Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-03-27
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 mars 1908 27 mars 1908
Description : 1908/03/27 (A2,N179). 1908/03/27 (A2,N179).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76465632
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
& Année. ». N 179 (Quotidien) Efftpmêre * 3 centime# Vendredi 27 Mars J3E8.
-
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKi
REDACTION & ADMINISTRATION, :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOtft
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Ëtranger. 40 » 20 »
RÉDACTION Sl ADM£/tISTRATIOii ;
* ,
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
-- t i 1
TÉLÉPHONE : 2^8-09' ', ,
Adresse Télégraphique : COMQSDIA-PAKiS
ABONNEMENTS,:
UN AN 6 mr:S
Paris et Départements * 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 m
Singes
et Perroquets
De mon, vieil ami Mossar Féli j'en
reçois toujours de bien bonnes. Vous
savez qu'il a été mon labadens au lycée
Charlemagne? Il exerce aujourd'hui le
sacerdoce bouddhique à Ceylan et il y
Prêche le culte de l'éléphant bleu. La
Vie est extrêmement drôle, mais il faut
aimer à rire, tout est là.
Voici sa dernière.. Je n'ai qu'à la
transcrire, car le bon brahmane parle
et écrit le français comme un Quarante,
mieux même. D'ailleurs, jugez-en.
« .J'ai su aussi par Cazalis et Bou-
chor, oh! les bons poètes! que, malgré
ton âge, mon vieux, et tes déboires, tu
croyais encore à l'art dramatique. J'en
ai été désolé. Quos vult perdere !
Mais écoute, c'est une légende hindoue,
eHe est d'un derviche tourneur, une
toupie sainte, pour ta gouverne.
« Dans la forêt, le singe était heu-
reux.
« Il y vivait selon les lois de son es-
Pèce, pendu par la queue aux branches
flexibles du cocotier. Mais l'Homme
Vint, qui, du droit imbécile du plus fort,
captura le pauvre anthropoïde. Il l'em-
mena, sur ses navires, dans ses villes
de joie les plus sombres, les plus froi-
des, bêtement et méchamment, pour le
Plaisir d'en remontrer à Dieu, comme
Gara, sur l'ordre providentiel ('es cho-
ses. Mais Dieu a fait le cocotier, et il se
ftit à rire dans sa grande barbe, qui
Enveloppe toute la terre.
« Et l'Homme, toujours absurde, re-
tint à la forêt sous ses voiles orgueil-
leuses, et il vit, dans la profondeur du
baobab immense et millénaire, un oi-
seau qui y rayonnait de toutes les pier-
reries de l'arc-en-ciel. Il y vivait, lui
aussi, à la place fixée par le Créateur,
sur une patte, immobile et beau. C'était
le perroquet, que nous nommons: ara
dans les langues savantes, et: cacatoès
dans les imitatives.
« Comme l'Homme dardait sur lui le
tube lâche, le perroquet se laissa pren-
dre, et, la patte enchaînée, s'en alla re-
joindre le singe dans les cités téné-
breuses.
« La barbe de Dieu ondula comme
tllt champ de blé et une voix en sortit,
exhilarante, qui disait: « Voilà Garo
qui retouche mon oeuvre! L'homme ci-
vilise!. »
« Il n'est point de pagode où l'on ne
m'enseigne que toute espèce vivante est
munie d'une arme de défense propre,
essentielle, et formée de sa substance
même. Le rat a son musc, la seiche
**on encre, le paria sa lèpre, le hérisson
es pointes, le serpent, si doux, son ve-
nin, tous de même. Dans leurs livres
sacrés, les chrétiens, sorte de juifs in-
habiles aux affaires, disent que ces ar-
mes de défense des bêtes sont unique-
ment dirigées contre l'Homme. (Dieu
en aurait investi, selon Moïse, ses créa-
ture des six premiers jours pour les pré-
server de celle du septième, dite : du di-
manche, et qui, dès l'épreuve con-
cluante de la pomme, lui était apparue
comme totalement manquée. Il l'avait
même envoyée au diable, qui n'en avait
Voulu que morte, fût-ce en enfer!
« Chez le singe, cette arme défensive
fest le don d'imitation.
« Il peut, aux heures de danger, le
pousser à un degré tel d'illusion qu'une
mère humaine s'y tromperait et iecon-
naîtrait son fils. L'effet de cette ré-
flexion, mathématiquement adéquate,
tonne deux résultats physiologiques de
défense équivalente, le rire et les
Pleurs, par où la bête du dimanche est
également désarmée.
« Chez le perroquet, la faculté imita-
fave est non moins puissante, mais tout
autre, et elle atteste plus encore du re-
pentir du créateur. Osons dire que, là,
il va jusqu'au remords peut-être, tant
J'oiseau est bien défendu! Il l'est, en
effet, par une espèce de bec nez, or-
gane gutturo-rostral, qui est le désespoir
iQes naturalistes et le casse-tète chinois
de l'ornithologue, et grâce auquel il
contrefait, à gré ou à force, la voix hu-
maine, jusque dans les modulations les
Pjus nuancées, que dis-je, ô Bouddha,
Jusqu'au verbe articulé des mots, en
toutes les langues. Le perroquet a la pa-
role. Ah ! quelle arme, quelle erme !
« Des voyageurs honnêtes, corrobo-
rés en cela par des chasseurs dignes de
01, ont vu, de leurs yeux vu, dans les
vaux de l'Himalaya, au Thibet, et en-
tendu de leurs, oreilles, des aras cernés
Par des tigres, se borner, pour les met-
tre en fuite, à prononcer un mot dont le
sens perdu rendait le : « 1 love you »
des romances anglaises. Sans doute, ils
étaient échappés des villes de l'Inde?
toujours est-il qu'à cette simple paro-
le du truchement de Shakespeare les
petes féroces se dissipaient, épouvan-
tes. »
Qu'eût-ce été, remarque Mossar Féli.
S Ils avaient reproduit devant ces tigres
quelques mots de ce vocabulaire où le
Parlement français puise ses élo-
quences!
£t le bon brahmane ajoute :
7 Ces deux puissances d'imitation
unies, celle du geste, le singe, à celle du
,,n gage. le perroquet, devaient fatale-
ment jeter dans les sociétés humaines le
trouble moral et intellectuel que l'on
®F'Pelle: ;'Art dramatique et dont tu
souffres. Elles commencent, ces so-
ciétés, à regretter amèrement d'avoir
voulu retaper pour leurs plaisirs l'œu-
vre régulière de l'Etre -àrîa barbe uni-
verselle en décrochant le comédien du
cocotier natal et l'auteur du baobab
originaire. Ils y étaient sur leur bran-
che et ils n'y nuisaient à personne.
« Les deux excellents poètes Cazalis
et Bouchor, qui sont les derniers cama-
rades venus à Columbo pour me voir,
m'ont assuré que, non seulement le
perroquet et le singe se sont acclimatés
à Paris, mais qu'ils y pullulent et s'y
croisent et que le nom de cabotinville
que tu lui as donné est le seul aujour-
d'hui qui convienne à la capitale de no-
tre triste chrétienté. Voilà ce que c'est
que d'abuser de la civilisation. C'est la
revanche des bêtes, comme eût dit
Emile Goudeau, encore un bon boud-
dhiste qui a atteint aux félicités du nir-
vana et se balade à présent sur l'élé-
phant bleu dans les jardins du néant.
« Oh! l'Art dramatique! n'y crois
plus, cher vieil ami de ma jeunesse, et
viens. J'ai des lotus plein ma pagode.
« Ton: MOSSAR FÉLI. »
C'est bien tentant. Si j'y allais?.
CALIBAN.
Nous publierons demain un article ae
HENRY KISTEMAECKERS
Sans Masques
Etant donné les progrès notoires de la
civilisation, il n'est plus actuellement que
deux jours par an où nos contemporains
peuvent circuler dans la rue à visage décou-
vert: à la Mi-Carême et au Mardi-Gras.
Il est bien évident, en effet, qu a ces deux
moment M seulement ils se montrent a peu
près tels qu'ils sont, bien que les mœurs et
la police les empêchent en grande partie de
se montrer tels qu'ils voudraient être.
Ces deux jours-là ils peuvent enfin re-
prendre les manières qui leur sont naturel-
les: taire du bruit, hurler, gêner leurs voi-
sins, marcher sans savoir où ils vont, se
dépenser en efforts excessifs sans accom-
plir pour cela aucun travail utile.
Evidemment, les usages n'admettent point
que toutes les classes de la société pren-
nent également part à ces explosions popu-
laires de sincérité, et les gens des classes
élevées sont obligés de recourir, durant
l'aunéç, à d'innombrables stratagèmes, sui-
vant leur rang, pour obtenir décemment,
eux aussi, dans la vie, quelques minutes
de naturel et de liberté. ',.. -
Les rois, les empereufs, les présidents
de la République ont pour cela les chasses
officielles, d'autres l'automobile ou le brid-
ge, et c'est à peu près tout.
Le stratagème le plus répandu et le plus
licite consiste à faire semblant d'amuser
des petits enfants. Ce stratagème. est tel-
lement admis qu'on n'a point hésité à le po-
pulariser par l'image, lorsqu il s'agissait de
gens soi-disant très sérieux, Henri IV ou
Napoléon Ier par exemple.
En dehors de cela, si l'on en excepte les
expéditions scientifiques et les voyages
d'exploration, il n'est plus que les bals ou
'la Mi-Carême, et il faut avouer que le
champ accordé au naturel n'est point, dans
notre société, des plus étendus.
Aussi bien, convient-il de le conserver
jalousement et de protester très violem-
ment, au nom de le vérité et de la morale
contre ceux qui réclament l'abolition des
confetti et des serpentins.
Sans ces explosions périodiques de Na-
turel, nous pourrions, en effet, finir par
croire que tous les porteurs de masques
dans la vie quotidienne sont effectivement
des gens sérieux et, à force de les voit
exercer leurs sacerdoces sans sourire, nous
pourrions, par habitude, nous y laisser
prendre.
La Mi-Carême et le Mardi-Gras sont
là pour remettre les choses au point.
G. DE PAWLOWSKI.
Echos
Cet après-midi, à une heure et demie,
au Palais-Royal, première représentation
du Nouveau théâtre dArt: 1° Fragments
de Beethoven, drame en vers de M. Ber-
teval; 2s Les Requins, deux actes de M.
Jean d'Aguzan; 3° Le Réveil de l'Instinct,
pièce en trois actes, de M. R.-H. Lenor-
mand. *
Ce soir, à huit heures et demie, au Tria-
non-Lyrique, première représentation (re-
prise) de La Mascotte.
Les ayants droit seront reçus au contrôle.
Ce soir, à huit heures et demie, au
Théâtre Molière, première représentation
de Nos Magistrats, pièce en quatre actes,
de M. Arthur Bernède. -
A
près l'Opéra.
Trotte-menu, blonde, l'air jeune
fille toujours, avec les apparences d une
bonne bourgeoise, elle entre au restaurant
pour souper, après le théâtre. Autour
d'elle, une bande d'amis lui font un cortège
affectueux. -
Que dit-elle? Que pense Suzanne Rei-
chemberg — car c'est elle — dans la re-
traite où elle vit depuis déjà quelques an-
nées?
L
e Vatican contre Salomé.
Le Vatican ne semble pas réjoui ou-
tre mesure du succès de l'œuvre biblique
de M. Richard Strauss. L'Osservatore Ro-
mano fulmine, dans un leader, contre une
représentation de Salomé à Rome. ,
« En ces temps de carême, écrit-il, où
l'âme devrait être toute au recueillement,
on ose représenter, dans la ville du Saint-
Père, une œuvre, dont les notes (sic) et les
combinaisons, même au point de vue ar-
tistique, frisent la démence. Par la misère
des temps, le pape est malheureusement ré-
Les pompiers de Londres luttant contre l'incendie du Drury Lane Théâtre :
duit à l'impuissance vis-à-vis de ce scan-
dale. »
M. Richard Strauss aurait évidemment
le sort de l'abbé Loisy s'il n'était pas pro-
testant. On peut, d'ailleurs, ne pas partager
l'indignation de l'Osservatore et ne pas ai-
mer la musique bruyante et banale de
Salomé.
s
scène d'atelier. - -
Dans son élégant atelier, le statuaire
mondain qu'illustrèrent les bustes de nos
plus séduisantes comédiennes, travaille
avec un modèle.
Entrée en coup de vent d'une étoile de
nos concerts, qui donna au maître quelques
pese que son caprice interrompit et que
sa fantaisie voudrait reprendre.
— Je voudrais tant, avoue-t-elle, avoir
mon buste au Salon!
- Impossible, cette an née, et bien par
— Impossible, cette année, et bi.en par
votre faute. D'ici là, toutes mes séances
sont prises. ,'.
- C'est comme au bureau d ,omnibus,
chez vous, ajoute-t-elle désagréablement;
il faut prendre des numéros d'ordre!
, -, N'en croyez rien! - et ndiquant
d'un geste vague l'un des divans profonds
— je ne donne que des numéros de ves-
taire !
LE QUATRAIN DU JOUR
MI-CARÊME
Dans la rue, on donnait une Revue, hier:
Très gaie ! à la façon dont Cambronne est folâtre.
Gros mots ! gestes plus gros ! Sans en être plus
- [fier,
Plus d'un auteur eût pu se croire en son théâtre.
L
'Académie mène "1 tout. — •
Pierre Loti habite Hendaye, Hen-
daye qu'il vient presque d'immortaiiser par
son émouvant Ramuntcho.
Or, Hendaye, rendez-vous central des
pelotaris, se transforme, se modernise, se
banalise, devrions-nous plutôt dire. Et
Pierre Loti, navré, de protester auprès du
maire. Mais le maire., un homme des temps
futurs, sans doute, de répondre au doux
aîné de Mon frère Yves:
- Vous pouvez partir quand il vous
plaira. On ne vous retient pas, car vous
n'êtes plus la curiosité du pays!
Etre académicien, faire partie des Qua-
rante et ne plus même compter au nombre
des curiosités d'un petit village basque !
0 mânes de Richelieu ! ô mânes d'Alphonse
Daudet, et vous aussi, ô mânes d'Astier-
Réhu, voilez-vous la face! Le respect s'en
va, nous sombrons dans les pires cataclys-
mes.
Oh ! la gloire ! la gloire ! !
EN FAMILLE
MM. LUCIEN ET SACHA, GUITRY
L'auteur de Petite Hollande enfant, sur
les genoux de son père, coiffé d'un bon-
net russe, songe aux pièces qu'il fera jouer
plus tard — vers 1910 — à la Comédie-
Française.
Nous devons tcet intéressant cliché à
M. Paul Robert, l'artiste applaudi du Théâ-
tre Michel de Pétersbourg.
c
e que l'on conçoit bien s'énonce. vi-
tement.
« Maintenant disait Racine, quand
il venait d'achever le plan d'une de ses
tragédies, ma pièce est finie, je n'ai 'plus
qu'à l'écrire. »
Par. ce point spécial. M. Georges Fey-
deau — rencontre imprévue - 54appa-
rente un peu à l'auteur d'Andromaque.
En effet, il n'écrit qu'un acte à la fois
et c'est, seulement quand le premier est
entièrement mis en scène et répété qu'il
commence le second.
Un soir, après une répétition d'Occupe-
toi d'A mélie ! M. Micheau dit au vaudevil-
liste.
.., - Mon cher, je vais-partir à Nice; je
voudrais bien, à mon retour, voir ton der-
nier acte.
- C'est entendu. Je te le lirai. Il est
d ailleurs complètement terminé.
— Dans ce cas-là, répondit le directeur,
je retarde mon départ de deux jours. Viens
me montrer ta fin demain.
- C'est entendu!
On se quitte, et M. Feydeau, .qui n'a-
vait pas écrit une ligne de ce quatrième ta-
bleau, se mit au travail vers deux heures
du matin.
Et, dès l'heure du déjeuner, !e# manus-
crit 'était terminé.
c
hant de famine. ,
Une de nos plus importantes sous-
préfectures de 1 Ouest (si je vous disais
qu'elle est en même temps un de nos plus
grands ports de commerce, vous c'evineriez
de suite) possède un fort bon théâtre où
l'on fit parfois d'excellente décentralisation
artistique.
Le sort injurieux, comme dirait notre
Anatole France, ne permit pas que la no-
ble cause de l'Art portât bonheur à l'habile
imprésario (ils le sont tous), qui dirigeait
cette belle scène, et cet homme avisé crut
expédient de disparaître, en oubliant, com-
me par hasard, de payer sa troupe.
Emu d'une telle infortune, le Conseil
municipal nomma un administrateur provi-
soire et décida que les recettes seraient
partagées entre les artistes au prorata de
leurs appointements.
Les jours s'écoulaient cependant, et les
infortunés attendaient en vain la répartition
du nommé prorata.
Or, un soir que le public, avide d'émo-
tions honnêtes, s'apitoyait sur les malheurs
de la déplorable Mignon, Lothario fit ma-
jestueusement son entrée au troisième ta-
bleau ainsi qu'il est de règle. Mais, au
lieu de chanta suilfaut: l'usage « Est-ce
toi, Spèrata?» lé sympathique vieillard lan-
ça de sa voix de basse la plus caverneuse :
« Est-ce toi, Prorata? »
Vous jugez de la joie du public? Les
gens du pays se souviendront longtemps de
cette excellente soirée; et les artistes aussi,
car l'histoire raconte que cet appel ne fut
pas vain et que Prorata descendit enfin
en leur escarcelle. --
T
rous les bijoux, diamants, perles, se
vendent très cher chez Dusausoy,
experts, 4,. boulevard des Italiens, qui
achète toute la journée, toujours au comp-
tant, quelle que soit l'importance de la
somme. Il revend à petit bénéfice.
c
avalcade.
Sur les boulevards, a travers une
feule grouillante que maintiennent des gar-
des municipaux et des dragons, une longue
suite de chars passe. Ils sont traînés par
de lents et gros chevaux aux allures offi-
cielles.
Et chacun de ces chevaux a la croupe
recouverte d'une couverture dé cuir sur
laquelle on peut lire — ô mystère! - le
nom suivant: J. LEITNER. -
Est-ce le sympathique sociétaire oui au-
rait trouvé le moyen de participer à la fête
d'hier en se faisant loueur de costumes.
pour chevaux?
Les tournées ne suffisent peut-être plus
aux artistes de la maison pour équilibrer
leur budget.
R
éalisme. 1
Nous lisons dans un journal de pro-
vince:
« A T., chef-lieu d'arrondissement des
Hautes-Pyrénées, une troupe de passage
avait affiché la Femme à deux maris. L'au-
teur, qui devait faire le père aveugle, s'é-
tant trouvé subitement indisposé, on vint
proposer une, autre pièce au public, qui
n'accepta pas ce changement.
.1 « Pour sauver la situation. le directeur
lui-même lut le rôle, et on eut le curieux
spectacle d'un aveugle qui lisait avec ses
yeux. »
C'est ce qu'on appelle l'optique de la
scène. -
c
arnet d'une Parisienne:
Le couturier,, le bijoutier, la mo-
diste, pour demain; mais ce soir sans faute,
ma visite chez Lalanne, le coiffeur posti-
cheur, 100, faubourg Saint-Honoré, car,
sans le grand artiste capillaire, une femme
ne peut être belle.
A
vant le soir d'Opéra, en épaules et en
frac. rien n'est ulus délicieux, rien
n'est plus chic que de dîner chez Paillard.
Toilettes, musiques, lumières, parfum de
fleurs, parfums de femmes, la cave est uni-
que et la carte offre mets inédits et exquis.
NOUVELLE A LA MAIN
D
I ans un théâtre des boulevards. exté-
rieurs. ,
un auteur pistonne demande des nou-
velles de son manuscrit.
-7- Votre pièce a un grand défaut, mon
ami, elle est trop littéraire, lui dit le di-
recteur. > 1
- Mais. -,
—■. Nous ne pouvons pas jouer des piè-
ces littéraires. Cela gâte le goût de notre
public.
Li Le - Masque de Verre.
Les Danses Grecques
reconstituées
par Mlle Mati
Depuis quelques mois il est de mode,;
dans les salons mondains les plus réputés,
de donner des reconstitutions de danses an-
ciennes.
Plusieurs artistes se sont spécialisées dans
ce genre, mais parmi elles il n'en est pas
une. à notre avis, qui puisse être comparée
à Mlle Mati.
Mlle Mati est d'origine..artésienne.; c'est
une grande et belle personne brune dont
les yeux profonds brillent d'un éclat singu-
lier. Elle a étudié-la musioue au Conserva-
toire royal de Leipzig, en Saxe, dont elle
fut l'une des. meilleures élèves. Elle est
éprise passionnément d'eurythmie, et son
rêve, hous a-t-elle dit, serait de joindre au
rythme de la parole le rythme du geste —
d'où ses essais de danses grecques chan-
tées.
Mlle Mati pousse très loin' le souci de
l'Art; c'est ainsi que, pour composer exac-
tement ses mouvements, elle étudia avec-
ferveur les vases grecs des musées .de Ber-
lin, de Munich et du Louvre, qui sont de
précieux documents pour l'étude des dan-
ses sacrées.
Elle affronta pour la première fois le pu-
blic en novembre dernier, au « Samedi de
Madame » du Gymnase. Tous les artistes
dignes de ce nom accueillirent cette
débutante avec faveur, car ses pro-
cédés — s'il est permis de s'exprimer
de la sorte - étaient entièrement nou-
veaux.
Elle avait étudié, en effet, ses danses
chantées pour elle-même, travaillant sa voix
dans l'espoir d'interpréter un jour Bru-
nehilde. Vénus, Santuzza ou quelqu'une
des héroïnes des drames musicaux. Ce fut
donc une véritable surprise pour tous les
amateurs, car cette jeune artiste, presque
inexperte, au point de vue scénique de ce
terme, donnàit des attitudes parfaites et
raisonnées. ''-
Depuis ce début, nombre de salons
ont vu la beauté de son geste, et, si
nous en croyons les indiscrétions, elle
doit, sous peu, en présence des savants
lesr plus considérables, donner une re-
constitution exacte de toutes les danses
oubliées.
R. O.
, RrutUngtr, phot,
• Mlle MÀTI,
Les Mystères de TOpéra
Les véritables dessous de l'Académie Natio-
nale de Musique. » Chez les rats. 'i
La gare fantôme.
, ;:.
r - -
- .., 't .;.
On a beaucoup parlée ces temps-ci de
mutations dans le monde des théâtres; d'au-
cuns prétendaient même que l'Opéra était
sourdement miné et que des conjurés creu-
saient sous ses fondations de longs souter-
rains.
Nous avons tenu à; vérifier par nous-mê-
mes ces assertions et nous avons dû cons-
tater que bien des choses soUs l'Opéra pré-
sentént, en effet, un aspect tout au moins
bizarre. Deux points sont dès maintenant ac-
quis: s'il est vrai, comme on l'avait dit ja-
dis, que la véritable destination du Sacré-
Cœur est d'être une forteresse, il semble
tout aussi évident que l'Opéra, sous cer-
tains aspects, semble destiné à devenir une
grande gare centrale de chemins de fer, et,
au point de vue fluvial, le centre de Paris
Port de Mer, dont on parle depuis long-
temps déjà.
Opéra - embranchement
Tous les voyageurs qui prennent le Mé-
tropolitain à la gare de l'Opéra, et s'en vont
-
dans la direction de Caumartin, ont dû re-
marquer un embranchement mystérieux qui
s'amorce quelques mètres après la station
de l'Opéra et s'enfonce sous l'administration
de l'Opéra. A quoi est destiné cet embran-
chement? Les fonctionnaires de tout ordre
opposent le plus complet mutisme à toutes
nos investigations. S'àgit-il d'amener des ra-
mes du Métro sur la scène de l'Opéra pour
une pièce nouvelle? S'agit-il d'organiser des
u trains royaux pour souverains méfiants »,
aboutissant directement dans la loge prési-
dentielle? Faut-il voir plus simplement un
projet permettant aux spectateurs de pren-
dre le train sans s'exposer à la pluie? Au-
tant de déconcertants mystères!! Aurons-
nous prochainement, à la sortie de l'Opéra,
le train des danseuse? ou le train des té.
- .,
, , ,,' ., ,
nors, comme nous-avons déjà, aux bains del
mer, le train,des maris? r
Personne n'a voulu nous le dire et nous
posons, en déséspôir de cause, ces angois-
santes questions à tous nos lecteurs.
OpLêra=Port de Mer
On sait que, sous l'Opéra, détend une
immense nappe d'eau ; dont ;d.'aucuns attri-
buent la paternité au ruisseau de la Grange-
Batelière, d'autres au r déversoir- du Marais.
La destination de ce lac très considérable,
auquel on accède par un dur escalier. de-
meure-infiniment-mystérieuse. ,
Triste et seul dans l'obscurité, un bateau
reste amarré,- attendant quelque ■ mystérieux
promeneur. :' : -II
Contient-il des pbissons? Est-ce là qu'en-
tre les représentations 'séjourne! -lugubre, le
Cygne de Lohengrin? Est-ce l'amorce du
çrand port de mer que souhaitent tous les
Parisiens? Nouveau problème que nous po-t
sons à la perspicacité de nos lecteurs.
A moins que l'architecte, de l'Opéra ne
consente à nous donner dés explications sur
ces points mystérieux?. Mais >lui aussi va
refuser de répondre aux .journalistes, aux.
littérateurs particulièrement, ; qui, par leurs
stupides inventions ,-'- Samson si Dolila
par exemple, -— font croire au -pub'.ic que
l'Opéra peut s'écrouler alors que f rut le
monde - sait bien que la solidité rdu monu-
ment Garnier est une dés.questions qu: ne
doivent pas être. posées.
, :, ANNE DE BURIDAN.
COMCEDIA :',
"BeTnaiti, \SIJK jxipa
-
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKi
REDACTION & ADMINISTRATION, :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOtft
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Ëtranger. 40 » 20 »
RÉDACTION Sl ADM£/tISTRATIOii ;
* ,
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
-- t i 1
TÉLÉPHONE : 2^8-09' ', ,
Adresse Télégraphique : COMQSDIA-PAKiS
ABONNEMENTS,:
UN AN 6 mr:S
Paris et Départements * 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 m
Singes
et Perroquets
De mon, vieil ami Mossar Féli j'en
reçois toujours de bien bonnes. Vous
savez qu'il a été mon labadens au lycée
Charlemagne? Il exerce aujourd'hui le
sacerdoce bouddhique à Ceylan et il y
Prêche le culte de l'éléphant bleu. La
Vie est extrêmement drôle, mais il faut
aimer à rire, tout est là.
Voici sa dernière.. Je n'ai qu'à la
transcrire, car le bon brahmane parle
et écrit le français comme un Quarante,
mieux même. D'ailleurs, jugez-en.
« .J'ai su aussi par Cazalis et Bou-
chor, oh! les bons poètes! que, malgré
ton âge, mon vieux, et tes déboires, tu
croyais encore à l'art dramatique. J'en
ai été désolé. Quos vult perdere !
Mais écoute, c'est une légende hindoue,
eHe est d'un derviche tourneur, une
toupie sainte, pour ta gouverne.
« Dans la forêt, le singe était heu-
reux.
« Il y vivait selon les lois de son es-
Pèce, pendu par la queue aux branches
flexibles du cocotier. Mais l'Homme
Vint, qui, du droit imbécile du plus fort,
captura le pauvre anthropoïde. Il l'em-
mena, sur ses navires, dans ses villes
de joie les plus sombres, les plus froi-
des, bêtement et méchamment, pour le
Plaisir d'en remontrer à Dieu, comme
Gara, sur l'ordre providentiel ('es cho-
ses. Mais Dieu a fait le cocotier, et il se
ftit à rire dans sa grande barbe, qui
Enveloppe toute la terre.
« Et l'Homme, toujours absurde, re-
tint à la forêt sous ses voiles orgueil-
leuses, et il vit, dans la profondeur du
baobab immense et millénaire, un oi-
seau qui y rayonnait de toutes les pier-
reries de l'arc-en-ciel. Il y vivait, lui
aussi, à la place fixée par le Créateur,
sur une patte, immobile et beau. C'était
le perroquet, que nous nommons: ara
dans les langues savantes, et: cacatoès
dans les imitatives.
« Comme l'Homme dardait sur lui le
tube lâche, le perroquet se laissa pren-
dre, et, la patte enchaînée, s'en alla re-
joindre le singe dans les cités téné-
breuses.
« La barbe de Dieu ondula comme
tllt champ de blé et une voix en sortit,
exhilarante, qui disait: « Voilà Garo
qui retouche mon oeuvre! L'homme ci-
vilise!. »
« Il n'est point de pagode où l'on ne
m'enseigne que toute espèce vivante est
munie d'une arme de défense propre,
essentielle, et formée de sa substance
même. Le rat a son musc, la seiche
**on encre, le paria sa lèpre, le hérisson
es pointes, le serpent, si doux, son ve-
nin, tous de même. Dans leurs livres
sacrés, les chrétiens, sorte de juifs in-
habiles aux affaires, disent que ces ar-
mes de défense des bêtes sont unique-
ment dirigées contre l'Homme. (Dieu
en aurait investi, selon Moïse, ses créa-
ture des six premiers jours pour les pré-
server de celle du septième, dite : du di-
manche, et qui, dès l'épreuve con-
cluante de la pomme, lui était apparue
comme totalement manquée. Il l'avait
même envoyée au diable, qui n'en avait
Voulu que morte, fût-ce en enfer!
« Chez le singe, cette arme défensive
fest le don d'imitation.
« Il peut, aux heures de danger, le
pousser à un degré tel d'illusion qu'une
mère humaine s'y tromperait et iecon-
naîtrait son fils. L'effet de cette ré-
flexion, mathématiquement adéquate,
tonne deux résultats physiologiques de
défense équivalente, le rire et les
Pleurs, par où la bête du dimanche est
également désarmée.
« Chez le perroquet, la faculté imita-
fave est non moins puissante, mais tout
autre, et elle atteste plus encore du re-
pentir du créateur. Osons dire que, là,
il va jusqu'au remords peut-être, tant
J'oiseau est bien défendu! Il l'est, en
effet, par une espèce de bec nez, or-
gane gutturo-rostral, qui est le désespoir
iQes naturalistes et le casse-tète chinois
de l'ornithologue, et grâce auquel il
contrefait, à gré ou à force, la voix hu-
maine, jusque dans les modulations les
Pjus nuancées, que dis-je, ô Bouddha,
Jusqu'au verbe articulé des mots, en
toutes les langues. Le perroquet a la pa-
role. Ah ! quelle arme, quelle erme !
« Des voyageurs honnêtes, corrobo-
rés en cela par des chasseurs dignes de
01, ont vu, de leurs yeux vu, dans les
vaux de l'Himalaya, au Thibet, et en-
tendu de leurs, oreilles, des aras cernés
Par des tigres, se borner, pour les met-
tre en fuite, à prononcer un mot dont le
sens perdu rendait le : « 1 love you »
des romances anglaises. Sans doute, ils
étaient échappés des villes de l'Inde?
toujours est-il qu'à cette simple paro-
le du truchement de Shakespeare les
petes féroces se dissipaient, épouvan-
tes. »
Qu'eût-ce été, remarque Mossar Féli.
S Ils avaient reproduit devant ces tigres
quelques mots de ce vocabulaire où le
Parlement français puise ses élo-
quences!
£t le bon brahmane ajoute :
7 Ces deux puissances d'imitation
unies, celle du geste, le singe, à celle du
,,n gage. le perroquet, devaient fatale-
ment jeter dans les sociétés humaines le
trouble moral et intellectuel que l'on
®F'Pelle: ;'Art dramatique et dont tu
souffres. Elles commencent, ces so-
ciétés, à regretter amèrement d'avoir
voulu retaper pour leurs plaisirs l'œu-
vre régulière de l'Etre -àrîa barbe uni-
verselle en décrochant le comédien du
cocotier natal et l'auteur du baobab
originaire. Ils y étaient sur leur bran-
che et ils n'y nuisaient à personne.
« Les deux excellents poètes Cazalis
et Bouchor, qui sont les derniers cama-
rades venus à Columbo pour me voir,
m'ont assuré que, non seulement le
perroquet et le singe se sont acclimatés
à Paris, mais qu'ils y pullulent et s'y
croisent et que le nom de cabotinville
que tu lui as donné est le seul aujour-
d'hui qui convienne à la capitale de no-
tre triste chrétienté. Voilà ce que c'est
que d'abuser de la civilisation. C'est la
revanche des bêtes, comme eût dit
Emile Goudeau, encore un bon boud-
dhiste qui a atteint aux félicités du nir-
vana et se balade à présent sur l'élé-
phant bleu dans les jardins du néant.
« Oh! l'Art dramatique! n'y crois
plus, cher vieil ami de ma jeunesse, et
viens. J'ai des lotus plein ma pagode.
« Ton: MOSSAR FÉLI. »
C'est bien tentant. Si j'y allais?.
CALIBAN.
Nous publierons demain un article ae
HENRY KISTEMAECKERS
Sans Masques
Etant donné les progrès notoires de la
civilisation, il n'est plus actuellement que
deux jours par an où nos contemporains
peuvent circuler dans la rue à visage décou-
vert: à la Mi-Carême et au Mardi-Gras.
Il est bien évident, en effet, qu a ces deux
moment M seulement ils se montrent a peu
près tels qu'ils sont, bien que les mœurs et
la police les empêchent en grande partie de
se montrer tels qu'ils voudraient être.
Ces deux jours-là ils peuvent enfin re-
prendre les manières qui leur sont naturel-
les: taire du bruit, hurler, gêner leurs voi-
sins, marcher sans savoir où ils vont, se
dépenser en efforts excessifs sans accom-
plir pour cela aucun travail utile.
Evidemment, les usages n'admettent point
que toutes les classes de la société pren-
nent également part à ces explosions popu-
laires de sincérité, et les gens des classes
élevées sont obligés de recourir, durant
l'aunéç, à d'innombrables stratagèmes, sui-
vant leur rang, pour obtenir décemment,
eux aussi, dans la vie, quelques minutes
de naturel et de liberté. ',.. -
Les rois, les empereufs, les présidents
de la République ont pour cela les chasses
officielles, d'autres l'automobile ou le brid-
ge, et c'est à peu près tout.
Le stratagème le plus répandu et le plus
licite consiste à faire semblant d'amuser
des petits enfants. Ce stratagème. est tel-
lement admis qu'on n'a point hésité à le po-
pulariser par l'image, lorsqu il s'agissait de
gens soi-disant très sérieux, Henri IV ou
Napoléon Ier par exemple.
En dehors de cela, si l'on en excepte les
expéditions scientifiques et les voyages
d'exploration, il n'est plus que les bals ou
'la Mi-Carême, et il faut avouer que le
champ accordé au naturel n'est point, dans
notre société, des plus étendus.
Aussi bien, convient-il de le conserver
jalousement et de protester très violem-
ment, au nom de le vérité et de la morale
contre ceux qui réclament l'abolition des
confetti et des serpentins.
Sans ces explosions périodiques de Na-
turel, nous pourrions, en effet, finir par
croire que tous les porteurs de masques
dans la vie quotidienne sont effectivement
des gens sérieux et, à force de les voit
exercer leurs sacerdoces sans sourire, nous
pourrions, par habitude, nous y laisser
prendre.
La Mi-Carême et le Mardi-Gras sont
là pour remettre les choses au point.
G. DE PAWLOWSKI.
Echos
Cet après-midi, à une heure et demie,
au Palais-Royal, première représentation
du Nouveau théâtre dArt: 1° Fragments
de Beethoven, drame en vers de M. Ber-
teval; 2s Les Requins, deux actes de M.
Jean d'Aguzan; 3° Le Réveil de l'Instinct,
pièce en trois actes, de M. R.-H. Lenor-
mand. *
Ce soir, à huit heures et demie, au Tria-
non-Lyrique, première représentation (re-
prise) de La Mascotte.
Les ayants droit seront reçus au contrôle.
Ce soir, à huit heures et demie, au
Théâtre Molière, première représentation
de Nos Magistrats, pièce en quatre actes,
de M. Arthur Bernède. -
A
près l'Opéra.
Trotte-menu, blonde, l'air jeune
fille toujours, avec les apparences d une
bonne bourgeoise, elle entre au restaurant
pour souper, après le théâtre. Autour
d'elle, une bande d'amis lui font un cortège
affectueux. -
Que dit-elle? Que pense Suzanne Rei-
chemberg — car c'est elle — dans la re-
traite où elle vit depuis déjà quelques an-
nées?
L
e Vatican contre Salomé.
Le Vatican ne semble pas réjoui ou-
tre mesure du succès de l'œuvre biblique
de M. Richard Strauss. L'Osservatore Ro-
mano fulmine, dans un leader, contre une
représentation de Salomé à Rome. ,
« En ces temps de carême, écrit-il, où
l'âme devrait être toute au recueillement,
on ose représenter, dans la ville du Saint-
Père, une œuvre, dont les notes (sic) et les
combinaisons, même au point de vue ar-
tistique, frisent la démence. Par la misère
des temps, le pape est malheureusement ré-
Les pompiers de Londres luttant contre l'incendie du Drury Lane Théâtre :
duit à l'impuissance vis-à-vis de ce scan-
dale. »
M. Richard Strauss aurait évidemment
le sort de l'abbé Loisy s'il n'était pas pro-
testant. On peut, d'ailleurs, ne pas partager
l'indignation de l'Osservatore et ne pas ai-
mer la musique bruyante et banale de
Salomé.
s
scène d'atelier. - -
Dans son élégant atelier, le statuaire
mondain qu'illustrèrent les bustes de nos
plus séduisantes comédiennes, travaille
avec un modèle.
Entrée en coup de vent d'une étoile de
nos concerts, qui donna au maître quelques
pese que son caprice interrompit et que
sa fantaisie voudrait reprendre.
— Je voudrais tant, avoue-t-elle, avoir
mon buste au Salon!
- Impossible, cette an née, et bien par
— Impossible, cette année, et bi.en par
votre faute. D'ici là, toutes mes séances
sont prises. ,'.
- C'est comme au bureau d ,omnibus,
chez vous, ajoute-t-elle désagréablement;
il faut prendre des numéros d'ordre!
, -, N'en croyez rien! - et ndiquant
d'un geste vague l'un des divans profonds
— je ne donne que des numéros de ves-
taire !
LE QUATRAIN DU JOUR
MI-CARÊME
Dans la rue, on donnait une Revue, hier:
Très gaie ! à la façon dont Cambronne est folâtre.
Gros mots ! gestes plus gros ! Sans en être plus
- [fier,
Plus d'un auteur eût pu se croire en son théâtre.
L
'Académie mène "1 tout. — •
Pierre Loti habite Hendaye, Hen-
daye qu'il vient presque d'immortaiiser par
son émouvant Ramuntcho.
Or, Hendaye, rendez-vous central des
pelotaris, se transforme, se modernise, se
banalise, devrions-nous plutôt dire. Et
Pierre Loti, navré, de protester auprès du
maire. Mais le maire., un homme des temps
futurs, sans doute, de répondre au doux
aîné de Mon frère Yves:
- Vous pouvez partir quand il vous
plaira. On ne vous retient pas, car vous
n'êtes plus la curiosité du pays!
Etre académicien, faire partie des Qua-
rante et ne plus même compter au nombre
des curiosités d'un petit village basque !
0 mânes de Richelieu ! ô mânes d'Alphonse
Daudet, et vous aussi, ô mânes d'Astier-
Réhu, voilez-vous la face! Le respect s'en
va, nous sombrons dans les pires cataclys-
mes.
Oh ! la gloire ! la gloire ! !
EN FAMILLE
MM. LUCIEN ET SACHA, GUITRY
L'auteur de Petite Hollande enfant, sur
les genoux de son père, coiffé d'un bon-
net russe, songe aux pièces qu'il fera jouer
plus tard — vers 1910 — à la Comédie-
Française.
Nous devons tcet intéressant cliché à
M. Paul Robert, l'artiste applaudi du Théâ-
tre Michel de Pétersbourg.
c
e que l'on conçoit bien s'énonce. vi-
tement.
« Maintenant disait Racine, quand
il venait d'achever le plan d'une de ses
tragédies, ma pièce est finie, je n'ai 'plus
qu'à l'écrire. »
Par. ce point spécial. M. Georges Fey-
deau — rencontre imprévue - 54appa-
rente un peu à l'auteur d'Andromaque.
En effet, il n'écrit qu'un acte à la fois
et c'est, seulement quand le premier est
entièrement mis en scène et répété qu'il
commence le second.
Un soir, après une répétition d'Occupe-
toi d'A mélie ! M. Micheau dit au vaudevil-
liste.
.., - Mon cher, je vais-partir à Nice; je
voudrais bien, à mon retour, voir ton der-
nier acte.
- C'est entendu. Je te le lirai. Il est
d ailleurs complètement terminé.
— Dans ce cas-là, répondit le directeur,
je retarde mon départ de deux jours. Viens
me montrer ta fin demain.
- C'est entendu!
On se quitte, et M. Feydeau, .qui n'a-
vait pas écrit une ligne de ce quatrième ta-
bleau, se mit au travail vers deux heures
du matin.
Et, dès l'heure du déjeuner, !e# manus-
crit 'était terminé.
c
hant de famine. ,
Une de nos plus importantes sous-
préfectures de 1 Ouest (si je vous disais
qu'elle est en même temps un de nos plus
grands ports de commerce, vous c'evineriez
de suite) possède un fort bon théâtre où
l'on fit parfois d'excellente décentralisation
artistique.
Le sort injurieux, comme dirait notre
Anatole France, ne permit pas que la no-
ble cause de l'Art portât bonheur à l'habile
imprésario (ils le sont tous), qui dirigeait
cette belle scène, et cet homme avisé crut
expédient de disparaître, en oubliant, com-
me par hasard, de payer sa troupe.
Emu d'une telle infortune, le Conseil
municipal nomma un administrateur provi-
soire et décida que les recettes seraient
partagées entre les artistes au prorata de
leurs appointements.
Les jours s'écoulaient cependant, et les
infortunés attendaient en vain la répartition
du nommé prorata.
Or, un soir que le public, avide d'émo-
tions honnêtes, s'apitoyait sur les malheurs
de la déplorable Mignon, Lothario fit ma-
jestueusement son entrée au troisième ta-
bleau ainsi qu'il est de règle. Mais, au
lieu de chanta suilfaut: l'usage « Est-ce
toi, Spèrata?» lé sympathique vieillard lan-
ça de sa voix de basse la plus caverneuse :
« Est-ce toi, Prorata? »
Vous jugez de la joie du public? Les
gens du pays se souviendront longtemps de
cette excellente soirée; et les artistes aussi,
car l'histoire raconte que cet appel ne fut
pas vain et que Prorata descendit enfin
en leur escarcelle. --
T
rous les bijoux, diamants, perles, se
vendent très cher chez Dusausoy,
experts, 4,. boulevard des Italiens, qui
achète toute la journée, toujours au comp-
tant, quelle que soit l'importance de la
somme. Il revend à petit bénéfice.
c
avalcade.
Sur les boulevards, a travers une
feule grouillante que maintiennent des gar-
des municipaux et des dragons, une longue
suite de chars passe. Ils sont traînés par
de lents et gros chevaux aux allures offi-
cielles.
Et chacun de ces chevaux a la croupe
recouverte d'une couverture dé cuir sur
laquelle on peut lire — ô mystère! - le
nom suivant: J. LEITNER. -
Est-ce le sympathique sociétaire oui au-
rait trouvé le moyen de participer à la fête
d'hier en se faisant loueur de costumes.
pour chevaux?
Les tournées ne suffisent peut-être plus
aux artistes de la maison pour équilibrer
leur budget.
R
éalisme. 1
Nous lisons dans un journal de pro-
vince:
« A T., chef-lieu d'arrondissement des
Hautes-Pyrénées, une troupe de passage
avait affiché la Femme à deux maris. L'au-
teur, qui devait faire le père aveugle, s'é-
tant trouvé subitement indisposé, on vint
proposer une, autre pièce au public, qui
n'accepta pas ce changement.
.1 « Pour sauver la situation. le directeur
lui-même lut le rôle, et on eut le curieux
spectacle d'un aveugle qui lisait avec ses
yeux. »
C'est ce qu'on appelle l'optique de la
scène. -
c
arnet d'une Parisienne:
Le couturier,, le bijoutier, la mo-
diste, pour demain; mais ce soir sans faute,
ma visite chez Lalanne, le coiffeur posti-
cheur, 100, faubourg Saint-Honoré, car,
sans le grand artiste capillaire, une femme
ne peut être belle.
A
vant le soir d'Opéra, en épaules et en
frac. rien n'est ulus délicieux, rien
n'est plus chic que de dîner chez Paillard.
Toilettes, musiques, lumières, parfum de
fleurs, parfums de femmes, la cave est uni-
que et la carte offre mets inédits et exquis.
NOUVELLE A LA MAIN
D
I ans un théâtre des boulevards. exté-
rieurs. ,
un auteur pistonne demande des nou-
velles de son manuscrit.
-7- Votre pièce a un grand défaut, mon
ami, elle est trop littéraire, lui dit le di-
recteur. > 1
- Mais. -,
—■. Nous ne pouvons pas jouer des piè-
ces littéraires. Cela gâte le goût de notre
public.
Li Le - Masque de Verre.
Les Danses Grecques
reconstituées
par Mlle Mati
Depuis quelques mois il est de mode,;
dans les salons mondains les plus réputés,
de donner des reconstitutions de danses an-
ciennes.
Plusieurs artistes se sont spécialisées dans
ce genre, mais parmi elles il n'en est pas
une. à notre avis, qui puisse être comparée
à Mlle Mati.
Mlle Mati est d'origine..artésienne.; c'est
une grande et belle personne brune dont
les yeux profonds brillent d'un éclat singu-
lier. Elle a étudié-la musioue au Conserva-
toire royal de Leipzig, en Saxe, dont elle
fut l'une des. meilleures élèves. Elle est
éprise passionnément d'eurythmie, et son
rêve, hous a-t-elle dit, serait de joindre au
rythme de la parole le rythme du geste —
d'où ses essais de danses grecques chan-
tées.
Mlle Mati pousse très loin' le souci de
l'Art; c'est ainsi que, pour composer exac-
tement ses mouvements, elle étudia avec-
ferveur les vases grecs des musées .de Ber-
lin, de Munich et du Louvre, qui sont de
précieux documents pour l'étude des dan-
ses sacrées.
Elle affronta pour la première fois le pu-
blic en novembre dernier, au « Samedi de
Madame » du Gymnase. Tous les artistes
dignes de ce nom accueillirent cette
débutante avec faveur, car ses pro-
cédés — s'il est permis de s'exprimer
de la sorte - étaient entièrement nou-
veaux.
Elle avait étudié, en effet, ses danses
chantées pour elle-même, travaillant sa voix
dans l'espoir d'interpréter un jour Bru-
nehilde. Vénus, Santuzza ou quelqu'une
des héroïnes des drames musicaux. Ce fut
donc une véritable surprise pour tous les
amateurs, car cette jeune artiste, presque
inexperte, au point de vue scénique de ce
terme, donnàit des attitudes parfaites et
raisonnées. ''-
Depuis ce début, nombre de salons
ont vu la beauté de son geste, et, si
nous en croyons les indiscrétions, elle
doit, sous peu, en présence des savants
lesr plus considérables, donner une re-
constitution exacte de toutes les danses
oubliées.
R. O.
, RrutUngtr, phot,
• Mlle MÀTI,
Les Mystères de TOpéra
Les véritables dessous de l'Académie Natio-
nale de Musique. » Chez les rats. 'i
La gare fantôme.
, ;:.
r - -
- .., 't .;.
On a beaucoup parlée ces temps-ci de
mutations dans le monde des théâtres; d'au-
cuns prétendaient même que l'Opéra était
sourdement miné et que des conjurés creu-
saient sous ses fondations de longs souter-
rains.
Nous avons tenu à; vérifier par nous-mê-
mes ces assertions et nous avons dû cons-
tater que bien des choses soUs l'Opéra pré-
sentént, en effet, un aspect tout au moins
bizarre. Deux points sont dès maintenant ac-
quis: s'il est vrai, comme on l'avait dit ja-
dis, que la véritable destination du Sacré-
Cœur est d'être une forteresse, il semble
tout aussi évident que l'Opéra, sous cer-
tains aspects, semble destiné à devenir une
grande gare centrale de chemins de fer, et,
au point de vue fluvial, le centre de Paris
Port de Mer, dont on parle depuis long-
temps déjà.
Opéra - embranchement
Tous les voyageurs qui prennent le Mé-
tropolitain à la gare de l'Opéra, et s'en vont
-
dans la direction de Caumartin, ont dû re-
marquer un embranchement mystérieux qui
s'amorce quelques mètres après la station
de l'Opéra et s'enfonce sous l'administration
de l'Opéra. A quoi est destiné cet embran-
chement? Les fonctionnaires de tout ordre
opposent le plus complet mutisme à toutes
nos investigations. S'àgit-il d'amener des ra-
mes du Métro sur la scène de l'Opéra pour
une pièce nouvelle? S'agit-il d'organiser des
u trains royaux pour souverains méfiants »,
aboutissant directement dans la loge prési-
dentielle? Faut-il voir plus simplement un
projet permettant aux spectateurs de pren-
dre le train sans s'exposer à la pluie? Au-
tant de déconcertants mystères!! Aurons-
nous prochainement, à la sortie de l'Opéra,
le train des danseuse? ou le train des té.
- .,
, , ,,' ., ,
nors, comme nous-avons déjà, aux bains del
mer, le train,des maris? r
Personne n'a voulu nous le dire et nous
posons, en déséspôir de cause, ces angois-
santes questions à tous nos lecteurs.
OpLêra=Port de Mer
On sait que, sous l'Opéra, détend une
immense nappe d'eau ; dont ;d.'aucuns attri-
buent la paternité au ruisseau de la Grange-
Batelière, d'autres au r déversoir- du Marais.
La destination de ce lac très considérable,
auquel on accède par un dur escalier. de-
meure-infiniment-mystérieuse. ,
Triste et seul dans l'obscurité, un bateau
reste amarré,- attendant quelque ■ mystérieux
promeneur. :' : -II
Contient-il des pbissons? Est-ce là qu'en-
tre les représentations 'séjourne! -lugubre, le
Cygne de Lohengrin? Est-ce l'amorce du
çrand port de mer que souhaitent tous les
Parisiens? Nouveau problème que nous po-t
sons à la perspicacité de nos lecteurs.
A moins que l'architecte, de l'Opéra ne
consente à nous donner dés explications sur
ces points mystérieux?. Mais >lui aussi va
refuser de répondre aux .journalistes, aux.
littérateurs particulièrement, ; qui, par leurs
stupides inventions ,-'- Samson si Dolila
par exemple, -— font croire au -pub'.ic que
l'Opéra peut s'écrouler alors que f rut le
monde - sait bien que la solidité rdu monu-
ment Garnier est une dés.questions qu: ne
doivent pas être. posées.
, :, ANNE DE BURIDAN.
COMCEDIA :',
"BeTnaiti, \SIJK jxipa
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.13%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.13%.
- Auteurs similaires Fonds régional : Centre-Val de Loire Fonds régional : Centre-Val de Loire /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Centre1"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k76465632/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k76465632/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k76465632/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k76465632/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k76465632
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k76465632
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k76465632/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest