Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-03-09
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 mars 1908 09 mars 1908
Description : 1908/03/09 (A2,N161). 1908/03/09 (A2,N161).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76465454
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2e Annëe. Ho 161 (Quot14fea) 't. - - -ftIJllÎJI6.:
-- - - - - tuwùmot*: f
Lundi 9 Mars 1908.
COMŒDIA
Rédacteur en Chef : G» de PAWLOWSKI
,'i!S V
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 mois
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Etranger. 40 » 20 »
REDACTION & ADMINISTRATION:
?7, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA>PARf$
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MCiS
Paris et Départements. 24 fr. 12 fr.
Étranger. - , 40 » 20 P,
Le Secrétaire
Les secrétaires de théâtres — à de très
ares exceptions — sont de charmants
Suçons ; celui de Bouzu était délicieux.
Très Tout-Paris et très pince-sans-rire,
il avait un chic tout spécial pour enve-
lopper ses regrets (au nombre de mille),
usîller le raseur, et débiner gentiment
e Patron à ceux qui le demandaient,
rOur" les débiner ensuite au patron avec
a même gentillesse. Indépendamment de
ses fonctions décoratives, il était chargé
e maintenir des relations cordiales en-
son directeur et la presse; ce qui
jetait pas le plus réjouissant de sa mis-
sion.
Lorsqu'il parlait des « journalistes »,
ouzu, les yeux écarquillés, souriait à
dents serrées, indiquant par cette mimi-
qlle, que, s'il en tenait un, il passerait
J111 mauvais quart d'heure! Notez que,
lorsqu'il en rencontrait un, c'était l'é-
chiné courbée et la bouche en cœur qu'il
111 parlait. Mais il se croyait en butte
aux machinations les plus perfides de la
Presse. Pour lui, tout éloge cachait une
csserie ; la moindre critique devenait
~e injure personnelle. On lui en vou-
lait — il ne savait pas au juste pourquoi
-- mais on lui en voulait. Et, quand une
des pièces tripatouillées qu'il produisait
*\e réussissait pas, il en attribuait invt
pablement la faute à ces « sales journa-
Istes » !
Au lendemain de la première de Meur-
ault, assez fraîchement accueillie d'ail-
eufs, Bouzu, hors de lui, avait déclaré à
? secrétaire qu'il allait envoyer une
let tapée à la crifcque, iui dire son
aIt, et montrer qu'il se fichait pas
Mal d'elle!
, -- Excellente idée, mon cher direc-
eUr, répondit André Lafeuille — c'était
son Pseudonyme — vous allez la com-
bler d'aise, lui montrer que vous ragez,
que ses articles portent et que vous vous
sentez touché.
à SOit! Je n'enverrai pas de lettre ; mais,
Partir d'aujourd'hui, je ne signe plus
de traités, je n'envoie plus de services
a ux journaux, je ne convoque plus la
flhque! Vous pouvez le dire et faire
Passer des notes en ce sens.
Rien eotendu, T JLaÊeuille ne Rt rien
passer du tout. te fcmfcmam, par tm de
f, es revirements brusques que l'on ne voit
r 8 seulement sur la scène, mais aussi
chez les directeurs, Bouzu annonçait son
intention d'envoyer des échos aux cour-
rièristes « pour guérir, disait-il, par la
PreSse' le mal que la presse lui avait
fau}) : Similia similibus.!
'f: - Parfait ! mon cher directeur.
Comme ,lorsqu'une pièce marche bien,
on n' envoie pas d'échos, vous voulez
loyalement annoncer que ça ne va pas?
Je vous reconnais bien là!
– Monsieur Lafeuille, ce n'est pas
d'aujourd'hui que je sens en vous une
pOurde hostilité; du reste, n'êtes-vous
as aussi un journaliste?
secrétaire en souriant; j'y mets tout mon
bnIOur-propre !
– C'est bien, monsieur, j'enverrai
ij.J rr jfteme les échos !
Bientôt , les lecteurs des grands quo-
tid tens apprirent avec une indifférence
touchante que le seul, le vrai, le grand pu-
blic avait fait un accueil enthousiaste à
la Ce de Meursault, que les feuilles de
location étaient pleines pour plusieurs
semaines et que l'on ouvrait un troi-
sième bureau. Puis, ce fut un relevé
comparatif des recettes, où les chiffres
prenaient une éloquence toute parlemen-
taire - on avait toujours refusé cinq
cents personnes la veille! Enfin, la pièce
répétée en double et en triple marchait
cément vers la centième.
Ce traitement homéopathique ne pro-
duisit rependant qu'pn très médiocre ef-
fet n n y avait plus que Bouzu pour se
dans , rendre à ce cliché de réclame,
dans lequel ma concierge elle-même ne
coupe plus, et dont il collectionnait soi-
gnesement les coupures. Aussi, peu à
peu aux !Odomontades des premiers
jours succéda une inquiétude vague que
vint préciser un abaissement des re-
S',,n ouvrit à son secrétaire.
– La pièce de Meursault ne part pas.
jUne pièce sûre pour mon public et dont
j'avais garanti cent représentations! Al-
lez donc nier, après ça, qu'ils ne s'en-
tendent pas tous pour l'étouffer?. Je
vais faire placarder sur les murs des af-
Il. es ill strées, sextuple colombier,
evec en gros caractères, immense suc-
ces, et nous verrons bien!
cher d' ors, vous tenez absolument, mon
cher Ilirecteur, à faire savoir à tout Paris
que vous rarnassez la tape?
– Monsieur Lafeuille!. s'écria Bo&
zu;mais il n'en dit pas plus, quoique la
désir blenîf ses joues et qu'un furieux
désir d'engueulade lui gonflât la gorge.
Son secretaire lui avait été présenté par
un gros cnmrr?n 3ire et puis, s'il «en-
levait » volontiers les malheureux ca-
bois,il hesitait al quand il s'agissait d'un
– Puisqu'il en est ainsi, fit-il, ne par-
lons plus fa affiches; accordez tous les
billets de faveur que l'on vous deman-
dera. M.ais ,
Mais , rnon cher directeur, Per-
sonne n'en demande! Per"
Personne n'en demandait!. Après!
l'angoissé, l'effondrement. La pièce sur
laquelle il avait tant compté, sombrait!
Dans le fauteuil directorial, Bouzu,
comme un naufragé qui se sent couler,
battait l'air de ses mains. A ses cris de
détresse — remplacés en la circonstance
par des appels électriques — le haut per-
sonnel se trouva bien vite réuni autour
de lui.
On échangea d'abord les consolations
d'usage: la saison était mauvaise; tous
les théâtres baissaient; un succès ne se
dessinait qu'à la trentième. Les gens de
ithéâtre possèdent ainsi un répertoire
complet de phrases toutes faites appro-
priées aux situations les plus diverses.
Chacun sortit ensuite sa petite proposi-
tion. Un administrateur conseilla d'en-
voyer des loges aux croupiers de cercles
et des fauteuils à demi-droit aux bureaux
de tabac. Pour Alfred, le régisseur,
mieux valait renforcer la claque, ména-
ger des manifestations dans la salle, or-
ganiser des galas.
- Ah ! clamait Bouzu découragé, si
nous avions seulement un souverain de
passage à Paris!. Pas le moindre
grand-duc, pas le moindre roi nègre,
personne ! Pas m;ême des reines de Mi-
Carême! 7
Chantrelle, vieux romantique, pensait
qu'un duel entre Bouzu et un journaliste
serait d'un bel effet. La proposition fut
écartée. Eva Ducastel tenait pour qu'on
affichât son portrait, quatre ou cinq fois
grandeur nature. On discutait les idées
les plus folles, les projets les plus sau-
grenus, comme, auprès d'un malade
désespéré, on prête attention aux bavar-
dages des bonnes femmes et des charla-
tans.
— Tout cela, mes enfants, soupirait
Bouzu, c'est du battage usé, archiusé;
ça ne prend plus! Trouvez-moi quelque
chose de neuf, de sensationnel?.
Voyons, Monsieur Lafeuille, vous qui
êtes journaliste, indiquez-nous le moyen
d'en sortir?
André Lafeuile prit gravement la tête
entre ses mains, et, après un long mo-
ment :
— Mon cher directeur, s'écria-t-il, je
crois avoir trouvé!. Si vous donniez
une bonne pièce?
Bouzu ne broncha pas. Le coup avait
porté et le secrétaire put craindrç un
instant d'être allé trop loin. Mais, sans
relever la tête, le directeur prit lente-
ment une plume et, dans le silence, on
l'entendit murmurer, tout en écrivant:
« Par suite de traités, M. Bouzu se
trouve dans la cruelle nécessité d'inter-
rompre en plein succès la belle pièce de
M Meursault, qui triomphe chaque
soir. »
Jean JULLIEN.
'Nous* publierons demain un article de,
, TRISTAN BERNARD
Le collaborateur
Je n'ai jamais compris que l'on s'étonne
du hasard gui préside au succès des pièces
nouvelles. Il est bien évident, en effet,
qu'une œuvre dramatique n'est point faite
par l'auteur seul, et que le public y colla-
bore de la façon la plus nette et la plus ef-
fective,
Il n'est point d'homme qui, dans sa jeu-
nesse, au moment de faire une démarche
importante, n'ait préparé d'avance, soigneu-
sement, pendant plusieurs jours, les mots
définitifs qu'il se proposait de dire à la per-
sonne dont dépendait sa situation ou son
bonheur. Or, une expérience constante
prouve que ce ne sont jamais ces mots pré-
parés à l'avance qui sont prononcés, et les
exigences du moment mettent en déroute
toutes les belles phrases que l'on avait ap-
prises par cœur.
Il en va de même dans l'interprétation
d'une œuvre dramatique. Il est bien cer-
tain, par exemple, que, dans le genre co-
mique, ce n'est point l'acteur qui doit rire,
mais bien le public, et qu'une interversion
de rôles est, en pareil cas, purement gro-
tesque. C'est pour cela également que cer-
tains mots, lors d'une répétitoin générale,
ont parfois une portée qu'ils n'ont pas au
cours des représentations suivantes. A la
répétition générale, ils sont, en effet, pro-
noncés dans un salon, entre amis, tandis
qu'aux représentations courantes, ils sont
dits comme ils le seraient dans le hall d'une
gare où défile le grand public.
Cela est si vrai qu'on en vient à se de-
mander si les auteurs ne devraient pas fi-
nir leurs pièces au cours des représenta-
tions, et modifier progressivement tel acte
ou telle scène, suivant les indications de
leur grand - collaborateur, c'est-à-dire du
public.
Dans bien des cas, les directeurs de théâ-
tres pourraient même annoncer ces modifia
cations, surtout lorsqu'il s'agit de pièces à
compartimsnts facilement transformables,
telles que Sherlock Holmes par exemple, et
il est très certain que le public ainsi tenté
par des nouveautés introduites dans une
pièce qui lui plut, reviendrait sans cesse
et prolongerait indéfiniment son succès.
Pour des œuvres de pure comédie, ces mo-
difications soumises au vrai public de tous
les jours, feraient ,petit à petit, de la pièce
un véritable chef-d'œuvre populaire, assuré
peut-être, au cours des ans, d'un inébran-
lable succès.
G. DE PAWLOWSKÏ
dt» J
Échos
Ce soir, à huit heures et demie, au Théâ-
tre Lyrique Municipal de la Gaîté, première
représentation (à ce théâtre) de La Traviata,
de Verdi.
Ce soir, à huit heures et demie, pre-
mière représentation, au théâtre Moncey,
de Messaouda, opéra-comique en un acte,
de M. G. Davin de Champclos, musique de
MM. A. de Mauprey et Maurice JacqUet.
D
ialogue des simples.
A la porte de la Renaissance, la re-
présentation va finir. Un ancien employé du
théâtre initie une nouvelle recrue aux dé-
tours du sérail.
- Alors, dit le « bleu », le patron est
brouillé avec son ami Bernstein. Il a donc
mauvais caractère?
- Oh! non, mais M. Bernstein, c'est un
homme terrible!
— Tant que ça?
— Oui, tout de suite, il est fâché!
— Et M. Bataille, est-il terrible aussi?
— Non. Lui, M. Bataille, c'est un brave
petit bougre !
Avons-nous besoin d'ajouter que ce dia-
logue savoureux est rigoureusement authen-
tique?
L
yrisme.
M. Alphonse Maturier est un poète
original. Il a glané quelques rythmes et
quelques images réellement inouïs, et il en
a composé un bref — trop bref — poème
dramatique qu'il a intitulé La Lyre Triom-
phante, « douleur » en un acte et en vers.
On y voit un poète qui-s'appelle Rodol-
phe, sa femme qui s'appelle Léa, et un doc-
teur qui s'appelle de Cesbron.
Il est impossible de résister au plaisir de
citer quelques vers, choisis tout à fait au
hasard:
LE POÈTE
Viens que je te prononce en un rythme très blond
Un mot nouveau qui veut se joindre à la mu-
[sique
De ton cœur. Il est fait de toutes les métriques.
Il est grand, il est beau, il s'élève si haut
Que je l'aime, car il est mon fils, il est beau.
Et tu prônes un grand savant qui crâne l'orgue
Et, plus loin:
Quand il scalpelérise un cadavre à la Morgue.
Je souffre d'un bonheur que je possède trop.
Il me semble souvent m'égarer en un trot
Moral, mais trop rapide, oui, hélas ! il me semble
Que la nuit, quand je dors, toute mon âme
..,..--.- - Itremble,
Et ceci se passait sous des cieux très
lointains. à Mostaganem, le 26 février
1907.
O
ccupons-nous ensemble d'Amélie!
Ils sont charmants et nous devons
les aimer. On aurait envie de les prendre
tous les deux sur un doigt comme deux in-
séparables. Ils ont eu en commun leurs pre-
miers et leurs plus grands succès. Ils ont
vécu fraternellement, lui faisant des pièces
pour son théâtre, l'autre jouant les pièces
qu'il faisait. Mais ils n'ont ni les mêmes
goûts, ni les mêmes opinions, ni le même
caractère. Après chaque pièce nouvelle, ils
se brouillaient gravement pour les motifs
les plus futiles. C'était, de part et d'autre,
une haine farouche, des lettres aux jour-
naux et l'affirmation absolue qu'il ne lui
donnerait plus jamais une pièce, qu'il ne lui
monterait plus le moindre vaudeville.
Le serment en avait été fait après La'Du-
chesse des Folies-Bergère; deux ans suivi-
rent et M. Micheau montait, aux Nouveau-
tés, La Main passe. Après La Main passe,
on redevint ennemi; M. Feydeau, un an
après, portait à M. Micheau La Puce à
l'oreille. Mais, après La Puce à l'oreille,
un dissentiment si grave s'éleva que l'au-
teur de La Dame de citez Maxim jura que
sa prochaine pièce ne serait jamais jouée
aux Nouveautés.
Et, dans quelques jours, M. Feydeau fera
représenter chez M. Micheau: Occupe-toi
d'Amélie.
Si cette histoire vous amuse!.
L
es bijoux n'ont jamais été autant à la
mode, et ils le seront toujours, car,
quand ils ne plaisent plus, Dusausoy, ex-
pert, 4, boulevard des Italiens, les rachète
toujours à leur réelle valeur. Grand choix
d'occasions. 1 1
c
eux qui s'en vont.
Nous avions annoncé, il y a quel-
ques jours, que la mère de Mme Jeanne
Granier se trouvait très gravement malade.
Malgré tous les soins qui lui furent pro-
digués, elle a succombé hier, dans l'après-
midi.
Nous adressons à la grande artiste, dans
cette douloureuse épreuve, nos respec-
tueuses et très sincères condoléances.
T
Fout homme a deux patries: la sienne.
et la France.
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plesse et de solidité sont reconnues par le
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A la Gloire de la Chanson !
Paris entendra et jugçra
jeudi prochain, aux Folies=Bergère
les chansons du Concours de Comœdia
interprêtées par les plus brillantes Etoiles
Mlle DELMARÈS
l'exquise pensionnaire de la Cigale, qui apportera.
à la matinée de Comœdia.. le précieux concours de
son étourdissante fantaisie
Encore que ce fut hier dimanche, la lo-
cation pour notre grande matinée de gala
du 12 mars, aux Folies-Bergère, s'est af-
firmée telle qu'il est nécessaire de donner
à nos lecteurs l'ultime conseil de se faire
inscrire, vite, s'ils ne veulent point avoir
l'amère désillusion de se buter à des gui-
chets auxquels on répondra : « Plus de pla-
ces assises! Nos regrets! Impossible! »
Le grand juge
Les amis de Comœdia seront, ce jour-là,
grands juges, puisqu'ils seront le public. Le
public, on le sait, en effet, sera appelé à
donner son avis dans notre concours de
chansons, ou plutôt à prononcer le verdict.
tes spectateurs de notre gala voteront et
se prononceront sur les œuvres produites.
Ils désigneront ainsi les lauréats, en toute
indépendance et accorderont la palme à
ceux qui, d'entre les bons, lui paraîtront les
meilleurs.
A côté des œuvres ainsi présentées, les
plus aimés parmi les artistes qu'affectionne
le Tout-Paris se produiront. En voici la lis-
te, Elle est longue et glorieuse
Nos artistes
Mlles Yvonne Dubel, Agnès Borgo, Mar-
guerite d'Elty ; MM. Melchissédec, Nuibo,
Ray, de l'Opéra.
Mlle Germaine Dalbray, de la Monnaie.
Lftïe d'Ajac, Dumesnil, M. O'Sullivan, de
l'Opéra-Comique; Polasava, des Concerts
Colonne.
Mmes Simon-Girard, Lantelme, Margue-
rite Deval, Mariette Sully, Anna Thibaud,
Paulette Darty, Anne Dancrey, Devassy,
Marguerite Lambach, Eveline Jeanney, Ga-
brielle Dehaye, Deberio, Lilliane Greuze,
Lucy Jousset, Paulette de Vouzy, Rose Fer-
rand, de la Gaîté, du Châtelet, des Variétés,
des Nouveautés.
MM. Xavier Privas, Vincent Hyspa, Ju-
les Moy, Lemercier, Battaille, Tourtal, de
Bercy, Gaston Perducet, Delphin, et Mmes
Francine Lorée, Rachel de Ruy, Anne de
Bercy, Gaston-Perducet, Marguerite Grey-
val, Lucy Dereymon, Lucy Rhéa, des caba-
rets artistiques.
MM. Polin, Vilbert, Jacquet, Moricey,
Ferréal, Fréjol, Lejal, Dutard, Sadi-Pety,
Abeilard, Pbpino.
Mmes Camille Staúlni, Marie Stelly,
Yvonne Yma, Carmen Vildez, Fagette, Del-
mares, Mary Perret, Jeanne Dyt, Gabrielle
Lange, Cécile Daulnay, des principaux con-
cersa. -
Le prix des places
Les prix des places pour cette matinée de
gala sont ainsi fixés : Avant-scènes, 60 fr.;
loges de rez-de-chaussée, 10 francs (dé-
taillé) ; loges de balcon, 6 francs (détaillé) ;
fauteuils d'orchestre, 5 francs; fauteuils de
balcon (face), 4 francs; fauteuils de balcon
(côté), 3 francs; stalles d'orchestre, 3 fr.
On trouve des places au bureau de loca-
tion des Folies-Bergère, sans augmentation
de prix, ainsi que dans les bureaux de no-
tre administration.
Les Peintres géants
Il est dix heures du matin. Un immense
chariot sort de la cour de l'Opéra, empor-
tant de gigantesques châssis, tendus de
toile, au dos desquels on lit les mots cour
ou jardin.
Un passant regarde, et fait le tour de la
voiture, désireux sans doute d'admirer, de
l'autre côté, sur la face de ces décors, les
M. JAMBON
Atelier Chambouleron et Mignard M. AMABLE
merveilleux palais, les paysages enchan-
teurs, qui le charmèrent aux représentations
de Faust, de Lohengrin ou de la Walkyrie.
Mais, au lieu de cela, que voit-il? Des
peintures effarantes, les unes aux tons
criards, au 4«®sia-bFutal, les autres indéci-
ses et effacées.
Des badauds s'arrêtent, comme lé pre-
mier regardent et, comme lui, semblent
éprouver une légère déception.
Un gavroche exprime l'opinion générale:
« Tiens,! v'là les retapés! »
— Mais non! lui dit un autre, tu vois
pas que ce sont les Indépendants qui se dé-
ménagent !
Et dire que c'est tout simplement,de la
peinture de théâtre, comme le dit avec dé-
dain mon ami Bleudpruce, un homme qui
s'y connaît, oui de la bonne, de la vraie
peinture de théâtre, qui, le soir, sur notre
première scène lyrique, donne aux specta-
teurs de si poétiques et puissantes illu-
sions!
C'est que « la peinture de théâtre » ne
souffre point d'être exhibée hors de son
cadre.
Pour tout dire, c'est de la peinture tru-
quée, qui ne supporte pas le plein jour.
Mais,, pour avoir ses lois à lui, ses con-
ventions, ses expédients, l'art du décor n'en
est pas moins un art difficile et charmant,
qui exige infiniment de talent.
Pour s'en convaincre, et pour en com-
prendre le mécanisme, il n'y a qu'à visiter
un atelier de décorateur.
Entrons chez l'un dé ces maîtres. Nous
nous trouvons dans un vaste hall où la lu-
mière pénètre à flots par de larges baies
vitrées.
Sur le sol, des toiles immenses sont éten-
dues, et une armée de peintres, munis de
balais au long manche, y étalent des cou-
leurs. Debout sur leur travail, ils vont et
viennent, brossant à larges gestes, puisant
de temps à autre dans la palette. Celle-ci
a des dimensions en rapport avec la sur-
face à couvrir. C'est une boîte d'environ
deux mètres, garnie d'une quantité de
grands pots renfermant toute la série des
tons.
Ce travail, exécuté par des aides ou des
élèves, a été précédé d'autres travaux pré-
paratoires, plus importants, et qu'effectue
le maître lui-même.
Ce sont tout d'abord de rapides esquisses
de chaque décor, fusains ou aquarelles, qui,
approuvées par les directeurs et les auteurs,
sont aussitôt transformées en maquettes
proportionnelles.
Sur un petit théâtre en miniature, où la
scène est réduite suivant des proportions
exactes, les rideaux, châssis, plafonds, ptaj
ticables sont figurés en carton peint, et l'on
peut ainsi juger de l'effet produit.
- Mais c'est ici; m'assure le maître qui."
veut bien m'initier au métier/c'est ici que.
commencent pour nous les tribulations. Car
chacun Tpfëténd ^bftner son avis et exigea
des modifications.
La première chanteuse, pour des raisons
connues d'elle seule, veut entrer par le côté
jardin, et réclame une porte; le régisseur,
pour des raisons qu'H est également seul
à pénétrer, insiste pour que cette porte soit
du côté cour; l'auteur a un troisième avis,
radicalement différent des deux premiers;
le ténor, lui, se juge gêné dans ses mou-
vements par une ferme indispensable, et,
sans crier gare, la déplace purement et sim-
plement; bref, tout le monde remanie à son
gré la maquette, tant et si bien qu'à la tilt
il ne reste plus qu'un amas de bouts de-
carton, et tout est à refaire.
— Supposons que vous soyez parvenu S
mettre d'accord tous les intéressés, com-
ment procédez-vous ensuite? «
— Il ne me reste plus qu'à faire copier
la maquette en l'agrandissant suivant l'é-
chelle fixée.
— Encore une question: Quel est 1er
genre de décors que vous préférez exécu-
ter? ,
— Les décors de féeries assurément»'
tout au moins ceux d'opéras, où le mer-
veilleux joue quelque rôle.
- En somme, vous, décorateurs, encoret
que votre art exige autant de talent que
celui des peintres de tableaux, sans parler de-
connaissances et d'une habileté spéciales,
vous êtes infiniment moins bien partagés
qu'eux; car vos oeuvres ne sont pas dura-
bles. Quand elles ont fait la joie de toute
une génération, elles sont usées, finies, et
de tout votre labeur que reste-t-il?
— Peu de chose: des maquettes, qui n&
sauront jamais donner qu'une bien impar-
faite idée de ce que furent, à la scène, nos
décors, sous le jeu des lumières.
— Il faut du moins se réjouir, dis-je eRI
prenant congé, du soin qu'on met à les"
conserver, ces maquettes, car elles constitue*
ront, un jour, un musée d'un intérêt ines-
timable pour l'histoire du théâtre.
P. MEALY.
Lettre de VOuVreuse
Mes enfants, poil aux dents ; j'ai manqué,
poil au nez, de vertu, poil à Ernest-Charles.
Mea culpa. Je me suis dit: pas besoin de
me patiner pour courir salle Gaveau; vu ce
temps de chien, il n'y aura pas un chat. Et
je me suis amenée rue de la Béotie, en
douce, après le concert, presque aussi en
retard que les choristes de l'Opéra dans le
défilé de Tannhœuser.
Or, je me gourais. Il y avait, pour enten-
dre le Prométhée de Reboux et Hahn, tou-
tes les belles écouteuses (et les laides aussi)
qui se pressaient mercredi au Théâtre des
Arts, avides d'applaudir l'irrésistible Rey-
naldo chanter lui-même, avec un art incom-
parable, les strophes de Vicaire disant « le
bon pavs d'Ambérieu », la chère Comté que
ne reverront plus jamais, jamais, les con-
damnés aux travaux forcés du bagne pari-
sien. Il y avait, au promenoir, le jovial
constructeur de métiers à carder, si assidu
dans les restaurants de nuit de Montmartre
que Charton l'a surnommé « le cardeur de
Rabelais »; il Y avait Maugis lui-même,
coiffé du bord-plat qu'il n'ose pas quitter,
« le chapeau de Nessus », blague Willy,
libéré; il y avait, fêtard convaincu et co-
médien charmant, le jeune Croisan, orgueil'
du Little-Palace; il y avait, aussi mûr que
son collaborateur de Chaussettes pour da-
jnes (un mûr derrière lequel il se casse
quelque chose), le Polonais Curnonskyv
tout fier d'accompagner l'accueillante An-
drée des Hartisses, dont il s'est constitué-
le chamelier servant.
Il y avait, envoyé par Fitz-Roy Farquhar,
un talentueux dessinateur du Sporting Pic.
torial; il y avait, auprès du « Vieux mar-
cheur » Manuel, cette jolie Anglaise si rfial
embouchée parce qu'elle a appris le fran-
çais dans les pièces de Bernstein, et qui
répond au nom de Maud Cambronne; il y
avait un talentueux Genevois qui m'édifia
sur le compte d'un ennemi de Comœdia, le
mômier Paul Seippel, organisateur de five
ociock pieux (des thés-Deum) et cacogra-
phe suisse generis.
Il y avait même quelques personnes ai-
mant, pour tout de bon, la Musique. Celles-
là ont applaudi, me dit-on, Prométhée avec
ferveur.
Le mois dernier, c'étaif l'anniversaire dd
la mort de Wagner, à propos de laquelle un
journal berlinois interviewa des « notabili-
tés musicales », reçut un mot charmant dei
Louise Grandjean et plusieurs « pensées »
d'hommes importants, d'une imbécillité pré-
tentieuse.
Aujourd'hui, c'est Berlioz qu'on fête.
En ces temps troublés où la mémoire de
notre Hector national subit d'assez rudes
-- - - - - tuwùmot*: f
Lundi 9 Mars 1908.
COMŒDIA
Rédacteur en Chef : G» de PAWLOWSKI
,'i!S V
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 mois
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Etranger. 40 » 20 »
REDACTION & ADMINISTRATION:
?7, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA>PARf$
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UN AN 6 MCiS
Paris et Départements. 24 fr. 12 fr.
Étranger. - , 40 » 20 P,
Le Secrétaire
Les secrétaires de théâtres — à de très
ares exceptions — sont de charmants
Suçons ; celui de Bouzu était délicieux.
Très Tout-Paris et très pince-sans-rire,
il avait un chic tout spécial pour enve-
lopper ses regrets (au nombre de mille),
usîller le raseur, et débiner gentiment
e Patron à ceux qui le demandaient,
rOur" les débiner ensuite au patron avec
a même gentillesse. Indépendamment de
ses fonctions décoratives, il était chargé
e maintenir des relations cordiales en-
son directeur et la presse; ce qui
jetait pas le plus réjouissant de sa mis-
sion.
Lorsqu'il parlait des « journalistes »,
ouzu, les yeux écarquillés, souriait à
dents serrées, indiquant par cette mimi-
qlle, que, s'il en tenait un, il passerait
J111 mauvais quart d'heure! Notez que,
lorsqu'il en rencontrait un, c'était l'é-
chiné courbée et la bouche en cœur qu'il
111 parlait. Mais il se croyait en butte
aux machinations les plus perfides de la
Presse. Pour lui, tout éloge cachait une
csserie ; la moindre critique devenait
~e injure personnelle. On lui en vou-
lait — il ne savait pas au juste pourquoi
-- mais on lui en voulait. Et, quand une
des pièces tripatouillées qu'il produisait
*\e réussissait pas, il en attribuait invt
pablement la faute à ces « sales journa-
Istes » !
Au lendemain de la première de Meur-
ault, assez fraîchement accueillie d'ail-
eufs, Bouzu, hors de lui, avait déclaré à
? secrétaire qu'il allait envoyer une
let tapée à la crifcque, iui dire son
aIt, et montrer qu'il se fichait pas
Mal d'elle!
, -- Excellente idée, mon cher direc-
eUr, répondit André Lafeuille — c'était
son Pseudonyme — vous allez la com-
bler d'aise, lui montrer que vous ragez,
que ses articles portent et que vous vous
sentez touché.
à SOit! Je n'enverrai pas de lettre ; mais,
Partir d'aujourd'hui, je ne signe plus
de traités, je n'envoie plus de services
a ux journaux, je ne convoque plus la
flhque! Vous pouvez le dire et faire
Passer des notes en ce sens.
Rien eotendu, T JLaÊeuille ne Rt rien
passer du tout. te fcmfcmam, par tm de
f, es revirements brusques que l'on ne voit
r 8 seulement sur la scène, mais aussi
chez les directeurs, Bouzu annonçait son
intention d'envoyer des échos aux cour-
rièristes « pour guérir, disait-il, par la
PreSse' le mal que la presse lui avait
fau}) : Similia similibus.!
'f: - Parfait ! mon cher directeur.
Comme ,lorsqu'une pièce marche bien,
on n' envoie pas d'échos, vous voulez
loyalement annoncer que ça ne va pas?
Je vous reconnais bien là!
– Monsieur Lafeuille, ce n'est pas
d'aujourd'hui que je sens en vous une
pOurde hostilité; du reste, n'êtes-vous
as aussi un journaliste?
secrétaire en souriant; j'y mets tout mon
bnIOur-propre !
– C'est bien, monsieur, j'enverrai
ij.J rr jfteme les échos !
Bientôt , les lecteurs des grands quo-
tid tens apprirent avec une indifférence
touchante que le seul, le vrai, le grand pu-
blic avait fait un accueil enthousiaste à
la Ce de Meursault, que les feuilles de
location étaient pleines pour plusieurs
semaines et que l'on ouvrait un troi-
sième bureau. Puis, ce fut un relevé
comparatif des recettes, où les chiffres
prenaient une éloquence toute parlemen-
taire - on avait toujours refusé cinq
cents personnes la veille! Enfin, la pièce
répétée en double et en triple marchait
cément vers la centième.
Ce traitement homéopathique ne pro-
duisit rependant qu'pn très médiocre ef-
fet n n y avait plus que Bouzu pour se
dans , rendre à ce cliché de réclame,
dans lequel ma concierge elle-même ne
coupe plus, et dont il collectionnait soi-
gnesement les coupures. Aussi, peu à
peu aux !Odomontades des premiers
jours succéda une inquiétude vague que
vint préciser un abaissement des re-
S',,n ouvrit à son secrétaire.
– La pièce de Meursault ne part pas.
jUne pièce sûre pour mon public et dont
j'avais garanti cent représentations! Al-
lez donc nier, après ça, qu'ils ne s'en-
tendent pas tous pour l'étouffer?. Je
vais faire placarder sur les murs des af-
Il. es ill strées, sextuple colombier,
evec en gros caractères, immense suc-
ces, et nous verrons bien!
cher d' ors, vous tenez absolument, mon
cher Ilirecteur, à faire savoir à tout Paris
que vous rarnassez la tape?
– Monsieur Lafeuille!. s'écria Bo&
zu;mais il n'en dit pas plus, quoique la
désir blenîf ses joues et qu'un furieux
désir d'engueulade lui gonflât la gorge.
Son secretaire lui avait été présenté par
un gros cnmrr?n 3ire et puis, s'il «en-
levait » volontiers les malheureux ca-
bois,il hesitait al quand il s'agissait d'un
– Puisqu'il en est ainsi, fit-il, ne par-
lons plus fa affiches; accordez tous les
billets de faveur que l'on vous deman-
dera. M.ais ,
Mais , rnon cher directeur, Per-
sonne n'en demande! Per"
Personne n'en demandait!. Après!
l'angoissé, l'effondrement. La pièce sur
laquelle il avait tant compté, sombrait!
Dans le fauteuil directorial, Bouzu,
comme un naufragé qui se sent couler,
battait l'air de ses mains. A ses cris de
détresse — remplacés en la circonstance
par des appels électriques — le haut per-
sonnel se trouva bien vite réuni autour
de lui.
On échangea d'abord les consolations
d'usage: la saison était mauvaise; tous
les théâtres baissaient; un succès ne se
dessinait qu'à la trentième. Les gens de
ithéâtre possèdent ainsi un répertoire
complet de phrases toutes faites appro-
priées aux situations les plus diverses.
Chacun sortit ensuite sa petite proposi-
tion. Un administrateur conseilla d'en-
voyer des loges aux croupiers de cercles
et des fauteuils à demi-droit aux bureaux
de tabac. Pour Alfred, le régisseur,
mieux valait renforcer la claque, ména-
ger des manifestations dans la salle, or-
ganiser des galas.
- Ah ! clamait Bouzu découragé, si
nous avions seulement un souverain de
passage à Paris!. Pas le moindre
grand-duc, pas le moindre roi nègre,
personne ! Pas m;ême des reines de Mi-
Carême! 7
Chantrelle, vieux romantique, pensait
qu'un duel entre Bouzu et un journaliste
serait d'un bel effet. La proposition fut
écartée. Eva Ducastel tenait pour qu'on
affichât son portrait, quatre ou cinq fois
grandeur nature. On discutait les idées
les plus folles, les projets les plus sau-
grenus, comme, auprès d'un malade
désespéré, on prête attention aux bavar-
dages des bonnes femmes et des charla-
tans.
— Tout cela, mes enfants, soupirait
Bouzu, c'est du battage usé, archiusé;
ça ne prend plus! Trouvez-moi quelque
chose de neuf, de sensationnel?.
Voyons, Monsieur Lafeuille, vous qui
êtes journaliste, indiquez-nous le moyen
d'en sortir?
André Lafeuile prit gravement la tête
entre ses mains, et, après un long mo-
ment :
— Mon cher directeur, s'écria-t-il, je
crois avoir trouvé!. Si vous donniez
une bonne pièce?
Bouzu ne broncha pas. Le coup avait
porté et le secrétaire put craindrç un
instant d'être allé trop loin. Mais, sans
relever la tête, le directeur prit lente-
ment une plume et, dans le silence, on
l'entendit murmurer, tout en écrivant:
« Par suite de traités, M. Bouzu se
trouve dans la cruelle nécessité d'inter-
rompre en plein succès la belle pièce de
M Meursault, qui triomphe chaque
soir. »
Jean JULLIEN.
'Nous* publierons demain un article de,
, TRISTAN BERNARD
Le collaborateur
Je n'ai jamais compris que l'on s'étonne
du hasard gui préside au succès des pièces
nouvelles. Il est bien évident, en effet,
qu'une œuvre dramatique n'est point faite
par l'auteur seul, et que le public y colla-
bore de la façon la plus nette et la plus ef-
fective,
Il n'est point d'homme qui, dans sa jeu-
nesse, au moment de faire une démarche
importante, n'ait préparé d'avance, soigneu-
sement, pendant plusieurs jours, les mots
définitifs qu'il se proposait de dire à la per-
sonne dont dépendait sa situation ou son
bonheur. Or, une expérience constante
prouve que ce ne sont jamais ces mots pré-
parés à l'avance qui sont prononcés, et les
exigences du moment mettent en déroute
toutes les belles phrases que l'on avait ap-
prises par cœur.
Il en va de même dans l'interprétation
d'une œuvre dramatique. Il est bien cer-
tain, par exemple, que, dans le genre co-
mique, ce n'est point l'acteur qui doit rire,
mais bien le public, et qu'une interversion
de rôles est, en pareil cas, purement gro-
tesque. C'est pour cela également que cer-
tains mots, lors d'une répétitoin générale,
ont parfois une portée qu'ils n'ont pas au
cours des représentations suivantes. A la
répétition générale, ils sont, en effet, pro-
noncés dans un salon, entre amis, tandis
qu'aux représentations courantes, ils sont
dits comme ils le seraient dans le hall d'une
gare où défile le grand public.
Cela est si vrai qu'on en vient à se de-
mander si les auteurs ne devraient pas fi-
nir leurs pièces au cours des représenta-
tions, et modifier progressivement tel acte
ou telle scène, suivant les indications de
leur grand - collaborateur, c'est-à-dire du
public.
Dans bien des cas, les directeurs de théâ-
tres pourraient même annoncer ces modifia
cations, surtout lorsqu'il s'agit de pièces à
compartimsnts facilement transformables,
telles que Sherlock Holmes par exemple, et
il est très certain que le public ainsi tenté
par des nouveautés introduites dans une
pièce qui lui plut, reviendrait sans cesse
et prolongerait indéfiniment son succès.
Pour des œuvres de pure comédie, ces mo-
difications soumises au vrai public de tous
les jours, feraient ,petit à petit, de la pièce
un véritable chef-d'œuvre populaire, assuré
peut-être, au cours des ans, d'un inébran-
lable succès.
G. DE PAWLOWSKÏ
dt» J
Échos
Ce soir, à huit heures et demie, au Théâ-
tre Lyrique Municipal de la Gaîté, première
représentation (à ce théâtre) de La Traviata,
de Verdi.
Ce soir, à huit heures et demie, pre-
mière représentation, au théâtre Moncey,
de Messaouda, opéra-comique en un acte,
de M. G. Davin de Champclos, musique de
MM. A. de Mauprey et Maurice JacqUet.
D
ialogue des simples.
A la porte de la Renaissance, la re-
présentation va finir. Un ancien employé du
théâtre initie une nouvelle recrue aux dé-
tours du sérail.
- Alors, dit le « bleu », le patron est
brouillé avec son ami Bernstein. Il a donc
mauvais caractère?
- Oh! non, mais M. Bernstein, c'est un
homme terrible!
— Tant que ça?
— Oui, tout de suite, il est fâché!
— Et M. Bataille, est-il terrible aussi?
— Non. Lui, M. Bataille, c'est un brave
petit bougre !
Avons-nous besoin d'ajouter que ce dia-
logue savoureux est rigoureusement authen-
tique?
L
yrisme.
M. Alphonse Maturier est un poète
original. Il a glané quelques rythmes et
quelques images réellement inouïs, et il en
a composé un bref — trop bref — poème
dramatique qu'il a intitulé La Lyre Triom-
phante, « douleur » en un acte et en vers.
On y voit un poète qui-s'appelle Rodol-
phe, sa femme qui s'appelle Léa, et un doc-
teur qui s'appelle de Cesbron.
Il est impossible de résister au plaisir de
citer quelques vers, choisis tout à fait au
hasard:
LE POÈTE
Viens que je te prononce en un rythme très blond
Un mot nouveau qui veut se joindre à la mu-
[sique
De ton cœur. Il est fait de toutes les métriques.
Il est grand, il est beau, il s'élève si haut
Que je l'aime, car il est mon fils, il est beau.
Et tu prônes un grand savant qui crâne l'orgue
Et, plus loin:
Quand il scalpelérise un cadavre à la Morgue.
Je souffre d'un bonheur que je possède trop.
Il me semble souvent m'égarer en un trot
Moral, mais trop rapide, oui, hélas ! il me semble
Que la nuit, quand je dors, toute mon âme
..,..--.- - Itremble,
Et ceci se passait sous des cieux très
lointains. à Mostaganem, le 26 février
1907.
O
ccupons-nous ensemble d'Amélie!
Ils sont charmants et nous devons
les aimer. On aurait envie de les prendre
tous les deux sur un doigt comme deux in-
séparables. Ils ont eu en commun leurs pre-
miers et leurs plus grands succès. Ils ont
vécu fraternellement, lui faisant des pièces
pour son théâtre, l'autre jouant les pièces
qu'il faisait. Mais ils n'ont ni les mêmes
goûts, ni les mêmes opinions, ni le même
caractère. Après chaque pièce nouvelle, ils
se brouillaient gravement pour les motifs
les plus futiles. C'était, de part et d'autre,
une haine farouche, des lettres aux jour-
naux et l'affirmation absolue qu'il ne lui
donnerait plus jamais une pièce, qu'il ne lui
monterait plus le moindre vaudeville.
Le serment en avait été fait après La'Du-
chesse des Folies-Bergère; deux ans suivi-
rent et M. Micheau montait, aux Nouveau-
tés, La Main passe. Après La Main passe,
on redevint ennemi; M. Feydeau, un an
après, portait à M. Micheau La Puce à
l'oreille. Mais, après La Puce à l'oreille,
un dissentiment si grave s'éleva que l'au-
teur de La Dame de citez Maxim jura que
sa prochaine pièce ne serait jamais jouée
aux Nouveautés.
Et, dans quelques jours, M. Feydeau fera
représenter chez M. Micheau: Occupe-toi
d'Amélie.
Si cette histoire vous amuse!.
L
es bijoux n'ont jamais été autant à la
mode, et ils le seront toujours, car,
quand ils ne plaisent plus, Dusausoy, ex-
pert, 4, boulevard des Italiens, les rachète
toujours à leur réelle valeur. Grand choix
d'occasions. 1 1
c
eux qui s'en vont.
Nous avions annoncé, il y a quel-
ques jours, que la mère de Mme Jeanne
Granier se trouvait très gravement malade.
Malgré tous les soins qui lui furent pro-
digués, elle a succombé hier, dans l'après-
midi.
Nous adressons à la grande artiste, dans
cette douloureuse épreuve, nos respec-
tueuses et très sincères condoléances.
T
Fout homme a deux patries: la sienne.
et la France.
Un chauffeur digne de ce nom n'a qu'une
voiture. une voiture Clément, dont les
merveilleuses qualités de confort, de sou-
plesse et de solidité sont reconnues par le
monde entier.
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rent, dans ses luxueux magasins du
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A la Gloire de la Chanson !
Paris entendra et jugçra
jeudi prochain, aux Folies=Bergère
les chansons du Concours de Comœdia
interprêtées par les plus brillantes Etoiles
Mlle DELMARÈS
l'exquise pensionnaire de la Cigale, qui apportera.
à la matinée de Comœdia.. le précieux concours de
son étourdissante fantaisie
Encore que ce fut hier dimanche, la lo-
cation pour notre grande matinée de gala
du 12 mars, aux Folies-Bergère, s'est af-
firmée telle qu'il est nécessaire de donner
à nos lecteurs l'ultime conseil de se faire
inscrire, vite, s'ils ne veulent point avoir
l'amère désillusion de se buter à des gui-
chets auxquels on répondra : « Plus de pla-
ces assises! Nos regrets! Impossible! »
Le grand juge
Les amis de Comœdia seront, ce jour-là,
grands juges, puisqu'ils seront le public. Le
public, on le sait, en effet, sera appelé à
donner son avis dans notre concours de
chansons, ou plutôt à prononcer le verdict.
tes spectateurs de notre gala voteront et
se prononceront sur les œuvres produites.
Ils désigneront ainsi les lauréats, en toute
indépendance et accorderont la palme à
ceux qui, d'entre les bons, lui paraîtront les
meilleurs.
A côté des œuvres ainsi présentées, les
plus aimés parmi les artistes qu'affectionne
le Tout-Paris se produiront. En voici la lis-
te, Elle est longue et glorieuse
Nos artistes
Mlles Yvonne Dubel, Agnès Borgo, Mar-
guerite d'Elty ; MM. Melchissédec, Nuibo,
Ray, de l'Opéra.
Mlle Germaine Dalbray, de la Monnaie.
Lftïe d'Ajac, Dumesnil, M. O'Sullivan, de
l'Opéra-Comique; Polasava, des Concerts
Colonne.
Mmes Simon-Girard, Lantelme, Margue-
rite Deval, Mariette Sully, Anna Thibaud,
Paulette Darty, Anne Dancrey, Devassy,
Marguerite Lambach, Eveline Jeanney, Ga-
brielle Dehaye, Deberio, Lilliane Greuze,
Lucy Jousset, Paulette de Vouzy, Rose Fer-
rand, de la Gaîté, du Châtelet, des Variétés,
des Nouveautés.
MM. Xavier Privas, Vincent Hyspa, Ju-
les Moy, Lemercier, Battaille, Tourtal, de
Bercy, Gaston Perducet, Delphin, et Mmes
Francine Lorée, Rachel de Ruy, Anne de
Bercy, Gaston-Perducet, Marguerite Grey-
val, Lucy Dereymon, Lucy Rhéa, des caba-
rets artistiques.
MM. Polin, Vilbert, Jacquet, Moricey,
Ferréal, Fréjol, Lejal, Dutard, Sadi-Pety,
Abeilard, Pbpino.
Mmes Camille Staúlni, Marie Stelly,
Yvonne Yma, Carmen Vildez, Fagette, Del-
mares, Mary Perret, Jeanne Dyt, Gabrielle
Lange, Cécile Daulnay, des principaux con-
cersa. -
Le prix des places
Les prix des places pour cette matinée de
gala sont ainsi fixés : Avant-scènes, 60 fr.;
loges de rez-de-chaussée, 10 francs (dé-
taillé) ; loges de balcon, 6 francs (détaillé) ;
fauteuils d'orchestre, 5 francs; fauteuils de
balcon (face), 4 francs; fauteuils de balcon
(côté), 3 francs; stalles d'orchestre, 3 fr.
On trouve des places au bureau de loca-
tion des Folies-Bergère, sans augmentation
de prix, ainsi que dans les bureaux de no-
tre administration.
Les Peintres géants
Il est dix heures du matin. Un immense
chariot sort de la cour de l'Opéra, empor-
tant de gigantesques châssis, tendus de
toile, au dos desquels on lit les mots cour
ou jardin.
Un passant regarde, et fait le tour de la
voiture, désireux sans doute d'admirer, de
l'autre côté, sur la face de ces décors, les
M. JAMBON
Atelier Chambouleron et Mignard M. AMABLE
merveilleux palais, les paysages enchan-
teurs, qui le charmèrent aux représentations
de Faust, de Lohengrin ou de la Walkyrie.
Mais, au lieu de cela, que voit-il? Des
peintures effarantes, les unes aux tons
criards, au 4«®sia-bFutal, les autres indéci-
ses et effacées.
Des badauds s'arrêtent, comme lé pre-
mier regardent et, comme lui, semblent
éprouver une légère déception.
Un gavroche exprime l'opinion générale:
« Tiens,! v'là les retapés! »
— Mais non! lui dit un autre, tu vois
pas que ce sont les Indépendants qui se dé-
ménagent !
Et dire que c'est tout simplement,de la
peinture de théâtre, comme le dit avec dé-
dain mon ami Bleudpruce, un homme qui
s'y connaît, oui de la bonne, de la vraie
peinture de théâtre, qui, le soir, sur notre
première scène lyrique, donne aux specta-
teurs de si poétiques et puissantes illu-
sions!
C'est que « la peinture de théâtre » ne
souffre point d'être exhibée hors de son
cadre.
Pour tout dire, c'est de la peinture tru-
quée, qui ne supporte pas le plein jour.
Mais,, pour avoir ses lois à lui, ses con-
ventions, ses expédients, l'art du décor n'en
est pas moins un art difficile et charmant,
qui exige infiniment de talent.
Pour s'en convaincre, et pour en com-
prendre le mécanisme, il n'y a qu'à visiter
un atelier de décorateur.
Entrons chez l'un dé ces maîtres. Nous
nous trouvons dans un vaste hall où la lu-
mière pénètre à flots par de larges baies
vitrées.
Sur le sol, des toiles immenses sont éten-
dues, et une armée de peintres, munis de
balais au long manche, y étalent des cou-
leurs. Debout sur leur travail, ils vont et
viennent, brossant à larges gestes, puisant
de temps à autre dans la palette. Celle-ci
a des dimensions en rapport avec la sur-
face à couvrir. C'est une boîte d'environ
deux mètres, garnie d'une quantité de
grands pots renfermant toute la série des
tons.
Ce travail, exécuté par des aides ou des
élèves, a été précédé d'autres travaux pré-
paratoires, plus importants, et qu'effectue
le maître lui-même.
Ce sont tout d'abord de rapides esquisses
de chaque décor, fusains ou aquarelles, qui,
approuvées par les directeurs et les auteurs,
sont aussitôt transformées en maquettes
proportionnelles.
Sur un petit théâtre en miniature, où la
scène est réduite suivant des proportions
exactes, les rideaux, châssis, plafonds, ptaj
ticables sont figurés en carton peint, et l'on
peut ainsi juger de l'effet produit.
- Mais c'est ici; m'assure le maître qui."
veut bien m'initier au métier/c'est ici que.
commencent pour nous les tribulations. Car
chacun Tpfëténd ^bftner son avis et exigea
des modifications.
La première chanteuse, pour des raisons
connues d'elle seule, veut entrer par le côté
jardin, et réclame une porte; le régisseur,
pour des raisons qu'H est également seul
à pénétrer, insiste pour que cette porte soit
du côté cour; l'auteur a un troisième avis,
radicalement différent des deux premiers;
le ténor, lui, se juge gêné dans ses mou-
vements par une ferme indispensable, et,
sans crier gare, la déplace purement et sim-
plement; bref, tout le monde remanie à son
gré la maquette, tant et si bien qu'à la tilt
il ne reste plus qu'un amas de bouts de-
carton, et tout est à refaire.
— Supposons que vous soyez parvenu S
mettre d'accord tous les intéressés, com-
ment procédez-vous ensuite? «
— Il ne me reste plus qu'à faire copier
la maquette en l'agrandissant suivant l'é-
chelle fixée.
— Encore une question: Quel est 1er
genre de décors que vous préférez exécu-
ter? ,
— Les décors de féeries assurément»'
tout au moins ceux d'opéras, où le mer-
veilleux joue quelque rôle.
- En somme, vous, décorateurs, encoret
que votre art exige autant de talent que
celui des peintres de tableaux, sans parler de-
connaissances et d'une habileté spéciales,
vous êtes infiniment moins bien partagés
qu'eux; car vos oeuvres ne sont pas dura-
bles. Quand elles ont fait la joie de toute
une génération, elles sont usées, finies, et
de tout votre labeur que reste-t-il?
— Peu de chose: des maquettes, qui n&
sauront jamais donner qu'une bien impar-
faite idée de ce que furent, à la scène, nos
décors, sous le jeu des lumières.
— Il faut du moins se réjouir, dis-je eRI
prenant congé, du soin qu'on met à les"
conserver, ces maquettes, car elles constitue*
ront, un jour, un musée d'un intérêt ines-
timable pour l'histoire du théâtre.
P. MEALY.
Lettre de VOuVreuse
Mes enfants, poil aux dents ; j'ai manqué,
poil au nez, de vertu, poil à Ernest-Charles.
Mea culpa. Je me suis dit: pas besoin de
me patiner pour courir salle Gaveau; vu ce
temps de chien, il n'y aura pas un chat. Et
je me suis amenée rue de la Béotie, en
douce, après le concert, presque aussi en
retard que les choristes de l'Opéra dans le
défilé de Tannhœuser.
Or, je me gourais. Il y avait, pour enten-
dre le Prométhée de Reboux et Hahn, tou-
tes les belles écouteuses (et les laides aussi)
qui se pressaient mercredi au Théâtre des
Arts, avides d'applaudir l'irrésistible Rey-
naldo chanter lui-même, avec un art incom-
parable, les strophes de Vicaire disant « le
bon pavs d'Ambérieu », la chère Comté que
ne reverront plus jamais, jamais, les con-
damnés aux travaux forcés du bagne pari-
sien. Il y avait, au promenoir, le jovial
constructeur de métiers à carder, si assidu
dans les restaurants de nuit de Montmartre
que Charton l'a surnommé « le cardeur de
Rabelais »; il Y avait Maugis lui-même,
coiffé du bord-plat qu'il n'ose pas quitter,
« le chapeau de Nessus », blague Willy,
libéré; il y avait, fêtard convaincu et co-
médien charmant, le jeune Croisan, orgueil'
du Little-Palace; il y avait, aussi mûr que
son collaborateur de Chaussettes pour da-
jnes (un mûr derrière lequel il se casse
quelque chose), le Polonais Curnonskyv
tout fier d'accompagner l'accueillante An-
drée des Hartisses, dont il s'est constitué-
le chamelier servant.
Il y avait, envoyé par Fitz-Roy Farquhar,
un talentueux dessinateur du Sporting Pic.
torial; il y avait, auprès du « Vieux mar-
cheur » Manuel, cette jolie Anglaise si rfial
embouchée parce qu'elle a appris le fran-
çais dans les pièces de Bernstein, et qui
répond au nom de Maud Cambronne; il y
avait un talentueux Genevois qui m'édifia
sur le compte d'un ennemi de Comœdia, le
mômier Paul Seippel, organisateur de five
ociock pieux (des thés-Deum) et cacogra-
phe suisse generis.
Il y avait même quelques personnes ai-
mant, pour tout de bon, la Musique. Celles-
là ont applaudi, me dit-on, Prométhée avec
ferveur.
Le mois dernier, c'étaif l'anniversaire dd
la mort de Wagner, à propos de laquelle un
journal berlinois interviewa des « notabili-
tés musicales », reçut un mot charmant dei
Louise Grandjean et plusieurs « pensées »
d'hommes importants, d'une imbécillité pré-
tentieuse.
Aujourd'hui, c'est Berlioz qu'on fête.
En ces temps troublés où la mémoire de
notre Hector national subit d'assez rudes
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