Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-03-18
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 mars 1908 18 mars 1908
Description : 1908/03/18 (A2,N170). 1908/03/18 (A2,N170).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76465543
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2* Année. TSÎ6 t10 (QuôtictiéfO
A# ftumêro • 8 centimes
Mercredi 18 Mars 19^8«
I
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKÊ
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA.PÁRIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Pans et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 M
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Paissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique :. COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 Wc iS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 a 20 »
Les préparations
involontaires
Le premier acte de la comédie de mon
ami Gédéon, joué dans un mouvement
eXcellent par une troupe remarquable,
Menait de se termner, et le rideau, en
rabaissant, avait déchaîné un ouragan
d'enthousiasme. Quatre foi&, la toile
Peinte était remontée et redescendue, et,
dans la salle, ils n'en avaient pas encore
assez. Ils criaient comme des fous, Trois
Ou quatre auteurs dramatiques, impuis-
Sants à calmer la tempête, avaient pris
le parti d'acclamer comme tout le
blonde. On se précipita dans les cou-
lisses. C'était une bousculade pour arri-
ver à l'auteur, que l'on attrapait par les
bras, et que l'on se repassait de mains
en mains, comme un seau d'incendie. Le
directeur souriait avec bonté. Il avait
répété pendant quinze jours que le pre-
mier acte ne valait rien. Maintenant, il
aVait noblement oublié ce mauvais juge-
ment. Il avait pris conscience de ses hau-
tes fonctions; il savait qu'en cas de suc-
ees, le directeur doit être le seul respon-
sable.
L'encombrement des couloirs, quel-
ques visites à faire dans les loges, un
bock à prendre hâtivement, les mille (et
Une) obligations de l'entr'acte m'avaient
contraint à remettre à plus tard ma visite
* l'auteur. Quand je parvins sur le pla-
teau, la foule, autour de lui, était moins
ense. J'avais rencontré des gens émus,
ereintés d'admiration. — Croyez-vous
que c'est bien? — Il n'a jamais rien fait
ee mieux !
1 Des gens mal embouchés prononçaient
e gros mot de « chef-d'œuvre ».
Chacun adoptait l'auteur, l'accapa-
rp it * Il appartenait aux jeunes par ht
ardiesse de son dialogue, et aux vieux
par son âge avancé. J'arrivai enfin jus-
qu'à lui, au moment où il gagnait la por-
e de fer qui mène au couloir des loges.
- Viens avec moi, me dit-il. Il fait
doux dehors. Tu n'as pas besoin de par-
dessus.
\7 7~ Mais. c'est que. je voudrais biçn
voir ton deuxième acte.
- Ne te dérange pas, dit-il. Mainte-
nant, c'est fini. Ça n'a plus aucun in-
térêt. La pièce ést cûitê.
Je pensais d'abord qu'il voulait rire.
ais je vis dans ses yeux une sincérité
rayante.
1 .- Prenons un taxi-auto et allons très
j 'n d'ici, dans un petit café que je con-
ls* Nous ferons une partie d'échecs, et
e orcerai de ne plus songer, du
1 ms pour le moment, à cette aventure.
ù.)) Je n'aime pas penser aux choses
j,sagréables. à l'instant où elles me se-
raient trop désagréables. J'attendrai,
OUr y réfléchir et pour en tirer une le-
"5n, les jours où je serai plus calme,
le OInS énervé par l'événement récent et
le travail forcené de la dernière se-
rine. „
Le taxi-auto s'était mis en marche.
— Quand j'ai vu que le public s'amu-
sait tant au « un », continua Gédéon,
quand j'ai vu qu'ils saluaient avec tant
de jOie cet acte que je jugeais indigent et
mauvais, je me suis dit: « Ton affaire
est claire. Tu marches tout droit vers la
gueule sinistre d'un four! »
Il sourit un peu consolé déjà par le
sentiment de sa clairvoyance.
— J'ai vu, continua-t-il, bien des piè-
ces obtenir, au premier acte, un succès
retentissant. Ce n'est pas difficile de sa-
tisfaire public avec un premier acte.
C'est l'acte d'espoir, alors que les actes
suivants sont les actes de réalisation.
Tant que l'on promet, on a toujours les
aen aVec soi. Mais quand il s'agit de
<(ten,c >est un autre tabac. L'accueil
à nthousiaste que les spectateurs ont fait
à
à mon premier acte m'a prouvé tout de
suite que nous n'étions pas d'accord.
Je .pellsais que cet acte obtiendrait avec
Pein e un succès moyen. Du moment
qu'il a tant plu c'est qu'ils y ont vu
autre chose que ce que j'y avais mis,
c'est qu'ils ont entendu des promesses,
que i' ai faites sans m'en douter. Et c'est
très ?« ra e us l'esP°ir a été grand,
plus la déception sera rude. Et, natu-
rellement, c'est moi qui trinquerai. Et je
serai puni par où je n'ai peut-être pas
péché. Car, même si j'avais regardé de
plus près ma Pièce, je n'aurais pas dis-
cerné ce que je promettais au public sans
m'en apercevoir.
» On parle souvent des préparations
nécessaires. La question des cc prépara-
ti ans involontaires » est plus importante
encore. déposant, au premier acte,
acus les, petards qui doivent faire, aux
actes suivants, éclater le rire, l'auteur ne
se Oute pas qu'il laisse tomber de sa
poche un certain nombre d'autres mè-
ches à explosion que le public ne quitte
pas des yeux
» C'est pour cette raison que bien des
fantaisistes sont de mauvais auteurs co-
miques. Les ornements dont leur esprit
capricieux orne leur dialogue prennent
quelquefois une importance, une signifi-
co On dont l'auteur ne s'est pas rendu
tnpte.
» Les pièces comiques bien faites,
comme ono en produit des quantités au
dix-neuvième siècle, sont, bien souvent,
d'une pauvreté, d'une puérilité, d'un
manque de fantaisie désespérants. Mais,
au moins, elles ne se risquent pas de dé-
passer leurs promesses, le modeste en-
gagement que leur auteur est capable de
tenir.
» Ils sont rares les auteurs, à la fois
fantaisistes et comiques, que leur fan-
taisie accompagne sans cesse sans les
faire dévier de leur chemin. »
Cependant, nous étions arrivés devant
le petit café lointain. Pourtant, Gédéon
ne descendit pas du taxi. Le moteur s'ar-
rêta au bout d'un instant. Mon ami con-
tinua son discours.
— Ils seront d'autant plus mauvais
au deuxième .acte, qu'ils se sont embal-
lés davantage au premier. Je tomberai
de plus haut, voilà tout.
— Est-ce que nous allons au café?
dis-je timidement.
Mais il me répondit, un peu gêné:
— J'aimerais mieux retourner au théâ-
tre, sur le lieu - de mon crime et de ma
honte!
.L'auto reprit donc le chemin du
théâtre. Mais, cette fois, mon. ami ne di-
sait plus rien. Nous arrivâmes devant
le monument magnifiquement éclairé.
— Trop de lumières! me dit l'auteur,
trop de lumières!.
» .Après tout, dit-il encore, en mon-
tant l'escalier des artistes. Le Hasard
a quelquefois des raisons que la raison
ne connaît pas. »
On commençait le troisième acte. Le
directeur, debout derrière un portant,
nous vit venir et adressa à l'auteur un
bon petit sourire hostile.
Et Gédéon comprit que, cette fois, hé-
las! les raisons de la raison avaient eu
raison.
Tristan BERNARD.
.-------------- - - - - - -
Nous publierons demain un article de
HENRY KISTEMAECKERS
I
Les Primitifs
L'essai de restitution du Théâtre antique
si heureusement réalisé par Tristan Bcr
nard, en dehors de toute contingence, nou.
permet, pour la première fois, de compara
très nettement la comédie antique et la co
médie moderne, et cette comparaison pose
une fois de plus, un problème dont il n est
point sans intérêt de rappeler les termes
sans avoir pour cela la prétention de le ré
soudre. •
Il s'agit, on le devine, ici comme en pein
ture, de savoir qui des primitifs ou des mo
dernes ont raison en matière d'art. Il est
bien évident, en effet, qu il y a identité en
tre le problème tel qu'il se pose en art
dramatique et en peinture ou en sculpture.
Depuis les origines du monde, ce qui dis
tingue l'homme des animaux, c'est la fa
culté qu'il a de généraliser ses connaissan
ces, d'avoir sur elles des idées d'ensemble
et d'embrasser ainsi d'un seul coup d'œi
d'innombrables détails dans lesquels se non
le pur instinct animal.
La Science est chargée de généraliseï
nos connaissances concrètes.
L'Art a pour mission de généraliser no
tendances abstraites.
En vertu d'un mystérieux instinct, d'un
divination surhumaine, l'artiste doit doni
autant que possible, dégager dans une oel-
vre d'art les lignes générales qui provoqu,
ront chez le spectateur d'utiles généralis.
tions artistiques.
L'œuvre d'art n'a donc rien à voir ave
la réalité, et il est tout naturel que, dan
un tableau, les principaux personnage
soient de dimensions plus considérables qUI
(pc: 111 nno les vavsa&es intéressant
que l'on veut évoquer soient scrupuleuse-
ment décrits sans tenir compte des condi-
ÍLUILo) ilucui tues tie la vie.
C'est ce qu'ont fait les primitifs dan
leurs tableaux, c'est ce qu'ont fait les ai
teurs dramatiques de l'antiquité, en s'adret
sant directement au public, par une suit
d'exposés, en s'occupant moins de reprr
duire la réalité que de dégager les ligne
générales indispensables à la conceptio
d'une œuvre d'art.
Aujourd'hui, en peinture comzze en ar
dramatique, cette idée directrice sembl
s'effacer chaque jour davantage. On admirt
une peinture, comme on admirerait un pa
norama, lorsqu'elle reproduit la réalité tell
qu'elle est, lorsqu'elle donne l'impression
d'une bonne vue stéréoscopique en cou-
leurs. 6
En art dramatique, le même sonci de re
constitution de la réalité exacte se retrouve
partout, dans le dialogue, dans le costume
et dans le décor.
La formule ancienne peut être critiqua
ble; elle avait certains côtés qui choquer
aujourd'hui la vraisemblance pour des sper
tateurs moins imprégnés de mysticisme qu
ceux d'autrefois, elle n'en était pas moin
à coup sûr une forme rigoureusement a
tistique.
La tendance actuelle, ati contraire, nov
paraît s'écarter chaque jour davantage d
caractère essentiel à une œuvre d'art. De
l'instant que l'on cherche, avant toute cho
se, à reproduire la réalité, on peut se de
mander pourquoi on ne s'adresse point di
rectement à cette réalité même par de cour
tes étapes photographiques ou cinématc
graphiques et, en peinture comme en ar
dramatique, on peut craindre que cette ter
dance n'aboutisse promptement à la simpl
destruction de tout idéal artistique.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
s
on défenseur.
A qui M. Claretie cpnfiera-t-il sa dit
ficile défense?
MM. Mirbeau et Natanson ont chois
Me Henri Robert. M. Claretie est hésitant..
Que ne s'adresse-t-il à M" Barboux:
Me Barboux plaida jadis pour Mme Sara h
Bernhardt contre té Théâtre-Français, mais
aujourd'hui qu'il est devenu immortel,
n'est-ce pas le défenseur désigné du défen-
seur des académiciens?
F
ll
raux départ.
L'excellent Léon Ricquier, au béné-
fice de qui fut donnée l'autre jour la belle
matinée du Vaudeville, ne fut pas seule-
ment le camarade et l'ami de presque tous
les grands artistes de ce temps: il fut jadis,
il y a longtemps, très longtemps, leur direc-
teur.
C'est lui qui fit ainsi débuter Coquelin
aîné dans un vieux petit théâtre aujour-
d'hui démoli, appelé le Théâtre Bricourt.
Il y joua, pour la première fois de sa vie,
'e rôle d'Oronte dans Le Misanthrope, et,
paraît-il, y fut « emboîté » !
Il a pris depuis sa revanche.
LE QUATRAIN DU JOUR
RENAISSANCE? ODÉON? GYMNASE?
Il a passé par ici
Il repassera par là !
(Air connu).
Il court, il court, sans s'arrêter ni s'effrayer,
Plus mobile à Paris qu'au Maroc n'est d'Amade.
Ce Foyer n'est plus un foyer:
C'est une tente de nomade!
c
ritiques, attention!
Nous contions récemment l'aven-
ture du critique et du ténor lyonnais. Voici
le pendant.
Avant-hier, à Madrid, le critique drama-
tique de YAvantguardia, qui se montrait
plutôt sévère à l'égard du grand premier
rôle d'un théâtre de quartier, fut invité par
ce dernier à venir dans sa loge entendre
ses courtoises explications.
Sans méfiance, notre confrère pénétra
dans la loge — la caverne de brigands, de-
vrions-nous dire. Car l'acteur verrouilla
aussitôt sa porte et, à coups de gourdin,
nit en compote l'imprudent aristarque.
A ses cris, les employés et les pompiers
accoururent, défoncèrent la porte et le re-
'evèrent mourant.
Il fut transporté à l'hôpital, et le comé-
dien conduit en prison. Attendons la suite
't félicitons-nous de ce que les artistes pa-
risiens mécontents — à tort ou à raison —
le la critique, veuillent bien s'en tenir à
ent mille francs de dommages-intérêts.
Ça vaut toujours mieux que de nous oc-
nre à coups de matraque.
T
'outes les Parisiennes élégantes se don-
nent maintenant rendez-vous dans les
Ixueux salons de Georges, le coiffeur ré-
"juté. du 15 de la rue Royale.
Si cette habitude leur fut facile à pren-
dre, c'est qu'elles ont trouvé chez Georges
tout ce qu'elles désiraient.
Celui-ci, en effet, a su s'entourer de vé
ritables artistes, de spécialistes en l'art ca
pillaire, qui ont nom Jacques et Torrent
les incomparables monteurs de coiffures el
de postiches; Marcel, le maître de l'ondu
lation, et Henri, le posticheur fameux. Li
présence de ces collaborateurs di prim(
cartello n'est-elle pas, du reste, un gag-
certain de succès?
N
ombreux sont les touristes qui, a cett
- époque de l'année, songent à cqn
mander leur automobile.
Toutes les marques ont leurs partisans
mais nous devons à la vérité de reconnai
tre que les Bayard-Clément sont bien de
mandées, aussi bien pour leurs multiples
qualités que pour leur élégance et leur
prix à la portée de tous.
A1
'occasion des fêtes de Pâques, Leroy
le maître orfèvre, met en vente, à def
,. -,- 1_ i .-.-.Lf:. 1
prix exceptionnels ae oon niai une, cc* ucn
cieux bibelots empreints du goût le plus
délicat et le plus parisien qu'on ne trouve
que dans ses magasins, 22, rue. Réaumur.
.-
• NOUVELLE A LA MAIN
E
r xagération de Marius, le mari de la
t première chanteuse. ,.,'.
« Oui ! mon bon, ma temme a ete inouïe
étourdissante, invraisemblable ; toute la sal-
le était debout. et jusqu'au souffleur qui
pleurait dans son trou ! !
Textuel. -
Le Masque de Verre.
Prenez vos Billets !
C'est à partir de .demain jeudi, et jusqu'au
mercredi 25 inclusivement, due nous avons dé-
cidé de retenir, chaque jour, VINGT fauteuils d'or-
chestre au Lyrique-Populaire.
En conséquence, ces fauteuils seront à la dis-
position de toute personne qui viendra nous les
demander elle-même aux bureaux du journal,
moyennant 4 fr. 50, prix de location du Théâtre
Lyrique, de neuf heures du matin à six heures
du soir.
Pour éviter que les marchands de billets ne
viennent prendre ces places, idée qui se présente
naturellement à l'esprit, nous ne délivrerons les
billets que contre la présentation d'une pièce
d'identité quelconque: patente, feuille d'imposi-
tion, bail, quittance de loyer, etc.
Nous ne reviendrons nas sur les motifs qui
nous firent prendre cette décision; ils sont connus
de tous. Qu'il nous suffise de dire que c'est à
titre purement d'essai que nous faisons, ççtf& ten-
tative. Mous espérons, néanmoins, qu'elle sera
couronnée de succès, car lè publié tout erittér
s'y trouve intéressé directement.
A propos d'Ariane et Barbe=Bleue
Ariane et Barbe-Bleue reparaît ce soir
sur la scène de l'Opéra-Comique. Interrom-
pue, la saison dernière, en plein succès, par
3uite du départ de sa principale interprète,
Vlme Georgette Leblanc, l'œuvre de M.
Daul Dukas, réunit ce soir tous les inter-
prètes qui l'ont créée. A un an d'intervalle,
?lle est donc représentée devant le public
lans la forme et avec l'interprétation de la
iremière. Mme Georgette Leblanc chantera
rôle d'Ariane, qu'elle réalisa avec talent,
articulièrement intéressante dans l'huma-
; é symbolique et la plastique d'un rôle
il ses moyens vocaux la trahirent parfois.
qns le rôle de la Nourrice qui lui échut,
1Ue C. Thévenet fit apprécier une belle voix
olide, sûre, conduite avec science, en mê-
le temps qu'un talent certain de composi-
ion. Le principal rôle d'homme, celui de
Barbe-Bleue, une silhouette plutôt qu'un
ôle, fut dessiné avec infiniment de vigueur
;t de force par M. Vieuille.
Les femmes de Barbe-Bleue nous appa-
urent sous les traits de Allies Brohly, De-
nellier, Berg, Bakkers, qui, toutes quatre,
possèdent de belles voix, sonores, d'un
;imbre métallique, et de Mlle Régina Badet
qui développe la grâce de ses gestes, l'har-
monie délicate de ses attitudes, dans un
personnage muet. Voilà pour l'interpréta-
tion, fort heureusement complétée en des
physionomies épisodiques, par MM. Azé-
ma et Lucazeau.
Quant à l'œuvre, en soi, on sait l'impres-
sion qu'elle produisit. M. Paul Dukas, mu-
sicien sobre, puissant, pittoresque et origi-
nal, connu surtout du public des concerts
auprès de qui son Apprenti Sorcier rempor-
ta un succès prodigieux, a donné, avec
Ariane et Barbe-Bleue, sa première œuvre
lyrique. Il ne s'est hasardé au théâtre
que sûr de son art et maître de sor
talent, avec une œuvre pensée, rené
chie, complète, où l'inspiration s'appuie
sur des bases solides, scientifiques
pourrait-on dire si le terme ne paraissait
impropre en la circonstance. Il a trouvé, au.
Paul Boyer ,t sert, phot. Mme Georgette LEBLANC EMRI MANUTL- Phot-
près du public, un accueil enthousiaste ou
curieux; nul n'est demeuré indifférent.
C'est le plus bel éloge que l'on puisse
faire d'une œuvre présentée sans autre
souci que celui d'atteindre à la Beauté, sans
autre volonté que celle d'approcher la per-
fection dans FArt.
GEORGES TALMONT.
OPINIONS D'ARTISTES
Mlle Ariette Dorgère
Ce qu'il faut penser du théâtre?
Quelles sont vos ambitions artistiques?
Telles sont les questions auxquelles a bien
'oulu répondre Mlle Ariette Dorgère, là co-
nédienne dè grand talent et l'exquise chan-
teuse qui, tous les soirs, se fait applaudir, à
la Scala, dans Cinq minutes d'amour, l'amu-
sante opérette de MM. Esquier et Christiné,
et surtout dans le duetto qu'elle chante avec
son camarade Frejol: « Aimons-nous comme
jadis », et dans la valse qui termine le
deuxième tableau.
Mon cher Comœdia,
Pour moi, le théâtre n'est pas une chose
factice; c'est, semble-t-il, la reproduction
exacte de la vie; j'aime à vivre les situa-
tions.créées par l'auteur.
Aucun plaisir ne me tente à côté de ce-
lui, si grand, que j'éprouve à établir un
rôle: les répétitions ont un charme, un at-
trait immense pour moi; à mesure que le,
rôle s'établit, que le personnage apparaît,
je m'y incarne pour ainsi dire, et c'est réel-
lement une grande joie, le jour de la pre-
mière, de présenter au public cet enfant
qu'on a sorti de ses langes et paré de son
mieux; c'est aussi une bien vive émotion
à laquelle je me plais que l'attente de l'ac-
cueil qui lui sera fait par les critiques. Il
ne semblerait pas, n'est-ce pas, que c9
soient là les pensers d'une petite commère
de revues; c'est que mon ambition va plus
haut. Le concet ne me séduit plus, je-sens
que je peux faire mieux: l'opérette a tant
BwUina_r. phot.
de charme! Mais voilà!. Il faudrait pou-
voir jouer l'opérette! Les anciens'livret9 no
sont plus goûtés du public, il faudrait quel-
que chose d'inédit avec une jolie musique,
bien gaie, bien entraînante; je sens que je
pourrais peut-être réussir à faire revivre
l'opérette, j'y apporterai du moins tous mes
moyens. Quand on veut bien une chose,
on y arrive; du reste, en 1906, j'ai accepté
tout exprès un engagement à Saint-Péters-
bourg pour y chanter La Belle Hélène, Le
Sire de Vergy, Mademoiselle Nitouche et
La Mascotte. Ces deux dernières opérettes
surtout me plaisaient à jouer: j'y eus beau-
coup de succès. Avec quel plaisir j'ai créé,
il y a quelques semaines, la Marquise de
May dans L'Ingénu libertin. J'étais tout
heureuse du rôle qui m'était confié; j'ai
d'ailleurs été récompensée de mes efforts
par le succès qui m'a accueillie, c'est ce
qui me fait espérer qu'avec du travaii et
de la persistance je réaliserai mon, J êve
d'artiste.
ARLETTE DORGERE.
ÇÇNous Voulons la lumière"
dit l'Assistance Publique.
"Et nous aussi
répondent les Directeurs.
M. Franck proteste énergiquement
contre la suspicion dont il est l'objet
L'instruction judiciaire n'a fait, hier, au-
cun pas décisif. Elle suit normalement son
cours.
Le fait important de la journée a été l'en-
trée en. scène des directeurs, qui ont es-
sayé de dégager leur responsabilité en sa-
crifiant un des leurs au courroux de l'Assis-
tance publique.
Une note assez ambiguë a été rédigée.
L'Association des directeurs, sachant que
M. Franck est particulièrement surveillé
par l'A. P., paraît vouloir éviter de se soli-
dariser avec lui.
Cette petite reprise des Animaux mala-
des de la peste risque fort, d'ailleurs, d'é-
chouer. M. Franck n'est pas un âne et ne
semble pas décidé à tendre bénévolement
au fer du bourreau une gorge innocente.
Au reste, il est possible que tout ce
grand éclat ait surtout comme conséquence
quelques rigueurs nouvelles de l'Assistance
publique, dont les « frais divers » s'accrois-
sent de iour en jour au détriment des eau-
vres dont elle devrait être la protectrice et
au grand dommage des théâtres, qu'elle
considère volontiers comme ses banquiers
naturels.
Voici le résultat de l'enquête que nous
avons faite à ce sujet.
Ce qu'en dit la justice
A la suite de la plainte de l'Assistance
publique, qui parvint au Parquet et suivit
la voie normale, c'est-à-dire qu'après son
examen par le procureur de la République,
elle fut envoyée à un juge d'instruction, M.
Flory, qui fut chargé d'enquêter. La plainte
visait à la fois et le théâtre du Gymnase
et les marchands de billets.
On peut, en quelques lignes, résumer les
chefs d'accusation:
1° Infractions aux ordonnances de police con-
cernant: l'entrée du public par une porte de se-
cours. rémission de billets donnant droit à deux
A# ftumêro • 8 centimes
Mercredi 18 Mars 19^8«
I
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Étranger. 40 a 20 »
Les préparations
involontaires
Le premier acte de la comédie de mon
ami Gédéon, joué dans un mouvement
eXcellent par une troupe remarquable,
Menait de se termner, et le rideau, en
rabaissant, avait déchaîné un ouragan
d'enthousiasme. Quatre foi&, la toile
Peinte était remontée et redescendue, et,
dans la salle, ils n'en avaient pas encore
assez. Ils criaient comme des fous, Trois
Ou quatre auteurs dramatiques, impuis-
Sants à calmer la tempête, avaient pris
le parti d'acclamer comme tout le
blonde. On se précipita dans les cou-
lisses. C'était une bousculade pour arri-
ver à l'auteur, que l'on attrapait par les
bras, et que l'on se repassait de mains
en mains, comme un seau d'incendie. Le
directeur souriait avec bonté. Il avait
répété pendant quinze jours que le pre-
mier acte ne valait rien. Maintenant, il
aVait noblement oublié ce mauvais juge-
ment. Il avait pris conscience de ses hau-
tes fonctions; il savait qu'en cas de suc-
ees, le directeur doit être le seul respon-
sable.
L'encombrement des couloirs, quel-
ques visites à faire dans les loges, un
bock à prendre hâtivement, les mille (et
Une) obligations de l'entr'acte m'avaient
contraint à remettre à plus tard ma visite
* l'auteur. Quand je parvins sur le pla-
teau, la foule, autour de lui, était moins
ense. J'avais rencontré des gens émus,
ereintés d'admiration. — Croyez-vous
que c'est bien? — Il n'a jamais rien fait
ee mieux !
1 Des gens mal embouchés prononçaient
e gros mot de « chef-d'œuvre ».
Chacun adoptait l'auteur, l'accapa-
rp it * Il appartenait aux jeunes par ht
ardiesse de son dialogue, et aux vieux
par son âge avancé. J'arrivai enfin jus-
qu'à lui, au moment où il gagnait la por-
e de fer qui mène au couloir des loges.
- Viens avec moi, me dit-il. Il fait
doux dehors. Tu n'as pas besoin de par-
dessus.
\7 7~ Mais. c'est que. je voudrais biçn
voir ton deuxième acte.
- Ne te dérange pas, dit-il. Mainte-
nant, c'est fini. Ça n'a plus aucun in-
térêt. La pièce ést cûitê.
Je pensais d'abord qu'il voulait rire.
ais je vis dans ses yeux une sincérité
rayante.
1 .- Prenons un taxi-auto et allons très
j 'n d'ici, dans un petit café que je con-
ls* Nous ferons une partie d'échecs, et
e orcerai de ne plus songer, du
1 ms pour le moment, à cette aventure.
ù.)) Je n'aime pas penser aux choses
j,sagréables. à l'instant où elles me se-
raient trop désagréables. J'attendrai,
OUr y réfléchir et pour en tirer une le-
"5n, les jours où je serai plus calme,
le OInS énervé par l'événement récent et
le travail forcené de la dernière se-
rine. „
Le taxi-auto s'était mis en marche.
— Quand j'ai vu que le public s'amu-
sait tant au « un », continua Gédéon,
quand j'ai vu qu'ils saluaient avec tant
de jOie cet acte que je jugeais indigent et
mauvais, je me suis dit: « Ton affaire
est claire. Tu marches tout droit vers la
gueule sinistre d'un four! »
Il sourit un peu consolé déjà par le
sentiment de sa clairvoyance.
— J'ai vu, continua-t-il, bien des piè-
ces obtenir, au premier acte, un succès
retentissant. Ce n'est pas difficile de sa-
tisfaire public avec un premier acte.
C'est l'acte d'espoir, alors que les actes
suivants sont les actes de réalisation.
Tant que l'on promet, on a toujours les
aen aVec soi. Mais quand il s'agit de
<(ten,c >est un autre tabac. L'accueil
à nthousiaste que les spectateurs ont fait
à
à mon premier acte m'a prouvé tout de
suite que nous n'étions pas d'accord.
Je .pellsais que cet acte obtiendrait avec
Pein e un succès moyen. Du moment
qu'il a tant plu c'est qu'ils y ont vu
autre chose que ce que j'y avais mis,
c'est qu'ils ont entendu des promesses,
que i' ai faites sans m'en douter. Et c'est
très ?« ra e us l'esP°ir a été grand,
plus la déception sera rude. Et, natu-
rellement, c'est moi qui trinquerai. Et je
serai puni par où je n'ai peut-être pas
péché. Car, même si j'avais regardé de
plus près ma Pièce, je n'aurais pas dis-
cerné ce que je promettais au public sans
m'en apercevoir.
» On parle souvent des préparations
nécessaires. La question des cc prépara-
ti ans involontaires » est plus importante
encore. déposant, au premier acte,
acus les, petards qui doivent faire, aux
actes suivants, éclater le rire, l'auteur ne
se Oute pas qu'il laisse tomber de sa
poche un certain nombre d'autres mè-
ches à explosion que le public ne quitte
pas des yeux
» C'est pour cette raison que bien des
fantaisistes sont de mauvais auteurs co-
miques. Les ornements dont leur esprit
capricieux orne leur dialogue prennent
quelquefois une importance, une signifi-
co On dont l'auteur ne s'est pas rendu
tnpte.
» Les pièces comiques bien faites,
comme ono en produit des quantités au
dix-neuvième siècle, sont, bien souvent,
d'une pauvreté, d'une puérilité, d'un
manque de fantaisie désespérants. Mais,
au moins, elles ne se risquent pas de dé-
passer leurs promesses, le modeste en-
gagement que leur auteur est capable de
tenir.
» Ils sont rares les auteurs, à la fois
fantaisistes et comiques, que leur fan-
taisie accompagne sans cesse sans les
faire dévier de leur chemin. »
Cependant, nous étions arrivés devant
le petit café lointain. Pourtant, Gédéon
ne descendit pas du taxi. Le moteur s'ar-
rêta au bout d'un instant. Mon ami con-
tinua son discours.
— Ils seront d'autant plus mauvais
au deuxième .acte, qu'ils se sont embal-
lés davantage au premier. Je tomberai
de plus haut, voilà tout.
— Est-ce que nous allons au café?
dis-je timidement.
Mais il me répondit, un peu gêné:
— J'aimerais mieux retourner au théâ-
tre, sur le lieu - de mon crime et de ma
honte!
.L'auto reprit donc le chemin du
théâtre. Mais, cette fois, mon. ami ne di-
sait plus rien. Nous arrivâmes devant
le monument magnifiquement éclairé.
— Trop de lumières! me dit l'auteur,
trop de lumières!.
» .Après tout, dit-il encore, en mon-
tant l'escalier des artistes. Le Hasard
a quelquefois des raisons que la raison
ne connaît pas. »
On commençait le troisième acte. Le
directeur, debout derrière un portant,
nous vit venir et adressa à l'auteur un
bon petit sourire hostile.
Et Gédéon comprit que, cette fois, hé-
las! les raisons de la raison avaient eu
raison.
Tristan BERNARD.
.-------------- - - - - - -
Nous publierons demain un article de
HENRY KISTEMAECKERS
I
Les Primitifs
L'essai de restitution du Théâtre antique
si heureusement réalisé par Tristan Bcr
nard, en dehors de toute contingence, nou.
permet, pour la première fois, de compara
très nettement la comédie antique et la co
médie moderne, et cette comparaison pose
une fois de plus, un problème dont il n est
point sans intérêt de rappeler les termes
sans avoir pour cela la prétention de le ré
soudre. •
Il s'agit, on le devine, ici comme en pein
ture, de savoir qui des primitifs ou des mo
dernes ont raison en matière d'art. Il est
bien évident, en effet, qu il y a identité en
tre le problème tel qu'il se pose en art
dramatique et en peinture ou en sculpture.
Depuis les origines du monde, ce qui dis
tingue l'homme des animaux, c'est la fa
culté qu'il a de généraliser ses connaissan
ces, d'avoir sur elles des idées d'ensemble
et d'embrasser ainsi d'un seul coup d'œi
d'innombrables détails dans lesquels se non
le pur instinct animal.
La Science est chargée de généraliseï
nos connaissances concrètes.
L'Art a pour mission de généraliser no
tendances abstraites.
En vertu d'un mystérieux instinct, d'un
divination surhumaine, l'artiste doit doni
autant que possible, dégager dans une oel-
vre d'art les lignes générales qui provoqu,
ront chez le spectateur d'utiles généralis.
tions artistiques.
L'œuvre d'art n'a donc rien à voir ave
la réalité, et il est tout naturel que, dan
un tableau, les principaux personnage
soient de dimensions plus considérables qUI
(pc: 111 nno les vavsa&es intéressant
que l'on veut évoquer soient scrupuleuse-
ment décrits sans tenir compte des condi-
ÍLUILo) ilucui tues tie la vie.
C'est ce qu'ont fait les primitifs dan
leurs tableaux, c'est ce qu'ont fait les ai
teurs dramatiques de l'antiquité, en s'adret
sant directement au public, par une suit
d'exposés, en s'occupant moins de reprr
duire la réalité que de dégager les ligne
générales indispensables à la conceptio
d'une œuvre d'art.
Aujourd'hui, en peinture comzze en ar
dramatique, cette idée directrice sembl
s'effacer chaque jour davantage. On admirt
une peinture, comme on admirerait un pa
norama, lorsqu'elle reproduit la réalité tell
qu'elle est, lorsqu'elle donne l'impression
d'une bonne vue stéréoscopique en cou-
leurs. 6
En art dramatique, le même sonci de re
constitution de la réalité exacte se retrouve
partout, dans le dialogue, dans le costume
et dans le décor.
La formule ancienne peut être critiqua
ble; elle avait certains côtés qui choquer
aujourd'hui la vraisemblance pour des sper
tateurs moins imprégnés de mysticisme qu
ceux d'autrefois, elle n'en était pas moin
à coup sûr une forme rigoureusement a
tistique.
La tendance actuelle, ati contraire, nov
paraît s'écarter chaque jour davantage d
caractère essentiel à une œuvre d'art. De
l'instant que l'on cherche, avant toute cho
se, à reproduire la réalité, on peut se de
mander pourquoi on ne s'adresse point di
rectement à cette réalité même par de cour
tes étapes photographiques ou cinématc
graphiques et, en peinture comme en ar
dramatique, on peut craindre que cette ter
dance n'aboutisse promptement à la simpl
destruction de tout idéal artistique.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
s
on défenseur.
A qui M. Claretie cpnfiera-t-il sa dit
ficile défense?
MM. Mirbeau et Natanson ont chois
Me Henri Robert. M. Claretie est hésitant..
Que ne s'adresse-t-il à M" Barboux:
Me Barboux plaida jadis pour Mme Sara h
Bernhardt contre té Théâtre-Français, mais
aujourd'hui qu'il est devenu immortel,
n'est-ce pas le défenseur désigné du défen-
seur des académiciens?
F
ll
raux départ.
L'excellent Léon Ricquier, au béné-
fice de qui fut donnée l'autre jour la belle
matinée du Vaudeville, ne fut pas seule-
ment le camarade et l'ami de presque tous
les grands artistes de ce temps: il fut jadis,
il y a longtemps, très longtemps, leur direc-
teur.
C'est lui qui fit ainsi débuter Coquelin
aîné dans un vieux petit théâtre aujour-
d'hui démoli, appelé le Théâtre Bricourt.
Il y joua, pour la première fois de sa vie,
'e rôle d'Oronte dans Le Misanthrope, et,
paraît-il, y fut « emboîté » !
Il a pris depuis sa revanche.
LE QUATRAIN DU JOUR
RENAISSANCE? ODÉON? GYMNASE?
Il a passé par ici
Il repassera par là !
(Air connu).
Il court, il court, sans s'arrêter ni s'effrayer,
Plus mobile à Paris qu'au Maroc n'est d'Amade.
Ce Foyer n'est plus un foyer:
C'est une tente de nomade!
c
ritiques, attention!
Nous contions récemment l'aven-
ture du critique et du ténor lyonnais. Voici
le pendant.
Avant-hier, à Madrid, le critique drama-
tique de YAvantguardia, qui se montrait
plutôt sévère à l'égard du grand premier
rôle d'un théâtre de quartier, fut invité par
ce dernier à venir dans sa loge entendre
ses courtoises explications.
Sans méfiance, notre confrère pénétra
dans la loge — la caverne de brigands, de-
vrions-nous dire. Car l'acteur verrouilla
aussitôt sa porte et, à coups de gourdin,
nit en compote l'imprudent aristarque.
A ses cris, les employés et les pompiers
accoururent, défoncèrent la porte et le re-
'evèrent mourant.
Il fut transporté à l'hôpital, et le comé-
dien conduit en prison. Attendons la suite
't félicitons-nous de ce que les artistes pa-
risiens mécontents — à tort ou à raison —
le la critique, veuillent bien s'en tenir à
ent mille francs de dommages-intérêts.
Ça vaut toujours mieux que de nous oc-
nre à coups de matraque.
T
'outes les Parisiennes élégantes se don-
nent maintenant rendez-vous dans les
Ixueux salons de Georges, le coiffeur ré-
"juté. du 15 de la rue Royale.
Si cette habitude leur fut facile à pren-
dre, c'est qu'elles ont trouvé chez Georges
tout ce qu'elles désiraient.
Celui-ci, en effet, a su s'entourer de vé
ritables artistes, de spécialistes en l'art ca
pillaire, qui ont nom Jacques et Torrent
les incomparables monteurs de coiffures el
de postiches; Marcel, le maître de l'ondu
lation, et Henri, le posticheur fameux. Li
présence de ces collaborateurs di prim(
cartello n'est-elle pas, du reste, un gag-
certain de succès?
N
ombreux sont les touristes qui, a cett
- époque de l'année, songent à cqn
mander leur automobile.
Toutes les marques ont leurs partisans
mais nous devons à la vérité de reconnai
tre que les Bayard-Clément sont bien de
mandées, aussi bien pour leurs multiples
qualités que pour leur élégance et leur
prix à la portée de tous.
A1
'occasion des fêtes de Pâques, Leroy
le maître orfèvre, met en vente, à def
,. -,- 1_ i .-.-.Lf:. 1
prix exceptionnels ae oon niai une, cc* ucn
cieux bibelots empreints du goût le plus
délicat et le plus parisien qu'on ne trouve
que dans ses magasins, 22, rue. Réaumur.
.-
• NOUVELLE A LA MAIN
E
r xagération de Marius, le mari de la
t première chanteuse. ,.,'.
« Oui ! mon bon, ma temme a ete inouïe
étourdissante, invraisemblable ; toute la sal-
le était debout. et jusqu'au souffleur qui
pleurait dans son trou ! !
Textuel. -
Le Masque de Verre.
Prenez vos Billets !
C'est à partir de .demain jeudi, et jusqu'au
mercredi 25 inclusivement, due nous avons dé-
cidé de retenir, chaque jour, VINGT fauteuils d'or-
chestre au Lyrique-Populaire.
En conséquence, ces fauteuils seront à la dis-
position de toute personne qui viendra nous les
demander elle-même aux bureaux du journal,
moyennant 4 fr. 50, prix de location du Théâtre
Lyrique, de neuf heures du matin à six heures
du soir.
Pour éviter que les marchands de billets ne
viennent prendre ces places, idée qui se présente
naturellement à l'esprit, nous ne délivrerons les
billets que contre la présentation d'une pièce
d'identité quelconque: patente, feuille d'imposi-
tion, bail, quittance de loyer, etc.
Nous ne reviendrons nas sur les motifs qui
nous firent prendre cette décision; ils sont connus
de tous. Qu'il nous suffise de dire que c'est à
titre purement d'essai que nous faisons, ççtf& ten-
tative. Mous espérons, néanmoins, qu'elle sera
couronnée de succès, car lè publié tout erittér
s'y trouve intéressé directement.
A propos d'Ariane et Barbe=Bleue
Ariane et Barbe-Bleue reparaît ce soir
sur la scène de l'Opéra-Comique. Interrom-
pue, la saison dernière, en plein succès, par
3uite du départ de sa principale interprète,
Vlme Georgette Leblanc, l'œuvre de M.
Daul Dukas, réunit ce soir tous les inter-
prètes qui l'ont créée. A un an d'intervalle,
?lle est donc représentée devant le public
lans la forme et avec l'interprétation de la
iremière. Mme Georgette Leblanc chantera
rôle d'Ariane, qu'elle réalisa avec talent,
articulièrement intéressante dans l'huma-
; é symbolique et la plastique d'un rôle
il ses moyens vocaux la trahirent parfois.
qns le rôle de la Nourrice qui lui échut,
1Ue C. Thévenet fit apprécier une belle voix
olide, sûre, conduite avec science, en mê-
le temps qu'un talent certain de composi-
ion. Le principal rôle d'homme, celui de
Barbe-Bleue, une silhouette plutôt qu'un
ôle, fut dessiné avec infiniment de vigueur
;t de force par M. Vieuille.
Les femmes de Barbe-Bleue nous appa-
urent sous les traits de Allies Brohly, De-
nellier, Berg, Bakkers, qui, toutes quatre,
possèdent de belles voix, sonores, d'un
;imbre métallique, et de Mlle Régina Badet
qui développe la grâce de ses gestes, l'har-
monie délicate de ses attitudes, dans un
personnage muet. Voilà pour l'interpréta-
tion, fort heureusement complétée en des
physionomies épisodiques, par MM. Azé-
ma et Lucazeau.
Quant à l'œuvre, en soi, on sait l'impres-
sion qu'elle produisit. M. Paul Dukas, mu-
sicien sobre, puissant, pittoresque et origi-
nal, connu surtout du public des concerts
auprès de qui son Apprenti Sorcier rempor-
ta un succès prodigieux, a donné, avec
Ariane et Barbe-Bleue, sa première œuvre
lyrique. Il ne s'est hasardé au théâtre
que sûr de son art et maître de sor
talent, avec une œuvre pensée, rené
chie, complète, où l'inspiration s'appuie
sur des bases solides, scientifiques
pourrait-on dire si le terme ne paraissait
impropre en la circonstance. Il a trouvé, au.
Paul Boyer ,t sert, phot. Mme Georgette LEBLANC EMRI MANUTL- Phot-
près du public, un accueil enthousiaste ou
curieux; nul n'est demeuré indifférent.
C'est le plus bel éloge que l'on puisse
faire d'une œuvre présentée sans autre
souci que celui d'atteindre à la Beauté, sans
autre volonté que celle d'approcher la per-
fection dans FArt.
GEORGES TALMONT.
OPINIONS D'ARTISTES
Mlle Ariette Dorgère
Ce qu'il faut penser du théâtre?
Quelles sont vos ambitions artistiques?
Telles sont les questions auxquelles a bien
'oulu répondre Mlle Ariette Dorgère, là co-
nédienne dè grand talent et l'exquise chan-
teuse qui, tous les soirs, se fait applaudir, à
la Scala, dans Cinq minutes d'amour, l'amu-
sante opérette de MM. Esquier et Christiné,
et surtout dans le duetto qu'elle chante avec
son camarade Frejol: « Aimons-nous comme
jadis », et dans la valse qui termine le
deuxième tableau.
Mon cher Comœdia,
Pour moi, le théâtre n'est pas une chose
factice; c'est, semble-t-il, la reproduction
exacte de la vie; j'aime à vivre les situa-
tions.créées par l'auteur.
Aucun plaisir ne me tente à côté de ce-
lui, si grand, que j'éprouve à établir un
rôle: les répétitions ont un charme, un at-
trait immense pour moi; à mesure que le,
rôle s'établit, que le personnage apparaît,
je m'y incarne pour ainsi dire, et c'est réel-
lement une grande joie, le jour de la pre-
mière, de présenter au public cet enfant
qu'on a sorti de ses langes et paré de son
mieux; c'est aussi une bien vive émotion
à laquelle je me plais que l'attente de l'ac-
cueil qui lui sera fait par les critiques. Il
ne semblerait pas, n'est-ce pas, que c9
soient là les pensers d'une petite commère
de revues; c'est que mon ambition va plus
haut. Le concet ne me séduit plus, je-sens
que je peux faire mieux: l'opérette a tant
BwUina_r. phot.
de charme! Mais voilà!. Il faudrait pou-
voir jouer l'opérette! Les anciens'livret9 no
sont plus goûtés du public, il faudrait quel-
que chose d'inédit avec une jolie musique,
bien gaie, bien entraînante; je sens que je
pourrais peut-être réussir à faire revivre
l'opérette, j'y apporterai du moins tous mes
moyens. Quand on veut bien une chose,
on y arrive; du reste, en 1906, j'ai accepté
tout exprès un engagement à Saint-Péters-
bourg pour y chanter La Belle Hélène, Le
Sire de Vergy, Mademoiselle Nitouche et
La Mascotte. Ces deux dernières opérettes
surtout me plaisaient à jouer: j'y eus beau-
coup de succès. Avec quel plaisir j'ai créé,
il y a quelques semaines, la Marquise de
May dans L'Ingénu libertin. J'étais tout
heureuse du rôle qui m'était confié; j'ai
d'ailleurs été récompensée de mes efforts
par le succès qui m'a accueillie, c'est ce
qui me fait espérer qu'avec du travaii et
de la persistance je réaliserai mon, J êve
d'artiste.
ARLETTE DORGERE.
ÇÇNous Voulons la lumière"
dit l'Assistance Publique.
"Et nous aussi
répondent les Directeurs.
M. Franck proteste énergiquement
contre la suspicion dont il est l'objet
L'instruction judiciaire n'a fait, hier, au-
cun pas décisif. Elle suit normalement son
cours.
Le fait important de la journée a été l'en-
trée en. scène des directeurs, qui ont es-
sayé de dégager leur responsabilité en sa-
crifiant un des leurs au courroux de l'Assis-
tance publique.
Une note assez ambiguë a été rédigée.
L'Association des directeurs, sachant que
M. Franck est particulièrement surveillé
par l'A. P., paraît vouloir éviter de se soli-
dariser avec lui.
Cette petite reprise des Animaux mala-
des de la peste risque fort, d'ailleurs, d'é-
chouer. M. Franck n'est pas un âne et ne
semble pas décidé à tendre bénévolement
au fer du bourreau une gorge innocente.
Au reste, il est possible que tout ce
grand éclat ait surtout comme conséquence
quelques rigueurs nouvelles de l'Assistance
publique, dont les « frais divers » s'accrois-
sent de iour en jour au détriment des eau-
vres dont elle devrait être la protectrice et
au grand dommage des théâtres, qu'elle
considère volontiers comme ses banquiers
naturels.
Voici le résultat de l'enquête que nous
avons faite à ce sujet.
Ce qu'en dit la justice
A la suite de la plainte de l'Assistance
publique, qui parvint au Parquet et suivit
la voie normale, c'est-à-dire qu'après son
examen par le procureur de la République,
elle fut envoyée à un juge d'instruction, M.
Flory, qui fut chargé d'enquêter. La plainte
visait à la fois et le théâtre du Gymnase
et les marchands de billets.
On peut, en quelques lignes, résumer les
chefs d'accusation:
1° Infractions aux ordonnances de police con-
cernant: l'entrée du public par une porte de se-
cours. rémission de billets donnant droit à deux
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