Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-04-03
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 avril 1908 03 avril 1908
Description : 1908/04/03 (A2,N186). 1908/04/03 (A2,N186).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76465706
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2* Année. N° 186(Quotidîen)
lf Numéro : 9 centimes
Vendredi 3 Avril 19M.
> o. de PA WLOWSKI
J Rédacteur en Chef : G* de PAWLOWSKl
,■ ■ : i • ''■ v
RÉDACTION & ADMINISTRATION;
27, Souleuard Poissonnière, PARIS
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- -
Paris et Départements. 24 fr. 12 fr
Étranger40 » 20 »
Les Trois
Cortèges
.Tons les Français sont des acteurs
dont les moins bons sont au théâ-
tre.
-, Henri HEINE.
Cinq heures. Au coin du faubourg
>aint-Honoré et de la rue Royale, l'ha-
bituel encombrement. Les voitures, ser-
rées, paraissent accrochées les unes aux
autres. On se demande comment elles
pourront se dégager et suivre chacune
leur chemin, lorsque l'agent aura levé
son bâton blanc, avec cet air résigné
qui semble dire : « Débrouillez-vous ! »
Mais il ne se décide pas. L'embarras
s'accroît. Voici des camions pesants, des
fiacres numérotés et des automobiles de
toutes les formes, de tous les modèles
et de toutes les couleurs.
Dans ce fouillis, un bicycliste circule
à l'aise, passe sous le nez des chevaux,
frôle les t trépidants moteurs qui sem-
blent s'impatienter de rester ainsi im-
mobiles et manque de renverser les pas-
sants et de se faire écraser par un petit
bossu qui traîne une voiture à bras.
e*
En tête de la file, trois taxi-autos,
exactement pareils, attendent que liberté
leur soit rendue par le fonctionnaire
qui, sans dpute pour mieux faciliter la
circulation, prend plaisir à la compli-
quer.
Dans le premier, un vieillard à la
barbe blanche. Il a la mine placide et
l'air tranquille d'un bon bourgeois qui
« a bien le temps»!
* Dans le second, un homme au teint
bistré, au profil énergique, au nez an-
guleux. aux pommettes osseuses, dissi-
mule mal la mauvaise humeur et l'éner-
vement que lui cause cet arrêt inutile et
forcé.
Dans le troisième, un homme jeune,
à la figure mobile, aux gestes prompts,
parlemente avec l'agent, explique qu'il
est pressé et qu'il lui est impossible de
demeurer plus longtemps sur place. Et,
comme l'ordre du départ n'a pas encore
été donné, il fouille dans sa poche, en
tire une carte rose ornée d'une photo-
graphie et la brandit triomphalement à
la, portière. Aussitôt,* la police s'huma-
nise et le gardien de la paix fait signe
au chauffeur qui conduit ce personnage
illustre qu'il est libre de poursuivre sa
course. Avec fierté, celui-ci se met en
marche, écarte les autres voitures, les
cogne, les bouscule, et, après mille ef-
forts, se fraye un passage dans cet en-
chevêtrement.
Et, narguant ses voisins, moins favo-
risés, il part à toute vitesse, cependant
que son client sourit à l'agent, qui lui
prodigue les marques extérieures du
plus profond respect.
Ce voyageur important .qui, seul et
d'un geste, a raison de la police de son
pays, est M. Max Dearly, l'artiste des
iVariétés.
[ Les deux hommes qui, sans se plain-
dre, attendent depuis dix minutes le bon
plaisir du sergent de ville, sont: l'un,
witch, frère du roi de Serbie; l'autre,
M. Emile Loubet, ancien président de
4a République française.
f Sans exagérer la portée de cette pe-
tite anecdote, on peut convenir qu'elle
fournirait au moraliste un prétexte à
de graves méditations.
Le théâtre domine tout. Nous vivons
dans une époque charmante où, seules,
les choses de la scène ont pour nous
quelque agrément.
Le théâtre n'est plus seulement le re-
flet de la vie, le reflet de l'histoire, (
■c'est la vie, c'est l'histoire. On sonnait
.mieux la date de naissance et la chro-
nique sentimentale des artistes que cel-
lles des rois de France. Tout est théâtre.
Le théâtre est partout. On ne songe
qu'au théâtre. On ne vit que pôur le
théâtre.
L'histoire du Foyer, la question des
billets de faveur intéressent beaucoup
plus que la guerre du Maroc et l'impôt
sur le revenu. On donne une impor-
tance bien plus grande au voyage de
M. Mounet-Sully à Berlin qu'au dépla-
cement présidentiel de M. Fallières ren-
dant visite aux Méridionaux inondés ; le
portrait de Mlle Polaire est plus connu
des foules que celui du docteur Roux,
et M. de Max inspira aux échotiers plus
de nouvelles à la main que M. Camille
Pelletan !
Les dames du monde jouent I.comé-
aie dans tous les salons et sur toutes les
scènes, elles vont au cours, suivent des
répétitions, se maquillent, se décolorent
et ont, entre elles, les mêmes * ivalités
que les artistes professionnels.
M. Pierre Lafitte a si bien compris
cette théâtromanie qu'il a créé un Con-
servatoire destiné à perfectionner les
jeunes filles et les jeunes gens de la so-
ciété parisienne dans l'art difficile de la
Musique et de la déclamation. Et vous
Sc-vez le succès de cette ingénieuse en-
reprise.
La vie est trop simple, trop naturelle.
11 faut la compliquer. Précipitons-nous
au théâtre. Nous avons trop longtemps
respiré « l'air marin ou la douceur an-
gevine» ; il nous faut l'atmosphère sur-
chauffée des salles de spectacle, nos
,Vtux sont éblouis par la lumière aveu-
glante du soleil, guérissons-les à l'éclat
blafard des lampes électriques.
Il semble qu'un régisseur mystérieux
ait crié le traditionnel : « Place au Théâ-
tre! » et qu'il eût été aussitôt obéi.
D'ailleurs, il ne faudrait pas chercher
bien loin la preuve la plus probante de
cette vogue et de cet engouement. Et
ce journal.
Pierre MORTIER.
1 Nous publierons demain un article de
PELADAN
L'Ouvreuse négative
Je ne sais si le projet que l'on émet ac-
tuellement et qui consisterait à supprimer
complètement les ouvreuses aurait, à Pa-
ris, quelque chance de réussite? Je ne le
crois pas. D'abord, que taire des ouvreu-
ses? — Les transporter à Cayenne, dirait
Jacques May. Mais Jacques May est un
énergumène, tous ses amis savent cela: et
puis, chose plus grave, que faire de nos
vêtements? A Cayenne également, sans
doute, pour habiller les nègres? Non.
Alors, de petites armoires e secret avec
serrure à combinaison, et tous les ennuis
à la cèef que l'on en peut attendre: vous
voyez d'ici les gens recherchant dans leur
mémoire une combinaison perdue et atten-
dant toute la nuit le serrurier ou l'employé
de la maison de coffres-forts pour retrouver
leur parapluie.
Et puis, c'est là un procédé par trop amé-
ricain et qui n'est point dans nos mœurs
parisiennes. Déjà nous manquons terrible-
ment de pauvres, à qui nous pouvons taire
largement l'aumône de trois ou quatre
sous par mois pour nous mettre en règle
avec notre conscience, et les ouvreuses et
les garçons de café sont les seuls motifs
que nous ayons encore de déployer notre
faste.
Non, ce qu'il faudrait seulement, c'est
que mesdames les ouvreuses consentent à
plumer la poule — je ne dis point cela'
pour les chapeaux de dames -sans la
faire crier. Tant que leurs services ont
paru quelque peu justifiés pour le vestiaire,
pour le petit banc ou pour-le programme,
nous n'avons rien dit. Les protestations
n'ont commencé que du jour où nous
avons eu l'ouvreuse supplémentaire, récla-
mant son pourboire pour n'avoir rien fait.
Cette ouvreuse-là, qui n'ouvre plus que
nos porte-monnaie i nous parait d'autant
plus inadmissible qu'elle ne prend pas la
peine de dissimuler spn rôle('ou-
vreuse négative, celle qui réclame, dès le
début de la pièce, un petit pourboire « pour
qu'elle vous laisse tranquille, pour qu'elle
ne vous marche pas sur les pieds, pour
qu'elle ne vous ennuie pas durant le spec-
tacle, et qu'elle consente à vous le laisser
regarder en paix ». C'est l'ouvreuse à
péage, l'ouvreuse calabraise qui laisse pas-
ser le voyageur moyennant rançon et, com-
me cette rançon n'a rien qui rappelle l'ai-
mable tableau de la Passerelle à Péage, où
se rencontrent un délicieux jeune homme
et une Javissante jeune fille, elle nous est
insupportable.
C'est cette ouvreuse-là qu'il faut suppri-
mer, les autres font partie de ces innom-
brables inutilités qui remplissent la vie
quotidienne et la rendent, somme toute,
supportable en en masquant habilement le
vide effroyable et vertigineux.
- G. DE PAWLOWSKI.
Echos
Aujourd'hui, a une heure trois quarts,
au théâtre des Arts, répétition générale du
spectacle d'inauguration du Cercle drama-
tique : Les Essayeurs, Le Voyage de la Co-
médienne, un acte en vers de Fernand Ri-
vet; Le Ricochet, un acte de Pascal-Bo-
netti, et Clapotin, trois actes de A. Gau-
drey et Henri Clerc.
Ce soir, à huit heures et demie, au théâ-
tre Clllny, première représentation de : Qui
qu'a vu Ninette? vaudeville-opérette en
trois actes et quatre tableaux, de MM. Jules
Oudot et Jean Drault.
N.-B. — Le service de presse a été com-
plètement refait. Tous les billets doivent,
en conséquence, porter le timbre de la di-
rection.
Ce soir, 'à neuf heures, aux Folies-Roya-
les, répétition générale, pour la presse, du
spectacle d'inauguration de la ravissante
bonbonnière de la rue Fontaine : L'Envers
d'un Notaire, de M. Léo Trézenick, pour les
représentations de Mlle Irma Perrot; La
Belladone, de M. L. Nérac, pour celles de
Mlle Renée Davennes; Tommy, de MM.
Bonnet et Rosenberg, pour celles de Mlle
Alice Ery; Le Conservateur, de MM. Gré-
geois et Tallet, pour celles de M. Rosen-
berg; et Imposons la Revue nue, pour celles
de Mlle Marnac et de MM. William Burtey
et Bressol.
G
ouverner, c'est prévoir.
Quand M. Georges Baillet com-
mença à s'occuper de sa représentation ae
retraite, il s'en fut trouver M. Albert Car-
ré, à qui l'unissent de très anciens de sym-
pathie.
Le directeur de l'Opéra-Comique l'as-
sura aussitôt de sa meilleure volonté et lui
promit d'aider, dans la mesure de , ses for-
ces, à l'éclat de la fête. !
- Mais dit-il, il faut que je sache la
date de la représentation.
- Bien entendu, répondit le sociétaire,
ce sera le samedi 4 avril.
Alors, M. Carré réfléchit une minute et
murmura à dèmi-voix. -
Oui. Ce soir-là, je jouerai Alceste.
Il y a de cela plus de six semaines.
L
a Petite Fonctionnaire.
Au commencement du - quatrième
acte de Qui perd gagne, qui obtient un si
gros succès au théâtre Réjane, une petite
dactylographe — en la circonstance, Mlle
Denège — tapote prestement sur une ma-
chine à écrire.
Or, il y a quelques jours, Mlle Blanche
Denège s'étant trouvée subitement indispo-
sée, ne put avertir l'administration que fort
tard de l'impossibilité dans laquelle elle se
trouvait d'aller jouer.
Et, au dernier moment, la jolie petite
fonctionnaire fut remplacée par. M. Léon
Michel!
Heureusement, le rôle ne comportait pas
de scène d'amour!.
M
lie Cécile Sorel n'est pas seulement
une très belle et très intelligente
artiste — reine incontestée du monde dra-
matique. Son domaine s'étend jusqu'à la
politique, où elle règne en souveraine. On
sait qu'elle préside chaque mois — et avec
quelle autorité — un déjeuner poétique en
un restaurant voisin de la Madeleine. Ainsi
s'explique l'intérêt passionné avec lequel
Mlle Sorel suit les séances de la Cham-
bre. Jeudi dernier, son arrivée fit sensa-
tion; M. Barrès, qui était à la tribune, dut
s'interrompre dans une de ses périodes les
plus ronflantes; au banc des ministres, ce
ne furent que sourires, gestes amicaux.
Hier aussi, à cette séance où interpella M.
Meunier, le succès fat-pote* :. triomphale
Célimène: tous les visages étaient tournés
vers Elle; nos députés n'avaient d'yeux
que pour Elle qui, souriante, semblait pré-
sider.
Mlle Sorel, présidente de la Chambre.
Que de gens maintenant vont être réconci-
liés avec la Politique ! „
D
rames en scène. 1
Nous parlions, hier, de morts simu-
lées et de morts réelles en scène, f. entons,
aujourd'hui, un drame. mettons vaude-
ville qui fut joué en juillet dernier, à Mont-
réal (Canada).
La pièce représentée était un nombre
mélo, L'Incendiaire, dans lequel le traître
poignarde, au quatrième acte, la fiancée de
son rival. L'acteur Clayton, jouant le rôle
di traître, était passionnément amoureux
de l'ingénue, Miss Eddy Shaw, qui se fai-
sait un jeu cruel de le désespérer. Clayton,
affolé, jura, un soir, de se venger. Pendant
les trois premiers actes, ses yeux, lorsqu il
regardait Miss Eddy, lançaient des éclairs
de haine si violente que la pauvrette, ter-
rorisée, refusa "de paraître au quatrième.
Le régisseur dut la pousser en scène.
Gomme elle avait raison de se défier !
Car, au moment de la poignarder, Clayton,
larouehe, sorti* de sa poche 'BÍi'-flacon et, i
violemment, en aspergea le visage de l'in-
génue.
Celle-ci, se sauva en poussant des cris
horribles. Elle était vitriolée! Défigurée à
jamais!
Quelle erreur! Le flacon ne contenait
que de l'eau pure. L'histoire s'ébruita et
Miss Eddy Shaw, écrasée par le ridicule,
dut quitter le théâtre.
Elle se réfugia chez nous et fut quelque
temps, à Montmartre, l'étoile de danse d'un
restaurant de nuit.
Pauvre petite poupée!
D
u temps que les bêtes parlaient.
.On ne pouvait pas rencontrer
d animaux plus spirituels, plus fins cau-
seurs, plus joyeusement imprévus dans
leurs gestes et dans leurs allures que les
animaux dessinés par Rabier et réunis
dans l'élégant foyer de la Comédie-Royale.
Hier après-midi, des hommes mû's et
graves, de jeunes dames mélancoliques et
des garçonnets intimidés par la majesté du
lieu, vinrent visiter cette coquette ména-
gerie, et tous riaient aux éclats, oubliant
leur gravité, leur mélancolie ou le luxe im-
posant de l'endroit.
Et elle si drôle, si joyeuse, ia fantaisie
de Benjamin Rabier, que même ses bêtes,
dans leurs caches, ne peuvent se tenir de
rire. -
u
n joli geste. 1
L'homme de lettres, a-t-on dit sou-
vent, ou a peu près, est un loup pour
l'homme de lettres.
Il y a du vrai, hélas! dans cette affir-
mation. Pourtant d'heureuses exceptions
confirment parfois cette règle.
L'autre soir, au Théâtre-Mondain, l'un
des artistes de la distribution de: La Rai-
son du plus fort, la belle pièce dramatique
de M. Gabriel Bernard, dont nous avons
relaté le brillant succès, se trouvant subi-
tement indisposé, c'est un des auteurs du
même spectacle, M. Léon Deloncle, qui a
joué au pied levé le rôle du médecin. Et
M. Deloncle, de qui le public applaudissait,
quelques instants plus tard, le drame Le
Minotaure, obtint, comme comédien, un
fort joli succès.
Il est vrai que MM. Gabriel Bernard et
Léon Deloncle sont de jeunes auteurs.
Cet âge n'est pas encore sans pitié..
Q
-
uelques petits changements.
Il v a, en province, beaucoup de
gens qui font des pièces de théâtre, et il y
en a quelques-uns qui réussissent à les
faire jouer — même à Paris.
Un habitant d'une importante ville du
Nord avait ainsi envoyé un manuscrit à un
très sympathique directeur qui ne joue
guère que des pièces en un acte.
Ce manuscrit fut retenu, mais ie direc-
teur estima nécessaires certaines modifica-
tions. Il écrivit à l'auteur, qui s'en remit
complètement à lui: « Si vous me le per-
mettez, je vais faire quelques petits chan-
gements. »
Le directeur, alors, supprima certaines
scènes, en récrivit complètement d'autres,
transforma l'un des personnages et donna
à l'ouvrage, ainsi transformé, un nouveau
titre plus évocateur et plus alléchant. -
La pièce était représentée depuis près
de deux mois et continuait une heureuse
carrière, quand l'auteur vint passer quel-
ques jours à Paris.
II se rendit au théâtre où son manuscrit
était reçu : t puis, après avoir assisté au
spectacle, rendit visite au directeurs
- Eh bien! lui demandat-il, quand al-
lez-vous me jouer?
— Mais il y a longtemps que c'est fait.
Votre comédie est une des six pièces du
programme et vous l'avez entendue ce
soir.
L'auteur regarda, un peu ahuri; son af-
firmatif interlocuteur et susurra, la voix
molle et le regard vague:
- Laquelle était-ce?
B
ataille de dames. 1
Il paraît que la reprise d'Amoureuse, ,
à la Comédie-Française, est absolument
décidée aujourd'hui.
Malheureusement, ce projet de réalisa-
tion rapide voit s'élever contre lui une ri-
valité d'interprètes, bien inattendue.
Le rôle est actuellement donné à Mlle
Marie Leconte, que désire, paraît-il, Geor-
ges de Porto-Riche, et qui vient, en le
jouant à Liège, d,:en prendre une quasi-pos-
session.
Mais voici que le réclame aussi Mlle
Berthe Cerny, à qui il fut promis raguère.
La charmante artiste semble très résolue à
faire valoir jusqu'au bout la légitimité de
ses droits.
Qui l'emportera? Le différend est sé-
rieux. A M. Jules Claretie revient la mis-
sion délicate de le trancher par une déci-
sion -;;.Qol1t l'une des pensionnâtes lui
tiendra certainement rancune, et dont l'au-
tre, en revanche, ne lui saura aucun gré.
i
our les magazines de mode, ce sujet
d'article: La Parisienne chez Pail-
! lard, et ce sera les thés délicieux en cor-
Irects tailleurs, les toilettes des exquis et
! délicats-dîners, mousselines et dentelles,
les décolletés adorables des soupers où
presque chaque convive porte un nom cé-
ïàhrf
L
es nouvelles bicyclettes légères de tou-
risme pour homme et dame, de la
Société « La Française » (marque Dia-
mant) sont exposées: 16, avenue de la
Grande-Armée. s
.1 Le Masque de Verre.
Pour manifester
, de jeunes talents
Comme nous l'annoncions hier à nos lec-
teurs, il reste bien peu de places disponi-
bles pour la représentation qui nous per-
mettra le - 12 avril prochain de mettre en
;qatêut"-qtM'èfm.'S îfetafie»' talents.- v ,"
Lé très brillant et très varié programme
que nous avons arrêté ne pouvait d'ailleurs
manquer d'attirer un nombreux public.
Nous sommes, quant à nous, ravis de ce
succès certain, car nous pensons servir ainsi
efficacement la cause des jeunes artistes.
Voici le programme de cette fête:
M. ARNOLD, L'Holocauste (Leconte de Lisle).
Mlle Mireille BAID, mélodies, airs d'opéra.
M. Léon BREJAC et Mlle Georgette LEDUC,
Eux, comédie en un acte, de Maurice Don-
nay.
Mlle Mercédès BRARE et M. LORETT, des
Bouffes, L'Avancement, un acte, de M. Pollo-
nais.
Mme LE FLOCH, des Concerts Classiques,
Aimante, valse lente; Viens avec moi, petit;
La Vivandière.
Mme FOCKÉ: Le Prophète (Meyerbeer); Iphi-
génie en Aulide (Gluck); Les Larmes, de
Werther (Massenet).
Mlle J. FORESTIER, Les Petites Bourgeoises
(A. Jacquemin); L'Intellectuelle (G. Demelle).
M. GOSSE, chansons comiques.
Mlle MORGEOT et M. NADET, duo de Mireille.
Mlle Alexandrine NICOULESCO, cavatine de la
Somnambule (Bellini).
Mlle Madeleine SION, La Casta Diva, grand
air (Norma).
Et pour terminer:
Le Bonhomme Jadis, d'Henri Murger, avec
M. White, Jadis; M.. Charpentier, Octave; Mlle
Jeannet, Jacqueline.
Il faut joindre à ces noms, encore peu
connus, ceux des admirables artistes qui
Paul Boyer et Bert, phot.
Mlle Cermaine Dalbray
veulent bien rehausser par leur grand ta-
lent l'éclat de cette soirée:
Mlle Germaine DALBRAY, du Théâtre de
la Monnaie;
Et Mme BOYER DE LAFORY, de l'Opéra-
Comique.
- Ces deux merveilleuses cantatrices se-
ront accompagnées au piano par M. Adrien
Ray, de l'Opéra.
Quant à Mlle Liliann GREUZE, la jeune
et gracieuse comédienne si fêtée au théâtre
Sarah-Bernhardt et au Gymnase, elle dira
La Rançon des Baisers, de Jean, Rameau,
et Le Bonnet de Suzon, de Henri de FIeu-
rigny.
Ceux de nos lecteurs qui désirent des
places pour cette belle soirée peuvent en-
core en retenir aux bureaux de Comœdia.
Le prix en est de :
Cinq francs pour les places de loges; *
Et de trois francs pour les fauteuils d'or-
çn estre. -
Le faciès dramatique
et le ciseau du statuaire
Chez
A.MAILLARD
Sculpteur
des Artistes
DES BUSTES
DES STATUETTES
DES SOUVENIRS
Lucien Fugèra
près de son buste, dans l'atelier d'Aug. MaSlIâr^i .1
'Nos confrères delà
presse politique annon-
çaient le départ pour
Grasse, ces jours-ci, du
monument en marbre de
Fragonard qui, sorti du
ciseau du maître Augus-
! te Maillard. fut inau-
guré - avec son modèle en plâtre — l'année
dernière, en cette ville, par M. Dujardin-Beau-
* La statue de Virgile
dans le parc de Rostand
metz, sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-A ,
valut à son auteur, qui. compte aux quatre coin-
de la France, dix monuments, une juste cron
de la Légion d'honneur.
Auguste Maillard est aussi le sculpteur des
artistes. C'est pourquoi je m'en fus hier à sor
atelier du boulevard Malesherbes visiter 1 hom-
me qui statufia Rostand, Coquelin, Fugere, Au
trusta Holmès, etc.
Auguste Maillard, à notre entrée, s'efforce,
avec de grandes toiles, de masquer le monu.
ment funéraire de Luigini qui lui fut spéciale-
ment commandé par l'Opéra-Comique.
— Ne cachez donc pas votre grande et su-
perbe machine sur Luigni, voyons, lui dis-je.
La ressemblance est extraordinaire ! M. Carré
et les souscripteurs, je veux dire les admirateurs
et amis du grand chef d'orchestre, doivent être
bien contents.
Mais je suis en plein théâtre. C'est, dans un
désordre savant - le chaos est quelquefois une
harmonie — une véritable galerie des bustes,
dans laquelle je pénètre. Voici le monumenl
d'Augusta Holmès. Ce fut Mlle Henriot, la jeu-
ne sociétaire qui mourut si tragiquement en
1900 dans l'incendie de la Comédie-Française,
qui inspira au sculpteur l'idée de la Muse, sur-
plombant le socle.
A côté, placé là par. la main amusée des
contrastes, voici une délicieuse statuette: Co-
quelin aîné pêchant à la ligne! Le bel artiste,
un parasol sous le bras gauche, tend de sa
dextre, aux poissons de la Nive, la rivière de
Cambo, chez Edmond Rostand, une gaule pleine
d'invites. Le nez en l'air, les yeux rives sur
un imaginaire bouchon, Cyrano sjpst embour-
geoisé et son épée n'est plus qu'une canne S
oeche !
- Et si vous saviez, me dit l'élève de Fal..
guiere, qui est devenu un familier de Gambo,
quels cris joyeux poussait là-bas Coquelin
quand il avait pris une truite! Il claironnait sa
victoire, avec de tels accents de trompette, que
jamais, je crois, on n'en entendit de tels au.)
théâtre. 1
- Et ce Fugère, à califourchon sur son une?'
demandons-nous.
— Ça, nous dit Maillard, c'est l'excellent*
artiste en moine, revenant du marché. au 2r aeie
du Jongleur de Notre-Dame, la figure enlümi.,.
née, la lèvre tout humide.de joies gourmandes.,;,
ses mains grasses pleines de fleurs. et Je lé-*
aumes, prêt à nous chanter son fameux air!
de la Sauge!..3
— Vous avez, ie crois, peuplé l'Eden dIt
poète Edmond Rostand de bustes rappelant ses
auteurs préférés?
— Oui, me répond le sculpteur. Je suis ailé,
1 Cambo trois années d~ suite et j'ai, laissé'
derrière moi des compositions allégorique-: de-*
ouis Virgile jusqu'à Victor Hugo, en passani
oar Aristophane, Ronsard, Lafontaine, Cervan-
tès, Shakespeare, etc.
- Vous avez, je le sais, coutume de prendre
oour matérialiser les symboles et les fictions1
ooétiques, des actrices de notre temps ?
En effet, rne répond l'auteur de tant Je,
ihefs-d œuvre et.. avec quelques accommode-
nents artistiques, je suis sur d'être dans lai
erité. Le visage des artistes réflète, tant est,
grande la facilité' avebIFqubltÏ- elles enflent
'ans la peau des personnages, tous les sent;":
nents que la pierre ou le bronze — ces eho-
es froides qu'il faut animer — rendent ensults
çoquenn aIne
Pêchant à la ligne à Cambo
et fixent à tout jamais. C'est ainsi que je rrr.
suis inspiré de la grande artiste Mlle Brèval.
de Opéra, pour personnifier la Patrie, dans
mon monument des soldats et marins bretons
morts pour la France, que vous pouvez voir
à Brest et que ses mêmes traits ,se retrouvent
dans mon monument, patriotique d'Asnières.
Dans celui de Fragonard, c'est Mlle Jonhson,
Dans celui de Frago POUr la Muse, et pour
mon buste de la République, qui est devenu
officiel aujourd'hui je suis alié fouiller et me
suis inspiré des documents se rapportas à la
grande tragédienne Mlle Agar
Ma visite prend fin. Dans des vitrines ra-
perçois des statuettes gracieuses: Mlle Cha^-
les, de l'Opéra-Comique, dans ses danses à
crinoline; Mlle Borgo, de l'Opéra, d ne Le,
Huguenots; la divette Marguerite dé Ter et
Sarah Bernhardt, àans L, Sorcière. «
Non, vraiment, il, y en a trop! Et je me
sauve avec des visions d'art plein les yeux.
E. ROUZIER-DORCIERES.
1 THÉATRE RÉ JANE
LE GRILLON
Je ne ferai pas aux lecteurs de Comœ-
dia l'injure de croire qu'ils ne connaissent
point le célèbre conte de Dickens, d'où M.
de .Francmesnil a tiré cette charmante
pièce. Même au cas où je devrais la leur
infliger, cette injure, je ne saurais suppo-
ser qu'ils ont la mémoire assez infidèle
pour avoir oublié les récents articles con-
sacrés au Grillon quand TOdeôn le repré-
senta.
A coup sûr ils se rappellent, nos fins
amateurs de belles choses et de bon théâ-
tre le brave voiturier John Peerybingle et
sa chère, jolie, spirituelle, exquise petite
femme Dot ; et comment le délicieux vieux
Caleb fait croire à sa pauvre fille Bertha
l'aveugle que tout au monde est bon et
beau, voire l'immonde usurier Tackleton;
et ce qui advient parce que Dot et Caleb
ont menti, croyant le faire pour le mieux;
l et la jai^usie de JchnJ et le mariage clan-
destin de May - avec son promis Edouard,
revenu , après six ans d'absence en Caiitor-
nie; et les explications finales où tout s-~
range; p! t ce conte entier, sentimental, ro-
manesque, bonhomme, enfantin, poeuque,
humouristique, où pétille l'esprit et où s'é-
panouit le coeur du grand Dickens, et faut
cela entre les chants alternés et fondus
tour à toûr, de la bouillotte, et du a-il'on,
ces deux âmes, ces deux génies familiers
du foyer anglais.
Il faut louer Réjane d'avoir donné à ses
habitués du jeudi cette gentille adaptation.
faite avec respect et tendresse pour Lnc-
kens, et de façon à ne pas trop laisser per..
dre le parfum si spécial du cher conteur.
Vraiment, ceux qui l'adorent, comme moi,
le retrouvent assez bien ici ; et ceux qui
ns le connaîtraient pas encore y appren^
draient a l'aimer.
La pièce est fort bien jouée,.ar —~
1
lf Numéro : 9 centimes
Vendredi 3 Avril 19M.
> o. de PA WLOWSKI
J Rédacteur en Chef : G* de PAWLOWSKl
,■ ■ : i • ''■ v
RÉDACTION & ADMINISTRATION;
27, Souleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
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UN AN 8 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
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REDACTION & ADMt/ÏISTRÀTION :
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UH AN 6 MOIS
- -
Paris et Départements. 24 fr. 12 fr
Étranger40 » 20 »
Les Trois
Cortèges
.Tons les Français sont des acteurs
dont les moins bons sont au théâ-
tre.
-, Henri HEINE.
Cinq heures. Au coin du faubourg
>aint-Honoré et de la rue Royale, l'ha-
bituel encombrement. Les voitures, ser-
rées, paraissent accrochées les unes aux
autres. On se demande comment elles
pourront se dégager et suivre chacune
leur chemin, lorsque l'agent aura levé
son bâton blanc, avec cet air résigné
qui semble dire : « Débrouillez-vous ! »
Mais il ne se décide pas. L'embarras
s'accroît. Voici des camions pesants, des
fiacres numérotés et des automobiles de
toutes les formes, de tous les modèles
et de toutes les couleurs.
Dans ce fouillis, un bicycliste circule
à l'aise, passe sous le nez des chevaux,
frôle les t trépidants moteurs qui sem-
blent s'impatienter de rester ainsi im-
mobiles et manque de renverser les pas-
sants et de se faire écraser par un petit
bossu qui traîne une voiture à bras.
e*
En tête de la file, trois taxi-autos,
exactement pareils, attendent que liberté
leur soit rendue par le fonctionnaire
qui, sans dpute pour mieux faciliter la
circulation, prend plaisir à la compli-
quer.
Dans le premier, un vieillard à la
barbe blanche. Il a la mine placide et
l'air tranquille d'un bon bourgeois qui
« a bien le temps»!
* Dans le second, un homme au teint
bistré, au profil énergique, au nez an-
guleux. aux pommettes osseuses, dissi-
mule mal la mauvaise humeur et l'éner-
vement que lui cause cet arrêt inutile et
forcé.
Dans le troisième, un homme jeune,
à la figure mobile, aux gestes prompts,
parlemente avec l'agent, explique qu'il
est pressé et qu'il lui est impossible de
demeurer plus longtemps sur place. Et,
comme l'ordre du départ n'a pas encore
été donné, il fouille dans sa poche, en
tire une carte rose ornée d'une photo-
graphie et la brandit triomphalement à
la, portière. Aussitôt,* la police s'huma-
nise et le gardien de la paix fait signe
au chauffeur qui conduit ce personnage
illustre qu'il est libre de poursuivre sa
course. Avec fierté, celui-ci se met en
marche, écarte les autres voitures, les
cogne, les bouscule, et, après mille ef-
forts, se fraye un passage dans cet en-
chevêtrement.
Et, narguant ses voisins, moins favo-
risés, il part à toute vitesse, cependant
que son client sourit à l'agent, qui lui
prodigue les marques extérieures du
plus profond respect.
Ce voyageur important .qui, seul et
d'un geste, a raison de la police de son
pays, est M. Max Dearly, l'artiste des
iVariétés.
[ Les deux hommes qui, sans se plain-
dre, attendent depuis dix minutes le bon
plaisir du sergent de ville, sont: l'un,
M. Emile Loubet, ancien président de
4a République française.
f Sans exagérer la portée de cette pe-
tite anecdote, on peut convenir qu'elle
fournirait au moraliste un prétexte à
de graves méditations.
Le théâtre domine tout. Nous vivons
dans une époque charmante où, seules,
les choses de la scène ont pour nous
quelque agrément.
Le théâtre n'est plus seulement le re-
flet de la vie, le reflet de l'histoire, (
■c'est la vie, c'est l'histoire. On sonnait
.mieux la date de naissance et la chro-
nique sentimentale des artistes que cel-
lles des rois de France. Tout est théâtre.
Le théâtre est partout. On ne songe
qu'au théâtre. On ne vit que pôur le
théâtre.
L'histoire du Foyer, la question des
billets de faveur intéressent beaucoup
plus que la guerre du Maroc et l'impôt
sur le revenu. On donne une impor-
tance bien plus grande au voyage de
M. Mounet-Sully à Berlin qu'au dépla-
cement présidentiel de M. Fallières ren-
dant visite aux Méridionaux inondés ; le
portrait de Mlle Polaire est plus connu
des foules que celui du docteur Roux,
et M. de Max inspira aux échotiers plus
de nouvelles à la main que M. Camille
Pelletan !
Les dames du monde jouent I.comé-
aie dans tous les salons et sur toutes les
scènes, elles vont au cours, suivent des
répétitions, se maquillent, se décolorent
et ont, entre elles, les mêmes * ivalités
que les artistes professionnels.
M. Pierre Lafitte a si bien compris
cette théâtromanie qu'il a créé un Con-
servatoire destiné à perfectionner les
jeunes filles et les jeunes gens de la so-
ciété parisienne dans l'art difficile de la
Musique et de la déclamation. Et vous
Sc-vez le succès de cette ingénieuse en-
reprise.
La vie est trop simple, trop naturelle.
11 faut la compliquer. Précipitons-nous
au théâtre. Nous avons trop longtemps
respiré « l'air marin ou la douceur an-
gevine» ; il nous faut l'atmosphère sur-
chauffée des salles de spectacle, nos
,Vtux sont éblouis par la lumière aveu-
glante du soleil, guérissons-les à l'éclat
blafard des lampes électriques.
Il semble qu'un régisseur mystérieux
ait crié le traditionnel : « Place au Théâ-
tre! » et qu'il eût été aussitôt obéi.
D'ailleurs, il ne faudrait pas chercher
bien loin la preuve la plus probante de
cette vogue et de cet engouement. Et
ce journal.
Pierre MORTIER.
1 Nous publierons demain un article de
PELADAN
L'Ouvreuse négative
Je ne sais si le projet que l'on émet ac-
tuellement et qui consisterait à supprimer
complètement les ouvreuses aurait, à Pa-
ris, quelque chance de réussite? Je ne le
crois pas. D'abord, que taire des ouvreu-
ses? — Les transporter à Cayenne, dirait
Jacques May. Mais Jacques May est un
énergumène, tous ses amis savent cela: et
puis, chose plus grave, que faire de nos
vêtements? A Cayenne également, sans
doute, pour habiller les nègres? Non.
Alors, de petites armoires e secret avec
serrure à combinaison, et tous les ennuis
à la cèef que l'on en peut attendre: vous
voyez d'ici les gens recherchant dans leur
mémoire une combinaison perdue et atten-
dant toute la nuit le serrurier ou l'employé
de la maison de coffres-forts pour retrouver
leur parapluie.
Et puis, c'est là un procédé par trop amé-
ricain et qui n'est point dans nos mœurs
parisiennes. Déjà nous manquons terrible-
ment de pauvres, à qui nous pouvons taire
largement l'aumône de trois ou quatre
sous par mois pour nous mettre en règle
avec notre conscience, et les ouvreuses et
les garçons de café sont les seuls motifs
que nous ayons encore de déployer notre
faste.
Non, ce qu'il faudrait seulement, c'est
que mesdames les ouvreuses consentent à
plumer la poule — je ne dis point cela'
pour les chapeaux de dames -sans la
faire crier. Tant que leurs services ont
paru quelque peu justifiés pour le vestiaire,
pour le petit banc ou pour-le programme,
nous n'avons rien dit. Les protestations
n'ont commencé que du jour où nous
avons eu l'ouvreuse supplémentaire, récla-
mant son pourboire pour n'avoir rien fait.
Cette ouvreuse-là, qui n'ouvre plus que
nos porte-monnaie i nous parait d'autant
plus inadmissible qu'elle ne prend pas la
peine de dissimuler spn rôle('ou-
vreuse négative, celle qui réclame, dès le
début de la pièce, un petit pourboire « pour
qu'elle vous laisse tranquille, pour qu'elle
ne vous marche pas sur les pieds, pour
qu'elle ne vous ennuie pas durant le spec-
tacle, et qu'elle consente à vous le laisser
regarder en paix ». C'est l'ouvreuse à
péage, l'ouvreuse calabraise qui laisse pas-
ser le voyageur moyennant rançon et, com-
me cette rançon n'a rien qui rappelle l'ai-
mable tableau de la Passerelle à Péage, où
se rencontrent un délicieux jeune homme
et une Javissante jeune fille, elle nous est
insupportable.
C'est cette ouvreuse-là qu'il faut suppri-
mer, les autres font partie de ces innom-
brables inutilités qui remplissent la vie
quotidienne et la rendent, somme toute,
supportable en en masquant habilement le
vide effroyable et vertigineux.
- G. DE PAWLOWSKI.
Echos
Aujourd'hui, a une heure trois quarts,
au théâtre des Arts, répétition générale du
spectacle d'inauguration du Cercle drama-
tique : Les Essayeurs, Le Voyage de la Co-
médienne, un acte en vers de Fernand Ri-
vet; Le Ricochet, un acte de Pascal-Bo-
netti, et Clapotin, trois actes de A. Gau-
drey et Henri Clerc.
Ce soir, à huit heures et demie, au théâ-
tre Clllny, première représentation de : Qui
qu'a vu Ninette? vaudeville-opérette en
trois actes et quatre tableaux, de MM. Jules
Oudot et Jean Drault.
N.-B. — Le service de presse a été com-
plètement refait. Tous les billets doivent,
en conséquence, porter le timbre de la di-
rection.
Ce soir, 'à neuf heures, aux Folies-Roya-
les, répétition générale, pour la presse, du
spectacle d'inauguration de la ravissante
bonbonnière de la rue Fontaine : L'Envers
d'un Notaire, de M. Léo Trézenick, pour les
représentations de Mlle Irma Perrot; La
Belladone, de M. L. Nérac, pour celles de
Mlle Renée Davennes; Tommy, de MM.
Bonnet et Rosenberg, pour celles de Mlle
Alice Ery; Le Conservateur, de MM. Gré-
geois et Tallet, pour celles de M. Rosen-
berg; et Imposons la Revue nue, pour celles
de Mlle Marnac et de MM. William Burtey
et Bressol.
G
ouverner, c'est prévoir.
Quand M. Georges Baillet com-
mença à s'occuper de sa représentation ae
retraite, il s'en fut trouver M. Albert Car-
ré, à qui l'unissent de très anciens de sym-
pathie.
Le directeur de l'Opéra-Comique l'as-
sura aussitôt de sa meilleure volonté et lui
promit d'aider, dans la mesure de , ses for-
ces, à l'éclat de la fête. !
- Mais dit-il, il faut que je sache la
date de la représentation.
- Bien entendu, répondit le sociétaire,
ce sera le samedi 4 avril.
Alors, M. Carré réfléchit une minute et
murmura à dèmi-voix. -
Oui. Ce soir-là, je jouerai Alceste.
Il y a de cela plus de six semaines.
L
a Petite Fonctionnaire.
Au commencement du - quatrième
acte de Qui perd gagne, qui obtient un si
gros succès au théâtre Réjane, une petite
dactylographe — en la circonstance, Mlle
Denège — tapote prestement sur une ma-
chine à écrire.
Or, il y a quelques jours, Mlle Blanche
Denège s'étant trouvée subitement indispo-
sée, ne put avertir l'administration que fort
tard de l'impossibilité dans laquelle elle se
trouvait d'aller jouer.
Et, au dernier moment, la jolie petite
fonctionnaire fut remplacée par. M. Léon
Michel!
Heureusement, le rôle ne comportait pas
de scène d'amour!.
M
lie Cécile Sorel n'est pas seulement
une très belle et très intelligente
artiste — reine incontestée du monde dra-
matique. Son domaine s'étend jusqu'à la
politique, où elle règne en souveraine. On
sait qu'elle préside chaque mois — et avec
quelle autorité — un déjeuner poétique en
un restaurant voisin de la Madeleine. Ainsi
s'explique l'intérêt passionné avec lequel
Mlle Sorel suit les séances de la Cham-
bre. Jeudi dernier, son arrivée fit sensa-
tion; M. Barrès, qui était à la tribune, dut
s'interrompre dans une de ses périodes les
plus ronflantes; au banc des ministres, ce
ne furent que sourires, gestes amicaux.
Hier aussi, à cette séance où interpella M.
Meunier, le succès fat-pote* :. triomphale
Célimène: tous les visages étaient tournés
vers Elle; nos députés n'avaient d'yeux
que pour Elle qui, souriante, semblait pré-
sider.
Mlle Sorel, présidente de la Chambre.
Que de gens maintenant vont être réconci-
liés avec la Politique ! „
D
rames en scène. 1
Nous parlions, hier, de morts simu-
lées et de morts réelles en scène, f. entons,
aujourd'hui, un drame. mettons vaude-
ville qui fut joué en juillet dernier, à Mont-
réal (Canada).
La pièce représentée était un nombre
mélo, L'Incendiaire, dans lequel le traître
poignarde, au quatrième acte, la fiancée de
son rival. L'acteur Clayton, jouant le rôle
di traître, était passionnément amoureux
de l'ingénue, Miss Eddy Shaw, qui se fai-
sait un jeu cruel de le désespérer. Clayton,
affolé, jura, un soir, de se venger. Pendant
les trois premiers actes, ses yeux, lorsqu il
regardait Miss Eddy, lançaient des éclairs
de haine si violente que la pauvrette, ter-
rorisée, refusa "de paraître au quatrième.
Le régisseur dut la pousser en scène.
Gomme elle avait raison de se défier !
Car, au moment de la poignarder, Clayton,
larouehe, sorti* de sa poche 'BÍi'-flacon et, i
violemment, en aspergea le visage de l'in-
génue.
Celle-ci, se sauva en poussant des cris
horribles. Elle était vitriolée! Défigurée à
jamais!
Quelle erreur! Le flacon ne contenait
que de l'eau pure. L'histoire s'ébruita et
Miss Eddy Shaw, écrasée par le ridicule,
dut quitter le théâtre.
Elle se réfugia chez nous et fut quelque
temps, à Montmartre, l'étoile de danse d'un
restaurant de nuit.
Pauvre petite poupée!
D
u temps que les bêtes parlaient.
.On ne pouvait pas rencontrer
d animaux plus spirituels, plus fins cau-
seurs, plus joyeusement imprévus dans
leurs gestes et dans leurs allures que les
animaux dessinés par Rabier et réunis
dans l'élégant foyer de la Comédie-Royale.
Hier après-midi, des hommes mû's et
graves, de jeunes dames mélancoliques et
des garçonnets intimidés par la majesté du
lieu, vinrent visiter cette coquette ména-
gerie, et tous riaient aux éclats, oubliant
leur gravité, leur mélancolie ou le luxe im-
posant de l'endroit.
Et elle si drôle, si joyeuse, ia fantaisie
de Benjamin Rabier, que même ses bêtes,
dans leurs caches, ne peuvent se tenir de
rire. -
u
n joli geste. 1
L'homme de lettres, a-t-on dit sou-
vent, ou a peu près, est un loup pour
l'homme de lettres.
Il y a du vrai, hélas! dans cette affir-
mation. Pourtant d'heureuses exceptions
confirment parfois cette règle.
L'autre soir, au Théâtre-Mondain, l'un
des artistes de la distribution de: La Rai-
son du plus fort, la belle pièce dramatique
de M. Gabriel Bernard, dont nous avons
relaté le brillant succès, se trouvant subi-
tement indisposé, c'est un des auteurs du
même spectacle, M. Léon Deloncle, qui a
joué au pied levé le rôle du médecin. Et
M. Deloncle, de qui le public applaudissait,
quelques instants plus tard, le drame Le
Minotaure, obtint, comme comédien, un
fort joli succès.
Il est vrai que MM. Gabriel Bernard et
Léon Deloncle sont de jeunes auteurs.
Cet âge n'est pas encore sans pitié..
Q
-
uelques petits changements.
Il v a, en province, beaucoup de
gens qui font des pièces de théâtre, et il y
en a quelques-uns qui réussissent à les
faire jouer — même à Paris.
Un habitant d'une importante ville du
Nord avait ainsi envoyé un manuscrit à un
très sympathique directeur qui ne joue
guère que des pièces en un acte.
Ce manuscrit fut retenu, mais ie direc-
teur estima nécessaires certaines modifica-
tions. Il écrivit à l'auteur, qui s'en remit
complètement à lui: « Si vous me le per-
mettez, je vais faire quelques petits chan-
gements. »
Le directeur, alors, supprima certaines
scènes, en récrivit complètement d'autres,
transforma l'un des personnages et donna
à l'ouvrage, ainsi transformé, un nouveau
titre plus évocateur et plus alléchant. -
La pièce était représentée depuis près
de deux mois et continuait une heureuse
carrière, quand l'auteur vint passer quel-
ques jours à Paris.
II se rendit au théâtre où son manuscrit
était reçu : t puis, après avoir assisté au
spectacle, rendit visite au directeurs
- Eh bien! lui demandat-il, quand al-
lez-vous me jouer?
— Mais il y a longtemps que c'est fait.
Votre comédie est une des six pièces du
programme et vous l'avez entendue ce
soir.
L'auteur regarda, un peu ahuri; son af-
firmatif interlocuteur et susurra, la voix
molle et le regard vague:
- Laquelle était-ce?
B
ataille de dames. 1
Il paraît que la reprise d'Amoureuse, ,
à la Comédie-Française, est absolument
décidée aujourd'hui.
Malheureusement, ce projet de réalisa-
tion rapide voit s'élever contre lui une ri-
valité d'interprètes, bien inattendue.
Le rôle est actuellement donné à Mlle
Marie Leconte, que désire, paraît-il, Geor-
ges de Porto-Riche, et qui vient, en le
jouant à Liège, d,:en prendre une quasi-pos-
session.
Mais voici que le réclame aussi Mlle
Berthe Cerny, à qui il fut promis raguère.
La charmante artiste semble très résolue à
faire valoir jusqu'au bout la légitimité de
ses droits.
Qui l'emportera? Le différend est sé-
rieux. A M. Jules Claretie revient la mis-
sion délicate de le trancher par une déci-
sion -;;.Qol1t l'une des pensionnâtes lui
tiendra certainement rancune, et dont l'au-
tre, en revanche, ne lui saura aucun gré.
i
our les magazines de mode, ce sujet
d'article: La Parisienne chez Pail-
! lard, et ce sera les thés délicieux en cor-
Irects tailleurs, les toilettes des exquis et
! délicats-dîners, mousselines et dentelles,
les décolletés adorables des soupers où
presque chaque convive porte un nom cé-
ïàhrf
L
es nouvelles bicyclettes légères de tou-
risme pour homme et dame, de la
Société « La Française » (marque Dia-
mant) sont exposées: 16, avenue de la
Grande-Armée. s
.1 Le Masque de Verre.
Pour manifester
, de jeunes talents
Comme nous l'annoncions hier à nos lec-
teurs, il reste bien peu de places disponi-
bles pour la représentation qui nous per-
mettra le - 12 avril prochain de mettre en
;qatêut"-qtM'èfm.'S îfetafie»' talents.- v ,"
Lé très brillant et très varié programme
que nous avons arrêté ne pouvait d'ailleurs
manquer d'attirer un nombreux public.
Nous sommes, quant à nous, ravis de ce
succès certain, car nous pensons servir ainsi
efficacement la cause des jeunes artistes.
Voici le programme de cette fête:
M. ARNOLD, L'Holocauste (Leconte de Lisle).
Mlle Mireille BAID, mélodies, airs d'opéra.
M. Léon BREJAC et Mlle Georgette LEDUC,
Eux, comédie en un acte, de Maurice Don-
nay.
Mlle Mercédès BRARE et M. LORETT, des
Bouffes, L'Avancement, un acte, de M. Pollo-
nais.
Mme LE FLOCH, des Concerts Classiques,
Aimante, valse lente; Viens avec moi, petit;
La Vivandière.
Mme FOCKÉ: Le Prophète (Meyerbeer); Iphi-
génie en Aulide (Gluck); Les Larmes, de
Werther (Massenet).
Mlle J. FORESTIER, Les Petites Bourgeoises
(A. Jacquemin); L'Intellectuelle (G. Demelle).
M. GOSSE, chansons comiques.
Mlle MORGEOT et M. NADET, duo de Mireille.
Mlle Alexandrine NICOULESCO, cavatine de la
Somnambule (Bellini).
Mlle Madeleine SION, La Casta Diva, grand
air (Norma).
Et pour terminer:
Le Bonhomme Jadis, d'Henri Murger, avec
M. White, Jadis; M.. Charpentier, Octave; Mlle
Jeannet, Jacqueline.
Il faut joindre à ces noms, encore peu
connus, ceux des admirables artistes qui
Paul Boyer et Bert, phot.
Mlle Cermaine Dalbray
veulent bien rehausser par leur grand ta-
lent l'éclat de cette soirée:
Mlle Germaine DALBRAY, du Théâtre de
la Monnaie;
Et Mme BOYER DE LAFORY, de l'Opéra-
Comique.
- Ces deux merveilleuses cantatrices se-
ront accompagnées au piano par M. Adrien
Ray, de l'Opéra.
Quant à Mlle Liliann GREUZE, la jeune
et gracieuse comédienne si fêtée au théâtre
Sarah-Bernhardt et au Gymnase, elle dira
La Rançon des Baisers, de Jean, Rameau,
et Le Bonnet de Suzon, de Henri de FIeu-
rigny.
Ceux de nos lecteurs qui désirent des
places pour cette belle soirée peuvent en-
core en retenir aux bureaux de Comœdia.
Le prix en est de :
Cinq francs pour les places de loges; *
Et de trois francs pour les fauteuils d'or-
çn estre. -
Le faciès dramatique
et le ciseau du statuaire
Chez
A.MAILLARD
Sculpteur
des Artistes
DES BUSTES
DES STATUETTES
DES SOUVENIRS
Lucien Fugèra
près de son buste, dans l'atelier d'Aug. MaSlIâr^i .1
'Nos confrères delà
presse politique annon-
çaient le départ pour
Grasse, ces jours-ci, du
monument en marbre de
Fragonard qui, sorti du
ciseau du maître Augus-
! te Maillard. fut inau-
guré - avec son modèle en plâtre — l'année
dernière, en cette ville, par M. Dujardin-Beau-
* La statue de Virgile
dans le parc de Rostand
metz, sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-A ,
valut à son auteur, qui. compte aux quatre coin-
de la France, dix monuments, une juste cron
de la Légion d'honneur.
Auguste Maillard est aussi le sculpteur des
artistes. C'est pourquoi je m'en fus hier à sor
atelier du boulevard Malesherbes visiter 1 hom-
me qui statufia Rostand, Coquelin, Fugere, Au
trusta Holmès, etc.
Auguste Maillard, à notre entrée, s'efforce,
avec de grandes toiles, de masquer le monu.
ment funéraire de Luigini qui lui fut spéciale-
ment commandé par l'Opéra-Comique.
— Ne cachez donc pas votre grande et su-
perbe machine sur Luigni, voyons, lui dis-je.
La ressemblance est extraordinaire ! M. Carré
et les souscripteurs, je veux dire les admirateurs
et amis du grand chef d'orchestre, doivent être
bien contents.
Mais je suis en plein théâtre. C'est, dans un
désordre savant - le chaos est quelquefois une
harmonie — une véritable galerie des bustes,
dans laquelle je pénètre. Voici le monumenl
d'Augusta Holmès. Ce fut Mlle Henriot, la jeu-
ne sociétaire qui mourut si tragiquement en
1900 dans l'incendie de la Comédie-Française,
qui inspira au sculpteur l'idée de la Muse, sur-
plombant le socle.
A côté, placé là par. la main amusée des
contrastes, voici une délicieuse statuette: Co-
quelin aîné pêchant à la ligne! Le bel artiste,
un parasol sous le bras gauche, tend de sa
dextre, aux poissons de la Nive, la rivière de
Cambo, chez Edmond Rostand, une gaule pleine
d'invites. Le nez en l'air, les yeux rives sur
un imaginaire bouchon, Cyrano sjpst embour-
geoisé et son épée n'est plus qu'une canne S
oeche !
- Et si vous saviez, me dit l'élève de Fal..
guiere, qui est devenu un familier de Gambo,
quels cris joyeux poussait là-bas Coquelin
quand il avait pris une truite! Il claironnait sa
victoire, avec de tels accents de trompette, que
jamais, je crois, on n'en entendit de tels au.)
théâtre. 1
- Et ce Fugère, à califourchon sur son une?'
demandons-nous.
— Ça, nous dit Maillard, c'est l'excellent*
artiste en moine, revenant du marché. au 2r aeie
du Jongleur de Notre-Dame, la figure enlümi.,.
née, la lèvre tout humide.de joies gourmandes.,;,
ses mains grasses pleines de fleurs. et Je lé-*
aumes, prêt à nous chanter son fameux air!
de la Sauge!..3
— Vous avez, ie crois, peuplé l'Eden dIt
poète Edmond Rostand de bustes rappelant ses
auteurs préférés?
— Oui, me répond le sculpteur. Je suis ailé,
1 Cambo trois années d~ suite et j'ai, laissé'
derrière moi des compositions allégorique-: de-*
ouis Virgile jusqu'à Victor Hugo, en passani
oar Aristophane, Ronsard, Lafontaine, Cervan-
tès, Shakespeare, etc.
- Vous avez, je le sais, coutume de prendre
oour matérialiser les symboles et les fictions1
ooétiques, des actrices de notre temps ?
En effet, rne répond l'auteur de tant Je,
ihefs-d œuvre et.. avec quelques accommode-
nents artistiques, je suis sur d'être dans lai
erité. Le visage des artistes réflète, tant est,
grande la facilité' avebIFqubltÏ- elles enflent
'ans la peau des personnages, tous les sent;":
nents que la pierre ou le bronze — ces eho-
es froides qu'il faut animer — rendent ensults
çoquenn aIne
Pêchant à la ligne à Cambo
et fixent à tout jamais. C'est ainsi que je rrr.
suis inspiré de la grande artiste Mlle Brèval.
de Opéra, pour personnifier la Patrie, dans
mon monument des soldats et marins bretons
morts pour la France, que vous pouvez voir
à Brest et que ses mêmes traits ,se retrouvent
dans mon monument, patriotique d'Asnières.
Dans celui de Fragonard, c'est Mlle Jonhson,
Dans celui de Frago POUr la Muse, et pour
mon buste de la République, qui est devenu
officiel aujourd'hui je suis alié fouiller et me
suis inspiré des documents se rapportas à la
grande tragédienne Mlle Agar
Ma visite prend fin. Dans des vitrines ra-
perçois des statuettes gracieuses: Mlle Cha^-
les, de l'Opéra-Comique, dans ses danses à
crinoline; Mlle Borgo, de l'Opéra, d ne Le,
Huguenots; la divette Marguerite dé Ter et
Sarah Bernhardt, àans L, Sorcière. «
Non, vraiment, il, y en a trop! Et je me
sauve avec des visions d'art plein les yeux.
E. ROUZIER-DORCIERES.
1 THÉATRE RÉ JANE
LE GRILLON
Je ne ferai pas aux lecteurs de Comœ-
dia l'injure de croire qu'ils ne connaissent
point le célèbre conte de Dickens, d'où M.
de .Francmesnil a tiré cette charmante
pièce. Même au cas où je devrais la leur
infliger, cette injure, je ne saurais suppo-
ser qu'ils ont la mémoire assez infidèle
pour avoir oublié les récents articles con-
sacrés au Grillon quand TOdeôn le repré-
senta.
A coup sûr ils se rappellent, nos fins
amateurs de belles choses et de bon théâ-
tre le brave voiturier John Peerybingle et
sa chère, jolie, spirituelle, exquise petite
femme Dot ; et comment le délicieux vieux
Caleb fait croire à sa pauvre fille Bertha
l'aveugle que tout au monde est bon et
beau, voire l'immonde usurier Tackleton;
et ce qui advient parce que Dot et Caleb
ont menti, croyant le faire pour le mieux;
l et la jai^usie de JchnJ et le mariage clan-
destin de May - avec son promis Edouard,
revenu , après six ans d'absence en Caiitor-
nie; et les explications finales où tout s-~
range; p! t ce conte entier, sentimental, ro-
manesque, bonhomme, enfantin, poeuque,
humouristique, où pétille l'esprit et où s'é-
panouit le coeur du grand Dickens, et faut
cela entre les chants alternés et fondus
tour à toûr, de la bouillotte, et du a-il'on,
ces deux âmes, ces deux génies familiers
du foyer anglais.
Il faut louer Réjane d'avoir donné à ses
habitués du jeudi cette gentille adaptation.
faite avec respect et tendresse pour Lnc-
kens, et de façon à ne pas trop laisser per..
dre le parfum si spécial du cher conteur.
Vraiment, ceux qui l'adorent, comme moi,
le retrouvent assez bien ici ; et ceux qui
ns le connaîtraient pas encore y appren^
draient a l'aimer.
La pièce est fort bien jouée,.ar —~
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