Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-02-27
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 février 1908 27 février 1908
Description : 1908/02/27 (A2,N150). 1908/02/27 (A2,N150).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646534b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
Année. « feT fso (Quotidien) v t# Numéro : $ centimes
,.-.-. "'-'-' -
Jeudi 27 Février 19081
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
REFACTION & ADMINISTRATION : 4
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
1 i
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA=PARIS
ABONNEMENTS : 1
UN AN 6 mots
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 s 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288 >07
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ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 D 20 V
Le Lit
de Marie=Antoinette
C'était encore à l'époque où les
Beaux-Arts n'étaient point régis par un
très aimable sous-secrétaire d'Etat et
avaient à leur tête un simple directeur
général. Pourquoi, entre les deux cent
soixante-dix-sept candidats qui préten-
daient à cet agréable sceptre, avait-on
choisi M. Frelampier pour remplacer le
surintendant défunt? Tout bonnement
Parce que M. Frelampier, ayant festoyé
avec largesse à l'époque où Il était riche,
gardait d'assez nombreux amis et
Parce que tous, parlementaires no-
toires, avaient voix prépondérante pour
le maintien ou la culbute du ministère
en exercice.
Le bon hasard veut parfois que cer-
tains fonctionnaires, ainsi nommés à la
courte paille des influences, ne fassent
Pas trop mauvaise figure dans les hauts
Postes où la faveur les installe. C'est ce
qui se produisit pour le cordial Frelam-
pier
Jusqu'au jour où ses vieux camarades
tirent de lui un grand personnage offi-
ciel, il n'était connu que par de rares et
fastueuses plaquettes sur l'art, par le
Prestige de sa belle collection, depuis
longtemps éparpillée aux feux des er,
chères et par les fantastiques ripailles au
cours desquelles notre jovial amphitryon
s était fait des amitiés solides. Mais dèF
que M. Frelampier fut pourvu, à la
grande indignation de ses deux cent
Soixante-dix-sept concurrents, le nou-
veau directeur des Beaux-Arts étonna
ses adversaires, et plus encore ses amis,
Par le zèle, la compétence, la passion in-
telligente et laborieuse qu'il montra
dans sa tâche.
Il s'était vite rendu compte que les
fusées de l'Etat, sur lesquels il régnait,
lui étaient une collection bien plus ma-
gnifique que sa propre collection, dont
Il restait inconsolable, et que les théâtres
Nationaux, dont il se voyait le sultan fla-
gorné; lui valaient des joies d'amour-
Propre. et autres bien plus exaltantes
que celles dont il se délectait à gros
Prix lorsqu'il n'était qu'un abonné sé-
rieux. Aussi. heuceux-de présider à l'a-
bat et à l'arrangement des tableaux; de
"poter tout à son aise les pièces rares
tt, précieuses, ravi d'être le maître des
Tts, des Lettres, des grâces et des plai-
SIrs, fut-il un administrateur ponctuel
tt, en plus, prémuni par son ardent bi-
belotage d'autrefois contre les super-
séries de tous les ingénieux virtuoses
U faux.
Ses rivaux jaloux en demeuraient
"iiris et ne comptaient plus que sur son
empérament folâtre pour venir en aide
à leur malveillance. Car M. Frelampier
etait incorrigible. Sous le fonction-
aire impressionnant, l'homme, beau-
COUP moins solennel, se laissait un peu
trop voir. Ce n'est pas seulement aux
'Mots qu'allaient ses caresses. Par des
lstractions qu'excusaient peut-être les
Hltiples soucis de sa charge, il confon-
aIt parfois Musées et Théâtres. Et la
jJJain officielle, qui aurait pu légitime-
ment se promener sur les hanches d'une
/Stuette de Tanagra, s'égarait parfois le
Ong des formes très frémissantes sous
e Peplum.
Après s'être tout d'abord régalé de
iniques joies subalternes, M. Frelam-
Jer ambitionna de se divertir au milieu
s plus brillantes étoiles. Désirs bien
e Ventureux! Il n'était plus jeune, son
Prit datait un peu, il ne pouvait rien
c OUr la carrière de tragédiennes ou de
rotatrices en possession de la gloire.
ç,est pourquoi, tout directeur des
beaux-Arts que fût M. Frelampier, se
^jUrtait-il parfois à quelque poli mais
&obligeant « mille regrets n.
Mais-, pour une belle comédienne dont
le était fort épris, ce refus, signifié avec
vmoues les plus gentilles, ne réussit
':~'l. surexciter davantage son désir.
ç,ea tait la grande passion, comme elle
Ord au cœur des vieillards, capable
les pousser aux pires folies.
4>sSi, malgré toutes ses dérobades, la
lieuse artiste finit-elle par s'atten-
rIr de cette imploration si touchante.
(:1} Un soir que M. Frelampier, éperdu,
çVjj n°hait à l'émouvoir par de spiri-
tes et douloureuses insistances, elle
e sentit plus le courage d'attrister
jL fois de plus le charmant homme.
ti- RIS comme elle avait autant de fantai-
esPiègle que de bonté, elle prit plai-
q\¡' à lui imposer le pittoresque caprice
lui soudain, venait d'éclore en son cer-
u de gamine adulée.
Vous dites, murmura-t-elle en se
dressant, souple et dominatrice, devant
lui, que vous êtes prêt à me donner les
grandes preuves d'amour?
Avec joie ! Toutes celles qu'il vous
ra de vouloir.
^èm les plus folles? Les plus risquées?
W celles où l'on s'exposerait à quel-
sacrifice?
- le vous répète que je suis prêt à
*°Ut .Pour vous mériter.
Mus 'v'Dilà un fier langage dont je surs
J^uiati^te que de vos plus gracieuses
adulations. Nous sommes moins, habi-
tuées à a l'héroïsme amoureux qu'à la fa-
getir galante. Comprenez bien, mon i
cher, que, fêtée comme je le suis,
n'ayant qu'à choisir entre les hommes
glorieux, richissimes, admirablement
beaux et jeunes, je ne puis être tentée
par une nouvelle aventure que si elle
m'offre- des émotions inédites. Or, si
estimable que vous soyez, vous ne dé-
passez pas en gloire les artistes célèbres
qui souhaitèrent mon amour, vous n'a-
vez pas les trésors éblouissants qui pu-
rent me fasciner à certaines heures,
vous ne possédez plus la joyeuse jeu-
nesse dont, par caprice, on se toque.
Alors, il me faut quelque chose qui me
monte la tête et que je ne puisse avoir
que par vous.
— Dites, ma très belle ! Et si c'est en
mon pouvoir, c'est fait.
— Certes oui, le plaisir que j'imagine
est en votre pouvoir, puisque vous ré-
gnez sur les palais nationaux comme sur
les théâtres, et il n'y a guère que vous
qui puissiez me passer cette fantaisie.
— Alors, elle est d'avance promise.
— Il me faut le bonheur dans le lit
de la reine de France, à Compiègne.
Trois jours plus tard, M. Frelampier,
auquel sa bonne grâce ménageait partout
des complicités silencieuses, goûtait les
plus charmantes joies dans les apparte-
ments de Compiègne aménagés pour ce
gala délicieusement intime. Quel joli
souper reflétèrent, sous les lustres, les
grandes glaces de la salle à manger! Et
comme, dans le parc, les hauts frissons
des arbres mirent, toute la nuit, un doux
accompagnement au colloque folâtre des
deux hôtes insolites!.
Magnifique ivresse qui coûta fort cher
à M. Frelampier. Croyant avoir conquis
tout son personnel par sa bienveillance,
il ne prévoyait pas l'amertume envieuse
qui jamais ne s'endort au cœur des em-
brasés sans amour. Un gardien, méprisé
de' Vénus, ne put supporter, si près de
sa solitude, le scandale de cet insolent
bonheur dans un tel décor, et se sou-
lagea par une dénonciation si précise
que l'enquête ne put rien cacher.
Au Parlement, l'opinion s'effaroucha.
Et la République, ne pouvant admettre
pareille profanation de la couche royale,
révoqua le trop galant fonctionnaire.
Mais dans la trésorerie générale, que
ses vieux camarades obtinrent pour le
reposer de ses fatigues, 11 ne regrette
pas le prix dont il paya son ébouriffant
plaisir.
D'ailleurs, ne chuchote-t-on pas que
l'adorable et fantasque comédienne, en-
orgueillie des risques si vaillamment
courus pour elle et séduite, en outre, par
la bonne grâce de M. Frelampier, vient,
parfois, ,dans son exil provincial, lui
montrer que sa conversation n'est pas
sans charme, même en un décor moins
superbement historique.
Georges LECOMTE.
Nous publierons demain un article de
FÉLIX GALIPAUX
Fleurs d'acier
Rien n'est plus curieux que le sentiment
populaire touchant les œuvres et les hom-
mes du dix-huitième siècle.
En peinture, les noms de Boucher et de
Watteau sont devenus pour beaucoup syno-
nymes de maniérisme et de mièvrerie, et il
a fallu, de nos jours, une réaction très vio-
lente dans les milieux artistiques pour
que l'on se décide à remettre en valeur
certaines toiles de ces maîtres qui consti-
tuent peut-être les pages les plus lortes de
notre histoire artistique et que l'on avait
reléguées avec dédain dans les greniers du
Louvre.
Au Théâtre-Français, il en va de même
lorsque l'on reprend une œuvre de Mari-
vaux ou de Favart. C'est une joie d'un
genre tout particulier pour les excellents
bourgeois habitués de la Maison; il leur
semble qu'ils vont à une matinée enfantine
ou à un bal blanc et leur indulgence se fait
maternelle et souriante. Evidemment, sem-
blent-ils dire, de temps à autre il taut bien
abandonner pour quelques heures les œu-
vres fortes de nos auteurs contemporains
et se distraire un peu en contemplant ces
amusettes falotes et fragiles comme des sta-
tuettes de Saxe.
Ce préjugé est, du reste, tellement en-
raciné en leur esprit, que nous ne saurions
tenter un seul instant de le combattre.
Prouver eue la force véritable d'une civi-
lisation consiste tout justement à dompter
à tel point la matière que la façade puisse
rester impassible. et souriante; prouver, au
contraire, que l'étalage constant de nos
maux et de nos plaies sociales est une mar-
que de faiblesse des plus inquiétantes, ce
serait là, pour auiourd hui, une tâche très
au-dessus de nos forces.
Qu'il me suffise seulement de rappeler
la taçon dont les hommes de ce temps ris-
quaient leur vie pour une simple plaisante-
rie, pour un sourire ou par, désœuvrement,
la manière dont les femmes surent accep-
ter, sans perdre leurs manières aisées et
leur dignité aimable, la menace la plus hor-
rible qui soit au monde, je veux dire celle
de la guillotine; qu'il me suffise, par con-
tre, d'évoquer la figure bouffonne et
prud'hommesque que feraient nos contem-
porains et nos contemporaines, nourris
d'oeuvres fortes, dans les mêmes circons-
tances, et je crois qu'à défaut d'un dévelop-
pement plus grand, on conviendra avec moi
que la manière de ce temps était la vérita-
ble manière française, qui dédaigne d'a-
vouer son courage et qui sait voiler la force
'a plus violente, parfois même la plus bru-
'ale. sous des dehors de grâce et de sim-
plicité.
G. DE TAWLO^SKI..
,
Échos
4
Ce soir, à huit heures trois quarts, à la
Renaissance, première représentation de La
Femme nue, pièce en quatre actes, de M.
Henry Bataille.
Les dames ne sont admises à l'orchestre
et au balcon que sans chapeau.
Cet après-midi, au théâtre Réjane, à deux
heures, première représentation de Revisor,
comédie en cinq actes, de Nicolas Gogol,
traduction française de M. E. Gothi.
Ce soir, aux Fantaisies-Parisiennes, pre-
mière représentation de Notre Neveu, co-
médie en un acte, de MM. Lequesne et
Guy-Serge.
Cet après-midi, à trois heures, au Théâ-
tre-Mondain, première représentation (à ce
théâtre) de Phèdre, tragédie en cinq açtes.
de J. Racine,' avec le concours de Mlles
Neith Blanc, Romano Colonna, Rowena,
Legeay, et de MM. Renoir, Soarez, Cham-
breuil et Valentin.
c
omplétons.
Ce qu'on appelle, en terme d'ate-
lier, un « mastic » a complètement défiguré
un de nos échos paru hier et intitulé: Ac-
cord partait.
Nous y relations ce fait amusant qu'un
jeune tragédien du Conservatoire, après
avoir joué au Théâtre-Français le rôle muet
de Pylade dans l'Electre de Sophocle, inter-
prétait maintenant à l'Odéon le rôle muet
de Pylade dans VElectre d'Euripide.
Après un travail suivi, peut-être ce jeune
homme arrivera-t-il à' jouer un jour, plus
tard, beaucoup plus tard, le rôle parlant de
Pylade dans l'Andromaque de Racine.
LE QUATRAIN DU JOUR
UN SOCIÉTAIRE PARLE
Quoi! Sur terre et sur mer, et de pontons en
[gares,
Emporter des costumes à nous ! IL est fou !
Des costumes à nous, craindront trop les ba-
[garres :
Tandis que ceux payés par l'Etat, ou s'en f. !
A
u Conservatoire.
Dans une classe d'opéra comique, on
répète la scène où Mireille exprime le chaste
regret de n'avoir pu offrir à Vincent qu'une
Heur 4e «
Une élève, à la mine éveillée, qui tient
le rôle de Mireille, prononce la phrase
finale:
J'aurais voulu lui donner davantage
avec une intonation faussement canaille,
qu'accentue encore un léger clin d'oeil.
Le professeur bondit: « Mireille est une
jeune fille sage. Qu'est-ce que c'est que
cette interprétation? »
Et l'élève de répondre - ingénument
cette fois: « Mais, maître, je l'ai donné
avec ma nature. »
D
usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète toujours comp-
tant : bijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison.
u
n sage.
Lorsque leur nom ne figure plus en
vedette sur les colonnes ficard, le puouc
se demande ce qu'ils sont devenus. Les uns
changent de situation, les autres voyagent
en province et à l'étranger, d'autres enfin
savent amasser quelque pécune.
Tel est le cas de M. Maréchal, ex-ténor
de l'Opéra-Comique. Les dix dernières an-
nées où il chanta à ce théâtre, il se fit une
moyenne d'une centaine de mille francs. En
homme soucieux de l'avenir, il méprisa les
restaurants à la mode, les tables de jeu, etc.
Il leur préféra le solide 3 et les valeurs
multicolores qui présentent des garanties
sérieuses.
Grâce à cet esprit d'ordre et d'économie,
M. Maréchal est aujourd'hui un important
propriétaire foncier des environs de Liège,
son pays natal. Entouré de sa femme, ha-
bile dentellière, et de son fils, il s'adonne à
l'apiculture, soigne ses tulipes sans délais-
ser sa basse-cour, et tout doucement, sans
doute, sa voix se rouille.
L
a croissant et l'étoile.
Le chef de la mission ottomane en-
voyée aux obsèques du roi Carlos a été.
égaré par sa suite lors de son passage à
Paris. Ce brave pacha vient d'être retrouvé
chez une charmante, très charmante artiste
parisienne qui l'avait reçu. à draps ou-
verts, comme dirait Willy.
Par Allah! il n'a pas eu tort de préférer
les pompes gaies aux pompes funèbres, et
je me demande si l'exemple du maharajah
de Kapurtala ne l'inciter pas à enlever l'é-
lue de son cœur.
Néanmoins, à sa place, je tremblerais
avant de rentrer à Constantinople. On n'y
badine guère avec l'amour et on y pratique
des châtiments turcs qui sont, comme vous
le savez, à faire frémir.
E
lie reparaît. --
De modestes affiches dissimulées
parmi les nombreux concerts du moment
annoncent pour samedi soir une séance don-
née par Mme Jane Maritza àvec le concours
d'autres artistes.
Qui est Mme Maritza? D'où vient-elle?
Mme Jane Maritza est tout simplement la
princesse de Broglie dont l'apparition à Pa-
ris, il y a quelque six ou huit mois, fit tant de
bruit et fut interdite par la Préfecture de
Police.
Mme Jane Maritza s'abrite maintenant
sous un pseudonyme. Mais elle est toujours
princesse de Broglie, elle chante toujours
et elle espère toujours obtenir du succès.
c
'est le restaurant Champeaux qui, en
droite ligne, reçut les formules de
Vatel, d immortelle mémoire.
C'est chez lui, place de la Bourse, que
fut fondé, il y a quelques mois, le dîner
des Théâtres. Ce dîner, chaque soir, est
très suivi. On y rencontre le Tout-Paris
des arts et du monde, et l'on y est servi, il
faut voir comme.
Dînons au dîner des Théâtres chez Cham-
peaux.
L
es vrais connaisseurs désireux de se te-
r nir au courant des choses de l'automo-
bile savent tous que la isayard-v^lément est,
, 1 de toutes les voitures, celle qui réunit les
plus grandes qualités de souplesse, de régu-
larité et d'endurance.
O
n sait qu'un envoyé du Sultan vint der-
nièrement en France pour y négocier
un emprunt de cent vingt-cinq millions.
Un de nos confrères, interviewant le mi-
nistre marocain, lui demanda à quoi son
souverain voulait employer tant d'argent!
— Il trouve, répondit-il, que ses femmes
ont les cheveux trop noirs ; las de cette cou-
leur, il désire acheter, chez le maître coif-
feur Lalanne, 100, Faubourg-Saint-Honoré,
l'essence de camomille allemande pour blon-
dir les chevelures.
L
e mobilier de l'évêque de Beauvais
vient d'être vendu-aux enchères pu-
bliques.
• La vente a produit à peine 2.600 francs.
Parmi les objets dispersés se trouvait une
superbe bicyclette La Française, dernier
modèle, qui a été adjugée à Me X., du
barreau de Rouen.
NOUVELLE A LA MAIN
D
indonnette lit l'affiche du théâtre de
l'Œuvre:
Hypatie ? ?. Ça doit être un type
qui a une maladie de foi.
Le Masque de Verre.
M. FRANCIS DE CROISSET
Prétendant au Trône d'Espagne
Pour prouver que M. 'Alfonso Sanz est
bien le frère du roi Alphonse XIII, les jour-
naux ont publié, à côté l'un de l'autre, le
Dessin OB DELOSQTJES.
-.
portrait du roi d'Espagne et de son demi-
frère. La ressemblance était frappante.
Mais si cette ressemblance suffit à éta-
blir les droits de M. Alfonso Sanz, que va
dire M. Francis de Croisset, le jeune et
brillant auteur du Bonheur, Mesdames. et
de Chérubin ?
Par ces deux spirituels dessins que M. de
Losques a bien voulu faire pour Comœdia,
nos lecteurs verront que si M. Francis de
Croisset se pose un jour en prétendant au
trône d'Espagne, sa ressemblance avec Al-
phonse XIII lui créera des partisans.
OPERAI%CO MIQUE
LA HABANERA
Drame lyrique en 3 actes, poème et musique
de M. Raoul Laparra.
GHYSLAINE :-
Drame lyrique en 1 acte, poème de MM. Guiches et
Frager, musique de M, Marcel ^Bertrand•
Au lendemain du jour où le Garde des
Sceaux (qui a plus de suite dans les idées
que M. Clemenceau) a soutenu la nécessité
de réformer l'article 310 du Code civil,
MM. Guiches, Frager et Bertrand ont voulu
placer leur mot dans la discussion. Hostile
aux arguments du sénateur Gourju, leur
Ghyslaine est en même temps une réponse
lyrique au Divorce de Paul Bourget. Répu-
diant la thèse du psychologue catholique,
les trois amis des solutions radicales ont
démontré, avec une ardeur faite pour plaire
* Mlle DEMELLIER Henri Manuel, pkot.
à M. Briand, non seulement que les répa-
ration officielles avaient du bon, mais, que
deux pouces de fer dans la poitrine du con-
joint encombrant pouvaient aider puissam-
ment au bonheur d'un nouveau ménage.
Pour ne pas faire de trop bruyante récla-
me à M. Naquet, les auteurs ont situé leur
anecdote quelques années avant la naissance
de ce législateur (vers 1135, dit la partition)
et ce sera le Pape qui jouera le rôle du pré-
sident du Tribunal civil à l'heure décisive
du renvoi « dos à dos » des époux mal as-
sortis. Mais la portée de l'aventure reste la
même.
Edelbert — le jeune Edelbert, s'il vous
plaît - seigneur gascon, est parti depuis
cinq ans pour la Croisade et a connu la clas-
sique mésaventure qui nous a fourni tant de
livrets d'opérette et laissé quelques chefs-
d'œuvre de serrurerie intime. Sa femme,
l'ardente Christiane, a quitté le domicile
conjugal depuis deux ans! A dessein d'effa-
cer à tout jamais le souvenir de cette félo-
nie, le mari vexé a fait édifier un tombeau
et graver sur la pierre mortuaire le nom de
l'infidèle. La Croisade terminée, il va réin-
tégrer son castel et se promet de recom-
mencer sa vie avec la délicieuse Ghyslaine,
jeune orpheline qui nourrit timidement le
même dessein. Mais Christiane, abandon-
née par son amant, ressent aussi vivement
que MM. Gaudin de Villaine et Delahaye
l'utilité des contrats indissolubles; elle ren-
tre au domicile légal et prétend reprendre
sa place. Pour y parvenir, elle se cache
dans son cénotaphe et terrorise la pieuse
Ghyslaine par des imprécations d'outre-
tombe, puis résolument se montre et récla-
me son époux en invoquant les lois de son
pays.
Ghyslaine, désolée, va se retirer, lors-
qu'un messager entre en brandissant un
parchemin: c'est un décret du Saint-Père
annulant le mariage d'Edelbert! 0 joie! La
divorcée malgré elle, furieuse, se jette sur
la jeune fille et veut la poignarder ; mais son
bras muliericide est saisi au vol par le mari
attentif; alors, désespérée, elle se perfore
un viscère important et meurt aussitôt. Et,
à la façon dont on se hâte de prier pour elle,
on devine que l'on ne portera pas long-
temps son deuil..
Inutile de dire avec quelle habileté de
main Gustave Guiches a su mettre en vers
adroits et en strophes d'aimable lyrisme
cette petite anecdote bien coupée pour four-
nir à un compositeur des situations et des ta-
bleaux éminemment musicables. La timide
confession de Ghyslaine au prieur, l'entrée
de Christiane brusquement mise en pré-
sence de son tombeau, le retour triomphal
des croisés, la bourrée et la farandole des
paysans en fête, le duo d'amour d'Edelbert
et Ghyslaine, la prière de la fiancée sur le
cénotaphe de la morte, la voix d'outre-
tombe, l'apparition, la suprême dispute et le
suicide, toutes ces adroites oppositions de
couleur font de cet acte rapide et médiéval
m modèle de scénario lyrique.
Le très jeune compositeur qui s'y est at-
taqué vient de réaliser une partition Qui
n'est point, adolescente! Car ce nourrisson
du Conservatoire, d'un tempérament con-
servateur, ne rêve pas de déplacer notre
horizon musical. Fidèle aux principes de
ses aînés - il est entré dans la carrière
alors que ceux-ci y sont encore ! — M. Mar-
cel Bertrand témoigne du plus touchant res-
pect à l'égard des formules théâtrales offi-
cielles. Une déclamation conventionnelle
mais point maladroite, de celles qui font les
bonnes cantates, un certain nombre d'effets
catalogués employés avec adressé, une écri-
rure qui ne manque pas d aisance, voilà plus
qu'il n'en faut pour constituer un début fort
honorable. Certains musiciens auraient pré-
féré quelques audacieuses maladresses chezt
ce pondéré compositeur de vingt-trois ans» ;
auquel ils reprochent sa tranquille sagesse
de bon élève; mais le moyen d'accorder
tous les musiciens!.
Un point — un bon point — par lequel
le jouvenceau est pourtant bien de sort siè-
cle: le souci de l'élégance harmonique dans
les détails. Il faut relire les .jolies, équivo-
ques tonales de la chanson de Ghyslaine
exposée au prélude, et la précieuse conclu-
sion de la vocalise qui l'achève lorsque la
jeune fille entre en scène; il faut saluer1
également l'aimable travail de broderie qui
enveloppe les sept couplets de la « Rondo
Henri Manwl. pbat.
Mlle Berthe LAMARE
du Rossignol », ces formules d'accompagne-
ment qui-vont du simple au composé et font
apparaître, dans l'ordre où les conçurent les
traités de contrepoint, les rythmes « fleu-
ris m des deux, des trois et des quatre con-
tre un.
J'ai vainement cherché la signification dii
grand thème (gamme montante à douze-1
huit qu'une double croche galvanise) circa-
lant du prélude à la conclusion. Il éclate
dans des circonstances si diverses, accom-
pagnant indifféremment Christiane, Ghys-
laine, Edelbert, le Prieur, les déclarations
d'amour ou de haine, qu'il est bien difficile
de l'identifier.
La seule preuve de jeunesse excessive de
! auteur réside dans l'orchestration de l'ou-
vrage, d'une naïveté assez surprenante à
une époque où tous les jeunes compositeurs
orchestrent comme autant de petits Rimskyi
L'ingénuité des'soli de violon et de violon-
celle oui enguirlandent les monologues lé-*
,.-.-. "'-'-' -
Jeudi 27 Février 19081
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Étranger. 40 D 20 V
Le Lit
de Marie=Antoinette
C'était encore à l'époque où les
Beaux-Arts n'étaient point régis par un
très aimable sous-secrétaire d'Etat et
avaient à leur tête un simple directeur
général. Pourquoi, entre les deux cent
soixante-dix-sept candidats qui préten-
daient à cet agréable sceptre, avait-on
choisi M. Frelampier pour remplacer le
surintendant défunt? Tout bonnement
Parce que M. Frelampier, ayant festoyé
avec largesse à l'époque où Il était riche,
gardait d'assez nombreux amis et
Parce que tous, parlementaires no-
toires, avaient voix prépondérante pour
le maintien ou la culbute du ministère
en exercice.
Le bon hasard veut parfois que cer-
tains fonctionnaires, ainsi nommés à la
courte paille des influences, ne fassent
Pas trop mauvaise figure dans les hauts
Postes où la faveur les installe. C'est ce
qui se produisit pour le cordial Frelam-
pier
Jusqu'au jour où ses vieux camarades
tirent de lui un grand personnage offi-
ciel, il n'était connu que par de rares et
fastueuses plaquettes sur l'art, par le
Prestige de sa belle collection, depuis
longtemps éparpillée aux feux des er,
chères et par les fantastiques ripailles au
cours desquelles notre jovial amphitryon
s était fait des amitiés solides. Mais dèF
que M. Frelampier fut pourvu, à la
grande indignation de ses deux cent
Soixante-dix-sept concurrents, le nou-
veau directeur des Beaux-Arts étonna
ses adversaires, et plus encore ses amis,
Par le zèle, la compétence, la passion in-
telligente et laborieuse qu'il montra
dans sa tâche.
Il s'était vite rendu compte que les
fusées de l'Etat, sur lesquels il régnait,
lui étaient une collection bien plus ma-
gnifique que sa propre collection, dont
Il restait inconsolable, et que les théâtres
Nationaux, dont il se voyait le sultan fla-
gorné; lui valaient des joies d'amour-
Propre. et autres bien plus exaltantes
que celles dont il se délectait à gros
Prix lorsqu'il n'était qu'un abonné sé-
rieux. Aussi. heuceux-de présider à l'a-
bat et à l'arrangement des tableaux; de
"poter tout à son aise les pièces rares
tt, précieuses, ravi d'être le maître des
Tts, des Lettres, des grâces et des plai-
SIrs, fut-il un administrateur ponctuel
tt, en plus, prémuni par son ardent bi-
belotage d'autrefois contre les super-
séries de tous les ingénieux virtuoses
U faux.
Ses rivaux jaloux en demeuraient
"iiris et ne comptaient plus que sur son
empérament folâtre pour venir en aide
à leur malveillance. Car M. Frelampier
etait incorrigible. Sous le fonction-
aire impressionnant, l'homme, beau-
COUP moins solennel, se laissait un peu
trop voir. Ce n'est pas seulement aux
'Mots qu'allaient ses caresses. Par des
lstractions qu'excusaient peut-être les
Hltiples soucis de sa charge, il confon-
aIt parfois Musées et Théâtres. Et la
jJJain officielle, qui aurait pu légitime-
ment se promener sur les hanches d'une
/Stuette de Tanagra, s'égarait parfois le
Ong des formes très frémissantes sous
e Peplum.
Après s'être tout d'abord régalé de
iniques joies subalternes, M. Frelam-
Jer ambitionna de se divertir au milieu
s plus brillantes étoiles. Désirs bien
e Ventureux! Il n'était plus jeune, son
Prit datait un peu, il ne pouvait rien
c OUr la carrière de tragédiennes ou de
rotatrices en possession de la gloire.
ç,est pourquoi, tout directeur des
beaux-Arts que fût M. Frelampier, se
^jUrtait-il parfois à quelque poli mais
&obligeant « mille regrets n.
Mais-, pour une belle comédienne dont
le était fort épris, ce refus, signifié avec
vmoues les plus gentilles, ne réussit
':~'l. surexciter davantage son désir.
ç,ea tait la grande passion, comme elle
Ord au cœur des vieillards, capable
les pousser aux pires folies.
4>sSi, malgré toutes ses dérobades, la
lieuse artiste finit-elle par s'atten-
rIr de cette imploration si touchante.
(:1} Un soir que M. Frelampier, éperdu,
çVjj n°hait à l'émouvoir par de spiri-
tes et douloureuses insistances, elle
e sentit plus le courage d'attrister
jL fois de plus le charmant homme.
ti- RIS comme elle avait autant de fantai-
esPiègle que de bonté, elle prit plai-
q\¡' à lui imposer le pittoresque caprice
lui soudain, venait d'éclore en son cer-
u de gamine adulée.
Vous dites, murmura-t-elle en se
dressant, souple et dominatrice, devant
lui, que vous êtes prêt à me donner les
grandes preuves d'amour?
Avec joie ! Toutes celles qu'il vous
ra de vouloir.
^èm les plus folles? Les plus risquées?
W celles où l'on s'exposerait à quel-
sacrifice?
- le vous répète que je suis prêt à
*°Ut .Pour vous mériter.
Mus 'v'Dilà un fier langage dont je surs
J^uiati^te que de vos plus gracieuses
adulations. Nous sommes moins, habi-
tuées à a l'héroïsme amoureux qu'à la fa-
getir galante. Comprenez bien, mon i
cher, que, fêtée comme je le suis,
n'ayant qu'à choisir entre les hommes
glorieux, richissimes, admirablement
beaux et jeunes, je ne puis être tentée
par une nouvelle aventure que si elle
m'offre- des émotions inédites. Or, si
estimable que vous soyez, vous ne dé-
passez pas en gloire les artistes célèbres
qui souhaitèrent mon amour, vous n'a-
vez pas les trésors éblouissants qui pu-
rent me fasciner à certaines heures,
vous ne possédez plus la joyeuse jeu-
nesse dont, par caprice, on se toque.
Alors, il me faut quelque chose qui me
monte la tête et que je ne puisse avoir
que par vous.
— Dites, ma très belle ! Et si c'est en
mon pouvoir, c'est fait.
— Certes oui, le plaisir que j'imagine
est en votre pouvoir, puisque vous ré-
gnez sur les palais nationaux comme sur
les théâtres, et il n'y a guère que vous
qui puissiez me passer cette fantaisie.
— Alors, elle est d'avance promise.
— Il me faut le bonheur dans le lit
de la reine de France, à Compiègne.
Trois jours plus tard, M. Frelampier,
auquel sa bonne grâce ménageait partout
des complicités silencieuses, goûtait les
plus charmantes joies dans les apparte-
ments de Compiègne aménagés pour ce
gala délicieusement intime. Quel joli
souper reflétèrent, sous les lustres, les
grandes glaces de la salle à manger! Et
comme, dans le parc, les hauts frissons
des arbres mirent, toute la nuit, un doux
accompagnement au colloque folâtre des
deux hôtes insolites!.
Magnifique ivresse qui coûta fort cher
à M. Frelampier. Croyant avoir conquis
tout son personnel par sa bienveillance,
il ne prévoyait pas l'amertume envieuse
qui jamais ne s'endort au cœur des em-
brasés sans amour. Un gardien, méprisé
de' Vénus, ne put supporter, si près de
sa solitude, le scandale de cet insolent
bonheur dans un tel décor, et se sou-
lagea par une dénonciation si précise
que l'enquête ne put rien cacher.
Au Parlement, l'opinion s'effaroucha.
Et la République, ne pouvant admettre
pareille profanation de la couche royale,
révoqua le trop galant fonctionnaire.
Mais dans la trésorerie générale, que
ses vieux camarades obtinrent pour le
reposer de ses fatigues, 11 ne regrette
pas le prix dont il paya son ébouriffant
plaisir.
D'ailleurs, ne chuchote-t-on pas que
l'adorable et fantasque comédienne, en-
orgueillie des risques si vaillamment
courus pour elle et séduite, en outre, par
la bonne grâce de M. Frelampier, vient,
parfois, ,dans son exil provincial, lui
montrer que sa conversation n'est pas
sans charme, même en un décor moins
superbement historique.
Georges LECOMTE.
Nous publierons demain un article de
FÉLIX GALIPAUX
Fleurs d'acier
Rien n'est plus curieux que le sentiment
populaire touchant les œuvres et les hom-
mes du dix-huitième siècle.
En peinture, les noms de Boucher et de
Watteau sont devenus pour beaucoup syno-
nymes de maniérisme et de mièvrerie, et il
a fallu, de nos jours, une réaction très vio-
lente dans les milieux artistiques pour
que l'on se décide à remettre en valeur
certaines toiles de ces maîtres qui consti-
tuent peut-être les pages les plus lortes de
notre histoire artistique et que l'on avait
reléguées avec dédain dans les greniers du
Louvre.
Au Théâtre-Français, il en va de même
lorsque l'on reprend une œuvre de Mari-
vaux ou de Favart. C'est une joie d'un
genre tout particulier pour les excellents
bourgeois habitués de la Maison; il leur
semble qu'ils vont à une matinée enfantine
ou à un bal blanc et leur indulgence se fait
maternelle et souriante. Evidemment, sem-
blent-ils dire, de temps à autre il taut bien
abandonner pour quelques heures les œu-
vres fortes de nos auteurs contemporains
et se distraire un peu en contemplant ces
amusettes falotes et fragiles comme des sta-
tuettes de Saxe.
Ce préjugé est, du reste, tellement en-
raciné en leur esprit, que nous ne saurions
tenter un seul instant de le combattre.
Prouver eue la force véritable d'une civi-
lisation consiste tout justement à dompter
à tel point la matière que la façade puisse
rester impassible. et souriante; prouver, au
contraire, que l'étalage constant de nos
maux et de nos plaies sociales est une mar-
que de faiblesse des plus inquiétantes, ce
serait là, pour auiourd hui, une tâche très
au-dessus de nos forces.
Qu'il me suffise seulement de rappeler
la taçon dont les hommes de ce temps ris-
quaient leur vie pour une simple plaisante-
rie, pour un sourire ou par, désœuvrement,
la manière dont les femmes surent accep-
ter, sans perdre leurs manières aisées et
leur dignité aimable, la menace la plus hor-
rible qui soit au monde, je veux dire celle
de la guillotine; qu'il me suffise, par con-
tre, d'évoquer la figure bouffonne et
prud'hommesque que feraient nos contem-
porains et nos contemporaines, nourris
d'oeuvres fortes, dans les mêmes circons-
tances, et je crois qu'à défaut d'un dévelop-
pement plus grand, on conviendra avec moi
que la manière de ce temps était la vérita-
ble manière française, qui dédaigne d'a-
vouer son courage et qui sait voiler la force
'a plus violente, parfois même la plus bru-
'ale. sous des dehors de grâce et de sim-
plicité.
G. DE TAWLO^SKI..
,
Échos
4
Ce soir, à huit heures trois quarts, à la
Renaissance, première représentation de La
Femme nue, pièce en quatre actes, de M.
Henry Bataille.
Les dames ne sont admises à l'orchestre
et au balcon que sans chapeau.
Cet après-midi, au théâtre Réjane, à deux
heures, première représentation de Revisor,
comédie en cinq actes, de Nicolas Gogol,
traduction française de M. E. Gothi.
Ce soir, aux Fantaisies-Parisiennes, pre-
mière représentation de Notre Neveu, co-
médie en un acte, de MM. Lequesne et
Guy-Serge.
Cet après-midi, à trois heures, au Théâ-
tre-Mondain, première représentation (à ce
théâtre) de Phèdre, tragédie en cinq açtes.
de J. Racine,' avec le concours de Mlles
Neith Blanc, Romano Colonna, Rowena,
Legeay, et de MM. Renoir, Soarez, Cham-
breuil et Valentin.
c
omplétons.
Ce qu'on appelle, en terme d'ate-
lier, un « mastic » a complètement défiguré
un de nos échos paru hier et intitulé: Ac-
cord partait.
Nous y relations ce fait amusant qu'un
jeune tragédien du Conservatoire, après
avoir joué au Théâtre-Français le rôle muet
de Pylade dans l'Electre de Sophocle, inter-
prétait maintenant à l'Odéon le rôle muet
de Pylade dans VElectre d'Euripide.
Après un travail suivi, peut-être ce jeune
homme arrivera-t-il à' jouer un jour, plus
tard, beaucoup plus tard, le rôle parlant de
Pylade dans l'Andromaque de Racine.
LE QUATRAIN DU JOUR
UN SOCIÉTAIRE PARLE
Quoi! Sur terre et sur mer, et de pontons en
[gares,
Emporter des costumes à nous ! IL est fou !
Des costumes à nous, craindront trop les ba-
[garres :
Tandis que ceux payés par l'Etat, ou s'en f. !
A
u Conservatoire.
Dans une classe d'opéra comique, on
répète la scène où Mireille exprime le chaste
regret de n'avoir pu offrir à Vincent qu'une
Heur 4e «
Une élève, à la mine éveillée, qui tient
le rôle de Mireille, prononce la phrase
finale:
J'aurais voulu lui donner davantage
avec une intonation faussement canaille,
qu'accentue encore un léger clin d'oeil.
Le professeur bondit: « Mireille est une
jeune fille sage. Qu'est-ce que c'est que
cette interprétation? »
Et l'élève de répondre - ingénument
cette fois: « Mais, maître, je l'ai donné
avec ma nature. »
D
usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète toujours comp-
tant : bijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison.
u
n sage.
Lorsque leur nom ne figure plus en
vedette sur les colonnes ficard, le puouc
se demande ce qu'ils sont devenus. Les uns
changent de situation, les autres voyagent
en province et à l'étranger, d'autres enfin
savent amasser quelque pécune.
Tel est le cas de M. Maréchal, ex-ténor
de l'Opéra-Comique. Les dix dernières an-
nées où il chanta à ce théâtre, il se fit une
moyenne d'une centaine de mille francs. En
homme soucieux de l'avenir, il méprisa les
restaurants à la mode, les tables de jeu, etc.
Il leur préféra le solide 3 et les valeurs
multicolores qui présentent des garanties
sérieuses.
Grâce à cet esprit d'ordre et d'économie,
M. Maréchal est aujourd'hui un important
propriétaire foncier des environs de Liège,
son pays natal. Entouré de sa femme, ha-
bile dentellière, et de son fils, il s'adonne à
l'apiculture, soigne ses tulipes sans délais-
ser sa basse-cour, et tout doucement, sans
doute, sa voix se rouille.
L
a croissant et l'étoile.
Le chef de la mission ottomane en-
voyée aux obsèques du roi Carlos a été.
égaré par sa suite lors de son passage à
Paris. Ce brave pacha vient d'être retrouvé
chez une charmante, très charmante artiste
parisienne qui l'avait reçu. à draps ou-
verts, comme dirait Willy.
Par Allah! il n'a pas eu tort de préférer
les pompes gaies aux pompes funèbres, et
je me demande si l'exemple du maharajah
de Kapurtala ne l'inciter pas à enlever l'é-
lue de son cœur.
Néanmoins, à sa place, je tremblerais
avant de rentrer à Constantinople. On n'y
badine guère avec l'amour et on y pratique
des châtiments turcs qui sont, comme vous
le savez, à faire frémir.
E
lie reparaît. --
De modestes affiches dissimulées
parmi les nombreux concerts du moment
annoncent pour samedi soir une séance don-
née par Mme Jane Maritza àvec le concours
d'autres artistes.
Qui est Mme Maritza? D'où vient-elle?
Mme Jane Maritza est tout simplement la
princesse de Broglie dont l'apparition à Pa-
ris, il y a quelque six ou huit mois, fit tant de
bruit et fut interdite par la Préfecture de
Police.
Mme Jane Maritza s'abrite maintenant
sous un pseudonyme. Mais elle est toujours
princesse de Broglie, elle chante toujours
et elle espère toujours obtenir du succès.
c
'est le restaurant Champeaux qui, en
droite ligne, reçut les formules de
Vatel, d immortelle mémoire.
C'est chez lui, place de la Bourse, que
fut fondé, il y a quelques mois, le dîner
des Théâtres. Ce dîner, chaque soir, est
très suivi. On y rencontre le Tout-Paris
des arts et du monde, et l'on y est servi, il
faut voir comme.
Dînons au dîner des Théâtres chez Cham-
peaux.
L
es vrais connaisseurs désireux de se te-
r nir au courant des choses de l'automo-
bile savent tous que la isayard-v^lément est,
, 1 de toutes les voitures, celle qui réunit les
plus grandes qualités de souplesse, de régu-
larité et d'endurance.
O
n sait qu'un envoyé du Sultan vint der-
nièrement en France pour y négocier
un emprunt de cent vingt-cinq millions.
Un de nos confrères, interviewant le mi-
nistre marocain, lui demanda à quoi son
souverain voulait employer tant d'argent!
— Il trouve, répondit-il, que ses femmes
ont les cheveux trop noirs ; las de cette cou-
leur, il désire acheter, chez le maître coif-
feur Lalanne, 100, Faubourg-Saint-Honoré,
l'essence de camomille allemande pour blon-
dir les chevelures.
L
e mobilier de l'évêque de Beauvais
vient d'être vendu-aux enchères pu-
bliques.
• La vente a produit à peine 2.600 francs.
Parmi les objets dispersés se trouvait une
superbe bicyclette La Française, dernier
modèle, qui a été adjugée à Me X., du
barreau de Rouen.
NOUVELLE A LA MAIN
D
indonnette lit l'affiche du théâtre de
l'Œuvre:
Hypatie ? ?. Ça doit être un type
qui a une maladie de foi.
Le Masque de Verre.
M. FRANCIS DE CROISSET
Prétendant au Trône d'Espagne
Pour prouver que M. 'Alfonso Sanz est
bien le frère du roi Alphonse XIII, les jour-
naux ont publié, à côté l'un de l'autre, le
Dessin OB DELOSQTJES.
-.
portrait du roi d'Espagne et de son demi-
frère. La ressemblance était frappante.
Mais si cette ressemblance suffit à éta-
blir les droits de M. Alfonso Sanz, que va
dire M. Francis de Croisset, le jeune et
brillant auteur du Bonheur, Mesdames. et
de Chérubin ?
Par ces deux spirituels dessins que M. de
Losques a bien voulu faire pour Comœdia,
nos lecteurs verront que si M. Francis de
Croisset se pose un jour en prétendant au
trône d'Espagne, sa ressemblance avec Al-
phonse XIII lui créera des partisans.
OPERAI%CO MIQUE
LA HABANERA
Drame lyrique en 3 actes, poème et musique
de M. Raoul Laparra.
GHYSLAINE :-
Drame lyrique en 1 acte, poème de MM. Guiches et
Frager, musique de M, Marcel ^Bertrand•
Au lendemain du jour où le Garde des
Sceaux (qui a plus de suite dans les idées
que M. Clemenceau) a soutenu la nécessité
de réformer l'article 310 du Code civil,
MM. Guiches, Frager et Bertrand ont voulu
placer leur mot dans la discussion. Hostile
aux arguments du sénateur Gourju, leur
Ghyslaine est en même temps une réponse
lyrique au Divorce de Paul Bourget. Répu-
diant la thèse du psychologue catholique,
les trois amis des solutions radicales ont
démontré, avec une ardeur faite pour plaire
* Mlle DEMELLIER Henri Manuel, pkot.
à M. Briand, non seulement que les répa-
ration officielles avaient du bon, mais, que
deux pouces de fer dans la poitrine du con-
joint encombrant pouvaient aider puissam-
ment au bonheur d'un nouveau ménage.
Pour ne pas faire de trop bruyante récla-
me à M. Naquet, les auteurs ont situé leur
anecdote quelques années avant la naissance
de ce législateur (vers 1135, dit la partition)
et ce sera le Pape qui jouera le rôle du pré-
sident du Tribunal civil à l'heure décisive
du renvoi « dos à dos » des époux mal as-
sortis. Mais la portée de l'aventure reste la
même.
Edelbert — le jeune Edelbert, s'il vous
plaît - seigneur gascon, est parti depuis
cinq ans pour la Croisade et a connu la clas-
sique mésaventure qui nous a fourni tant de
livrets d'opérette et laissé quelques chefs-
d'œuvre de serrurerie intime. Sa femme,
l'ardente Christiane, a quitté le domicile
conjugal depuis deux ans! A dessein d'effa-
cer à tout jamais le souvenir de cette félo-
nie, le mari vexé a fait édifier un tombeau
et graver sur la pierre mortuaire le nom de
l'infidèle. La Croisade terminée, il va réin-
tégrer son castel et se promet de recom-
mencer sa vie avec la délicieuse Ghyslaine,
jeune orpheline qui nourrit timidement le
même dessein. Mais Christiane, abandon-
née par son amant, ressent aussi vivement
que MM. Gaudin de Villaine et Delahaye
l'utilité des contrats indissolubles; elle ren-
tre au domicile légal et prétend reprendre
sa place. Pour y parvenir, elle se cache
dans son cénotaphe et terrorise la pieuse
Ghyslaine par des imprécations d'outre-
tombe, puis résolument se montre et récla-
me son époux en invoquant les lois de son
pays.
Ghyslaine, désolée, va se retirer, lors-
qu'un messager entre en brandissant un
parchemin: c'est un décret du Saint-Père
annulant le mariage d'Edelbert! 0 joie! La
divorcée malgré elle, furieuse, se jette sur
la jeune fille et veut la poignarder ; mais son
bras muliericide est saisi au vol par le mari
attentif; alors, désespérée, elle se perfore
un viscère important et meurt aussitôt. Et,
à la façon dont on se hâte de prier pour elle,
on devine que l'on ne portera pas long-
temps son deuil..
Inutile de dire avec quelle habileté de
main Gustave Guiches a su mettre en vers
adroits et en strophes d'aimable lyrisme
cette petite anecdote bien coupée pour four-
nir à un compositeur des situations et des ta-
bleaux éminemment musicables. La timide
confession de Ghyslaine au prieur, l'entrée
de Christiane brusquement mise en pré-
sence de son tombeau, le retour triomphal
des croisés, la bourrée et la farandole des
paysans en fête, le duo d'amour d'Edelbert
et Ghyslaine, la prière de la fiancée sur le
cénotaphe de la morte, la voix d'outre-
tombe, l'apparition, la suprême dispute et le
suicide, toutes ces adroites oppositions de
couleur font de cet acte rapide et médiéval
m modèle de scénario lyrique.
Le très jeune compositeur qui s'y est at-
taqué vient de réaliser une partition Qui
n'est point, adolescente! Car ce nourrisson
du Conservatoire, d'un tempérament con-
servateur, ne rêve pas de déplacer notre
horizon musical. Fidèle aux principes de
ses aînés - il est entré dans la carrière
alors que ceux-ci y sont encore ! — M. Mar-
cel Bertrand témoigne du plus touchant res-
pect à l'égard des formules théâtrales offi-
cielles. Une déclamation conventionnelle
mais point maladroite, de celles qui font les
bonnes cantates, un certain nombre d'effets
catalogués employés avec adressé, une écri-
rure qui ne manque pas d aisance, voilà plus
qu'il n'en faut pour constituer un début fort
honorable. Certains musiciens auraient pré-
féré quelques audacieuses maladresses chezt
ce pondéré compositeur de vingt-trois ans» ;
auquel ils reprochent sa tranquille sagesse
de bon élève; mais le moyen d'accorder
tous les musiciens!.
Un point — un bon point — par lequel
le jouvenceau est pourtant bien de sort siè-
cle: le souci de l'élégance harmonique dans
les détails. Il faut relire les .jolies, équivo-
ques tonales de la chanson de Ghyslaine
exposée au prélude, et la précieuse conclu-
sion de la vocalise qui l'achève lorsque la
jeune fille entre en scène; il faut saluer1
également l'aimable travail de broderie qui
enveloppe les sept couplets de la « Rondo
Henri Manwl. pbat.
Mlle Berthe LAMARE
du Rossignol », ces formules d'accompagne-
ment qui-vont du simple au composé et font
apparaître, dans l'ordre où les conçurent les
traités de contrepoint, les rythmes « fleu-
ris m des deux, des trois et des quatre con-
tre un.
J'ai vainement cherché la signification dii
grand thème (gamme montante à douze-1
huit qu'une double croche galvanise) circa-
lant du prélude à la conclusion. Il éclate
dans des circonstances si diverses, accom-
pagnant indifféremment Christiane, Ghys-
laine, Edelbert, le Prieur, les déclarations
d'amour ou de haine, qu'il est bien difficile
de l'identifier.
La seule preuve de jeunesse excessive de
! auteur réside dans l'orchestration de l'ou-
vrage, d'une naïveté assez surprenante à
une époque où tous les jeunes compositeurs
orchestrent comme autant de petits Rimskyi
L'ingénuité des'soli de violon et de violon-
celle oui enguirlandent les monologues lé-*
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