Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-03-12
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 12 mars 1908 12 mars 1908
Description : 1908/03/12 (A2,N164). 1908/03/12 (A2,N164).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646548c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
Année. N 164 (Quotidien)
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Jeudi 12 HUo îv >j».
Rédacteur en Chef: o. de PA WLOWSKJ
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA.PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN e MO"
- .-
Paris et Départements. 24 fr. 12 fK
Étranger. 40 D 20 9
REDACTION & ■ ADMINISTRA ?
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UN AN 6 MOIS
- -
Paris et Départements 24 fr. î.2 fr.
Étranger. 40 m 20 1>'
PAYSAGES NOCTURNES
Fête Foraine
On dirait une troupe de sauvages cam-
pés dans la nuit sous les arbres du boule-
vard. Des feux ont été allumés en grand
nombre, pour écarter, sans doute, les
animaux féroces qui rugissent au loin, et
la foule, peu rassurée, s'écrase dans les
limites du campement. Des femmes es-
saient de se frayer un chemin, portant,
en guise de butin, une lampe à colonne,
un lapin presque vivant ou un simple
enfant gagné à la loterie.
Chaque année, tout est reverni à l'al-
cool : les baraques, le pain d'épide et
les trognes enluminées des promeneurs.
])èsl'abord, l'odeur vous en prend à la
gorge. !
Dans un coin sombre, sous le feuil-
lage noir des arbres, quelques assassins
détruisent, à coups de maillet, une guil-
lotine dont il ne reste plus qu'un mon-
tant rouge, et la lugubre scène est éclai-
rée seulement par un double arrosoir de
pétrole qui fume, charbonne et empeste
bien volontiers, à condition qu'on ne lui
demande pas de lumière.
Un gros Américain, Edison sans
doute, semble couver un petit étalage
où le public, moyennant deux sous, peut
se nettoyer les oreilles à l'électricité; où
le progrès s'arrêtera-t-il?
A côté de lui, un Turc met en vente
deux lampes fumeuses ou du nougat, et
-sa - boutique, couleur locale, est tendue
d'Andrinople.
Le jeu d'anneaux n'a pas de chance,
personne ne s'y arrête; aussi, quel mau-
vais présage que de planter dans sa bou-
tique des couteaux en croix!
Le tir est plus attrayant, et quand on
touche l'exécution de Gamahut, qui ne
marche plus, c'est généralement Jeanne
d'Arc qui se dévoue. Elle ouvre deux
Petites portes, glisse lentement sur des
rails et se rend au supplice pendant
<ï«ï'une invisible musique joue Au dra-
peau! -
Toutefois. les tireurs sérieux vont à
côté. Ils prennent des poses d'anciens
soldats, regrettent que la cible ne soit
Pas à quatre cents mètres et, prudem-
ment — facile excuse d'une maladresse
pcssible — ils dédaignent l'emploi des
deux mains pour une arme aussi légère.
Mais quand ils visent l'œuf, les pipes
savent ce que cela leur coûte.
• Une poussière épaisse monte du sol,
■se rafraîchit un instant dans la sueur des
Passants et retourne à terre, désaltérée,
en gouttes de boue.
Une flaque d'eau dans le ruisseau,
Malgré les papiers gras, essaie encore
de refléter quelques quinquets.
Mais voici que, derrière les arbres,
inondé de lumière blanche, défile un in-
terminable cortège de voitures absurdes,
escortées de cavaliers montés sur des co-
chons.
L'orgue à vapeur fait rage, mais on a
dû mettre la courroie à l'envers, car il
est impossible de savoir ce qu'il joue!
Cependant, trois petites figurines de
Saxe, impassibles et souriantes, ne se
démontent pas pour si peu avant la fin
de la fête. Elles battent la mesure et
jouent du triangle en tournant la tête
brusquement, quand cela leur plaît.
D'autres manèges, tout coulants de
Urème bleue, tournent majestueusement
sur la place, mais qu'importe au chas-
seur qui, sous couleur de tirer des pi-
geons en zinc. lance des fusées sur un
Monsieur qui fume sa pipe au balcon
d'une maison voisine!
Fuyons, voici le photographe! Deux
scldats passent, très mûrs; l'un, béate-
ment, tient une rose entre ses lèvres, et
l'autre, courageusement, se fourre le
Poing dans une dent cariée.
Plus loin, une parade d'hommes-ser-
Pents annonce la danse Louis XV à tra-
ders les âges et la prise de la smala
ott Abd-el-Kader par les Alliés. Un cabi-
net anatomique est, du reste, réservé
Jux amateurs de l'Inquisition au-dessus
de seize ans, et les puces savantes font
face aux hommes ignorants.
Ahuris par le bruit, les gens se prés-
ent et se bousculent vers l'inconnu, tan-
dis que des tronçons de famille séparés
*\e la souche commune s'en vont à la dé-
rive,, emportés parle courant.
Un cocher hurle. et la foule le lui rend
bien.
(10 En l'air, la lune vexée reste cachée
d ans ses décors en carton noir et, très
I 0,n. vers des rues désertes, une bouti-
rue, seule éclairée, troue la nuit comme
a gueule d'un four.
Le bureau de tabac a de la conjecti-.
vite, l'œil vert du pharmacien n'est
guère mieux portant et les boules de loto
du restaurant de nuit lui sortent de la
tête.
Quart aux becs de gaz, toujours secs
bien portants, ils se traînent en noc-
tambules au long des rues en clignant de
aux passants,
Toutes les voitures ont mis leurs lu-
rettes pour mieux courir la nuit.
Mais pourquoi faut-il qu'un malheu-
reux vienne, en ce jour de fête, nous
apitoyer sur son sort? On se bat donc
par là, ou bien est-ce déjà un simple po-
chard? Hélas, c'est un pauvre tramway,
noir et bossu, qui s'avance en geignant,
avec un œil tout rouge d'avoir pleuré.
G. de PAWLOWSKI.
Nous publierons demain un article de
PIERRE SOUVESTRE
Échos
M
Claretie respire enfin.
Après ses démêlés violents avec
un auteur aussi rudement intransigeant que
M. Mirbeau, dont il n'a pu obtenir les quel-
ques modifications qu'il réclamait, il met
en répétitions un ouvrage de M. Brieux,
homme paisible, qui n'a ps.s craint, jadis,
de refaire tout le troisième; acte de Blan-
chette, afin de raccommoder au goût du
grand public.
Avec M. Brieux, M. Claretie est tran-
quille. M. Brieux pense sans doute, comme
M. Claretie, que l'homme absurde est celui
qui ne change jamais.-
D
ans les coulisses.
A la Renaissance. La première de
La Femme nue. -
A l'entr'acte, des amis'enthousiastes en-
tourent l'auteur, dont un; léger sourire tra-
hit la grande jjoie. Un de nos plus jeunes
confrère balbutie d'enthousiasme et des
paroles nous parviennent, que l'émotion
entrecoupe :
— Maître»., triomphe. chef-d'œuvre.
Henry Bataille sourit toujours.
Le tout jeune homme poursuit : « Maître,
imaginez-votrs, j'ai le rare bonheur de pos-
séder huit lettres de vous, écrites il y a
cinq ou six ans, où vous exprimez vos idées
sur le théâtre contemporain. Je compte les
publier, si vous le, permettez, et faire un ar-
ticle. »
Mais la. physionomie de Bataille s'est
rembrunie et son air est devenu tout à
coup si peu encourageant, que l'autre s'in-
quiète, interroge.
- C' un peu délicat. Je voudrais bien les voir.
Vous comprenez. en six ans. J'ai dû évo-
luer.
L
'invitation à la valse. - , ., '- -
L'affiche de la Comédie-Française
annonçait, hier matin, deux représentations
de: Les Affaires sont les affaires, pour
mardi et jeudi prochains.
Tiens, tiens! -
L
a coupera-t-il ?
On négocie,, on discute et même on
se dispute un peu dans le bureau directorial
de l'Académie nationale de musique, avec
un grand chantenr (ce n'est pourtant pas
un ténor) qui va chanter un des principaux
rôles dans un opéra de Rameau.
Le chanteur tient à garder ses superbes
moustaches. A tous les raisonnements que
lui opposent ses directeurs, il répond:
— Mais je suis père de famille! Que
diront mes, enfants?
A son imperturbable entêtement, les di-
recteurs de l'Opéra ripostent:
— Mais, nous vous octroyons des ap-
pointements de ministre, et vous devez
obéir aux exigences de vos rôles. -
Comment cela finira-t-il? Oh! la barbe!
E
n fixant une personne dans les yeux,
r on peut, Daraît-il. lire sa nensée. En
vendant ses bijoux à Dusausoy, expert, 4,
boulevard des Italiens, on peut être sûr de
s'adresser à une maison consciencieuse.
Grand choix d'occasions.
L
a réplique.
Mlle Lantelme n'est pas une inter-
prête mélancolique. Dans Propos divers,
l'amusante revuette qu'elle interprète avec
M. Ardot à la Comédie-Royale, il y a un
passage où son partenaire lui dit: — Cinq
heures viennent de sonner à l'horloge du
beffroi. — Je n'ai rien entendu, doit-elle
répondre ; à quoi M. Ardot riposte: — C'est
que le régisseur a raté la réplique. — C'est
un effet.
L'autre soir, Mlle Lantelme eut un mali-
cienx regard lorsqu'arriva le passage en
question. Et quand M. Ardot, sans 'mé-
fiance, prononça la phrase consacrée:
— Cinq heures viennent de sonner à l'hor-
loge du beffroi, elle repartit aussitôt: — Je
sais, j'ai entendu, avec un geste de tête si
affirmatif que M. Ardot demeura bouche
bée. Et Mlle Lantelme ajouta gravement:
— Il y a un nouveau régisseur, il n'a pas
raté la réplique..
Non, mais M. Ardot avait perdu la sienne
c
'est aujourd'hui, à deux heures, qu'a
lieu, aux Folies-Bernère, le festival
de la Chanson organisé par Comœdia.
Avant de s'y rendre en foule, nombreux
seront les spectateurs qui profiteront de
ce great event pour faire un succulent dé-
jeuner chez Lapré, rue Drouot, le moderne
Vatel, propriétaire de la cave la plus déli-
catement variée qui soit au monde.
L
a couleur de l'or.
Tout le monde est d'accord sur ce
point que, rouge ou jaune, avec ou sans
alliage, 4a couleur de l'or fait toujours plai-
sir à voir. Il en est de même pour les par-
fums sortant de chez Lalanne, 100, fau-
bourg Saint-Honoré, qui combinent les sen-
teurs les plus étrangement délicieuses avec
les couleurs tes plus variées.
NOUVELLE A LA MAIN
D
epuis les incidents de la semaine der-
nière, on n'appelle plus le foyer des
artistes de la Comédie-Française, le foyer,
rouis le salon d'attente.
LeMaaquedeVerre.
La Matinée de Gala de cedia-*
Quelques-unes de nos interprètes
1 Yvonne Dubel
2 Dumesnil
3 Marguerite Devaf
4 Simon-Girard
5 D'Elty
6 Dalbray
7 Berthe Lamare
8 Lise d'Ajac
9 Lucy dousset
10 Greuze
11 Evelyne deanney
10-Devassy
13 Lantelme
14 Lambach
15 Camille Stefanl
16 Paulette Darty
17 Rachel de Ruy
18 Deberio
M Stelly
r
20 Fagette 11
21 Yvonne Yma
22 Jane Dyt
23 Cabrielle Lange
24 Delmarès
25 Francine Lorée
28 Ferrand
27 De Bercy
28 De Sckolowsky.
29 P. de Vouzy
30 Creyval
31 Vildez
AUJOURD'HUI
A DEUX HEURES
AUX
FOLIES-BERGÈRE
En l'honneur de la Chanson Française, les plus
grands artistes de Paris interpréteront
les oeuvres des lauréats de notre
Concours de la Chanson.
C'est aujourd'hui, à deux heures
précises, aux Folies-Bergère, que Co-
mœdia offrira à ses nombreux amis sa
grande matinée de gala en l'honneur
du concours de la Chanson qu'il avait
organisé dans les brillantes conditions
que l'on sait.
A cette solennité, il fallait des ar-
tistes nombreux; les plus aimés parmi
ceux que Paris applaudit, vinrent à Co-
mœdia, spontanément, lui offrir le con-
cours de leur nom et de leur talent. Et
ce fut, pour notre journal, unë'Jûie or-
I gueilleuse de composer, avec ces ap-
puis considérables, un programme
dont l'éclectisme artistique prouve bien
les sympathies sans nombre qu'il sut
se créer dans tous les milieux: de l'O-
péra au café-concert inclusivement.
Toutes ces femmes de talent, dont
le portrait encadre notre article (Co-
mœdia, demain, publiera celui des ar-
tistes hommes), toutes ces vedettes, nos
amis les entendront aujourd'hui.
Les Artistes
Mlles Yvonne Dubel, Agnès Borgo,
Marguerite d'Elty; MM. Melchissédec,
! Nuibo, Ray, de l'Opéra (piano Pleyel).
Mlles Lise d'Ajac, Dumesnil, M.
O'Sullivan, de Sokolowsky, de I'Opéra-
Comique; Palasava; des Concerts Co-
lonne; Germaine Dalbray, de la Mon-
naie.
Mmes Simon - Girard, Lantelme,
Marguerite Deval, Mariette Sully, An-
na Thibaud, Paulette de Vouzy, Rose
Ferrand, de la Gaîté, du Châtelet, des
Variétés, des Nouveautés.
MM. Xavier Privas, Vincent Hyspa.
Jules Moy, Lemercier, Battaille, Tour-
tal, de Bercy, Gaston Perducet, Del-
phin, et Mmes Francine Lorée, Rachel
de Ruy, Anne de Bercy, Gaston-Per-
ducet, Marguerite Greyval, Lucy De,
reymon, Lucy Rhéa, des cabarets ai.
tistiques.
MM. Polin, Vilbert Tacquêt., Fré
jol, Lejal, Sadi-Pety, Abeilard, Fopîno
Mmes Camille Stéfani, Marie Stel
ly, Yvonne Yma, Carmen Vildez, Fa-
gette, Delmarès, Jeanne Dyt, Gabrielle
Lange, des principaux concerts.
Le prix des places
Avant-scènes, 60 francs: loges de
rez-de-chaussée, 10 francs (détaillé);
loges de balcon, 6 francs (détaillé) ;
fauteuils d'orchestre, 5 francs; fau-
teuils de balcon (face), 4 francs; fau-
teuils de balcon (côté), 3 francs; stal-
les d'orchestre, 3 francs. Entrées:
pourtour, 2 francs.
Ouverture des bureaux à J h. 30. Ri-
deau à 2 heures.
Une lettre
Dans le monde artistique, les en-
thousiasmes sont grands, et les bonnes
volontés s'affirment de telle façon que
les exemples viennent de haut.
En veut-on un exemple? Voici ce
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PAYSAGES NOCTURNES
Fête Foraine
On dirait une troupe de sauvages cam-
pés dans la nuit sous les arbres du boule-
vard. Des feux ont été allumés en grand
nombre, pour écarter, sans doute, les
animaux féroces qui rugissent au loin, et
la foule, peu rassurée, s'écrase dans les
limites du campement. Des femmes es-
saient de se frayer un chemin, portant,
en guise de butin, une lampe à colonne,
un lapin presque vivant ou un simple
enfant gagné à la loterie.
Chaque année, tout est reverni à l'al-
cool : les baraques, le pain d'épide et
les trognes enluminées des promeneurs.
])èsl'abord, l'odeur vous en prend à la
gorge. !
Dans un coin sombre, sous le feuil-
lage noir des arbres, quelques assassins
détruisent, à coups de maillet, une guil-
lotine dont il ne reste plus qu'un mon-
tant rouge, et la lugubre scène est éclai-
rée seulement par un double arrosoir de
pétrole qui fume, charbonne et empeste
bien volontiers, à condition qu'on ne lui
demande pas de lumière.
Un gros Américain, Edison sans
doute, semble couver un petit étalage
où le public, moyennant deux sous, peut
se nettoyer les oreilles à l'électricité; où
le progrès s'arrêtera-t-il?
A côté de lui, un Turc met en vente
deux lampes fumeuses ou du nougat, et
-sa - boutique, couleur locale, est tendue
d'Andrinople.
Le jeu d'anneaux n'a pas de chance,
personne ne s'y arrête; aussi, quel mau-
vais présage que de planter dans sa bou-
tique des couteaux en croix!
Le tir est plus attrayant, et quand on
touche l'exécution de Gamahut, qui ne
marche plus, c'est généralement Jeanne
d'Arc qui se dévoue. Elle ouvre deux
Petites portes, glisse lentement sur des
rails et se rend au supplice pendant
<ï«ï'une invisible musique joue Au dra-
peau! -
Toutefois. les tireurs sérieux vont à
côté. Ils prennent des poses d'anciens
soldats, regrettent que la cible ne soit
Pas à quatre cents mètres et, prudem-
ment — facile excuse d'une maladresse
pcssible — ils dédaignent l'emploi des
deux mains pour une arme aussi légère.
Mais quand ils visent l'œuf, les pipes
savent ce que cela leur coûte.
• Une poussière épaisse monte du sol,
■se rafraîchit un instant dans la sueur des
Passants et retourne à terre, désaltérée,
en gouttes de boue.
Une flaque d'eau dans le ruisseau,
Malgré les papiers gras, essaie encore
de refléter quelques quinquets.
Mais voici que, derrière les arbres,
inondé de lumière blanche, défile un in-
terminable cortège de voitures absurdes,
escortées de cavaliers montés sur des co-
chons.
L'orgue à vapeur fait rage, mais on a
dû mettre la courroie à l'envers, car il
est impossible de savoir ce qu'il joue!
Cependant, trois petites figurines de
Saxe, impassibles et souriantes, ne se
démontent pas pour si peu avant la fin
de la fête. Elles battent la mesure et
jouent du triangle en tournant la tête
brusquement, quand cela leur plaît.
D'autres manèges, tout coulants de
Urème bleue, tournent majestueusement
sur la place, mais qu'importe au chas-
seur qui, sous couleur de tirer des pi-
geons en zinc. lance des fusées sur un
Monsieur qui fume sa pipe au balcon
d'une maison voisine!
Fuyons, voici le photographe! Deux
scldats passent, très mûrs; l'un, béate-
ment, tient une rose entre ses lèvres, et
l'autre, courageusement, se fourre le
Poing dans une dent cariée.
Plus loin, une parade d'hommes-ser-
Pents annonce la danse Louis XV à tra-
ders les âges et la prise de la smala
ott Abd-el-Kader par les Alliés. Un cabi-
net anatomique est, du reste, réservé
Jux amateurs de l'Inquisition au-dessus
de seize ans, et les puces savantes font
face aux hommes ignorants.
Ahuris par le bruit, les gens se prés-
ent et se bousculent vers l'inconnu, tan-
dis que des tronçons de famille séparés
*\e la souche commune s'en vont à la dé-
rive,, emportés parle courant.
Un cocher hurle. et la foule le lui rend
bien.
(10 En l'air, la lune vexée reste cachée
d ans ses décors en carton noir et, très
I 0,n. vers des rues désertes, une bouti-
rue, seule éclairée, troue la nuit comme
a gueule d'un four.
Le bureau de tabac a de la conjecti-.
vite, l'œil vert du pharmacien n'est
guère mieux portant et les boules de loto
du restaurant de nuit lui sortent de la
tête.
Quart aux becs de gaz, toujours secs
bien portants, ils se traînent en noc-
tambules au long des rues en clignant de
aux passants,
Toutes les voitures ont mis leurs lu-
rettes pour mieux courir la nuit.
Mais pourquoi faut-il qu'un malheu-
reux vienne, en ce jour de fête, nous
apitoyer sur son sort? On se bat donc
par là, ou bien est-ce déjà un simple po-
chard? Hélas, c'est un pauvre tramway,
noir et bossu, qui s'avance en geignant,
avec un œil tout rouge d'avoir pleuré.
G. de PAWLOWSKI.
Nous publierons demain un article de
PIERRE SOUVESTRE
Échos
M
Claretie respire enfin.
Après ses démêlés violents avec
un auteur aussi rudement intransigeant que
M. Mirbeau, dont il n'a pu obtenir les quel-
ques modifications qu'il réclamait, il met
en répétitions un ouvrage de M. Brieux,
homme paisible, qui n'a ps.s craint, jadis,
de refaire tout le troisième; acte de Blan-
chette, afin de raccommoder au goût du
grand public.
Avec M. Brieux, M. Claretie est tran-
quille. M. Brieux pense sans doute, comme
M. Claretie, que l'homme absurde est celui
qui ne change jamais.-
D
ans les coulisses.
A la Renaissance. La première de
La Femme nue. -
A l'entr'acte, des amis'enthousiastes en-
tourent l'auteur, dont un; léger sourire tra-
hit la grande jjoie. Un de nos plus jeunes
confrère balbutie d'enthousiasme et des
paroles nous parviennent, que l'émotion
entrecoupe :
— Maître»., triomphe. chef-d'œuvre.
Henry Bataille sourit toujours.
Le tout jeune homme poursuit : « Maître,
imaginez-votrs, j'ai le rare bonheur de pos-
séder huit lettres de vous, écrites il y a
cinq ou six ans, où vous exprimez vos idées
sur le théâtre contemporain. Je compte les
publier, si vous le, permettez, et faire un ar-
ticle. »
Mais la. physionomie de Bataille s'est
rembrunie et son air est devenu tout à
coup si peu encourageant, que l'autre s'in-
quiète, interroge.
- C'
Vous comprenez. en six ans. J'ai dû évo-
luer.
L
'invitation à la valse. - , ., '- -
L'affiche de la Comédie-Française
annonçait, hier matin, deux représentations
de: Les Affaires sont les affaires, pour
mardi et jeudi prochains.
Tiens, tiens! -
L
a coupera-t-il ?
On négocie,, on discute et même on
se dispute un peu dans le bureau directorial
de l'Académie nationale de musique, avec
un grand chantenr (ce n'est pourtant pas
un ténor) qui va chanter un des principaux
rôles dans un opéra de Rameau.
Le chanteur tient à garder ses superbes
moustaches. A tous les raisonnements que
lui opposent ses directeurs, il répond:
— Mais je suis père de famille! Que
diront mes, enfants?
A son imperturbable entêtement, les di-
recteurs de l'Opéra ripostent:
— Mais, nous vous octroyons des ap-
pointements de ministre, et vous devez
obéir aux exigences de vos rôles. -
Comment cela finira-t-il? Oh! la barbe!
E
n fixant une personne dans les yeux,
r on peut, Daraît-il. lire sa nensée. En
vendant ses bijoux à Dusausoy, expert, 4,
boulevard des Italiens, on peut être sûr de
s'adresser à une maison consciencieuse.
Grand choix d'occasions.
L
a réplique.
Mlle Lantelme n'est pas une inter-
prête mélancolique. Dans Propos divers,
l'amusante revuette qu'elle interprète avec
M. Ardot à la Comédie-Royale, il y a un
passage où son partenaire lui dit: — Cinq
heures viennent de sonner à l'horloge du
beffroi. — Je n'ai rien entendu, doit-elle
répondre ; à quoi M. Ardot riposte: — C'est
que le régisseur a raté la réplique. — C'est
un effet.
L'autre soir, Mlle Lantelme eut un mali-
cienx regard lorsqu'arriva le passage en
question. Et quand M. Ardot, sans 'mé-
fiance, prononça la phrase consacrée:
— Cinq heures viennent de sonner à l'hor-
loge du beffroi, elle repartit aussitôt: — Je
sais, j'ai entendu, avec un geste de tête si
affirmatif que M. Ardot demeura bouche
bée. Et Mlle Lantelme ajouta gravement:
— Il y a un nouveau régisseur, il n'a pas
raté la réplique..
Non, mais M. Ardot avait perdu la sienne
c
'est aujourd'hui, à deux heures, qu'a
lieu, aux Folies-Bernère, le festival
de la Chanson organisé par Comœdia.
Avant de s'y rendre en foule, nombreux
seront les spectateurs qui profiteront de
ce great event pour faire un succulent dé-
jeuner chez Lapré, rue Drouot, le moderne
Vatel, propriétaire de la cave la plus déli-
catement variée qui soit au monde.
L
a couleur de l'or.
Tout le monde est d'accord sur ce
point que, rouge ou jaune, avec ou sans
alliage, 4a couleur de l'or fait toujours plai-
sir à voir. Il en est de même pour les par-
fums sortant de chez Lalanne, 100, fau-
bourg Saint-Honoré, qui combinent les sen-
teurs les plus étrangement délicieuses avec
les couleurs tes plus variées.
NOUVELLE A LA MAIN
D
epuis les incidents de la semaine der-
nière, on n'appelle plus le foyer des
artistes de la Comédie-Française, le foyer,
rouis le salon d'attente.
LeMaaquedeVerre.
La Matinée de Gala de cedia-*
Quelques-unes de nos interprètes
1 Yvonne Dubel
2 Dumesnil
3 Marguerite Devaf
4 Simon-Girard
5 D'Elty
6 Dalbray
7 Berthe Lamare
8 Lise d'Ajac
9 Lucy dousset
10 Greuze
11 Evelyne deanney
10-Devassy
13 Lantelme
14 Lambach
15 Camille Stefanl
16 Paulette Darty
17 Rachel de Ruy
18 Deberio
M Stelly
r
20 Fagette 11
21 Yvonne Yma
22 Jane Dyt
23 Cabrielle Lange
24 Delmarès
25 Francine Lorée
28 Ferrand
27 De Bercy
28 De Sckolowsky.
29 P. de Vouzy
30 Creyval
31 Vildez
AUJOURD'HUI
A DEUX HEURES
AUX
FOLIES-BERGÈRE
En l'honneur de la Chanson Française, les plus
grands artistes de Paris interpréteront
les oeuvres des lauréats de notre
Concours de la Chanson.
C'est aujourd'hui, à deux heures
précises, aux Folies-Bergère, que Co-
mœdia offrira à ses nombreux amis sa
grande matinée de gala en l'honneur
du concours de la Chanson qu'il avait
organisé dans les brillantes conditions
que l'on sait.
A cette solennité, il fallait des ar-
tistes nombreux; les plus aimés parmi
ceux que Paris applaudit, vinrent à Co-
mœdia, spontanément, lui offrir le con-
cours de leur nom et de leur talent. Et
ce fut, pour notre journal, unë'Jûie or-
I gueilleuse de composer, avec ces ap-
puis considérables, un programme
dont l'éclectisme artistique prouve bien
les sympathies sans nombre qu'il sut
se créer dans tous les milieux: de l'O-
péra au café-concert inclusivement.
Toutes ces femmes de talent, dont
le portrait encadre notre article (Co-
mœdia, demain, publiera celui des ar-
tistes hommes), toutes ces vedettes, nos
amis les entendront aujourd'hui.
Les Artistes
Mlles Yvonne Dubel, Agnès Borgo,
Marguerite d'Elty; MM. Melchissédec,
! Nuibo, Ray, de l'Opéra (piano Pleyel).
Mlles Lise d'Ajac, Dumesnil, M.
O'Sullivan, de Sokolowsky, de I'Opéra-
Comique; Palasava; des Concerts Co-
lonne; Germaine Dalbray, de la Mon-
naie.
Mmes Simon - Girard, Lantelme,
Marguerite Deval, Mariette Sully, An-
na Thibaud, Paulette de Vouzy, Rose
Ferrand, de la Gaîté, du Châtelet, des
Variétés, des Nouveautés.
MM. Xavier Privas, Vincent Hyspa.
Jules Moy, Lemercier, Battaille, Tour-
tal, de Bercy, Gaston Perducet, Del-
phin, et Mmes Francine Lorée, Rachel
de Ruy, Anne de Bercy, Gaston-Per-
ducet, Marguerite Greyval, Lucy De,
reymon, Lucy Rhéa, des cabarets ai.
tistiques.
MM. Polin, Vilbert Tacquêt., Fré
jol, Lejal, Sadi-Pety, Abeilard, Fopîno
Mmes Camille Stéfani, Marie Stel
ly, Yvonne Yma, Carmen Vildez, Fa-
gette, Delmarès, Jeanne Dyt, Gabrielle
Lange, des principaux concerts.
Le prix des places
Avant-scènes, 60 francs: loges de
rez-de-chaussée, 10 francs (détaillé);
loges de balcon, 6 francs (détaillé) ;
fauteuils d'orchestre, 5 francs; fau-
teuils de balcon (face), 4 francs; fau-
teuils de balcon (côté), 3 francs; stal-
les d'orchestre, 3 francs. Entrées:
pourtour, 2 francs.
Ouverture des bureaux à J h. 30. Ri-
deau à 2 heures.
Une lettre
Dans le monde artistique, les en-
thousiasmes sont grands, et les bonnes
volontés s'affirment de telle façon que
les exemples viennent de haut.
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