Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-03-29
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 mars 1908 29 mars 1908
Description : 1908/03/29 (A2,N181). 1908/03/29 (A2,N181).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646565w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2e Année. « N1 161 (Quotidîen> li wflrtllfo ,• 1l centimes 1 0 t Dimanche 2V Mars 1908» *
- , '- - - .a
v5j|^v K ^1 ^Efr gHK • 4M ^K
Rédacteur en Chef : G. de P A WLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION s
f7, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 283-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA.PARIS
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Etranger. 40 D 20 »
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Paris-et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 Ã) Î' O »
PAYSAGES ANIMES
Nuits
d'étoiles
Ciel parisien
Prétentieusement errante, voici la fol-
Je des mondes, l'innocente de la famille,
le bouffon de la terre, voici la Lune.
On la laisse en liberté, car elle n'est
Point dangereuse. Cette nuit, elle se
entente, pour se distraire, de découper
des ombres dans des nuages en papier
gris et de tirer les chiens par la queue
Pour les faire hurler.
Depuis que son corbeau l'a lâchée,
elle est bien tombée à l'horizon et les
rats l'ont toute échancrée. Mais elle en
a bien vu d'autres, et sa figure de bonne
femme en neige se s'émeut pas pour si
Peu.
A vrai dire elle se farde, son éclat
est emprunté, et, comme l'âne vêtu des
dépouilles du lion, elle s'habille avec les
laissés pour compte des rayons au So-
leIl. Aussi en craint-elle les coups de
Pied et se cache-t-elle lorsqu'il revient.
Comme un clown, elle ne nous égaye
que lorsque l'acteur principal n'est plus
là, et la griffe du chat, qu'elle nous mon-
re parfois dans les nuages, ne peut en
^poser que le jour où Hercule, éga-
lent fatigué du vice et de la vertu,
se coupe les ongles.
Au surplus, le reste du ciel n'est
sUere mieux, quand on y pense: on se
foirait à l'intérieur d'une pelote piquée
re trous d'épinges, et tout cela est fait à
la six quatre deux.
Un enfant ne voudrait pas de ce cha-
ri ot; il date de l'âge de pierre. ou
rnêrne de l'âge de Paul, et nos carros-
Siers font mieux aujourd'hui. Quant aux
rr,ues!. Où sont les roues, je vous le
Amande?
Et cette Balance! quelle justice!. Et
ce Cygne sans cou! Et cette Polaire!
venez donc voir la nôtre! Et ce Chien,
et ce Dragon!
'Mais, en vérité, on se moque de
nous, depuis des siècles, et tout ce ciel
n est qu'un mauvais mur où des enfants
enh bas âge ont laissé d'informes des-
sins.
Enfin, toutes ces étoiles sont chauves
comme des confetti, et, grâce à Dieu,
no n'avons point, cette année, le spec-
tacle immoral d'une comète en cheveux
Se traînant sur nos routes sidérales !
des étoiles filantes.
1 * c'est une grande consolation pour
levames pieuses de savoir qu'au ciel les
chJps défunts ont d'aussi mauvaises al-
t:mettes que les nôtres.
Ciel provincial
Tout d'abord, l'ombre semblait, ce
soir, épargner la mer.
1 l'eau était si claire, si lumineuse, que
la rluit n'était plus très sûre d'en pou-
voir triompher; elle aimait mieux faire
semblant de l'oublier. Puis, elle a eu des
remords; cela ferait scandale; elle va
chercher un petit brouillard de renfort,
et maintenant, sûre de ses droits, victo
rieuse gardienne de ces vagues qu'elle
endort, la nuit s'étend silencieusement
sur la terre et sur l'eau.
se Le brouillard, discrètement, ramasse
ses loques et va se coucher dans les
champs: il sait que l'on n'a plus besoin
de lui.
les étoiles timidement, une à une.
comme des vers luisants, n'entendant
plus r? len' se mettent à briller. Pas un
bruit sur la grève. Les gens sont blottis
dans leurs maisons bien closes, comme
des escargots.
Seul, un chat passe tranquillement
sur des bois et les remue.
au Une lanterne rouge brille doucement
au haut d'une tour. Sans doute, ce doit
être un photographe qui travaille? Mais
quelle utilité d'aller s'installer en l'air
au bout i ée? Pour être plus tran-
quille peut-être?
Après tout, j'y pense, c'est le -phare
tout bonnement.
Deux ^enlmc? naturellement -
passent en chuchotant.
Une grOsse Phalène se cogne aux vi-
tres, entre, se fait lourde et tombe.
uis le silence devient plus profond
encore.
Cependant - voici que, dans la cam-
pagne, se précise le bruit disloqué d'une
carriole. Elle semble rouler, tout là-bas,
sur des tas de noix-
Le h * iemerit égal du cheval se rap-
Proche. Au pas -- ça monte. Puis au
trot - ça descend.
On entend la toux de l'homme très
près et le bruit clair des fers heurtant
les pierres. V oic.i même une étincelle : il
faut bien s'éclairer un peu, à rause des
gendarmes !
Il est là maintenant. Les roues font,
sur le gravier, un bruit de brouette:
tout grince et s arrête.
L'homme saute sur le sol sonore, tire
le cheval par la bride et heurte. La
grande porte oscille et s ouvre' le chevaJ
bute au seuil, puis tout s'enfonce sous
le porche qui résonne en voyant entrer
les roues.
Une femme se hâte avec une lanterne
dont les ombres allongées dansent au
long des murs. Quelques paroles échan-
gées à la hâte, puis le silence retombe
lourdement comme un éteignoir.
Le phare est plus rouge, plus sec et
plus petit.
Sur le sable, des centaines de barques
tachent de leurs masses sombres la grève
immense aux reflets d'étain. Elles sont
rangées vers le village, comme les rayons
d'une roue.
Plus près se dressent, vers le ciel, les
maigres carcasses des bateaux que l'on
construit. On dirait d'énormes poissons
échoués là d'aventure et qu'un peuple de
fourmis ronge patiemment depuis des
semaines. Il ne reste déjà plus que les
arêtes ; mais le repas est sans doute fini
pour aujourd'hui, car rien ne bouge aux
alentours.
Au large, les bateaux commencent à
pêcher. D'abord on ne voit à l'horizon
qu'un petit œil clignotant, placé on ne
sait où, sur la mer ou dans le ciel. Puis
la lumière se balance, se reflète, se dé-
double et remonte. Peu à peu les lanter-
nes s'allument sur toutes les barques et
la mer se couvre de feux follets.
Les étoiles sont au grand complet et la
lune les passe en revue. Les unes se
tiennent à l'écart, d'autres se réunissent
par groupes. Le plus grand nombre pré-
fère la Voile lactée et s'y presse comme
des fourmis.
Elles aussi semblent pêcher. Que peu-
vent-elles bien prendre dans les mers du
ciel? Tiens! un poisson. Mais, agile, il
s'est déjà glissé entre les barques. Tiens,
un autre, puis un autre. Cours après! ce
sont des étoiles filantes.
Une porte grince, un filet de lumière
s'échappe sur la route, on entend le pas
sonore et décidé d'un homme qui va
vers une grange voisine, puis un bruit
de loquet, un remue-ménage intérieur
dans une étable bien close. La voix gra-
ve d'un chien résonne sous la voûte im-
mense du ciel. Puis, plus rien.
Un clapotis de sabots; encore!
La mer semble plus grande, le village
plus petit.
Il fait froid, il est tard.
Les dernières lumières ont fermé leurs
yeux jaunes; les dernières portes sont
closes.
Le phare seul reste dehors et veille
sur les hommes.
Enfin le coq se lèvre, brosse ses ha-
"bits. astique son clairon et descend au
corps de garde.
Comme l'Empereur qu'il vénère, il
n'aime point les philosophes. Il méprise
et déteste cette nuit qu'il ne comprend
pas.
Et, sentinelle vigilante, confiant en la
victoire du Soleil, brutal et guerrier, il
commence à guetter, par delà les colli-
nes, l'aube hésitante et lointaine du Maî-
tre des mondes,
G. de PAWLOWSKI.
Nous publierons demain un article de
CAMILLE MAUCLAIR
Échos
Ce soir, à neuf heures, à l'Opéra, répé-
tition générale (reprise) de Namouna, bal-
let en deux actes et trois tableaux, d'E-
douard Lalo.
F
ive o'clock. 1
Le Gouting-Club des Variétés est de
plus en plus prospère. Chaque jour, a
l'heure du goûter, les artistes des Variétés
reçoivent leurs amis dans le coquet local
du club, qui n'est autre que le talon de la
loge de Mlle Diéterle, transformé en un
somptueux buffet.
Sur une table garnie de fleurs scintillent
des flacons contenant les meilleurs (rus du
Portugal, d'Espagne et de Hongrie. Ils voi-
sinent avec les plus fins foies gras et les
gâteaux les mieux choisis.
Chaque membre porte crânement à la
boutonnière l'insigne du club: un ruban ce-
rise clair et grenat, relié par un petit fil
d'or.
Mlle Diéterle, qui a tout organisé, est
trésorière, et Mlle Lender, présidente.
C'est d'ailleurs à elles deux et à Mlle La-
vallière que revient l'honneur d'avoir eu
l'idée de fonder ce cercle.
N'oublions pas de dire que M. Carpen-
tier est le sonneur du club. C'est lui manie
— avec une maestria étonnante - une
énorme sonnette pour appeler ses camara-
des au « réfectoire » lorsque l'heure est
arrivée.
Et on goûte en riant très fort.
L
a paix du monde.
Pour trois francs (cinq francs après
le coucher du soleil), boulevard Ornano, la-
bas, tout près des fortifs, une cartoman-
cienne, tous tarots étalés, a prédit, hier,
ceci à l'un de nos collaborateurs:
« L'Humanité poursuit sa marche triom-
phale vers l'universelle entente! Un souve-
rain prendra prochainement l'initiative de
soumettre aux peuples le projet suivant:
« ARTICLE UNIQUE. — Les nations fe-
ront. entre elles, l'échange de leurs mo-
narques.
« C'est bien le diable si le kaiser, ins-
tallé à l'Elysée, supporterait que les Alle-
mands nous fissent la guerre.
« Et sachez encore que, bientôt, le
monde artistique va être totalement boule-
versé. Un souverain - non, pardon! —
un directeur va prendre la même initiative
pour les théâtres parisiens: Claretie tro-
quera son fauteuil avec celui de Carré ;
Antoine avec Sarah Bernhardt; l'Opéra
avec le Moulin-Rouge," la Gaîté avec 'le
Grand Guignol, le Gymnase avec le Cir-
que Médrano, etc.
— « Et vous croyez, ô thébaine, que ça
pourra marcher quand même, après ces
transformations?
- « Beaucoup mieux qu'avant! »
P
our le monument de Mme de Ségur.
Le comité qui s'est formé jour ho-
norer par un monument, élevé aux tuile-
ries, à la mémoire de la comtesse de Sé-
gur, née Rostopchine, a organisé, pour le
7 avril au théâtre Fémina, une matinée.
Mme Marcelle Tinayre parlera de la vie
et de l'œuvre de Mme de Ségur. La tronpe.
du Châtelet viendra jouer la charmante
scène qui, dans la revue, est consacrée à
cette aimable et glorieuse aïeule de tous
les petits Français, et une petite fille, Mona
Gondré, étonnante de verve et d'esprit,
chantera le rondeau des Malheurs de So-
phie.
A
u Conservatoire.
Dans la classe de la grande tragé-
dienne que remplace un vieux et très sûr
comédien dont les élèves acceptent diffici-
lement" les excellents conseils. Il est un
fervent des échecs et ses discours s'ornent
d'images empruntées au jeu qui le pas-
sionne.
En vain, depuis une heure, essaie-t-il de
discipliner un « espoir.», qui s'obstine à
rester rebelle. A la fin, sa patience se
lasse :
- Il faudra pourtant que vous cédiez.
Vous êtes un peu jeune, mon petit. Vous
saurez qu'on ne me met pas en échec!
Et l'élève de murmurer:
— Oh! je sais bien qu'on ne fait pas
échec aux pions!
LE QUATRAIN DU JOl'R
A JET CONTINU ,.
M. Sacha Ouilry a lu au
Gymnase un comédie en trois
actes.
Quand donc Sacha Guitry repose-t-il, en somme?
Jamais! Toujours il fait courir sa plume d'or.
Aussi, dit-on, quand par miracle il pique un
[somme:
N'éveillez pas Sacha qui dort!
E
n écoutant Ubu-Roi.
Les « merdre! » qu'à tous propos
profèrent les personnages ont la vertu de
mettre en joie deux jeunes spectatrices du
balcon. Elles rient aux larmes et répètent
même le scabreux à-peu-près.
Tout à coup, un jeu de scène particuliè-
rement comique de Dalleu arrache à leur
voisin, d'allure un peu fruste, — un ami
de Jarry, parait-il — cette exclamation sin-
cère: « Oh! m.! »
Haut-le-corps et regards indignés des
deux jeunes femmes, qui toisent i'énergu-
mène.
Mais celui-ci, avec un délicieux sourire:
— Ne vous offensez pas, Mesdames.
Car ce mot est celui qui vous amuse tant.
Seulement, il n'en a pas l'r.
L
'Affaire.
A une toute récente « générale »,
pendant un entr'acte, deux auteurs applau-
dis bavardent sur tout et sur rien.
— Eh bien! mon cher, qu'est-ce que
vous dites de l'affaire du Foyer ?
— L'affaire du Foyer! Mais elle suit son
cours: d'un côté, Claretie a obtenu l'appui
des sociétaires, et, de l'autre, une date a
été prise. pour les plaidoiries.
— De quoi se plaignent donc Mirbeau
et Natanson?. Voilà deux actes de joués.
A
qui rêvent les jeunes filles.
La scène se passe dans le plus élé-
gant de nos théâtres du boulevard.
Un journaliste est présenté par un ami
commun à une toute jeune et très jolie ac-
trice.
Sur la demande de l'artiste, notre con-
frère promet de « faire passer quelques li-
gnes ».
- Et qu'est-ce que vous direz de moi?
- Eh bien!. que vous êtes jolie, que
vous avez du talent.
— Non, répond la jolie artiste. Toute'ré-
flexion faite, je préfère que vous écriviez
que je suis une très belle femme, que je
suis seule, que je m'ennuie et que je dé-
sire trouver, pour me distraire un peu, un
compagnon aimable et riche.
Et la charmante comédienne de conclure
avec un sourire:
- Vous voyez, moi, je suis modeste !
D
e l'Odéonie à Londres.
Ils seront bien attrapés ceux qui,
l'autre jour, arrivés précipitamment à la
générale de l'Odéon, demeurèrent atterris
et atterrés au sol d'Odéonie, la fête étant
remise, quand ils se retrouveront,. à Lon-
dres, photographiés dans un panorama.
Un photographe anglais qui déjeunait, ce
jour-là, au café Voltaire, ne perdit pas le
Nord, et comprenant que l'occasion était
unique de stéréotyper le Tout-Paris des
premières, il fit.
Le tableau était pittoresque. C'était
l'heure, par excellence. La statue du vé-
nérable Augier servait, de siège à la jeu-
nesse des revues. Sur le carré, le pardes-
sus vert pomme de Sacha Guitry annon-
çait,le printemps. Mais il y avait un man-
chon blanc et un immense chapeau clair
qui inquiétaient le photographe. Cela fai-
sait une terrible tache dans le milieu du
tableau. Mlles Lauzière et Rachel Lau-
nay s'en doutaient-elles?
A
la mémoire du colonel Lisbonne.
On eût bien étonné le vieux com-
munard, le fondateur de la Taverne du Ba-
gne, des Frites Révolutionnaires, du Casino
des Concierges, et directeur du Divan Ja-
ponais après Jehan Sarrazin, si on lui eût
prédit qu'il serait un héros de conférence
de société savante.
Récemment, M. de Crauzat, fort au cou-
rant du passé, même le plus moderne, de
la Butte, faisait, à la Société d'histoire lo-
cale « Le Vieux Montmartre », une confé-
rence sur Maxime Lisbonne, dont le bulle-
tin de cette société vient de publier le
texte. L'auteur de ce travail, fort documen-
té, s'est attaché à faire revivre, dans toute
son originalité., cette physionomie de
Maxime Lisbonne, qui fit la joie de tout
Paris, non seulement par ses entreprises
extraordinaires et ses inventions cocasses,
mais encore par son fiacre rouge sang, son
habit pétrolé avec lequel il se présentait à
l'Elysée, ses tournées « académicides » et
surtout ses exhilarantes affiches électorales.
Un souvenir, même un peu grave, était
bien dû à cet acteur, ancien marin, ancien
bat' d 'Afr" ancien communard épique, an-
cien forçat, inventeur génial de farces gi-
gantesques. et qui, le premier, osa, sur la
petite scène du Divan Japonais (aujourd'hui
Comédie-Mondaine), risquer au théâtre le
premier « déshabillé », dans Le Coucher
d'Yvette. Comme ça paraîtrait innocent au-
jourd'hui!
Lisbonne, qui s'était retiré à La Ferté-
Alais, y mourut le 26 mai 1905.
Comediante! Tragediante! C'est ainsi,
dit son biographe, qu'on peut résumer « la
vie de cet homme au cerveau brûlé, brave
et courageux, au demeurant pas méchant,
ni dénué d'esprit ».
s
éduit par le côté à la fois très prati-
que et d'une élégance incomparable
du modèle exposé chez M. Regner, 89, rue
La Boëtie, M. H. Guiot, le grand négo-
ciant en vins de Champagne, de Reims,
vient de commander une superbe carros-
série inédite limousine - landaulet sans
cuir à transformation instantanée « La
Mondaine », brevets Pichard et Cie, ainsi
qu'une dynamo « La Magicienne » pour
l'éclairage électrique de cette voiture.
L
es Clément-Bayard sont incontestable-
ment celles Qui sont le plus deman-
expies cette année, tant par ie frni-ete -leur-
construction que par leur solidité à toute
épreuve et leur élégance vraiment incom-
parable.
C
uisine exquise, vins incomparables,
service rapide et silencieux: voilà ce
T - , 11 -"-----
que trouvent cnez Lapre, ie restaurateur
célèbre de la rue Drouot, les gens « se-
lect », désireux de dîner confortablement
avant d'aller voir jouer la pièce en vogue.
U
ne grande idée.
Trois beaux magasins, trois gran-
des marques, voilà ce que, seul, Lamoer-
jack a sur réaliser: La « Fiat », rue de la
Paix; la « Renault », avenue des Champs-
Elysées, et la « Zedel », boulevard Gou-
vicn-Saint-Cyr. Il n'y a qu'un seul somme
dans le monde entier qui ait pu ainsi cen-
tialiser, en les diffusant davantage, les
trois plus belles maraues de Paris. Et cet
homme est Lamberjack.
NOUVELLE A LA MAIN
s
avez-vous quelle est, en ce moment, la
devise de M. Claretie?
Si vis pacem, para bellum.
Ce qu'on pourrait approximativement
traduire ainsi:
Si tu veux la paix, fais la part belle. aux
sociétaires!
Le Masque de Verre.
Voulez-vous 1.
être correspondant
de Comoedia
Nous rappelons à ceux de nos lecteurs
qui ont formé le projet de passer une partie
du mois de juillet et le mois d'août, soit aux
bains de mer, soit aux eaux, soit à la mon-
tagne, en France comme à l'étranger, que
nous leur confierons avec plaisir la mission
d'être, pendant ce délai, nos correspon-
dants.
Ils seraient, à cet effet, accrédités, par
nous, auprès des théâtres et casinos.
Nous sommes, dès aujourd'hui, à leur en-
tière disposition, chaque jour de trois heu-
res et demie à cinq heures et demie, pour
fournir, à ceux que notre offre pourrait in-
téresser, toutes explications utiles.
Inutile de nous adresser des demandes
pour des villes qui, bien que dites: villes
d'eaux, possèdent, comme Dieppe, Boulo-
gne-sur-Mer, Le Havre, etc. un théâtre
permanent, et qui sont naturellement, pour-
vues déjà d'un correspondant à poste fixe.
COMŒVIA
offre gratuitement, à tous ses
NOUVEAUX ABONNES D'UN AN,
un merveilleux coffret en laque du Japon
du maître parfumeur,
ED. PINAUD
* 18, Place Vendôme, à Pans
Ce coffret, d'une valeur de vingt-cinq
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't! Boîte de « Roseclat ».
Pour recevoir ce coffret, joindre à l'a-
bonnement une somme de quatre-vingt-
cinq centimes (deux francs pour l'étran-
ger), ','-
THÉÂTRE ANTOINE
UBU ROI
PIÈCE ; EN DEUX ACTES ET DIX TABLEAUX
d'Alfred JARRY
précédée d'une
CONFÉRENCE
DE
M. Tristan BERNARD
Le théâtre Antoine a donné, hier. après-midi,
une représentation d'Ubu Roi.
L'oeuvre d'Alfred Jarry, que M. Gémier vient
de remettre à la scène avec un rare bonheur,
a obtenu un éclatant succès. Ses interprètes ont
été très chaleureusement applaudis: M. Gémier,
en Père Ubu; M. Dalleu, en Mère Ubu; M.
Baur. en Wenceslas; M. jarrier. en capitaine
Bordure; Mme Even, en reine Rosemonde, et
MM. Henry Houry, Pierre Laurent, Montlouis,
Terrier, Maxence, Cailloux, Charlier, Méret,
Saillard, Marchai, Marc Gérard, Gerber, dans
les nombreux personnages qui gravitent autour
des protagonistes de la pièce.
L'Avertisseur
(M. Raphaël Cailloux)
Mlle Germaine Lécuyer, qui jouait pour la première fois le rôle de Bougrelas, s'y esi mtiuen ..-
trée très personnelle et très fantaisiste.
Notre brillant collaborateur, M. Tristan, Bernard, avait présenté l'œuvre au public e- une
causerie pleine de charme et d'humour, que nous avons la bonne fortune de pmuo r
Le père U6u -
(M. Gemler)
Le roi Wencesstas
(M. Harry Baur) !
Mesdames, Messieurs, t
Je devrais, pour faire pendant a la pièce
que vous allez voir tout à l'heure; commen-
cer cette conférence par l'énergique mot
liminaire qui commence Ubu Roi.
Mais, outre que je n'ai aucune raison de 1
vous l'adresser, l'autorité du comte de 1
Sandomir — marquis de Saint-Grégeois, ca
pitaine de dragons, officier de confiance du
roi Wenceslas, décoré de l'ordre de l'Aigle
rouge de Pologne et ancien roi d'Aragon —
me manque pour prononcer de pareilles apos-
Le Czar
(M. Pierre Laurent)
Brxnçer, photm
B ougre tas
(Mlle Germaine Lécuyer>
--,
Les aieux de Bougrelas
^31», CUarUec M. Baur M. Houry)
(fcU RaoaL Terrier)
trophes. Je préfère, moi qui n'ai p: j;:! om..
grande capeline, un parapluie royai et ua
■I grand caban qui me tombe sur lé,-.
m'en tenir au rôle modeste du conférencier
j en costume de ville, et vous raconter une
anecdote:
C'était, il y a cinq ou six ans, dans un,
village de Seine-et-Oise. Sur une r'ace tra-
versée par deux routes Qui se croi^-Vit,,
une petite voiture automobile, un rnisjra-
a ble tacot qui nortnif à son bord nn —■*,,*-
ta mère Ubu
(XL Dalleu)
Le capitaine Borcture
UU. Jiiri-k ■,
i
et deux dames, essayait de se lancei*:
sur une montée qui conduisait ù Ju-
visy. Or, arrivée péniblement ju qu'au
tiers de la montée, elle était obi-ce de
redescendre pour prendre un nuu vel
élan.
Le conducteur de la voiture était
d'autant plus gêné, que sur la phoe
publique, un jeune homme — qui rit
d'ailleurs Alfred Jarry -
flegmatiquement ses efforts irr.phui'.
sants.
Alfred Jarry n'avait dans Je. j'eüx,
en regardant cette pauvre voiture au-
cune expression de raillerie qui l ;:t )¿.
gitimé, de la part du monsieur, -n sa..
lutaire échappement de colère. i! fè..
gardait la voiture sans bienve:; lanct:,
mais sans apparente ironie.
Le monsieur se lança une CLI^;ÏO-
me fois sans plus de succès, et revo
nant sur la place, il eut tout à coup
l'espoir qu'il pas sur la hon:-,a
route. sur fc»nr,*
Il se décida à s'adresser à Jarry
- , '- - - .a
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Nuits
d'étoiles
Ciel parisien
Prétentieusement errante, voici la fol-
Je des mondes, l'innocente de la famille,
le bouffon de la terre, voici la Lune.
On la laisse en liberté, car elle n'est
Point dangereuse. Cette nuit, elle se
entente, pour se distraire, de découper
des ombres dans des nuages en papier
gris et de tirer les chiens par la queue
Pour les faire hurler.
Depuis que son corbeau l'a lâchée,
elle est bien tombée à l'horizon et les
rats l'ont toute échancrée. Mais elle en
a bien vu d'autres, et sa figure de bonne
femme en neige se s'émeut pas pour si
Peu.
A vrai dire elle se farde, son éclat
est emprunté, et, comme l'âne vêtu des
dépouilles du lion, elle s'habille avec les
laissés pour compte des rayons au So-
leIl. Aussi en craint-elle les coups de
Pied et se cache-t-elle lorsqu'il revient.
Comme un clown, elle ne nous égaye
que lorsque l'acteur principal n'est plus
là, et la griffe du chat, qu'elle nous mon-
re parfois dans les nuages, ne peut en
^poser que le jour où Hercule, éga-
lent fatigué du vice et de la vertu,
se coupe les ongles.
Au surplus, le reste du ciel n'est
sUere mieux, quand on y pense: on se
foirait à l'intérieur d'une pelote piquée
re trous d'épinges, et tout cela est fait à
la six quatre deux.
Un enfant ne voudrait pas de ce cha-
ri ot; il date de l'âge de pierre. ou
rnêrne de l'âge de Paul, et nos carros-
Siers font mieux aujourd'hui. Quant aux
rr,ues!. Où sont les roues, je vous le
Amande?
Et cette Balance! quelle justice!. Et
ce Cygne sans cou! Et cette Polaire!
venez donc voir la nôtre! Et ce Chien,
et ce Dragon!
'Mais, en vérité, on se moque de
nous, depuis des siècles, et tout ce ciel
n est qu'un mauvais mur où des enfants
enh bas âge ont laissé d'informes des-
sins.
Enfin, toutes ces étoiles sont chauves
comme des confetti, et, grâce à Dieu,
no n'avons point, cette année, le spec-
tacle immoral d'une comète en cheveux
Se traînant sur nos routes sidérales !
d
1 * c'est une grande consolation pour
levames pieuses de savoir qu'au ciel les
chJps défunts ont d'aussi mauvaises al-
t:mettes que les nôtres.
Ciel provincial
Tout d'abord, l'ombre semblait, ce
soir, épargner la mer.
1 l'eau était si claire, si lumineuse, que
la rluit n'était plus très sûre d'en pou-
voir triompher; elle aimait mieux faire
semblant de l'oublier. Puis, elle a eu des
remords; cela ferait scandale; elle va
chercher un petit brouillard de renfort,
et maintenant, sûre de ses droits, victo
rieuse gardienne de ces vagues qu'elle
endort, la nuit s'étend silencieusement
sur la terre et sur l'eau.
se Le brouillard, discrètement, ramasse
ses loques et va se coucher dans les
champs: il sait que l'on n'a plus besoin
de lui.
les étoiles timidement, une à une.
comme des vers luisants, n'entendant
plus r? len' se mettent à briller. Pas un
bruit sur la grève. Les gens sont blottis
dans leurs maisons bien closes, comme
des escargots.
Seul, un chat passe tranquillement
sur des bois et les remue.
au Une lanterne rouge brille doucement
au haut d'une tour. Sans doute, ce doit
être un photographe qui travaille? Mais
quelle utilité d'aller s'installer en l'air
au bout i ée? Pour être plus tran-
quille peut-être?
Après tout, j'y pense, c'est le -phare
tout bonnement.
Deux ^enlmc? naturellement -
passent en chuchotant.
Une grOsse Phalène se cogne aux vi-
tres, entre, se fait lourde et tombe.
uis le silence devient plus profond
encore.
Cependant - voici que, dans la cam-
pagne, se précise le bruit disloqué d'une
carriole. Elle semble rouler, tout là-bas,
sur des tas de noix-
Le h * iemerit égal du cheval se rap-
Proche. Au pas -- ça monte. Puis au
trot - ça descend.
On entend la toux de l'homme très
près et le bruit clair des fers heurtant
les pierres. V oic.i même une étincelle : il
faut bien s'éclairer un peu, à rause des
gendarmes !
Il est là maintenant. Les roues font,
sur le gravier, un bruit de brouette:
tout grince et s arrête.
L'homme saute sur le sol sonore, tire
le cheval par la bride et heurte. La
grande porte oscille et s ouvre' le chevaJ
bute au seuil, puis tout s'enfonce sous
le porche qui résonne en voyant entrer
les roues.
Une femme se hâte avec une lanterne
dont les ombres allongées dansent au
long des murs. Quelques paroles échan-
gées à la hâte, puis le silence retombe
lourdement comme un éteignoir.
Le phare est plus rouge, plus sec et
plus petit.
Sur le sable, des centaines de barques
tachent de leurs masses sombres la grève
immense aux reflets d'étain. Elles sont
rangées vers le village, comme les rayons
d'une roue.
Plus près se dressent, vers le ciel, les
maigres carcasses des bateaux que l'on
construit. On dirait d'énormes poissons
échoués là d'aventure et qu'un peuple de
fourmis ronge patiemment depuis des
semaines. Il ne reste déjà plus que les
arêtes ; mais le repas est sans doute fini
pour aujourd'hui, car rien ne bouge aux
alentours.
Au large, les bateaux commencent à
pêcher. D'abord on ne voit à l'horizon
qu'un petit œil clignotant, placé on ne
sait où, sur la mer ou dans le ciel. Puis
la lumière se balance, se reflète, se dé-
double et remonte. Peu à peu les lanter-
nes s'allument sur toutes les barques et
la mer se couvre de feux follets.
Les étoiles sont au grand complet et la
lune les passe en revue. Les unes se
tiennent à l'écart, d'autres se réunissent
par groupes. Le plus grand nombre pré-
fère la Voile lactée et s'y presse comme
des fourmis.
Elles aussi semblent pêcher. Que peu-
vent-elles bien prendre dans les mers du
ciel? Tiens! un poisson. Mais, agile, il
s'est déjà glissé entre les barques. Tiens,
un autre, puis un autre. Cours après! ce
sont des étoiles filantes.
Une porte grince, un filet de lumière
s'échappe sur la route, on entend le pas
sonore et décidé d'un homme qui va
vers une grange voisine, puis un bruit
de loquet, un remue-ménage intérieur
dans une étable bien close. La voix gra-
ve d'un chien résonne sous la voûte im-
mense du ciel. Puis, plus rien.
Un clapotis de sabots; encore!
La mer semble plus grande, le village
plus petit.
Il fait froid, il est tard.
Les dernières lumières ont fermé leurs
yeux jaunes; les dernières portes sont
closes.
Le phare seul reste dehors et veille
sur les hommes.
Enfin le coq se lèvre, brosse ses ha-
"bits. astique son clairon et descend au
corps de garde.
Comme l'Empereur qu'il vénère, il
n'aime point les philosophes. Il méprise
et déteste cette nuit qu'il ne comprend
pas.
Et, sentinelle vigilante, confiant en la
victoire du Soleil, brutal et guerrier, il
commence à guetter, par delà les colli-
nes, l'aube hésitante et lointaine du Maî-
tre des mondes,
G. de PAWLOWSKI.
Nous publierons demain un article de
CAMILLE MAUCLAIR
Échos
Ce soir, à neuf heures, à l'Opéra, répé-
tition générale (reprise) de Namouna, bal-
let en deux actes et trois tableaux, d'E-
douard Lalo.
F
ive o'clock. 1
Le Gouting-Club des Variétés est de
plus en plus prospère. Chaque jour, a
l'heure du goûter, les artistes des Variétés
reçoivent leurs amis dans le coquet local
du club, qui n'est autre que le talon de la
loge de Mlle Diéterle, transformé en un
somptueux buffet.
Sur une table garnie de fleurs scintillent
des flacons contenant les meilleurs (rus du
Portugal, d'Espagne et de Hongrie. Ils voi-
sinent avec les plus fins foies gras et les
gâteaux les mieux choisis.
Chaque membre porte crânement à la
boutonnière l'insigne du club: un ruban ce-
rise clair et grenat, relié par un petit fil
d'or.
Mlle Diéterle, qui a tout organisé, est
trésorière, et Mlle Lender, présidente.
C'est d'ailleurs à elles deux et à Mlle La-
vallière que revient l'honneur d'avoir eu
l'idée de fonder ce cercle.
N'oublions pas de dire que M. Carpen-
tier est le sonneur du club. C'est lui manie
— avec une maestria étonnante - une
énorme sonnette pour appeler ses camara-
des au « réfectoire » lorsque l'heure est
arrivée.
Et on goûte en riant très fort.
L
a paix du monde.
Pour trois francs (cinq francs après
le coucher du soleil), boulevard Ornano, la-
bas, tout près des fortifs, une cartoman-
cienne, tous tarots étalés, a prédit, hier,
ceci à l'un de nos collaborateurs:
« L'Humanité poursuit sa marche triom-
phale vers l'universelle entente! Un souve-
rain prendra prochainement l'initiative de
soumettre aux peuples le projet suivant:
« ARTICLE UNIQUE. — Les nations fe-
ront. entre elles, l'échange de leurs mo-
narques.
« C'est bien le diable si le kaiser, ins-
tallé à l'Elysée, supporterait que les Alle-
mands nous fissent la guerre.
« Et sachez encore que, bientôt, le
monde artistique va être totalement boule-
versé. Un souverain - non, pardon! —
un directeur va prendre la même initiative
pour les théâtres parisiens: Claretie tro-
quera son fauteuil avec celui de Carré ;
Antoine avec Sarah Bernhardt; l'Opéra
avec le Moulin-Rouge," la Gaîté avec 'le
Grand Guignol, le Gymnase avec le Cir-
que Médrano, etc.
— « Et vous croyez, ô thébaine, que ça
pourra marcher quand même, après ces
transformations?
- « Beaucoup mieux qu'avant! »
P
our le monument de Mme de Ségur.
Le comité qui s'est formé jour ho-
norer par un monument, élevé aux tuile-
ries, à la mémoire de la comtesse de Sé-
gur, née Rostopchine, a organisé, pour le
7 avril au théâtre Fémina, une matinée.
Mme Marcelle Tinayre parlera de la vie
et de l'œuvre de Mme de Ségur. La tronpe.
du Châtelet viendra jouer la charmante
scène qui, dans la revue, est consacrée à
cette aimable et glorieuse aïeule de tous
les petits Français, et une petite fille, Mona
Gondré, étonnante de verve et d'esprit,
chantera le rondeau des Malheurs de So-
phie.
A
u Conservatoire.
Dans la classe de la grande tragé-
dienne que remplace un vieux et très sûr
comédien dont les élèves acceptent diffici-
lement" les excellents conseils. Il est un
fervent des échecs et ses discours s'ornent
d'images empruntées au jeu qui le pas-
sionne.
En vain, depuis une heure, essaie-t-il de
discipliner un « espoir.», qui s'obstine à
rester rebelle. A la fin, sa patience se
lasse :
- Il faudra pourtant que vous cédiez.
Vous êtes un peu jeune, mon petit. Vous
saurez qu'on ne me met pas en échec!
Et l'élève de murmurer:
— Oh! je sais bien qu'on ne fait pas
échec aux pions!
LE QUATRAIN DU JOl'R
A JET CONTINU ,.
M. Sacha Ouilry a lu au
Gymnase un comédie en trois
actes.
Quand donc Sacha Guitry repose-t-il, en somme?
Jamais! Toujours il fait courir sa plume d'or.
Aussi, dit-on, quand par miracle il pique un
[somme:
N'éveillez pas Sacha qui dort!
E
n écoutant Ubu-Roi.
Les « merdre! » qu'à tous propos
profèrent les personnages ont la vertu de
mettre en joie deux jeunes spectatrices du
balcon. Elles rient aux larmes et répètent
même le scabreux à-peu-près.
Tout à coup, un jeu de scène particuliè-
rement comique de Dalleu arrache à leur
voisin, d'allure un peu fruste, — un ami
de Jarry, parait-il — cette exclamation sin-
cère: « Oh! m.! »
Haut-le-corps et regards indignés des
deux jeunes femmes, qui toisent i'énergu-
mène.
Mais celui-ci, avec un délicieux sourire:
— Ne vous offensez pas, Mesdames.
Car ce mot est celui qui vous amuse tant.
Seulement, il n'en a pas l'r.
L
'Affaire.
A une toute récente « générale »,
pendant un entr'acte, deux auteurs applau-
dis bavardent sur tout et sur rien.
— Eh bien! mon cher, qu'est-ce que
vous dites de l'affaire du Foyer ?
— L'affaire du Foyer! Mais elle suit son
cours: d'un côté, Claretie a obtenu l'appui
des sociétaires, et, de l'autre, une date a
été prise. pour les plaidoiries.
— De quoi se plaignent donc Mirbeau
et Natanson?. Voilà deux actes de joués.
A
qui rêvent les jeunes filles.
La scène se passe dans le plus élé-
gant de nos théâtres du boulevard.
Un journaliste est présenté par un ami
commun à une toute jeune et très jolie ac-
trice.
Sur la demande de l'artiste, notre con-
frère promet de « faire passer quelques li-
gnes ».
- Et qu'est-ce que vous direz de moi?
- Eh bien!. que vous êtes jolie, que
vous avez du talent.
— Non, répond la jolie artiste. Toute'ré-
flexion faite, je préfère que vous écriviez
que je suis une très belle femme, que je
suis seule, que je m'ennuie et que je dé-
sire trouver, pour me distraire un peu, un
compagnon aimable et riche.
Et la charmante comédienne de conclure
avec un sourire:
- Vous voyez, moi, je suis modeste !
D
e l'Odéonie à Londres.
Ils seront bien attrapés ceux qui,
l'autre jour, arrivés précipitamment à la
générale de l'Odéon, demeurèrent atterris
et atterrés au sol d'Odéonie, la fête étant
remise, quand ils se retrouveront,. à Lon-
dres, photographiés dans un panorama.
Un photographe anglais qui déjeunait, ce
jour-là, au café Voltaire, ne perdit pas le
Nord, et comprenant que l'occasion était
unique de stéréotyper le Tout-Paris des
premières, il fit.
Le tableau était pittoresque. C'était
l'heure, par excellence. La statue du vé-
nérable Augier servait, de siège à la jeu-
nesse des revues. Sur le carré, le pardes-
sus vert pomme de Sacha Guitry annon-
çait,le printemps. Mais il y avait un man-
chon blanc et un immense chapeau clair
qui inquiétaient le photographe. Cela fai-
sait une terrible tache dans le milieu du
tableau. Mlles Lauzière et Rachel Lau-
nay s'en doutaient-elles?
A
la mémoire du colonel Lisbonne.
On eût bien étonné le vieux com-
munard, le fondateur de la Taverne du Ba-
gne, des Frites Révolutionnaires, du Casino
des Concierges, et directeur du Divan Ja-
ponais après Jehan Sarrazin, si on lui eût
prédit qu'il serait un héros de conférence
de société savante.
Récemment, M. de Crauzat, fort au cou-
rant du passé, même le plus moderne, de
la Butte, faisait, à la Société d'histoire lo-
cale « Le Vieux Montmartre », une confé-
rence sur Maxime Lisbonne, dont le bulle-
tin de cette société vient de publier le
texte. L'auteur de ce travail, fort documen-
té, s'est attaché à faire revivre, dans toute
son originalité., cette physionomie de
Maxime Lisbonne, qui fit la joie de tout
Paris, non seulement par ses entreprises
extraordinaires et ses inventions cocasses,
mais encore par son fiacre rouge sang, son
habit pétrolé avec lequel il se présentait à
l'Elysée, ses tournées « académicides » et
surtout ses exhilarantes affiches électorales.
Un souvenir, même un peu grave, était
bien dû à cet acteur, ancien marin, ancien
bat' d 'Afr" ancien communard épique, an-
cien forçat, inventeur génial de farces gi-
gantesques. et qui, le premier, osa, sur la
petite scène du Divan Japonais (aujourd'hui
Comédie-Mondaine), risquer au théâtre le
premier « déshabillé », dans Le Coucher
d'Yvette. Comme ça paraîtrait innocent au-
jourd'hui!
Lisbonne, qui s'était retiré à La Ferté-
Alais, y mourut le 26 mai 1905.
Comediante! Tragediante! C'est ainsi,
dit son biographe, qu'on peut résumer « la
vie de cet homme au cerveau brûlé, brave
et courageux, au demeurant pas méchant,
ni dénué d'esprit ».
s
éduit par le côté à la fois très prati-
que et d'une élégance incomparable
du modèle exposé chez M. Regner, 89, rue
La Boëtie, M. H. Guiot, le grand négo-
ciant en vins de Champagne, de Reims,
vient de commander une superbe carros-
série inédite limousine - landaulet sans
cuir à transformation instantanée « La
Mondaine », brevets Pichard et Cie, ainsi
qu'une dynamo « La Magicienne » pour
l'éclairage électrique de cette voiture.
L
es Clément-Bayard sont incontestable-
ment celles Qui sont le plus deman-
expies cette année, tant par ie frni-ete -leur-
construction que par leur solidité à toute
épreuve et leur élégance vraiment incom-
parable.
C
uisine exquise, vins incomparables,
service rapide et silencieux: voilà ce
T - , 11 -"-----
que trouvent cnez Lapre, ie restaurateur
célèbre de la rue Drouot, les gens « se-
lect », désireux de dîner confortablement
avant d'aller voir jouer la pièce en vogue.
U
ne grande idée.
Trois beaux magasins, trois gran-
des marques, voilà ce que, seul, Lamoer-
jack a sur réaliser: La « Fiat », rue de la
Paix; la « Renault », avenue des Champs-
Elysées, et la « Zedel », boulevard Gou-
vicn-Saint-Cyr. Il n'y a qu'un seul somme
dans le monde entier qui ait pu ainsi cen-
tialiser, en les diffusant davantage, les
trois plus belles maraues de Paris. Et cet
homme est Lamberjack.
NOUVELLE A LA MAIN
s
avez-vous quelle est, en ce moment, la
devise de M. Claretie?
Si vis pacem, para bellum.
Ce qu'on pourrait approximativement
traduire ainsi:
Si tu veux la paix, fais la part belle. aux
sociétaires!
Le Masque de Verre.
Voulez-vous 1.
être correspondant
de Comoedia
Nous rappelons à ceux de nos lecteurs
qui ont formé le projet de passer une partie
du mois de juillet et le mois d'août, soit aux
bains de mer, soit aux eaux, soit à la mon-
tagne, en France comme à l'étranger, que
nous leur confierons avec plaisir la mission
d'être, pendant ce délai, nos correspon-
dants.
Ils seraient, à cet effet, accrédités, par
nous, auprès des théâtres et casinos.
Nous sommes, dès aujourd'hui, à leur en-
tière disposition, chaque jour de trois heu-
res et demie à cinq heures et demie, pour
fournir, à ceux que notre offre pourrait in-
téresser, toutes explications utiles.
Inutile de nous adresser des demandes
pour des villes qui, bien que dites: villes
d'eaux, possèdent, comme Dieppe, Boulo-
gne-sur-Mer, Le Havre, etc. un théâtre
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Pour recevoir ce coffret, joindre à l'a-
bonnement une somme de quatre-vingt-
cinq centimes (deux francs pour l'étran-
ger), ','-
THÉÂTRE ANTOINE
UBU ROI
PIÈCE ; EN DEUX ACTES ET DIX TABLEAUX
d'Alfred JARRY
précédée d'une
CONFÉRENCE
DE
M. Tristan BERNARD
Le théâtre Antoine a donné, hier. après-midi,
une représentation d'Ubu Roi.
L'oeuvre d'Alfred Jarry, que M. Gémier vient
de remettre à la scène avec un rare bonheur,
a obtenu un éclatant succès. Ses interprètes ont
été très chaleureusement applaudis: M. Gémier,
en Père Ubu; M. Dalleu, en Mère Ubu; M.
Baur. en Wenceslas; M. jarrier. en capitaine
Bordure; Mme Even, en reine Rosemonde, et
MM. Henry Houry, Pierre Laurent, Montlouis,
Terrier, Maxence, Cailloux, Charlier, Méret,
Saillard, Marchai, Marc Gérard, Gerber, dans
les nombreux personnages qui gravitent autour
des protagonistes de la pièce.
L'Avertisseur
(M. Raphaël Cailloux)
Mlle Germaine Lécuyer, qui jouait pour la première fois le rôle de Bougrelas, s'y esi mtiuen ..-
trée très personnelle et très fantaisiste.
Notre brillant collaborateur, M. Tristan, Bernard, avait présenté l'œuvre au public e- une
causerie pleine de charme et d'humour, que nous avons la bonne fortune de pmuo r
Le père U6u -
(M. Gemler)
Le roi Wencesstas
(M. Harry Baur) !
Mesdames, Messieurs, t
Je devrais, pour faire pendant a la pièce
que vous allez voir tout à l'heure; commen-
cer cette conférence par l'énergique mot
liminaire qui commence Ubu Roi.
Mais, outre que je n'ai aucune raison de 1
vous l'adresser, l'autorité du comte de 1
Sandomir — marquis de Saint-Grégeois, ca
pitaine de dragons, officier de confiance du
roi Wenceslas, décoré de l'ordre de l'Aigle
rouge de Pologne et ancien roi d'Aragon —
me manque pour prononcer de pareilles apos-
Le Czar
(M. Pierre Laurent)
Brxnçer, photm
B ougre tas
(Mlle Germaine Lécuyer>
--,
Les aieux de Bougrelas
^31», CUarUec M. Baur M. Houry)
(fcU RaoaL Terrier)
trophes. Je préfère, moi qui n'ai p: j;:! om..
grande capeline, un parapluie royai et ua
■I grand caban qui me tombe sur lé,-.
m'en tenir au rôle modeste du conférencier
j en costume de ville, et vous raconter une
anecdote:
C'était, il y a cinq ou six ans, dans un,
village de Seine-et-Oise. Sur une r'ace tra-
versée par deux routes Qui se croi^-Vit,,
une petite voiture automobile, un rnisjra-
a ble tacot qui nortnif à son bord nn —■*,,*-
ta mère Ubu
(XL Dalleu)
Le capitaine Borcture
UU. Jiiri-k ■,
i
et deux dames, essayait de se lancei*:
sur une montée qui conduisait ù Ju-
visy. Or, arrivée péniblement ju qu'au
tiers de la montée, elle était obi-ce de
redescendre pour prendre un nuu vel
élan.
Le conducteur de la voiture était
d'autant plus gêné, que sur la phoe
publique, un jeune homme — qui rit
d'ailleurs Alfred Jarry -
flegmatiquement ses efforts irr.phui'.
sants.
Alfred Jarry n'avait dans Je. j'eüx,
en regardant cette pauvre voiture au-
cune expression de raillerie qui l ;:t )¿.
gitimé, de la part du monsieur, -n sa..
lutaire échappement de colère. i! fè..
gardait la voiture sans bienve:; lanct:,
mais sans apparente ironie.
Le monsieur se lança une CLI^;ÏO-
me fois sans plus de succès, et revo
nant sur la place, il eut tout à coup
l'espoir qu'il pas sur la hon:-,a
route. sur fc»nr,*
Il se décida à s'adresser à Jarry
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