
!avandement.
On sait déjà que M. Trarieux a situé
sa belle pièce L'Alibi dans un régiment
d'artillerie.
Hier, à la générale, on fut un peu étonné
de voir avec quelle désinvolture et quelle
élégance M. Vargas portait son uniforme
de lieutenant.
C'est que M. Vargas a fait son service
et fait encore annuellement ses vingt-huit
jours dans l'artillerie.
Il est vrai qu'il y servit comme simple
cavalier. Mais n'eut-il pas journellement
devant ses yeux l'exemple de lieutenants
titrés et élégants?
Et puis, au théâtre, nombreux sont les
acteurs sans décorations qui parent leurs
boutonnières de l'emblème écarlate de la
Légion d'honneur.
M. Vargas n'est, lui, que modestement
monté en grade.
p
ardon, Monsieur, le musée C!apisson?
Si, après avoir consulté annuaires
bur annuaires, vous posez cette question à
un gardien de la paix, vous n'obtiendrez
aucune reponse, â moins toutefois que vous
ne soyez passé à tabac pour paraître vous
moquer de .l'autorité.
— Le musée Clapisson? Connais pas t.
Et, pourtant, le musée Clapisson est un
musée national. C'est tout simplement le
musée instrumental du Conservatoire, ainsi
nommé du nom de son fondateur, compo-
siteur de talent, comme chacun sait.
A côté des musées aux noms patronymi-
ques: Guimet, Galliera, Cernuschi, il a
droit à une place dans la grande vie pari-
sienne, et les représentants de l'autorité
publique devraient être en mesure de pou-
voir renseigner les visiteurs qui s'y veu-
lent rendre.
H
îppolyte et. Mélisande.
Suivant une vieille crovance. d'un
bon titre dépend souvent la fortune d'un
ouvrage. Si Louise s'était appelée Mélanie,
Manon, Joséphine, et le Vaisseau Fantôme
le Bateau Spectre, le public se serait peut-
être abstenu d'une sympathie aussi cons-
tante à l'égard de ces œuvres, aujourd'hui
si populaires. Pourquoi? Demandez-le lui.
Sans vouloir douter du prochain succès
d'Hippolyte et Aricie, nous sommes con-
traints de constater que l'accouplement de
ces deux noms propres se retient difficile-
ment.
Ceci doit être l'avîs d'une artiste déli-
cieuse, revenue récemment d'Amérique.
S'il lui fut donné de pénétrer presque dans
ses plus secrètes profondeurs le chef-d'œu-
vre de Debussy, il est permis de la croire
moins familiarisée avec celui de Rameau.
r'!e n'en connaît encore que la moitié du
titre et l'énonce simplement ainsi: « Hip-
polyte et. quelque chose t »
Que je vais dire à quelqu'un, ajoute-
rait le petit Yniold.
E
t les regards tournés vers la postérité.
Un ieune poète. au teint olivâtre, à
la chevelure ruisselante et noire, qui se
recommande à l'attention des amateurs par
un nom très peu connu, a fait jouer récem-
ment une pièce en un acte en vers,
(Alexandrin, que me veux-tu? je n'ai pas
sommeil encore, disait Fontenelle.)
Ce nourrisson des. muses, déjà très fier
d'un génie qu'il se suppose, a, -depuis qu'il
débuta au théâtre, un orgueil incommen-
surable et outrecuidant.
Après la soirée mémorable de sa pre-
mière représentation, il entraîna deux de
ses amis dans le dédale bourbeux d'un
quartier excentrique.
— Pourquoi nous emmenez-vous si loin?
dit tout à coup l'un des compagnons.
— Pour vous montrer la maison où je
suis né !. répondit gravement notre jeune
poète.
Phœbus Apollon, dieu dont l'arc est d'ar-
gent, ayez pitié de lui!.,.
L
e général hydrophile.
La foire aux pains d'épices bat son
plein, voici venu le moment d'offrir à ses
amis — pour peu qu'on veuille se rappe-
ler à leur bon souvenir — le traditionnel
petit cochon orné du non moins tradition-
nel prénom coulé en pâte de sucre.
Le cadeau, certes, est facétieux, mais il
est à double fin, et, en même temps que
comestible, excellemment barométrique :
utile dulci. On connaît i'influence du temps
sur le pain d'épices: l'humidité le ramollit,
tandis que la sécheresse le racornit.
L'économe Eugène Chavette, avec son
ingéniosité d'homme de théâtre, n'usait pas
d'autre baromètre, et, tous les ans, profitait
de la foire du Trône pour en acheter un
nouveau. Par exemple, ce n'était pas un
petit cochon qu'il choisissait, mais, invaria-
blement, un général en bottes à l'écuyère.
Et chaque matin, avant de sortir, Eu-
gène Chavette interrogeait son valet de
chambre :
— Que dit le général?
Le domestique appuyait son pouce sur
le bonhomme:
— Le général a le ventre flasque, mon-
sieur fera bien de prendre son parapluie.
Mais quand, en revanche, l'abdomen du
guerrier gardait sa fermeté, Chavette ris-
quait son chapeau neuf.
jsn
p
lusieurs millions à la disposition de
l'expert Dusausoy, 4, boulevard des
Italiens, qui achète de suite, à première
vue et à leur réelle valeur, bijoux, diamants
et pierres fines. Grand choix d'occasions.
Ï1
:!.
nsfaîfê depuis un an h peine dans son
somptueux hôtel des Champs-Elysées,
derrière lequel s'élèvent deux bâtiments de
sept étages et le déjà célèbre Théâtre Fe.
mina, M. Pierre Lafitte se trouve cepen-
dant trop à l'étroit.
C'est pourquoi il vient de s'assurer la
totalité de l'immeuble voisin (nO 88), qu'il
occupera au fur et à mesure de ses be-
soins.
D'ores et déjà, M. Pierre Lafitte en pro-
fitera cet été pour créer, dans son délicieux
théâtre, de nombreux dégagements, aussi
bien du côté de la scène que du côté de la
salle.
A
utrefois, on mangeait pour se nourrir,
et c'était une corvée! Depuis que le
restaurant Lapré existe, on se nourrit pour
manger, et chaque repas : menu raffiné,
vins exquis, devient un plaisir raffiné.
G
eorges, le fameux coiffeur posticheur,
15, rue Royale, en plaçant çà et là quel-
ques petites mèches exquises, transforme
en un chef-d'œuvre de goût la plus maigre
chevelure. -
A
u diable les chimistes qui prétendent
Que. dans un siècle, on ivivra de
comprimés et de pilules!. Nous préférons
les viandes cuites à point, les légumes fon-
dants et savoureux, les vins délicieux et
toute la joie d'un repas pris chez Cham-
peaux.
Le Masque de Verre.
L'Œuf de Colomb
UNE PROPOSITION DE M. GAILHARD. - SEPT
CENT MILLE FRANCS PAR AN POUR LES
JEUNES COMPOSITEURS
On sait combien pénibles sont les dé-
buts des jeunes compositeurs et la difficulté
pour eux de manifester leur talent.
Les théâtres lyriques sont si peu nom-
breux à Paris que les jeunes compositeurs
doivent piétiner de longues années avant
de parvenir à produire leurs ouvrages.
Plusieurs téntatives furent faites, à di-
verses reprises, pour leur aplanir la route,
mais elles ne purent jamais pleinement
réussir.
C'est ainsi qu'autrefois, M. Gailhard,
dans les Concerts de l'Opéra, mit en lu-
mière des jeunes comme MM. Claude De-
bussy, Xavier Leroux et Paul Dukas; mais
cette entreprise, entraînant des frais énor-
mes, lui coûta deux cent mille francs. Au
surplus, des théâtres aussi importants que
l'Opéra et l'OpéraComique ne peuvent pas
s'exposer aux échecs toujours possibles
dans de pareilles conditions.
Cette importante question a été discutée
hier, à la Commission de la Société des au-
teurs, qui a entendu une proposition fort
intéressante de M. Gailhard.
Nous croyons savoir que- l'ancien direc-
teur de l'Opéra a entretenu les commis-
saires de la rue Hippolyte-Lebas d'une
combinaison qui permettrait de répartir en-
tre quelques grands théâtres de province,
une somme très importante — SEPT CENT
MILLE FRANCS — destinée à couvrir les
frais de représentation d'ouvrages lyriques
dus à des compositeurs inédits.
La Commission de la Société des auteurs
a décidé d'étudier très attentivement cette
importante proposition.
Il faut donc espérer que, bientôt, grâce
à cette initiative, on pourra voir débuter
de « jeunes musiciens » âgés de moins de
cinquante ans. ,
Une Lettre
de
M, Gailhard
Les loges sur la scène, disions-nous
avant-hier, furent toujours chères aux
différents directeurs de l'Opéra!
Il n'est point de règle sans exception,
ainsi qu'on s'en convaincra par la lec-
ture de la lettre suivante que nous a fait
parvenir, hier, M. Pedro Gailhard:
Paris, le 23 avril 1908.
Monsieur le Directeur,
Je lis ce matin, dans les échos de vo-
tre journal, à propos de la suppression
des loges sur la scène de l'Opéra, que
j'aurais été inconsolable, si ces loges
avaient été enlevéesl
On se console de tout, mon cher
Directeur, même de ne l'être plus!.
Mais ne voulant pas que l'on
puisse croire que j'ai résisté à la
mesure très esthétique que voulait pren-
dre le ministre d'alors, j'ai l'honneur de
vous informer que, « par lettre adressée
à M. le ministre de l'Instruction publique
et des Beaux-Arts en décembre 1906 »,
j'ai accepté la suppression de ces loges.
Veuillez agréer, Monsieur le Direc-
teur, l'assurance de mes sentiments les
meilleurs.
P. GAILHARD.
Post-scriptum. - Je vous prie de
vouloir bien insérer cette lettre.
Une Lettre
de
M. t. ?rrê
M. Carré nous a adressé la lettre suivante:
Monsieur le Directeur,
J'ai pour habitude de parler le moins possi-
ble des oeuvres en préparation à !'Opéra-Co-
mique. Les informations publiées sur Snégou-
rotchka par Comœdia ne lui ont donc été four-
nis ni par moi, ni par quelqu'un des miens.
Elles ne sont pas très exactes.
'M. Sarra Mamontoff, présenté dans votre
note comme un simple metteur en sr-ène, est
mieux que cela. C'est un grand industriel de
Moscou, où il possède un théâtre prr c, sur le-
quel il a fait jouer Snegourotchka. Il a bien
voulu me fournir des renseignements précieux
sur les décors et costumes employés en Russie
pour l'œuvre de Rimsky-Korsàkow et faire re-
chercher pour nous, dans les environs de Mos-
cou, quelques costumes et bijoux du pays, dont
notre dessinateur, M. Fournery, s'est inspiré,
mais c'est dans les admirables collections de
Mme la princesse Tenicheff, si généreusement
ouvertes par elle à nos recherches, que nous
avons puisé nos plus curieux documenfs.
Je n'ai pas l'honneur de connaître le peintre
Rerich. C'est M. lusseaame, que je n'ai pas à
présenter aux habitués de l'Opéra-Comique, qui
a été chargé des cinq décors de la pièce.
C'est Mme Mariquiia qui a réglé les ballets.
Ayant auprès de moi cette très grande artiste,
j'avoue n'avoir pas songé à faire va à-, tut-ce
de Varsovie, un autre corps de ballet que celui
dont elle tire un si bon parti.
Enfin, M. Tcherepnine, chef d'orrhestre dé
l'Opéra de Saint-Pétersbourg, et élève de Rims.
ky Korsakow, a bien voulu, sur me demande,
venir remplacer son maître aux répétitions mu-
sicales de Snegourotchka. Il est repart: hier soir,
« pleinement rassuré », m'a-t-il dit, sur la fa-
çon dont l'œuvre sera conduite par notre pre-
mier chef d'orchestre, M. Ruhlman.
Veuillez, Monsieur le Directeur, agréer l'as-
surance de mes sentiments dévoués.
ALBERT CARRE.
THÉÂTRE DES VARIÉTÉS
LE ROI
Comédie en 3 actes et 4 tableaux
de MM. G.-A. de CaillaVet
Robert de Flers et Emmanuel Arène
Reutlinger, y}, ot.
Mlle Lavallière
M. Max Dearly
M. Guy
M. Brasseur
Mlle Diéterle
Mlle Lender
A coup sûr, le Champagne se trouve bien
d'être frappé; mais non pas, tout de
même, frappé au point d'être en glaçons.
Et j'ai parfaitement conscience que je fe-
rais une piètre besogne de ce genre, si j'es-
sayais de soumettre à l'inévitable frigori-
fication d'un sommaire la mousse légère
pétillante, vive, gaie, spirituelle et capi-
teuse de ce joli vin rose qu est Le Roi.
Et quand je dis « mousse », qu'on
n'aille pas prendre le mot pour un mau-
vais compliment. Car il ne s'agit guère
d'une petite tisane facilement éventée,
comme des médisants pourraient tenter de
le faire croire; et j'estime, tout au con-
traire, que ce vin rose, dont le fin bou-
quet est si subtil, a aussi du corps, et que
ce cru essentiellement parisien n'a rien à en-
vier, ni en mérites, ni en gloire, aux crus
les plus rares et les mieux classés.
Le Roi, en effet, est non seulement une
comédie de mœurs et de caractères; mais
c'est aussi, et surtout, une comédie de sa-
tire politique et sociale; et voilà, du coup,
MM. de Caillavet, de Fiers et Arène, nos
très aimables contemporains, en filiation di-
recte avec le grand aïeul Aristophane.
Eh bien! proclamons-le tout à trac, et
dût en souffrir leur modestie, le grand
aïeul n'aura pas à être honteux de ses ar-
rière-petits-fils; et tel est d'abord le pre-
mier éloge à leur adresser. Excusez du
peu!
Il va de soi qu'une comédie de cette es-
pèce fait et doit faire de l'opposition au
gouvernement sous lequel on la produit.
Par définition, la pièce de satire politique
et sociale est de verve pamphlétaire, jus-
qu'à la caricature, voire à l'outrage.
Athènes républicaine avait tout naturel-
lement pour poète comique, comme satiri-
JLé Numéro s É centimes
Samed 25 Avril 190'3.
Rédacteur en Chef : G. dô PAWLOWSKi
RÉDACTION & ADMINISTRATION s
27, Souleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 BOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 FR.
Étranger • • • 40 D 20 9
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27, Boulevard Poissonnière, PARIS
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âdress* Télégraphique : COMŒDlA"PARJS
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Paris et Départements 0 24 fr. 12 fr.
E«J
Pour jouer
la Comédie
de salon (1)
De la midinette à la femme du monde,
du commis de nouveautés au clubman,
du simple troupier au généralissime, il
n'est personne que le théâtre ne fasci-
ne. La conversation du salon s'alimente
un peu de politique, passablement de
scandales et de potins, toujours et inlas-
sablement de théâtre. Que va-t-on jouer
de nouveau?. Quelle est votre impres-
sion?. Comment y joue ,tel acteur ou
telle actrice?. Voilà la question qu'on
sst sûr d'entendre poser dans n'importe
quelle maison dont la maîtresse a un
jour. Et quant à l'attrait que le théâtre
exerce sur les petites gens, il suffit pour
se convaincre qu'il est infini de regar-
der cette longue file de spectateurs qui,
chaque soir, patiemment, par le vent et
la pluie, font la queue aux guichets.
La vie de l'auteur dramatique, ses
origines, ses manies, ses aventures; la
vie des acteurs et des actrices, leurs va-
nités, leur luxe, leurs amours, leurs dif-
férends; la vie même des directeurs,
leurs démêlés conjugaux, leurs embarras
pécuniaires : voilà qui intéresse ardem-
ment toutes les classes.
Et comme si les théâtres ne suffisaient
même plus à contenter ce goût violent,
la comédie de salon est plus que jamais
florissante. Non seulement, on veut voir
jouer, mais encore on veut jouer soi-
même.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que date le
théâtre de société: j'imaginerais volon-
tiers que les Grecs le connaissaient, et
en tout cas, chez nous, il existe depuis
des siècles. Mais jamais la vogue n'en a
été plus grande. On n'est pas à court,
si l'on veut citer les salons où il est
passionnément cultivé, et les acteurs
mondains, qui ont acquis une renom-
mée.
Il n'est pas de distraction plus aima-
ble que la comédie de salon, et, puis-
qu'on prétend qu'il faut le plus possible
's'amuser en s'instruisant, il n'en est pas
qui réalise mieux ce sage et antique pré-
cepte. Or, pour tout jeu, il se publie des
manuels fort détaillés. La comédie de
salon est autre chose qu'un jeu; c'est
un art, et cet art, on a négligé de pro-
curer les moyens de le pratiquer. Il
n'existe, en effet, aucun volume qui
traite spécialement et complètement d'un
sujet auquel s'intéressent tant de per-
sonnes. La comédie de salon a produit
d'excellentes petites pièces et révélé des
acteurs étonnants, comme le comte Mar-
cel de Germiny, le baron H. de Bermin-
gham, le baron Despatys, et Mlles Pau-
lette de Saint-Victor et Juliette Dietzr
Monnin. On a écrit des milliers de li-
vres didactiques sur le théâtre à la ville,
on n'en a écrit aucun sur le théâtre de
société. Quelques articles, quelques étu-
des courtes et insuffisantes, et c'est là
toute la bibliographie. Or, si l'on songe
à tout ce que comporte la représenta-
tion, chez soi, d'un simple petit acte, le
choix de la pièce d'abord, la distribution
des rôles, la méthode pour les appren-
dre, les répétitions, la mise en scène, la
construction sommaire d'un théâtricule,
l'arrangement de la salle de spectacle, la
science du maquillage, de l'habillement,
et cent autres questions aussi importan-
tes, on conviendra qu'il est impossible
de s'improviser directeur et acteur, et
qu'il est nécessaire de posséder une ma-
nière de guide.
C'est ce guide que nous voudrions
être. Auteur dramatique et surtout aussi
bibliothécaire attaché à la bibliothèque
de l'Arsenal, nous croyons réunir une
certaine expérience et une certaine éru-
dition du théâtre.
Il noys est, en outre, souvent arrivé
de jouer la comédie dans le monde.
Nous avons donc cru devoir rassembler
dans ce petit livre, et ce que nous ont
appris la pratique continuelle et déjà an-
cienne des planches, et une documenta-
tion puisée aux meilleures sources. Pour
ce travail, nous avons suivi la méthode
la plus naturelle. Vous voulez, je sup-
pose, monter une comédie chez vous:
comment allez-vous vous y prendre? Il
vous faudra tout d'abord choisir la
pièce. Quelle pièce est-il préférable de
choisir? La pièce choisie, comment la
monterez-vous? En premier lieu, vous
distribuerez les rôles à vos acteurs, puis
;Ie régisseur commencera les répétitions,
'et les acteurs apprendront leurs rôles.
De là, des conseils sur la fonction du
régisseur, sur la manière d'apprendre
:un rôle, sur la manière de corriger les
! défauts de l'articulation, de la voix ou
da vaincre la timidité et la peur.
Mais ce n'est pas tout que de répé-
ter; il faut monter un théâtre, car bien
rare sont les heureux privilégiés qui
Ces jours-ci paraîtra en librairie un vo-
lume d'André de Lorde qui a pour titre: Pour
jouer la Comédie.
Le jeune et éminent auteur de tant de drames
sensationnels, qui est en même temps un de
nos plus distingués Bibliothécaires à l'Arsenal,
où il dirige l'un des départements des impri-
més, a écrit un ouvrage des plus intéressants
et des plus .complets sur la comédie de société,
et toutes les questions théâtrales qui s'y ratta-
chent.
Nos lecteurs nous sauront gré, nous l'espé-
rons, de leur offrir en primeur cet important ex-
trait de la préface qui résume, en quelque sorte,
te plan et la portée de l'œuvre.
possèdent une vraie scène chez eux.
Comment installe-t-on cette scène, une
rampe, des coulisses, des loges, un ri-
deau, des décors? Comment imite-t-on
les bruits de coulisse: tonnerre, pluie,
grêle, neige, cris d'animaux, vent, etc.
Faut-il des programmes? faut-il des af-
fiches? Le théâtre est construit, la pièce
est apprise. Elle sera représentée ce
soir. Vos acteurs savent-il se grimer? Il
est probable que non. Voilà donc tout
un petit traité pratique sur le maquil-
lage, afin qu'ils puissent faire leur fi-
gure, se vieillir, se rajeunir, se grandir,
porter barbe, moustaches, favoris. Sa-
vent-ils enfin se costumer? Il semble que
rien n'est plus aisé. Détrompez-vous, on
ne s'habille pas à sa guise. Le costume
doit toujours suivre la situation. Enfin,
nous avons mis à l'appendice un certain
nombre de renseignements, qui, pour
être secondaires, n'en sont pas moins
nécessaires, tels que la signification de
certains mots d'argot dramatique, une
étude sur le Conservatoire, l'enseigne-
ment des professeurs, une bibliographie
sur le costume, lest pièces faciles à jouer,
etc., etc.
Si nous avons pu rendre ainsi quel-
que service à tous ceux qui aiment la
comédie de société et s'y adonnent,
nulle récompense ne nous sera plus
chère. Tout en cherchant les documents
qui devaient instruire ses lecteurs, le bi-
bliothécaire de l'Arsenal ne pouvait ou-
blier qu'il avait en lui un auteur drama-
tique qui à déjà donné à l'art théâtral
quinze années de sa vie et qui doit à la
littérature ses joies les plus vives.
André de LORDE.
Nous publierons demain un article de
G. DE PAWLOWSKI
Le siècle des petitesses
En raison des progrès de la civilisation,
nous vivons à une époque où les miniatu-
ristes seuls peuvent avoir quelques chances
de succès et où les conceptions grandioses
semblent devoir être définitivement aban-
données.
Je sais plusieurs peintres ou sculpteurs
de grand talent qui, actuellement, ont re-
noncé à tout travail faute d'un cadre suffi-
sant, et comme ils ne peuvent se résigner à
faire des agrandissements de photographies
moyennant cinq francs et un bon cliché
joint à l'envoi, ils demeurent inoccupés. Il
leur eût fallu, pour révéler leur véritable
talent, des palais entiers à décorer, des
Saint-Pierre de Rome à construire et quel-
que haut protecteur éclairé pour les sous-
traire aux ennuis de la vie quotidienne.
Malheureusement, les ipapes font au-
jourd'hui de l'automobile ou chassent des
moineaux dans les jardins du Vatican, et
lorsqu'un mécène de la haute finance se dé-
cide à sacrifier aux Beaux-Arts, il se con-
tente de commander trois portraits de fa-
mille historiques pour décorer son salon,
ou de taire dorer par un décorateur les ar-
bres de son jardin.
Les compositeurs qui souhaiter aient d'é-
crire de grandes œuvres lyriques sont au-
jourd'hui dans une( situation analogue à
celle des artistes. Avec beaucoup de pro-
tection, ils peuvent peut-être trouver un
éditeur qui leur commandera une Valse
lente, petit format, mais ils ne recontre-
ront jamais un directeur assez avisé ou as-
sez fou pour leur commander un opéra.
Lorsque soixante ans d'attente auront usé
leur talent, lorsqu'ils seront devenus aigris,
hargneux et méchants, lorsqu'ils seront de
tous les Instituts et incapables de jouer Au
Clair de la Lune, d'un doigt tremblant, peut-
être, ce jour-là, seront-ils admis au rare
bonheur de faire entendre une œuvre infor-
me, vieillie et digne de rehausser la fête
du 14 Juillet au bal d'une sous-préfecture
de province.
Il semblerait, pourtant, qu'en abandonnant
tous leurs privilèges historiques au bénéfice
de la masse, les mécènes d'autrefois eussent
dû trouver un successeur tout désigné dans
le Gouvernement actuel. Il semble même
que c'est à lui qu'il appartiendrait de com-
mander, en architecture, en peinture. ou en
musique, ces œuvres colossales, qui ne peu-
vent plus relever .aujourd'hui de l'initiative
privée, et l'on peut penser que l'Etat mo-
derne ne remplit point sa fonction en nous
offrant, en tout et pour todt, de nouveaux
modèles de kiosques à journaux et des éco-
les modern-style en poireau verni et en
brique symbolique.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures et demie, à l'O-
déon, première représentation de L'Alibi,
pièce en trois actes, de M. Trarieux, et de
Une vieille contait., un acte en vers, de
MM. Gumpel et Delaquys.
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
Théâtre de l'Œuvre (salle Fémina), pre-
mière représentation de La Loi, pièce en
trois actes, de M. Daniel Jourda.
Ce soir samedi, à huit heures trois
quarts, à Parisiana, première représentation
de Yoritomo, un drame au Japon, en deux
actes, de MM. Bonis-Charancle et Romain,
et de La Comtesse Léa, pièce d'avant-
garde en quatre actes, de M. Bonis-Cha-
rancle.
Ce soir, à huit heures et demie, au théâ- I
tre Mévisto, répétition générale de En
bonne fortune, de MM. Xanrof et Pierre
Veber; Un épisode sous la Terréur, de M.
Nozière, d'après la nouvelle de Balzac;
Jujules, de MM. Auguste Germain et Pau-
blan; Les Trois Masques, de M. Ch. Méré,
et Méphisto chez Mévisto, revue de MM.
Trébor et A. Mainger.
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
Théâtre-Mondain, première représentation
(reprise) de La Voleuse d'Amour, comédie
en trois actes de M. de Valmonca. «
c
hevaleresque !
On attendait hier matin. avec une
petite curiosité parisienne, l'article de M.
Guy Launay sur Le Roi.
On sait que le plus intime ami de M.
Guy Launay, M. Nozière, eut jadis — et
ce journal s'en fit l'écho! — de retentis-
sants démêlés avec les auteurs de la pièce
des Variétés. Ce fut d'abord une aigre
brouille avec M. Arène, dont M. Guy Lau-
nay avait quelque peu malmené le Paris-
New-York, et qui prit sa revanche assez
durement. Puis vint « l'affaire» de L'E-
ventail, qui se termina par une lettre plus
que violente de M. Robert de Fiers et par
une rencontre entre celui-ci et M. Nozière.
Hier matin, les lecteurs de M. Guy Lau-
nay purent lire un compte rendu qui res-
semblait à un bulletin de victoire et dont
la manière enthousiaste et délirante con-
trastait joyeusement avec la rigueur habi',;,"
tuelle de notre très talentueux confrère.
Bravo! Et félicitons M. Nozière que
voici spirituellement réconcilié avec quel-
ques-uns des journalistes les plus impor-
tants du moment. Félicitons aussi MM. de
Flers, Arène et Caillavet, qui, décidément,
connaissent le cœur des hommes.
p
ropagande par l'effet. scénique.
Rue de l'Eglise — notez le nom de
cette voie — ces soirs-ci, dans le local
d'une Université populaire, des amateurs
zélés répètent une pièce : Le Fils du, Ciel.
L'auteur, avec douceur et activité, avec es-
prit et bienveillance aussi, dirige lui-même
ces répétitions et préside à la mise en
scène de son œuvre, fort amusante et très
satirique. Et savez-vous qui est cet auteur?
Quand je vous aurai dit que c'est le plus
aimable, le plus placide et l'un des plus
érudits de nos anarchistes, vous aurez de-,
viné que c'est M. Charles Malato.
Et c'est rue de l'Eglise qu'on le répète!
L
e trégolisme.
- Après - le Hollandais Bouwmeester
qui vient de faire au Gymnase un début si
remarqué, un impresario prépare une at-
traction de valeur au moins égale, et, cette
fois, dans le genre comique. fi vient, en
effet, d'engager Sinoël, l'exquis fantaisiste
de la Scala, pour jouer sur les grandes scè-
nes de France Le Petit Babouin, l'inépui-
sable succès de notre collaborateur André
Mycho. Dans cette pièce, Sinoël incarnera
« tous les pères » du petit Babouin. et ils
sont quelque chose comme huit ou dix!.
Voilà un pernicieux exemple.
Pour peu que cette mode se généralise,
les directeurs licencieront la plupart de
leurs artistes, devenus inutiles.
Ce sera le lock-out dramatique!
L
!avandement.
On sait déjà que M. Trarieux a situé
sa belle pièce L'Alibi dans un régiment
d'artillerie.
Hier, à la générale, on fut un peu étonné
de voir avec quelle désinvolture et quelle
élégance M. Vargas portait son uniforme
de lieutenant.
C'est que M. Vargas a fait son service
et fait encore annuellement ses vingt-huit
jours dans l'artillerie.
Il est vrai qu'il y servit comme simple
cavalier. Mais n'eut-il pas journellement
devant ses yeux l'exemple de lieutenants
titrés et élégants?
Et puis, au théâtre, nombreux sont les
acteurs sans décorations qui parent leurs
boutonnières de l'emblème écarlate de la
Légion d'honneur.
M. Vargas n'est, lui, que modestement
monté en grade.
p
ardon, Monsieur, le musée C!apisson?
Si, après avoir consulté annuaires
bur annuaires, vous posez cette question à
un gardien de la paix, vous n'obtiendrez
aucune reponse, â moins toutefois que vous
ne soyez passé à tabac pour paraître vous
moquer de .l'autorité.
— Le musée Clapisson? Connais pas t.
Et, pourtant, le musée Clapisson est un
musée national. C'est tout simplement le
musée instrumental du Conservatoire, ainsi
nommé du nom de son fondateur, compo-
siteur de talent, comme chacun sait.
A côté des musées aux noms patronymi-
ques: Guimet, Galliera, Cernuschi, il a
droit à une place dans la grande vie pari-
sienne, et les représentants de l'autorité
publique devraient être en mesure de pou-
voir renseigner les visiteurs qui s'y veu-
lent rendre.
H
îppolyte et. Mélisande.
Suivant une vieille crovance. d'un
bon titre dépend souvent la fortune d'un
ouvrage. Si Louise s'était appelée Mélanie,
Manon, Joséphine, et le Vaisseau Fantôme
le Bateau Spectre, le public se serait peut-
être abstenu d'une sympathie aussi cons-
tante à l'égard de ces œuvres, aujourd'hui
si populaires. Pourquoi? Demandez-le lui.
Sans vouloir douter du prochain succès
d'Hippolyte et Aricie, nous sommes con-
traints de constater que l'accouplement de
ces deux noms propres se retient difficile-
ment.
Ceci doit être l'avîs d'une artiste déli-
cieuse, revenue récemment d'Amérique.
S'il lui fut donné de pénétrer presque dans
ses plus secrètes profondeurs le chef-d'œu-
vre de Debussy, il est permis de la croire
moins familiarisée avec celui de Rameau.
r'!e n'en connaît encore que la moitié du
titre et l'énonce simplement ainsi: « Hip-
polyte et. quelque chose t »
Que je vais dire à quelqu'un, ajoute-
rait le petit Yniold.
E
t les regards tournés vers la postérité.
Un ieune poète. au teint olivâtre, à
la chevelure ruisselante et noire, qui se
recommande à l'attention des amateurs par
un nom très peu connu, a fait jouer récem-
ment une pièce en un acte en vers,
(Alexandrin, que me veux-tu? je n'ai pas
sommeil encore, disait Fontenelle.)
Ce nourrisson des. muses, déjà très fier
d'un génie qu'il se suppose, a, -depuis qu'il
débuta au théâtre, un orgueil incommen-
surable et outrecuidant.
Après la soirée mémorable de sa pre-
mière représentation, il entraîna deux de
ses amis dans le dédale bourbeux d'un
quartier excentrique.
— Pourquoi nous emmenez-vous si loin?
dit tout à coup l'un des compagnons.
— Pour vous montrer la maison où je
suis né !. répondit gravement notre jeune
poète.
Phœbus Apollon, dieu dont l'arc est d'ar-
gent, ayez pitié de lui!.,.
L
e général hydrophile.
La foire aux pains d'épices bat son
plein, voici venu le moment d'offrir à ses
amis — pour peu qu'on veuille se rappe-
ler à leur bon souvenir — le traditionnel
petit cochon orné du non moins tradition-
nel prénom coulé en pâte de sucre.
Le cadeau, certes, est facétieux, mais il
est à double fin, et, en même temps que
comestible, excellemment barométrique :
utile dulci. On connaît i'influence du temps
sur le pain d'épices: l'humidité le ramollit,
tandis que la sécheresse le racornit.
L'économe Eugène Chavette, avec son
ingéniosité d'homme de théâtre, n'usait pas
d'autre baromètre, et, tous les ans, profitait
de la foire du Trône pour en acheter un
nouveau. Par exemple, ce n'était pas un
petit cochon qu'il choisissait, mais, invaria-
blement, un général en bottes à l'écuyère.
Et chaque matin, avant de sortir, Eu-
gène Chavette interrogeait son valet de
chambre :
— Que dit le général?
Le domestique appuyait son pouce sur
le bonhomme:
— Le général a le ventre flasque, mon-
sieur fera bien de prendre son parapluie.
Mais quand, en revanche, l'abdomen du
guerrier gardait sa fermeté, Chavette ris-
quait son chapeau neuf.
jsn
p
lusieurs millions à la disposition de
l'expert Dusausoy, 4, boulevard des
Italiens, qui achète de suite, à première
vue et à leur réelle valeur, bijoux, diamants
et pierres fines. Grand choix d'occasions.
Ï1
:!.
nsfaîfê depuis un an h peine dans son
somptueux hôtel des Champs-Elysées,
derrière lequel s'élèvent deux bâtiments de
sept étages et le déjà célèbre Théâtre Fe.
mina, M. Pierre Lafitte se trouve cepen-
dant trop à l'étroit.
C'est pourquoi il vient de s'assurer la
totalité de l'immeuble voisin (nO 88), qu'il
occupera au fur et à mesure de ses be-
soins.
D'ores et déjà, M. Pierre Lafitte en pro-
fitera cet été pour créer, dans son délicieux
théâtre, de nombreux dégagements, aussi
bien du côté de la scène que du côté de la
salle.
A
utrefois, on mangeait pour se nourrir,
et c'était une corvée! Depuis que le
restaurant Lapré existe, on se nourrit pour
manger, et chaque repas : menu raffiné,
vins exquis, devient un plaisir raffiné.
G
eorges, le fameux coiffeur posticheur,
15, rue Royale, en plaçant çà et là quel-
ques petites mèches exquises, transforme
en un chef-d'œuvre de goût la plus maigre
chevelure. -
A
u diable les chimistes qui prétendent
Que. dans un siècle, on ivivra de
comprimés et de pilules!. Nous préférons
les viandes cuites à point, les légumes fon-
dants et savoureux, les vins délicieux et
toute la joie d'un repas pris chez Cham-
peaux.
Le Masque de Verre.
L'Œuf de Colomb
UNE PROPOSITION DE M. GAILHARD. - SEPT
CENT MILLE FRANCS PAR AN POUR LES
JEUNES COMPOSITEURS
On sait combien pénibles sont les dé-
buts des jeunes compositeurs et la difficulté
pour eux de manifester leur talent.
Les théâtres lyriques sont si peu nom-
breux à Paris que les jeunes compositeurs
doivent piétiner de longues années avant
de parvenir à produire leurs ouvrages.
Plusieurs téntatives furent faites, à di-
verses reprises, pour leur aplanir la route,
mais elles ne purent jamais pleinement
réussir.
C'est ainsi qu'autrefois, M. Gailhard,
dans les Concerts de l'Opéra, mit en lu-
mière des jeunes comme MM. Claude De-
bussy, Xavier Leroux et Paul Dukas; mais
cette entreprise, entraînant des frais énor-
mes, lui coûta deux cent mille francs. Au
surplus, des théâtres aussi importants que
l'Opéra et l'OpéraComique ne peuvent pas
s'exposer aux échecs toujours possibles
dans de pareilles conditions.
Cette importante question a été discutée
hier, à la Commission de la Société des au-
teurs, qui a entendu une proposition fort
intéressante de M. Gailhard.
Nous croyons savoir que- l'ancien direc-
teur de l'Opéra a entretenu les commis-
saires de la rue Hippolyte-Lebas d'une
combinaison qui permettrait de répartir en-
tre quelques grands théâtres de province,
une somme très importante — SEPT CENT
MILLE FRANCS — destinée à couvrir les
frais de représentation d'ouvrages lyriques
dus à des compositeurs inédits.
La Commission de la Société des auteurs
a décidé d'étudier très attentivement cette
importante proposition.
Il faut donc espérer que, bientôt, grâce
à cette initiative, on pourra voir débuter
de « jeunes musiciens » âgés de moins de
cinquante ans. ,
Une Lettre
de
M, Gailhard
Les loges sur la scène, disions-nous
avant-hier, furent toujours chères aux
différents directeurs de l'Opéra!
Il n'est point de règle sans exception,
ainsi qu'on s'en convaincra par la lec-
ture de la lettre suivante que nous a fait
parvenir, hier, M. Pedro Gailhard:
Paris, le 23 avril 1908.
Monsieur le Directeur,
Je lis ce matin, dans les échos de vo-
tre journal, à propos de la suppression
des loges sur la scène de l'Opéra, que
j'aurais été inconsolable, si ces loges
avaient été enlevéesl
On se console de tout, mon cher
Directeur, même de ne l'être plus!.
Mais ne voulant pas que l'on
puisse croire que j'ai résisté à la
mesure très esthétique que voulait pren-
dre le ministre d'alors, j'ai l'honneur de
vous informer que, « par lettre adressée
à M. le ministre de l'Instruction publique
et des Beaux-Arts en décembre 1906 »,
j'ai accepté la suppression de ces loges.
Veuillez agréer, Monsieur le Direc-
teur, l'assurance de mes sentiments les
meilleurs.
P. GAILHARD.
Post-scriptum. - Je vous prie de
vouloir bien insérer cette lettre.
Une Lettre
de
M. t. ?rrê
M. Carré nous a adressé la lettre suivante:
Monsieur le Directeur,
J'ai pour habitude de parler le moins possi-
ble des oeuvres en préparation à !'Opéra-Co-
mique. Les informations publiées sur Snégou-
rotchka par Comœdia ne lui ont donc été four-
nis ni par moi, ni par quelqu'un des miens.
Elles ne sont pas très exactes.
'M. Sarra Mamontoff, présenté dans votre
note comme un simple metteur en sr-ène, est
mieux que cela. C'est un grand industriel de
Moscou, où il possède un théâtre prr c, sur le-
quel il a fait jouer Snegourotchka. Il a bien
voulu me fournir des renseignements précieux
sur les décors et costumes employés en Russie
pour l'œuvre de Rimsky-Korsàkow et faire re-
chercher pour nous, dans les environs de Mos-
cou, quelques costumes et bijoux du pays, dont
notre dessinateur, M. Fournery, s'est inspiré,
mais c'est dans les admirables collections de
Mme la princesse Tenicheff, si généreusement
ouvertes par elle à nos recherches, que nous
avons puisé nos plus curieux documenfs.
Je n'ai pas l'honneur de connaître le peintre
Rerich. C'est M. lusseaame, que je n'ai pas à
présenter aux habitués de l'Opéra-Comique, qui
a été chargé des cinq décors de la pièce.
C'est Mme Mariquiia qui a réglé les ballets.
Ayant auprès de moi cette très grande artiste,
j'avoue n'avoir pas songé à faire va à-, tut-ce
de Varsovie, un autre corps de ballet que celui
dont elle tire un si bon parti.
Enfin, M. Tcherepnine, chef d'orrhestre dé
l'Opéra de Saint-Pétersbourg, et élève de Rims.
ky Korsakow, a bien voulu, sur me demande,
venir remplacer son maître aux répétitions mu-
sicales de Snegourotchka. Il est repart: hier soir,
« pleinement rassuré », m'a-t-il dit, sur la fa-
çon dont l'œuvre sera conduite par notre pre-
mier chef d'orchestre, M. Ruhlman.
Veuillez, Monsieur le Directeur, agréer l'as-
surance de mes sentiments dévoués.
ALBERT CARRE.
THÉÂTRE DES VARIÉTÉS
LE ROI
Comédie en 3 actes et 4 tableaux
de MM. G.-A. de CaillaVet
Robert de Flers et Emmanuel Arène
Reutlinger, y}, ot.
Mlle Lavallière
M. Max Dearly
M. Guy
M. Brasseur
Mlle Diéterle
Mlle Lender
A coup sûr, le Champagne se trouve bien
d'être frappé; mais non pas, tout de
même, frappé au point d'être en glaçons.
Et j'ai parfaitement conscience que je fe-
rais une piètre besogne de ce genre, si j'es-
sayais de soumettre à l'inévitable frigori-
fication d'un sommaire la mousse légère
pétillante, vive, gaie, spirituelle et capi-
teuse de ce joli vin rose qu est Le Roi.
Et quand je dis « mousse », qu'on
n'aille pas prendre le mot pour un mau-
vais compliment. Car il ne s'agit guère
d'une petite tisane facilement éventée,
comme des médisants pourraient tenter de
le faire croire; et j'estime, tout au con-
traire, que ce vin rose, dont le fin bou-
quet est si subtil, a aussi du corps, et que
ce cru essentiellement parisien n'a rien à en-
vier, ni en mérites, ni en gloire, aux crus
les plus rares et les mieux classés.
Le Roi, en effet, est non seulement une
comédie de mœurs et de caractères; mais
c'est aussi, et surtout, une comédie de sa-
tire politique et sociale; et voilà, du coup,
MM. de Caillavet, de Fiers et Arène, nos
très aimables contemporains, en filiation di-
recte avec le grand aïeul Aristophane.
Eh bien! proclamons-le tout à trac, et
dût en souffrir leur modestie, le grand
aïeul n'aura pas à être honteux de ses ar-
rière-petits-fils; et tel est d'abord le pre-
mier éloge à leur adresser. Excusez du
peu!
Il va de soi qu'une comédie de cette es-
pèce fait et doit faire de l'opposition au
gouvernement sous lequel on la produit.
Par définition, la pièce de satire politique
et sociale est de verve pamphlétaire, jus-
qu'à la caricature, voire à l'outrage.
Athènes républicaine avait tout naturel-
lement pour poète comique, comme satiri-
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