Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-02-07
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 février 1908 07 février 1908
Description : 1908/02/07 (A2,N130). 1908/02/07 (A2,N130).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646514k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
e Anriêe.,- N- 130 (Quotidien)
,' Numéro : S centtme*
Vendredi T Février 1V09.
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
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Presse Télégraphique : COMŒ[UA.PARIS
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Étranger. 40 » 20 »
Iluels artistiques
et littéraires
1
On s'est beaucoup querellé, vilipendé,
mordu et déchiré, ces temps-ci, dans le
monde des lettres et du théâtre. Il n'est
pas ,Us5U aux chansonniers de Montmar-
tre 1 n aient mis flamberge au vent,
ou plutôt pistolet à l'air. Car, ceci est
à remarquer, en tous ces duels de plu-
mes à becs, de becs de plumes, entre
auteurs et critiques, comédiens, revuis-
tes gens du monde et conférenciers, les
épé ? sont restées au fourreau ; ce sont,
presque toujours, les pistolets qui ont été
choisis. La balle sans résultat sera pour
rien, cette année!
J'avoue que je ne conçois pas les rai-
sons qui ont induit nos champions à
cette Préférence.
Dans la partie (théâtre et lettres), nous
sommes tous, conscients ou non, des
cabotins ceux-là mêmes qui, du pluspro-
fond de leur sincérité, feignent la mo-
destie et l'effacement, n'en demeurent
pas moins en parade, comme des gre-
nadiers prussiens, prussiens, devant le public; le
public! qui, d'ailleurs, pour la plupart,
n'existe pas, car il y a des personna-
lies ne font pas le maximum.
Chez nous, on ne se bat pas pour se
battre : on se bat pour s'être battu.
Or, outre que le pistolet — si on le
cha Irge! - est un faux frère, capable
de brutalité, et qui, au lieu de vous égra-
tigner ! épiderme, vous troue la peau
quand *î s'y met, il a cet inconvénient
de ne nimber d'aucun prestige ceux qui
ont rernis à sa gâchette le soin de vider
leur différend.
Car Il n'y a pas à dire mon bel ami,
dans Un combat au pistolet, ou bien l'on
tue son adversaire, ce qui n'a rien de
^artic. rle-rement réjouissant, ou bien l'on
tst t Ue soi-même, ce qui, sur l'instant,
semble encore plus fâcheux, ou alors.
alors: néant ! nib ! peau de zébie !
Peau de zébie, en chaldéen.
Est un mot qui veut dire : rien !
ré Tristan Bernard. Et c'est exac-
tement comme si, à deux, vous n'aviez
pas dérangé qua i ré amis et deux.méde-
cins! p ersonne ne vous en admire da-
vantage, et vous qvez ajouté une perle
de plus au chapelet des « duels de jour-
nalistes », dont le plus infilT .; bourgeois
se gausse
Tandis qu'à l'épée! Diantre! Male-
peste ! Parfandious! il y en a toujours
Peu qui écope — un peu, très peu, si
Deu que peu, mais cela suffit. Un an,
deu X ans après, toute sa vie durant, si
Ça juj chante, Z., le vainqueur, peut
dire en société, devant les bouches ahu-
ries et les yeux ronds de l'assistance, au
Ca^, a cercle, dans les salons, ailleurs,
partout : « Ce pauvre Y., je lui ai fichu
ma pointe en séton, là, dans le gras du
bras ! Vous pouvez voir ça dans les jour-
naux de l'époque. Une ligne de plus, je
l'embrochais en pleine poitrine. Pauvre
bougre! »
De son côté, Y., le vaincu, montre
souvent, soit sur son poignet, soit un
peu plus haut, en retroussant sa man-
chette, et négligemment comme vous
pouvez croire, une petite marque trian-
gulaire, large à peu près comme une
tête d' epingle: « Tenez! voilà la trace
du coup d'épée de Z., quand je me
suis battu avec lui. Un type qui s'était
déjà alin vingt-sept fois, et avait déjà
tué trois hommes! » Et, là-dessus, les
dames sont enchantées ; et elles viennent
regarder la petite marque, de tout près.
Voyez j^endès ! Catulle, qui soigne
son auréole comme pas un; Mendès, le
protagoniste de la littérature, le lyrique-
type, qui est poète-poète comme on est
marié-marié : il s'est toujours battu à
l'épée. Et comment ! Il est plus que pro-
bable qu'en dehors du terrain, il ne ma-
nie et n a jamais manié aucune arme.
is,
Mais, SUr le pré, il est formidable. Il
avance, la lame haute, toujours, tou-
jours !*f$ ? a. vec des moulinets terribles! II
fait du b aton, il fait de la canne, il fait
de la boxe, il fait de tout, excepté de
e~ critn e- Je ne crois pas qu'il essaye
vraiment de toucher son adversaire, mais
il ? l'air du Cid Campeador.
Il est, d'ailleurs, généralement, blessé,
mais cela ne trouble pas sa belle allure
et ne l'e^rn1^- 0*16 pas de recommencer à
la prochaine occasion.
Et il y a Plus de mérite à cette attitude
- très sérieusement! — que les scepti-
ques prudents, qui n'ont point passé et
ne passeront jamais par là, ne veulent
bien le donner à entendre. Il est très
certain tie le fait de croiser le fer sans
que lJl1 h^UVante ne signifie point qu'on
est un héros fils des dieux; n'empêche
que, rare S notre vie parisienne, il n'est
pas rare de rencontrer des individus fort
injurieux dont le caquet baisse sensible-
ment quand Ieur nez se trouve vis-à-vis
d'une pointe aiguë.
Robert harvay qui est une mine
d'anecdotes à ce sujet, car je crois bien
qu'il a 1 Presque autant de combats
que notre ROuzier-Dorcières, en contait,
jadis, une bien b°nne :
5 qui é Cltnens de Cettc sorte de fiers-
a-bras qui ne Parlent quotidiennement
que ~ss<~ des reins et de briser des
mâchoires, étant,. un beau soir. entrés
en conflit -dans une brasserie, durent —
leurs camarades respectifs assistant à
l'altercation - échanger leurs cartes et
se rencontrer, le glaive au poing. Ils ne
s'étaient jamais vus, auparavant; mais,
depuis les pourparlers de l'affaire, leurs
témoins les avaient parallèlement ren-
seignés l'un sur l'autre: — réputations
terrifiantes! — en sorte que, le jour du
duel, c'était à celui qui en mènerait le
moins large.
Au premier engagement, ils stagnèrent
tous deux, le bras éperdument tendu,
chacun sur une défensive tellement con-
centrée que les pointes des épées n'arri-
vèrent pas à se frôler.
On les arrêta de s'arrêter; puis, on
les remit en garde pour la reprise. Ils
continuèrent à garder l'expectative, pen-
dant les deux minutes réglementaires.
Deuxième pause. Puis deuxième reprise.
Alors, se produisit la catastrophe. L'un
des « combattants », comprenant, quoi
qu'il en eût, le ridicule de la situation,
fit tout à coup un pas en avant et un
battement sur la lame de son adversaire.
Ciel! celui-ci n'en attendit pas davan-
tage. Jetant son épée à terre et levant
les deux mains vers les nues, il tourna
les talons en criant aux témoins: « Ar-
rêtez ce fou ! arrêtez ce fou ! »
Et de courir !
Mais j'en reviens à mes moutons. Le
duel au pistolet ne comporte pas de ces
gaietés. En revanche, il est parfois pé-
rilleux pour les non-combattants.
Quand Jules Guesde échangea quel-
ques balles avec Albert Goullé, au mo-
ment où le commandement de : « Feu ! »
venait d'être prononcé, on fut tout à
coup obligé d'ordonner : « Halte ! » et
d'interrompre la cérémonie. Guesde, qui
est myope à ne pas voir son lorgnon, et
de tout point ignorant de l'endroit où
pouvait se trouver Goullé, levait froide-
ment son bras armé dans la direction du
groupe des témoins et des docteurs. L'in-
tervention précipitée de ces messieurs
empêcha, seule, un malheur!
Pour ses garnis, pour son médecin et
pour soi-même, il vaut mieux s'expli-
quer à l'arme blanche. Décidément.
Louis MARSOLLEAU.
flous publierons demain un article af
PAUL DOLLFUS
Marchands d'illusions
La justice, qui décidément se mêle par-
fois de ce qui ne la regarde pas, s'est avi-
sée, paraît-il, d'inquiéter dernièrement un
ex-ecclésiastique qui faisait profession de
vendre des terrains et des villas situés dans
le Paradis.
Notez bien que les ventes ainsi faites
n'étaient point de fantaisie. Le vendeur
fournissait une photographie de la petite
maison que l'on désirait acheter, il en don-
nait l'adresse exacte: 22, rue de Jérusa-
lem, ou 54, avenue Saint-Augustin, et les
acquéreurs, en attendant paisiblement leur
mort, pouvaient regarder avec intérêt la
photographie délicieuse et calme de leur
futur cottage.
De pareilles poursuites me semblent des
plus inquiétantes pour les directeurs de
théâtre et pour les auteurs. Si l'on met en
prison un homme qui, moyennant quelques
milliers de francs, vous donne vingt ou
trente années d'illusions, que fera-t-on con-
tre des gens qui, pour une douzaine de
francs, ne vous en donnent que pour trois
heures à peine? On les guillotinera, vous
pouvez m'en croire.
On nous permettra donc, au nom de l'art
dramatique tout entier, de revendiquer l'ex-
cellent curé comme des nôtres et de pro-
tester contre son arrestation.
Nous vivons, décidément, à une époque'
stupide où l'on ne comprend plus la valeur
inestimable des légendes et des illusions.
, G. DE PAWLOWSKI.
— ). -+- (
Échos
Cet après-midi, à quatre heures et demie,
au théâtre du Montparnasse, répétition gé-
nérale de: C'est la Loi! drame social de
MM. Max du Veuzit et George Lomelar.
L
e dernier « tuyau ».
t De temps en temps, quand on ne sait
plus quoi dire, au Comité des sociétaires,
on parle d'engager quelque artiste du bou-
levard.
Cela n'est pas compromettant, et cela oc-
cupe la séance.
Mais, cette fois, il paraît que c'est sé-
rieux. On a beaucoup discuté, l'autre jour,
l'entrée, rue de Richelieu, de deux artistes
applaudis.
L'un, qui obtint un premier prix de co-
médie, il y a peu d'années, joue actuelle-
ment une pièce célèbre auprès d'une grande
artiste.
L'autre, qui créa l'un des plus grands
succès de la saison dernière .sur une scène
proche de l'Opéra, vient d'être prêté par
son directeur à un théâtre proche du Ma-
tin — proche, topographiquement s'en-
tend.
L'un, au moins, de ces deux engage-
ments paraît tout à fait probable.
Il est vrai qu'au Théâtre-Français!.
u
ne heureuse nouvelle.
L'auteur de L'Apprentie, qui triom-
phe en ce moment a 1 Odeon, vient d être
nommé administrateur de la Manufacture
nationale des Gobelins. -
Gustave Geffroy, plus que tout autre,
pourra v rendre d'importants se&yiqaa. On
sait, en effet, qu'il n'est pas seulement l'é-
crivain apprécié de L'Enfermé, le nouvel-
liste délicat de Pays d'Ouest, mais encore
l'un des critiques d'art les plus appréciés.
Depuis nombre d'années — encore au-
jourd'hui, à La Dépêche de Toulouse — il
publie des études sur les maîtres d'à pré-
sent. Quelques-unes ont été réunies en vo-
lume sous le titre de : La Vie artistiqué.
Vers 1900, il a entrepris une série d'ou-
vrages sur les Musées d'art étrangers, qui
formeront une véritable encyclopédie, plus
complète que tout ce qui a été fait jusqu'à
ce jour.
Ajoutons qu'il s'est attaché aussi à la
question de l'enseignement de l'art dans les
milieux ouvriers; il fut l'un des promoteurs
les plus ardents du « Musée du soir ».
Rappelons enfin qu'il prit, l'un des pre-
miers, la défense de l'impressionnisme. Son
article sur l'Olympia de Manet, aujourd'hui
au Luxembourg, eut un retentissement con-
sidérable et suscita de violentes polémiques.
c
eux qui s'en vont.
- Nous apprenons avec tristesse la
mort de M, C. Liuyard, secrétaire de la ré-
daction de L'Auto, qui vient de succomber
aux suites d'une longue et douloureuse ma-
ladie.
Ses obsèques seront célébrées aujour-
d'hui.
M. C. Guyard, qui était veuf, laisse une
petite fille se sept ans.
L
e second divorce.
Il est, croyons-nous, intéressant de le
taire remarquer, Un Divorce, la pièce si
applaudie de Paul Bourget, est le deuxième
ouvrage représenté, sous ce titre, au Vau-
deville, depuis moins de vingt-cinq ans.
On donna, en effet, sur la scène de la
Chaussée d'Antin, en septembre 1884, trois
actes de M. Emile Moreau, et ces trois ac-
tes s'appelaient bien Un Divorce ! L'action
se passait sous le premier Empire. Les in-
terprètes avaient nom: Pierre Berton, Fran-
cès, Montigny, André Michel, Henry Mayer
qui, encore presque inconnu, jouait un très
petit rôle; Mlle Lesage, Mlle Marcelle Jul-
lien eL. et Mlle Marthe Brandès, chargée
du rôle principal.
Mlle Marthe Brandès joue aujourd'hui
encore le rôle principal de Un Divorce, seu-
lement ce n'est pas le même!
Regrette-t-elle: l'ancien ?
Peut-être esf-il permis d'en douter.
Et, cependant.!
u COMŒDIÀ » A MONTE-CARLO
L.a saison bat son
plein sur le littoral
monégasque.
Sous la direction
éclairée de M. fïaoul
Gunzbourg, de gran-
des fêtes d'art se pré-
parent qui vont atti-
rer, aUI théâtre de
Monte-Carlo, tous les
Parisiens et les in-
nombrables étrangers
en ce moment en vil-
légiature sur la Ri-
viera.
Comœdia devait à
ses lecteurs de les te-
nir au courant, au jour
le jour, des importan-
tes manifestations mu-
sicales qui vont s'y
dérouler. Il a chargé
de ce soin son émi-
nent collaborateur
M. GAUTHIER-VILLARS
dont la verve mor-
dante et l'indiscutable
érudition sont unani-
mement appréciées.
1
n memoriam.
Nous recevons la lettre suivante:
L'écho publié par Comœdia « in memoriam »
d'André Emanuel, jeune artiste .qui trouva 4a
mort en interprétant un rôle dans ma pièce L'Or-
nière, a ravivé un très douloureux souvenir.
Mais le récit de cet événement tragique fut fait
d'une façon un peu inexacte, et il convient de le
rectifier.
L'Ornière fut représentée aux ((Indépendants»,
sous la direction — éphémère d'ailleurs — 'de
M. Simon-Max. Le revolver n'éclata point entre
les mains du malheureux, artiste. Voici les faits,
confirmés par les témoins et la presse : avant de
tirer un coup de revolver, Emanuel a voulu se
faire la tête de circonstance, et il a passé rapide-
ment sur sa figure un mouchoir rempli de ma-
quillage. Or, ce « truc » a donné un résultat dé-
plorable, car sa face plaquée de blanc par en-
droits provoqua dans la salle une explosion de
gaîté tout à fait en désaccord avec la scène, qui,
la veille, à la répétition générale, obtint un franc
succès. Affolé, le pauvre artiste tira alors son
coup de revolver si maladroitement qu'il se fit à
la main gauche une brûlure par un éclat de pou-
dre, et il s'enfuit, éperdu, en proie à un véritable
désespoir. La grande critique étant dans la salle,
Sarcey, Henry Bauër, Henry Fouquier, Gustave
Simon, etc , il crut avoir compromis à la fois et
son avenir et ma pièce. Cependant, le lendemain,
rassuré par des articles très favorables pour l'au-
teur et pour les interprètes, Emanuel reprenait
son rôle, heureux de constater aue l'incident n'a
pas empêché le succès de s'affirmer. Sa brûlure
paraissait insignifiante. Malheureusement, est-ce
la terrible secousse morale? est-ce le maquillage
en s'infiltrant dans la petite plaie? personne ne
saurait dire la cause de ce terrible tétanos qui fit
en quelques jours son œuvre de destruction. Mais
cette mort prématurée ne fut en aucune façon
amenée par ma pièce, laquelle n'a certes pas mé-
rité d'être qualifiée de « cruelle ». C'est la fata-
lité, la mystérieuse et inexorable fatalité qui nous
fut cruelle : au pauvre jeune artiste fauché à fleur
d'âge, et au pauvre jeune auteur dont le début
fut attristé et entravé par ce deuil.
MARYA-CHÉLIGA.
ch<
ÎZ les Turcs.
Les censeurs, en Turquie, prennent
leur rôle au sérieux. Ils coupent inlassable-
ment, pour justifier leur existence. Ils cou-
pent, au petit bonheur, pour le seul plaisir
de couper. Ce sont les Pères Coupe-Tou-
jours!
Nous avons dit récemment les mutila-
tions qu'ils opérèrent, lors des représenta-
tions, à Constantinople, de Mme Suzanne
Munte, dans l'inoffensive Adrienne Lecou-
vrt'itr. On nous raconte aujourd'hui u—»
nouvelle bouffonnerie plus joyeuse encore.
Un cinéma-théâtre avec auditions phono-
graphiques ayant remplacé, à l'amphithéâ-
tre des Petits-Champs, la troupe d'opérette
française, les censeurs firent demander le
texte des couplets que l'appareil ferait en-
tendre, afin de supprimer les mots subver-
sifs.
On eut toutes les peines du monde à leur
faire comprendre que les morceaux une
fois enregistrés sur les cylindres, il deve-
nait impossible d'en changer le texte par
des ratures au crayon bleu.
D
usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète toujours comp-
tant : bijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison.
T
ragédie.
M. Huguenet n'est pas un homme
accommodant.
Récemment engagé par la somptueuse di-
rection d'un petit théâtre, qui doit monter
prochainement une pièce d'un auteur cé-
lèbre — célèbre pour des raisons qui n'ont
rien de théâtral — il avait exigé que l'ad-
ministrateur de cette entreprise, par une
clause inscrite au contrat, n'eût pas le droit
d'assister aux répétitions.
II avait eu, en effet, autrefois, des dé-
mêlés avec cet administrateur, qui fut long-
temps impresario et qui répond au nom poé-
tique de Chimène.
Or, l'autre jour, M. Huguenet, qui répé-
tait, vit apparaître dans la salle M. Chi-
mène. Il s'exclama alors de sa plus belle
voix:
.Que Chimène s'en aille
Ou bien je l'essorille et le desentripaille !
Et comme M. Chimène ne bougeait pas,
M. Huguenet, bondissant par-dessus la
rampe et le saisissant au collet, se mit, en
effet, à lui donner une leçon de boxe pra-
tique. Il fallut l'intervention des assistants
pour arracher l'administrateur aux mains
agissantes de l'artiste.
Huguenet, qui l'eût cru? Chimène, qui
l'eût dit?
LE QUATRAIN DU JOUR
BATAILLE !
On peut croire que Henri III aimait la Ligue
Et que du Portugal Franco se fit aimer,
Mais il serait imprudent d'affirmer
Qu'Huguenet pour Chimène a les yeux de Ro-
I [drigue.
v
NIIIP. - -
On vient de disperser, è l'Hôtel des
Ventes, tout un lot curieux d autographes
qui contenaient d'intéressantes lettres de
comédiennes.
On y remarquait de piquants billets de
la Malibran « qui se porte passablement
bien en considération de l'ennui qu'elle
éprouve loin de son bon mari » ; une invita-
tion de Marie Dorval, priant Victor Hugo à
dîner chez elle. Il est plaisant de retenir
deux lettres d'amour de Rachel: quittée par
son amant, elle espère cependant son re-
tour: « .Sur le balcon, j'ai attendu les
pieds dans l'eau. C'est donc fini, vous ne
voulez plus me voir, mais, pour Dieu ! ré-
pondez-moi; c'est de la cruauté; ce n'est
pas punir, mais tuer. », et une lettre
d'Agar racontant l'histoire de François Cop-
pée et du Passant: « .La mère de Coppée,
une mère adorable, une femme d'un esprit
élevé, d'une âme superbe, était folle de joie.
Elle s'évanouit pendant le succès, et lui,
pauvre garçon, bien malade, pliait sous tant
de joie. On l'emmena au soleil pour le re-
mettre; vous savez combien il a réussi; il
est immortel aujourd'hui et j'en suis heu-
reuse ; c'est un brave fils, un Don frère, tout
est bien. »
Paisibles souvenirs d'existences mouve-
mentées, amours passionnées de tragiques
actrices, tout s'éparpille aux enchères de
l'Hôtel.
L
a guerre des sexes.
1 Nous avons dit que M. Gémier al-
lait remettre a la scène la formidable et
puissante farce d'Alfred Jarry: Ubu-Roi.
Cette représentation sera doublement cu-
rieuse.
Le rôle de Madame Ubu, qui fut créé
inoubliablement par Louise France, sera
repris, devinez par qui?. par le sympa-
thique comédien Dalleu.
Et ce ne sera pas le seul travesti de la
pièce: le fils Ubu sera représenté par la
gracieuse Yvonne de Bray.
Quand on prend du travesti, on n'en sau-
rait trop prendre.
p
aillard inaugurera, samedi, ses « sou-
pers-redoute » avec le concours des
plus jolies artistes de Paris. A cette fête,
Mmes Nita Jo, de l'Alhambra, et Delierre,
dè l'Athénée, se feront entendre dans les
grands succès de la saison: Les Fleurs que
nous aimons et Le Baiser, d'Octave Cré-
mieux, et Serments de femme, de Nilson
Fysher. On dansera la « Paraguay », la
danse à la mode.
Retenir sa table est une bonne - précau-
tion.. - i
---
O
ù aller dîner quand, à sept heures, on
projette de se rendre au théâtre?
Chez Champeaux, place de la Bourse,
qui a institué un- « Dîner des Théâtres »
luxueux, élégant et servi avec prestesse.
Le Tout Paris des artistes et des club-
men y dîne tous les soirs.
NOUVELLE A LA MAIN -
p
our les enfants qui, utilisés au théâtre,
n'ont pas le temps d'aller à l'école.
Les lettres de 1 alphabet sont faciles à
étudier. Ne rencontre-t-on pas dans les cou-
lisses MM. Sée, Hue, Hess, Cahen, Gay,
et même Mlle Heff (qui s'appelle Magda
pour la scène).
En cherchant bien, en rappelant même le
passé avec les Théo, on trouverait facile-
ment un alphabet complet.
Ce n'est pas compliqué et ce n'est pas
méchant, et cela fait toujours passer le
temps !
temps! Le Masque de Verre.
La question
des chapeaux
Chez le Préfet de Police.. A propos de l'arrêté pris
autrefois par le maire de Marseille.
M. Lépine et les Parisiennes.
Comœdia publiait hier le texte d'un ar-
rêté que le docteur Flaissières, quand il
était maire de Marseille, prit, le 17 février
M. LEPINE
M. YVES DURAND
1897, contre le port des chapeaux au théâ-
tre.
Rappelons-en la teneur:
ARTICLE Ier. — Les dames qui assistent aux
représentations théâtrales sont tenues d'y assis-
ter nu-tête.
ARTICLE II. — M. le Commissaire central est
chargé de l'exécution du présent Arrêté.
Bien des Parisiens nous écrivaient hier :
« Pourquoi le Préfet de police ne prendrait-
il pas un arrêté identique? Voilà qui tran-
cherait le problème. Qu'en dites-vous, Co-
rhoed-ta »
Je suis allé aussitôt boulevard du Palais
poser la question à M. Lépine. En l'absence
du Préfet, c'est M. Yves Durand, le direc-
teur de son cabinet, qui m'a reçu, et bien
reçu. M. Yves Durand, qui personnifie l'af-
fabilité, ne se contente-pas d'être un bril-
lant magistrat devenu le bras droit du Pré-
fet, il est aussi le président de la sous-
Commission des Théâtres. Ma bonne étoile
d'interviewer m'avait conduit, on le voit,
aux sources mêmes des informations préfec-
torales :
— Il serait très difficile à M. Lépine —
me déclare le directeur de son cabinet —
de prendre un arrêté identique à celui du
maire de Marseille. Le maire de la cité pho-
céenne et le Préfet de police de Paris sont
deux personnages bien différents, en effet,
quant aux pouvoirs qu'ils détiennent.
» M. Lépine n'agira que quand la sous-
Commission que je préside, et dont M.
Henri Turot, conseiller municipal, est le
rapporteur, aura terminé ses travaux, et
quand un avis identique aura été fourni par
la Commission supérieure. Or, au sein de
cette dernière, nous trouvons cinq conseil-
lers municipaux et des directeurs de théâ-
tre.
- Mais, dis-je, les directeurs de théâtre
ne demandent qu'à s'incliner devant un ar-
rêté du Préfet supprimant les chapeaux.
— Dans ce cas, qu'ils demandent la me-
sure. Je crois pouvoir vous dire, en atten-
dant, continue M. Yves Durand avec le sou-
rire du renseigné, qu'il y a, parmi les direc-
tions théâtrales, certaines hésitations. D'au-
cuns craignent de voir une clientèle de dî-
neurs mondains déserter leur salle. parce
que les femmes qu'ils accompagnent sont
en tenue de ville, c'est-à-dire chapeautées,
et non en coiffure de soirée. C'est là le
hic.
—' Mais si, dis-je, l'arrêté s'applique à
tous les spectacles parisiens, ces honorais
gêneuses, à qui le théâtre est nécessaire,
seront bien obligées d'aller quelque part en
soirée. Elles se butteront, là comme ailleurs,
à la consigne formelle et seront bien for-
cées alors de se soumettre à la loi com- •
mune?
— Oui, dit M. Yves Durand, c'est Hal.
Aussi, sans préjuger de la décision qui sera -"
prise, puis-je vous dire que cette irritante
question des chapeaux, bbjet de toute notre
attention, sera, dans un avenir prochain,
clairement solutionnée. *
— Si je suis bien renseigné, monsieur le:
Directeur du cabinet, n'y a-t-il pas, au sein
de la Commission, une majorité nettement
hostile au port du chapeau au théâtre? Dans
ce cas, si le préfet adoptait ses vœux.
- Je ne peux rien vous dire là-dessus,
interrompt vivement M. Yves Durand. Je ne
sais rien des dispositions favorables ou dé-
favorables de mes collègues. Sans violer en
rien la règle du silence que je me suis im-
posée.
- Et qui est, Monsieur, celle qui met à
mal le plus souvent le métier du journa-
liste !
— Je peux vous dire que nos travaux
seront terminés dans deux mois, et qu'avan'
juillet la nouvelle ordonnance de M. le Pré-
fet paraîtra.
— Avec-la réglementation absolue des
chapeaux?
- Et avec bien d'autres choses e.,coret
E. ROUZIER-DORCIERES.
NOTRE COMITÉ DE LECTURE
Première Séance publique
Hier après-midi un millier d'auditeurs se sont présentés au
Théâtre des Arts pour donner leur avis sur les pièces
retenues. Nos remerciements à tous. et nos regrets
à ceux qui ne purent trouver place.
Je n'exagérerai pas en disant qu'un mil-
lier de personnes au moins se sont rendues,
hier après-midi, au théâtre des Arts, pour
assister à la première séance publique de
- -
LE QUATUOR FEMININ. trrançer, jtfwî.
Représentation ou de Lecture des œuvres
retenues par notre Comité.
Que nos amis qui ne purent trouver place
veuillent bien nous excuser : ils étaient vrai-
ment trop nombreux, et nous dûmes, à no-
tre grand regret, faire quelques mécontents.
L'annonce de cette séance, en effet, avait
attiré au boulevard des Batignolles tout ce
que Paris compte de lettrés avertis, curieux
de connaître les premiers « l'auteur nou-
veau » qui sera peut-être célèbre demain.
Dirons tout de suite que la séance a vu.
dans l'ordre le DIUS pariait, se dérouler les
péripéties les plus diverses des œuvres litté-
raires représentées ou lues, et que l'accueii
fait à l'idée de Comœdia fut tel que noua
en sommes tous confus çncore; nous ns
trouverons Jamais assez de remerciements
a adresser à l'élégant public qui se pressait
hier au théâtre des Arts.
Reconnu, au hasard de la lorgnettet —J
cliché consacré — parmi les personnes rré-i
sentes:
Mmes Marie Frazier, Jane Bertal, Angèler
Henry, Francine Safonoff, Nelly Dupont;
R. Xanrof, Otéro, Leriche, J. Droyart, Ce-
risier, Mareueriïe d'Orfex , Germon©
Ciuvot. A. Seiney, Marie Tripier, Ca'v.
,' Numéro : S centtme*
Vendredi T Février 1V09.
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKI
REDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
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Presse Télégraphique : COMŒ[UA.PARIS
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UN AN 8 ItOl8
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- -
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
Iluels artistiques
et littéraires
1
On s'est beaucoup querellé, vilipendé,
mordu et déchiré, ces temps-ci, dans le
monde des lettres et du théâtre. Il n'est
pas ,Us5U aux chansonniers de Montmar-
tre 1 n aient mis flamberge au vent,
ou plutôt pistolet à l'air. Car, ceci est
à remarquer, en tous ces duels de plu-
mes à becs, de becs de plumes, entre
auteurs et critiques, comédiens, revuis-
tes gens du monde et conférenciers, les
épé ? sont restées au fourreau ; ce sont,
presque toujours, les pistolets qui ont été
choisis. La balle sans résultat sera pour
rien, cette année!
J'avoue que je ne conçois pas les rai-
sons qui ont induit nos champions à
cette Préférence.
Dans la partie (théâtre et lettres), nous
sommes tous, conscients ou non, des
cabotins ceux-là mêmes qui, du pluspro-
fond de leur sincérité, feignent la mo-
destie et l'effacement, n'en demeurent
pas moins en parade, comme des gre-
nadiers prussiens, prussiens, devant le public; le
public! qui, d'ailleurs, pour la plupart,
n'existe pas, car il y a des personna-
lies ne font pas le maximum.
Chez nous, on ne se bat pas pour se
battre : on se bat pour s'être battu.
Or, outre que le pistolet — si on le
cha Irge! - est un faux frère, capable
de brutalité, et qui, au lieu de vous égra-
tigner ! épiderme, vous troue la peau
quand *î s'y met, il a cet inconvénient
de ne nimber d'aucun prestige ceux qui
ont rernis à sa gâchette le soin de vider
leur différend.
Car Il n'y a pas à dire mon bel ami,
dans Un combat au pistolet, ou bien l'on
tue son adversaire, ce qui n'a rien de
^artic. rle-rement réjouissant, ou bien l'on
tst t Ue soi-même, ce qui, sur l'instant,
semble encore plus fâcheux, ou alors.
alors: néant ! nib ! peau de zébie !
Peau de zébie, en chaldéen.
Est un mot qui veut dire : rien !
ré Tristan Bernard. Et c'est exac-
tement comme si, à deux, vous n'aviez
pas dérangé qua i ré amis et deux.méde-
cins! p ersonne ne vous en admire da-
vantage, et vous qvez ajouté une perle
de plus au chapelet des « duels de jour-
nalistes », dont le plus infilT .; bourgeois
se gausse
Tandis qu'à l'épée! Diantre! Male-
peste ! Parfandious! il y en a toujours
Peu qui écope — un peu, très peu, si
Deu que peu, mais cela suffit. Un an,
deu X ans après, toute sa vie durant, si
Ça juj chante, Z., le vainqueur, peut
dire en société, devant les bouches ahu-
ries et les yeux ronds de l'assistance, au
Ca^, a cercle, dans les salons, ailleurs,
partout : « Ce pauvre Y., je lui ai fichu
ma pointe en séton, là, dans le gras du
bras ! Vous pouvez voir ça dans les jour-
naux de l'époque. Une ligne de plus, je
l'embrochais en pleine poitrine. Pauvre
bougre! »
De son côté, Y., le vaincu, montre
souvent, soit sur son poignet, soit un
peu plus haut, en retroussant sa man-
chette, et négligemment comme vous
pouvez croire, une petite marque trian-
gulaire, large à peu près comme une
tête d' epingle: « Tenez! voilà la trace
du coup d'épée de Z., quand je me
suis battu avec lui. Un type qui s'était
déjà alin vingt-sept fois, et avait déjà
tué trois hommes! » Et, là-dessus, les
dames sont enchantées ; et elles viennent
regarder la petite marque, de tout près.
Voyez j^endès ! Catulle, qui soigne
son auréole comme pas un; Mendès, le
protagoniste de la littérature, le lyrique-
type, qui est poète-poète comme on est
marié-marié : il s'est toujours battu à
l'épée. Et comment ! Il est plus que pro-
bable qu'en dehors du terrain, il ne ma-
nie et n a jamais manié aucune arme.
is,
Mais, SUr le pré, il est formidable. Il
avance, la lame haute, toujours, tou-
jours !*f$ ? a. vec des moulinets terribles! II
fait du b aton, il fait de la canne, il fait
de la boxe, il fait de tout, excepté de
e~ critn e- Je ne crois pas qu'il essaye
vraiment de toucher son adversaire, mais
il ? l'air du Cid Campeador.
Il est, d'ailleurs, généralement, blessé,
mais cela ne trouble pas sa belle allure
et ne l'e^rn1^- 0*16 pas de recommencer à
la prochaine occasion.
Et il y a Plus de mérite à cette attitude
- très sérieusement! — que les scepti-
ques prudents, qui n'ont point passé et
ne passeront jamais par là, ne veulent
bien le donner à entendre. Il est très
certain tie le fait de croiser le fer sans
que lJl1 h^UVante ne signifie point qu'on
est un héros fils des dieux; n'empêche
que, rare S notre vie parisienne, il n'est
pas rare de rencontrer des individus fort
injurieux dont le caquet baisse sensible-
ment quand Ieur nez se trouve vis-à-vis
d'une pointe aiguë.
Robert harvay qui est une mine
d'anecdotes à ce sujet, car je crois bien
qu'il a 1 Presque autant de combats
que notre ROuzier-Dorcières, en contait,
jadis, une bien b°nne :
5 qui é Cltnens de Cettc sorte de fiers-
a-bras qui ne Parlent quotidiennement
que ~ss<~ des reins et de briser des
mâchoires, étant,. un beau soir. entrés
en conflit -dans une brasserie, durent —
leurs camarades respectifs assistant à
l'altercation - échanger leurs cartes et
se rencontrer, le glaive au poing. Ils ne
s'étaient jamais vus, auparavant; mais,
depuis les pourparlers de l'affaire, leurs
témoins les avaient parallèlement ren-
seignés l'un sur l'autre: — réputations
terrifiantes! — en sorte que, le jour du
duel, c'était à celui qui en mènerait le
moins large.
Au premier engagement, ils stagnèrent
tous deux, le bras éperdument tendu,
chacun sur une défensive tellement con-
centrée que les pointes des épées n'arri-
vèrent pas à se frôler.
On les arrêta de s'arrêter; puis, on
les remit en garde pour la reprise. Ils
continuèrent à garder l'expectative, pen-
dant les deux minutes réglementaires.
Deuxième pause. Puis deuxième reprise.
Alors, se produisit la catastrophe. L'un
des « combattants », comprenant, quoi
qu'il en eût, le ridicule de la situation,
fit tout à coup un pas en avant et un
battement sur la lame de son adversaire.
Ciel! celui-ci n'en attendit pas davan-
tage. Jetant son épée à terre et levant
les deux mains vers les nues, il tourna
les talons en criant aux témoins: « Ar-
rêtez ce fou ! arrêtez ce fou ! »
Et de courir !
Mais j'en reviens à mes moutons. Le
duel au pistolet ne comporte pas de ces
gaietés. En revanche, il est parfois pé-
rilleux pour les non-combattants.
Quand Jules Guesde échangea quel-
ques balles avec Albert Goullé, au mo-
ment où le commandement de : « Feu ! »
venait d'être prononcé, on fut tout à
coup obligé d'ordonner : « Halte ! » et
d'interrompre la cérémonie. Guesde, qui
est myope à ne pas voir son lorgnon, et
de tout point ignorant de l'endroit où
pouvait se trouver Goullé, levait froide-
ment son bras armé dans la direction du
groupe des témoins et des docteurs. L'in-
tervention précipitée de ces messieurs
empêcha, seule, un malheur!
Pour ses garnis, pour son médecin et
pour soi-même, il vaut mieux s'expli-
quer à l'arme blanche. Décidément.
Louis MARSOLLEAU.
flous publierons demain un article af
PAUL DOLLFUS
Marchands d'illusions
La justice, qui décidément se mêle par-
fois de ce qui ne la regarde pas, s'est avi-
sée, paraît-il, d'inquiéter dernièrement un
ex-ecclésiastique qui faisait profession de
vendre des terrains et des villas situés dans
le Paradis.
Notez bien que les ventes ainsi faites
n'étaient point de fantaisie. Le vendeur
fournissait une photographie de la petite
maison que l'on désirait acheter, il en don-
nait l'adresse exacte: 22, rue de Jérusa-
lem, ou 54, avenue Saint-Augustin, et les
acquéreurs, en attendant paisiblement leur
mort, pouvaient regarder avec intérêt la
photographie délicieuse et calme de leur
futur cottage.
De pareilles poursuites me semblent des
plus inquiétantes pour les directeurs de
théâtre et pour les auteurs. Si l'on met en
prison un homme qui, moyennant quelques
milliers de francs, vous donne vingt ou
trente années d'illusions, que fera-t-on con-
tre des gens qui, pour une douzaine de
francs, ne vous en donnent que pour trois
heures à peine? On les guillotinera, vous
pouvez m'en croire.
On nous permettra donc, au nom de l'art
dramatique tout entier, de revendiquer l'ex-
cellent curé comme des nôtres et de pro-
tester contre son arrestation.
Nous vivons, décidément, à une époque'
stupide où l'on ne comprend plus la valeur
inestimable des légendes et des illusions.
, G. DE PAWLOWSKI.
— ). -+- (
Échos
Cet après-midi, à quatre heures et demie,
au théâtre du Montparnasse, répétition gé-
nérale de: C'est la Loi! drame social de
MM. Max du Veuzit et George Lomelar.
L
e dernier « tuyau ».
t De temps en temps, quand on ne sait
plus quoi dire, au Comité des sociétaires,
on parle d'engager quelque artiste du bou-
levard.
Cela n'est pas compromettant, et cela oc-
cupe la séance.
Mais, cette fois, il paraît que c'est sé-
rieux. On a beaucoup discuté, l'autre jour,
l'entrée, rue de Richelieu, de deux artistes
applaudis.
L'un, qui obtint un premier prix de co-
médie, il y a peu d'années, joue actuelle-
ment une pièce célèbre auprès d'une grande
artiste.
L'autre, qui créa l'un des plus grands
succès de la saison dernière .sur une scène
proche de l'Opéra, vient d'être prêté par
son directeur à un théâtre proche du Ma-
tin — proche, topographiquement s'en-
tend.
L'un, au moins, de ces deux engage-
ments paraît tout à fait probable.
Il est vrai qu'au Théâtre-Français!.
u
ne heureuse nouvelle.
L'auteur de L'Apprentie, qui triom-
phe en ce moment a 1 Odeon, vient d être
nommé administrateur de la Manufacture
nationale des Gobelins. -
Gustave Geffroy, plus que tout autre,
pourra v rendre d'importants se&yiqaa. On
sait, en effet, qu'il n'est pas seulement l'é-
crivain apprécié de L'Enfermé, le nouvel-
liste délicat de Pays d'Ouest, mais encore
l'un des critiques d'art les plus appréciés.
Depuis nombre d'années — encore au-
jourd'hui, à La Dépêche de Toulouse — il
publie des études sur les maîtres d'à pré-
sent. Quelques-unes ont été réunies en vo-
lume sous le titre de : La Vie artistiqué.
Vers 1900, il a entrepris une série d'ou-
vrages sur les Musées d'art étrangers, qui
formeront une véritable encyclopédie, plus
complète que tout ce qui a été fait jusqu'à
ce jour.
Ajoutons qu'il s'est attaché aussi à la
question de l'enseignement de l'art dans les
milieux ouvriers; il fut l'un des promoteurs
les plus ardents du « Musée du soir ».
Rappelons enfin qu'il prit, l'un des pre-
miers, la défense de l'impressionnisme. Son
article sur l'Olympia de Manet, aujourd'hui
au Luxembourg, eut un retentissement con-
sidérable et suscita de violentes polémiques.
c
eux qui s'en vont.
- Nous apprenons avec tristesse la
mort de M, C. Liuyard, secrétaire de la ré-
daction de L'Auto, qui vient de succomber
aux suites d'une longue et douloureuse ma-
ladie.
Ses obsèques seront célébrées aujour-
d'hui.
M. C. Guyard, qui était veuf, laisse une
petite fille se sept ans.
L
e second divorce.
Il est, croyons-nous, intéressant de le
taire remarquer, Un Divorce, la pièce si
applaudie de Paul Bourget, est le deuxième
ouvrage représenté, sous ce titre, au Vau-
deville, depuis moins de vingt-cinq ans.
On donna, en effet, sur la scène de la
Chaussée d'Antin, en septembre 1884, trois
actes de M. Emile Moreau, et ces trois ac-
tes s'appelaient bien Un Divorce ! L'action
se passait sous le premier Empire. Les in-
terprètes avaient nom: Pierre Berton, Fran-
cès, Montigny, André Michel, Henry Mayer
qui, encore presque inconnu, jouait un très
petit rôle; Mlle Lesage, Mlle Marcelle Jul-
lien eL. et Mlle Marthe Brandès, chargée
du rôle principal.
Mlle Marthe Brandès joue aujourd'hui
encore le rôle principal de Un Divorce, seu-
lement ce n'est pas le même!
Regrette-t-elle: l'ancien ?
Peut-être esf-il permis d'en douter.
Et, cependant.!
u COMŒDIÀ » A MONTE-CARLO
L.a saison bat son
plein sur le littoral
monégasque.
Sous la direction
éclairée de M. fïaoul
Gunzbourg, de gran-
des fêtes d'art se pré-
parent qui vont atti-
rer, aUI théâtre de
Monte-Carlo, tous les
Parisiens et les in-
nombrables étrangers
en ce moment en vil-
légiature sur la Ri-
viera.
Comœdia devait à
ses lecteurs de les te-
nir au courant, au jour
le jour, des importan-
tes manifestations mu-
sicales qui vont s'y
dérouler. Il a chargé
de ce soin son émi-
nent collaborateur
M. GAUTHIER-VILLARS
dont la verve mor-
dante et l'indiscutable
érudition sont unani-
mement appréciées.
1
n memoriam.
Nous recevons la lettre suivante:
L'écho publié par Comœdia « in memoriam »
d'André Emanuel, jeune artiste .qui trouva 4a
mort en interprétant un rôle dans ma pièce L'Or-
nière, a ravivé un très douloureux souvenir.
Mais le récit de cet événement tragique fut fait
d'une façon un peu inexacte, et il convient de le
rectifier.
L'Ornière fut représentée aux ((Indépendants»,
sous la direction — éphémère d'ailleurs — 'de
M. Simon-Max. Le revolver n'éclata point entre
les mains du malheureux, artiste. Voici les faits,
confirmés par les témoins et la presse : avant de
tirer un coup de revolver, Emanuel a voulu se
faire la tête de circonstance, et il a passé rapide-
ment sur sa figure un mouchoir rempli de ma-
quillage. Or, ce « truc » a donné un résultat dé-
plorable, car sa face plaquée de blanc par en-
droits provoqua dans la salle une explosion de
gaîté tout à fait en désaccord avec la scène, qui,
la veille, à la répétition générale, obtint un franc
succès. Affolé, le pauvre artiste tira alors son
coup de revolver si maladroitement qu'il se fit à
la main gauche une brûlure par un éclat de pou-
dre, et il s'enfuit, éperdu, en proie à un véritable
désespoir. La grande critique étant dans la salle,
Sarcey, Henry Bauër, Henry Fouquier, Gustave
Simon, etc , il crut avoir compromis à la fois et
son avenir et ma pièce. Cependant, le lendemain,
rassuré par des articles très favorables pour l'au-
teur et pour les interprètes, Emanuel reprenait
son rôle, heureux de constater aue l'incident n'a
pas empêché le succès de s'affirmer. Sa brûlure
paraissait insignifiante. Malheureusement, est-ce
la terrible secousse morale? est-ce le maquillage
en s'infiltrant dans la petite plaie? personne ne
saurait dire la cause de ce terrible tétanos qui fit
en quelques jours son œuvre de destruction. Mais
cette mort prématurée ne fut en aucune façon
amenée par ma pièce, laquelle n'a certes pas mé-
rité d'être qualifiée de « cruelle ». C'est la fata-
lité, la mystérieuse et inexorable fatalité qui nous
fut cruelle : au pauvre jeune artiste fauché à fleur
d'âge, et au pauvre jeune auteur dont le début
fut attristé et entravé par ce deuil.
MARYA-CHÉLIGA.
ch<
ÎZ les Turcs.
Les censeurs, en Turquie, prennent
leur rôle au sérieux. Ils coupent inlassable-
ment, pour justifier leur existence. Ils cou-
pent, au petit bonheur, pour le seul plaisir
de couper. Ce sont les Pères Coupe-Tou-
jours!
Nous avons dit récemment les mutila-
tions qu'ils opérèrent, lors des représenta-
tions, à Constantinople, de Mme Suzanne
Munte, dans l'inoffensive Adrienne Lecou-
vrt'itr. On nous raconte aujourd'hui u—»
nouvelle bouffonnerie plus joyeuse encore.
Un cinéma-théâtre avec auditions phono-
graphiques ayant remplacé, à l'amphithéâ-
tre des Petits-Champs, la troupe d'opérette
française, les censeurs firent demander le
texte des couplets que l'appareil ferait en-
tendre, afin de supprimer les mots subver-
sifs.
On eut toutes les peines du monde à leur
faire comprendre que les morceaux une
fois enregistrés sur les cylindres, il deve-
nait impossible d'en changer le texte par
des ratures au crayon bleu.
D
usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète toujours comp-
tant : bijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison.
T
ragédie.
M. Huguenet n'est pas un homme
accommodant.
Récemment engagé par la somptueuse di-
rection d'un petit théâtre, qui doit monter
prochainement une pièce d'un auteur cé-
lèbre — célèbre pour des raisons qui n'ont
rien de théâtral — il avait exigé que l'ad-
ministrateur de cette entreprise, par une
clause inscrite au contrat, n'eût pas le droit
d'assister aux répétitions.
II avait eu, en effet, autrefois, des dé-
mêlés avec cet administrateur, qui fut long-
temps impresario et qui répond au nom poé-
tique de Chimène.
Or, l'autre jour, M. Huguenet, qui répé-
tait, vit apparaître dans la salle M. Chi-
mène. Il s'exclama alors de sa plus belle
voix:
.Que Chimène s'en aille
Ou bien je l'essorille et le desentripaille !
Et comme M. Chimène ne bougeait pas,
M. Huguenet, bondissant par-dessus la
rampe et le saisissant au collet, se mit, en
effet, à lui donner une leçon de boxe pra-
tique. Il fallut l'intervention des assistants
pour arracher l'administrateur aux mains
agissantes de l'artiste.
Huguenet, qui l'eût cru? Chimène, qui
l'eût dit?
LE QUATRAIN DU JOUR
BATAILLE !
On peut croire que Henri III aimait la Ligue
Et que du Portugal Franco se fit aimer,
Mais il serait imprudent d'affirmer
Qu'Huguenet pour Chimène a les yeux de Ro-
I [drigue.
v
NIIIP. - -
On vient de disperser, è l'Hôtel des
Ventes, tout un lot curieux d autographes
qui contenaient d'intéressantes lettres de
comédiennes.
On y remarquait de piquants billets de
la Malibran « qui se porte passablement
bien en considération de l'ennui qu'elle
éprouve loin de son bon mari » ; une invita-
tion de Marie Dorval, priant Victor Hugo à
dîner chez elle. Il est plaisant de retenir
deux lettres d'amour de Rachel: quittée par
son amant, elle espère cependant son re-
tour: « .Sur le balcon, j'ai attendu les
pieds dans l'eau. C'est donc fini, vous ne
voulez plus me voir, mais, pour Dieu ! ré-
pondez-moi; c'est de la cruauté; ce n'est
pas punir, mais tuer. », et une lettre
d'Agar racontant l'histoire de François Cop-
pée et du Passant: « .La mère de Coppée,
une mère adorable, une femme d'un esprit
élevé, d'une âme superbe, était folle de joie.
Elle s'évanouit pendant le succès, et lui,
pauvre garçon, bien malade, pliait sous tant
de joie. On l'emmena au soleil pour le re-
mettre; vous savez combien il a réussi; il
est immortel aujourd'hui et j'en suis heu-
reuse ; c'est un brave fils, un Don frère, tout
est bien. »
Paisibles souvenirs d'existences mouve-
mentées, amours passionnées de tragiques
actrices, tout s'éparpille aux enchères de
l'Hôtel.
L
a guerre des sexes.
1 Nous avons dit que M. Gémier al-
lait remettre a la scène la formidable et
puissante farce d'Alfred Jarry: Ubu-Roi.
Cette représentation sera doublement cu-
rieuse.
Le rôle de Madame Ubu, qui fut créé
inoubliablement par Louise France, sera
repris, devinez par qui?. par le sympa-
thique comédien Dalleu.
Et ce ne sera pas le seul travesti de la
pièce: le fils Ubu sera représenté par la
gracieuse Yvonne de Bray.
Quand on prend du travesti, on n'en sau-
rait trop prendre.
p
aillard inaugurera, samedi, ses « sou-
pers-redoute » avec le concours des
plus jolies artistes de Paris. A cette fête,
Mmes Nita Jo, de l'Alhambra, et Delierre,
dè l'Athénée, se feront entendre dans les
grands succès de la saison: Les Fleurs que
nous aimons et Le Baiser, d'Octave Cré-
mieux, et Serments de femme, de Nilson
Fysher. On dansera la « Paraguay », la
danse à la mode.
Retenir sa table est une bonne - précau-
tion.. - i
---
O
ù aller dîner quand, à sept heures, on
projette de se rendre au théâtre?
Chez Champeaux, place de la Bourse,
qui a institué un- « Dîner des Théâtres »
luxueux, élégant et servi avec prestesse.
Le Tout Paris des artistes et des club-
men y dîne tous les soirs.
NOUVELLE A LA MAIN -
p
our les enfants qui, utilisés au théâtre,
n'ont pas le temps d'aller à l'école.
Les lettres de 1 alphabet sont faciles à
étudier. Ne rencontre-t-on pas dans les cou-
lisses MM. Sée, Hue, Hess, Cahen, Gay,
et même Mlle Heff (qui s'appelle Magda
pour la scène).
En cherchant bien, en rappelant même le
passé avec les Théo, on trouverait facile-
ment un alphabet complet.
Ce n'est pas compliqué et ce n'est pas
méchant, et cela fait toujours passer le
temps !
temps! Le Masque de Verre.
La question
des chapeaux
Chez le Préfet de Police.. A propos de l'arrêté pris
autrefois par le maire de Marseille.
M. Lépine et les Parisiennes.
Comœdia publiait hier le texte d'un ar-
rêté que le docteur Flaissières, quand il
était maire de Marseille, prit, le 17 février
M. LEPINE
M. YVES DURAND
1897, contre le port des chapeaux au théâ-
tre.
Rappelons-en la teneur:
ARTICLE Ier. — Les dames qui assistent aux
représentations théâtrales sont tenues d'y assis-
ter nu-tête.
ARTICLE II. — M. le Commissaire central est
chargé de l'exécution du présent Arrêté.
Bien des Parisiens nous écrivaient hier :
« Pourquoi le Préfet de police ne prendrait-
il pas un arrêté identique? Voilà qui tran-
cherait le problème. Qu'en dites-vous, Co-
rhoed-ta »
Je suis allé aussitôt boulevard du Palais
poser la question à M. Lépine. En l'absence
du Préfet, c'est M. Yves Durand, le direc-
teur de son cabinet, qui m'a reçu, et bien
reçu. M. Yves Durand, qui personnifie l'af-
fabilité, ne se contente-pas d'être un bril-
lant magistrat devenu le bras droit du Pré-
fet, il est aussi le président de la sous-
Commission des Théâtres. Ma bonne étoile
d'interviewer m'avait conduit, on le voit,
aux sources mêmes des informations préfec-
torales :
— Il serait très difficile à M. Lépine —
me déclare le directeur de son cabinet —
de prendre un arrêté identique à celui du
maire de Marseille. Le maire de la cité pho-
céenne et le Préfet de police de Paris sont
deux personnages bien différents, en effet,
quant aux pouvoirs qu'ils détiennent.
» M. Lépine n'agira que quand la sous-
Commission que je préside, et dont M.
Henri Turot, conseiller municipal, est le
rapporteur, aura terminé ses travaux, et
quand un avis identique aura été fourni par
la Commission supérieure. Or, au sein de
cette dernière, nous trouvons cinq conseil-
lers municipaux et des directeurs de théâ-
tre.
- Mais, dis-je, les directeurs de théâtre
ne demandent qu'à s'incliner devant un ar-
rêté du Préfet supprimant les chapeaux.
— Dans ce cas, qu'ils demandent la me-
sure. Je crois pouvoir vous dire, en atten-
dant, continue M. Yves Durand avec le sou-
rire du renseigné, qu'il y a, parmi les direc-
tions théâtrales, certaines hésitations. D'au-
cuns craignent de voir une clientèle de dî-
neurs mondains déserter leur salle. parce
que les femmes qu'ils accompagnent sont
en tenue de ville, c'est-à-dire chapeautées,
et non en coiffure de soirée. C'est là le
hic.
—' Mais si, dis-je, l'arrêté s'applique à
tous les spectacles parisiens, ces honorais
gêneuses, à qui le théâtre est nécessaire,
seront bien obligées d'aller quelque part en
soirée. Elles se butteront, là comme ailleurs,
à la consigne formelle et seront bien for-
cées alors de se soumettre à la loi com- •
mune?
— Oui, dit M. Yves Durand, c'est Hal.
Aussi, sans préjuger de la décision qui sera -"
prise, puis-je vous dire que cette irritante
question des chapeaux, bbjet de toute notre
attention, sera, dans un avenir prochain,
clairement solutionnée. *
— Si je suis bien renseigné, monsieur le:
Directeur du cabinet, n'y a-t-il pas, au sein
de la Commission, une majorité nettement
hostile au port du chapeau au théâtre? Dans
ce cas, si le préfet adoptait ses vœux.
- Je ne peux rien vous dire là-dessus,
interrompt vivement M. Yves Durand. Je ne
sais rien des dispositions favorables ou dé-
favorables de mes collègues. Sans violer en
rien la règle du silence que je me suis im-
posée.
- Et qui est, Monsieur, celle qui met à
mal le plus souvent le métier du journa-
liste !
— Je peux vous dire que nos travaux
seront terminés dans deux mois, et qu'avan'
juillet la nouvelle ordonnance de M. le Pré-
fet paraîtra.
— Avec-la réglementation absolue des
chapeaux?
- Et avec bien d'autres choses e.,coret
E. ROUZIER-DORCIERES.
NOTRE COMITÉ DE LECTURE
Première Séance publique
Hier après-midi un millier d'auditeurs se sont présentés au
Théâtre des Arts pour donner leur avis sur les pièces
retenues. Nos remerciements à tous. et nos regrets
à ceux qui ne purent trouver place.
Je n'exagérerai pas en disant qu'un mil-
lier de personnes au moins se sont rendues,
hier après-midi, au théâtre des Arts, pour
assister à la première séance publique de
- -
LE QUATUOR FEMININ. trrançer, jtfwî.
Représentation ou de Lecture des œuvres
retenues par notre Comité.
Que nos amis qui ne purent trouver place
veuillent bien nous excuser : ils étaient vrai-
ment trop nombreux, et nous dûmes, à no-
tre grand regret, faire quelques mécontents.
L'annonce de cette séance, en effet, avait
attiré au boulevard des Batignolles tout ce
que Paris compte de lettrés avertis, curieux
de connaître les premiers « l'auteur nou-
veau » qui sera peut-être célèbre demain.
Dirons tout de suite que la séance a vu.
dans l'ordre le DIUS pariait, se dérouler les
péripéties les plus diverses des œuvres litté-
raires représentées ou lues, et que l'accueii
fait à l'idée de Comœdia fut tel que noua
en sommes tous confus çncore; nous ns
trouverons Jamais assez de remerciements
a adresser à l'élégant public qui se pressait
hier au théâtre des Arts.
Reconnu, au hasard de la lorgnettet —J
cliché consacré — parmi les personnes rré-i
sentes:
Mmes Marie Frazier, Jane Bertal, Angèler
Henry, Francine Safonoff, Nelly Dupont;
R. Xanrof, Otéro, Leriche, J. Droyart, Ce-
risier, Mareueriïe d'Orfex , Germon©
Ciuvot. A. Seiney, Marie Tripier, Ca'v.
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