Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-04-11
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 avril 1908 11 avril 1908
Description : 1908/04/11 (A2,N194). 1908/04/11 (A2,N194).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646578h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
"o Année. «•^îa194CQuotidieii>
g* Nnmêro : 3 Mmitmes
Samedi Il Avril 190&' -
COMŒDIA
Rédacteur en Chef : G, de PAWLOWSKl
RÉDACTION *& ADIGINISTRATION e
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COAMEDTA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 9 HO®
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 D 20 0
RÉDACTION- & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07 < - -
Adresse Télégraphique : COMŒDlA.PARIS:
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UN AN « MOIS
- - e
Paris et Départements. 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
De Profundis
[On sait que les directeurs de théâtres vien-
nent de voter la suppression des billets de fa-
veur, et, nous l'avons dit, celle des billets d'au-
teurs. C'est là plus qu'une mesure théâtrale,
c'est un véritablement changement dans # les
mœurs, et Comœdia, qui ne demande jamais de
places dans les théâtres, est particulièrement à
l'aise pour en parler.
Ces deux suppressions seront inscrites dans
un nouveau traité général ou plutôt traité-type
que la Société des Auteurs consentira désormais
pour de longues périodes à tous les directeurs
des théâtres de Paris.
L'élaboration de ce traité qui règle définitive-
ment toutes les questions d'admii0tration théâ-
trale sans exception, a représenté un labeur con-
sidérable. C'est l'œuvre de deux sous-commis-
sions composées l'une d'auteurs, l'autre de di-
recteurs, et qui n'ont pas tenu moins d'une quin-
zaine de longues séances depuis trois semaines.
MM. Henry Bernstein et Paul Gavault furent
les artisans de ce vaste ensemble de réformes, et
nous sommes heureux,, dans ce journal qui
prend grandement à cœur les intérêts des auteurs
dramatiques, de. les féliciter de ce bel effort.
Nous avons demandé à M. Henrv Bernstein un
article sur la principale des mesures adoptées.
Le jeune et déjà glorieux dramaturge, après
nous avoir déclaré avec modestie, que M. Ga-
vault méritait le plus grand tribut d'éloges, nous
a adressé cette chronique que nos lecteurs se-
ront heureux de lire.]
Avant-hier, vers minuit et demi, après
les quatre heures minutieuses d'une der-.
nière discussion, M. Albert Carré, de la fa-
çon mesurée, intelligente, obligeante, par
faite, oui est la sienne toujours, prononça:
« Eh bien, messieurs, c'est l'accord total. »
•Et les h"it assistants approuvèrent.
Nous étions réunis dans la sévère petite
salle de notre commission, qui depuis tren-
te années entend les principaux d'entre les
écrivains dramatiques débattre dès 'inté-
rêts de leur métier, parfois de leur art,
avec une passion secrète ou manifeste et
sur le ton, souvent, de leurs personnages,
en belle pompe celui-ci, celui-ci qui ne s'é-
loigne sous aucun prétexte d'une honorable
simplicité, celui-ci rudement, cet autre
avec une fine mansuétude, cet autre, sans
que fonde jamais la glace de son impertur-
bable courtoisie, un tel, à l'aide des cou-
plets les plus pathétiques comme les plus
éprouvés, un tel en épanchant les trésors
un peu superflus d'une âme inutilement
tourmentée, mais tous dans le même grand
esprit de solidarité sincère, souveraine.
Mardi, cinq directeurs de théâtres pari-
siens, —- les plénipotentiaires, — sié-
geaient d'un côté de la grande table et en
face des délégués des auteurs. La der-
nière objection levée, le dernier différend
aplani, nous èûmes le sentiment amusé,
amusant, que venait de s'accomplir la plus
urgente, la plus radicale, la plus précieuse
des réformes théâtrales. Je ne prétends
point qu'une émotion immense s'empara
des négociateurs. Ils ne s'imaginèrent pas
que l'Histoire Universelle s'augmentait,
grâce à eux, d'un chapitre. Le théâtre ne
surexcite pas ses hommes, au même de-
gré que les profanes. Nous conservons
une échelle des grandeurs. Il advient pé-
riodiquement que l'Etat tout entier s'im-
misce dans les toutes petites affaires de
nos coulisses et nous sourions. Mais, pour
excessif qu'il semble parfois, l'intérêt du
public ne laisse pas que de toucher les
professionnels. Ils y discernent par de là le
snobisme et la curiosité bébête de quel-
ques-uns,. un sentiment plus fier, le goût
orgueilleux d'un pays pour la forme d'art
qui l'honore, par le monde entier. L'on ne
nous contestera pas qu'aucune époque théâ-
trale ne vit, vers la scène, pareille pous-
sée de talents, un afflux aussi varié, aussi
riche, aussi puissant. Et, jusque dans les
plus petites villes étrangères, le voyageur
qui consulte les affiches des spectacles, de-
meure ébloui de l'universel rayonnement
du théâtre français. Notre Société des Au-
teurs, qui subit allègrement toutes les ca-
lomnies de l'ignorance, car elle est le plus
solide, le plus utile, le plus magnifique des
groupements professionnels, notre vieille
Société a fait beaucoup pour cette supré-
matie de l'art dramatique français.
Aussi, nous sentons-nous assuré d'ap-
porter aujourd'hui, à la foule des amis sin-
cères du théâtre, une nouvelle qui les ré-
jouira, tout comme s'ils étaient du « bâti-
ment. » Voici : Les auteurs « unis et li-
bres » (c'est la devise de nos sociétaires)
viennent de conclure avec les directeurs
des grandes scènes parisiennes un acte
d'association véritable et durable.
C'est de cette entente aujourd'hui par-
faite qu'est sortie l'indispensable résolution
que l'on sait, qui ne pouvait demeurer se-
crète une heure et qui s'est, en effet, ré-
pandue dans Paris avec une impression-
nante rapidité.
Le billet de faveur est supprimé. Et mal-
gré les plaisanteries intéressées — très in-
téressées — malgré les tentatives ébauchées
déjà d'intimidation, cet odieux abus ne revi-
vra pas.
Samuel, le directeur des Variétés, fait ce
calcul, assez vraisemblable, qu'il se distri-
bue, chaque année, un nombre de faveurs
tel, que les mêmes places prises au bureau
et contre argent, augmenteraient les recet-
tes d'environ cinquante millions de francs.
L'on admettra sans peine que ce scandaleux
déjuge d'invitations, arrêté, la majorité des
bénéficiaires ne renonceront pas au specta-
cle,et qu'ils feront, pour y assister, ce qu'il
est légitime qu'ils fassent. Ninsi, une nota-
ble fraction des millions de Samuel tombera
dans les caisses des théâtres ; cette manne
comblera, sans doute, pour certains direc-
teurs, le déficit dont ils allaient mourir. Et
ceux qui vivent, mais tout juste et une vie
Périlleuse, peuvent espérer d'honorables re-
traites, au lieu de la paille sur laquelle ils
finissent trop souvent, après tant de labeurs
et de risques.
Laissons là les comptes fastidieux. A
quoi sert de prouver l'évidence? Je tiens,
avec tout homme impartial, que la cause
du théâtre vient de remporter la plus écla-
tante de ses victoires.
Et que les vaincus sont donc peu intéres-
sants ! On les connaît, les fervents du billet
de faveur!. Ah! le joli public!.
C'est dans les avant-scènes, les abonnés
nobles, chics et ennuyés d'un grand journal
snob.
C'est aussi le parvenu splendide, débor.
dant, rutilant, l'heureux de ce monde, le ma-
lin et le fort, celui qui a fait argent de tout
et qui fit tout payer, mais qui décrète que
payer au théâtre est trop « idiot », vrai-
ment!.
C'est, en face de telle œuvre; d'artiste,
le hideux « bon gros », bâillant immensé-
ment au bord de sa loge gratuite, et bramant
dès l'entr'acte, que « ces affaires le font
suer et que ce n'est pas encore celle-là qui
dégottera le Caf' Conc' et Dranem! »
C'est le tapeur anguleux, bilieux, bino-
cleux qui se tient pour avili d'avoir, àTœil,
écouté tel innocent vaudeville; et qui pu-
bliera — il vous en fiche' volontiers son
billet! — sa franche opinion sur cette « or-
dure »
Mais notre réforme frappe surtout des
voleurs!. Oui, oui, oui, tant de voleurs!.
Nous en savions de belles, et depuis
un mois, nous en avons appris de plus
belles encore!. J'imagine la rage du demi-
journaliste qui, chaque jour, sollicite et ob-
tient les huit ou dix places qu'il vendra. Ils
ne se comptent plus, ceux qui font la tour-
née. quotidienne des théâtres; et qui consti-
tuent autant de petites officines, à l'instar de
la grande maison de la rue Drouot.
Et ce brave secrétaire qui donnait dés fa-
veurs par liasses (et en échange d'un peu
d'argent).
Et ces plus braves employés des grands
établissements de crédit. Le soir, ils font
métier d'inspecter les salles pour augmenter
leur salaire et, lâchés sur la voie des aug-
mentations, ils monnaient régulièrement le
service que leur assure le bon cœur direc-
torial.
Et certains artistes, même.
Mais non! Tout cela est assez triste et un
peu dégoûtant. Il vaut mieux tairs ce que
les enquêtes ont révélé.
Aussi bien, nous voici débarrassés des
trafiquants et des sous-trafiquants, de tous
les voyous qui spéculèrent sur notre fai-
blesse, sur notre bienveillance, sur le succès
douteux d'une pièce, sur les exigences va-
niteuses de certaines vedettes. Nous pré-
voyons toutes les mauvaises humeurs et
nous nous en moquons.
Aux arguments falots qu'on nous oppose
déjà, succédera, je le gage, la rengaine sen-
timentale. Il sera parlé avec émotion de
l'étudiant pauvre et de la pauvre ouvrière,
privés du grand plaisir de la semaine, de
leur seule joie!. Eh bien! ce n'est pas
vrai!.Ceux-là ne tapent jamais. Et, - d'une
autre essence que le larbin en habit ou que
le petit bourgeois honteux, qui mourraient
de n'être pas dans des fauteuils, — ils grim-
pent au cintre et forment le cher, l'enthou-
siaste, le compréhensif public despetites
places. ■ ■*'
Puisque nous réfutons par avance, nous
voulons, avant de clore, démolir une der-
nière mauvaise raison. L'on a publié que
la nouvelle législation serait dure aux piè-
ces accueillies, à moitié bien, qu'elle trans-
formerait en fours irrémédiables les demi-
succès. Quelle bêtise! Je suppose que nos
confrères en auront fait justice sur l'heure.
Ce sont les moeurs actuelles qui abrègent
brutalement les carrières hésitantes. Qu'une
œuvre ne s'impose pas, qu'au lendemain
d'une première le'bureau de location ne soit
pas assiégé, et aussitôt,-sur Paris, pleuvent
les faveurs criminelles!. De ceci,, un,-pu-
blic roublard estaverti. Il attendait. Il n'at-
tèndra plus.
Dès la saison prochaine, le théâtre pari-
sien connaîtra une prospérité qui sera la
plus'belle des réponses et des récompenses.
Henry BERNSTEIN.
Demain soir, au Théâtre Femina
, de jeunes artistes, sous les auspices de Comœdia
M. TAUFFENBERGER -
verront les feux de la rampe
aux côtés de
DRANEM, Uliann GREUZE,
MAYOL, Boyer de LAFORY,
TAUFFENBERGER
Chaque jour, depuis que nous avons
pris l'initiative, pour défendre et mettre en
lumière les jeunes acteurs, d'organiser une
sorte d'audition devant le grand public, de
précieux concours nous ont été offerts.
Car, malgré ce qu'on croit et ce qu'on
raconte si méchamment, la solidarité n'est
pas rare dans , le., monde des coulisses, et
la grande cause de l'art trouve toujours
pour la servir des dévouements désinté-
ressés. - ,;',' -*
Successivement, < nous avons reçu l'adhé-
sion de: ; ,
Mlle GERMAINE DALBRAY, du théâtre de
la Monnaie ;
De Mme BOYER DE LAFORY,.de l'Opéra-
Comique ;
De Mlle LILIANN GREUZE, du Gymnase ;
De Mme REAUCET-BANÈS, la délicieuse
chanteuse de genre;
De M. GOSSE, le joyeux troupier;
De LA BELLE OLIDO, la séduisante dan-
seuse espagnole ; : ■, , •
Enfin
DRANEM
le tQidu rire au café-concert, et
MAYOL
le roi incontesté de la romance, ce joli
genre si français.
Aujourd'hui, nQus pouvons annoncer, en
outre, que nos spectateurs auront la joie
d'entendre et d'applaudir
M. TAUFFENBERGER
qui a conquis une véritable célébrité pour
l'admirable science avec laquelle il guide
sa jolie voix de ténor. M. Tauffenberger
est à la fois un chanteur et un comédien
de tout-premier ordre. Il a voulu mettre, lui
aussi, l'appui de son talent au service, de ses
jeunes camarades, à rendre notre représen-
tation absolument exceptionnelle.
Nous avons dif que, malgré l'éclat tout
spécial de notre programme, nous avions
pu maintenir le prix des places à:
CINQ FRANCS pour les places de loges,
Et à TROIS FRANCS pour les fauteuils
d'orchestre.
Il restait, hier soir, encore quelques fau-
teuils. Nos lecteurs pourront venir aujour-
d'hui les louer à nos bureaux, nous le con-
seillons vivement à ceux qui désirent as-
sister. demain soir, à notre fête, car la
salle Femina est très jolie, mais un peu
petite, et nous craignons de ne pas pouvoir
y placer tous ceux qui s'intéressent à nos
efforts vigilants pour la cause des jeunes.
Une entreprise
immorale
C'était inévitable; dès l'instant qu'une
nouvelle porte ouverte s'offrait à son 'acti-
vité, M. Bérenger s'empresse de l'enfon-
cer. Nous ji'àttêtMfùs ytts m:~S~~
clairvoyance et de son initiative qui, sym-
bolise de la façon la plus exacte les idées
en honneur dans l'administration française.
Vous savez, en effet, que, pour notre
Administration, tout Français majeur et
jouissant de. ses droits politiques -doit être
considéré comme ne le serait pas en Angle-
terre un enfant de huit ans, aussi bien
s'occupe-t-on de ses moindres actes avec
une infinie sollicitude. Dans les wagons
du Métropolitain, des avis nous apprennent
qu'il est interdit de sortir des voitures < en
enfonçant la porte -verrouillée, qui se trouve
à contre-voie et en se jetant sur. le rail élec-
trique. Le même avis, en brutes clairs,
nous apprend qu'il faut sortir de prétérèn-
ce du côté du quai ; lorsque le ! train est
arrêté en gare. :
D'autres avis nous.apprennent qu'il est
dangereux d'enjamber le parapet des ponts
et de se jeter dans la Seine, d'autres nous
menacent d'amende si nous nous aventu-
rons avec un tilbury sur une ligne de che-
min de fer.
Tout est prévu en France, tout est soi-
gneusement agencé et, dans de pareilles
conditions, nous ne pouvions échapper à
la réglementation de tputes les manifesta-
ttettè nrlistiqaes: ~:
Il semblerait cependant que dans un
pays comme le nôtre, le bon sens devrait
suffire pour régler toutes ces questions.
Or, il est une chose très certaine, c'est
que depuis le début de la saison — tous
les hommes de bon goût pourront le re-
connaître - le Nu qui nous a été pré-
senté sur plusieurs scènes parisiennes n'a
pas été, quoi qu'on en dise, ni de près ni
de loin, contraire aux bonnes mœurs, et
il n'est point une seule personne de juge-
ment sain qui ait pu s'en offusquer sérieu-
sement.
Nous sommes d'autant mieux placés
pour le dire ici même que, les premiers
dans Comœdia, nous avons signalé cette,
évolution nouvelle en rappelant quelles
étaient les limites qu'il convenait de ne
point dépasser et en signalant les abus pos-
sibles pour l'avenir.
Le jour où ces abus se produiraient,
nous serions les premiers à le dire, mais
ils ne se sont pas produits; cela suffit pour
que la campagne actuellement entreprise
soit absurde au premier chef, contraire à
tous nos intérêts artistiques et des plus im-
morales puisqu'elle égare le jugement de
nos contemporains.
Nos rues et les devantures de nos bou-
tiques abondent, en effet, en spectacles
immoraux et parfaitement répugnants, par-
ce qu'ils sont laids, bêtes, antiartistiques
et qu'ils affaiblissent le prestige de notre
pays. Tolérer ces monstruosités et pi ur-
suivre, ail' contraire. toute tentative artis-
tique, c'est énerver l'opinion, c'est faire
œuvre immorale au premier chef. M. Bé-
ranger, dans l'intérêt de la Morale, devrait
le mieux comprendre.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Cet après-midi,à une heure. trois quarts,
à la Comédie-Française, répétition générale
de Simone, pièce en trois actes, en prose,
de M. E. Brieux.
Ce soir; à huit heures un quart, à l'Am-
bigu, première représentation de Les Pier-
rots, drame en cinq actes et sept tableaux,
de Gustave Grillet.
L
e désert repeuplé.
C'est dit, demain ce sera fait: Brieux
va se défaire de sa Thebaïde d Agay.
Le motif? Oh' c'est bien simple: Jadis,
au moment où l'auteur de Simone y ins-
talla son nid de repos et de silence, la côte
de l'Esterel était un endroit sauvage, es-
carpé, désert, propre éminemment à la
rêverie, à l'étude, .au travail.
Depuis que le Touring Club a fait cons-
truire, de Saint-Raphaël à Cannes, sa fa-
meuse route de la Corniche, Agay a changé
d'allure - et comment!
Et maintenant c'étaient des caravanes
d'oisifs, de Parisiens amis en déplacement
automobile sur la Côte de Lumière, qui
venaient assiéger la demeure du sage.
« Si nous allions dire bonjour à Brieux?
C'est à deux pas! »
Ej l'on y allait, hélas!
Il n'est pas jusqu'à des misses anglaises
ou américaines qui, dès sept heures du
matin, ne soient venues se suspendre au
cordon de sonnette du maître dramaturge
p£)ur lui. demander un autographe! -
C'est fini. Désormais, Brieux ira deman-
der aux horizons du Loiret le silence et la
paix indispensable à son labeur.
c
onscience.
Il. est dans un théâtre, aux mises
en scène complexes, un artiste a qui est
dévolue la mission délicate, mais modeste,
de faire la vague, ou encore l'écho, et quel-
quefois les cris de la foule venant de la
rue.
Son ambition serait de faire partie de la
figuration, d'où l'exclut à jamais un phy-
sique impossible. ;
On le rencontre, ces jours-ci, clamant
derrière un décor, costumé et maquillé,
prêt à paraître en scène.
Et comme on le félicitait de cet avance-
ment, qui, sans doute, comblait ses vœux:
— Non, répondit-il simplement, je fais
toujours les bruits de coulisse. Mais, son-
gez, si le décor venait à tomber!
]
1 travaille.
Pendant les entr'actes du Chevaliei
d'Eon, le soir de la répétition générale,
les couloirs sont envahis de la foule grouil-
lante, obligatoire en pareille circonstance.
Potins, félicitations, débinages.
Seule, une loge est silencieuse. Muet et
calme. M. Huguenet, assis devant sa table
à maquillage, semble prodigieusement in-
téressé par la lecture d'une brochure de
petit format.
Et. tandis qu'on entend un peu confu-
sément les flons-flons assourdis de l'or-
chestre qui prélude déjà, M. Huguenet,
que son « entrée » ne presse pas encore,
s'absorbe dans l'étude de Tartuffe.
C
hevaux d'hiver.
On sait que, sous la direction per-
sonnelle de Guillaume II. l'Opéra-Royal de
Berlin prépare un ballet assyrien tiré de
Sardanapale, avec défilé de cavaliers. Ce
que l'on sait moins, c'est le véritable motif
de cette mode de pièce militaire ou pièce
à figuration militaire, qui a sévi de façon
véritablement intense durant toute la sai-
son,
C'est bien simple. Le kaiser possède
près de cinq cents chevaux qui, très occu-
pés pendant l'été, chôment, mais mangent,
l'hiver venu. Comment les occuper de fa-
çon lucrative.
Alors, tout doucement, on fit compren-
dre aux directeurs de théâtre. qu'ils se-
raient bien avisés, vu les probables con-
flits marocains, de stimuler le réveil d'un
patriotisme somnolent par la mise en scène
de drames héroïques avec défilés de ca-
valiers, fanfares, coups de fusil, etc. On
trouverait, à des prix doux, d'excellents
chevaux chez l'empereur lui-même.
On comprit. Et voilà.
L
es nombreux vols de bijoux commis
récemment ont effrayé beaucoup d'ar-
tistes, qui se sont empressées de les ven-
dre à Dusausoy, expert, 4, boulevard des
Italiens, qui leur a payé très cher. Grand
choix d'occasions.
L
e petit coin de terre où je suis né.
M. Emile Fabre, qui revient de
voyage, a lu à M. Gémier sa nouvelle
pièce: La Maison du Bonheur. Elle doit
être représentée au commencement de la-
saison prochaine. On peut remarquer qu'a-
près chaque voyage - M. Fabre rentre avec
une pièce achevée.
En 'effet, l'auteur dë'ta Vie pûbUqne
ne travaille que peu ou guère à Paris. Dès
qu'il projette de faire une comédie, il se
réfugie à Marseille, où il est né, où il a
grandi, où il a formé son talent et cultivé
son esprit. Là, dans l'intimité d'un cadre
si familier, il retrouve toute sa nervosité,
toute sa vigueur, toute son inspiration
d'auteur dramatique.
Il voulut même louer de nouveau le pe-
tit logement qu'il habitait alors qu'il était
jeune et qu'il travaillait ardemment à ébau-
cher des drames tout au moins shakes-
peariens.
Mais ce minuscule appartement était
déjà occupé par un tailleur.
v
estiaire.
Les premières tiédeurs du printemps
qui mettaient, hier, dans I.air, comme une
fête, invitaient à la promenade.
Aussi ne fûmes-nous pas étonnés d'aper
cevoir, nonchalant et flâneur, sur sa somp-
tueuse automobile de la marque C. G. O. —
Compagnie générale des Omnibus — le
poète René Fauchois tenant près de lui un
élégant petit paquet.
Dès qu'il nous avisa, il descendit de sot
siège, et nous invita à goûter de compagnie
le plaisir des voyages à pied.
Et comme son petit paquet le gênait, noua
lui proposâmes de s'en défaire en l'aban..
donnant sur la route.
— Je ne peux pas, nous répondit-il, c'est
un costume doublement historique, appar-
tenant à l'Odéon. Antoine a bien voulu me
prêter la tunique de Jules César pour Jésus-
Christ, dans La Fille de Pilate. -
M
aurice, l'aimable propriétaire du fa-
L meux restaurant Lapré. est en train
de conquérir une réputation égale à celle
de Vatel.
Les mets, qu'il prépare savamment, sont
exquis, et sa cavé, justement réputée, est
incomparable. -
0
n prétend que la perfection n'existe
pas en ce monde. Nos élégantes af-
firment cependant qu'on la trouve dans le
cc Paradisia », le délicieux parfum de Gellé
Frères. S'en servir une fois, c'est ne plus
pouvoir s'en passer.
L
es voitures de différentes marques se
disputent la clientèle de nos gracieu-
ses artistes les plus en vue.
Mais, est-il besoin de le 'dire? c'est au-
tant pour sa robustesse que pour son éfié-
gaope que la Delaunay-Bellevilie réunit
tous les suffrages.
A
u Dîner des Théâtres, chez Cham-
peaux, se retrouvent tous les soirs
mondains, mondaines, gens de lettres, ar-
tistes, venus là pour faire honneur au dé-
licat menu que compose à leur intention
le fameux restaurateur.
NOUVELLE A LA MAIN
N
oblesse.
., Un de nns plus iennes pt nlnct an-
plaudis vaudevillistes serait, paraît-il, sur le
point de modIfier son nom. Le succès du
nouveau spectacle de la Perte-Saint-Martin
lui a donné l'idée de signer désormais ses
pièces: le chevalier Mouézy d'Eon:
Le Masque de Verre.
Nous puerons demain un article de
HENRY KISTEMAECKERS
M. Huguenet (Henri Manuel, phot.)
A LA PORTE SAINT-MARTIN. — « LE CHEVALIER D'EON » (4* acte).
(Le Photo Programme)
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0. 'Thévèntt
Or. «UiMr a-I-auna,r
Ftrval
g* Nnmêro : 3 Mmitmes
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Étranger. 40 » 20 »
De Profundis
[On sait que les directeurs de théâtres vien-
nent de voter la suppression des billets de fa-
veur, et, nous l'avons dit, celle des billets d'au-
teurs. C'est là plus qu'une mesure théâtrale,
c'est un véritablement changement dans # les
mœurs, et Comœdia, qui ne demande jamais de
places dans les théâtres, est particulièrement à
l'aise pour en parler.
Ces deux suppressions seront inscrites dans
un nouveau traité général ou plutôt traité-type
que la Société des Auteurs consentira désormais
pour de longues périodes à tous les directeurs
des théâtres de Paris.
L'élaboration de ce traité qui règle définitive-
ment toutes les questions d'admii0tration théâ-
trale sans exception, a représenté un labeur con-
sidérable. C'est l'œuvre de deux sous-commis-
sions composées l'une d'auteurs, l'autre de di-
recteurs, et qui n'ont pas tenu moins d'une quin-
zaine de longues séances depuis trois semaines.
MM. Henry Bernstein et Paul Gavault furent
les artisans de ce vaste ensemble de réformes, et
nous sommes heureux,, dans ce journal qui
prend grandement à cœur les intérêts des auteurs
dramatiques, de. les féliciter de ce bel effort.
Nous avons demandé à M. Henrv Bernstein un
article sur la principale des mesures adoptées.
Le jeune et déjà glorieux dramaturge, après
nous avoir déclaré avec modestie, que M. Ga-
vault méritait le plus grand tribut d'éloges, nous
a adressé cette chronique que nos lecteurs se-
ront heureux de lire.]
Avant-hier, vers minuit et demi, après
les quatre heures minutieuses d'une der-.
nière discussion, M. Albert Carré, de la fa-
çon mesurée, intelligente, obligeante, par
faite, oui est la sienne toujours, prononça:
« Eh bien, messieurs, c'est l'accord total. »
•Et les h"it assistants approuvèrent.
Nous étions réunis dans la sévère petite
salle de notre commission, qui depuis tren-
te années entend les principaux d'entre les
écrivains dramatiques débattre dès 'inté-
rêts de leur métier, parfois de leur art,
avec une passion secrète ou manifeste et
sur le ton, souvent, de leurs personnages,
en belle pompe celui-ci, celui-ci qui ne s'é-
loigne sous aucun prétexte d'une honorable
simplicité, celui-ci rudement, cet autre
avec une fine mansuétude, cet autre, sans
que fonde jamais la glace de son impertur-
bable courtoisie, un tel, à l'aide des cou-
plets les plus pathétiques comme les plus
éprouvés, un tel en épanchant les trésors
un peu superflus d'une âme inutilement
tourmentée, mais tous dans le même grand
esprit de solidarité sincère, souveraine.
Mardi, cinq directeurs de théâtres pari-
siens, —- les plénipotentiaires, — sié-
geaient d'un côté de la grande table et en
face des délégués des auteurs. La der-
nière objection levée, le dernier différend
aplani, nous èûmes le sentiment amusé,
amusant, que venait de s'accomplir la plus
urgente, la plus radicale, la plus précieuse
des réformes théâtrales. Je ne prétends
point qu'une émotion immense s'empara
des négociateurs. Ils ne s'imaginèrent pas
que l'Histoire Universelle s'augmentait,
grâce à eux, d'un chapitre. Le théâtre ne
surexcite pas ses hommes, au même de-
gré que les profanes. Nous conservons
une échelle des grandeurs. Il advient pé-
riodiquement que l'Etat tout entier s'im-
misce dans les toutes petites affaires de
nos coulisses et nous sourions. Mais, pour
excessif qu'il semble parfois, l'intérêt du
public ne laisse pas que de toucher les
professionnels. Ils y discernent par de là le
snobisme et la curiosité bébête de quel-
ques-uns,. un sentiment plus fier, le goût
orgueilleux d'un pays pour la forme d'art
qui l'honore, par le monde entier. L'on ne
nous contestera pas qu'aucune époque théâ-
trale ne vit, vers la scène, pareille pous-
sée de talents, un afflux aussi varié, aussi
riche, aussi puissant. Et, jusque dans les
plus petites villes étrangères, le voyageur
qui consulte les affiches des spectacles, de-
meure ébloui de l'universel rayonnement
du théâtre français. Notre Société des Au-
teurs, qui subit allègrement toutes les ca-
lomnies de l'ignorance, car elle est le plus
solide, le plus utile, le plus magnifique des
groupements professionnels, notre vieille
Société a fait beaucoup pour cette supré-
matie de l'art dramatique français.
Aussi, nous sentons-nous assuré d'ap-
porter aujourd'hui, à la foule des amis sin-
cères du théâtre, une nouvelle qui les ré-
jouira, tout comme s'ils étaient du « bâti-
ment. » Voici : Les auteurs « unis et li-
bres » (c'est la devise de nos sociétaires)
viennent de conclure avec les directeurs
des grandes scènes parisiennes un acte
d'association véritable et durable.
C'est de cette entente aujourd'hui par-
faite qu'est sortie l'indispensable résolution
que l'on sait, qui ne pouvait demeurer se-
crète une heure et qui s'est, en effet, ré-
pandue dans Paris avec une impression-
nante rapidité.
Le billet de faveur est supprimé. Et mal-
gré les plaisanteries intéressées — très in-
téressées — malgré les tentatives ébauchées
déjà d'intimidation, cet odieux abus ne revi-
vra pas.
Samuel, le directeur des Variétés, fait ce
calcul, assez vraisemblable, qu'il se distri-
bue, chaque année, un nombre de faveurs
tel, que les mêmes places prises au bureau
et contre argent, augmenteraient les recet-
tes d'environ cinquante millions de francs.
L'on admettra sans peine que ce scandaleux
déjuge d'invitations, arrêté, la majorité des
bénéficiaires ne renonceront pas au specta-
cle,et qu'ils feront, pour y assister, ce qu'il
est légitime qu'ils fassent. Ninsi, une nota-
ble fraction des millions de Samuel tombera
dans les caisses des théâtres ; cette manne
comblera, sans doute, pour certains direc-
teurs, le déficit dont ils allaient mourir. Et
ceux qui vivent, mais tout juste et une vie
Périlleuse, peuvent espérer d'honorables re-
traites, au lieu de la paille sur laquelle ils
finissent trop souvent, après tant de labeurs
et de risques.
Laissons là les comptes fastidieux. A
quoi sert de prouver l'évidence? Je tiens,
avec tout homme impartial, que la cause
du théâtre vient de remporter la plus écla-
tante de ses victoires.
Et que les vaincus sont donc peu intéres-
sants ! On les connaît, les fervents du billet
de faveur!. Ah! le joli public!.
C'est dans les avant-scènes, les abonnés
nobles, chics et ennuyés d'un grand journal
snob.
C'est aussi le parvenu splendide, débor.
dant, rutilant, l'heureux de ce monde, le ma-
lin et le fort, celui qui a fait argent de tout
et qui fit tout payer, mais qui décrète que
payer au théâtre est trop « idiot », vrai-
ment!.
C'est, en face de telle œuvre; d'artiste,
le hideux « bon gros », bâillant immensé-
ment au bord de sa loge gratuite, et bramant
dès l'entr'acte, que « ces affaires le font
suer et que ce n'est pas encore celle-là qui
dégottera le Caf' Conc' et Dranem! »
C'est le tapeur anguleux, bilieux, bino-
cleux qui se tient pour avili d'avoir, àTœil,
écouté tel innocent vaudeville; et qui pu-
bliera — il vous en fiche' volontiers son
billet! — sa franche opinion sur cette « or-
dure »
Mais notre réforme frappe surtout des
voleurs!. Oui, oui, oui, tant de voleurs!.
Nous en savions de belles, et depuis
un mois, nous en avons appris de plus
belles encore!. J'imagine la rage du demi-
journaliste qui, chaque jour, sollicite et ob-
tient les huit ou dix places qu'il vendra. Ils
ne se comptent plus, ceux qui font la tour-
née. quotidienne des théâtres; et qui consti-
tuent autant de petites officines, à l'instar de
la grande maison de la rue Drouot.
Et ce brave secrétaire qui donnait dés fa-
veurs par liasses (et en échange d'un peu
d'argent).
Et ces plus braves employés des grands
établissements de crédit. Le soir, ils font
métier d'inspecter les salles pour augmenter
leur salaire et, lâchés sur la voie des aug-
mentations, ils monnaient régulièrement le
service que leur assure le bon cœur direc-
torial.
Et certains artistes, même.
Mais non! Tout cela est assez triste et un
peu dégoûtant. Il vaut mieux tairs ce que
les enquêtes ont révélé.
Aussi bien, nous voici débarrassés des
trafiquants et des sous-trafiquants, de tous
les voyous qui spéculèrent sur notre fai-
blesse, sur notre bienveillance, sur le succès
douteux d'une pièce, sur les exigences va-
niteuses de certaines vedettes. Nous pré-
voyons toutes les mauvaises humeurs et
nous nous en moquons.
Aux arguments falots qu'on nous oppose
déjà, succédera, je le gage, la rengaine sen-
timentale. Il sera parlé avec émotion de
l'étudiant pauvre et de la pauvre ouvrière,
privés du grand plaisir de la semaine, de
leur seule joie!. Eh bien! ce n'est pas
vrai!.Ceux-là ne tapent jamais. Et, - d'une
autre essence que le larbin en habit ou que
le petit bourgeois honteux, qui mourraient
de n'être pas dans des fauteuils, — ils grim-
pent au cintre et forment le cher, l'enthou-
siaste, le compréhensif public despetites
places. ■ ■*'
Puisque nous réfutons par avance, nous
voulons, avant de clore, démolir une der-
nière mauvaise raison. L'on a publié que
la nouvelle législation serait dure aux piè-
ces accueillies, à moitié bien, qu'elle trans-
formerait en fours irrémédiables les demi-
succès. Quelle bêtise! Je suppose que nos
confrères en auront fait justice sur l'heure.
Ce sont les moeurs actuelles qui abrègent
brutalement les carrières hésitantes. Qu'une
œuvre ne s'impose pas, qu'au lendemain
d'une première le'bureau de location ne soit
pas assiégé, et aussitôt,-sur Paris, pleuvent
les faveurs criminelles!. De ceci,, un,-pu-
blic roublard estaverti. Il attendait. Il n'at-
tèndra plus.
Dès la saison prochaine, le théâtre pari-
sien connaîtra une prospérité qui sera la
plus'belle des réponses et des récompenses.
Henry BERNSTEIN.
Demain soir, au Théâtre Femina
, de jeunes artistes, sous les auspices de Comœdia
M. TAUFFENBERGER -
verront les feux de la rampe
aux côtés de
DRANEM, Uliann GREUZE,
MAYOL, Boyer de LAFORY,
TAUFFENBERGER
Chaque jour, depuis que nous avons
pris l'initiative, pour défendre et mettre en
lumière les jeunes acteurs, d'organiser une
sorte d'audition devant le grand public, de
précieux concours nous ont été offerts.
Car, malgré ce qu'on croit et ce qu'on
raconte si méchamment, la solidarité n'est
pas rare dans , le., monde des coulisses, et
la grande cause de l'art trouve toujours
pour la servir des dévouements désinté-
ressés. - ,;',' -*
Successivement, < nous avons reçu l'adhé-
sion de: ; ,
Mlle GERMAINE DALBRAY, du théâtre de
la Monnaie ;
De Mme BOYER DE LAFORY,.de l'Opéra-
Comique ;
De Mlle LILIANN GREUZE, du Gymnase ;
De Mme REAUCET-BANÈS, la délicieuse
chanteuse de genre;
De M. GOSSE, le joyeux troupier;
De LA BELLE OLIDO, la séduisante dan-
seuse espagnole ; : ■, , •
Enfin
DRANEM
le tQidu rire au café-concert, et
MAYOL
le roi incontesté de la romance, ce joli
genre si français.
Aujourd'hui, nQus pouvons annoncer, en
outre, que nos spectateurs auront la joie
d'entendre et d'applaudir
M. TAUFFENBERGER
qui a conquis une véritable célébrité pour
l'admirable science avec laquelle il guide
sa jolie voix de ténor. M. Tauffenberger
est à la fois un chanteur et un comédien
de tout-premier ordre. Il a voulu mettre, lui
aussi, l'appui de son talent au service, de ses
jeunes camarades, à rendre notre représen-
tation absolument exceptionnelle.
Nous avons dif que, malgré l'éclat tout
spécial de notre programme, nous avions
pu maintenir le prix des places à:
CINQ FRANCS pour les places de loges,
Et à TROIS FRANCS pour les fauteuils
d'orchestre.
Il restait, hier soir, encore quelques fau-
teuils. Nos lecteurs pourront venir aujour-
d'hui les louer à nos bureaux, nous le con-
seillons vivement à ceux qui désirent as-
sister. demain soir, à notre fête, car la
salle Femina est très jolie, mais un peu
petite, et nous craignons de ne pas pouvoir
y placer tous ceux qui s'intéressent à nos
efforts vigilants pour la cause des jeunes.
Une entreprise
immorale
C'était inévitable; dès l'instant qu'une
nouvelle porte ouverte s'offrait à son 'acti-
vité, M. Bérenger s'empresse de l'enfon-
cer. Nous ji'àttêtMfùs ytts m:~S~~
clairvoyance et de son initiative qui, sym-
bolise de la façon la plus exacte les idées
en honneur dans l'administration française.
Vous savez, en effet, que, pour notre
Administration, tout Français majeur et
jouissant de. ses droits politiques -doit être
considéré comme ne le serait pas en Angle-
terre un enfant de huit ans, aussi bien
s'occupe-t-on de ses moindres actes avec
une infinie sollicitude. Dans les wagons
du Métropolitain, des avis nous apprennent
qu'il est interdit de sortir des voitures < en
enfonçant la porte -verrouillée, qui se trouve
à contre-voie et en se jetant sur. le rail élec-
trique. Le même avis, en brutes clairs,
nous apprend qu'il faut sortir de prétérèn-
ce du côté du quai ; lorsque le ! train est
arrêté en gare. :
D'autres avis nous.apprennent qu'il est
dangereux d'enjamber le parapet des ponts
et de se jeter dans la Seine, d'autres nous
menacent d'amende si nous nous aventu-
rons avec un tilbury sur une ligne de che-
min de fer.
Tout est prévu en France, tout est soi-
gneusement agencé et, dans de pareilles
conditions, nous ne pouvions échapper à
la réglementation de tputes les manifesta-
ttettè nrlistiqaes: ~:
Il semblerait cependant que dans un
pays comme le nôtre, le bon sens devrait
suffire pour régler toutes ces questions.
Or, il est une chose très certaine, c'est
que depuis le début de la saison — tous
les hommes de bon goût pourront le re-
connaître - le Nu qui nous a été pré-
senté sur plusieurs scènes parisiennes n'a
pas été, quoi qu'on en dise, ni de près ni
de loin, contraire aux bonnes mœurs, et
il n'est point une seule personne de juge-
ment sain qui ait pu s'en offusquer sérieu-
sement.
Nous sommes d'autant mieux placés
pour le dire ici même que, les premiers
dans Comœdia, nous avons signalé cette,
évolution nouvelle en rappelant quelles
étaient les limites qu'il convenait de ne
point dépasser et en signalant les abus pos-
sibles pour l'avenir.
Le jour où ces abus se produiraient,
nous serions les premiers à le dire, mais
ils ne se sont pas produits; cela suffit pour
que la campagne actuellement entreprise
soit absurde au premier chef, contraire à
tous nos intérêts artistiques et des plus im-
morales puisqu'elle égare le jugement de
nos contemporains.
Nos rues et les devantures de nos bou-
tiques abondent, en effet, en spectacles
immoraux et parfaitement répugnants, par-
ce qu'ils sont laids, bêtes, antiartistiques
et qu'ils affaiblissent le prestige de notre
pays. Tolérer ces monstruosités et pi ur-
suivre, ail' contraire. toute tentative artis-
tique, c'est énerver l'opinion, c'est faire
œuvre immorale au premier chef. M. Bé-
ranger, dans l'intérêt de la Morale, devrait
le mieux comprendre.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Cet après-midi,à une heure. trois quarts,
à la Comédie-Française, répétition générale
de Simone, pièce en trois actes, en prose,
de M. E. Brieux.
Ce soir; à huit heures un quart, à l'Am-
bigu, première représentation de Les Pier-
rots, drame en cinq actes et sept tableaux,
de Gustave Grillet.
L
e désert repeuplé.
C'est dit, demain ce sera fait: Brieux
va se défaire de sa Thebaïde d Agay.
Le motif? Oh' c'est bien simple: Jadis,
au moment où l'auteur de Simone y ins-
talla son nid de repos et de silence, la côte
de l'Esterel était un endroit sauvage, es-
carpé, désert, propre éminemment à la
rêverie, à l'étude, .au travail.
Depuis que le Touring Club a fait cons-
truire, de Saint-Raphaël à Cannes, sa fa-
meuse route de la Corniche, Agay a changé
d'allure - et comment!
Et maintenant c'étaient des caravanes
d'oisifs, de Parisiens amis en déplacement
automobile sur la Côte de Lumière, qui
venaient assiéger la demeure du sage.
« Si nous allions dire bonjour à Brieux?
C'est à deux pas! »
Ej l'on y allait, hélas!
Il n'est pas jusqu'à des misses anglaises
ou américaines qui, dès sept heures du
matin, ne soient venues se suspendre au
cordon de sonnette du maître dramaturge
p£)ur lui. demander un autographe! -
C'est fini. Désormais, Brieux ira deman-
der aux horizons du Loiret le silence et la
paix indispensable à son labeur.
c
onscience.
Il. est dans un théâtre, aux mises
en scène complexes, un artiste a qui est
dévolue la mission délicate, mais modeste,
de faire la vague, ou encore l'écho, et quel-
quefois les cris de la foule venant de la
rue.
Son ambition serait de faire partie de la
figuration, d'où l'exclut à jamais un phy-
sique impossible. ;
On le rencontre, ces jours-ci, clamant
derrière un décor, costumé et maquillé,
prêt à paraître en scène.
Et comme on le félicitait de cet avance-
ment, qui, sans doute, comblait ses vœux:
— Non, répondit-il simplement, je fais
toujours les bruits de coulisse. Mais, son-
gez, si le décor venait à tomber!
]
1 travaille.
Pendant les entr'actes du Chevaliei
d'Eon, le soir de la répétition générale,
les couloirs sont envahis de la foule grouil-
lante, obligatoire en pareille circonstance.
Potins, félicitations, débinages.
Seule, une loge est silencieuse. Muet et
calme. M. Huguenet, assis devant sa table
à maquillage, semble prodigieusement in-
téressé par la lecture d'une brochure de
petit format.
Et. tandis qu'on entend un peu confu-
sément les flons-flons assourdis de l'or-
chestre qui prélude déjà, M. Huguenet,
que son « entrée » ne presse pas encore,
s'absorbe dans l'étude de Tartuffe.
C
hevaux d'hiver.
On sait que, sous la direction per-
sonnelle de Guillaume II. l'Opéra-Royal de
Berlin prépare un ballet assyrien tiré de
Sardanapale, avec défilé de cavaliers. Ce
que l'on sait moins, c'est le véritable motif
de cette mode de pièce militaire ou pièce
à figuration militaire, qui a sévi de façon
véritablement intense durant toute la sai-
son,
C'est bien simple. Le kaiser possède
près de cinq cents chevaux qui, très occu-
pés pendant l'été, chôment, mais mangent,
l'hiver venu. Comment les occuper de fa-
çon lucrative.
Alors, tout doucement, on fit compren-
dre aux directeurs de théâtre. qu'ils se-
raient bien avisés, vu les probables con-
flits marocains, de stimuler le réveil d'un
patriotisme somnolent par la mise en scène
de drames héroïques avec défilés de ca-
valiers, fanfares, coups de fusil, etc. On
trouverait, à des prix doux, d'excellents
chevaux chez l'empereur lui-même.
On comprit. Et voilà.
L
es nombreux vols de bijoux commis
récemment ont effrayé beaucoup d'ar-
tistes, qui se sont empressées de les ven-
dre à Dusausoy, expert, 4, boulevard des
Italiens, qui leur a payé très cher. Grand
choix d'occasions.
L
e petit coin de terre où je suis né.
M. Emile Fabre, qui revient de
voyage, a lu à M. Gémier sa nouvelle
pièce: La Maison du Bonheur. Elle doit
être représentée au commencement de la-
saison prochaine. On peut remarquer qu'a-
près chaque voyage - M. Fabre rentre avec
une pièce achevée.
En 'effet, l'auteur dë'ta Vie pûbUqne
ne travaille que peu ou guère à Paris. Dès
qu'il projette de faire une comédie, il se
réfugie à Marseille, où il est né, où il a
grandi, où il a formé son talent et cultivé
son esprit. Là, dans l'intimité d'un cadre
si familier, il retrouve toute sa nervosité,
toute sa vigueur, toute son inspiration
d'auteur dramatique.
Il voulut même louer de nouveau le pe-
tit logement qu'il habitait alors qu'il était
jeune et qu'il travaillait ardemment à ébau-
cher des drames tout au moins shakes-
peariens.
Mais ce minuscule appartement était
déjà occupé par un tailleur.
v
estiaire.
Les premières tiédeurs du printemps
qui mettaient, hier, dans I.air, comme une
fête, invitaient à la promenade.
Aussi ne fûmes-nous pas étonnés d'aper
cevoir, nonchalant et flâneur, sur sa somp-
tueuse automobile de la marque C. G. O. —
Compagnie générale des Omnibus — le
poète René Fauchois tenant près de lui un
élégant petit paquet.
Dès qu'il nous avisa, il descendit de sot
siège, et nous invita à goûter de compagnie
le plaisir des voyages à pied.
Et comme son petit paquet le gênait, noua
lui proposâmes de s'en défaire en l'aban..
donnant sur la route.
— Je ne peux pas, nous répondit-il, c'est
un costume doublement historique, appar-
tenant à l'Odéon. Antoine a bien voulu me
prêter la tunique de Jules César pour Jésus-
Christ, dans La Fille de Pilate. -
M
aurice, l'aimable propriétaire du fa-
L meux restaurant Lapré. est en train
de conquérir une réputation égale à celle
de Vatel.
Les mets, qu'il prépare savamment, sont
exquis, et sa cavé, justement réputée, est
incomparable. -
0
n prétend que la perfection n'existe
pas en ce monde. Nos élégantes af-
firment cependant qu'on la trouve dans le
cc Paradisia », le délicieux parfum de Gellé
Frères. S'en servir une fois, c'est ne plus
pouvoir s'en passer.
L
es voitures de différentes marques se
disputent la clientèle de nos gracieu-
ses artistes les plus en vue.
Mais, est-il besoin de le 'dire? c'est au-
tant pour sa robustesse que pour son éfié-
gaope que la Delaunay-Bellevilie réunit
tous les suffrages.
A
u Dîner des Théâtres, chez Cham-
peaux, se retrouvent tous les soirs
mondains, mondaines, gens de lettres, ar-
tistes, venus là pour faire honneur au dé-
licat menu que compose à leur intention
le fameux restaurateur.
NOUVELLE A LA MAIN
N
oblesse.
., Un de nns plus iennes pt nlnct an-
plaudis vaudevillistes serait, paraît-il, sur le
point de modIfier son nom. Le succès du
nouveau spectacle de la Perte-Saint-Martin
lui a donné l'idée de signer désormais ses
pièces: le chevalier Mouézy d'Eon:
Le Masque de Verre.
Nous puerons demain un article de
HENRY KISTEMAECKERS
M. Huguenet (Henri Manuel, phot.)
A LA PORTE SAINT-MARTIN. — « LE CHEVALIER D'EON » (4* acte).
(Le Photo Programme)
MNk
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0. 'Thévèntt
Or. «UiMr a-I-auna,r
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