Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-03-24
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 mars 1908 24 mars 1908
Description : 1908/03/24 (A2,N176). 1908/03/24 (A2,N176).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646560t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2* Aaàêe. «• N° I tê (Quotidien)
Ma Namëro : - 5 centimes
Mardi 24 Mars 190&
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Rédacteur en Chef s G. de PA WLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 0 DOIS
palis et Départements. 24 fr. 12 fr.
Etranger. 40 a 20 m
RÉDACTION & ADMINISTRATION Ï ,"
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE: 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN E MOTS
Paris et Départements 24 fr. 12 Cr.
Étranger. 40 > 20 »
&ouche=trous
Je ne sais pas qui résoudra la fa-
meuse question des billets de faveur.
Quand une pièce fait beaucoup d'ar-
gent, la question est très simplifiée: on
ne donne pas de billets.
Malheureusement, toutes les pièces
ne font Pas beaucoup d'argent. Il y en
a pas mal qui ont besoin d'être soute-
nues Si les trois premiers soirs, il se
trouve, dans la salle, une vingtaine de
places vides, toute la bonne impression
du public sera gâtée.
Les gens ne se sont pas amusés
comme ils auraient dû. Ils n'ont ,pas eu,
pour se plaire au spectacle, la confiance
nécl2ssaire Ils ne riaient pas d'aussi
bon cœur - parce qu'ils pensaient aux
PlacCS vides. Le nombre des présents
ne les a pas rassurés.
Quand une salle refuse du monde, on
r,eut toujours se dire que tout Paris
s'y est rué. Mais s'il reste des fauteuils
libres, on pense que le nombre des pré-
sents représente exactement toutes les
personnes que le spectacle a attirées.
Or, qu'est-ce que ce nombre infime,
cinq à six cents, comparé à celui de la
foule des absents?
Je me rappelle un auteur qui, un
Soir Où ça n'allait pas, considérait les
taches rouges, vilaines des fauteuils vi-
des les trous béants et sombres des bai-
hi 01res inoccupées, et murmurait avec
tristesse: tc C'est effrayant, le nombre
de gens qui ne sont pas venus ici ce
Les directeurs, pour boucher les vides,
sont bien forcés de donner des billets.
Mais, en donnant des billets, ils abî-
ment la clientèle, ils habituent les gens
à ne pas payer.
On a essayé plusieurs procédés pour
remplir les salles sans user de ce moyen
dangereux : le billet de faveur.
Il n'y a pas que les directeurs de Pa-
ris qui soient préoccupés de cette ques-
tion. A Londres, où, quoi qu'en disent
les légendes, il y a souvent des théâ-
tres qUI ne font pas d'argent, on a mis
en usage différents trucs pour que la
talle Paraisse toujours à peu près
le.
l
Il y a, entre le parterre (pif) et les
fauteuils, une barrière mobile, c.ue l'on
Part Ce Vers la scène pour agrandir le
parterre, quand on pense que les peti-
tes Places doivent donner, et que les
gens payants, par contre, seront rares.
Au Garrick, l'ancien théâtre de M.
Arthur Bourchier, les intervalles entre
les rangs de l'orchestre se resserraient
le samedi, le jour de la forte recette,
c'est-à-dire que l'on mettait douze rangs
le samedi soir, et sept à huit rangs pen-
tian* les jours t( creux».
Un directeur faisait bâtir un théâtre
nouveau. Chacun censurait son ou-
vrage. On lui reprochait d'avoir fait une
salle trop petite. 11 répondit, cojime le
Sage. ( Plût au ciel que de bons spec-
tateurs payants, telle qu'elle est, chaque
soir, elle fût pleine!»
Ce directeur, cependant, avait peut-
être t ort. de réduire ainsi son maximum.
Il restreignait d'avance les gros avanta-
ges du succès. Le problème, pour un ar-
chitecte habile, serait de combiner une
salle, petite d'apparence, et qui contînt
beaucoup de monde, une salle où les
vides se verraient Je moins possible.
Voilà le concours que Comœdia devrait
proposer aux architectes de théâtres,
« La sale élastiques. Si des archi-
tectes me lisent, qu'ils étudient la ques-
tion à ce p oint de vue, très pratique.
des ei ils se réoccuperont de dessiner
des escaliers harmonieux ou de décorer
joliment des fumoirs.
A ce propos, il me revient en mé-
moire une anecdote sinistre — mettons
fâcheuse, simplernent. J'étais allé,
dans une ville de iloüest, voir jouer
une pièce de moi, que l'on promenait
à tr avers la rance. La tournée avait
commencé, deux jours auparavant, au
Havre « Gros succès », m'avait télé-
graphié l'impresario. à Alen-
çon, avait été moindre, mais encore
énorme, disait la deuxième dépêche, vu
assistance restreinte. (Ces trois Õermers
mots n' étaient pas nécessaires à mon
bonheur.) Je pris le train Par une vilaine mati-
née d e février. Quand j'arrivai dans la
ville, il tombait de la neige fondue. Je
ne vis dans les rues que de rares pas-
sants, qui n'avaient pas > l'air d'avoir
formé le projet de passer leur soirée au
théâtre. l imiSn 11!?18 que tous ces braves
habitants s'installeraient, après leur dî-
ner, au coin d'un feu clair, les pieds
dans de bons chaussons. et goûteraient
les joies tranquilles de la lecture.
D'ailleurs, un jeune homme à qui je
demandai le chemin du théâtre, ne put
même pas me fournir une indication.
Pourtant, le théâtre de cette ville est
très beau et devrait être con.lu, au
moins extérieurement, de toute la po-
pulation. Une vieille dame me donna
des renseignements erronés ; un officier
me remit dans la bonne voie. J'arrivai
enfin devant le monument. Te I,énétrai
dans le vestibule et je vis Sur un gui-
chet ces mots: « Bureau de location. ))
La préposée travaillait avec applica-
tion à un ouvrage de tricot. F je Den-
RENÉS CORCIÀDB HENRÎETTB PIERVAL RAYMONDB ARIEL
BLANCHE ET DIAMAND
Paul HoytT et Bert, phot
AU PALAIS-ROYAL : "LA POUDRE AUX MOINEAUX" (1er acte)
sais que cet ouvrage serait fini bientôt,
car elle y travaillait sans aucune inter-
ruption.
Je n'osai pas lui demander si elle
avait des places retenues. Soudain
l'imprésario apparut, m'expliqua que la
location ne pourrait pas marcher très
fort, parce qu'on avait joué, dans la
même semaine: Quo Vadis et Cyrano.
Nous allâmes dîner ensemble au res-
taurant. Après le dîner, les gens qui
étaietat là, au lieu de prendre le chemin
du théâtre, commencèrent d'absurdes
parties de cartes ou de jacquet.
Nous retournâmes au théâtre, une
demi-heure avant l'ouverture.
Je ne sais plus quel fut le chiffre à
peu près définitif que nous annonça le
bureau de location. Et je suis content de
ne pas m'en souvenir, pour ne pas
avoir la honte de l'imprimer.
Cependant, un employé du théâtre
voulut, à toute force, me faire visiter le
semptueux monument. J'écoutai son bo-
niment d'une oreille bien discrète. Pla-
fond dû à je ne sais quel peintre, balus-
tres en je ne saurai jamais quoi.
La salle était immense, les fauteuils
innombrables. J'étais de plus en plus
préoccupé.
Pourtant, une phrase de -non guide
me fit lever la tête :
— Regardez ces dégagements. En
huit minutes, la salle peut se vider.
.Combien de temps, hélas! mettrait-
elle à se remplir?
Tristan BERNARD.
4
Nous publierons demain un article de
GEORGES LECOMTE
Le double chemin
Notre excellent confrère la Stampa ne
publie pas seulement les. comptes rendus
complets des, pièces que l'on doit jouer au
Théâtre-Français, il émet cette semaine de
sévères appréciations' sur l'évolution du
théâtre parisien.
Il s'étonne particulièrement de l'abon-
dance des revues de fin d'année — de fin
de semaine, pourrait-il dire --'- que mon-
tent nos théâtres, et nous fait prévoir la
substitution prochaine sur toutes les scènes
du cinématographe au Théâtre actuel.
Il est très certain que depuis le jour ou,
dans la salle des Panoramas Désaugiers,
Francis et Moreau tentèrent, en 1807, la
première revue de fin d'année : Le Pano-
rama de Momus, le genre s'est quelque
peu développé dans notre pays. il est éga-
lement très certain que ce genre n est,
,somme toute, qu'un cliché photographique
de la vie quotidienne, et que, le besoin de
précision scientifique se développant cha-
que jour, il nous lait prévoir son prochain
remplacement par une bonne reproduction
cinématographique des événements tels
qu'ils se déroulent dans la réalité.
Convient-il cependant de protester con-
tre cette évolution, comme le fait notre con-
frère? Je ne le pense point; ce serait man-
quer de clairvoyance et adopter le rôle tou-
jours ridicule du monsieur qui trouve « que
c'était beaucoup plus chouette sous l'Em-
pire n.
Chaque âge a ses nécessités, et le ciné-
matographe devient, dans la vie courante,
un besoin analogue à celui du journal quo-
tidien à nn sou. Doit-on y voir un abaisse-
ment définitif de l'Art, un renoncement aux
traditions séculaires de la littérature; Je
ne le pense en aucune façon, bien au con-
traire. Il est enfantin de se figurer, en
eflet, que les idées humaines peuvent se
transformer en quelques années; elles se
différencient tout simplement; ellês se ma-
nifestent en spécialisations nouvelles qui
répondent à des besoins nouveaux, et cette
augmentation perpétuelle n'implique ja-
mais de*muppressions.
On peut même prédire, sans recourir
pour cela aux tireuses de cartes que, du
jour où le théâtre moderne, même cinéma-
tographique. se consacrera rigoureusement
à l'actualité et au tait-divers, nous verrons
renaître parallèlement, par réaction, un théâ-
tre purement littéraire, purement idéaliste,
qui sera définitivement débarrassé de tout
le modernisme qui l'encombre maintenant.
Il y aura tout simplement deux sortes de
théâtres très différents, comme il y a au-
jourd'hui deux sortes très différentes de
savants, ceux qui sont à la tête des entre-
prises commerciales répondant aux besoins
de la vie courante, et ceux qui dirigent les
recherches d'un laboratoire sans autre idée
que d'augmenter, chaque jour, le domaine
de la science pure.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Cet après-midi, à deux heures, à l'O-
déon, répétition générale de: La Petite
Hollande, comédie en trois actes de M. Sa-
cha Guitry; la Comédie des Familles, co-
médie en un acte et en vers de M. Paul
Géraldy; le Chauffeur, comédien en un
acte de M. Max Maurey.
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
Gymnase, première représentation (re-
prise) de Madame Flirt, comédie en quatre-
actes, de MM. Paul Gavault et Georges
Berr. -
Ce* soir, à neuf heures, au Moulin-
Rouge, première représentation de Son
Altesse l'Amour, fantaisie-opérette en qua-
tre tableaux, de MM. Victor de Cottens et
Pierre Veber.
Ce soir, à huit heures, au Palais du
Travail, 13, rue de Belleville, première re-
présentation du Bandit de Charonne, par
M. *Paul Nigel.
u
n véritable artiste.
Ou olutôt. VArtiste. C'est un erand
garçon de trente-cinq ans, maigre, souriant,
aimable, l'air un tantinet protecteur. Ses
yeux sont vifs, son accent vague, son ar-
ticulation difficile. Rien d'extraordinaire,
jJ est Russe et il connaît sept langues. Il
répond au nom de Goylakis.
Nous eûmes le plaisir de le rencontrer
ces jours derniers. Il parlait du métier, de
son cher méfier, de son Art plutôt, de ses
désillusions, mais surtout de ses gloires.
— Oui, disait-il, partout où je passe, ce
sont des enthousiasmes que ne connaissent
jamais vos Silvain. vos Mounet, vos Le
Bargy, vos Alvarez et vos Delmas! D'ail-
leurs, Paris va bientôt me donner sa su-
prême consécration.
— Vous êtes ténor?
Il sourit, indulgent:
— Ténor! Vous voulez rire!
- Tragédien? Comédien? Jeune pre-
mier?-
— Mieux que ça, vous dis-je, car ce
que je fais, nul autre que moi ne peut le
faire!.
— Acrobate, équilibriste, jongleur, mu-
sicien excentrique?..
A la fin, l'Artiste eut pitié de nous, et,
modestement, il laissa tomber:
—- C'est moi qui présente le chien
parleur! C'est mon élève et, selon ma fa-
çon de lui serrer le gosier, je lui fais dire:
papa, maman en sept langues. tout com-
me moi! :
Et ça, c'est du Grand Art 1
p
rocès-verbal.
Notre excellent ami et collaborateur
Pierre Mortier nous communique le pro-
cès-verbal suivant: -
A la suite d'un article publié par M. Pierre
Mortier dans Comœdia du 21 mars 1908, MM.
Jacques Bousquet et Arnould se jugeant offen-
sés ont entre eux tiré au sort et M. Jacques
Bousquet a adressé à M. Pierre Mortier deux
de ses amis: MM. G. Breittmayer et P.-L.
Fiers.
M. Pierre Mortier a constitué comme témoins
MM. J. Joseph-Renauci et Gaston Alberti.
De l'examen des faits, il lésulte que l'arti-
cle contient une erreur matérielle et que, par
conséquent, l'appréciation offensante tombe d'el-
le-même. Dans ces conditions, les quatre té-
moins, d'un commun accord, déclarent qu'il n'y
a pas lieu à rencontre. is le 23 tnars lg()8.
Fait en double à Paris le 23 mars 1908.
Pour M. Jacques Bousquet:
P.-L. FLERS
G. BREITTMAYER
G. BREITTMAYER Pour M. Pierre Mortier;
J. JOSEPH-RENAUD
Gaston ALRERTI
LE QUATRAIN DU JOUR
IL Y A BUREAUX ET BUREAUX
Le vrai Parisien, pur ab hoc et ab hac,
Va chez le charbonnier pour acheter du plâtre:
Il ne prend pas sa place au bureau du théâtre.
Mais il va la chercher au bureau de tabac !
L
'obsession.
Grand, sec, grisonnant, l'allure d'un
officier de cavalerie en civil, u s attarde
sous les galeries de l'Odéon, dans la con-
templation des in-12 et des in-8° aux cou-
vertures multicolores.
D'une main fine, longue et fort aristo-
cratique, il prend des volumes, feuillette
quelques pages, et les repose pour en sai-
sir d'autres. Comme par hasard, il est
tombé sur un René Bazin, de l'Académie
française, sur un Faguet, de l'Académie
française, et sur un numéro de revue con-
tenant une récente conférence de J. Le-
maître, de l'Académie française
Sans faire d'emplette, son éternel mo-
nocle à l'œil, M. Henri de Régnier s'en va
dans la direction du Luxembourg, jardin
sans doute propice aux rêves des immor-
tels de demain.
L
a main leste.
0 Quand un monsieur veut embrasser
de force une dame, il lui arrive de lecevoir
une vertueuse gifle. Un de nos plus frin-
gants sociétaires en fit, autrefois, l'expé-
rience.
Mais il a, paraît-il, changé tout cela.
L'autre soir, nous assure-t-on, çomme
une des plus jeunes et des plus jolies ar-
tistes de la Maison résistait à ses pres-
santes sollicitations, il devint soudain fu-
rieux et, comme dernier argument, lui ap-
pliqua un solide soufflet, dont elle garda
les traces plus d'un quart d'heure.
Sont-ce là les traditions?
R
ien de nouveau.
« L'anarchie la plus complète sem-
ble s'être introduite dans la Comédie-Fran-
çaise: les artistes jouent quand il leur
plaît, s'absentent quand ils veulent; on
joue telle pièce pour faire plaisir à tel
sociétaire, à condition que telle futre, exi-
gée par un camarade,, ait son tour. Le pu-
blic, à qui on sert des œuvres dont il ne
veut plus, manifeste son mécontente-
ment. »
Qui parle? Sans doute encore une vic-
time de M. Claretie, quelque chaud par-
tisan de M. Carré? Point. Nous emprun-
tons ces lignes à l'ouvrage très documenté
que M. Jean Bayet vient de faire paraître
sur la Société des auteurs dramatiques. No-
tre confrère dénonce les vexations multi-
ples auxquelles les dramaturges s'expo
saient, au dix-huitième siècle, en portant
leurs manuscrits à notre grand théâtre sub-
ventionné. Rien n'est neuf, décidément,
sous le soleil!
Irrités, les martyrs de la Comédie-
Française formèrent alors, en manière de
protestation, cette Société des Auteurs dra-
matiques qui fait beaucoup parler d'elle
depuis un certain temps. M. Jean Bayet,
qui étudie son organisation, est d'accord
avec Comœdia pour lui .prodiguer de sa-'
ges conseils sur les fuites des droits d'au-
teur, sur l'abus des billets d'auteur, sur lei
domaine public payant. et autres ques-
tions à l'ordre du jour, dont nous avons en-
tretenu nos lecteurs.
L
a réconciliation.
Décidément, la fièvre belliqueuse du
duel court tous les théâtres de Paris.
Le théâtre Réjane lui-même, si pacifique
d'ordinairç, a failli être le lieu d'une pro-
vocation.
On sait que Qui perd gagne obtient en
ce moment un si grand succès qu'il est ab-
solument impossible de disposer d'aucune
entrée de faveur.
L'autre jour, le chroniqueur théâtral de
l'un de nos plus importants quotidiens du
matin, voulut à toute force obtenir deux
places.
— Non, je ne peux réellement pas vous
les donner, dit M. Dario Niccodémi. et
croyez bien que je n'y mets pas de mau-
vaise volonté.
- Il me faut deux places!
- Il n'y en a pas.
- Il me les faut quand même!
- Vous m'em. bêtez!.
- Hein! Vous dites? reprit lé journa-
liste menaçant. Vous aurez de mes nou-
velles! Je vous enverrai ce soir deux de
mes amis!
— Inutile, ie ne pourrai pas les placer!
réplioua M. Niccodémi.
Cette boutade sauva la situation. M.
Serge Basset — car c'était lui — ne put
s'empêcher de sourire et renonça à se bat-
tre avec un si spirituel adversaire.
M
i-Carême ! jour de gaieté où chacun
enjolive, sa Fantaisie! Et quelle
précieuse collaboration que celle de m. Lé-
vêque, 12, boulevard de..Strasbourg, dont ',"
les têtes et modes pour cavalcades sont
d'une drôlerie et d'une inspiration si rares4
C
adeaux de Pâques. 1
Leroy, le plus artiste des crfèvi
nous informe qu'il met à la disposition de
son élégante clientèle ces délicieux bibe-
lots d'un goût exquis et varié qu'on ne
trouve que dans ses magasins, rue Réau-
mur, 22.
A
u dîner des Théâtres, chez Cham-
peaux, le Tout-Paris artistique et lit-
téraire se donne, chaque soir, rendez-vous
pour déguster les vins fameux, la cuisine
exquisè du célèbre restaurant de la place
de la Bourse.
p
ublicité, obsédante publicité, où t'ar-
rêteras-tu?
L autre soir, Mme de G., très entourée
pendant un entr'acte de l'Opéra, affirmait
qu'elle devait son excellent état de santé
au verre de Dubonnet qu'elle, prend cha-
que jour.
Le Masque de Verre.
Un coup de théâtre
M. Claretie conspire.
L'Administrateur et le Préfet.
L'entente de deux fonctionnaires.,
(Henri Manuel, phot.)
M. DE SELVES, préfet de la Seine.
On sait que l'affaire du Foyer doit être
appelée demain mercredi à la première
Chambre du Tribunal civil. Mais, dans
l'opinion générale, et même dans l'opinion
des parties les plus intéressées et de leurs
conseils, cet appel devait être de pure for-
me et l'affaire ne devait sortir du rôle que
pour être aussitôt renvoyée à une date
ultérieure.
En réalité, un grave incident se prépare.
Peut-être cet article même, en divulguant
la manœuvre que nous allons signaler, en
rendra-t-elle l'exécution impossible, mais
nous pouvons affirmer qu'à l'heure où nous
l'écrivons, notre information est scrupuleu-
sement exacte.
Voici :
Demain, à l'ouverture de l'audience, le
préfet de la Seine, M. de Selves, dont M.
Jules Claretie s'est assuré l'appui, soumet-
tra au Tribunal de la Seine un déclinatoire
d'incompétence, c'est-à-dire qu'il sommera
le Tribunal de se déclarer incompétent
dans l'action intentée à la Comédie-Fran-
çaise par MM. Octave Mirbeau et Thadée
Natanson. Si, comme tout le fait prévoir,
le Tribunal écarte les prétentions de M. de
Selves, le préfet de la Seine élèvera le con-
flit, c'est-à-dire que, par le moyen d'un ar-
rêté de conflit, il dessaisira provisoirement
le Tribunal.
En agissant ainsi, le préfet de la Seine,
chargé d'assurer dans l'étendue du dépar-
tement qu'il administre l'application de la
séparation des pouvoirs, ne fait qu'user
d'une prérogative parfaitement légale, mais
l'usage qu'il en fait n'en est pas moins
surprenant.
Il n'y a pas, en effet, le moindre doute
que le Tribunal de la Seine soit compétent.
Et cela pour la raison que M. Claretie est
pris à partie non comme fonctionnaire, mais
comme gérant responsable d'une Société
commerciale. On sait que, malgré ses ef-
forts désespérés, M. Claretie n'a jamais pu
obtenir - même de son ami M. Doumer-
gue un acte qui substituât la responsa-
bilité du gouvernement à la sienne.
Il est donc parfaitement certain qu'après
un petit tour devant le Tribunal des Con-
flits - qui statuerait souverainement sur
la question de compétence — l'affaire re-
paraîtrait infailliblement devant le Tribunal
de la Seine.
Quel est donc l'intérêt de M. Jules Cla-
retie et pourquoi fait il agir M. de Selves?
L'explication est simple.
De quoi s'agit-il? De gagner du temps.
Ma Namëro : - 5 centimes
Mardi 24 Mars 190&
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27, Boulevard Poissonnière, PARIS
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UN AN 0 DOIS
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Paris et Départements 24 fr. 12 Cr.
Étranger. 40 > 20 »
&ouche=trous
Je ne sais pas qui résoudra la fa-
meuse question des billets de faveur.
Quand une pièce fait beaucoup d'ar-
gent, la question est très simplifiée: on
ne donne pas de billets.
Malheureusement, toutes les pièces
ne font Pas beaucoup d'argent. Il y en
a pas mal qui ont besoin d'être soute-
nues Si les trois premiers soirs, il se
trouve, dans la salle, une vingtaine de
places vides, toute la bonne impression
du public sera gâtée.
Les gens ne se sont pas amusés
comme ils auraient dû. Ils n'ont ,pas eu,
pour se plaire au spectacle, la confiance
nécl2ssaire Ils ne riaient pas d'aussi
bon cœur - parce qu'ils pensaient aux
PlacCS vides. Le nombre des présents
ne les a pas rassurés.
Quand une salle refuse du monde, on
r,eut toujours se dire que tout Paris
s'y est rué. Mais s'il reste des fauteuils
libres, on pense que le nombre des pré-
sents représente exactement toutes les
personnes que le spectacle a attirées.
Or, qu'est-ce que ce nombre infime,
cinq à six cents, comparé à celui de la
foule des absents?
Je me rappelle un auteur qui, un
Soir Où ça n'allait pas, considérait les
taches rouges, vilaines des fauteuils vi-
des les trous béants et sombres des bai-
hi 01res inoccupées, et murmurait avec
tristesse: tc C'est effrayant, le nombre
de gens qui ne sont pas venus ici ce
Les directeurs, pour boucher les vides,
sont bien forcés de donner des billets.
Mais, en donnant des billets, ils abî-
ment la clientèle, ils habituent les gens
à ne pas payer.
On a essayé plusieurs procédés pour
remplir les salles sans user de ce moyen
dangereux : le billet de faveur.
Il n'y a pas que les directeurs de Pa-
ris qui soient préoccupés de cette ques-
tion. A Londres, où, quoi qu'en disent
les légendes, il y a souvent des théâ-
tres qUI ne font pas d'argent, on a mis
en usage différents trucs pour que la
talle Paraisse toujours à peu près
le.
l
Il y a, entre le parterre (pif) et les
fauteuils, une barrière mobile, c.ue l'on
Part Ce Vers la scène pour agrandir le
parterre, quand on pense que les peti-
tes Places doivent donner, et que les
gens payants, par contre, seront rares.
Au Garrick, l'ancien théâtre de M.
Arthur Bourchier, les intervalles entre
les rangs de l'orchestre se resserraient
le samedi, le jour de la forte recette,
c'est-à-dire que l'on mettait douze rangs
le samedi soir, et sept à huit rangs pen-
tian* les jours t( creux».
Un directeur faisait bâtir un théâtre
nouveau. Chacun censurait son ou-
vrage. On lui reprochait d'avoir fait une
salle trop petite. 11 répondit, cojime le
Sage. ( Plût au ciel que de bons spec-
tateurs payants, telle qu'elle est, chaque
soir, elle fût pleine!»
Ce directeur, cependant, avait peut-
être t ort. de réduire ainsi son maximum.
Il restreignait d'avance les gros avanta-
ges du succès. Le problème, pour un ar-
chitecte habile, serait de combiner une
salle, petite d'apparence, et qui contînt
beaucoup de monde, une salle où les
vides se verraient Je moins possible.
Voilà le concours que Comœdia devrait
proposer aux architectes de théâtres,
« La sale élastiques. Si des archi-
tectes me lisent, qu'ils étudient la ques-
tion à ce p oint de vue, très pratique.
des ei ils se réoccuperont de dessiner
des escaliers harmonieux ou de décorer
joliment des fumoirs.
A ce propos, il me revient en mé-
moire une anecdote sinistre — mettons
fâcheuse, simplernent. J'étais allé,
dans une ville de iloüest, voir jouer
une pièce de moi, que l'on promenait
à tr avers la rance. La tournée avait
commencé, deux jours auparavant, au
Havre « Gros succès », m'avait télé-
graphié l'impresario. à Alen-
çon, avait été moindre, mais encore
énorme, disait la deuxième dépêche, vu
assistance restreinte. (Ces trois Õermers
mots n' étaient pas nécessaires à mon
bonheur.) Je pris le train Par une vilaine mati-
née d e février. Quand j'arrivai dans la
ville, il tombait de la neige fondue. Je
ne vis dans les rues que de rares pas-
sants, qui n'avaient pas > l'air d'avoir
formé le projet de passer leur soirée au
théâtre. l imiSn 11!?18 que tous ces braves
habitants s'installeraient, après leur dî-
ner, au coin d'un feu clair, les pieds
dans de bons chaussons. et goûteraient
les joies tranquilles de la lecture.
D'ailleurs, un jeune homme à qui je
demandai le chemin du théâtre, ne put
même pas me fournir une indication.
Pourtant, le théâtre de cette ville est
très beau et devrait être con.lu, au
moins extérieurement, de toute la po-
pulation. Une vieille dame me donna
des renseignements erronés ; un officier
me remit dans la bonne voie. J'arrivai
enfin devant le monument. Te I,énétrai
dans le vestibule et je vis Sur un gui-
chet ces mots: « Bureau de location. ))
La préposée travaillait avec applica-
tion à un ouvrage de tricot. F je Den-
RENÉS CORCIÀDB HENRÎETTB PIERVAL RAYMONDB ARIEL
BLANCHE ET DIAMAND
Paul HoytT et Bert, phot
AU PALAIS-ROYAL : "LA POUDRE AUX MOINEAUX" (1er acte)
sais que cet ouvrage serait fini bientôt,
car elle y travaillait sans aucune inter-
ruption.
Je n'osai pas lui demander si elle
avait des places retenues. Soudain
l'imprésario apparut, m'expliqua que la
location ne pourrait pas marcher très
fort, parce qu'on avait joué, dans la
même semaine: Quo Vadis et Cyrano.
Nous allâmes dîner ensemble au res-
taurant. Après le dîner, les gens qui
étaietat là, au lieu de prendre le chemin
du théâtre, commencèrent d'absurdes
parties de cartes ou de jacquet.
Nous retournâmes au théâtre, une
demi-heure avant l'ouverture.
Je ne sais plus quel fut le chiffre à
peu près définitif que nous annonça le
bureau de location. Et je suis content de
ne pas m'en souvenir, pour ne pas
avoir la honte de l'imprimer.
Cependant, un employé du théâtre
voulut, à toute force, me faire visiter le
semptueux monument. J'écoutai son bo-
niment d'une oreille bien discrète. Pla-
fond dû à je ne sais quel peintre, balus-
tres en je ne saurai jamais quoi.
La salle était immense, les fauteuils
innombrables. J'étais de plus en plus
préoccupé.
Pourtant, une phrase de -non guide
me fit lever la tête :
— Regardez ces dégagements. En
huit minutes, la salle peut se vider.
.Combien de temps, hélas! mettrait-
elle à se remplir?
Tristan BERNARD.
4
Nous publierons demain un article de
GEORGES LECOMTE
Le double chemin
Notre excellent confrère la Stampa ne
publie pas seulement les. comptes rendus
complets des, pièces que l'on doit jouer au
Théâtre-Français, il émet cette semaine de
sévères appréciations' sur l'évolution du
théâtre parisien.
Il s'étonne particulièrement de l'abon-
dance des revues de fin d'année — de fin
de semaine, pourrait-il dire --'- que mon-
tent nos théâtres, et nous fait prévoir la
substitution prochaine sur toutes les scènes
du cinématographe au Théâtre actuel.
Il est très certain que depuis le jour ou,
dans la salle des Panoramas Désaugiers,
Francis et Moreau tentèrent, en 1807, la
première revue de fin d'année : Le Pano-
rama de Momus, le genre s'est quelque
peu développé dans notre pays. il est éga-
lement très certain que ce genre n est,
,somme toute, qu'un cliché photographique
de la vie quotidienne, et que, le besoin de
précision scientifique se développant cha-
que jour, il nous lait prévoir son prochain
remplacement par une bonne reproduction
cinématographique des événements tels
qu'ils se déroulent dans la réalité.
Convient-il cependant de protester con-
tre cette évolution, comme le fait notre con-
frère? Je ne le pense point; ce serait man-
quer de clairvoyance et adopter le rôle tou-
jours ridicule du monsieur qui trouve « que
c'était beaucoup plus chouette sous l'Em-
pire n.
Chaque âge a ses nécessités, et le ciné-
matographe devient, dans la vie courante,
un besoin analogue à celui du journal quo-
tidien à nn sou. Doit-on y voir un abaisse-
ment définitif de l'Art, un renoncement aux
traditions séculaires de la littérature; Je
ne le pense en aucune façon, bien au con-
traire. Il est enfantin de se figurer, en
eflet, que les idées humaines peuvent se
transformer en quelques années; elles se
différencient tout simplement; ellês se ma-
nifestent en spécialisations nouvelles qui
répondent à des besoins nouveaux, et cette
augmentation perpétuelle n'implique ja-
mais de*muppressions.
On peut même prédire, sans recourir
pour cela aux tireuses de cartes que, du
jour où le théâtre moderne, même cinéma-
tographique. se consacrera rigoureusement
à l'actualité et au tait-divers, nous verrons
renaître parallèlement, par réaction, un théâ-
tre purement littéraire, purement idéaliste,
qui sera définitivement débarrassé de tout
le modernisme qui l'encombre maintenant.
Il y aura tout simplement deux sortes de
théâtres très différents, comme il y a au-
jourd'hui deux sortes très différentes de
savants, ceux qui sont à la tête des entre-
prises commerciales répondant aux besoins
de la vie courante, et ceux qui dirigent les
recherches d'un laboratoire sans autre idée
que d'augmenter, chaque jour, le domaine
de la science pure.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Cet après-midi, à deux heures, à l'O-
déon, répétition générale de: La Petite
Hollande, comédie en trois actes de M. Sa-
cha Guitry; la Comédie des Familles, co-
médie en un acte et en vers de M. Paul
Géraldy; le Chauffeur, comédien en un
acte de M. Max Maurey.
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
Gymnase, première représentation (re-
prise) de Madame Flirt, comédie en quatre-
actes, de MM. Paul Gavault et Georges
Berr. -
Ce* soir, à neuf heures, au Moulin-
Rouge, première représentation de Son
Altesse l'Amour, fantaisie-opérette en qua-
tre tableaux, de MM. Victor de Cottens et
Pierre Veber.
Ce soir, à huit heures, au Palais du
Travail, 13, rue de Belleville, première re-
présentation du Bandit de Charonne, par
M. *Paul Nigel.
u
n véritable artiste.
Ou olutôt. VArtiste. C'est un erand
garçon de trente-cinq ans, maigre, souriant,
aimable, l'air un tantinet protecteur. Ses
yeux sont vifs, son accent vague, son ar-
ticulation difficile. Rien d'extraordinaire,
jJ est Russe et il connaît sept langues. Il
répond au nom de Goylakis.
Nous eûmes le plaisir de le rencontrer
ces jours derniers. Il parlait du métier, de
son cher méfier, de son Art plutôt, de ses
désillusions, mais surtout de ses gloires.
— Oui, disait-il, partout où je passe, ce
sont des enthousiasmes que ne connaissent
jamais vos Silvain. vos Mounet, vos Le
Bargy, vos Alvarez et vos Delmas! D'ail-
leurs, Paris va bientôt me donner sa su-
prême consécration.
— Vous êtes ténor?
Il sourit, indulgent:
— Ténor! Vous voulez rire!
- Tragédien? Comédien? Jeune pre-
mier?-
— Mieux que ça, vous dis-je, car ce
que je fais, nul autre que moi ne peut le
faire!.
— Acrobate, équilibriste, jongleur, mu-
sicien excentrique?..
A la fin, l'Artiste eut pitié de nous, et,
modestement, il laissa tomber:
—- C'est moi qui présente le chien
parleur! C'est mon élève et, selon ma fa-
çon de lui serrer le gosier, je lui fais dire:
papa, maman en sept langues. tout com-
me moi! :
Et ça, c'est du Grand Art 1
p
rocès-verbal.
Notre excellent ami et collaborateur
Pierre Mortier nous communique le pro-
cès-verbal suivant: -
A la suite d'un article publié par M. Pierre
Mortier dans Comœdia du 21 mars 1908, MM.
Jacques Bousquet et Arnould se jugeant offen-
sés ont entre eux tiré au sort et M. Jacques
Bousquet a adressé à M. Pierre Mortier deux
de ses amis: MM. G. Breittmayer et P.-L.
Fiers.
M. Pierre Mortier a constitué comme témoins
MM. J. Joseph-Renauci et Gaston Alberti.
De l'examen des faits, il lésulte que l'arti-
cle contient une erreur matérielle et que, par
conséquent, l'appréciation offensante tombe d'el-
le-même. Dans ces conditions, les quatre té-
moins, d'un commun accord, déclarent qu'il n'y
a pas lieu à rencontre. is le 23 tnars lg()8.
Fait en double à Paris le 23 mars 1908.
Pour M. Jacques Bousquet:
P.-L. FLERS
G. BREITTMAYER
G. BREITTMAYER Pour M. Pierre Mortier;
J. JOSEPH-RENAUD
Gaston ALRERTI
LE QUATRAIN DU JOUR
IL Y A BUREAUX ET BUREAUX
Le vrai Parisien, pur ab hoc et ab hac,
Va chez le charbonnier pour acheter du plâtre:
Il ne prend pas sa place au bureau du théâtre.
Mais il va la chercher au bureau de tabac !
L
'obsession.
Grand, sec, grisonnant, l'allure d'un
officier de cavalerie en civil, u s attarde
sous les galeries de l'Odéon, dans la con-
templation des in-12 et des in-8° aux cou-
vertures multicolores.
D'une main fine, longue et fort aristo-
cratique, il prend des volumes, feuillette
quelques pages, et les repose pour en sai-
sir d'autres. Comme par hasard, il est
tombé sur un René Bazin, de l'Académie
française, sur un Faguet, de l'Académie
française, et sur un numéro de revue con-
tenant une récente conférence de J. Le-
maître, de l'Académie française
Sans faire d'emplette, son éternel mo-
nocle à l'œil, M. Henri de Régnier s'en va
dans la direction du Luxembourg, jardin
sans doute propice aux rêves des immor-
tels de demain.
L
a main leste.
0 Quand un monsieur veut embrasser
de force une dame, il lui arrive de lecevoir
une vertueuse gifle. Un de nos plus frin-
gants sociétaires en fit, autrefois, l'expé-
rience.
Mais il a, paraît-il, changé tout cela.
L'autre soir, nous assure-t-on, çomme
une des plus jeunes et des plus jolies ar-
tistes de la Maison résistait à ses pres-
santes sollicitations, il devint soudain fu-
rieux et, comme dernier argument, lui ap-
pliqua un solide soufflet, dont elle garda
les traces plus d'un quart d'heure.
Sont-ce là les traditions?
R
ien de nouveau.
« L'anarchie la plus complète sem-
ble s'être introduite dans la Comédie-Fran-
çaise: les artistes jouent quand il leur
plaît, s'absentent quand ils veulent; on
joue telle pièce pour faire plaisir à tel
sociétaire, à condition que telle futre, exi-
gée par un camarade,, ait son tour. Le pu-
blic, à qui on sert des œuvres dont il ne
veut plus, manifeste son mécontente-
ment. »
Qui parle? Sans doute encore une vic-
time de M. Claretie, quelque chaud par-
tisan de M. Carré? Point. Nous emprun-
tons ces lignes à l'ouvrage très documenté
que M. Jean Bayet vient de faire paraître
sur la Société des auteurs dramatiques. No-
tre confrère dénonce les vexations multi-
ples auxquelles les dramaturges s'expo
saient, au dix-huitième siècle, en portant
leurs manuscrits à notre grand théâtre sub-
ventionné. Rien n'est neuf, décidément,
sous le soleil!
Irrités, les martyrs de la Comédie-
Française formèrent alors, en manière de
protestation, cette Société des Auteurs dra-
matiques qui fait beaucoup parler d'elle
depuis un certain temps. M. Jean Bayet,
qui étudie son organisation, est d'accord
avec Comœdia pour lui .prodiguer de sa-'
ges conseils sur les fuites des droits d'au-
teur, sur l'abus des billets d'auteur, sur lei
domaine public payant. et autres ques-
tions à l'ordre du jour, dont nous avons en-
tretenu nos lecteurs.
L
a réconciliation.
Décidément, la fièvre belliqueuse du
duel court tous les théâtres de Paris.
Le théâtre Réjane lui-même, si pacifique
d'ordinairç, a failli être le lieu d'une pro-
vocation.
On sait que Qui perd gagne obtient en
ce moment un si grand succès qu'il est ab-
solument impossible de disposer d'aucune
entrée de faveur.
L'autre jour, le chroniqueur théâtral de
l'un de nos plus importants quotidiens du
matin, voulut à toute force obtenir deux
places.
— Non, je ne peux réellement pas vous
les donner, dit M. Dario Niccodémi. et
croyez bien que je n'y mets pas de mau-
vaise volonté.
- Il me faut deux places!
- Il n'y en a pas.
- Il me les faut quand même!
- Vous m'em. bêtez!.
- Hein! Vous dites? reprit lé journa-
liste menaçant. Vous aurez de mes nou-
velles! Je vous enverrai ce soir deux de
mes amis!
— Inutile, ie ne pourrai pas les placer!
réplioua M. Niccodémi.
Cette boutade sauva la situation. M.
Serge Basset — car c'était lui — ne put
s'empêcher de sourire et renonça à se bat-
tre avec un si spirituel adversaire.
M
i-Carême ! jour de gaieté où chacun
enjolive, sa Fantaisie! Et quelle
précieuse collaboration que celle de m. Lé-
vêque, 12, boulevard de..Strasbourg, dont ',"
les têtes et modes pour cavalcades sont
d'une drôlerie et d'une inspiration si rares4
C
adeaux de Pâques. 1
Leroy, le plus artiste des crfèvi
nous informe qu'il met à la disposition de
son élégante clientèle ces délicieux bibe-
lots d'un goût exquis et varié qu'on ne
trouve que dans ses magasins, rue Réau-
mur, 22.
A
u dîner des Théâtres, chez Cham-
peaux, le Tout-Paris artistique et lit-
téraire se donne, chaque soir, rendez-vous
pour déguster les vins fameux, la cuisine
exquisè du célèbre restaurant de la place
de la Bourse.
p
ublicité, obsédante publicité, où t'ar-
rêteras-tu?
L autre soir, Mme de G., très entourée
pendant un entr'acte de l'Opéra, affirmait
qu'elle devait son excellent état de santé
au verre de Dubonnet qu'elle, prend cha-
que jour.
Le Masque de Verre.
Un coup de théâtre
M. Claretie conspire.
L'Administrateur et le Préfet.
L'entente de deux fonctionnaires.,
(Henri Manuel, phot.)
M. DE SELVES, préfet de la Seine.
On sait que l'affaire du Foyer doit être
appelée demain mercredi à la première
Chambre du Tribunal civil. Mais, dans
l'opinion générale, et même dans l'opinion
des parties les plus intéressées et de leurs
conseils, cet appel devait être de pure for-
me et l'affaire ne devait sortir du rôle que
pour être aussitôt renvoyée à une date
ultérieure.
En réalité, un grave incident se prépare.
Peut-être cet article même, en divulguant
la manœuvre que nous allons signaler, en
rendra-t-elle l'exécution impossible, mais
nous pouvons affirmer qu'à l'heure où nous
l'écrivons, notre information est scrupuleu-
sement exacte.
Voici :
Demain, à l'ouverture de l'audience, le
préfet de la Seine, M. de Selves, dont M.
Jules Claretie s'est assuré l'appui, soumet-
tra au Tribunal de la Seine un déclinatoire
d'incompétence, c'est-à-dire qu'il sommera
le Tribunal de se déclarer incompétent
dans l'action intentée à la Comédie-Fran-
çaise par MM. Octave Mirbeau et Thadée
Natanson. Si, comme tout le fait prévoir,
le Tribunal écarte les prétentions de M. de
Selves, le préfet de la Seine élèvera le con-
flit, c'est-à-dire que, par le moyen d'un ar-
rêté de conflit, il dessaisira provisoirement
le Tribunal.
En agissant ainsi, le préfet de la Seine,
chargé d'assurer dans l'étendue du dépar-
tement qu'il administre l'application de la
séparation des pouvoirs, ne fait qu'user
d'une prérogative parfaitement légale, mais
l'usage qu'il en fait n'en est pas moins
surprenant.
Il n'y a pas, en effet, le moindre doute
que le Tribunal de la Seine soit compétent.
Et cela pour la raison que M. Claretie est
pris à partie non comme fonctionnaire, mais
comme gérant responsable d'une Société
commerciale. On sait que, malgré ses ef-
forts désespérés, M. Claretie n'a jamais pu
obtenir - même de son ami M. Doumer-
gue un acte qui substituât la responsa-
bilité du gouvernement à la sienne.
Il est donc parfaitement certain qu'après
un petit tour devant le Tribunal des Con-
flits - qui statuerait souverainement sur
la question de compétence — l'affaire re-
paraîtrait infailliblement devant le Tribunal
de la Seine.
Quel est donc l'intérêt de M. Jules Cla-
retie et pourquoi fait il agir M. de Selves?
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