Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-03-01
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mars 1908 01 mars 1908
Description : 1908/03/01 (A2,N153). 1908/03/01 (A2,N153).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646537k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
** N° I53 «Àir — ,
jfrjnmem^reninmts
DImanche 1WP Mars 190&
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
HÊDACTIOff & ADMINISTRATION t
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
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TÉLÉPHONE : 288*07
Presse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
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Paris et Départements. 24 fr. 12 fr.
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Paris et Départements 24 fr, 12 ir.
Étranger., 40 D 20 »
te Chapitre
des Manteaux
t ^omœdia a mené la plus utile des
mpâgnes contre les chapeaux. Grâce à
de Journal, nous ne sommes plus obligés
e nous pencher à droite et à gauche
POur apercevoir les acteurs qui sont sur
la scène. Les femmes n'osent plus se
coiffer de feutres ou de pailles gigan-
esques. Elles savent qu'elles s'expose-
ront aux protestations de toute la salle.
£ar les spectateurs qui furent si long-
temps timides et qui se résignaient à
^templer, pendant toute une soirée,
lngénieux mélange de cheveux, de
1 ubans et de fleurs, sont devenus d'une
tolérance presque sauvage. Certains
r e supportent plus qu'une légère cou-
fine de violettes soit placée devant
5 eu/s yeux.
a .a question est donc tranchée, et nous
\Tons eu gain de cause. Le moment est
reut-être venu de tenter un nouvel ef-
!*• Depuis que je vais au théâtre, il
toujours été impossible d'entendre
fin d'une pièce. Quand le dénouement
Précise, quand le jeune premier est
e point d'obtenir la main de la jeune
Uquand le traître va recevoir le châ-
ent de ses crimes, quand le mari
ompé et jaloux sera convaincu de l'in-
Cence de son épouse, on voit se lever
(j s hommes et des femmes; les fauteuils
^cent, les strapontins claquent et des
v i*. impatientes murmurent des phrases
,0^nues :
-- Ma voilette était dans ta poche.
-- Tiens-moi mon éventail.
- Enfonce mes manches.
ta - Tu avais une épingle au revers de
n habit.
C'est le chapitre des manteaux.
Sans souci des comédiens qui s'agi-
tent sur les planches, des femmes se
PréParent, en effet, à quitter le théâtre.
es font paisiblement leur petite toi-
cette. Quelques-unes se contemplent dans
de Minuscules miroirs, comme si elles
étalent assises devant leurs coiffeuses.
Un Peu de rouge! Un peu de poudre!
fourrure! La bête! Elles peuvent
tenant braver le f r^id, -et nûbk-
fl ent, elles sortent de la salle avant la
fin de la pièce. Il ne leur importe guère
d'obliger tout un rang de spectateurs à
se lever pour les laisser passer. Dix,
vingt personnes troublent ainsi le der-
lier acte et celui qui s'aviserait de pro-
ester contre ce sans-gêne passerait pour
in grincheux ou pour un sot" Ne faut-il
incheux ou pour un Ne faut-il
pas en effet, être bien stupide pour vou-
ri>r entendre les dernières phrases
une comédie?
késignés des hommes suivent ces
femmes qui ont hâte d'être dans la rue.
que me suis souvent demandé quelle af-
faire, pressante les appelaient hors du
héâtre. Une indisposition subite les obli-
ge-elle à respirer l'air pur? Est-ce un
,.In qui les attend dans une gare loin-
,~? Le souci d'un compte rendu im-
médiat les oblige-t-il à se rendre dans
leur Journal? Non! Le plus souvent,
tous ces gens rentrent paisiblement
jHs leurs appartements après le spec-
C e et n'habitent pas la banlieue.
Il convient d'observer que ces départs
prématurés troublent aussi le commence-
ment du dernier acte. Les hommes ont
reçu la mission d'obtenir "dû - vestiaire la
restitution des manteaux. Ils reviennent
chargés de pelisses, de chapeaux, de pa-
capluies et même de snow-boots. Ils font
peine à voir. Mais, tandis qu'ils discu-
ent avec les ouvreuses, les trois coups
tja ^t frappés et le rideau est levé quand
ils centrent dans la salle, dévoués, la
nentables, grotesques. Tandis qu'ils se
glissent jusqu'à leurs compagnes, il est
rare que l'agrafe d'un collet n'accroche
pas un chignon ou que le manche re-
courbé d'un parapluie ne saisisse pas un
bras. Arrêt fatal! Murmures!
T- Faites donc attention !
– On n'est pas aussi maladroit!
La salle a pris l'aspect d'un vaste
campement de bohémiens. Il est évident
que tous ces hommes et toutes ces fem-
nes sont décidés à passer la nuit dans
es fauteuils. C'est pourquoi ils ont sur
eurs genoux ces étoffes' chaudès. 'C'est
eurs genoux ces étoffes chaudes. C'est
l'arrêt d'une troupe nomade; c'est une
réunion de vagabonds; c'est une halte
d'émigrants. ,
~~e charmante amie qui a lu ces li-
es me dit:
– Vous en parlez à votre aise. Mais
à tst-il pas naturel que nous cherchions
à éviter la cohue? Pour sortir d'une
salle de spectacle, il faut presque se bat-
tre. On se presse, on se serre, on se
pousse Si les dégagements étaient plus
targes, si les escaliers étaient moins
étroits, nous ne songerions pas à nous
~o~ avant la., chute du rideau. Et
croyez-vous qu'il soit facile de retrouver
les objets qui furent confiés au vestiaire?
*V1 0^ u ignorez donc que, pour les obtenir,
Il est nécessaire d'entrer en lutte avec
quelques dizaines de spectateurs. Si les
vestiaires étaient bien installés, qui vou-
drait, pendant le dernier acte, s'embar-
rasser de manteaux et de parapluies?
– Mais, chère amie, ne pouvez-vous
attendre pendant quelques minutes dans
la e? Laissez la foule s'écouler. Vous
vous habillerez tranquillement et vous
sortirez du théâtre sans risquer d'être
étouffée. Vous verrez les ouvreuses
étendre sur les velours les toiles grises
qui les protègent. C'est un spectacle qui
n'est pas merveilleux et qui semble bien-
tôt un peu monotone. Du moins, vous
éviterez d'être meurtrie et vous n'aurez
pas commis une impolitesse.
- Une impolitesse? Moi!
- Oui, chère amie, une impolitesse!
Vous êtes une femme d'une distinction
rare et vous avez reçu la meilleure édu-
cation dans la maison de vos parents.
Votre tenue, dans un salon, est impec-
cable. J'ai souvent admiré votre tact,
votre discrétion. Mais, dès que vous êtes
dans un endroit public, vous oubliez les
préceptes de la civilité puérile et hon-
nête. Le fait de vous coiffer de chapeaux
extravagants dans les salles de théâtre
était une impolitesse, et c'est encore une
impolitesse de sortir sans motif avant la
fin de la représentation. Vous êtes im-
polie envers les spectateurs et envers les
acteurs.
— C'est vous qui êtes impoli! ,
— Oui, chère amie, je suis impoli
comme la vérité. J'ajoute que vous avez
aussi l'habitude d'arriver quand la toile
est levée. Je sais bien qu'on dîne tard et
que le spectacle commence tôt : neuf
heures et quart!!! Mais si la toile ne se
levait qu'à dix heures, qu'à onze heures,
qu'à minuit, vous ne verriez cependant
pas le début d'une pièce. On a eu tort
de répéter que l'exactitude est la poli-
tesse des rois. C'est aussi la politesse de
tous les citoyens.
— Mais enfin, il m'est permis d'être
en retard.
— Certes! Dans ce cas, il serait poli
d'entrer tout doucement dans la salle et
de vous asseoir modestement près de la
porte, sur un strapontin, en attendant
que l'acte soit achevé. Vous ne vous y
résignez pas. Vous obligez des gens à
se lever, vous marchez sur des pieds,
vous enfoncez les chapeaux qui, der-
rière les fauteuils, sont suspendus à des
crochets de métal. Vous vous promenez
dans la salle et vous escaladez des obs-
tacles sans craindre de troubler le si-
lence. Si quelques personnes s'irritent,,
vous déclarez naïvement qu'elles man-
quent d'amabilité et de savoir-vivre.
— Oh ! que vous m'irritez ! * j
— Vous .WBBgJjguise .MitfWB.
Croyez-moi, ma chère amie, vous êtes
la sœur des petits marquis dont a ri
Molière.
- Vous êtes pédant aussi!
- Les braves gens du parterre sont
parvenus à leur imposer silence. Un
jour viendra où vous ne pourrez plus
nuire aux pièces par vos entrées tar-
dives et vos sorties prématurées. Vous
serez à votre place à l'heure fixée et
vous resterez assise bien sagement jus-
qu'à la fin de la pièce. Vous serez polie,
enfin, comme vous voulez que le soit
votre petite fille quand elle assiste, dans
un salon, à une représentation de Gui-
gnol.
NOZIÈRE.
Nous publierons demain un article de
WILLY
Le Théâtre Ubu -
Plusieurs se sonf tonnées de
me voir attribuer à l'œuvre de Jarry, Ubu-
Roi, une parenté quelconque avec une oeu-
vre de génie. Je croyais cependant m'être
expliqué à ce sujet d'une façon suffisante,.
Un très beau canard parvenu à sa pleine
maturité et primé à un concours, n'est ia-
nais qu'un canard. Un œuf d'aigle écrasé
sur un rocher peut être une chose informe
"t inutilisable; mais, pour les zoologistes,
zela n'en est pas moins un œuf d'aigle.
L'œuvre de Jarry est dans ce dernier
ras: elle s'apparente à ces idées générales
qui, souvent, n'ont pas été réalisées d'une
façon suffisante par leurs auteurs, mais qui
éveillent dans la suite des développements
inattendus.
Pour prendre des exemples récents, Ubu-
Roi appartient à la catégorie des Joseph
Prud'homme et des Jérôme Paturot, dont
la réfutation est universelle et qui, cepen-
dant, furent présentés à l'origine par leurs
créateurs d'une façon lourde et fastidieuse
à laquelle le snobisme du moment put.
seul, accorder quelque talent. Car, il faut
bien le dire une fois encore, à ce propos:
une œuvre géniale peut être présentée sans
talent, alors qu'un grand talent ne suppose
pas nécessairement du génie.
Une première confirmation de ce que
j'avançais concernant le caractère produc-
tif de l'œuvre de Jarry va nous être
donnée peut-être très prochainement par le
grand artiste qu'est Gemier et tous les amis
de l'Art l'apprendront, sans nul doute, avec
plaisir. Il s'agirait de prolonger la person-
nalité d'Ubu un peu comme le tut, jadis,
celle d'Arlequin et de Pierrot ou, a Lyon,
celle de Guignol et de Gna/ron.
Dans une série d'incarnations analogues
à celles de Môssieu Reac, en 1851, on
verrait, après Ubu-Roi, Ubu Financier.
Ubu Marié, Ubu Homme du Monde, Ubu
Général, que sais-je encore?
A la condition expresse que la chose soit
traitée en parodie, c'est-à-dire d'une façon
véritablement artistique et non point en
pièce à thèse comme une fastidieuse et inu-
tile leçon de morale, on pèut tout attendre
de cette idée, lorsqu'elle sera réalisée par
un homme tel Que Gémier.
Nous reviendrons très en détail sur ce
sujet. Il le mérite tout particulièrement.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Cet après-midi, à deux heures, au Châ-
telet, première représentation de La Revue
du Châtelet, pièce à grand spectacle en
trois actes et vingt-huit tableaux, de MM. de
Gorsse et Nanteuil, musique de M. Ma-
rius Baggers.
Ce soir, à neuf heures, au Little Palace,
première représentation deAllo !. 263-69!
revue en deux actes de MM. Willy et H.-M.
de Saint-Georges; La Petite dame du jeudi,
comédie en un acte de M. Marc Sorel; Soir
de Noël, pièce en un acte de M. Emile
Jouan, et de La Revanche de Pierrot, co-
médie en un acte de M. G. HomoHo-De-
lyos.
L
es avatars d'un rôle.
On sait que, dans La Femme nue. le
fin comédien Andreyor a caricaturé — par
un juste retour des choses d'ici-bas - de
fort plaisante façon, le caricaturiste Sem.
Or, c'était Boldini que devait tout d'a-
bord silhouetter Andreyor, qui parle italien
comme un bersagliere.
Il « culottait » le rôle depuis trois se
maines, lorsque l'auteur vint à la répétition
et trouva le personnage, ainsi conçu, trop
comique et détonnant dans l'ensemble de
l'acte.
Andreyor abandonna l'accent italien,
mais la caricature perdit tout son carac-
tère.
C'est alors que l'artiste songea à Sem,
dont il a l'allure générale et un peu le
masque.
Il essaya sa nouvelle incarnation à l'une
des répétitions suivantes; Guitry et l'au-
teur s'extasièrent. Ça y était.
Par excès de conscience, Andreyor de-
manda à Sem l'autorisation de transporter
sa personnalité sur le plateau de la Renais-
sance.
Sem accepta et envoya à l'artiste des do-
cuments : sa photographie et sa caricature
faite par lui-même.
Et voilà comment le roi de l'humour fi-
gure dans la reine des pièces.
Le personnage continue cependant à por-
ter sur l'affiche le nom de Rolsini.
LE QUATRAIN DU JOUB
LES PRÉCÉDENTS
Et le çonseU des. Dieux, touché de sa
constance, autorisa Orphée à entrer
,. dans les Enfers. >
Dans la Grande Demaure à la Vaste Toiture,
Terras donc trënéxyerr }ltfgtwnretT"Va,1 gqîs Torrf? ?
Mais souviens-toi qu'ayant tenté cette aventure,
Barrai en reste aphone et Marais en est mort !
D
usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète toujours comp-
tant : bijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison.
c
ouleur locale.
On jouait Phèdre - à Bruxelles avec
les artistes de la Comédie-Française. Le
contraire vous surprendrait. C'était un des
plus sympathiques sociétaires de la Maison
qui interprétait Thésée. Artiste conscien-
cieux, il écrivit à son directeur:
« Je tiendrais à ce que la mise en scène
fût parfaite et que vous missiez quelques
accessoires convenant à Thésée. Procurez-
vous, par exemple, .les peaux du Lion de
Némée. et celle du Minotaure.
Il y a une fortune à faire pour le four
reur qui aura ces articles en magasin.
T
uyau sensationnel.
Mais que l'intéressé .principal nous a
supplié de présenter dans l'ouate opaque de
la discrétion.
Un de nos comiques les plus célèbres du
café-concert doit, paraît-il, monter sur les
planches. d'une de nos premières scènes
subventionnées — la première peut-être.
Il y jouera dans un bénéfice —- le bé
néflce d'un artiste qui va quitter la mai
son.
Il y aura comme partenaire notre plus ta-
lentueuse et plus aimée comédienne.
Et l'auteur de la pièce sera le. le di-
recteur — son autre titre, serait trop trans-
parent — de la scène subventionnée en
question.
Attendons. -
Et il y aura du potin, dans le Landerneau
théâtral, si le tuyau ne crève pas.
L
es admirateurs et les admiratrices dt-
Massenet - font un vrai succès, et ur
succès très mente, au volume que notre
excellent collaborateur Louis Schneidei
vient de consacrer au maître sous le titre:
Massenet, l'homme et le musicien.
Notre ami Louis Schneider étudie cha-
cune des œuvres du maître, il les critiquf
de façon très compétente et documentée, i
les paillette de détails pittoresques et eu
fieux. De superbes illustrations viennen*
encore ajouter à l'intérêt de ce livre luxueu
sement édité par Carteret (ancienne maisor
Conquet, 5, rue Drouot). v
c
e n'est pas un problème que d'aller
souper après le théâtre: c'est de di
ner avant d y aller qui est dithcile, à Pans
On va, on court, on cherche. Et, ce
pendant, il est facile d'aller chez Cham
peaux. Le vieux restaurant réputé de lr
place de la Bourse a résolu le pro
blême. Il a institué, chaque soir, le dîne
des Théâtres. Le Tout-Paris (acteurs, ac
trices et gens du monde) s'y précipite. Al
lez au dîner des Théâtres, chez Champeau>
NOUVELLE A LA MAIN
- En somme, qu'est-ce que c'est qu
cette Femme nue dont on parle tant?
- Oh 1 mon cher, c'est bien simpl*
C'est un pauvre modèle qui badyne p?
avec l'amour.
Le Masaue de Verre.
THÉÂTRE NATIONAL DE L'ODÉON
RAMUNTCHO
Pièce en 5 actes et 10 tableaux de M. P. Loti, de l'Académie française
musique de M. Gabriel Pierné
SOMMAIRE
ACTE. PREMIER. - Franchita quitta jadis le
pays basque pour suivre à Paris un étranger qui
l'avait séduite. Rentrée au cher pays avec un
fils, elle a voulu qu'il ne devînt pas un étranger
comme son père, mais qu'il fût un vrai Bas-
que, un de la vieille et noble race. Il est cela,
,le vaillant Basque, un de la vieille et noble
race. Il est cela, le vaillant Ramuntcho. Il a
dix-huit ans, manie la chistera en bon pelotari,
et fait la contrebande. Il aime une enfant de
quinze ans, Gracieuse, fille de Dolorès, qui
est l'ennemie ■ de Franchita.,
ACTE II. — Dans le jardin de Gracieuse,
'es. deux amoureux se disent les choses éternel-
les des amoureux contrariés, la suave et cruel-
'e chanson de Roméo et Juliette. Sur la place
iii Jeu de Pelote, après qu'on a vu Ramuntcho
pelotari, on apprend qu'il va s'engager pour
Mlle SYLVIB
M. BERNARD
M. VARGA3
M. Alexandre
Mme Tticé COLAS
Mme Dux
M. MOSNIER
9r*nçf> pfoft,
son service militaire, et que Gracieuse lui pro-
met d'attendre le retour pour l'épouser.
ACTE III. — Dans la cidrerie, les contreban-
diers souhaitent bon départ à Ramuntcho.. Le
frère de Gracieuse l'accompagne jusqu'au jar-
din de la fillette. Il est entendu que, dans trois
ans, Ramuntcho épousera Gracieuse et que tous
deux, selon l'usage basque, iront chercher for-
tune aux Amériques.
ACTE IV. — Il est dans l'infanterie de ma-
rine, le pauvre Ramuntcho, à Madagascar. Pen-
dant ce temps, Dolorès a pu agir, pour que sa
fillê n'épousât pas un bâtard. On a mis Gra-
cieuse au couvent et elle y a prononcé des
>œux éternels. Ramuntcho revient, trouve sa
nère à l'agonie, reçoit sa confession, lui jure
ie rester Basque, un de la vieille et noble ra-
-e; mais, croyant que Gracieuse est au cou-
vent par force, il décide d'aller l'en arracher.
ACTE IV. — Au couvent d'Amerqueta, Ra-
muntcho vient avec le frère de Gracieuse. Il a
pris deux billets pour les Amériques. Il compte
M. Pierre LOTI
nlever ;sa, promise et Vemmener là-bas. Il
rouve une âme morte à son souvenir, toute à
a Vierge. Il supplie, pleure. En vain 1 Gracieu-
e, devenue^sœur Marie-Angélique, reste im-
placable. Il lui pardonne, s'agenouille, sous la
bénédiction cruelle de celle qui ne l'aime plus.
? lle: le : condùit elle-même jusqu'à la toute et le
lisse partir seul pour les Amériques,. le la-
lentable Roméo basque trahi par sa Juliette.
Au liQu de cinq actes, supposer cinq
stances. et voilà una belle et poignante
i -
cantilène des Pyrénées, à l'histoire simple,
aux sentiments forts, dont les vers rude-
ment assonancés et la musique rythmée
tragiquement feront un chef-d'œuvre po-
pulaire.
Et qu'un poète, un grand artiste en mots,
invente cette histoire, ou la ramasse, com-
me dit Gautier, du bout de son divin ar-
chet, et qu'il brode, sur ces coplas de texte
sommaire et fruste, toutes les riches va-
riations de son lyrisme, et qu'il évoque,
autour de ce thème et par ces variations,
les âmes, les corps, le pays, son ciel, ses
fleurs, l'odeur de ces fleurs, la fluidité
même de l'air où flottent ces êtres et ces
choses, et vous avez un autre chef-d'œuvre,
lequel est précisément le livre de Ra-
muntcho. -
Car le génie propre de M. Pierre Loti
(on le sait, et je ne fais que le répéter
après beaucoup d'autres) consiste dans cette
thaumaturgie spéciale qui a pour instru-
ment le verbe sorcier, exprimant plus par-
ticulièrement ce qu'il y a de moins expri-
mable, rendant sensible ce qui se tombe
pas sous les sens, donnant de la lumière
aux ténèbres et comme un corps aux souf-
fles et aux effluves.
De là vient que les pays où il nous mène
semblent souvent moins beaux quand on
les voit en réalité que dans l'ambiance où
il les transfigure parmi les halos de ses
magies. Et c'est lui pourtant qui a raison;
car ces halos qu'il fait surgir, ils existaient
vraiment autour des choses. Une fois qu'il,
nous les a montrés, on. ne peut plus ne
point les contempler, palpables.
Et de là vient aussi que les contes, con-
tés par cet enchanteur, n'ont aucun besoin
d'être compliqués en intrigues, voire en
anecdotes, ni même gros de faits. Ce qui
s'y passe, qu'importe? Ce qui est essentiel,
c'est ce qu'on y éprouve, c'est la qualité
de profondeur des sentiments, des émo-
tions, par quoi l'on y a les nerfs pincés à
vif, le cœur chaviré, le cerveau comme une
éponge lourde d'opium, de parfums, de
nostalgies et de rêves.
A cette thaumaturgie subtile, mais si
forte, du verbe écrit, fallait-il substituer
celle, puissante aussi, mais souvent com-
bien plus grossière, du théâtre, avec sa
rampe, ses herses, ses toiles, ses portants,
ses bandes de ciel, sa figuration cinéma-
tographique, ses dialogues en raccourci, sa
convention implacable; tyrannique même
chez l'ennemi de toutes les routines théâ-
trales, chez ce brave des braves qu'est
Antoine?
Certes, il le fallait, puisque ainsi l'a voulu
l'auteur de Ramuntcho, et puisque Antoine
était le seul homme capable de risquer et
de ne point rater un pareil tour de force:
retraduire scéniquement le traducteur de
l'intraduisible.
C'est bien de cela, en effet, qu'il s'agis-
sait ici, et rtion d'autre chose. Qui voudra
chercher en cette transposition d'art une
pièce ordinaire, selon telle ou telle for-
mule, sera de mauvaise foi envers elle, et
la jugera d'un point de vue qui en défor-
mera injustement la perspective esthétique.
Tout au plus aura-t-on le droit de com-
parer Ramuntcho à L'Artésienne ou à Mi-
reille. Et encore ne sera-ce point d'une
équité parfaite; car la transposition d'art
était autrement commode avec la langue
pittoresoue. plastique, de Daudet et de Mis-
traL au'avec celle d« Pierre Loti. pareille
aux robes des fées, en air tissu et couleur
du temps.
Cette fois, il faut le proclamer bien
haut, Antoine a joué la difficulté, et il
gagné la partie.
Tout ce que pouvait donner l'illusion
théâtrale, pour lutter avec le verbe illu-
sionniste du roman, il l'a fait rendre à son
métier de metteur en scène, de décorateur,
de réalisateur parlant à tous les sens de
l'auditoire et le forçant à la .foi dans le
miracle présenté
Grâce aux prestiges de Jusseaume, pein-
tre sorcier lui aussi, on était vraiment là-
bas, au pays basque. Il y a, entre autres
détails, notamment au second tableau, ser-
vant de fond au fandango qu'illuminent det
lanternes, un soir mauve qui semble déct-i
par le livre lui-même, tant il est peint (si
l'on peut dire) en vapeurs de Loti.
Et c'est partialité, au reste, de citer ce
détail spécialement. II n'y a pas un tableau
qui ne soit une évocation, en somme. La
plape d Etchezar, le jardin de Gracieuse,
le jeu de pelote, la Cidrerie, la petite ter-
rasse devant la maison de Ramuntcho, et
la salle du couvent, enfin, avec sa grande
Vierge barbare toute chasublée de raide!
étoffes, sont autant de merveilles, où les
gens sont placés en vie, et pourtant dans
du rêve, toujours comme si l'on contem-
plait des pages du livre, à travers la magie
de 1 écrivain.
Et si j'empiète de la sorte en parlant d es'
décors, et si je suis forcé d'ajouter aussi
un mot à la louange du musicien Gabriel
Pierné (sans prétendre, au reste, à iugef
son œuvre), c'est que tout cela constitue,
justement, cette extraordinaire transposition
d'art, en quoi consistait, par essence, la
tentative neuve, curieuse et belle, de mettr-
un livre de Pierre Loti à la scène.
Je n'ai pas toujours été d'accord avec
Antoine sur la' nécessité, où il se croyait,
de transformer le modeste Odéon en thécttrf
a grand spectacle. Je demandais, à cettt
transformation, l'excuse d'un texte lyriqut
exigeant de semblables et quasi folles illus-
trations. Sans ce texte, je trouvais ces illus
trations excessives, écrasantes..
Ici, ce texte lyrique existe. Il est dan*
le livre d'un grand évocateur par le ve^be.
Il en reste, dans le drame, assez de bùaf-
fées, de jets en flamme chaude, de par-
fums soudains, de mots passionnés, pro-
fonds, - obscurs par un trop-plein d'émotion
inexprimée. ",
Ressusciter, autour de ce texte (souve.
nirs du livre, échos répercutés dans le
riraome, silences même), l'atmosphère qu'a
vait si magistralement, si féenquer, lenf
créée l'i. rréisistible enchanteur, lutter conin
sa thaumaturgie en la réalisant d'une autr:
façon, sans en laisser évaporer le charme
voilà ce qu'a voulu et exécuté Antoine.
Voilà aussi (abstraction faite de toute
inutile critique purement de métier tnéJ.
tral), voilà ce qu'il faut retenir de cette
exquise soirée, joie des artistes; voilà ce
dont il convient de féliciter, de remercier
l'auteur et le directeur; voilà ce que ne
manquera point d'applaudir le public qui
aime la Doésie, le rêve et la beauté.
JSAN RICHEPIN.
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Étranger., 40 D 20 »
te Chapitre
des Manteaux
t ^omœdia a mené la plus utile des
mpâgnes contre les chapeaux. Grâce à
de Journal, nous ne sommes plus obligés
e nous pencher à droite et à gauche
POur apercevoir les acteurs qui sont sur
la scène. Les femmes n'osent plus se
coiffer de feutres ou de pailles gigan-
esques. Elles savent qu'elles s'expose-
ront aux protestations de toute la salle.
£ar les spectateurs qui furent si long-
temps timides et qui se résignaient à
^templer, pendant toute une soirée,
lngénieux mélange de cheveux, de
1 ubans et de fleurs, sont devenus d'une
tolérance presque sauvage. Certains
r e supportent plus qu'une légère cou-
fine de violettes soit placée devant
5 eu/s yeux.
a .a question est donc tranchée, et nous
\Tons eu gain de cause. Le moment est
reut-être venu de tenter un nouvel ef-
!*• Depuis que je vais au théâtre, il
toujours été impossible d'entendre
fin d'une pièce. Quand le dénouement
Précise, quand le jeune premier est
e point d'obtenir la main de la jeune
Uquand le traître va recevoir le châ-
ent de ses crimes, quand le mari
ompé et jaloux sera convaincu de l'in-
Cence de son épouse, on voit se lever
(j s hommes et des femmes; les fauteuils
^cent, les strapontins claquent et des
v i*. impatientes murmurent des phrases
,0^nues :
-- Ma voilette était dans ta poche.
-- Tiens-moi mon éventail.
- Enfonce mes manches.
ta - Tu avais une épingle au revers de
n habit.
C'est le chapitre des manteaux.
Sans souci des comédiens qui s'agi-
tent sur les planches, des femmes se
PréParent, en effet, à quitter le théâtre.
es font paisiblement leur petite toi-
cette. Quelques-unes se contemplent dans
de Minuscules miroirs, comme si elles
étalent assises devant leurs coiffeuses.
Un Peu de rouge! Un peu de poudre!
fourrure! La bête! Elles peuvent
tenant braver le f r^id, -et nûbk-
fl ent, elles sortent de la salle avant la
fin de la pièce. Il ne leur importe guère
d'obliger tout un rang de spectateurs à
se lever pour les laisser passer. Dix,
vingt personnes troublent ainsi le der-
lier acte et celui qui s'aviserait de pro-
ester contre ce sans-gêne passerait pour
in grincheux ou pour un sot" Ne faut-il
incheux ou pour un Ne faut-il
pas en effet, être bien stupide pour vou-
ri>r entendre les dernières phrases
une comédie?
késignés des hommes suivent ces
femmes qui ont hâte d'être dans la rue.
que me suis souvent demandé quelle af-
faire, pressante les appelaient hors du
héâtre. Une indisposition subite les obli-
ge-elle à respirer l'air pur? Est-ce un
,.In qui les attend dans une gare loin-
,~? Le souci d'un compte rendu im-
médiat les oblige-t-il à se rendre dans
leur Journal? Non! Le plus souvent,
tous ces gens rentrent paisiblement
jHs leurs appartements après le spec-
C e et n'habitent pas la banlieue.
Il convient d'observer que ces départs
prématurés troublent aussi le commence-
ment du dernier acte. Les hommes ont
reçu la mission d'obtenir "dû - vestiaire la
restitution des manteaux. Ils reviennent
chargés de pelisses, de chapeaux, de pa-
capluies et même de snow-boots. Ils font
peine à voir. Mais, tandis qu'ils discu-
ent avec les ouvreuses, les trois coups
tja ^t frappés et le rideau est levé quand
ils centrent dans la salle, dévoués, la
nentables, grotesques. Tandis qu'ils se
glissent jusqu'à leurs compagnes, il est
rare que l'agrafe d'un collet n'accroche
pas un chignon ou que le manche re-
courbé d'un parapluie ne saisisse pas un
bras. Arrêt fatal! Murmures!
T- Faites donc attention !
– On n'est pas aussi maladroit!
La salle a pris l'aspect d'un vaste
campement de bohémiens. Il est évident
que tous ces hommes et toutes ces fem-
nes sont décidés à passer la nuit dans
es fauteuils. C'est pourquoi ils ont sur
eurs genoux ces étoffes' chaudès. 'C'est
eurs genoux ces étoffes chaudes. C'est
l'arrêt d'une troupe nomade; c'est une
réunion de vagabonds; c'est une halte
d'émigrants. ,
~~e charmante amie qui a lu ces li-
es me dit:
– Vous en parlez à votre aise. Mais
à tst-il pas naturel que nous cherchions
à éviter la cohue? Pour sortir d'une
salle de spectacle, il faut presque se bat-
tre. On se presse, on se serre, on se
pousse Si les dégagements étaient plus
targes, si les escaliers étaient moins
étroits, nous ne songerions pas à nous
~o~ avant la., chute du rideau. Et
croyez-vous qu'il soit facile de retrouver
les objets qui furent confiés au vestiaire?
*V1 0^ u ignorez donc que, pour les obtenir,
Il est nécessaire d'entrer en lutte avec
quelques dizaines de spectateurs. Si les
vestiaires étaient bien installés, qui vou-
drait, pendant le dernier acte, s'embar-
rasser de manteaux et de parapluies?
– Mais, chère amie, ne pouvez-vous
attendre pendant quelques minutes dans
la e? Laissez la foule s'écouler. Vous
vous habillerez tranquillement et vous
sortirez du théâtre sans risquer d'être
étouffée. Vous verrez les ouvreuses
étendre sur les velours les toiles grises
qui les protègent. C'est un spectacle qui
n'est pas merveilleux et qui semble bien-
tôt un peu monotone. Du moins, vous
éviterez d'être meurtrie et vous n'aurez
pas commis une impolitesse.
- Une impolitesse? Moi!
- Oui, chère amie, une impolitesse!
Vous êtes une femme d'une distinction
rare et vous avez reçu la meilleure édu-
cation dans la maison de vos parents.
Votre tenue, dans un salon, est impec-
cable. J'ai souvent admiré votre tact,
votre discrétion. Mais, dès que vous êtes
dans un endroit public, vous oubliez les
préceptes de la civilité puérile et hon-
nête. Le fait de vous coiffer de chapeaux
extravagants dans les salles de théâtre
était une impolitesse, et c'est encore une
impolitesse de sortir sans motif avant la
fin de la représentation. Vous êtes im-
polie envers les spectateurs et envers les
acteurs.
— C'est vous qui êtes impoli! ,
— Oui, chère amie, je suis impoli
comme la vérité. J'ajoute que vous avez
aussi l'habitude d'arriver quand la toile
est levée. Je sais bien qu'on dîne tard et
que le spectacle commence tôt : neuf
heures et quart!!! Mais si la toile ne se
levait qu'à dix heures, qu'à onze heures,
qu'à minuit, vous ne verriez cependant
pas le début d'une pièce. On a eu tort
de répéter que l'exactitude est la poli-
tesse des rois. C'est aussi la politesse de
tous les citoyens.
— Mais enfin, il m'est permis d'être
en retard.
— Certes! Dans ce cas, il serait poli
d'entrer tout doucement dans la salle et
de vous asseoir modestement près de la
porte, sur un strapontin, en attendant
que l'acte soit achevé. Vous ne vous y
résignez pas. Vous obligez des gens à
se lever, vous marchez sur des pieds,
vous enfoncez les chapeaux qui, der-
rière les fauteuils, sont suspendus à des
crochets de métal. Vous vous promenez
dans la salle et vous escaladez des obs-
tacles sans craindre de troubler le si-
lence. Si quelques personnes s'irritent,,
vous déclarez naïvement qu'elles man-
quent d'amabilité et de savoir-vivre.
— Oh ! que vous m'irritez ! * j
— Vous .WBBgJjguise .MitfWB.
Croyez-moi, ma chère amie, vous êtes
la sœur des petits marquis dont a ri
Molière.
- Vous êtes pédant aussi!
- Les braves gens du parterre sont
parvenus à leur imposer silence. Un
jour viendra où vous ne pourrez plus
nuire aux pièces par vos entrées tar-
dives et vos sorties prématurées. Vous
serez à votre place à l'heure fixée et
vous resterez assise bien sagement jus-
qu'à la fin de la pièce. Vous serez polie,
enfin, comme vous voulez que le soit
votre petite fille quand elle assiste, dans
un salon, à une représentation de Gui-
gnol.
NOZIÈRE.
Nous publierons demain un article de
WILLY
Le Théâtre Ubu -
Plusieurs se sonf tonnées de
me voir attribuer à l'œuvre de Jarry, Ubu-
Roi, une parenté quelconque avec une oeu-
vre de génie. Je croyais cependant m'être
expliqué à ce sujet d'une façon suffisante,.
Un très beau canard parvenu à sa pleine
maturité et primé à un concours, n'est ia-
nais qu'un canard. Un œuf d'aigle écrasé
sur un rocher peut être une chose informe
"t inutilisable; mais, pour les zoologistes,
zela n'en est pas moins un œuf d'aigle.
L'œuvre de Jarry est dans ce dernier
ras: elle s'apparente à ces idées générales
qui, souvent, n'ont pas été réalisées d'une
façon suffisante par leurs auteurs, mais qui
éveillent dans la suite des développements
inattendus.
Pour prendre des exemples récents, Ubu-
Roi appartient à la catégorie des Joseph
Prud'homme et des Jérôme Paturot, dont
la réfutation est universelle et qui, cepen-
dant, furent présentés à l'origine par leurs
créateurs d'une façon lourde et fastidieuse
à laquelle le snobisme du moment put.
seul, accorder quelque talent. Car, il faut
bien le dire une fois encore, à ce propos:
une œuvre géniale peut être présentée sans
talent, alors qu'un grand talent ne suppose
pas nécessairement du génie.
Une première confirmation de ce que
j'avançais concernant le caractère produc-
tif de l'œuvre de Jarry va nous être
donnée peut-être très prochainement par le
grand artiste qu'est Gemier et tous les amis
de l'Art l'apprendront, sans nul doute, avec
plaisir. Il s'agirait de prolonger la person-
nalité d'Ubu un peu comme le tut, jadis,
celle d'Arlequin et de Pierrot ou, a Lyon,
celle de Guignol et de Gna/ron.
Dans une série d'incarnations analogues
à celles de Môssieu Reac, en 1851, on
verrait, après Ubu-Roi, Ubu Financier.
Ubu Marié, Ubu Homme du Monde, Ubu
Général, que sais-je encore?
A la condition expresse que la chose soit
traitée en parodie, c'est-à-dire d'une façon
véritablement artistique et non point en
pièce à thèse comme une fastidieuse et inu-
tile leçon de morale, on pèut tout attendre
de cette idée, lorsqu'elle sera réalisée par
un homme tel Que Gémier.
Nous reviendrons très en détail sur ce
sujet. Il le mérite tout particulièrement.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Cet après-midi, à deux heures, au Châ-
telet, première représentation de La Revue
du Châtelet, pièce à grand spectacle en
trois actes et vingt-huit tableaux, de MM. de
Gorsse et Nanteuil, musique de M. Ma-
rius Baggers.
Ce soir, à neuf heures, au Little Palace,
première représentation deAllo !. 263-69!
revue en deux actes de MM. Willy et H.-M.
de Saint-Georges; La Petite dame du jeudi,
comédie en un acte de M. Marc Sorel; Soir
de Noël, pièce en un acte de M. Emile
Jouan, et de La Revanche de Pierrot, co-
médie en un acte de M. G. HomoHo-De-
lyos.
L
es avatars d'un rôle.
On sait que, dans La Femme nue. le
fin comédien Andreyor a caricaturé — par
un juste retour des choses d'ici-bas - de
fort plaisante façon, le caricaturiste Sem.
Or, c'était Boldini que devait tout d'a-
bord silhouetter Andreyor, qui parle italien
comme un bersagliere.
Il « culottait » le rôle depuis trois se
maines, lorsque l'auteur vint à la répétition
et trouva le personnage, ainsi conçu, trop
comique et détonnant dans l'ensemble de
l'acte.
Andreyor abandonna l'accent italien,
mais la caricature perdit tout son carac-
tère.
C'est alors que l'artiste songea à Sem,
dont il a l'allure générale et un peu le
masque.
Il essaya sa nouvelle incarnation à l'une
des répétitions suivantes; Guitry et l'au-
teur s'extasièrent. Ça y était.
Par excès de conscience, Andreyor de-
manda à Sem l'autorisation de transporter
sa personnalité sur le plateau de la Renais-
sance.
Sem accepta et envoya à l'artiste des do-
cuments : sa photographie et sa caricature
faite par lui-même.
Et voilà comment le roi de l'humour fi-
gure dans la reine des pièces.
Le personnage continue cependant à por-
ter sur l'affiche le nom de Rolsini.
LE QUATRAIN DU JOUB
LES PRÉCÉDENTS
Et le çonseU des. Dieux, touché de sa
constance, autorisa Orphée à entrer
,. dans les Enfers. >
Dans la Grande Demaure à la Vaste Toiture,
Terras donc trënéxyerr }ltfgtwnretT"Va,1 gqîs Torrf? ?
Mais souviens-toi qu'ayant tenté cette aventure,
Barrai en reste aphone et Marais en est mort !
D
usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète toujours comp-
tant : bijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison.
c
ouleur locale.
On jouait Phèdre - à Bruxelles avec
les artistes de la Comédie-Française. Le
contraire vous surprendrait. C'était un des
plus sympathiques sociétaires de la Maison
qui interprétait Thésée. Artiste conscien-
cieux, il écrivit à son directeur:
« Je tiendrais à ce que la mise en scène
fût parfaite et que vous missiez quelques
accessoires convenant à Thésée. Procurez-
vous, par exemple, .les peaux du Lion de
Némée. et celle du Minotaure.
Il y a une fortune à faire pour le four
reur qui aura ces articles en magasin.
T
uyau sensationnel.
Mais que l'intéressé .principal nous a
supplié de présenter dans l'ouate opaque de
la discrétion.
Un de nos comiques les plus célèbres du
café-concert doit, paraît-il, monter sur les
planches. d'une de nos premières scènes
subventionnées — la première peut-être.
Il y jouera dans un bénéfice —- le bé
néflce d'un artiste qui va quitter la mai
son.
Il y aura comme partenaire notre plus ta-
lentueuse et plus aimée comédienne.
Et l'auteur de la pièce sera le. le di-
recteur — son autre titre, serait trop trans-
parent — de la scène subventionnée en
question.
Attendons. -
Et il y aura du potin, dans le Landerneau
théâtral, si le tuyau ne crève pas.
L
es admirateurs et les admiratrices dt-
Massenet - font un vrai succès, et ur
succès très mente, au volume que notre
excellent collaborateur Louis Schneidei
vient de consacrer au maître sous le titre:
Massenet, l'homme et le musicien.
Notre ami Louis Schneider étudie cha-
cune des œuvres du maître, il les critiquf
de façon très compétente et documentée, i
les paillette de détails pittoresques et eu
fieux. De superbes illustrations viennen*
encore ajouter à l'intérêt de ce livre luxueu
sement édité par Carteret (ancienne maisor
Conquet, 5, rue Drouot). v
c
e n'est pas un problème que d'aller
souper après le théâtre: c'est de di
ner avant d y aller qui est dithcile, à Pans
On va, on court, on cherche. Et, ce
pendant, il est facile d'aller chez Cham
peaux. Le vieux restaurant réputé de lr
place de la Bourse a résolu le pro
blême. Il a institué, chaque soir, le dîne
des Théâtres. Le Tout-Paris (acteurs, ac
trices et gens du monde) s'y précipite. Al
lez au dîner des Théâtres, chez Champeau>
NOUVELLE A LA MAIN
- En somme, qu'est-ce que c'est qu
cette Femme nue dont on parle tant?
- Oh 1 mon cher, c'est bien simpl*
C'est un pauvre modèle qui badyne p?
avec l'amour.
Le Masaue de Verre.
THÉÂTRE NATIONAL DE L'ODÉON
RAMUNTCHO
Pièce en 5 actes et 10 tableaux de M. P. Loti, de l'Académie française
musique de M. Gabriel Pierné
SOMMAIRE
ACTE. PREMIER. - Franchita quitta jadis le
pays basque pour suivre à Paris un étranger qui
l'avait séduite. Rentrée au cher pays avec un
fils, elle a voulu qu'il ne devînt pas un étranger
comme son père, mais qu'il fût un vrai Bas-
que, un de la vieille et noble race. Il est cela,
,le vaillant Basque, un de la vieille et noble
race. Il est cela, le vaillant Ramuntcho. Il a
dix-huit ans, manie la chistera en bon pelotari,
et fait la contrebande. Il aime une enfant de
quinze ans, Gracieuse, fille de Dolorès, qui
est l'ennemie ■ de Franchita.,
ACTE II. — Dans le jardin de Gracieuse,
'es. deux amoureux se disent les choses éternel-
les des amoureux contrariés, la suave et cruel-
'e chanson de Roméo et Juliette. Sur la place
iii Jeu de Pelote, après qu'on a vu Ramuntcho
pelotari, on apprend qu'il va s'engager pour
Mlle SYLVIB
M. BERNARD
M. VARGA3
M. Alexandre
Mme Tticé COLAS
Mme Dux
M. MOSNIER
9r*nçf> pfoft,
son service militaire, et que Gracieuse lui pro-
met d'attendre le retour pour l'épouser.
ACTE III. — Dans la cidrerie, les contreban-
diers souhaitent bon départ à Ramuntcho.. Le
frère de Gracieuse l'accompagne jusqu'au jar-
din de la fillette. Il est entendu que, dans trois
ans, Ramuntcho épousera Gracieuse et que tous
deux, selon l'usage basque, iront chercher for-
tune aux Amériques.
ACTE IV. — Il est dans l'infanterie de ma-
rine, le pauvre Ramuntcho, à Madagascar. Pen-
dant ce temps, Dolorès a pu agir, pour que sa
fillê n'épousât pas un bâtard. On a mis Gra-
cieuse au couvent et elle y a prononcé des
>œux éternels. Ramuntcho revient, trouve sa
nère à l'agonie, reçoit sa confession, lui jure
ie rester Basque, un de la vieille et noble ra-
-e; mais, croyant que Gracieuse est au cou-
vent par force, il décide d'aller l'en arracher.
ACTE IV. — Au couvent d'Amerqueta, Ra-
muntcho vient avec le frère de Gracieuse. Il a
pris deux billets pour les Amériques. Il compte
M. Pierre LOTI
nlever ;sa, promise et Vemmener là-bas. Il
rouve une âme morte à son souvenir, toute à
a Vierge. Il supplie, pleure. En vain 1 Gracieu-
e, devenue^sœur Marie-Angélique, reste im-
placable. Il lui pardonne, s'agenouille, sous la
bénédiction cruelle de celle qui ne l'aime plus.
? lle: le : condùit elle-même jusqu'à la toute et le
lisse partir seul pour les Amériques,. le la-
lentable Roméo basque trahi par sa Juliette.
Au liQu de cinq actes, supposer cinq
stances. et voilà una belle et poignante
i -
cantilène des Pyrénées, à l'histoire simple,
aux sentiments forts, dont les vers rude-
ment assonancés et la musique rythmée
tragiquement feront un chef-d'œuvre po-
pulaire.
Et qu'un poète, un grand artiste en mots,
invente cette histoire, ou la ramasse, com-
me dit Gautier, du bout de son divin ar-
chet, et qu'il brode, sur ces coplas de texte
sommaire et fruste, toutes les riches va-
riations de son lyrisme, et qu'il évoque,
autour de ce thème et par ces variations,
les âmes, les corps, le pays, son ciel, ses
fleurs, l'odeur de ces fleurs, la fluidité
même de l'air où flottent ces êtres et ces
choses, et vous avez un autre chef-d'œuvre,
lequel est précisément le livre de Ra-
muntcho. -
Car le génie propre de M. Pierre Loti
(on le sait, et je ne fais que le répéter
après beaucoup d'autres) consiste dans cette
thaumaturgie spéciale qui a pour instru-
ment le verbe sorcier, exprimant plus par-
ticulièrement ce qu'il y a de moins expri-
mable, rendant sensible ce qui se tombe
pas sous les sens, donnant de la lumière
aux ténèbres et comme un corps aux souf-
fles et aux effluves.
De là vient que les pays où il nous mène
semblent souvent moins beaux quand on
les voit en réalité que dans l'ambiance où
il les transfigure parmi les halos de ses
magies. Et c'est lui pourtant qui a raison;
car ces halos qu'il fait surgir, ils existaient
vraiment autour des choses. Une fois qu'il,
nous les a montrés, on. ne peut plus ne
point les contempler, palpables.
Et de là vient aussi que les contes, con-
tés par cet enchanteur, n'ont aucun besoin
d'être compliqués en intrigues, voire en
anecdotes, ni même gros de faits. Ce qui
s'y passe, qu'importe? Ce qui est essentiel,
c'est ce qu'on y éprouve, c'est la qualité
de profondeur des sentiments, des émo-
tions, par quoi l'on y a les nerfs pincés à
vif, le cœur chaviré, le cerveau comme une
éponge lourde d'opium, de parfums, de
nostalgies et de rêves.
A cette thaumaturgie subtile, mais si
forte, du verbe écrit, fallait-il substituer
celle, puissante aussi, mais souvent com-
bien plus grossière, du théâtre, avec sa
rampe, ses herses, ses toiles, ses portants,
ses bandes de ciel, sa figuration cinéma-
tographique, ses dialogues en raccourci, sa
convention implacable; tyrannique même
chez l'ennemi de toutes les routines théâ-
trales, chez ce brave des braves qu'est
Antoine?
Certes, il le fallait, puisque ainsi l'a voulu
l'auteur de Ramuntcho, et puisque Antoine
était le seul homme capable de risquer et
de ne point rater un pareil tour de force:
retraduire scéniquement le traducteur de
l'intraduisible.
C'est bien de cela, en effet, qu'il s'agis-
sait ici, et rtion d'autre chose. Qui voudra
chercher en cette transposition d'art une
pièce ordinaire, selon telle ou telle for-
mule, sera de mauvaise foi envers elle, et
la jugera d'un point de vue qui en défor-
mera injustement la perspective esthétique.
Tout au plus aura-t-on le droit de com-
parer Ramuntcho à L'Artésienne ou à Mi-
reille. Et encore ne sera-ce point d'une
équité parfaite; car la transposition d'art
était autrement commode avec la langue
pittoresoue. plastique, de Daudet et de Mis-
traL au'avec celle d« Pierre Loti. pareille
aux robes des fées, en air tissu et couleur
du temps.
Cette fois, il faut le proclamer bien
haut, Antoine a joué la difficulté, et il
gagné la partie.
Tout ce que pouvait donner l'illusion
théâtrale, pour lutter avec le verbe illu-
sionniste du roman, il l'a fait rendre à son
métier de metteur en scène, de décorateur,
de réalisateur parlant à tous les sens de
l'auditoire et le forçant à la .foi dans le
miracle présenté
Grâce aux prestiges de Jusseaume, pein-
tre sorcier lui aussi, on était vraiment là-
bas, au pays basque. Il y a, entre autres
détails, notamment au second tableau, ser-
vant de fond au fandango qu'illuminent det
lanternes, un soir mauve qui semble déct-i
par le livre lui-même, tant il est peint (si
l'on peut dire) en vapeurs de Loti.
Et c'est partialité, au reste, de citer ce
détail spécialement. II n'y a pas un tableau
qui ne soit une évocation, en somme. La
plape d Etchezar, le jardin de Gracieuse,
le jeu de pelote, la Cidrerie, la petite ter-
rasse devant la maison de Ramuntcho, et
la salle du couvent, enfin, avec sa grande
Vierge barbare toute chasublée de raide!
étoffes, sont autant de merveilles, où les
gens sont placés en vie, et pourtant dans
du rêve, toujours comme si l'on contem-
plait des pages du livre, à travers la magie
de 1 écrivain.
Et si j'empiète de la sorte en parlant d es'
décors, et si je suis forcé d'ajouter aussi
un mot à la louange du musicien Gabriel
Pierné (sans prétendre, au reste, à iugef
son œuvre), c'est que tout cela constitue,
justement, cette extraordinaire transposition
d'art, en quoi consistait, par essence, la
tentative neuve, curieuse et belle, de mettr-
un livre de Pierre Loti à la scène.
Je n'ai pas toujours été d'accord avec
Antoine sur la' nécessité, où il se croyait,
de transformer le modeste Odéon en thécttrf
a grand spectacle. Je demandais, à cettt
transformation, l'excuse d'un texte lyriqut
exigeant de semblables et quasi folles illus-
trations. Sans ce texte, je trouvais ces illus
trations excessives, écrasantes..
Ici, ce texte lyrique existe. Il est dan*
le livre d'un grand évocateur par le ve^be.
Il en reste, dans le drame, assez de bùaf-
fées, de jets en flamme chaude, de par-
fums soudains, de mots passionnés, pro-
fonds, - obscurs par un trop-plein d'émotion
inexprimée. ",
Ressusciter, autour de ce texte (souve.
nirs du livre, échos répercutés dans le
riraome, silences même), l'atmosphère qu'a
vait si magistralement, si féenquer, lenf
créée l'i. rréisistible enchanteur, lutter conin
sa thaumaturgie en la réalisant d'une autr:
façon, sans en laisser évaporer le charme
voilà ce qu'a voulu et exécuté Antoine.
Voilà aussi (abstraction faite de toute
inutile critique purement de métier tnéJ.
tral), voilà ce qu'il faut retenir de cette
exquise soirée, joie des artistes; voilà ce
dont il convient de féliciter, de remercier
l'auteur et le directeur; voilà ce que ne
manquera point d'applaudir le public qui
aime la Doésie, le rêve et la beauté.
JSAN RICHEPIN.
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