Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-04-21
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 avril 1908 21 avril 1908
Description : 1908/04/21 (A2,N204). 1908/04/21 (A2,N204).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646588w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
-- '- i~
2* Annee. « N" 204 (.Quotidien)
W*Wumëre : 9 têfthme*
- ------,'
*■ Mardi 21 Avril 1908i *
Rédacteur en Chef: O. de PAWLOWSKI
REDACTION & ADMINISTRATION s
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 HOU
Paris et Départements 24 frJ 12 fr.
Étranger. 40 » 20 a
RÉDACTION & ADMINISTRATION?
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
• TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN e mois
Farts et Départements. 24 fr. 12 fr..
Étranger. 40 » 20 »
Tassons
la clientèle
Mon confrère Raoul Aubry poursuit
dans le Gil Blas une enquête, très inté-
ressante, sur les billets de faveur. D'au-
tre part, Edmond Sée, dans ce même
Gil Blas, a soutenu, avec des arguments
ingénieux et amusants, le maintien du
statu quo.
Depuis quinze jours que la question
est sur le tapis, je l'ai discutée sans parti-
pris, et j'ai changé d'opinion plusieurs
fois, avec la plus rare conscience.
Ce n'est qu'après avoir été longtemps
ballotté à droite et à gauche sur les flots
de l'incertitude, que j'ai fini par abor-
der, et par jeter dans le port d'une opi-
nion longtemps cherchée l'ancre d'une
Conviction solide.
Il m'est arrivé, au cours de cette en-
quête personnelle, d'abonder dans le
sens de mes interlocuteurs. C'était pour
-me laisser porter par eux jusqu'au bout
de leurs idées, au lieu de les « couper
dans leur action » par des contradictions
inutiles.
Un administrateur de théâtre m'expli-
quait que la suppression des billets de
faveur allait entraîner certaines réclama-
tions des concessionnaires de buffets
vestiaires, et rideaux-annonces. Le billet
de faveur ne paie pas sa place, mais il
paie son orangeade, donne la pièce pour
son pardessus et regarde, comme un
spectateur payant, le rideau-annonce,
01 d'autant qu'il pourra consacrer à l'achat
de divers produits vantés sur la toile
peinte les économies qu'il réalise d'au-
tre part en ne payant pas sa place de
théâtre.
Cet argument me parut d'abord irré
futable : mon interlocuteur est un homme
intelligent, sympathique, et venait de me
donner deux billets de fàveur.
Ce n'est qu'à la réflexion qu» je me
fis le raisonnement suivant:
En vendant une somme assez forte le
droit d'installer un buffet dans un théâ-
tre, le directeur perçoit d'une façon dé-
tournée un impôt sur la limonade. Il gar-
nit ses tables de café avec des specta-
teurs qui viennent voir à l'œil la pièce
de l'auteur; et l'auteur, lui, ne touchera
aucun tant pour cent «tir le café-^rème
et le whisky-soda. Est-ce juste?
Un directeur me disait: « J'ai abso-
lument ce droit, si ma pièce ne marche
qu'avec peine, de la lancer avec des bil-
4 lets de faveur, de remplir mes premières
salles. En m'interdisant cette façon de
procéder, vous faites une grande atteinte
à ma liberté de commerçant. Est-ce que
les magasins de nouveautés ne vendent
pas à bas prix des articles-réclames?
C'est mon système à moi d'attirer le
client. Je lui permets, moyennant qua-
rante sous. de voir un spectacle tarins
dix francs. N'est-ce pas mon droit ab-
solu?
— Non. ce n'est pas votre droit ab-
solu.
Un commerçant a le droit de perdre
de l'argent sur les articles qu'il vend;
il les a payés un prix donné; mais que
diriez-vous s'il obligeait le producteur à
lui céder pour rien une marchandise,
sous prétexte qu'il a besoin de faire de
la réclame?
Un directeur n'a donc pas le droit dL
faire marcher son théâtre en faisant voir
à l'œil la pièce d'un auteur.
Sophisme! Sophisme! me répondit le
directeur à qui je présentais cette objec-
tion. C'est dans l Fintérêt de l'auteur que
j'amène chez moi des spectateurs non-
payants. Mon tarif de places n'est pas
inscrit dans le marbre. Sur deux fau-
teuils, l'un est payé dix francs, l'autre
est payé rien du tout. C'est comme si
je vendais deux fauteuils à cinq francs.
Et le spectateur non-payant est destiné à
entraîner le payant. C'est comme le
compère qui fait semblant d'acheter aux
camelots une petite manivelle à battre
la crème Chantilly. Il décide d'autres
clients à acheter vraiment d'autres pe-
tites manivelles, dont ils n'ont bien sou-
vent que faire.
Et puis, continue le directeur, votre
intérêt n'est-il -pas le mien? N'êtes-vous
pas mon associé? Si je fais de la réclame
à mon théâtre en distribuant des billets
de faveur, n'est-ce pas votre pièce qui
en profitera?
Ma pièce et le théâtre en profiteront-
ils? Voilà précisément la question.
Je suis persuadé que les auteurs et les
directeurs ont toujours des intérêts com-
muns.
Je dis : les auteurs et les directeurs, je
ne dis pas: tel auteur et tel directeur.
Quand un directeur retire une pièce
de l'affiche, c'est contre l'intérêt de l'au-
teur, mais c'est dans l'intérêt des au-
teurs qui viendront après. Il ne faut pas
que les conflits qui s'élèvent accidentel-
lement entre un auteur et un directeur
puissent nous faire croire que les au-
teurs et les directeurs n'ont pas les mê-
mes intérêts.
Il s'agit donc de savoir si la suppres-
sion des billets de faveur est conforme
aux intérêts communs des directeurs et
des auteurs, c'est-à-dire aux intérêts du
Théâtre (avec un grand T).
Le gros argument contre la suppres-
sion des faveurs est en somme celui-ci
on ne pourra plus désormais lancer une
pièce « hésitante » en remplissant ho
salle aux crémières représentations.
l En effet, il est arrivé - quelquefois,
bien rarement — qu'une pièce qui flot-
tait au début a été lancée par les billets
de faveur. Elle est peut-être partie pour
d'autres raisons; mais enfin, admettons
que ce soit les billets de faveur qui lui
aient donné de l'élan.
Ce précédent est très dangereux. Cha-
que fois qu'une pièce ne marche pas au
début, l'auteur se figure toujours qu'elle
se lancera par la suite. 11 dit au direc-
teur: « Remplissez la salle ». Le direc-
teur remplit la salle, inonde Paris de bil-
lets de faveur. Et, dix-neuf fois sur
vingt, la pièce, aéroplane mal équilibré,
ne parvient pas à quitter le sol. Ne
vaut-il pas mieux renoncer à la change
très problématique de lancer une pièce
de cette façon et, une fois pour toutes,
abolir dans l'âme des amateurs de spec-
tacles cette idée pernicieuse qu'ils peu-
vent aller au théâtre à l'œil?
Il y aura peut-être à Paris quelques
succès de moins. Il y aura en revanche
un plus grand nombre d'auteurs joués.
Si la clientèle de théâtre se tasse pour
une pièce dans trente salles pleines, au
lieu de disséminer en cent maigres « au-
diences », les directeurs feront de plus
belles moyennes, il y aura un plus grand
nombre d'auteurs joués. Quelques au-
teurs gagneront peut-être Vnoins d'ar-
gent; mais ce sera au profit de leurs
confrères.
\.lue nos auteurs en vue y songent, je
les ai vus déployer à l'assemblée géné-
rale de si beaux sentiments confrater-
nels, qu'ils seront certainement sensibles
à cet argument.
Tasser la clientèle, ainsi se résume à
première vue le grand avantage qui doit
résulter de la suppression des billets de
faveur. Moins de centièmes ruineuses,
et plus d'avantageuses trentièmes. Ceux
des auteurs qui gagnaient une forte
somme avec une seule pièce devaient faire
un peu plus de pièces pour trouver le
même profit. Mais c'est une excellente
condition de travail pour un auteur que
de travailler beaucoup. Il vaut mieux ga-
gner cent mille francs avec quatre pièces
qu'avec une seule. On travaille un peu
plus de son métier, et l'on s'entreflent
mieux la main.
Donc, supprimons les faveurs. Tout
le monde doit s'en trouver mieux, théo-
riquement. Pratiquement aussi? Nous
verrons cela plus tard. Maisr ce-o~eët
déjà pas ftal que d'avoir la théorie pour
soi.
Tristan BERNARD.
Nous publierons demain un article de
CALIBAN
La servitude volontaire
Les villes de province sont bien heu-
reuses. En raison de leur moindre impor-
tance, elles connaissent l'unification idéale
des pouvoirs publics en la personne de leur
maire et il en résulte une extraordinaire
simplification dans tous les actes de la vie
publique. Voici, par exemple, la question
des chapeaux au théâtre. En vertu de sa
seule autorité, et se basant sur quelques pe-
tits scandales survenus au théâtre, un maire
peut immédiatement prendre, dans l'intérêt
de l'ordre public, un arrêté supprimant d'un
trait de plume les élégants couvre-chefs des
Dames-Poussepousse.
A Paris, étant donné les dimensions de
notre ville, la chose serait trop simple, et
les pouvoirs publics se trouvent désarmés.
Il faut en référer au préfet, qui en réfère
à l'autre préfet, qui nomme une grande
commission d'intérêt général, dans le sein
de laquelle on élit une commission géné-
rale des grands intérêts particuliers. Ceci
fait, on s'ajourne aux vacances pour l'élec-
tion des deux grandes sous-commissions
chargées respectivement, l'une des ques-
tions à examiner, et l'autre des choses à
ne pas tairè. C'est alors seulement que
l'on peut songer à former les onze sous-
commissions qui se répartissent la besogne
et nomment chacune vingt rapporteurs qui
se réunissent souvent en grande commis-
sion extraordinaire des rapporteurs chargée
d'entrer en contact avec les commissions
libres dues à l'initiative privée.
En moins d'un an, la population pari-
sienne entièrè se trouve 'ainsi englobée
dans les diverses commissions, et les pro-
testataires n'existent plus.
Réaliser la réforme projetée, ce serait,
en effet, abandonner du même coup une
fonction officielle qui n'aurait plus de rai.
son d'être, et il n'est pas un seul Parisien
qui puisse consentir de gaieté de cœur un
tel sacrifice.
Les gouvernements démocratiques s'al-
laitent au sein des commissions.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
Gymnase, répétition générale du Scandale
de Monte-Carlo et de L'Incendiaire.
La direction serait infiniment reconnais-
sante aux dames de venir sans chapeaux.
L
a peur des coups.
Les poètes ne sont pas les seuls
--.,t le courroux s enflamme au plU:> Iume
prétexte. Les artistes dramatiques et sur-
tout les chanteurs sont également ombra-
geux, et leur gloire ne supporte pas la
plus légère restriction.
Cette excessive susceptibilité se mani
feste quelquefois en actes, mais le p!u'
souvent en paroles.
Avant-hier, un baryton notoire, qui, pou:
l'être pas du Midi, n'en est pas moin
enclin à exagérer, en les exorimant. h.
..-. -. •- • ,.:;.p
force de ses sentiments, passait, en com-
pagnie d'un de ses camarades, dans la
calme et large rue des Pyramides.
Subitement, il s'arrêta et pâlit. En effet,
venant en sens inverse, voici un jeune et
important critique qui ne fut pas toujours
tendre pour le baryton. Les deux ennemis
vont se croiser; alors, le chanteur, serrant
avec force le bras de son compagnon, mur-
mure à mi-voix cette phrase qu'affadirait
tout commentaire:
— Tu vois ce type-là, si jamais je le
rencontre, jê lui f.iche mon poing sur
la. figure!
L
es beautés de la statistique.
On connaît le petit problème qui
consiste a calculer la somme que repré-
senterait aujourd'hui un sou placé par
Jésus-Christ à intérêts composés, et l'on
sait à quel chiffre formidable elle se mon-
terait.
Un de nos sympathiques ténors, aussi
distingué statisticien que chanteur notoire,
vient de s'amuser à faire le calcul de la
somme dont serait augmentée la succes-
sion du regretté M. Bocher si celui-ci, au
lieu de payer chaque année depuis soixante-
douze ans les trois mille francs de son
abonnement à l'Opéra, les avait placés à
intérêts composés au taux de 5
Sans arriver JTun total aussi fantastique
que pour le sou du Christ, le chiffre qu'il
trouve est cependant coquet, puisqu'il dé-
passe deux millions de francs. --
Voici qui prouve une fois de plus que
« la musique est le plus cher des bruits »
L
e mouvement des idées.
On sait que, pour beaucoup d'élec-
teurs, le courage civique consiste princi-
palement à couvrir d'inscriptions vitupé-
rant vaillamment le gouvernement les cloi-
sons d'ardoise de ces édicules indiscrets
qu'inventa jadis Vespasien.
Mais nos contemporains ne sont pas tous
obsédés par des haines politiques. Et la
preuve nous en est fournie par ces quel-
ques phrases véridiques lues, hier, au
coin de la place de l'Etoile et de l'avenue
de la Grande-Armée, entre une obscénité,
un: « A bas la calotte! » et un: « Mort
aux juifs! » énergiques:
« Albert Lambert est bon dans Hernani,
mais j'aime mieux Mounet-Sully dans
Œdipe-Roi. »
« A bas Sulbac !!??)>
« La vie est une vallée de misère, mais
je lis Courteline, et cela me console. »
Si les inscriptions populaires sont, com-
me le croit Anatole France, le plus vrai
mirohr-4e -4'âme d'un peuple, il faut se
féliciter de voir ces considérations artis-
tiques et littéraires fleurir les murs des
lieux secrets.
¥ nterview-exDress.
1 --- - Entre le - trois et le quatre de Qui
perd gagne. Nous questionnons Mme Re-
jane, sur la reprise de La Rafale.
Elle nous confie vivement ses impres-
sions, avec un sourire gouailleur et char-
mant.
- Que voulez-vous que je vous dise? Que
je suis heureuse de reprendre une œuvre pour
laquelle j'ai la plus grande admiration et que
j'ai réclamée pour mes tournées. Que j'ai désiré
depuis longtemps jouer avec Mme Simone, à
mon avis la plus moderne et la plus intense
comédienne? Que je suis flattée de la voir
chez moi ?
— Comment l'idée de cette reprise de La Ra-
fale vous est-eHe venue?
— Comment? C'est que je considère qu'il
est certaines œuvres faites pour durer et dont
le succès doit toujours être égal. Il devrait
exister un théâtre qui aurait ce répertoire des
grands succès des boulevards, puisque la Co-
médie-Française. Mais je bavarde, je bavarde.
Je regrette surtout, voyez-vous, de ne pas as-
sister à la première de La Rafale puisque je
suis obligée de jouer à Turin le lendemain. Je
verrai cependant le premier acte; aussitôt après
je sauterai dans une automobile qui me con-
duira à la gare. Je donne ma loge à Mme Si-
mone; je la parerai de fleurs. Ah! que je re-
grette de ne pas assister à la première. On
sonne, excusez-moi, je dois entrer en scène !
Et en souriant toujours, Mme Réjane
nous tend sa main jolie et se sauve dans
un frou-frou soyeux.
E
nseignement officiel.
Au Conservatoire national de musi-
que et ae aeClamanUIl, uana une ura meil-
leures classes de chant, tandis qu'un ténor
clame, avec une férocité sauvage, un-air
célèbre de Mireille, les cinq élèves fem-
mes, silencieuses et serrées les unes con-
tre les autres, paraissent absorbées dans
de menus et importants travaux. Elles
s'amusent à découper, plier et replier de
petits carrés de papier, comme ont cou-
tume de le faire les fillettes.
Et, tandis que leur besogne s'achève,
le maître soupire, avec un sourire légère-
ment amer:
— Et voilà ce que l'on fait au Conser-
vatoire, des cocottes!
Moins cinq.
Une heure de l'après-midi. Il
neige. Une longue file d'honnêtes gens
assiège les guichets du Théâtre-Français,
où l'on va représenter Le Cid et Les
Folies amoureuses — à toi, Emile Mas!
Un employé de la maison paraît. D'une
main que fait trembler la bise inattendue
de ce perfide avril, il colle sur les affiches
de la matinée de petites corrections qui
remplacent, pour le rôle de Don Gormas,
M. Ravet par M. Garay, toujours prêt, en
de telles occurrences, à s'attaquer au ré-
pertoire classique.
Que s'est-il passé? Quelle catastrophe
a donc atteint M. Ravet? Un léger acci-
dent de chemin de fer qui l'a retenu en
panne pendant quelques heures entre Mar-
seille et Paris.
Car, comme tous ses camarades, il avait
Profité du congé des jours saints pour s'en-
ruir sous des cieux lointains. --
Mais il y a un dieu pour les pension-
laires en tournée. M. Ravet arrive enfin,
Jetant, inquiet, mais exact — ou pres-
;ue.
Et, tandis que. là-haut, dans les loges,
.¡ se fait remettre Dar M. Garav. navré
de ce retour inespéré, le costume, la per-
ruque et les armes du père de Chirnène, en
bas, sous !e noble péristyle, un'autre em-
ployé de la maison arrache des affiches
les petites bandes rectificatrices pas en-
core séchées.
1
FAUSSES NOUVELLES EN TROIS LIGNES
Le docteur Abel Deval vient de poser
sa candidature aux élections municipales
dans le quartier de. Val-de-Grâce.
En raison du beau temps, les théâtres
des Champs-Elysées vont avancer leur
réouverture,
En attendant la pièce nouvelle de Ca-
pus, Mme Réjane jouera Qui perd gagne
à la Renaissance.
A la requête de M. Bérenger, Mme Ber-
the Bady va passer en correctionnelle pour
avoir joué La temme nue.
Le Scandale de Monte-Carlo, la pièce
nouvelle de M. Sacha Guitry, mettra en
scène le crime des époux Goold.
,.M. Franck vient d'être invité à passer
ses vacances de PIques chez M. Me-
sureur -
Une pièce va être jouée par Mmes Lison
Welsch, Mérelli, Gabrielle Bompard, Blon-
dinette d'Alaza et Thérèse Humbert.
CROQUIS
LEUR CAFÉ.
Le lieu de leur six à sept n'est pas indiqué
dans le guide Baedeker. Il y a là une lacune.
Il faut être allé à cette Bourse des M'as-tu-vu?
aussi bruyante, aussi tumultueuse que celle des
financiers, avoir pénétré dans cette salle immense
au plafond arqué, si longue, qu'on s'y croirait
dans la nef d'une cathédrale très éclairée, ou
dans l'entrepont d'un transatlantique.
La clientèle y est aussi bigarrée si moins cos-
mopolite. C'est un va-et-vient incessant de gens
rasés, tondus, aux visages vernis, aux joues
bleuies, aux nez aquilins, romains ou bourbo-
niens, évoquant l'image de Bonaparte à ses diffé-
rents âges : celui du pont d'Arcole et celui de
Sainte-Hélène. Ils sont vêtus de rhingraves ou de
Houppelandes carrelées; quelques-uns ont des
airs de Discoboles habillés à Edimbourg. D'au-
tres exhibent des gilets chamarrés avec un sou-
rire plein de superbe. Certains sont couverts de
peaux de bête, comme il convient au retour de
Russie. Il y, a ceux qui reviennent, ceux qui par-
tent, ceux qui vont repartir et qui sont sous pres-
sa. Il y a aussi les petits cahots à "tête ds-r&t
émergeant du col de chinchilla, sous la casquette
de jockey ou le melon beige trop large, l'œil in-
quiet, le sourire contraint près de leurs aînés
aux tempes grisonnantes, aux fronts barrés de
rides. tous princes de la chanson.
Voici, au milieu du café, un directeur de cir-
que, paternel et tout blanc, dont l'énorme trom
blon de soie aux bords fantastiques, apparaît
comme la réclame d'un chapelier qui aurait lu
Gulliver à Brobdingnac. Près de lui, maigre
d'être trop grand, la gloire béante d'un de nos
music-halls se tasse à la Pierre Gringoire sur la
molesquine blasée de la banquette, entouré de
deux duettistes comiques plus bruns que nature,
dont la pâleur romantique accentue le regard fa-
tal. Plus loin, sanglé dans une redingote mastic,
le nez perpendiculaire sur la lèvre inférieure
proéminente, un chanteur « mondain » fait sa
correspondance. Derrière, un comique de tour-
nées, équilibre K sur son torse obèse la. boule de
chair rose de sa face sur laquelle se tient, on ne
sait comment, un lorgnon gymnasiarque. Ce
fluet jeune homme, là-bas, qui excelle dans les
chansons guerrières,1 cause avec des anciens, si
anciens qu'ils se ressemblent dans leur retraite.
rabougris, fouinards, malins, naturellement gla-
bres. De loin, on les prendrait pour Sardou qua-
druplé par un jeu de glace. Dans l'angle de gau-
che de la vitrine est le souffleur de la Scala,
trois contrôleurs de théâtre, deux régisseurs et
des auteurs plaisants, saluant l'entrée d'un célè-
bre confrère dans la partie qui s'avance, les lu-
nettes bienveillantes, le parapluie important.
Et, surgissant telles des bouées dans cet océan
de mâles en taches plus délibérément claires,
s'agitent les chapeaux de ces dames. Elles vien-
nent là glaner des engagements — prêtes à partir
le soir même au loin. Gommeuses, genreuses,
chanteuses à voix. Leurs cheveux blond-cru, leur
poitrine évidente, leurs toilettes, font murmurer
les grosses dames mûres qui les appellent et les
arrosent d'expérience sur un ton d'amertume
protectrice. On chuchote, on loue, on débine.
La haine, la jalousie, l'ambition se devinent sur
les masques fardés, dans ces "eux qu'irise le
khol, derrière ces sourires amicaux. Et c'est un
monde curieux à voir de près.
ARMORY.
s
ans tambours ni trompettes.
Les musiciens lyonnais sont tradi-
tionanstes. mme Aimée lessandier vient
d'en fairp l'expérience. Elle donnait, en
tournée, la semaine dernière, à Lyon, -des
représentaions de L'Artésienne. La pièce
devait être jouée les mercredi, jeudi et
vendredi saints. Les deux premières eu-
rent bien lieu, mais, quant à la troisième,
elle dut être décommandée dans la journée
du vendredi, les-musiciens du théâtre se
refusant catégoriquement, et comme un
seul homme, à faire de la musique en un
tel jour ailleurs qu'à l'église. La grosse
caisse, seule, consentait à tenir sa partie,
mais ., une grosse caisse, c'était insuffi-
sant. La tournée regagna Paris.
D
Regner, 4, rue des Capucines, paye 1
cher bijoux, diamants, perles, auto-
mobiles, reconnaissances du Mont-de-Piété, 1
100 %, les dégage sans frais, même chez
des tiers
NOUVELLE A LA MAIN 1
A
vant-hier, dans une grande église du 1
centre, où une grand'messe solen-
nelle de Pâques a attiré une foule élégante
et, pieuse, une dame jeune et fanfreluchée
entre, suivie de sa fillette, une jolie gamine
brune de douze ans. très parfumée.
La dame marche d'un pas recueilli. Elle
s'arrête, avec sa fille, au bénitier, et fait
un lent signe de croix ; puis, parvenue de-
vant la loueuse de chaises, elle se penche
et dit très bas à sa.fille, qui la suit tou-
jours-
- Demande donc à l'ouvreuse de qui
est la musique.
Le Masque de Verre.
BRAVO TORO !
La grande corrida de Vaques à SainUSébastien
(De notre correspondant particulier)
Depuis quelques jours, 1a jolie ville de
Saint-Sébastien était le rendez-vous de
nombreux touristes et de notabilités espa-
gnoles venues de toutes parts pour assis-
ter aux fêtes de Pâques, dont l'éclat se
trouve particulièrement rehaussé par la
venue des Reines de Paris et la reprise
des premières « corridas ».
Dès hier, l'animation la plus grande ré-
gnait sur l'avenue de la Liberté, où tout
le monde se portait au-devant des jeunes
reines qui venaient d'arriver, souriantes
et heureuses d'être fêtées.
Aujourd'hui, une animation toujours
grandissante remplit les rues et les boule-
vards; on se porte plutôt que l'on ne se
dirige vers la Plaza de Toros, et c'est avec
une agitation toute fébrile que les spec
tateurs s'entassent sur les gradins, atten-
dant avec impatience le signal de la pre
mière course. Enfin, la porte de l'arènv
s'ouvre et, aux sons d'une fanfare éclr,
tante, lés cuadrillas font leur entrée. Sor
le soleil étincelant, le coup d'oeil est vra.
ment féerique: sanglés dans leurs costu-
mes chamarrés d'or et -d'argent, toréadors
et picadors défilent fièrement, la tête haute,
et. après avoir salué devant la loge du
président, vont se poster en attendant l'en
trée du taureau.
A ce moment, un mouvement de curio-
sité se produit dans la foule : c'est M. Cle-
menceau, venu tout exprès de Biarritz en
auto, qui prend place dans une loge de
face.
Mais déjà la porte du toril s'est ouverte,
le premier taureau s'élance dans l'arène.
regarde, inquiet. ébloui par tant d'appa-
rat, et soudain se précipite sur l'un des'
toréadors, qui lui présente sa cape, le dé-
concerte par des passes habiles et aug-
mente sa fureur.
Les picadores s'avancent alors, présen-
tant leurs montures au taureau. Celui-ci
s'en approche lentement, et, d'un terrible
coup de cqrne dans les flancs, soulève de
terre cavalier et cheval, qui retombent
lourdement l'un sous l'autre. Un moment
d'émotion envahit les spectateurs; le tau-
reau va s'élancer sur le picador, mais des
capes lui sont immédiatement tendues et
1 en détournent aussitôt. C est maintenant
le tour des banderilleros: Mojino s'y fait
particulièrement remarquer par son sang-
froid et la précision de son coup.
, Mais voici Machaquito: souriant, il s'a-
vance vers la loge présidentielle, salue, et
se retourne contre sa victime. Par de sa-
vantes passes de muleta, il fatigue le tau-
reau, qui s'arrête, hésitant, ne sachant s'il
doit fondre sur son adversaire. C'est le
moment psychologique ! Le silence s'est
fait. Machaquito vise lentement. et sou-
dain, fonçant sur l'animal,, lui enfonce son
épée jusqu'à la garde; quelques soubre-
sauts d'agonie, et le taureau tombe fou-
droyé.
Décrire l'enthousiasme délirant des speCi
tateurs serait impossible; les chapeaux, les*
nanteaux sont jetés dans l'arène. Macha-
quito, toujours souriant, les ramasse et le:
relance à leurs propriétaires, heureux d'il
oir un objet touché par le grand matador.
Bientôt, l'ordre se rétablit, et la seconde
jourse commence. Cette fois, le taurea-
v
semble plus calme, plus maître de lui ;. il
arrive lentement, semblant chercher une
victime digne de lui.
La cuadrilla fait des merveilles d'audace
et d'agilité, et les picadors Cachipoira et
El Rubio rivalisent d'adresse et de. sû-
reté. Les-banderilleros me paraissent peut-
être un peu moins en train que leurs cama-
rades, mais ils se ressaisissent vite, et Pos-
turas termine la dernière pose dans uns
maestria remarquable.
Enfin, c'est le tour tant attendu de Vas./
quez. Les nombreux applaudissements SOUJ
lignent ses coups et lui prouvent qu'il n'esi
pas inférieur à sa tâche. Mais le taureau,
moins fatigué, rend le moment opportun
plus difficile, et Vasquez redouble ses pas-
ses de muleta. Enfin, l'animal s'est arrêté,
et brillamment Vasquez l'estoque. Les qua-
tre dernières courses ont toutes été par-
faitement menées, et si Machaquito s'est
montré au-dessus de tout éloge, nous pou-
vons, sans crainte de nous tromper, pré-
dire à Vasquez une jolie carrière; d'ici peu
de temps, nous le'verrons classer parmi If-
plus fines espadas d'Espagne.
Les Nourrissons de Compiègne j
Une bonne oeuvre scolaire
Huit jours au grand air
Les muses de l'art lyrique
sont convoquées
POLYPE, EUTERPE ET CALOMNIE
~~r~
Comme chaque année, l'Administration décide que r.3
concurrents du Prix de Rome devront avoir en loge,
à date fixe, des draps, des taies d'oreiller, un
'- certificat de célibat et du génie.
Comme tous les ans à pareille époque,
aux immuables opérations du non moins
immuable Prix de Rome, 1 actualité va con-
sentir une certaine part d'intérêt. Deux
symptômes, assez différents, sont, dès
maintenant, à considérer.
Tout d'abord, le futur logiste dont le
Conservatoire ne fut point le but de toutes
les DTomenades, ressent les premières- at-
teintes d'une frousse salutaire! L'heure 114
semble venue de réagir, un peu tard peut-
être, contre une indolence non dénuée de
philosophie, mais évidemment dangereuse.
Donc, subitement respectueux du sage J
travail autant que du prévoyant entraino-
ment, notre candidat s'attable en perma-
nence devant un papier bien dextremeni
réglé, dont les dix-huit portées aspirent
2* Annee. « N" 204 (.Quotidien)
W*Wumëre : 9 têfthme*
- ------,'
*■ Mardi 21 Avril 1908i *
Rédacteur en Chef: O. de PAWLOWSKI
REDACTION & ADMINISTRATION s
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 HOU
Paris et Départements 24 frJ 12 fr.
Étranger. 40 » 20 a
RÉDACTION & ADMINISTRATION?
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
• TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN e mois
Farts et Départements. 24 fr. 12 fr..
Étranger. 40 » 20 »
Tassons
la clientèle
Mon confrère Raoul Aubry poursuit
dans le Gil Blas une enquête, très inté-
ressante, sur les billets de faveur. D'au-
tre part, Edmond Sée, dans ce même
Gil Blas, a soutenu, avec des arguments
ingénieux et amusants, le maintien du
statu quo.
Depuis quinze jours que la question
est sur le tapis, je l'ai discutée sans parti-
pris, et j'ai changé d'opinion plusieurs
fois, avec la plus rare conscience.
Ce n'est qu'après avoir été longtemps
ballotté à droite et à gauche sur les flots
de l'incertitude, que j'ai fini par abor-
der, et par jeter dans le port d'une opi-
nion longtemps cherchée l'ancre d'une
Conviction solide.
Il m'est arrivé, au cours de cette en-
quête personnelle, d'abonder dans le
sens de mes interlocuteurs. C'était pour
-me laisser porter par eux jusqu'au bout
de leurs idées, au lieu de les « couper
dans leur action » par des contradictions
inutiles.
Un administrateur de théâtre m'expli-
quait que la suppression des billets de
faveur allait entraîner certaines réclama-
tions des concessionnaires de buffets
vestiaires, et rideaux-annonces. Le billet
de faveur ne paie pas sa place, mais il
paie son orangeade, donne la pièce pour
son pardessus et regarde, comme un
spectateur payant, le rideau-annonce,
01 d'autant qu'il pourra consacrer à l'achat
de divers produits vantés sur la toile
peinte les économies qu'il réalise d'au-
tre part en ne payant pas sa place de
théâtre.
Cet argument me parut d'abord irré
futable : mon interlocuteur est un homme
intelligent, sympathique, et venait de me
donner deux billets de fàveur.
Ce n'est qu'à la réflexion qu» je me
fis le raisonnement suivant:
En vendant une somme assez forte le
droit d'installer un buffet dans un théâ-
tre, le directeur perçoit d'une façon dé-
tournée un impôt sur la limonade. Il gar-
nit ses tables de café avec des specta-
teurs qui viennent voir à l'œil la pièce
de l'auteur; et l'auteur, lui, ne touchera
aucun tant pour cent «tir le café-^rème
et le whisky-soda. Est-ce juste?
Un directeur me disait: « J'ai abso-
lument ce droit, si ma pièce ne marche
qu'avec peine, de la lancer avec des bil-
4 lets de faveur, de remplir mes premières
salles. En m'interdisant cette façon de
procéder, vous faites une grande atteinte
à ma liberté de commerçant. Est-ce que
les magasins de nouveautés ne vendent
pas à bas prix des articles-réclames?
C'est mon système à moi d'attirer le
client. Je lui permets, moyennant qua-
rante sous. de voir un spectacle tarins
dix francs. N'est-ce pas mon droit ab-
solu?
— Non. ce n'est pas votre droit ab-
solu.
Un commerçant a le droit de perdre
de l'argent sur les articles qu'il vend;
il les a payés un prix donné; mais que
diriez-vous s'il obligeait le producteur à
lui céder pour rien une marchandise,
sous prétexte qu'il a besoin de faire de
la réclame?
Un directeur n'a donc pas le droit dL
faire marcher son théâtre en faisant voir
à l'œil la pièce d'un auteur.
Sophisme! Sophisme! me répondit le
directeur à qui je présentais cette objec-
tion. C'est dans l Fintérêt de l'auteur que
j'amène chez moi des spectateurs non-
payants. Mon tarif de places n'est pas
inscrit dans le marbre. Sur deux fau-
teuils, l'un est payé dix francs, l'autre
est payé rien du tout. C'est comme si
je vendais deux fauteuils à cinq francs.
Et le spectateur non-payant est destiné à
entraîner le payant. C'est comme le
compère qui fait semblant d'acheter aux
camelots une petite manivelle à battre
la crème Chantilly. Il décide d'autres
clients à acheter vraiment d'autres pe-
tites manivelles, dont ils n'ont bien sou-
vent que faire.
Et puis, continue le directeur, votre
intérêt n'est-il -pas le mien? N'êtes-vous
pas mon associé? Si je fais de la réclame
à mon théâtre en distribuant des billets
de faveur, n'est-ce pas votre pièce qui
en profitera?
Ma pièce et le théâtre en profiteront-
ils? Voilà précisément la question.
Je suis persuadé que les auteurs et les
directeurs ont toujours des intérêts com-
muns.
Je dis : les auteurs et les directeurs, je
ne dis pas: tel auteur et tel directeur.
Quand un directeur retire une pièce
de l'affiche, c'est contre l'intérêt de l'au-
teur, mais c'est dans l'intérêt des au-
teurs qui viendront après. Il ne faut pas
que les conflits qui s'élèvent accidentel-
lement entre un auteur et un directeur
puissent nous faire croire que les au-
teurs et les directeurs n'ont pas les mê-
mes intérêts.
Il s'agit donc de savoir si la suppres-
sion des billets de faveur est conforme
aux intérêts communs des directeurs et
des auteurs, c'est-à-dire aux intérêts du
Théâtre (avec un grand T).
Le gros argument contre la suppres-
sion des faveurs est en somme celui-ci
on ne pourra plus désormais lancer une
pièce « hésitante » en remplissant ho
salle aux crémières représentations.
l En effet, il est arrivé - quelquefois,
bien rarement — qu'une pièce qui flot-
tait au début a été lancée par les billets
de faveur. Elle est peut-être partie pour
d'autres raisons; mais enfin, admettons
que ce soit les billets de faveur qui lui
aient donné de l'élan.
Ce précédent est très dangereux. Cha-
que fois qu'une pièce ne marche pas au
début, l'auteur se figure toujours qu'elle
se lancera par la suite. 11 dit au direc-
teur: « Remplissez la salle ». Le direc-
teur remplit la salle, inonde Paris de bil-
lets de faveur. Et, dix-neuf fois sur
vingt, la pièce, aéroplane mal équilibré,
ne parvient pas à quitter le sol. Ne
vaut-il pas mieux renoncer à la change
très problématique de lancer une pièce
de cette façon et, une fois pour toutes,
abolir dans l'âme des amateurs de spec-
tacles cette idée pernicieuse qu'ils peu-
vent aller au théâtre à l'œil?
Il y aura peut-être à Paris quelques
succès de moins. Il y aura en revanche
un plus grand nombre d'auteurs joués.
Si la clientèle de théâtre se tasse pour
une pièce dans trente salles pleines, au
lieu de disséminer en cent maigres « au-
diences », les directeurs feront de plus
belles moyennes, il y aura un plus grand
nombre d'auteurs joués. Quelques au-
teurs gagneront peut-être Vnoins d'ar-
gent; mais ce sera au profit de leurs
confrères.
\.lue nos auteurs en vue y songent, je
les ai vus déployer à l'assemblée géné-
rale de si beaux sentiments confrater-
nels, qu'ils seront certainement sensibles
à cet argument.
Tasser la clientèle, ainsi se résume à
première vue le grand avantage qui doit
résulter de la suppression des billets de
faveur. Moins de centièmes ruineuses,
et plus d'avantageuses trentièmes. Ceux
des auteurs qui gagnaient une forte
somme avec une seule pièce devaient faire
un peu plus de pièces pour trouver le
même profit. Mais c'est une excellente
condition de travail pour un auteur que
de travailler beaucoup. Il vaut mieux ga-
gner cent mille francs avec quatre pièces
qu'avec une seule. On travaille un peu
plus de son métier, et l'on s'entreflent
mieux la main.
Donc, supprimons les faveurs. Tout
le monde doit s'en trouver mieux, théo-
riquement. Pratiquement aussi? Nous
verrons cela plus tard. Maisr ce-o~eët
déjà pas ftal que d'avoir la théorie pour
soi.
Tristan BERNARD.
Nous publierons demain un article de
CALIBAN
La servitude volontaire
Les villes de province sont bien heu-
reuses. En raison de leur moindre impor-
tance, elles connaissent l'unification idéale
des pouvoirs publics en la personne de leur
maire et il en résulte une extraordinaire
simplification dans tous les actes de la vie
publique. Voici, par exemple, la question
des chapeaux au théâtre. En vertu de sa
seule autorité, et se basant sur quelques pe-
tits scandales survenus au théâtre, un maire
peut immédiatement prendre, dans l'intérêt
de l'ordre public, un arrêté supprimant d'un
trait de plume les élégants couvre-chefs des
Dames-Poussepousse.
A Paris, étant donné les dimensions de
notre ville, la chose serait trop simple, et
les pouvoirs publics se trouvent désarmés.
Il faut en référer au préfet, qui en réfère
à l'autre préfet, qui nomme une grande
commission d'intérêt général, dans le sein
de laquelle on élit une commission géné-
rale des grands intérêts particuliers. Ceci
fait, on s'ajourne aux vacances pour l'élec-
tion des deux grandes sous-commissions
chargées respectivement, l'une des ques-
tions à examiner, et l'autre des choses à
ne pas tairè. C'est alors seulement que
l'on peut songer à former les onze sous-
commissions qui se répartissent la besogne
et nomment chacune vingt rapporteurs qui
se réunissent souvent en grande commis-
sion extraordinaire des rapporteurs chargée
d'entrer en contact avec les commissions
libres dues à l'initiative privée.
En moins d'un an, la population pari-
sienne entièrè se trouve 'ainsi englobée
dans les diverses commissions, et les pro-
testataires n'existent plus.
Réaliser la réforme projetée, ce serait,
en effet, abandonner du même coup une
fonction officielle qui n'aurait plus de rai.
son d'être, et il n'est pas un seul Parisien
qui puisse consentir de gaieté de cœur un
tel sacrifice.
Les gouvernements démocratiques s'al-
laitent au sein des commissions.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
Gymnase, répétition générale du Scandale
de Monte-Carlo et de L'Incendiaire.
La direction serait infiniment reconnais-
sante aux dames de venir sans chapeaux.
L
a peur des coups.
Les poètes ne sont pas les seuls
--.,t le courroux s enflamme au plU:> Iume
prétexte. Les artistes dramatiques et sur-
tout les chanteurs sont également ombra-
geux, et leur gloire ne supporte pas la
plus légère restriction.
Cette excessive susceptibilité se mani
feste quelquefois en actes, mais le p!u'
souvent en paroles.
Avant-hier, un baryton notoire, qui, pou:
l'être pas du Midi, n'en est pas moin
enclin à exagérer, en les exorimant. h.
..-. -. •- • ,.:;.p
force de ses sentiments, passait, en com-
pagnie d'un de ses camarades, dans la
calme et large rue des Pyramides.
Subitement, il s'arrêta et pâlit. En effet,
venant en sens inverse, voici un jeune et
important critique qui ne fut pas toujours
tendre pour le baryton. Les deux ennemis
vont se croiser; alors, le chanteur, serrant
avec force le bras de son compagnon, mur-
mure à mi-voix cette phrase qu'affadirait
tout commentaire:
— Tu vois ce type-là, si jamais je le
rencontre, jê lui f.iche mon poing sur
la. figure!
L
es beautés de la statistique.
On connaît le petit problème qui
consiste a calculer la somme que repré-
senterait aujourd'hui un sou placé par
Jésus-Christ à intérêts composés, et l'on
sait à quel chiffre formidable elle se mon-
terait.
Un de nos sympathiques ténors, aussi
distingué statisticien que chanteur notoire,
vient de s'amuser à faire le calcul de la
somme dont serait augmentée la succes-
sion du regretté M. Bocher si celui-ci, au
lieu de payer chaque année depuis soixante-
douze ans les trois mille francs de son
abonnement à l'Opéra, les avait placés à
intérêts composés au taux de 5
Sans arriver JTun total aussi fantastique
que pour le sou du Christ, le chiffre qu'il
trouve est cependant coquet, puisqu'il dé-
passe deux millions de francs. --
Voici qui prouve une fois de plus que
« la musique est le plus cher des bruits »
L
e mouvement des idées.
On sait que, pour beaucoup d'élec-
teurs, le courage civique consiste princi-
palement à couvrir d'inscriptions vitupé-
rant vaillamment le gouvernement les cloi-
sons d'ardoise de ces édicules indiscrets
qu'inventa jadis Vespasien.
Mais nos contemporains ne sont pas tous
obsédés par des haines politiques. Et la
preuve nous en est fournie par ces quel-
ques phrases véridiques lues, hier, au
coin de la place de l'Etoile et de l'avenue
de la Grande-Armée, entre une obscénité,
un: « A bas la calotte! » et un: « Mort
aux juifs! » énergiques:
« Albert Lambert est bon dans Hernani,
mais j'aime mieux Mounet-Sully dans
Œdipe-Roi. »
« A bas Sulbac !!??)>
« La vie est une vallée de misère, mais
je lis Courteline, et cela me console. »
Si les inscriptions populaires sont, com-
me le croit Anatole France, le plus vrai
mirohr-4e -4'âme d'un peuple, il faut se
féliciter de voir ces considérations artis-
tiques et littéraires fleurir les murs des
lieux secrets.
¥ nterview-exDress.
1 --- - Entre le - trois et le quatre de Qui
perd gagne. Nous questionnons Mme Re-
jane, sur la reprise de La Rafale.
Elle nous confie vivement ses impres-
sions, avec un sourire gouailleur et char-
mant.
- Que voulez-vous que je vous dise? Que
je suis heureuse de reprendre une œuvre pour
laquelle j'ai la plus grande admiration et que
j'ai réclamée pour mes tournées. Que j'ai désiré
depuis longtemps jouer avec Mme Simone, à
mon avis la plus moderne et la plus intense
comédienne? Que je suis flattée de la voir
chez moi ?
— Comment l'idée de cette reprise de La Ra-
fale vous est-eHe venue?
— Comment? C'est que je considère qu'il
est certaines œuvres faites pour durer et dont
le succès doit toujours être égal. Il devrait
exister un théâtre qui aurait ce répertoire des
grands succès des boulevards, puisque la Co-
médie-Française. Mais je bavarde, je bavarde.
Je regrette surtout, voyez-vous, de ne pas as-
sister à la première de La Rafale puisque je
suis obligée de jouer à Turin le lendemain. Je
verrai cependant le premier acte; aussitôt après
je sauterai dans une automobile qui me con-
duira à la gare. Je donne ma loge à Mme Si-
mone; je la parerai de fleurs. Ah! que je re-
grette de ne pas assister à la première. On
sonne, excusez-moi, je dois entrer en scène !
Et en souriant toujours, Mme Réjane
nous tend sa main jolie et se sauve dans
un frou-frou soyeux.
E
nseignement officiel.
Au Conservatoire national de musi-
que et ae aeClamanUIl, uana une ura meil-
leures classes de chant, tandis qu'un ténor
clame, avec une férocité sauvage, un-air
célèbre de Mireille, les cinq élèves fem-
mes, silencieuses et serrées les unes con-
tre les autres, paraissent absorbées dans
de menus et importants travaux. Elles
s'amusent à découper, plier et replier de
petits carrés de papier, comme ont cou-
tume de le faire les fillettes.
Et, tandis que leur besogne s'achève,
le maître soupire, avec un sourire légère-
ment amer:
— Et voilà ce que l'on fait au Conser-
vatoire, des cocottes!
Moins cinq.
Une heure de l'après-midi. Il
neige. Une longue file d'honnêtes gens
assiège les guichets du Théâtre-Français,
où l'on va représenter Le Cid et Les
Folies amoureuses — à toi, Emile Mas!
Un employé de la maison paraît. D'une
main que fait trembler la bise inattendue
de ce perfide avril, il colle sur les affiches
de la matinée de petites corrections qui
remplacent, pour le rôle de Don Gormas,
M. Ravet par M. Garay, toujours prêt, en
de telles occurrences, à s'attaquer au ré-
pertoire classique.
Que s'est-il passé? Quelle catastrophe
a donc atteint M. Ravet? Un léger acci-
dent de chemin de fer qui l'a retenu en
panne pendant quelques heures entre Mar-
seille et Paris.
Car, comme tous ses camarades, il avait
Profité du congé des jours saints pour s'en-
ruir sous des cieux lointains. --
Mais il y a un dieu pour les pension-
laires en tournée. M. Ravet arrive enfin,
Jetant, inquiet, mais exact — ou pres-
;ue.
Et, tandis que. là-haut, dans les loges,
.¡ se fait remettre Dar M. Garav. navré
de ce retour inespéré, le costume, la per-
ruque et les armes du père de Chirnène, en
bas, sous !e noble péristyle, un'autre em-
ployé de la maison arrache des affiches
les petites bandes rectificatrices pas en-
core séchées.
1
FAUSSES NOUVELLES EN TROIS LIGNES
Le docteur Abel Deval vient de poser
sa candidature aux élections municipales
dans le quartier de. Val-de-Grâce.
En raison du beau temps, les théâtres
des Champs-Elysées vont avancer leur
réouverture,
En attendant la pièce nouvelle de Ca-
pus, Mme Réjane jouera Qui perd gagne
à la Renaissance.
A la requête de M. Bérenger, Mme Ber-
the Bady va passer en correctionnelle pour
avoir joué La temme nue.
Le Scandale de Monte-Carlo, la pièce
nouvelle de M. Sacha Guitry, mettra en
scène le crime des époux Goold.
,.M. Franck vient d'être invité à passer
ses vacances de PIques chez M. Me-
sureur -
Une pièce va être jouée par Mmes Lison
Welsch, Mérelli, Gabrielle Bompard, Blon-
dinette d'Alaza et Thérèse Humbert.
CROQUIS
LEUR CAFÉ.
Le lieu de leur six à sept n'est pas indiqué
dans le guide Baedeker. Il y a là une lacune.
Il faut être allé à cette Bourse des M'as-tu-vu?
aussi bruyante, aussi tumultueuse que celle des
financiers, avoir pénétré dans cette salle immense
au plafond arqué, si longue, qu'on s'y croirait
dans la nef d'une cathédrale très éclairée, ou
dans l'entrepont d'un transatlantique.
La clientèle y est aussi bigarrée si moins cos-
mopolite. C'est un va-et-vient incessant de gens
rasés, tondus, aux visages vernis, aux joues
bleuies, aux nez aquilins, romains ou bourbo-
niens, évoquant l'image de Bonaparte à ses diffé-
rents âges : celui du pont d'Arcole et celui de
Sainte-Hélène. Ils sont vêtus de rhingraves ou de
Houppelandes carrelées; quelques-uns ont des
airs de Discoboles habillés à Edimbourg. D'au-
tres exhibent des gilets chamarrés avec un sou-
rire plein de superbe. Certains sont couverts de
peaux de bête, comme il convient au retour de
Russie. Il y, a ceux qui reviennent, ceux qui par-
tent, ceux qui vont repartir et qui sont sous pres-
sa. Il y a aussi les petits cahots à "tête ds-r&t
émergeant du col de chinchilla, sous la casquette
de jockey ou le melon beige trop large, l'œil in-
quiet, le sourire contraint près de leurs aînés
aux tempes grisonnantes, aux fronts barrés de
rides. tous princes de la chanson.
Voici, au milieu du café, un directeur de cir-
que, paternel et tout blanc, dont l'énorme trom
blon de soie aux bords fantastiques, apparaît
comme la réclame d'un chapelier qui aurait lu
Gulliver à Brobdingnac. Près de lui, maigre
d'être trop grand, la gloire béante d'un de nos
music-halls se tasse à la Pierre Gringoire sur la
molesquine blasée de la banquette, entouré de
deux duettistes comiques plus bruns que nature,
dont la pâleur romantique accentue le regard fa-
tal. Plus loin, sanglé dans une redingote mastic,
le nez perpendiculaire sur la lèvre inférieure
proéminente, un chanteur « mondain » fait sa
correspondance. Derrière, un comique de tour-
nées, équilibre K sur son torse obèse la. boule de
chair rose de sa face sur laquelle se tient, on ne
sait comment, un lorgnon gymnasiarque. Ce
fluet jeune homme, là-bas, qui excelle dans les
chansons guerrières,1 cause avec des anciens, si
anciens qu'ils se ressemblent dans leur retraite.
rabougris, fouinards, malins, naturellement gla-
bres. De loin, on les prendrait pour Sardou qua-
druplé par un jeu de glace. Dans l'angle de gau-
che de la vitrine est le souffleur de la Scala,
trois contrôleurs de théâtre, deux régisseurs et
des auteurs plaisants, saluant l'entrée d'un célè-
bre confrère dans la partie qui s'avance, les lu-
nettes bienveillantes, le parapluie important.
Et, surgissant telles des bouées dans cet océan
de mâles en taches plus délibérément claires,
s'agitent les chapeaux de ces dames. Elles vien-
nent là glaner des engagements — prêtes à partir
le soir même au loin. Gommeuses, genreuses,
chanteuses à voix. Leurs cheveux blond-cru, leur
poitrine évidente, leurs toilettes, font murmurer
les grosses dames mûres qui les appellent et les
arrosent d'expérience sur un ton d'amertume
protectrice. On chuchote, on loue, on débine.
La haine, la jalousie, l'ambition se devinent sur
les masques fardés, dans ces "eux qu'irise le
khol, derrière ces sourires amicaux. Et c'est un
monde curieux à voir de près.
ARMORY.
s
ans tambours ni trompettes.
Les musiciens lyonnais sont tradi-
tionanstes. mme Aimée lessandier vient
d'en fairp l'expérience. Elle donnait, en
tournée, la semaine dernière, à Lyon, -des
représentaions de L'Artésienne. La pièce
devait être jouée les mercredi, jeudi et
vendredi saints. Les deux premières eu-
rent bien lieu, mais, quant à la troisième,
elle dut être décommandée dans la journée
du vendredi, les-musiciens du théâtre se
refusant catégoriquement, et comme un
seul homme, à faire de la musique en un
tel jour ailleurs qu'à l'église. La grosse
caisse, seule, consentait à tenir sa partie,
mais ., une grosse caisse, c'était insuffi-
sant. La tournée regagna Paris.
D
Regner, 4, rue des Capucines, paye 1
cher bijoux, diamants, perles, auto-
mobiles, reconnaissances du Mont-de-Piété, 1
100 %, les dégage sans frais, même chez
des tiers
NOUVELLE A LA MAIN 1
A
vant-hier, dans une grande église du 1
centre, où une grand'messe solen-
nelle de Pâques a attiré une foule élégante
et, pieuse, une dame jeune et fanfreluchée
entre, suivie de sa fillette, une jolie gamine
brune de douze ans. très parfumée.
La dame marche d'un pas recueilli. Elle
s'arrête, avec sa fille, au bénitier, et fait
un lent signe de croix ; puis, parvenue de-
vant la loueuse de chaises, elle se penche
et dit très bas à sa.fille, qui la suit tou-
jours-
- Demande donc à l'ouvreuse de qui
est la musique.
Le Masque de Verre.
BRAVO TORO !
La grande corrida de Vaques à SainUSébastien
(De notre correspondant particulier)
Depuis quelques jours, 1a jolie ville de
Saint-Sébastien était le rendez-vous de
nombreux touristes et de notabilités espa-
gnoles venues de toutes parts pour assis-
ter aux fêtes de Pâques, dont l'éclat se
trouve particulièrement rehaussé par la
venue des Reines de Paris et la reprise
des premières « corridas ».
Dès hier, l'animation la plus grande ré-
gnait sur l'avenue de la Liberté, où tout
le monde se portait au-devant des jeunes
reines qui venaient d'arriver, souriantes
et heureuses d'être fêtées.
Aujourd'hui, une animation toujours
grandissante remplit les rues et les boule-
vards; on se porte plutôt que l'on ne se
dirige vers la Plaza de Toros, et c'est avec
une agitation toute fébrile que les spec
tateurs s'entassent sur les gradins, atten-
dant avec impatience le signal de la pre
mière course. Enfin, la porte de l'arènv
s'ouvre et, aux sons d'une fanfare éclr,
tante, lés cuadrillas font leur entrée. Sor
le soleil étincelant, le coup d'oeil est vra.
ment féerique: sanglés dans leurs costu-
mes chamarrés d'or et -d'argent, toréadors
et picadors défilent fièrement, la tête haute,
et. après avoir salué devant la loge du
président, vont se poster en attendant l'en
trée du taureau.
A ce moment, un mouvement de curio-
sité se produit dans la foule : c'est M. Cle-
menceau, venu tout exprès de Biarritz en
auto, qui prend place dans une loge de
face.
Mais déjà la porte du toril s'est ouverte,
le premier taureau s'élance dans l'arène.
regarde, inquiet. ébloui par tant d'appa-
rat, et soudain se précipite sur l'un des'
toréadors, qui lui présente sa cape, le dé-
concerte par des passes habiles et aug-
mente sa fureur.
Les picadores s'avancent alors, présen-
tant leurs montures au taureau. Celui-ci
s'en approche lentement, et, d'un terrible
coup de cqrne dans les flancs, soulève de
terre cavalier et cheval, qui retombent
lourdement l'un sous l'autre. Un moment
d'émotion envahit les spectateurs; le tau-
reau va s'élancer sur le picador, mais des
capes lui sont immédiatement tendues et
1 en détournent aussitôt. C est maintenant
le tour des banderilleros: Mojino s'y fait
particulièrement remarquer par son sang-
froid et la précision de son coup.
, Mais voici Machaquito: souriant, il s'a-
vance vers la loge présidentielle, salue, et
se retourne contre sa victime. Par de sa-
vantes passes de muleta, il fatigue le tau-
reau, qui s'arrête, hésitant, ne sachant s'il
doit fondre sur son adversaire. C'est le
moment psychologique ! Le silence s'est
fait. Machaquito vise lentement. et sou-
dain, fonçant sur l'animal,, lui enfonce son
épée jusqu'à la garde; quelques soubre-
sauts d'agonie, et le taureau tombe fou-
droyé.
Décrire l'enthousiasme délirant des speCi
tateurs serait impossible; les chapeaux, les*
nanteaux sont jetés dans l'arène. Macha-
quito, toujours souriant, les ramasse et le:
relance à leurs propriétaires, heureux d'il
oir un objet touché par le grand matador.
Bientôt, l'ordre se rétablit, et la seconde
jourse commence. Cette fois, le taurea-
v
semble plus calme, plus maître de lui ;. il
arrive lentement, semblant chercher une
victime digne de lui.
La cuadrilla fait des merveilles d'audace
et d'agilité, et les picadors Cachipoira et
El Rubio rivalisent d'adresse et de. sû-
reté. Les-banderilleros me paraissent peut-
être un peu moins en train que leurs cama-
rades, mais ils se ressaisissent vite, et Pos-
turas termine la dernière pose dans uns
maestria remarquable.
Enfin, c'est le tour tant attendu de Vas./
quez. Les nombreux applaudissements SOUJ
lignent ses coups et lui prouvent qu'il n'esi
pas inférieur à sa tâche. Mais le taureau,
moins fatigué, rend le moment opportun
plus difficile, et Vasquez redouble ses pas-
ses de muleta. Enfin, l'animal s'est arrêté,
et brillamment Vasquez l'estoque. Les qua-
tre dernières courses ont toutes été par-
faitement menées, et si Machaquito s'est
montré au-dessus de tout éloge, nous pou-
vons, sans crainte de nous tromper, pré-
dire à Vasquez une jolie carrière; d'ici peu
de temps, nous le'verrons classer parmi If-
plus fines espadas d'Espagne.
Les Nourrissons de Compiègne j
Une bonne oeuvre scolaire
Huit jours au grand air
Les muses de l'art lyrique
sont convoquées
POLYPE, EUTERPE ET CALOMNIE
~~r~
Comme chaque année, l'Administration décide que r.3
concurrents du Prix de Rome devront avoir en loge,
à date fixe, des draps, des taies d'oreiller, un
'- certificat de célibat et du génie.
Comme tous les ans à pareille époque,
aux immuables opérations du non moins
immuable Prix de Rome, 1 actualité va con-
sentir une certaine part d'intérêt. Deux
symptômes, assez différents, sont, dès
maintenant, à considérer.
Tout d'abord, le futur logiste dont le
Conservatoire ne fut point le but de toutes
les DTomenades, ressent les premières- at-
teintes d'une frousse salutaire! L'heure 114
semble venue de réagir, un peu tard peut-
être, contre une indolence non dénuée de
philosophie, mais évidemment dangereuse.
Donc, subitement respectueux du sage J
travail autant que du prévoyant entraino-
ment, notre candidat s'attable en perma-
nence devant un papier bien dextremeni
réglé, dont les dix-huit portées aspirent
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.59%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.59%.
- Auteurs similaires Bibliothèque Diplomatique Numérique Bibliothèque Diplomatique Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MAEDIGen0"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7646588w/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7646588w/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7646588w/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7646588w/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7646588w
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7646588w
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7646588w/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest