Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-03-21
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 mars 1908 21 mars 1908
Description : 1908/03/21 (A2,N173). 1908/03/21 (A2,N173).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646557b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2* Année.-NJ173 (Quotidien) L* Numéro •"§ centimes ,
Samedi 21 Mars l$0è.
COMŒDIA
Rédacteur en Chef G. de PAWLOWSKI
i
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE 288*07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA.PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
- -
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 m
f
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
-27, Boulevard Poissonnière, PARIS
1 TÉLÉPHONE: 288-07
* Adresse Télégraphique : C0MŒDIA-PAR1Î
ABONNEMENTS
UN AN 6 MOIS
- -
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
Au pays.
de Basile.
On a vu, l'autre jour, dans les colon-
nes de Comœdia, sous le titre plaisant :
Expressions de haine, violences et re-
vendications, s'ouvrir une rubrique nou-
velle qui ne manquera pas d'être abon-
damment alimentée.
On a tant parlé — et avec raison -
de la solidarité des gens de théâtre, que
ce n'est point leur faire injure que de
noter l'excessive incompatibilité qui les
divise.
Ils se soutiennent, c'est entendu! Ils
sont les premiers à se dévouer pour un
camarade malheureux, à le secourir de
leur personne, et même de leur argent;
ils ont élevé la charité et le dévouement
à la hauteur d'une institution. Et ils sont
nombreux, ceux de nos comédiens qui
furent plus souvent glorifiés pour leur
vertu que pour leur talent.
Mais cette bonté, qu'il serait injuste de
nier, s'adresse surtout aux malheureux,
aux vieillards, à ceux qui ont fait leur
terps, qui ne peuvent plus les gêner,
leur faire concurrence, à ceux avec les-
quels ils n'ont plus rien à risquer.
Admirables amis durant les mauvais
jours, les artistes et tous ceux qui appro-
chent des tréteaux sont les impitoyables
ennemis de ceux qui triomphent.
Vous n y pouvez rien. C est dans leur
nature, dans leur caractère. Le théâtre,
a-t-on coutume de dire, est une grande
famille, et il n'est pas de famille que
l'envie et la zizanie ne déchirent. Alors,
résignons-nous! La gent artiste, comme
dit M. Emile Faguet, est d'humeur na-
turellement jalouse, et aucun enseigne-
ment, aucune morale ne peuvent aller
contre la nature. Qu'ils se détestent,
qu'ils s'entre-déchirent, c'est leur affaire.
N'entreprenons point de les séparer, de
nous interposer, nous risquerions seule-
ment de recevoir les coups qu'ils se des-
tinent.
Soyons les spectateurs de ces combats,
et formons la galerie de ces tournois spé-
ciaux.
Mais, depuis quelque temps, l'injure
est moins directe, le combat n'est plus
aussi franc, on ne lutte plus à armes
égales, ou, du moins, les armes dont on
se sert sont vraiment de celles que l'hon-
nête homme .devrait rougir d'employer.
A l'attaque brutale mais courageuse,
en a substitué la basse calomnie, l'insi-
nuation louche et perfide; on ne frappe
Plus son adversaire, on le salit; on n'ose
Plus se mesurer avec lui, on le désho-
nore. *
un exemple: Deux revuistes, dans un
couplet facile, reprenant une mauvaise
Plaisanterie sur laquelle il y aurait beau-
coup à dire, injurient vilainement un ar-
tiste connu. Celui-ci se fâche: il a rai-
son. Il envoie ses témoins. Qu'il le mé-
rite ou non, il n'accepte pas qu'on l'in-
sulte. Les deux revuistes se défilent pru-
demment, et, pour avoir un bon prétexte
a ne pas se battre, disqualifient eux-mê-
mes — et de .quel droit? — l'homme
Qu'ils ont offensé.
C'est là une subtilité un peu mépri-
sable. « Tout homme que j'insulte est
Pour moi gentilhomme », pourrait dire
le poète. Si vous n'êtes pas d'humeur à
leur accorder la réparation qu'ils sont
• droit de vous demander, pourquoi
auriez-vous des gens qui ne s'occupent
Pas de vous?
C'est un moyen trop commode que ce-
lUI qui consiste à affirmer délibérément
qu'il est des individus « avec lesquels on
se bat pas». Quand on ne veut pas
e battre, on n'insulte pas, et quand on
Insulte ceux qui ne peuvent pas vous ré-
Pondre ou desquels on est bien décidé à
ne pas accepter de réponse, on est un
lâche
n'y a pas d'autre mot.
n exemple : Un ami qui m'est parti-
culièrenent cher revenait, l'autre jour,
du Bois. Le cocher qui le conduisait
était un cocher désagréable et har-
en HX: il prenait les mauvais chemins,
allait , au Pas, et donnait ostensiblement
tous les signes d'une âme atrabilaire et
d'un caractère acariâtre. Mon ami, fu-
rieux lui adressa quelques mots gros-
siers et malsonnants; le cocher les re-
leva et demanda à son voyageur « s'il
oserait les répéter dans la rue». Mon ami
accepta le défi : ils descendirent, échan-
gèrent quelques solides coups de poing
ety tous les deux, bientôt, roulèrent sur
e bitume. On les sépara, et, calmés, ils
sa lui sur son siège, lui sur
banquette, et reprirent leur chemin.
ArrIve à destination, mon ami descen-
dit et Paya son adversaire en iui don-
nant un pourboire fort honnête. L'inci-
dent était clos. Pourtant l'un est un
homme célèbre, un écrivain réputé ; l'au-
tre, un cocher anonyme qui a peut-être
offensé tous les crimes. Mais il l'avait
offensé et il aurait cru manquer de di-
gnité en lui refusant réparation,..
J'en sais beaucoup qui pourraient utl-
lement méditer cette histoire.
Mais il est moins dangereux de calom-
nier ; c'est une manière de satisfaire un
plaisir facile, de remporter un petit suc-
cès auprs il Y en a
toujours ! — et de servir en même temps
ses propres intérêts.
Je connais un Parisien si médisant que
nul n'échappe - sauf lui! — à ses ca-
lomnies. Voit-il un homme seul? Il dit
que l'état débile de sa santé l'empêche
d'avoir des bonnes fortunes!. Le ren-
contre-t-il accompagné d'une femme? Il
a tôt fait de prétendre qu'il est entretenu
par elle!. S'il sort avec un ami, il af-
firmera qu'il a pris à Sodome — ou à
Berlin les habitudes les plus î-âcheuses.
Et on l'écoute, et on le croit, parce
que l'on croit toujours le mal.
C'est le malheur de notre temps! Re-
gardez les journaux, ils consacrent trois
colonnes à un crime et deux lignes à un
acte d'héroïsme. Il en a toujours été ain-
si. De tous ceux qui ont lu Y Enfer du
Dante, combien ont lu son Paradis?
Le vice triomphe, c'est la faillite de la
vertu. N'attendons pas des autres la jus-
tice ou la récompense d'une belle action.
Ce sont là des satisfactions que nous ne
pouvons trouver qu'en nous-mêmes.
Pierre MORTIER.
Nous publierons demain un article de
PAUL DOLLFUS
Utiles légendes -
Au suiet de l'un de mes derniers articles
intitulé: L'Ecole sale, un philosophe m'écrit
pour me démontrer toute l'utilité morale
qu'il y a à laisser le Conservatoire dans un
état de repoussante saleté!
Combien de jeunes seront ainsi écartés
de cette carrière qui se présente à eux
d'une façon trop brillante et qui ne leur ré-
serve, dans l'avenir, que tristesse, laideur
et pauvreté!
Cette façon d'envisager les choses est
évidemment amusante et je l'avais moi-
même indiquée en quelques mots. Il im-
porte, en effet, dans un journal, de plaire
également aux publics les plus divers, et
l'ai toujours pensé que quelques considéra-
tions sévères sur la carrière de comédien
seraient bien accueillies par certaines dames
de province et par quelques maîtres d'école
professant encore dans certaines localités
dépourvues de toute ligne de chemin de ter.
Ceci dit, on me permettra tout au moins
de sourire de certaines phrases toutes fai-
tes que l'on applique volontiers chaque jour
aux comédiens et aux comédiennes. C'est
ainsi, tout le monde le sait en province, que
cette vie flétrit le corps en quelques années
et l'esprit en quelques heures, qu' « une
vieillesse précoce vient venger la morale
outragée et que c'est alors, mais trop tard !
que les Infortunés tournent leurs regards-
chargés de regrets vers le village paternel
où de robustes paysans infiniment jeunes et
vigoureux poussent la charrue dans le soleil
couchant, comme ils le feraient dans un di-
plôme d'exposition universelle ».
Quand on examine les choses d'un peu
plus près, quand on constate que la culture
des pommes de terre et la rentrée des foins
flétrissent la paysanne la plus jolie vers
l'âge de vingt-cinq ou trente ans et en fait
une vieille femme; quand on constate, au
contraire que l'abominable maquillage qui
ronge la figure n'empêche point des actrices
de soixante-dix ans de jouer des rôles d'en-
fant, on peut émettre quelques doutes sur
la clairvoyance de Dame Morale. Mais, évi-
demment, ce sont là de ces choses qu'il vaut
mieux ne pas dire, car il est de toute né-
cessité, pour la bonne marche d'un pays,
qu'il y ait infiniment plus de gens occupés
à la culture de la pomme de terre qu'à ré-
citer, sur un plateau, le Songe d'Athalie.
Honneur donc aux almanachs régionaux
qui flétrissent les comédiens et glorifient les
travailleurs de la terre! Ce n'est point nous
qui nous aviserons de les contredire.
G. DE PAWLOWSKI.
Echos
Cet après-midi, à une heure trois quarts,
au Palais-Royal, répétition générale de : La
Poudre aux Moineaux, vaudeville en trois
actes, de MM. Maurice Desvallières et Lu-
cien Gleize.
Ce soir, à huit heures et demie, au Tria-
non-Lyrique, première représentation (re-
prise) de Lucie de Lammermoor, opéra en
quatre actes, d'Alphonse Royer et Gustave
Vaez, musique de Donizetti.
MM. les critiques musicaux, soiristes,
courriéristes et les personnes inscrites aux
divers services de ce théâtre, ne seront re-
çus, sur présentation de leur carte, que
lundi prochain 23 mars.
1
1 faudrait un navigateur.
On sera peut-être étonné d'apprendre
que l'un des plus chauds défenseurs ue
M Claretie auprès de M. Clemenceau est
M. Thomson, ministre de la marine.
Le monde dramatique ne tient, en effet,
que par des liens assez lâches au monde
de la marine.
Mais M. Thomson n'est pas seulement
ministre, .c'est un Parisien, et un Parisien
très répandu.
On le rencontre à toutes les premières,
à toutes les grandes solennités.
A la répétition générale de Geneviève
de Brabant, il se trouvait dans une avant-
scène avec Mme et Mlle Thomson, et il
applaudissait avec d'autant plus d enthou-
siasme que c'était presque une pièce de
famille.
Mme Thomson est, en effet, la fille
d'Hector Crémieux.
On voit que le ministre de la marine
n'est nullement un profane en choses théâ-
trales. Il faut avouer, d'ailleurs, qu'en ce
moment le théâtre présente un peu l'aspect
d'une mer agitée. -
D
rame et comédie.
Un détail inédit sur ce malheureux
confrère, Massillon Coicou, qui, au lieu
de devenir le ministre haïtien de ses rê-
Ives, vient d'être fusillé, ainsi que ses frè-
res, par ordre du sanguinaire président-
général Nord-Alexis.
Il y a quatre ans, Coicou, mulâtre mi-
nuscule, faisait représenter, à ses frais,
à un jeudi de Cluny, un drame patriotique,
Liberté (cinq actes, en vers), dont l'actior
se cassait en Haïti. Le décor représentait..
une étiauette du rhum de la Jamaïque
avec, à droite, une estrade où des réve
lutionnaires, guidés par Henry Perrin e:
Mme Coicou, partaient ardemment à h
conquête de la liberté. La pièce, est-il be
soin de le dire? était surtout jouée par
des mulâtres. Les vers n'avaient pas le
souffle héroïque, mais la bonne volonté
ne manquait pas. Les spectateurs, peu nom
breux, des immigrés pour la plupart, pa-
rents et amis des acteurs, applaudissaient
à tout rompre. On dut traîner Coicou sur
la scène, devant la petite estrade de droite.
Il se laissa faire en souriant, et Pierre
Elzéar, à côté de qui je me trouvais, "me
fit remarquer la force prodigieuse de ce
petit bout de mulâtre, qui, tout seul, pous-
sait Henry Perrin et vingt autres gaillards
devant lui.
Pauvre Coicou! Ses vers n'étaient pas
fameux, mais sa conviction restait grande.
Elle lui a coûté la vie.
Honneur à ce vaillant confrère!
L
'homme qui ne comprend pas.
L'un de nos vaudevillistes les Plus
connus conduisait dernièrement à l Udeon
une dame.
Arrivé au contrôle, il décline son nom
et déclare avoir ses entrées. On consulte
sans résultat le registre; bref, pour tran-
cher la difficulté, il paye ses places et
passe.
Désirant cependant éclaircir le point en
litige, après avoir installé sa compagne,
notre auteur retourne au contrôle et ré-
clame la vérification de ses droits.
— Oh! monsieur, s'écrie alors le con-
trôleur, tenez, voilà le rideau qui se lève;
croyez-moi, remettez cet examen à un
autre jour. Si vous manquez la première
scène, vous ne comprendrez rien à la pièce.
On représentait Tartufe.
NOS ARTISTES A L'ETRANGER
DUFRANNE EN AMÉRIQUE
Les six semaines que Dufranne vient de pas-
ser à New-York compteront dans son exis-
tence.
Au départ de Paris, l'émotion de « cinq mi-
nutes pour prendre le train ». — A bord, trois
jours de mal de mer. — L'arrivée à New-
DUFRANNE
dessiné par Caruso
York par un temps de loup, avec de la neige à
mi-jambes dans les rues.
une semaine plus tard: Pelléas et Mélisande-
Succès, plus que succès. la presse américaine
entonne des louanges.
Le Métropolitain Opéra veut « souffler »
l'excellent baryton au Manhattan Opéra. Vite.
le directeur de ce dernier théâtre s'assure le
concours de. son pensionnaire pour les années
suivantes, à des conditions de ténor.
Dufranne « potasse » l'anglais quotidienne-
ment.. Entre-temps, il visite New-York. Il va
jusqu'à s'égarer, un soir — c'était la semaine
dernière — dans un théâtre dont directeur,
chanteurs, danseurs, sont tous des nègres. Mary
Garden est avec lui, ainsi Que son directeur
Hammerstein et le maestro Campanini. La vue
de ces nègres les met tous quatre en joie; ils
en rient encore.
..:Mardi prochain, au matin, Dufranne s'em-
barquera à bord du Kronprinz Wilhelm, et le 30
mars, il débarquera à Cherbourg.
Parmi lès souvenirs qu'il conservera précieu-
sement,, il en est un qui aura certainement gran-
de valeur à ses yeux: c'est sa caricature, par
Caruso.
Edouard BEAUDU.
L
a Commission des auteurs s'est réunie
hier après-midi sous la présidence de
IVl. Altrea trapus.
Nous sommes en mesure d'affirmer
qu'elle a pris de très énergiques résolu-
tions en ce qui concerne 'les abus provo-
qués par le billet de faveur.
Elle a décidé de convoquer à bref délai
les directeurs de théâtres et de s'entendre
avec eux pour établir sur les entrées de fa-
veur un droit proportionnel qui serait payé,
nous a-t-on dit, au moyen de timbres mo-
biles apposés sur le billet.
C'est mardi prochain que la question
sera définitivement résolue, d'accord entre
la Commission et le Syndicat des direc-
teurs.
La Commission ne s'est pas occupée de
l'affaire du Foyer.
F
amille.
Il faut des mères, mais pas trop n'en
faut. M. Gabion (Marius), de l'Opéra de
Marseille, n'est pas comme son homonyme
et compatriote, l'autre Marius, celui de la
sardine légendaire. Il n'aime pas l'exagéra-
tion. Il admet parfaitement que ces dames
du corps de ballet: danseuses, rats ou sim-
ples marcheuses, se fassent accompagner
au foyer par une maman, deux à la rigueur,
trois, passe encore, mais quatre jamais. Ah !
non. Ce serait abusif !
Or, récemment, la toute mignonne Z.,
du premier quadrille, avait reçu la visite
de trois dames déjà mûres, toutes trois ses
'lus proches parentes, disaient-elles. Une
uatrième survint. Et M. Gabion -de de-
mander :
- Vous désirez, madame?
- Mlle Z., ma fille! Elle m'attend au
oyer !
Comment! sursauta-t-il, vous aussi !.
1} ous seriez sa quatrième maman? Ah:
ion! Dites-moi que vous êtes sa tante. ou
sa belle-mère, mais sa mère, non, non, ça
1e prend plus!. -
D
uel ou accident?
M. Serge Dubois, jeune premier
¡ut frais émoulu du Conservatoire, et
appartenant à la troupe du Vaudeville, a
!û s'aliter, blessé d'un coup de pistolet
ians le côté gauche.
M. Porel, qui est allé visiter le malade,
a trouvé très amaigri, très changé.
On attribue à cette grave blessure les
motifs les plus divers.
L
a mère et les enfants se portent bien.
Rosette, la chatte de Ramuntcho,
icnt, en effet, de mettre au monde de
mignons petits chats tous plus jolis les
uns que les autres. La courageuse ac-
couchée a, néanmoins, joué le soir même
dans l'œuvre de Loti, sans faire demander
l' « indulgence du public », dont elle a
su prouver qu'elle pouvait se passer.
C'est le bon dessinateur Ibels, une des
colonnes du temple odéonien, qui nous a
appris la nouvelle de l'heureux événement
st de ses heureuses suites. Impossible de
souhaiter une meilleure garantie d'authen-
ticité.
Ibels nous a même affirmé que le père
des petits chats était connu.
— Il est du quartier, nous a-t-il dit.
Rosette est une chatte vertueuse.
r
nconnu à l'Opéra.
Un de nos collaborateurs — ce n'est
i* i r m • • >
pas m. V umemm — avait écrit recemment
à un artiste de l'Opéra — ce n'était pas
M. Nuibo.
Mais, un peu pressé par l'excès de sa
correspondance, il avait inscrit sur l'enve-
loppe, au lieu de l'adresse véritable:
Monsieur GLUCK
Au Théâtre national de l'Opéra
6, rue Gluck.
Trois jours après, la lettre lui revint,
avec cette mention de la poste: « Inconnu
à l'Opéra ».
Gluck inconnu à l'Opéra! Oh! MM. Mes-
sager, Broussan et Lagarde, voilez-vous là
face!
L
î plus éclectique de tous les maîtres
coiffeurs est bien certainement La-
lanne, 100, faubourg Saint-Honoré, qui a
su former de toutes pièces une véritable
maison modèle. On trouve, en effet, dans
ses salons tout ce qui peut intéresser l'art
capillaire, et c'est ce qui lui vaut, parmi les
spécialistes du cheveu, une notoriété toute
particulière et justement méritée. Se faire
coiffer chez Lalanne est un indiscutable bre-
vet d'élégance.
L
i question des chapeaux au théâtre a
déjà fait couler bien de l'encre, et,
certes, il n'y a pas une question où l'avis
de nos belles élégantes soit plus partagé!
Pour la Pâte Dentifrice Glycérine Gellé
Frères, l'opinion est unanime: s'en servir
une fois, c'est l'adopter!
L
es cuisinières, les domestiques, l'o-
dieuse engeance! Les gens très mo-
aernes n ont presque plus de maison, ils
vont beaucoup dans le monde et, le reste du
temps, prennent leurs repas, reposants, ré-
confortants, exquis, chez Lapré, le célèbre
Restaurateur de la rue Drouot.
v
oyez cette Parisienne si fine, si cam-
brée, qui « trotte menu » faisant cla-
quer sur le bitume ses hauts talons. Elle se
rend à quelque rendez-vous, sans doute, car
elle file. file sans même prêter l'oreille
aux réflexions admiratives. Tout à coup,
son petit sac lui échappe des mains et
tombe à terre. Soupe, elle se baisse et le
ramasse prestement sans déhanchements ri-
dicules. Il est vrai'qu'elle est corsetée par
Cadolle, 24, chaussée d'Antin.
L
a haute banque, les agents de change
et la coulisse, monde plein d'esprit et
de goût, sachant meier le plaisir aux affai-
res, lit Comœdia et, à onze heures, avant
la Bourse, déjeune chez Champeaux, milieu
select, service parfait, mets délicieux.
NOUVELLE A LA MAIN
O
ù ils devraient habiter.
La Société des auteurs et des com-
positeurs, rue Donizetti; Rostand, avenue
du Coq; Mirbeau et Natanson, rue Mo-
lière' ou rue Claude-Chahu; Claretie, rue
du Départ; Coquelin, rue Cyrano-de-Ber-
gerac; Carré, rue de l'Arrivée, et Colonne,
place Vendôme.
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ger J -
Le Billet de faveur
Lettre o alerte à un inconnu 1
Monsieur,
Vous avez, l'autre soir, assisté au Gymnase,
en compagnie de votre femme — ou de votre
bonne amie — à la représentation du Bonheur
de Jacqueline. Je souhaite vivement aue ma pièce
vous ait plu et que vous ayez partagé, à son
égard, l'o'mion si flatteuse de Jean Richepin,
l'éminent critique de Comoedia.
Vous vous êtes présenté au contrôle muni
Paul Boyer et Bort, phot.
M. Paul GAVAULT
d'une carte signée de moi et vous donnant droit,
de par la libéralité du directeur, à deux places.
Or, vous ne me connaissez pas, puisque je
vous ignore, et ce billet de faveur, vous l'avez
acheté, èette invitation, vous l'avez payée.
Eh 1 bien, Monsieur, il est impossible que vous
ayez la conscience tout à fait tranmiille. Vous
aimez le théâtre, puisque vous le fréquentez, vous
ne pouvez pas ignorer que je vis du produit de
mes œuvres. Vous savez également -ue sur les
recettes qu'elles réalisent, une part s'en va sou-
lager la misère des pauvres. Vous m'ayez. donc
fait tort, et vous avez fait tort aux pauvres. Mon-
sieur, ce n'est pas très joli de votre part.
Quelle haine invincible avez-vous donc
pour le guichet de location des théâtres, et quel
démon vous pousse à vous procurer, par tous les
moyens, des billets avec lesquels vous ne savez
pas si vous serez bien placé, ni même si vous
serez reçu ?
Supposons que je me sois trouvé là lorsque
vous êtes arrivé au contrôlé que je vous aie
demandé, ne vous connaissant point, comment
vous vous étiez procuré ma carte?
Vous auriez été obligé de mentir, d'inventer
je ne sais puelle histoire, et vous n'auriez jamais
avoué que vous aviez acheté la gracieuseté que
j'avais faite à un autre que vous.
Tout cela n'aurait été, pour vous, ni agréable,
ni reluisant..
Partir avec sa femme — ou sa bonne amie —
pour aller se récréer au théâtre et risquer une
avanie (pour le moins) en arrivant au contrôle,
est-ce prudent, monsieur, je vous le demanda
Il me semble aue la pet7te inquiétude que com-
porte toujours, même chez les moins scrupuleux,
une aventure douteuse, a suffi à vous gâter vô-
tre soirée. Comme l'a .dit spirituellement M.
Porel, je crois, vous étiez, en abordant le. périt-
tyle du théâtre de Madame, dans la situation du
fraudeur aui passe à l'octroi. On a le petit fris-
son. et j'imagine qu'au moment ou le labelou va
demander si vous n'avez rien à déclarer, on don-
nerait le centuple de ce qu'on a voulu écono*
miser pour être sûr de ne pas être pris.
Je ne vous connais pas, monsieur, encore une
fois, mais je suis certain que vous auriez, sar;s
hésiter, en cas d'incident fâcheux, payé tout de
suite cent francs, ou plus, pour ne pas être M*
quiété.'
De sorte que, pour avoir voulu m'applaudir
ou me siffler — au rabais, vous vous êtes exposé
à dépenser mentalement la forte somme et vous
vous êtes procuré les émotions fortes, à coup
sûr, mais à coup sûr désagréables d'un' simple
cambrioleur.
Quelle drôle d'idée!
Je sais bien ce que vous allez me répondre: C'est
la faute du tarif des théâtres où l'on vous joue;
je ne suis à mon aise qu'à l'orchestre ou au bal-
con, et je n'ai pas les moyens de dépenser pou,
ma femme — ou ma bonne amie — et moi, léts.
vingt-quatre francs qu'on exige de nous au gui..
chet.
Eh! bien, monsieur, puisque nous voilà - bien
malgré moi — en relations, je vais vous soumet
tre deux répliques, la .première d'ordre gênerai
la seconde d'ordre particulier.
Première réplique.. — Oué penseriez-voas,
cher monsieur, d'un individu qui vous dirait:
« Ma femme — ou ma bonne amie — adore les
bijoux. Mais comme je n'ai lias les moyens di
lui en offrir au prix courant, j'ai fait connaissance
d'un charmant garçon nui me les cède pour pres-
que rien. D'où les tient-il ? Je l'ignore et 7UtI
m'en préoccupe pas. Le tout est au'il me donna,
pour cent francs ce qui en vaut dix mille. »
Allons, voyons, que pensez-vous de cet indi-À
vidu ? ,
Voici pour ce qui regarde l'ordre général.
Deuxième réplique. — Vous aimez les spec*
tacles du Gymnase; eh bien! monsieur, il existe
un moven honnête d'y assister à des tarifs très
inférieurs au tarit fort. Il vous suffira de ne pa>
exiger d'assister aux premières représentations,
d'attendre lue le succès se soit Quelque-eu rtb.
lenti, et alors vous figurerez narmi les abonnis
de ce théâtre, oui s'engagent à voir chaaue suez-
tacle et, contre cet engagement, sont inscrite
sur les livres de la direction et bénéficient des
conditions faites aux abonnés *
Je parie que Vous le saviez et Q!le. vous êtes,
mieux encore que moi, au courant de 'cette insti.
tanon, assez semblable' à celle qui fonctionne èa
Vaudeville.
Elle est fort ingénieuse, elle est loyale; je
vous conseille vivement d'v recourir et d'aban-
donner vos pratiques actuelles, oui ne sont pcat<
être pas condamnables iudiciairement. mais qid
le sont moralement à n'en pas douter
Vous y résoudrez-vous ? Je voudrais. l'espérer,
mais je n'en ai point la certitude. C'est trow
simple, c'est trop banal. Vous êtes peut-être do
ceux qui évrouvent une joie immense à passer
pour des « malins » qui savent s'arranger et qut
possèdent la maladie stupide du billet de faveur
Ne pas payer au théâtre, c'est le comble' de U
gloire et, dût votre billet vous coûter en définitif
plus cher qu'au bureau, pourvu que vous ayet
Pair de ne pas l'avoir payé, vous voilà bien cota-
tent.
Tenez, monsieur, j'y réfléchis. vous êtes nu
imbécile !
PAUL GAVAULT.
Ce qu'en pense
M. Victorien Sardou.
UNE JOURNÉE PARLEMENTAIRE
1
Tant de journaux ont publié des versions
si contradictoires sur ce qui s'est passé
avant-hier matin, au Conseil des ministres,
à-propos du Foyer, que nous avons tenu à
donner le compte rendu exact de cette im-
portante séance, compte rendu qui corro-
M. Victorien SARDOU dans sa bibliothèque
bore d'ailleurs absolument nos informations
d'hier.
M. Clemenceau, qui n'oublie pas, dans
la gloire politique, qu'il fut un homme de
lettres et, à l'occasion, un auteur dramati-
que, prenant nettement et résolument parti
pour MM. Octave Mirbeau et Thadée Na-
tanson, pria M. Doumergue de demander
- et d'obtenir, la démission de M. Cla-
retie.
Son intention bien arrêtée était, si M.
Jules Claretie persistait à vouloir rester,
de le menacer de révocation et de le con-
traindre à démissionner.
Et il attendait le Conseil des ministres
pour faire part de cette énergique décision
à ses collègues.
M. Júle'" Claretie, qui est toujours bien
informé, eut vent — par qui? il ne serait
pas très difficile de le deviner! — de ces
projets. Il se mit aussitôt en campagne,
multiplia les démarches, fit agir tant et si
bien ses innombrables influences que, le
lendemain, aji. Conseil, il se trouva, en sa
faveur, un défenseur éloquent et qui avait
été préalablement circonvenu.
Le défenseur imprévu
Lorsque M. Georges Clemenceau eut
parlé le langage que l'on sait, aux applau-
dissements de tous les ministres, même ue
M. Doumergue, M. Tho n jon se leva pour
répondre.
Dans toutes les questions théâtrales, le
ministre de la marine jouit d'une grande in-
fluence auprès de ses collègues. li défendit
chaleureusement, ardemment M. Jules Cla-
retie, allant jusqu'à faire de cette question
une question personnelle.
U fit valoir d'abord que M. Jules C»i
pouvait très bien gagner son procès T* J il'
n'avait pas le droit de préiuser le tes ;;¡j
** «
Samedi 21 Mars l$0è.
COMŒDIA
Rédacteur en Chef G. de PAWLOWSKI
i
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE 288*07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA.PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
- -
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 m
f
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
-27, Boulevard Poissonnière, PARIS
1 TÉLÉPHONE: 288-07
* Adresse Télégraphique : C0MŒDIA-PAR1Î
ABONNEMENTS
UN AN 6 MOIS
- -
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
Au pays.
de Basile.
On a vu, l'autre jour, dans les colon-
nes de Comœdia, sous le titre plaisant :
Expressions de haine, violences et re-
vendications, s'ouvrir une rubrique nou-
velle qui ne manquera pas d'être abon-
damment alimentée.
On a tant parlé — et avec raison -
de la solidarité des gens de théâtre, que
ce n'est point leur faire injure que de
noter l'excessive incompatibilité qui les
divise.
Ils se soutiennent, c'est entendu! Ils
sont les premiers à se dévouer pour un
camarade malheureux, à le secourir de
leur personne, et même de leur argent;
ils ont élevé la charité et le dévouement
à la hauteur d'une institution. Et ils sont
nombreux, ceux de nos comédiens qui
furent plus souvent glorifiés pour leur
vertu que pour leur talent.
Mais cette bonté, qu'il serait injuste de
nier, s'adresse surtout aux malheureux,
aux vieillards, à ceux qui ont fait leur
terps, qui ne peuvent plus les gêner,
leur faire concurrence, à ceux avec les-
quels ils n'ont plus rien à risquer.
Admirables amis durant les mauvais
jours, les artistes et tous ceux qui appro-
chent des tréteaux sont les impitoyables
ennemis de ceux qui triomphent.
Vous n y pouvez rien. C est dans leur
nature, dans leur caractère. Le théâtre,
a-t-on coutume de dire, est une grande
famille, et il n'est pas de famille que
l'envie et la zizanie ne déchirent. Alors,
résignons-nous! La gent artiste, comme
dit M. Emile Faguet, est d'humeur na-
turellement jalouse, et aucun enseigne-
ment, aucune morale ne peuvent aller
contre la nature. Qu'ils se détestent,
qu'ils s'entre-déchirent, c'est leur affaire.
N'entreprenons point de les séparer, de
nous interposer, nous risquerions seule-
ment de recevoir les coups qu'ils se des-
tinent.
Soyons les spectateurs de ces combats,
et formons la galerie de ces tournois spé-
ciaux.
Mais, depuis quelque temps, l'injure
est moins directe, le combat n'est plus
aussi franc, on ne lutte plus à armes
égales, ou, du moins, les armes dont on
se sert sont vraiment de celles que l'hon-
nête homme .devrait rougir d'employer.
A l'attaque brutale mais courageuse,
en a substitué la basse calomnie, l'insi-
nuation louche et perfide; on ne frappe
Plus son adversaire, on le salit; on n'ose
Plus se mesurer avec lui, on le désho-
nore. *
un exemple: Deux revuistes, dans un
couplet facile, reprenant une mauvaise
Plaisanterie sur laquelle il y aurait beau-
coup à dire, injurient vilainement un ar-
tiste connu. Celui-ci se fâche: il a rai-
son. Il envoie ses témoins. Qu'il le mé-
rite ou non, il n'accepte pas qu'on l'in-
sulte. Les deux revuistes se défilent pru-
demment, et, pour avoir un bon prétexte
a ne pas se battre, disqualifient eux-mê-
mes — et de .quel droit? — l'homme
Qu'ils ont offensé.
C'est là une subtilité un peu mépri-
sable. « Tout homme que j'insulte est
Pour moi gentilhomme », pourrait dire
le poète. Si vous n'êtes pas d'humeur à
leur accorder la réparation qu'ils sont
• droit de vous demander, pourquoi
auriez-vous des gens qui ne s'occupent
Pas de vous?
C'est un moyen trop commode que ce-
lUI qui consiste à affirmer délibérément
qu'il est des individus « avec lesquels on
se bat pas». Quand on ne veut pas
e battre, on n'insulte pas, et quand on
Insulte ceux qui ne peuvent pas vous ré-
Pondre ou desquels on est bien décidé à
ne pas accepter de réponse, on est un
lâche
n'y a pas d'autre mot.
n exemple : Un ami qui m'est parti-
culièrenent cher revenait, l'autre jour,
du Bois. Le cocher qui le conduisait
était un cocher désagréable et har-
en HX: il prenait les mauvais chemins,
allait , au Pas, et donnait ostensiblement
tous les signes d'une âme atrabilaire et
d'un caractère acariâtre. Mon ami, fu-
rieux lui adressa quelques mots gros-
siers et malsonnants; le cocher les re-
leva et demanda à son voyageur « s'il
oserait les répéter dans la rue». Mon ami
accepta le défi : ils descendirent, échan-
gèrent quelques solides coups de poing
ety tous les deux, bientôt, roulèrent sur
e bitume. On les sépara, et, calmés, ils
sa lui sur son siège, lui sur
banquette, et reprirent leur chemin.
ArrIve à destination, mon ami descen-
dit et Paya son adversaire en iui don-
nant un pourboire fort honnête. L'inci-
dent était clos. Pourtant l'un est un
homme célèbre, un écrivain réputé ; l'au-
tre, un cocher anonyme qui a peut-être
offensé tous les crimes. Mais il l'avait
offensé et il aurait cru manquer de di-
gnité en lui refusant réparation,..
J'en sais beaucoup qui pourraient utl-
lement méditer cette histoire.
Mais il est moins dangereux de calom-
nier ; c'est une manière de satisfaire un
plaisir facile, de remporter un petit suc-
cès auprs il Y en a
toujours ! — et de servir en même temps
ses propres intérêts.
Je connais un Parisien si médisant que
nul n'échappe - sauf lui! — à ses ca-
lomnies. Voit-il un homme seul? Il dit
que l'état débile de sa santé l'empêche
d'avoir des bonnes fortunes!. Le ren-
contre-t-il accompagné d'une femme? Il
a tôt fait de prétendre qu'il est entretenu
par elle!. S'il sort avec un ami, il af-
firmera qu'il a pris à Sodome — ou à
Berlin les habitudes les plus î-âcheuses.
Et on l'écoute, et on le croit, parce
que l'on croit toujours le mal.
C'est le malheur de notre temps! Re-
gardez les journaux, ils consacrent trois
colonnes à un crime et deux lignes à un
acte d'héroïsme. Il en a toujours été ain-
si. De tous ceux qui ont lu Y Enfer du
Dante, combien ont lu son Paradis?
Le vice triomphe, c'est la faillite de la
vertu. N'attendons pas des autres la jus-
tice ou la récompense d'une belle action.
Ce sont là des satisfactions que nous ne
pouvons trouver qu'en nous-mêmes.
Pierre MORTIER.
Nous publierons demain un article de
PAUL DOLLFUS
Utiles légendes -
Au suiet de l'un de mes derniers articles
intitulé: L'Ecole sale, un philosophe m'écrit
pour me démontrer toute l'utilité morale
qu'il y a à laisser le Conservatoire dans un
état de repoussante saleté!
Combien de jeunes seront ainsi écartés
de cette carrière qui se présente à eux
d'une façon trop brillante et qui ne leur ré-
serve, dans l'avenir, que tristesse, laideur
et pauvreté!
Cette façon d'envisager les choses est
évidemment amusante et je l'avais moi-
même indiquée en quelques mots. Il im-
porte, en effet, dans un journal, de plaire
également aux publics les plus divers, et
l'ai toujours pensé que quelques considéra-
tions sévères sur la carrière de comédien
seraient bien accueillies par certaines dames
de province et par quelques maîtres d'école
professant encore dans certaines localités
dépourvues de toute ligne de chemin de ter.
Ceci dit, on me permettra tout au moins
de sourire de certaines phrases toutes fai-
tes que l'on applique volontiers chaque jour
aux comédiens et aux comédiennes. C'est
ainsi, tout le monde le sait en province, que
cette vie flétrit le corps en quelques années
et l'esprit en quelques heures, qu' « une
vieillesse précoce vient venger la morale
outragée et que c'est alors, mais trop tard !
que les Infortunés tournent leurs regards-
chargés de regrets vers le village paternel
où de robustes paysans infiniment jeunes et
vigoureux poussent la charrue dans le soleil
couchant, comme ils le feraient dans un di-
plôme d'exposition universelle ».
Quand on examine les choses d'un peu
plus près, quand on constate que la culture
des pommes de terre et la rentrée des foins
flétrissent la paysanne la plus jolie vers
l'âge de vingt-cinq ou trente ans et en fait
une vieille femme; quand on constate, au
contraire que l'abominable maquillage qui
ronge la figure n'empêche point des actrices
de soixante-dix ans de jouer des rôles d'en-
fant, on peut émettre quelques doutes sur
la clairvoyance de Dame Morale. Mais, évi-
demment, ce sont là de ces choses qu'il vaut
mieux ne pas dire, car il est de toute né-
cessité, pour la bonne marche d'un pays,
qu'il y ait infiniment plus de gens occupés
à la culture de la pomme de terre qu'à ré-
citer, sur un plateau, le Songe d'Athalie.
Honneur donc aux almanachs régionaux
qui flétrissent les comédiens et glorifient les
travailleurs de la terre! Ce n'est point nous
qui nous aviserons de les contredire.
G. DE PAWLOWSKI.
Echos
Cet après-midi, à une heure trois quarts,
au Palais-Royal, répétition générale de : La
Poudre aux Moineaux, vaudeville en trois
actes, de MM. Maurice Desvallières et Lu-
cien Gleize.
Ce soir, à huit heures et demie, au Tria-
non-Lyrique, première représentation (re-
prise) de Lucie de Lammermoor, opéra en
quatre actes, d'Alphonse Royer et Gustave
Vaez, musique de Donizetti.
MM. les critiques musicaux, soiristes,
courriéristes et les personnes inscrites aux
divers services de ce théâtre, ne seront re-
çus, sur présentation de leur carte, que
lundi prochain 23 mars.
1
1 faudrait un navigateur.
On sera peut-être étonné d'apprendre
que l'un des plus chauds défenseurs ue
M Claretie auprès de M. Clemenceau est
M. Thomson, ministre de la marine.
Le monde dramatique ne tient, en effet,
que par des liens assez lâches au monde
de la marine.
Mais M. Thomson n'est pas seulement
ministre, .c'est un Parisien, et un Parisien
très répandu.
On le rencontre à toutes les premières,
à toutes les grandes solennités.
A la répétition générale de Geneviève
de Brabant, il se trouvait dans une avant-
scène avec Mme et Mlle Thomson, et il
applaudissait avec d'autant plus d enthou-
siasme que c'était presque une pièce de
famille.
Mme Thomson est, en effet, la fille
d'Hector Crémieux.
On voit que le ministre de la marine
n'est nullement un profane en choses théâ-
trales. Il faut avouer, d'ailleurs, qu'en ce
moment le théâtre présente un peu l'aspect
d'une mer agitée. -
D
rame et comédie.
Un détail inédit sur ce malheureux
confrère, Massillon Coicou, qui, au lieu
de devenir le ministre haïtien de ses rê-
Ives, vient d'être fusillé, ainsi que ses frè-
res, par ordre du sanguinaire président-
général Nord-Alexis.
Il y a quatre ans, Coicou, mulâtre mi-
nuscule, faisait représenter, à ses frais,
à un jeudi de Cluny, un drame patriotique,
Liberté (cinq actes, en vers), dont l'actior
se cassait en Haïti. Le décor représentait..
une étiauette du rhum de la Jamaïque
avec, à droite, une estrade où des réve
lutionnaires, guidés par Henry Perrin e:
Mme Coicou, partaient ardemment à h
conquête de la liberté. La pièce, est-il be
soin de le dire? était surtout jouée par
des mulâtres. Les vers n'avaient pas le
souffle héroïque, mais la bonne volonté
ne manquait pas. Les spectateurs, peu nom
breux, des immigrés pour la plupart, pa-
rents et amis des acteurs, applaudissaient
à tout rompre. On dut traîner Coicou sur
la scène, devant la petite estrade de droite.
Il se laissa faire en souriant, et Pierre
Elzéar, à côté de qui je me trouvais, "me
fit remarquer la force prodigieuse de ce
petit bout de mulâtre, qui, tout seul, pous-
sait Henry Perrin et vingt autres gaillards
devant lui.
Pauvre Coicou! Ses vers n'étaient pas
fameux, mais sa conviction restait grande.
Elle lui a coûté la vie.
Honneur à ce vaillant confrère!
L
'homme qui ne comprend pas.
L'un de nos vaudevillistes les Plus
connus conduisait dernièrement à l Udeon
une dame.
Arrivé au contrôle, il décline son nom
et déclare avoir ses entrées. On consulte
sans résultat le registre; bref, pour tran-
cher la difficulté, il paye ses places et
passe.
Désirant cependant éclaircir le point en
litige, après avoir installé sa compagne,
notre auteur retourne au contrôle et ré-
clame la vérification de ses droits.
— Oh! monsieur, s'écrie alors le con-
trôleur, tenez, voilà le rideau qui se lève;
croyez-moi, remettez cet examen à un
autre jour. Si vous manquez la première
scène, vous ne comprendrez rien à la pièce.
On représentait Tartufe.
NOS ARTISTES A L'ETRANGER
DUFRANNE EN AMÉRIQUE
Les six semaines que Dufranne vient de pas-
ser à New-York compteront dans son exis-
tence.
Au départ de Paris, l'émotion de « cinq mi-
nutes pour prendre le train ». — A bord, trois
jours de mal de mer. — L'arrivée à New-
DUFRANNE
dessiné par Caruso
York par un temps de loup, avec de la neige à
mi-jambes dans les rues.
une semaine plus tard: Pelléas et Mélisande-
Succès, plus que succès. la presse américaine
entonne des louanges.
Le Métropolitain Opéra veut « souffler »
l'excellent baryton au Manhattan Opéra. Vite.
le directeur de ce dernier théâtre s'assure le
concours de. son pensionnaire pour les années
suivantes, à des conditions de ténor.
Dufranne « potasse » l'anglais quotidienne-
ment.. Entre-temps, il visite New-York. Il va
jusqu'à s'égarer, un soir — c'était la semaine
dernière — dans un théâtre dont directeur,
chanteurs, danseurs, sont tous des nègres. Mary
Garden est avec lui, ainsi Que son directeur
Hammerstein et le maestro Campanini. La vue
de ces nègres les met tous quatre en joie; ils
en rient encore.
..:Mardi prochain, au matin, Dufranne s'em-
barquera à bord du Kronprinz Wilhelm, et le 30
mars, il débarquera à Cherbourg.
Parmi lès souvenirs qu'il conservera précieu-
sement,, il en est un qui aura certainement gran-
de valeur à ses yeux: c'est sa caricature, par
Caruso.
Edouard BEAUDU.
L
a Commission des auteurs s'est réunie
hier après-midi sous la présidence de
IVl. Altrea trapus.
Nous sommes en mesure d'affirmer
qu'elle a pris de très énergiques résolu-
tions en ce qui concerne 'les abus provo-
qués par le billet de faveur.
Elle a décidé de convoquer à bref délai
les directeurs de théâtres et de s'entendre
avec eux pour établir sur les entrées de fa-
veur un droit proportionnel qui serait payé,
nous a-t-on dit, au moyen de timbres mo-
biles apposés sur le billet.
C'est mardi prochain que la question
sera définitivement résolue, d'accord entre
la Commission et le Syndicat des direc-
teurs.
La Commission ne s'est pas occupée de
l'affaire du Foyer.
F
amille.
Il faut des mères, mais pas trop n'en
faut. M. Gabion (Marius), de l'Opéra de
Marseille, n'est pas comme son homonyme
et compatriote, l'autre Marius, celui de la
sardine légendaire. Il n'aime pas l'exagéra-
tion. Il admet parfaitement que ces dames
du corps de ballet: danseuses, rats ou sim-
ples marcheuses, se fassent accompagner
au foyer par une maman, deux à la rigueur,
trois, passe encore, mais quatre jamais. Ah !
non. Ce serait abusif !
Or, récemment, la toute mignonne Z.,
du premier quadrille, avait reçu la visite
de trois dames déjà mûres, toutes trois ses
'lus proches parentes, disaient-elles. Une
uatrième survint. Et M. Gabion -de de-
mander :
- Vous désirez, madame?
- Mlle Z., ma fille! Elle m'attend au
oyer !
Comment! sursauta-t-il, vous aussi !.
1} ous seriez sa quatrième maman? Ah:
ion! Dites-moi que vous êtes sa tante. ou
sa belle-mère, mais sa mère, non, non, ça
1e prend plus!. -
D
uel ou accident?
M. Serge Dubois, jeune premier
¡ut frais émoulu du Conservatoire, et
appartenant à la troupe du Vaudeville, a
!û s'aliter, blessé d'un coup de pistolet
ians le côté gauche.
M. Porel, qui est allé visiter le malade,
a trouvé très amaigri, très changé.
On attribue à cette grave blessure les
motifs les plus divers.
L
a mère et les enfants se portent bien.
Rosette, la chatte de Ramuntcho,
icnt, en effet, de mettre au monde de
mignons petits chats tous plus jolis les
uns que les autres. La courageuse ac-
couchée a, néanmoins, joué le soir même
dans l'œuvre de Loti, sans faire demander
l' « indulgence du public », dont elle a
su prouver qu'elle pouvait se passer.
C'est le bon dessinateur Ibels, une des
colonnes du temple odéonien, qui nous a
appris la nouvelle de l'heureux événement
st de ses heureuses suites. Impossible de
souhaiter une meilleure garantie d'authen-
ticité.
Ibels nous a même affirmé que le père
des petits chats était connu.
— Il est du quartier, nous a-t-il dit.
Rosette est une chatte vertueuse.
r
nconnu à l'Opéra.
Un de nos collaborateurs — ce n'est
i* i r m • • >
pas m. V umemm — avait écrit recemment
à un artiste de l'Opéra — ce n'était pas
M. Nuibo.
Mais, un peu pressé par l'excès de sa
correspondance, il avait inscrit sur l'enve-
loppe, au lieu de l'adresse véritable:
Monsieur GLUCK
Au Théâtre national de l'Opéra
6, rue Gluck.
Trois jours après, la lettre lui revint,
avec cette mention de la poste: « Inconnu
à l'Opéra ».
Gluck inconnu à l'Opéra! Oh! MM. Mes-
sager, Broussan et Lagarde, voilez-vous là
face!
L
î plus éclectique de tous les maîtres
coiffeurs est bien certainement La-
lanne, 100, faubourg Saint-Honoré, qui a
su former de toutes pièces une véritable
maison modèle. On trouve, en effet, dans
ses salons tout ce qui peut intéresser l'art
capillaire, et c'est ce qui lui vaut, parmi les
spécialistes du cheveu, une notoriété toute
particulière et justement méritée. Se faire
coiffer chez Lalanne est un indiscutable bre-
vet d'élégance.
L
i question des chapeaux au théâtre a
déjà fait couler bien de l'encre, et,
certes, il n'y a pas une question où l'avis
de nos belles élégantes soit plus partagé!
Pour la Pâte Dentifrice Glycérine Gellé
Frères, l'opinion est unanime: s'en servir
une fois, c'est l'adopter!
L
es cuisinières, les domestiques, l'o-
dieuse engeance! Les gens très mo-
aernes n ont presque plus de maison, ils
vont beaucoup dans le monde et, le reste du
temps, prennent leurs repas, reposants, ré-
confortants, exquis, chez Lapré, le célèbre
Restaurateur de la rue Drouot.
v
oyez cette Parisienne si fine, si cam-
brée, qui « trotte menu » faisant cla-
quer sur le bitume ses hauts talons. Elle se
rend à quelque rendez-vous, sans doute, car
elle file. file sans même prêter l'oreille
aux réflexions admiratives. Tout à coup,
son petit sac lui échappe des mains et
tombe à terre. Soupe, elle se baisse et le
ramasse prestement sans déhanchements ri-
dicules. Il est vrai'qu'elle est corsetée par
Cadolle, 24, chaussée d'Antin.
L
a haute banque, les agents de change
et la coulisse, monde plein d'esprit et
de goût, sachant meier le plaisir aux affai-
res, lit Comœdia et, à onze heures, avant
la Bourse, déjeune chez Champeaux, milieu
select, service parfait, mets délicieux.
NOUVELLE A LA MAIN
O
ù ils devraient habiter.
La Société des auteurs et des com-
positeurs, rue Donizetti; Rostand, avenue
du Coq; Mirbeau et Natanson, rue Mo-
lière' ou rue Claude-Chahu; Claretie, rue
du Départ; Coquelin, rue Cyrano-de-Ber-
gerac; Carré, rue de l'Arrivée, et Colonne,
place Vendôme.
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ger J -
Le Billet de faveur
Lettre o alerte à un inconnu 1
Monsieur,
Vous avez, l'autre soir, assisté au Gymnase,
en compagnie de votre femme — ou de votre
bonne amie — à la représentation du Bonheur
de Jacqueline. Je souhaite vivement aue ma pièce
vous ait plu et que vous ayez partagé, à son
égard, l'o'mion si flatteuse de Jean Richepin,
l'éminent critique de Comoedia.
Vous vous êtes présenté au contrôle muni
Paul Boyer et Bort, phot.
M. Paul GAVAULT
d'une carte signée de moi et vous donnant droit,
de par la libéralité du directeur, à deux places.
Or, vous ne me connaissez pas, puisque je
vous ignore, et ce billet de faveur, vous l'avez
acheté, èette invitation, vous l'avez payée.
Eh 1 bien, Monsieur, il est impossible que vous
ayez la conscience tout à fait tranmiille. Vous
aimez le théâtre, puisque vous le fréquentez, vous
ne pouvez pas ignorer que je vis du produit de
mes œuvres. Vous savez également -ue sur les
recettes qu'elles réalisent, une part s'en va sou-
lager la misère des pauvres. Vous m'ayez. donc
fait tort, et vous avez fait tort aux pauvres. Mon-
sieur, ce n'est pas très joli de votre part.
Quelle haine invincible avez-vous donc
pour le guichet de location des théâtres, et quel
démon vous pousse à vous procurer, par tous les
moyens, des billets avec lesquels vous ne savez
pas si vous serez bien placé, ni même si vous
serez reçu ?
Supposons que je me sois trouvé là lorsque
vous êtes arrivé au contrôlé que je vous aie
demandé, ne vous connaissant point, comment
vous vous étiez procuré ma carte?
Vous auriez été obligé de mentir, d'inventer
je ne sais puelle histoire, et vous n'auriez jamais
avoué que vous aviez acheté la gracieuseté que
j'avais faite à un autre que vous.
Tout cela n'aurait été, pour vous, ni agréable,
ni reluisant..
Partir avec sa femme — ou sa bonne amie —
pour aller se récréer au théâtre et risquer une
avanie (pour le moins) en arrivant au contrôle,
est-ce prudent, monsieur, je vous le demanda
Il me semble aue la pet7te inquiétude que com-
porte toujours, même chez les moins scrupuleux,
une aventure douteuse, a suffi à vous gâter vô-
tre soirée. Comme l'a .dit spirituellement M.
Porel, je crois, vous étiez, en abordant le. périt-
tyle du théâtre de Madame, dans la situation du
fraudeur aui passe à l'octroi. On a le petit fris-
son. et j'imagine qu'au moment ou le labelou va
demander si vous n'avez rien à déclarer, on don-
nerait le centuple de ce qu'on a voulu écono*
miser pour être sûr de ne pas être pris.
Je ne vous connais pas, monsieur, encore une
fois, mais je suis certain que vous auriez, sar;s
hésiter, en cas d'incident fâcheux, payé tout de
suite cent francs, ou plus, pour ne pas être M*
quiété.'
De sorte que, pour avoir voulu m'applaudir
ou me siffler — au rabais, vous vous êtes exposé
à dépenser mentalement la forte somme et vous
vous êtes procuré les émotions fortes, à coup
sûr, mais à coup sûr désagréables d'un' simple
cambrioleur.
Quelle drôle d'idée!
Je sais bien ce que vous allez me répondre: C'est
la faute du tarif des théâtres où l'on vous joue;
je ne suis à mon aise qu'à l'orchestre ou au bal-
con, et je n'ai pas les moyens de dépenser pou,
ma femme — ou ma bonne amie — et moi, léts.
vingt-quatre francs qu'on exige de nous au gui..
chet.
Eh! bien, monsieur, puisque nous voilà - bien
malgré moi — en relations, je vais vous soumet
tre deux répliques, la .première d'ordre gênerai
la seconde d'ordre particulier.
Première réplique.. — Oué penseriez-voas,
cher monsieur, d'un individu qui vous dirait:
« Ma femme — ou ma bonne amie — adore les
bijoux. Mais comme je n'ai lias les moyens di
lui en offrir au prix courant, j'ai fait connaissance
d'un charmant garçon nui me les cède pour pres-
que rien. D'où les tient-il ? Je l'ignore et 7UtI
m'en préoccupe pas. Le tout est au'il me donna,
pour cent francs ce qui en vaut dix mille. »
Allons, voyons, que pensez-vous de cet indi-À
vidu ? ,
Voici pour ce qui regarde l'ordre général.
Deuxième réplique. — Vous aimez les spec*
tacles du Gymnase; eh bien! monsieur, il existe
un moven honnête d'y assister à des tarifs très
inférieurs au tarit fort. Il vous suffira de ne pa>
exiger d'assister aux premières représentations,
d'attendre lue le succès se soit Quelque-eu rtb.
lenti, et alors vous figurerez narmi les abonnis
de ce théâtre, oui s'engagent à voir chaaue suez-
tacle et, contre cet engagement, sont inscrite
sur les livres de la direction et bénéficient des
conditions faites aux abonnés *
Je parie que Vous le saviez et Q!le. vous êtes,
mieux encore que moi, au courant de 'cette insti.
tanon, assez semblable' à celle qui fonctionne èa
Vaudeville.
Elle est fort ingénieuse, elle est loyale; je
vous conseille vivement d'v recourir et d'aban-
donner vos pratiques actuelles, oui ne sont pcat<
être pas condamnables iudiciairement. mais qid
le sont moralement à n'en pas douter
Vous y résoudrez-vous ? Je voudrais. l'espérer,
mais je n'en ai point la certitude. C'est trow
simple, c'est trop banal. Vous êtes peut-être do
ceux qui évrouvent une joie immense à passer
pour des « malins » qui savent s'arranger et qut
possèdent la maladie stupide du billet de faveur
Ne pas payer au théâtre, c'est le comble' de U
gloire et, dût votre billet vous coûter en définitif
plus cher qu'au bureau, pourvu que vous ayet
Pair de ne pas l'avoir payé, vous voilà bien cota-
tent.
Tenez, monsieur, j'y réfléchis. vous êtes nu
imbécile !
PAUL GAVAULT.
Ce qu'en pense
M. Victorien Sardou.
UNE JOURNÉE PARLEMENTAIRE
1
Tant de journaux ont publié des versions
si contradictoires sur ce qui s'est passé
avant-hier matin, au Conseil des ministres,
à-propos du Foyer, que nous avons tenu à
donner le compte rendu exact de cette im-
portante séance, compte rendu qui corro-
M. Victorien SARDOU dans sa bibliothèque
bore d'ailleurs absolument nos informations
d'hier.
M. Clemenceau, qui n'oublie pas, dans
la gloire politique, qu'il fut un homme de
lettres et, à l'occasion, un auteur dramati-
que, prenant nettement et résolument parti
pour MM. Octave Mirbeau et Thadée Na-
tanson, pria M. Doumergue de demander
- et d'obtenir, la démission de M. Cla-
retie.
Son intention bien arrêtée était, si M.
Jules Claretie persistait à vouloir rester,
de le menacer de révocation et de le con-
traindre à démissionner.
Et il attendait le Conseil des ministres
pour faire part de cette énergique décision
à ses collègues.
M. Júle'" Claretie, qui est toujours bien
informé, eut vent — par qui? il ne serait
pas très difficile de le deviner! — de ces
projets. Il se mit aussitôt en campagne,
multiplia les démarches, fit agir tant et si
bien ses innombrables influences que, le
lendemain, aji. Conseil, il se trouva, en sa
faveur, un défenseur éloquent et qui avait
été préalablement circonvenu.
Le défenseur imprévu
Lorsque M. Georges Clemenceau eut
parlé le langage que l'on sait, aux applau-
dissements de tous les ministres, même ue
M. Doumergue, M. Tho n jon se leva pour
répondre.
Dans toutes les questions théâtrales, le
ministre de la marine jouit d'une grande in-
fluence auprès de ses collègues. li défendit
chaleureusement, ardemment M. Jules Cla-
retie, allant jusqu'à faire de cette question
une question personnelle.
U fit valoir d'abord que M. Jules C»i
pouvait très bien gagner son procès T* J il'
n'avait pas le droit de préiuser le tes ;;¡j
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