Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-04-05
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 avril 1908 05 avril 1908
Description : 1908/04/05 (A2,N188). 1908/04/05 (A2,N188).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76465721
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
i* Année. « Jf" (Çuoftâteû)
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ÊS Numéro $ § centimes
Dimanche 5 Avril 1908J
«H a^.H^9 K,. ïiÈ;'^| ^oLflmK:;';;" Rédacteur en Chef : G, de PAWLOWSJKt
- l -
, RÉDACTION & ADMINISTRATION 8
ê
27, Souleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE ; 288-07
Adresse Télégraphique : C0MŒDIA>PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN a mois
Paris et Départements 24 fr. 12Cr.
Étranger ..•..•••• 40 a 20 a
-
\, RÉDACTION & ADMINISTRATION ?
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE: 288-07
adresse Télégraphique : COMŒDÎA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 8 MOIS,"
- -
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 d 20 a
PAYSAGES ANIMÉS
Ames
d'Artistes
L'arroseur
Dès l'abord, elle pourrait effrayer, la
maigre silhouette de cet homme qui,
péniblement, s'avance entre les arbres.
Voyez, mon Dieu! Quelque terrible
bataille s'est-elle donc déroulée près
d'ici? On dirait que ce malheureux
traîne derrière lui ses entrailles et mar-
che courbé par la douleur.
Mais non, ce spectacle horrible vous
laisse insensible et j'aurais mauvaise
grâce à vous en accuser, puisque, dès
le titre, j'eus soin de vous avertir qu'il
ne s'agissait, en ces lignes, que d'un
modeste arroseur.
a.
L'arroseur assujettit fortement au
bord du trottoir la queue de son inter-
minable lézard à roulettes. Il n'en faut
pas plus pour provoquer chez ce pauvre
animal de terribles maux de cœur.
Mais l'homme, plein de sollicitude,
s'est élancé et, maintenant, il lui relève
et lui tient la tête.
Si, par hasard, les promeneurs pas-
sent trop près, l'arroseur, par politesse,
met sa main devant la bouche du lézard
et en fait un écran.
Ce sont de bons offices entre vieux
amis. L'arroseur semble dire: « Il est
un peu malade, n'y faites donc pas at-
tention. »
L'arroseur est un grand artiste. Le
blanc trop voyant de la chaussée le gêne
et, petit à petit, il l'estompe. De-ci de-
là, il met une touche et enlève avec in-
sistance les empâtements jaunes dus au
mauvais goût des chevaux.
Il trouve le paysage joli et pense qu'il
est temps de le vernir. Et, dans la fiè-
vre de ce grand travail qu'il achève,
c'est à peine s'il remarque les figures
hostiles, en masques japonais, des chauf-
feurs qui passent auprès de lui.
Parfois, discrètement, il arrose les
jambes poussiéreuses d'un vieux cheval,
^ttîs le tet se Tcîtvc, s'irise ay S0I$[1 est
semble, au-dessus de la terre, former un
diadème. -
Marbré de lumière dans l'ombre des
arbres, un équipage arrive au grand trot.
Va-t-il donc passer sous ce porche? Le
cocher doit être moins rassuré qu'il n'en
a l'air. Mais d'un mouvement brusque,
l'arroseur a fermé "sa lance et les deux
chevaux s'ébrouent en passant très vite
dans la poussière d'un arc-en-ciel.
Les enfants se sont arrêtés de jouer.
Ils se rendent parfaitement compte de
leur infériorité et n'essayent même plus
de lutter en présence de l'incomparable
jeu de l'arroseur.
Tacitement ils reconnaissent que,
seul, l'arroseur a le droit de diriger le
jet, mais ils revendiquent pour eux-mê-
mes la canalisation des fuites et l'exploi-
tation de la prise d'eau. Bientôt même,
ces simples restes ne suffisent plus à un
gamin qui s'enhardit au point de mar-
cher sur le tuyau. Il s'efforce d'arrêter
l'eau et défie l'arroseur avec le peureux
espoir d'une bonne douche dont il ne se-
rait pas responsable devant le tribunal
maternel. *
Mais, dédaigneux, l'arroseur se dé-
tourne à peine, absorbé qu'il est dans les
multiples combinaisons de son jet d'eau.
Alors, rongé par la jalousie, le gamin se
soulage en fantaisie devant un arbre à
la façon de l'arroseur. Mails, hélas! que
peuvent ses faibles moyens personnels
comparés aux inépuisables ressources
de son concurrent?
Enfin, l'arroseur a fini son travail. La
chaleur monte encore du sol mal éteint,
une lourde chaleur d'orage qui ne fait
rien présager de bon.
Au ciel, les nuages noirs se réunissent
en conseil de tous les coins de l'horizon,
mais les nouvelles doivent être mauvai-
ses car les éclairs se succèdent, espa-
cés, semblables à des clignements d'yeux
ou à des battements d'ailes. On essaie
bien, là-haut, d'allumer quelques lam-
pes, car le temps devient sombre, mais
l'électricité fonctionne mal et vacille
sans se fixer.
Les bicyclettes, modernes hirondelles,
filent vite en rasant le sol, ce qui, cha-
cun le sait à Paris, est un signe précur-
seur de la pluie.
Enfin, une à une, les larges gouttes
tombent sur la chaussée, pareilles à des
sous de plomb. Feraient-ils donc, au
ciel, de la fausse monnaie?
Encore quelques centaines de pièces,
messieurs, et nous allons commepcer!
Le public se range, comme pour la
parade, de chaque côté du boulevard,
sous les portes cochères. v
Seul l'arroseur reste calme.
Satisfait, sa tâche accomplie, il allume
une pipe en attendant l'orage.
Il n'est point envieux et ne regrette
rien. Il a toute la bienveillance des an-
ciens maîtres pour les essais des jeunes
et pense que c'est bien au tour des au-
tres de travailler un peu.
Tout à l'heure, devant l'arc-en-ciel,
il aura même le sourire indulgent d'un
leurseur.
Et puis, pour tout dire, au fond de sa
conscience timorée, il n'est pas fâché
de voir peu à peu s'effacer sous l'aver-
se une partie du boulevard qu'il avait
quelque peu négligée.
Le raccommodeur
Comme le grand Léonard, ce vieillard
n'aime point à se spécialiser; ses vues
sont plus larges et plus hautes; il rac-
commode également le verre, la faïence
et la porcelaine.
Petite pomme de terre égayée d'un ta-
blier blanc, une bonne, en hâte, descend
les morceaux d'un vase qu'à défaut d'é-
ventail, elle brisa d'un coup de plumeau.
Le vieillard recueille ces précieux débris
et, semblable à une araignée enfin re-
pue, il s'éloigne au coin de la cour sous
la porte cochère.
Et, tout de suite, il aiguise sa pointe
et se met à percer.
Il s'est assis sur sa caisse de bois, ja-
dis blanc, et, en archéologue conscien-
cieux, il reconstitue avec patience l'objet
d'art qu'il tient entre ses mains.
>. -A première vue, il est facile de voir
que ce vase n'appartient pas à la période
étrusque; son style le classe plutôt par-
mi les objets néo-japonais de nos grands
bazars. Mais qu'importe la matière pour
un artiste épris d'idéal? Un grand pein-
tre espagnol ne fit-il pas, un jour, un ta-
bleau avec de la boue?
Le vieillard à longue barbe ne s'ar-
rête pas à ces vaines contingences; ar-
mé d'une vrille, il perce, perce.
L'acier grince et tourne obliquement
dans l'émail, troue la porcelaine et ne
la traverse pas. Chaque morceau du va-
se est bientôt grêlé; on dirait que des
cirons ont passé par là. Ce faible vieil-
lard surprend ; les corps les plus durs
ne lui peuvent résister, il semble les pé-
nétrer sans effort. Et, dès lors, on ne
s'étonne plus de voir ses bottines et son
vieil habit troués en mille places. Per-
cer d'aussi minces objets ne dut être
pour lui qu'un jeu d'enfant.
La foule, comme toujours, indifférente
aux artistes, passe insouciante. Un chien
s'arrête un instant, méprise la boîte vé-
néraM© ©t o'*gn©. S~-~Ba~MW p~-
tPe; portant son troupeau dans ses che-
veux, s'attarde pensif et médite en lui-
même l'apprentissage possible sur les
vases paternels du merveilleux métier
qu'il voit exercer.
Maintenant, le vieillard fantasque, fa-
tigué de percer, mange du fil de fer. Il
le tord, il le pince, il l'avale, puis le
rejette.— Rapide, la petite pomme de ter-
re regarde en passant où en est le vieil-
lard. Mais lui, tout à son œuvre, ne la
voit plus. Rien ne saurait le distraire,
car le moment décisif approche.
Comme un Chinois, armé de petits
bâtons blancs, fouillant parfois avec une
allumette dans un flacon inépuisable, il
colle et assemble les morceaux. Déjà, le
perroquet jaune, entouré de roseaux
verts, disparaît sous l'enduit, un fil de
fer dans l'œil. Le petit Japonais, por-
teur de seaux, lui non plus, n'est pas
épargné, le corps marbré de lignes blan-
ches.
Mais le vieillard voit plus haut et plus
loin. Depuis une heure qu'il travaille
sans prendre de repos, les débris infor-
mes se sont réunis, et peu à peu, le
vase renaît sous ses doigts agiles. La
sueur perle sur son front, elle perle
même plus bas sur sa moustache et
glisse lentement dans sa barbe décolo-
rée. Le génial vieillard n'y prend pas
garde, l'imminence du succès le grise, il
touche au but : il y est.
* *
Venez, petite pomme de terre ingrate,
venez reprendre votre vase, ne craignez
plus la colère de vos maîtres. Dans les
mains enchantées du veillard, la porce-
laine a réuni ses morceaux épars : mille
petits fils la retiennent maintenant, plus
solide qu'avant. Et, certes, le travail mi-
nutieux et délicat de ce prodigieux ar-
tiste ne saurait être trop payé. Ne lui
fallut-il pas plus d'habileté et de soins
pour raccommoder ce pot qu'il n'en fal-
lut au potier pour le faire?
Venez, le vase est fini !
Et c'est abominablement laid.
G. de PAWLOWSKI.
Nous publierons demain un article de
PAUL DOLLFUS
Échos
Ce soir, à neuf heures, aux Capucines,
répétition générale de Le Coq d Inde, opé-
rette en deux actes, de M. Rip, musique de
Claude Terrasse, et De cinq a six, comédie
en un acte, de M. P. Cloquemin.
H
histoire de titres.
i k Nous avons annonce le très pro-
, "'-..,.- In CO-
chain spectacle que prépare, PUUl m
maine sainte, le Théâtre des Arts. Il s agit
d'un drame en vers de René Fauchois, l'au.
teur de Beethoven, actuellement à I'Odéon.,
Titre: La Fille de Pilate.
Or. hier, le poète reçut une coupure
d'un des grands confrères de province por-
tant à la connaissance de ses lecteurs la fu
ture première de La Fille du Pilote! Quel-
ques lignes, tombées sans doute à la com-
position, devaient donner les détails néces-
saires sur ce drame nautique autant que
peu sacré !
Espérons que l'auteur saura adroitement
mener sa barque sur les flots mouvementés
de la critique. Fluctuat nec mergiturl
Il est vrai qu'une jeune actrice, qui ne
put d'ailleurs trouver place dans la distri-
bution de la pièce, était précédemment ve-
nue demander à M. René Fauchois s'il
n'aurait point un rôle pour elle dans La
Fille du Pirate!. de la Savane, sans doute!
L
., -
'autre souffleur.
Décidément, le souffleur dont nous
avons parlé l'autre jour ne constitue pas
un phénomène dans l'honorable corpora-
tion à laquelle il appartient.
On nous cite ce trait d'un de ses collè-
gues dans un théâtre des boulevards, très
voisin du premier.
A la dernière répétition générale, une
toute jeune actrice est frappée d'une ab-
sence de mémoire, qu'un long silence, sou-
ligne cruellement. Vains appel? et gestes
expressifs au souffleur. Rien n'y fait. Ce-
lui-ci, dans son trou, reste le spectateur in-
téressé mais silencieux de cette détresse
momentanée.
L'artiste réussit à se tirer seule de ce
cruel embarras. Mais, à la fin de l'acte, çile
se dirige furieuse vers le souffleur qui, tout
souriant, prend les devants: « Tous mefe
compliments, Mademoiselle. C'était bien
mieux qu'aux répétitions. Le temps que
vous avez pris a fait un effet!! »
FAUSSES NOUVELLES EN TROIS LIGNES
Plusieurs théâtres du boulevard vienneni
d'installer un nouveau poste de location au
bureau de tabac de la rue Drouot.
Les chapeaux, les billets de faveur, les
répétitions générales et la longueur des en*
trJactes vont être radicalement supprimés.
A la soirée d'adieu de Mme Dudlay, aux
Français, on applaudira Dranem, Montéhus,
Mayol, Sulbac et Mlle Mistinguett.
M. Polin, interprète de Ma Générale, re-
mettra une médaille à M. Claretie, au nom
des vétérans des Armées de terre et de mer.
M. Sacha Guitry, devant toutes les diffi-
cultés dont le métier dramatique se hérisse
pour les jeunes auteurs, renonce au théâtre.
Mme Sarah Bemhardt intenté un pfocèsà
MM. Bergerat et Fraudet pour n'avoir pas
retouché Plus que Reine et La Nuit peryerse.
La pièce n'ayant pas répond aux espé-
rances de la direction de Déjazet, M. Rolle
annonce les dernières de Tire au Flanc.
L
es Burgraves.
f M. Gilbert Dalleu, l'excellent artiste
du Théâtre Antoine, possède une famille
dons les membres ont tous entre quatre-
vingt-dix et cent ans, et qui portent cet âge
le plus allègrement du monde.
Lorsque ces burgraves sont réunis à ta-
ble et que le pensionnaire de Gémier, dont
l'âge frise la cinquantaine, veut prendre la
parole, Mme Dalleu, une admirable vieille
de quatre-vingt-cinq ans, interrompt ainsi
son fils, dont le crâne commence à se dé-
nuder:
-- Tais-toi. ieune homme; tes cheveux
n'ont pas encore fini de pousser!
u
tj~"
n douloureux rapprochement.
La vie a de bizarres et cruelles ren-
contres.
Il y a quelque dix ans, le fameux comé-
dien Dumaine — une des gloires dramati-
ques du XIXe siècle — avait accepté de
donner au théâtre de Grenelle quelques re-
présentations du Chiffonnier de Paris, de
Félix Pyat.
Le soir de la première représentation fut
attristé par une catastrophe. Dumaine mou-
rut subitement.
On le fit doubler au pied levé par ce pau-
vre Armand-Marie, mort l'autre jôur au
théâtre Cluny, en sortant de scène, dès le
début de la répétition générale.
Macabre ironie du destin, mélancoliques
jeux de la mort et du hasard!
L
a santé de Coquelin cadet.
Il allait mieux et ses nombreux amis
se réjouissaient avec nous à l'idée que peu
à peu l'illustre comédien revenait à la santé.
Les dernières nouvelles qu'on donne de
lui ne sont pas bonnes, hélas! et il nous
¡faut bien le dire: Coquelin cadet va plus
mal et donne de sérieuses inquiétudes à son
entourage.
Nous voulons cependant espérer que cet-
te aggravation n'est que passagère.
L
es liaisons dangereuses.
Après d'Annunzio. à qui elle inspira
ses plus beaux poèmes, La Duse a décou-
vert un jeune dramaturge, qui assassina il
y a trois ans un avocat connu et attend que
s'ouvrent enfin les débats de son procès.
Pendant cette longue détention il a écrit
une tragédie moderne intitulée Anangké,
où il décrit la crise d'où il sortit meurtrier.
La vigueur de cette analyse et le talent
qu'elle révèle ont enthousiasmé La Duse.
Elle a accepté le drame et en jouera le rôle
principal. Comme artiste s'entend.
Le jeune dramaturge, hier inconnu et :1.0.-
iourd'hui célèbre dans toute L'Italie, s'ap-
pelle Guido Casale.
Jeunes auteurs qui souhaitez la gloire,
voilà comment vous devez vous y prendre.
Assassinez un avocat.
A
éditions. --
Avril ne ramène pas seulement les
bourgeons-d'un tendre vert-pâle aux bran-
ches des marronniers, les pluies tièdes, les
soirs clairs et les pardessus de demi-saison.
C'est aussi le premier mois des auditions.
Pendant ces quatre semaines humides et
pendant tout le-joli mois de mai, les direc-
teurs vont accorder quelques après-midi à
la foule des jeunes artistes qui sollicitent
des engagements.
Hélas! que j'en ai vu auditionner, de
jeunes filles !
Elles viennent en troupes serrées. Il y en
a de désinvoltes, vêtues tapageusement,
coiffées de plumes gigantesques; il y en a
de modestes qui rougissent timidement, il y
en a qui sont au Conservatoire et paraissent
sûres d'elles, il y en a que leurs mères ac-
compagnent, il y en a qui viennent avec
lenr « ami ».
Les hommes sont plus uniformes. Les
uns portent avec fierté d'élégants vête-
ments, les autres dissimulent avec gêne les
faux plis d'usure de leurs pantalons, mais
tous paraissent résolus, méprisants et cal-
mes.
Et ils défilent monotonement du théâtre
Antoine au Vaudeville, de I'Odéon à l'Athé-
née. Ils finissent par se connaître, car ils se
retrouvent toujours les mêmes - ceux que
l'on n'engage jamais.
u
n joli bijou se vend très facilement et
très cher chez Dusausoy, expert, 4,
boulevard des Italiens, qui acheté au
comptant. Il vend aussi de belles occasions.
L
ettre ouverte.
De M. Gabriel de Lautrec, spirituel
humoriste, cette boutade:
Lettre ouverte à M. Gaston de Pawlowski,
rédacteur en chef de Comœdia
Mon cher directeur,
Ce serait une banalité que de dire que rien
de ce qui concerne le théâtre n'est étranger à
Comœdia. Ce journal se fait l'écho de tous les
abus et; soutient toutes les revendications légi-
times. Que de fois il a eu à protester, après
tant d'autres, contre la longueur démesurée des
entr'actes !
Je ne vais guère au théâtre qu'une fois tous
les dix ans, comme les Expositions universelles.
Aussi, mes réflexions dramatiques peuvent man-
quer d'actualité. Mais peut-être vous rappelez-
vous qu'il y a une ou deux semaines on joua
une pièce de Tristan Bernard, intitulée Les Ju-
meaux de Brighton. Je vais toujours voir (est-
ce pour qu'on me croie un homme d'esprit?)
les pièces de Tristan Bernard.
La pièce est très amusante. Je n'ai pas re-
gretté mon argent, d'autant plus que je n'avais
pas payé. Mais quelle n'a pas été ma stupeur,
à moi qui croyais que Tristan Bernard était,
lui du moins, l'ennemi des vieux abus ! Entre
le premier et le second acte de sa pièce, il s'é-
coule, d'après le programme officiel, trente-
neuf ans!
Je sais bien que l'auteur, avec une certaine
dupUcité, intitule son premier acte prologue.
Ce n'est là qu'un subterfuge. Nous appellerons
l'entr'acte un entreprologue, s'il le veut, cela
ne change rien à la gestion. ----
Nous acceptions, tout en protestant, des en-
tr'actes d'une heure ou deux. Maïs trente-neuf
ans. c'est vraiment exagéré.
A moins qu'il ne faille voir là qu'une plai-
santerie d'humoriste, un défi porté aux vieilles
règles classiques par un auteur jeune et auda-
cieux ?
Veuillez agréer, mon cher directeur, l'expres-
sion de mes sentiments les meilleurs.
Gabriel DE LAUTREC.
A ntoine est dans la salle.
Une spirituelle fantaisie d'André
Mycho initiait, l'autre jour, les lecteurs, de
Comœdia au trouble qui agite les petits
théâtres quand, par hasard, un directeur
est dans la salle ou quand on pense qu'il
s'ytrouve.
Malgré la fantaisie de son dialogue, An-
dré Mycho n'avait rien inventé.
La semaine dernière, un jeune acteur de
Déjazet, qui joua jadis, sous la direction de
M. Antoine, un petit rôle dans la Fille Elisa
ou dans quelque autre pièce à grand spec-
tacle, aperçut, par le trou du rideau, un
monsieur rasé qu'il prit pour le « grand
patron ».
Aussitôt, il avertit charitablement ses ca-
marades:
— Antoine est. dans la salle, je l'ai vu.
II est à l'orchestre!
Et il montrait à tous un honnête négo-
ciant qui ne se doutait certainement pas
de l'admiration très flatteuse avec laquelle
on le regardait de l'autre côté de la salle.
.Ce soir-là, les artistes du théâtre Dé-
jazet, jaloux de faire la conquête du « pa-
tron», jouèrent Tire au flanc de dos, par-
lèrent à voix basse et gardèrent obstiné-
ment leurs mains dans leurs poches.
M.
Pierre Lafitte, l'éditeur bien con-
nu, a ouvert dernièrement ici même
un « Concours de titres » pour le grand
magazine théâtral qu'il prépare en ce mo-
ment. 'PluS, de cinq mille titres différents
ont été proposée et on peut évaluer à plus
de trois mille les réponses envoyées.
C'est Bravo! qui a été définitivement
adopté.
Ce titre a été proposé par M. Robert
KatÍffmann, 47, rue Meslay, et M. Diony-
sos, 2, rue du Président-Carnot, à Greno-
l'le. Voilà donc les deux premiers abonnés
à vie de Bravo! ils se partagent, de plus,
la prime de 100 francs promise.
L
a coiffure à la grecque, d'une grâce un
peu romantique ; les boucles à la
Greuze, si seyantes et si jéunes, sont ad-
mirablement réussies par Georges, le cé-
lèbre coiffeur posticheur. On ne va ni au
théâtre, ni en soirée sans être passée
avant 15, rue Royale.
E
st-il rien de plus coquet et de plus
élégant que ces splendides Delaunay-
Belleville six cylindres 1908 qui expri-
ment si exactement la manière du méca-
nicien français : luxe dans la- mécanique,
luxe dans la carrosserie, luxe partout?
NOUVELLE A LA MAIN
L
eurs mots:
Comme Mlle Lucienne Bréval, en-
rhumée, ne pouvait paraître hier à une ma-
tinée pour laquelle elle avait promis son
concours, M. Laurent Tailhade fit cette an-
nonce :
.no- « Mlle Lucienne Brévâl a la grippe. C'est
un mal qui n'épargne même pas les Valky-
ries et c'est le plus funeste présent du Cré-
puscule des Dieux. »
Le Masque de Verre.
Dranem, le roi des comiques -.
prêtera son concours
à notre fête du 12 avril
Dranem
(Daroy, pnot.)
Le programme de notre belle fête du 12
avril courant sera plus brillant encore que
nous n'osions l'espérer.
Nous avons, en effet, la joie d'annoncer
à ceux de nos lecteurs qui ont déjà retenu
des places et à ceux qui veulent en retenir
encore, que DRANEM/ l'inénarrable DRA-
NEM, toujours prêt à participer à toutes les
tentatives généreuses, prêtera son concours
à notre soirée du 12 avril.
A côté de lui, on applaudira des artistes
tels que:
Mlle Germaine DALBRAY, du théâtre de
la Monnaie;
Mme BOYER DE LAFORIE, de l'Opéra-
Comique,
Accompagnées par M. Adrien Ray, de
l'Opéra.
Mlle Liliann GREUZE, la plus jeune et la
plus jolie de nos ingénues, qui dira La Ran-
çon des baisers, de Jean Rameau, et Le
Bonnet de Suzon, de Henri de Fleurigny.
La partie-comique ne sera pas négligée.
puisqu'on entendra:
M. # GOSSE, «.le joyeux troupier)), qui
obtint tant de succès dans les grands con-
certs de Paris et dans les grandes villes de
province, et dont l'originale fantaisie exerce
tant d'empire sur le public.
Enfin, en dehors du programme d'audi-
tions des jeunes artistes, Mlle OLIDO, la
fameuse danseuse espagnole, dansera quel-'
ques pas inédits d'une saveur fort pittores-
que.
Voici la liste des jeunes artistes de ta-
lent à qui notre représentation permettra
de se manifester:
M. ARNOLD, L'Holocauste (Leconte de Lisle).
Mlle Mireille BAIA, mélodies, airs d'opéra.
M. Léon BREJAC et Mlle Georgette LEDUC"
Eux, comédie en un acte, de Maurice Don-
nay. i
Mlle Mercédès BRARE, du théâtre Molière, et ;
M. LORETT, des Bouffes, L'Avancement, un,
acte, de M. Pollonais.
Mme LE FLOCH, des Concerts ClassiqueS.
Aimante, valse lente; Viens avec moi, petit;
La Vivandière.
Mme FOCKÉ: Le Prophète (Meyerbeer) ; Iphi-
génie en Aulide (Glyck) ; Les Larmes, de
Werther (Massenet):
Mlle J. FORESTIER, Les Petites Bourgeoises'
(A. Jacquemin) ; L'Intellectuelle (Jehan Demelle).1
Mlle MORGEOT et M. NADET, dùo de Mireille..,
Mlle Alexandrine NICOULESCO, cavatine. de la
Somnambule (Bellini).
Mlle Madeleine SION, La Costa Diva, grand
air (Norma).
M. D. SUDRES, du Vaudeville, Lucie, d'Alfred
de Musset.
Et pour terminer:
Le Bonhomie jadis, d'Henri Murger, avec
M. White, Jadis; M. Charpentier, Octave: Mlle
Jeannet, Jacqueline.
Ceux de nos lecteurs qui désirent reteni"
leurs- places peuvent .encore trouver, aux
bureaux de Comœdia, quelques places de
loge, au prix de cinq francs et oueJ:¡ues
fauteils d'orchestre au prix de trois francs.
THÉÂTRE CLUNY ,'" 7.
Qui qu'a vu Minette ?
VaudeVille*opêrette en trois actes et quatre tableaux
de MM. Jules Oudot et Jean Dra,uit.
De tous les spectateurs invités par la di-
rection du théâtre Cluny, je suis assuré-
ment celui qui a le moins vu Ninette; car,
de la place qui me fut attribuée, on ne dé-
couvre qu'une petite partie de la scène.
J'engage donc nos lecteurs à aller entendre
l'amusante fantaisie de MM. Jules Oudot et
Jean Drault et à ne jamais louer le fauteuil
de balcon 24 bls.
Ninette, fille du pâtissier Bouriquet, pro-
priétaire d'une boutique sise non loin du
Conservatoire, est entrée dans l'établisse-
ment dirigé par M. Gabriel Fauré. On nous
apprend qu'au moment où le rideau se lè-
ve, elle est en train de concourir pour le
premier prix de chant, car son père n'admet
point pour elle d'autre récompense: si ce
suprême honneur ne lui échoit point, Ni-
nette devra renoncer à la carrière lyrique
et épouser Hildefonse, premier mitron. Or,
bien que Mlle Reine Leblanc soit toute
grâce, avec son sourire à fossettes, biea
qu'elle suive les cours d'Isnardon, Ninftte
n'obtient pas son premier prix (le vrai f er t
quelquefois n'être pas vraisemblable) ; eilo
réintègre, éplorée, la pâtisserie paterneL-e
et se remet a servir des gâteaux; un chent
de passage, pour prix d'un baba, lui remet
un saphir merveilleux. à peine a-t-elle le
temps de s'en étonner, car voici venir le ré-
gisseur de Cluny, porteur de paroles. en-
gageantes, qui la décide à remplacer, dans
! opérette nouvelle, une étoile fugitive.
Au deux, Ninette est présentée à ses pe-
tites camarades, qui la débinent, ainsi qu'il ,
sied; comme elles mettent en doute ses
qualités vocales, elles leur « envoie » crâ-
nement 1 air de Manon: « Profitez bien de
la jeunesse! » Puis, nous assistons à la re-
présentation de l'opérette Ta girl, bébé! ¡/?'-
présentation interrompue par l'irruption sur
la scène des époux Bouriquet, qui se trou-,
., -r ",
ÊS Numéro $ § centimes
Dimanche 5 Avril 1908J
«H a^.H^9 K,. ïiÈ;'^| ^oLflmK:;';;"
- l -
, RÉDACTION & ADMINISTRATION 8
ê
27, Souleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE ; 288-07
Adresse Télégraphique : C0MŒDIA>PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN a mois
Paris et Départements 24 fr. 12Cr.
Étranger ..•..•••• 40 a 20 a
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\, RÉDACTION & ADMINISTRATION ?
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TÉLÉPHONE: 288-07
adresse Télégraphique : COMŒDÎA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 8 MOIS,"
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Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 d 20 a
PAYSAGES ANIMÉS
Ames
d'Artistes
L'arroseur
Dès l'abord, elle pourrait effrayer, la
maigre silhouette de cet homme qui,
péniblement, s'avance entre les arbres.
Voyez, mon Dieu! Quelque terrible
bataille s'est-elle donc déroulée près
d'ici? On dirait que ce malheureux
traîne derrière lui ses entrailles et mar-
che courbé par la douleur.
Mais non, ce spectacle horrible vous
laisse insensible et j'aurais mauvaise
grâce à vous en accuser, puisque, dès
le titre, j'eus soin de vous avertir qu'il
ne s'agissait, en ces lignes, que d'un
modeste arroseur.
a.
L'arroseur assujettit fortement au
bord du trottoir la queue de son inter-
minable lézard à roulettes. Il n'en faut
pas plus pour provoquer chez ce pauvre
animal de terribles maux de cœur.
Mais l'homme, plein de sollicitude,
s'est élancé et, maintenant, il lui relève
et lui tient la tête.
Si, par hasard, les promeneurs pas-
sent trop près, l'arroseur, par politesse,
met sa main devant la bouche du lézard
et en fait un écran.
Ce sont de bons offices entre vieux
amis. L'arroseur semble dire: « Il est
un peu malade, n'y faites donc pas at-
tention. »
L'arroseur est un grand artiste. Le
blanc trop voyant de la chaussée le gêne
et, petit à petit, il l'estompe. De-ci de-
là, il met une touche et enlève avec in-
sistance les empâtements jaunes dus au
mauvais goût des chevaux.
Il trouve le paysage joli et pense qu'il
est temps de le vernir. Et, dans la fiè-
vre de ce grand travail qu'il achève,
c'est à peine s'il remarque les figures
hostiles, en masques japonais, des chauf-
feurs qui passent auprès de lui.
Parfois, discrètement, il arrose les
jambes poussiéreuses d'un vieux cheval,
^ttîs le tet se Tcîtvc, s'irise ay S0I$[1 est
semble, au-dessus de la terre, former un
diadème. -
Marbré de lumière dans l'ombre des
arbres, un équipage arrive au grand trot.
Va-t-il donc passer sous ce porche? Le
cocher doit être moins rassuré qu'il n'en
a l'air. Mais d'un mouvement brusque,
l'arroseur a fermé "sa lance et les deux
chevaux s'ébrouent en passant très vite
dans la poussière d'un arc-en-ciel.
Les enfants se sont arrêtés de jouer.
Ils se rendent parfaitement compte de
leur infériorité et n'essayent même plus
de lutter en présence de l'incomparable
jeu de l'arroseur.
Tacitement ils reconnaissent que,
seul, l'arroseur a le droit de diriger le
jet, mais ils revendiquent pour eux-mê-
mes la canalisation des fuites et l'exploi-
tation de la prise d'eau. Bientôt même,
ces simples restes ne suffisent plus à un
gamin qui s'enhardit au point de mar-
cher sur le tuyau. Il s'efforce d'arrêter
l'eau et défie l'arroseur avec le peureux
espoir d'une bonne douche dont il ne se-
rait pas responsable devant le tribunal
maternel. *
Mais, dédaigneux, l'arroseur se dé-
tourne à peine, absorbé qu'il est dans les
multiples combinaisons de son jet d'eau.
Alors, rongé par la jalousie, le gamin se
soulage en fantaisie devant un arbre à
la façon de l'arroseur. Mails, hélas! que
peuvent ses faibles moyens personnels
comparés aux inépuisables ressources
de son concurrent?
Enfin, l'arroseur a fini son travail. La
chaleur monte encore du sol mal éteint,
une lourde chaleur d'orage qui ne fait
rien présager de bon.
Au ciel, les nuages noirs se réunissent
en conseil de tous les coins de l'horizon,
mais les nouvelles doivent être mauvai-
ses car les éclairs se succèdent, espa-
cés, semblables à des clignements d'yeux
ou à des battements d'ailes. On essaie
bien, là-haut, d'allumer quelques lam-
pes, car le temps devient sombre, mais
l'électricité fonctionne mal et vacille
sans se fixer.
Les bicyclettes, modernes hirondelles,
filent vite en rasant le sol, ce qui, cha-
cun le sait à Paris, est un signe précur-
seur de la pluie.
Enfin, une à une, les larges gouttes
tombent sur la chaussée, pareilles à des
sous de plomb. Feraient-ils donc, au
ciel, de la fausse monnaie?
Encore quelques centaines de pièces,
messieurs, et nous allons commepcer!
Le public se range, comme pour la
parade, de chaque côté du boulevard,
sous les portes cochères. v
Seul l'arroseur reste calme.
Satisfait, sa tâche accomplie, il allume
une pipe en attendant l'orage.
Il n'est point envieux et ne regrette
rien. Il a toute la bienveillance des an-
ciens maîtres pour les essais des jeunes
et pense que c'est bien au tour des au-
tres de travailler un peu.
Tout à l'heure, devant l'arc-en-ciel,
il aura même le sourire indulgent d'un
leurseur.
Et puis, pour tout dire, au fond de sa
conscience timorée, il n'est pas fâché
de voir peu à peu s'effacer sous l'aver-
se une partie du boulevard qu'il avait
quelque peu négligée.
Le raccommodeur
Comme le grand Léonard, ce vieillard
n'aime point à se spécialiser; ses vues
sont plus larges et plus hautes; il rac-
commode également le verre, la faïence
et la porcelaine.
Petite pomme de terre égayée d'un ta-
blier blanc, une bonne, en hâte, descend
les morceaux d'un vase qu'à défaut d'é-
ventail, elle brisa d'un coup de plumeau.
Le vieillard recueille ces précieux débris
et, semblable à une araignée enfin re-
pue, il s'éloigne au coin de la cour sous
la porte cochère.
Et, tout de suite, il aiguise sa pointe
et se met à percer.
Il s'est assis sur sa caisse de bois, ja-
dis blanc, et, en archéologue conscien-
cieux, il reconstitue avec patience l'objet
d'art qu'il tient entre ses mains.
>. -A première vue, il est facile de voir
que ce vase n'appartient pas à la période
étrusque; son style le classe plutôt par-
mi les objets néo-japonais de nos grands
bazars. Mais qu'importe la matière pour
un artiste épris d'idéal? Un grand pein-
tre espagnol ne fit-il pas, un jour, un ta-
bleau avec de la boue?
Le vieillard à longue barbe ne s'ar-
rête pas à ces vaines contingences; ar-
mé d'une vrille, il perce, perce.
L'acier grince et tourne obliquement
dans l'émail, troue la porcelaine et ne
la traverse pas. Chaque morceau du va-
se est bientôt grêlé; on dirait que des
cirons ont passé par là. Ce faible vieil-
lard surprend ; les corps les plus durs
ne lui peuvent résister, il semble les pé-
nétrer sans effort. Et, dès lors, on ne
s'étonne plus de voir ses bottines et son
vieil habit troués en mille places. Per-
cer d'aussi minces objets ne dut être
pour lui qu'un jeu d'enfant.
La foule, comme toujours, indifférente
aux artistes, passe insouciante. Un chien
s'arrête un instant, méprise la boîte vé-
néraM© ©t o'
tPe; portant son troupeau dans ses che-
veux, s'attarde pensif et médite en lui-
même l'apprentissage possible sur les
vases paternels du merveilleux métier
qu'il voit exercer.
Maintenant, le vieillard fantasque, fa-
tigué de percer, mange du fil de fer. Il
le tord, il le pince, il l'avale, puis le
rejette.— Rapide, la petite pomme de ter-
re regarde en passant où en est le vieil-
lard. Mais lui, tout à son œuvre, ne la
voit plus. Rien ne saurait le distraire,
car le moment décisif approche.
Comme un Chinois, armé de petits
bâtons blancs, fouillant parfois avec une
allumette dans un flacon inépuisable, il
colle et assemble les morceaux. Déjà, le
perroquet jaune, entouré de roseaux
verts, disparaît sous l'enduit, un fil de
fer dans l'œil. Le petit Japonais, por-
teur de seaux, lui non plus, n'est pas
épargné, le corps marbré de lignes blan-
ches.
Mais le vieillard voit plus haut et plus
loin. Depuis une heure qu'il travaille
sans prendre de repos, les débris infor-
mes se sont réunis, et peu à peu, le
vase renaît sous ses doigts agiles. La
sueur perle sur son front, elle perle
même plus bas sur sa moustache et
glisse lentement dans sa barbe décolo-
rée. Le génial vieillard n'y prend pas
garde, l'imminence du succès le grise, il
touche au but : il y est.
* *
Venez, petite pomme de terre ingrate,
venez reprendre votre vase, ne craignez
plus la colère de vos maîtres. Dans les
mains enchantées du veillard, la porce-
laine a réuni ses morceaux épars : mille
petits fils la retiennent maintenant, plus
solide qu'avant. Et, certes, le travail mi-
nutieux et délicat de ce prodigieux ar-
tiste ne saurait être trop payé. Ne lui
fallut-il pas plus d'habileté et de soins
pour raccommoder ce pot qu'il n'en fal-
lut au potier pour le faire?
Venez, le vase est fini !
Et c'est abominablement laid.
G. de PAWLOWSKI.
Nous publierons demain un article de
PAUL DOLLFUS
Échos
Ce soir, à neuf heures, aux Capucines,
répétition générale de Le Coq d Inde, opé-
rette en deux actes, de M. Rip, musique de
Claude Terrasse, et De cinq a six, comédie
en un acte, de M. P. Cloquemin.
H
histoire de titres.
i k Nous avons annonce le très pro-
, "'-..,.- In CO-
chain spectacle que prépare, PUUl m
maine sainte, le Théâtre des Arts. Il s agit
d'un drame en vers de René Fauchois, l'au.
teur de Beethoven, actuellement à I'Odéon.,
Titre: La Fille de Pilate.
Or. hier, le poète reçut une coupure
d'un des grands confrères de province por-
tant à la connaissance de ses lecteurs la fu
ture première de La Fille du Pilote! Quel-
ques lignes, tombées sans doute à la com-
position, devaient donner les détails néces-
saires sur ce drame nautique autant que
peu sacré !
Espérons que l'auteur saura adroitement
mener sa barque sur les flots mouvementés
de la critique. Fluctuat nec mergiturl
Il est vrai qu'une jeune actrice, qui ne
put d'ailleurs trouver place dans la distri-
bution de la pièce, était précédemment ve-
nue demander à M. René Fauchois s'il
n'aurait point un rôle pour elle dans La
Fille du Pirate!. de la Savane, sans doute!
L
., -
'autre souffleur.
Décidément, le souffleur dont nous
avons parlé l'autre jour ne constitue pas
un phénomène dans l'honorable corpora-
tion à laquelle il appartient.
On nous cite ce trait d'un de ses collè-
gues dans un théâtre des boulevards, très
voisin du premier.
A la dernière répétition générale, une
toute jeune actrice est frappée d'une ab-
sence de mémoire, qu'un long silence, sou-
ligne cruellement. Vains appel? et gestes
expressifs au souffleur. Rien n'y fait. Ce-
lui-ci, dans son trou, reste le spectateur in-
téressé mais silencieux de cette détresse
momentanée.
L'artiste réussit à se tirer seule de ce
cruel embarras. Mais, à la fin de l'acte, çile
se dirige furieuse vers le souffleur qui, tout
souriant, prend les devants: « Tous mefe
compliments, Mademoiselle. C'était bien
mieux qu'aux répétitions. Le temps que
vous avez pris a fait un effet!! »
FAUSSES NOUVELLES EN TROIS LIGNES
Plusieurs théâtres du boulevard vienneni
d'installer un nouveau poste de location au
bureau de tabac de la rue Drouot.
Les chapeaux, les billets de faveur, les
répétitions générales et la longueur des en*
trJactes vont être radicalement supprimés.
A la soirée d'adieu de Mme Dudlay, aux
Français, on applaudira Dranem, Montéhus,
Mayol, Sulbac et Mlle Mistinguett.
M. Polin, interprète de Ma Générale, re-
mettra une médaille à M. Claretie, au nom
des vétérans des Armées de terre et de mer.
M. Sacha Guitry, devant toutes les diffi-
cultés dont le métier dramatique se hérisse
pour les jeunes auteurs, renonce au théâtre.
Mme Sarah Bemhardt intenté un pfocèsà
MM. Bergerat et Fraudet pour n'avoir pas
retouché Plus que Reine et La Nuit peryerse.
La pièce n'ayant pas répond aux espé-
rances de la direction de Déjazet, M. Rolle
annonce les dernières de Tire au Flanc.
L
es Burgraves.
f M. Gilbert Dalleu, l'excellent artiste
du Théâtre Antoine, possède une famille
dons les membres ont tous entre quatre-
vingt-dix et cent ans, et qui portent cet âge
le plus allègrement du monde.
Lorsque ces burgraves sont réunis à ta-
ble et que le pensionnaire de Gémier, dont
l'âge frise la cinquantaine, veut prendre la
parole, Mme Dalleu, une admirable vieille
de quatre-vingt-cinq ans, interrompt ainsi
son fils, dont le crâne commence à se dé-
nuder:
-- Tais-toi. ieune homme; tes cheveux
n'ont pas encore fini de pousser!
u
tj~"
n douloureux rapprochement.
La vie a de bizarres et cruelles ren-
contres.
Il y a quelque dix ans, le fameux comé-
dien Dumaine — une des gloires dramati-
ques du XIXe siècle — avait accepté de
donner au théâtre de Grenelle quelques re-
présentations du Chiffonnier de Paris, de
Félix Pyat.
Le soir de la première représentation fut
attristé par une catastrophe. Dumaine mou-
rut subitement.
On le fit doubler au pied levé par ce pau-
vre Armand-Marie, mort l'autre jôur au
théâtre Cluny, en sortant de scène, dès le
début de la répétition générale.
Macabre ironie du destin, mélancoliques
jeux de la mort et du hasard!
L
a santé de Coquelin cadet.
Il allait mieux et ses nombreux amis
se réjouissaient avec nous à l'idée que peu
à peu l'illustre comédien revenait à la santé.
Les dernières nouvelles qu'on donne de
lui ne sont pas bonnes, hélas! et il nous
¡faut bien le dire: Coquelin cadet va plus
mal et donne de sérieuses inquiétudes à son
entourage.
Nous voulons cependant espérer que cet-
te aggravation n'est que passagère.
L
es liaisons dangereuses.
Après d'Annunzio. à qui elle inspira
ses plus beaux poèmes, La Duse a décou-
vert un jeune dramaturge, qui assassina il
y a trois ans un avocat connu et attend que
s'ouvrent enfin les débats de son procès.
Pendant cette longue détention il a écrit
une tragédie moderne intitulée Anangké,
où il décrit la crise d'où il sortit meurtrier.
La vigueur de cette analyse et le talent
qu'elle révèle ont enthousiasmé La Duse.
Elle a accepté le drame et en jouera le rôle
principal. Comme artiste s'entend.
Le jeune dramaturge, hier inconnu et :1.0.-
iourd'hui célèbre dans toute L'Italie, s'ap-
pelle Guido Casale.
Jeunes auteurs qui souhaitez la gloire,
voilà comment vous devez vous y prendre.
Assassinez un avocat.
A
éditions. --
Avril ne ramène pas seulement les
bourgeons-d'un tendre vert-pâle aux bran-
ches des marronniers, les pluies tièdes, les
soirs clairs et les pardessus de demi-saison.
C'est aussi le premier mois des auditions.
Pendant ces quatre semaines humides et
pendant tout le-joli mois de mai, les direc-
teurs vont accorder quelques après-midi à
la foule des jeunes artistes qui sollicitent
des engagements.
Hélas! que j'en ai vu auditionner, de
jeunes filles !
Elles viennent en troupes serrées. Il y en
a de désinvoltes, vêtues tapageusement,
coiffées de plumes gigantesques; il y en a
de modestes qui rougissent timidement, il y
en a qui sont au Conservatoire et paraissent
sûres d'elles, il y en a que leurs mères ac-
compagnent, il y en a qui viennent avec
lenr « ami ».
Les hommes sont plus uniformes. Les
uns portent avec fierté d'élégants vête-
ments, les autres dissimulent avec gêne les
faux plis d'usure de leurs pantalons, mais
tous paraissent résolus, méprisants et cal-
mes.
Et ils défilent monotonement du théâtre
Antoine au Vaudeville, de I'Odéon à l'Athé-
née. Ils finissent par se connaître, car ils se
retrouvent toujours les mêmes - ceux que
l'on n'engage jamais.
u
n joli bijou se vend très facilement et
très cher chez Dusausoy, expert, 4,
boulevard des Italiens, qui acheté au
comptant. Il vend aussi de belles occasions.
L
ettre ouverte.
De M. Gabriel de Lautrec, spirituel
humoriste, cette boutade:
Lettre ouverte à M. Gaston de Pawlowski,
rédacteur en chef de Comœdia
Mon cher directeur,
Ce serait une banalité que de dire que rien
de ce qui concerne le théâtre n'est étranger à
Comœdia. Ce journal se fait l'écho de tous les
abus et; soutient toutes les revendications légi-
times. Que de fois il a eu à protester, après
tant d'autres, contre la longueur démesurée des
entr'actes !
Je ne vais guère au théâtre qu'une fois tous
les dix ans, comme les Expositions universelles.
Aussi, mes réflexions dramatiques peuvent man-
quer d'actualité. Mais peut-être vous rappelez-
vous qu'il y a une ou deux semaines on joua
une pièce de Tristan Bernard, intitulée Les Ju-
meaux de Brighton. Je vais toujours voir (est-
ce pour qu'on me croie un homme d'esprit?)
les pièces de Tristan Bernard.
La pièce est très amusante. Je n'ai pas re-
gretté mon argent, d'autant plus que je n'avais
pas payé. Mais quelle n'a pas été ma stupeur,
à moi qui croyais que Tristan Bernard était,
lui du moins, l'ennemi des vieux abus ! Entre
le premier et le second acte de sa pièce, il s'é-
coule, d'après le programme officiel, trente-
neuf ans!
Je sais bien que l'auteur, avec une certaine
dupUcité, intitule son premier acte prologue.
Ce n'est là qu'un subterfuge. Nous appellerons
l'entr'acte un entreprologue, s'il le veut, cela
ne change rien à la gestion. ----
Nous acceptions, tout en protestant, des en-
tr'actes d'une heure ou deux. Maïs trente-neuf
ans. c'est vraiment exagéré.
A moins qu'il ne faille voir là qu'une plai-
santerie d'humoriste, un défi porté aux vieilles
règles classiques par un auteur jeune et auda-
cieux ?
Veuillez agréer, mon cher directeur, l'expres-
sion de mes sentiments les meilleurs.
Gabriel DE LAUTREC.
A ntoine est dans la salle.
Une spirituelle fantaisie d'André
Mycho initiait, l'autre jour, les lecteurs, de
Comœdia au trouble qui agite les petits
théâtres quand, par hasard, un directeur
est dans la salle ou quand on pense qu'il
s'ytrouve.
Malgré la fantaisie de son dialogue, An-
dré Mycho n'avait rien inventé.
La semaine dernière, un jeune acteur de
Déjazet, qui joua jadis, sous la direction de
M. Antoine, un petit rôle dans la Fille Elisa
ou dans quelque autre pièce à grand spec-
tacle, aperçut, par le trou du rideau, un
monsieur rasé qu'il prit pour le « grand
patron ».
Aussitôt, il avertit charitablement ses ca-
marades:
— Antoine est. dans la salle, je l'ai vu.
II est à l'orchestre!
Et il montrait à tous un honnête négo-
ciant qui ne se doutait certainement pas
de l'admiration très flatteuse avec laquelle
on le regardait de l'autre côté de la salle.
.Ce soir-là, les artistes du théâtre Dé-
jazet, jaloux de faire la conquête du « pa-
tron», jouèrent Tire au flanc de dos, par-
lèrent à voix basse et gardèrent obstiné-
ment leurs mains dans leurs poches.
M.
Pierre Lafitte, l'éditeur bien con-
nu, a ouvert dernièrement ici même
un « Concours de titres » pour le grand
magazine théâtral qu'il prépare en ce mo-
ment. 'PluS, de cinq mille titres différents
ont été proposée et on peut évaluer à plus
de trois mille les réponses envoyées.
C'est Bravo! qui a été définitivement
adopté.
Ce titre a été proposé par M. Robert
KatÍffmann, 47, rue Meslay, et M. Diony-
sos, 2, rue du Président-Carnot, à Greno-
l'le. Voilà donc les deux premiers abonnés
à vie de Bravo! ils se partagent, de plus,
la prime de 100 francs promise.
L
a coiffure à la grecque, d'une grâce un
peu romantique ; les boucles à la
Greuze, si seyantes et si jéunes, sont ad-
mirablement réussies par Georges, le cé-
lèbre coiffeur posticheur. On ne va ni au
théâtre, ni en soirée sans être passée
avant 15, rue Royale.
E
st-il rien de plus coquet et de plus
élégant que ces splendides Delaunay-
Belleville six cylindres 1908 qui expri-
ment si exactement la manière du méca-
nicien français : luxe dans la- mécanique,
luxe dans la carrosserie, luxe partout?
NOUVELLE A LA MAIN
L
eurs mots:
Comme Mlle Lucienne Bréval, en-
rhumée, ne pouvait paraître hier à une ma-
tinée pour laquelle elle avait promis son
concours, M. Laurent Tailhade fit cette an-
nonce :
.no- « Mlle Lucienne Brévâl a la grippe. C'est
un mal qui n'épargne même pas les Valky-
ries et c'est le plus funeste présent du Cré-
puscule des Dieux. »
Le Masque de Verre.
Dranem, le roi des comiques -.
prêtera son concours
à notre fête du 12 avril
Dranem
(Daroy, pnot.)
Le programme de notre belle fête du 12
avril courant sera plus brillant encore que
nous n'osions l'espérer.
Nous avons, en effet, la joie d'annoncer
à ceux de nos lecteurs qui ont déjà retenu
des places et à ceux qui veulent en retenir
encore, que DRANEM/ l'inénarrable DRA-
NEM, toujours prêt à participer à toutes les
tentatives généreuses, prêtera son concours
à notre soirée du 12 avril.
A côté de lui, on applaudira des artistes
tels que:
Mlle Germaine DALBRAY, du théâtre de
la Monnaie;
Mme BOYER DE LAFORIE, de l'Opéra-
Comique,
Accompagnées par M. Adrien Ray, de
l'Opéra.
Mlle Liliann GREUZE, la plus jeune et la
plus jolie de nos ingénues, qui dira La Ran-
çon des baisers, de Jean Rameau, et Le
Bonnet de Suzon, de Henri de Fleurigny.
La partie-comique ne sera pas négligée.
puisqu'on entendra:
M. # GOSSE, «.le joyeux troupier)), qui
obtint tant de succès dans les grands con-
certs de Paris et dans les grandes villes de
province, et dont l'originale fantaisie exerce
tant d'empire sur le public.
Enfin, en dehors du programme d'audi-
tions des jeunes artistes, Mlle OLIDO, la
fameuse danseuse espagnole, dansera quel-'
ques pas inédits d'une saveur fort pittores-
que.
Voici la liste des jeunes artistes de ta-
lent à qui notre représentation permettra
de se manifester:
M. ARNOLD, L'Holocauste (Leconte de Lisle).
Mlle Mireille BAIA, mélodies, airs d'opéra.
M. Léon BREJAC et Mlle Georgette LEDUC"
Eux, comédie en un acte, de Maurice Don-
nay. i
Mlle Mercédès BRARE, du théâtre Molière, et ;
M. LORETT, des Bouffes, L'Avancement, un,
acte, de M. Pollonais.
Mme LE FLOCH, des Concerts ClassiqueS.
Aimante, valse lente; Viens avec moi, petit;
La Vivandière.
Mme FOCKÉ: Le Prophète (Meyerbeer) ; Iphi-
génie en Aulide (Glyck) ; Les Larmes, de
Werther (Massenet):
Mlle J. FORESTIER, Les Petites Bourgeoises'
(A. Jacquemin) ; L'Intellectuelle (Jehan Demelle).1
Mlle MORGEOT et M. NADET, dùo de Mireille..,
Mlle Alexandrine NICOULESCO, cavatine. de la
Somnambule (Bellini).
Mlle Madeleine SION, La Costa Diva, grand
air (Norma).
M. D. SUDRES, du Vaudeville, Lucie, d'Alfred
de Musset.
Et pour terminer:
Le Bonhomie jadis, d'Henri Murger, avec
M. White, Jadis; M. Charpentier, Octave: Mlle
Jeannet, Jacqueline.
Ceux de nos lecteurs qui désirent reteni"
leurs- places peuvent .encore trouver, aux
bureaux de Comœdia, quelques places de
loge, au prix de cinq francs et oueJ:¡ues
fauteils d'orchestre au prix de trois francs.
THÉÂTRE CLUNY ,'" 7.
Qui qu'a vu Minette ?
VaudeVille*opêrette en trois actes et quatre tableaux
de MM. Jules Oudot et Jean Dra,uit.
De tous les spectateurs invités par la di-
rection du théâtre Cluny, je suis assuré-
ment celui qui a le moins vu Ninette; car,
de la place qui me fut attribuée, on ne dé-
couvre qu'une petite partie de la scène.
J'engage donc nos lecteurs à aller entendre
l'amusante fantaisie de MM. Jules Oudot et
Jean Drault et à ne jamais louer le fauteuil
de balcon 24 bls.
Ninette, fille du pâtissier Bouriquet, pro-
priétaire d'une boutique sise non loin du
Conservatoire, est entrée dans l'établisse-
ment dirigé par M. Gabriel Fauré. On nous
apprend qu'au moment où le rideau se lè-
ve, elle est en train de concourir pour le
premier prix de chant, car son père n'admet
point pour elle d'autre récompense: si ce
suprême honneur ne lui échoit point, Ni-
nette devra renoncer à la carrière lyrique
et épouser Hildefonse, premier mitron. Or,
bien que Mlle Reine Leblanc soit toute
grâce, avec son sourire à fossettes, biea
qu'elle suive les cours d'Isnardon, Ninftte
n'obtient pas son premier prix (le vrai f er t
quelquefois n'être pas vraisemblable) ; eilo
réintègre, éplorée, la pâtisserie paterneL-e
et se remet a servir des gâteaux; un chent
de passage, pour prix d'un baba, lui remet
un saphir merveilleux. à peine a-t-elle le
temps de s'en étonner, car voici venir le ré-
gisseur de Cluny, porteur de paroles. en-
gageantes, qui la décide à remplacer, dans
! opérette nouvelle, une étoile fugitive.
Au deux, Ninette est présentée à ses pe-
tites camarades, qui la débinent, ainsi qu'il ,
sied; comme elles mettent en doute ses
qualités vocales, elles leur « envoie » crâ-
nement 1 air de Manon: « Profitez bien de
la jeunesse! » Puis, nous assistons à la re-
présentation de l'opérette Ta girl, bébé! ¡/?'-
présentation interrompue par l'irruption sur
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