Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-02-01
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 février 1908 01 février 1908
Description : 1908/02/01 (A2,N124). 1908/02/01 (A2,N124).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646508v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2e Année* — N® 124 (Quotidie&l Nttmêro j 9 Cêfltimêb^ -. ,,e Samedi I*" février 190K
Rédacteur en Chef : G» de PA WLOWSKl
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégrapbique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 >
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07 -
Adresse Télégraphique : COMOEDIA.PA is
ABONNEMENTS :
1 UN AN E MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 D 20 *
Vieux=Neuf
Il n'est pas pour l'écrivain pénétré,
comme je suis, de l'importance sociale
de sa mission, il n'est pas de plus grand
réconfort que de sentir battre à l'unis-
son du sien le cœur des foules. J'ai goûté
cette joie suprême, j'ai perçu les palpi-
tations de ce viscère collectif: au lende-
main du jour où je publiai, ici même
quelques échantillons - de mon Théâtre
classique modernisé, des témoignages
me sont parvenus, multiples, d'où il ap-
pert que ce travail — ivresse! orgueil!
— répond merveilleusement aux aspira-
tions de mes contemporains.
Une dame m'a supplié à genoux d'au-
toriser la représentation, dans ses sa-
lons, du Misanthrope de Molière et
Willy; un impresario sollicite, pour les
produire dans tous les théâtres de
France, de l'étranger et peut-être des
colonies, l'Andromaque, le Mithridate et
le Bajazet rajeunis par mes soins et une
subvention de cinq cent mille francs. Je
n'attends, pour donner suite à ce projet
si séduisant, que d'avoir obtenu l'agré-
ment des héritiers Racine et trouvé le
demi-million nécessaire: cela ne saurait
tarder.
Il n'est pas jusqu'à mon tailleur qui
ne soit venu me présenter ses félicita-
tions, bien sincères, et sa petite note, un
peu majorée, alléguant qu'un drama-
turge de ma sorte, à la veille de devenir
colossalement riche, ne se pouvait dis-
penser de régler son dernier complet
veston et son plus récent paletot. Cette
requête, assez inconsidérée, m'a suggéré
de mettre au goût du jour le Don Juan
de Molière, et j'ai improvisé, séance te-
nante, une version nouvelle de la fa-
meuse scène de Monsieur Dimanche :
j'ai reproché à l'importun ses prix ex-
cessifs, attendu que
Pour vingt-cinq francs bis, pour vingt-cinq francs
On a un pardessus [cinquante,
Avec du poil dessus.
Puis, comme il insistait, sans tact, je
l'ai éconduit fermement, ne pouvant ad-
mettre qu'on intervertît les rôles et que
Monsieur Dimanche eût la prétention de
représenter la statue du Quémandeur.
Mais la tragédie, plus que la comédie.
me sollicite. Je viens de terminer la ré-
fection de.J>.hèdre. Des extraits? Boum!
voilà !
Couplets de la douce Aricie (air: La
Petite Tonkinoise) :
Celui dont je suis la p'tite,
Oui, c'est Hippo bis, c'est Hippolyte;
J' lui trouve un' bobin' charmante:
Ah! c'est bath d'êtr' son amante!
Il m'appell' sa p'tit' bourgeoise;
Phèdre lui cherche bis, lui cherche noise
A caus' qu'il m' fait les doux yeux.
Chic! c'est moi qu'il aim' le mieux!
Couplets de Phèdre (air : La Pro-
mise) :
Hippolyt', mon gas,
Il faut oue j' te l' dise:
Si tu n' m'embrass' pas,
J' frai p't-être un' bêtise.
Ton père est là-bas,
Loin sur la mer grise,
J' suis dans l'inaction:
V'là ma position!
A quoi Hippolyte riposte, vertueux
(air : Non, ma mère):
Il m'appell' sa p'tit' bourgeoise,
Non, non, vous ne m'aurez pas,
J' suis fidèle à mon Aricie,
Non, non, vous ne m'aurez pas,
Je suis fidèle à ses appas.
Au récit de Théramène, longuet, je
substitue deux strophes, dont voici le
refrain (air : J'ai perdu ma gigolette) :
L'avez-vous vu sur le rivage,
Essayant de r'tenir ses ch'vaux?
Nous autr's on pleurait comm' des veaux
En voyant s'emballer l'att'lage:
I' s'est fait traîner sur la pla-a-ge!
Actuellement, j'ai, sur le chantier, un
Britannicus; mais je respecte trop le pu-
blic et ma gloire pour en rien publier
avant qu'il soit au point; je suis occupé,
pour le quart d'heure, à polir une chan-
son d'Agrippine sur l'air: Néron, Né-
ron, petit patapon.
Enfin, quelques personnes m'ont de-
mandé de ne pas limiter mon effort au
répertoire classique ; alors, moi, pas dur,
je me suis attaqué au drame romantique
et je tiens un Hernani à la disposition
des amateurs. J'ai eu soin, en homme
de goût, d'atténuer certaines exagéra-
tions victorhugrotesques.
Au un, Hernani propose à Dona Sol
une existence paradisiaque (air : C' que
tu m'as fait) :
Ah! c'est bon, c' que tu m'as fait !
Ton baiser m' fait un effet:
Comm' t'es Castillan' tu sens la peau d'Espagne;
Viens dans ma montagne,
Au besoin au bagne.
Avec moi, tu rigol'ras:
Je suis un' force qui va.
ti Carlos nous pince, ça f'ra p't-être du vilain,
Mais on tâchera de l'envoyer au bain.
Des rythmes empruntés à Bruant at-
ténuent très heureusement la solennité
de la scène des portraits. Exemple pris
au hasard (air : Belleville-Ménilmontant):
V'là Machinchouett' ed' Silva,
Grand-maîtr' de Calatrava,
Vainqueur du tournoi d' manille,
En Castille,
Tenu pour un chaud d'la pince
Et braillard comme un dragon,
D'un bout à l'autr' d' la province,
Dans tout l'Aragon (bis).
pans le texte de Hugo, l'attitude du
rOi, durant cette scène, est — les plus
fervents admirateurs du maître regretté
e reconnaissent — absolument piteuse:
°n ne s'explique pas que ce monarque
laISse Ruy Gomez dégoiser interminable-
ment sa généalogie. Je supprime cette in-
vraisemblance ; mon Don Carlos à moi,
bien luné, prend à la blague les rado-
tages du vieillard et, à chaque cadre que
lui désigne le raseur grandiloquent,
.chantonne, gouailleur:
Oh! là, là! c'te g., c'te binette!
Oh! là, là! c'te g. qu'il a!
De même, je modifie complètement
l'allure de l'apostrophe fameuse où Her-
nani, révélant sa véritable identité, ré-
clame l'échafaud avec une insistance
vraiment agaçante. De nos jours, un
monsieur qui offre ainsi sa tête risque
fort qu'on se la paye, et moins cher
qu'au marché! Donc, au lieu de
s'écrier:
Je suis Jean d'Aragon, roi, bourreaux et valets,
Et si vos échafauds sont petits, changez-les!
ce qui est ridicule, le conspirateur fa-
cétieux, gazouille (air: Je me nomme
Popaul) :
Je me nomm' Jeanjean,
Je suis fort intelligent ;.
On n' guillotin' plus maintenant:
Alors, très impertinent,
J' fais mon p'tit Jeanjean!
Il va de soi que rien, dans ma ver-
sion, ne subsiste du dénouement primi-
tif : je n'ai vraiment pas le cœur de sup-
primer, par le poignard ou par le poi-
son, tant de personnages qui, après tout,
n'ont jamais cherché à m'être personnel-
lement désagréables. Avec moi, tout s'ar-
range : Dona Sol, fine comme toutes les
femmes (à vous, lectrices!), Dona Sol
trouve la solution la plus satisfaisante;
elle roucoule, pâmée (air: Vous êtes si
jolie) :
Vous êtes mon lion superbe et généreux!
Tous les deux, mon amour, on serait rien heureux
Au château de tes pères!
Mais, puisque Ruy Gomez vient pour nous embê-
[ter,
Bouclons notre valise, et puis, sans l'écouter,
Nous nous ferons la paire!
Ce malheureux Hugo, d'ailleurs,
manquait de goût à un point incroyable;
abondant en tirades oiseuses, il devenait,
au contraire, concis dès que l'illuminait
une inspiration heureuse et qui eût mé-
rité quelque développement. Ainsi, dans
Ruy Blas, ayant trouvé l'image superbe
du lombric pris de passion pour un corps
céleste, il accorde tout juste les trois
quarts d'un alexandrin à cette méta-
phore bien digne qu'on y insiste et dont
j'ai tiré toute une strophe (air: L'Etoile
d'Amour) :
Phénomène inouï d'histoire naturelle,
Je suis un annélide épri$-ji!im astre d'or.
(Heureux le tœnia qui, dans!'intestin grêle,
Sans souci dès baisers, tranquille, vît et dort!J
Cette étoile d'amour,
C'est la reine d'Espagne,
Et je bats la campagne,
- Dément, la nuit, le jour:
Je suis un ver de terre-amoureux d'une étoile
Que j'aimerai toujours!
Et, notez bien, moi, je n'ai jamais été
enseveli au Panthéon!
WILLY.
Nous publierons demain un manuscrit
inédit de
CHARLES GOUNOD
Modes d'autrefois
Rien n'est plus amusant que de feuilleter
la collection d'un vieux journal de modes.
A chaque page on se demande avec étonne-
ment en vertu de quelles idées spéciales,
de quelles conceptions momentanées il pou-
vait paraître indispensable, à certaines épo-
ques, de se grossir les bras ou les hanches
d'une façon démesurée à la façon des Hot-
tentots, et l'on ne conçoit pas ce qui pou-
vait plaire dans cette esthétique surannée.
En art dramatique, on éprouve à peu de
frais les mêmes étonnements lors de la re-
prise de vieilles pièces à succès. Je sais,
par exemple, telle comédie de l'un de nos
plus brillants écrivains et des plus spirituels
que l'on reprend en'ce moment et où se
trouve un effet qui, en 1908, demeure pour
moi infiniment incompréhensible.
A un moment, une dame, s'adressant à
son ex-mari, lui dit cette simple phrase:
— Vous accepterez bien une tasse de
thé ?
Un silence.
On sent que le mot d'esprit est imminent.
Elle ajoute, en .effet :
- Et quelques tartines?
La claque — témoignage irréfutable des
succès anciens — souligne bruyamment ce
mot d'esprit.
Quelle en était la portée au jour âe la
première? Quel était le sens de ce mot
qui, ainsi que vingt mots analogues de la
pièce, consacra jadis le triomphe de l'au-
teur ?
Faut-il, pour le savoir, faire un plébis-
cite? une enquête ? J'avoue que je n'en
dors point et que la mise au clair de cet
angoissant problème, depuis ce soir-là, me
hante jour et nuit.
G. DE PAWLOWSKI.
Echos
Ce soir, à huit heures trois quarts, aux
Nouveautés, reprise de Vous n'avez rien à
déclarer? de MM. Pierre Veber et Maurice
Rennequin.
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
Théâtre Mévisto, première représentation
de: Service d'été, de Léo Marches; Miou-
sic, de MM. Aug. Germain et Trébor; A la
Noce, de MM. Léon Frapié et Paul-Louis
Garnier; L'Etranger, de M. Edmond Lepel-
letier; La Vieille Dame d'au-dessus, de
MM. Robert Dieudonné et Jean Gusky.
Ce soir, à neuf heures, au casino de
Paris, première représentation de L'Esca-
dron de l'Amour, opérette en trois tableaux,
de M. Georges Spitzmuller.
Cet après-midi, à cinq heures, à La Pie
qui Chante, répétition générale de Comé-
die. y al revuette de MM. Charles Fattoi
et Paul Marinier.
Ce soir, à neuf heures, au XX0 Siècle,
première représentation de La Revue du
Vingtième, de M, Jean Peheu.
s
ur le pré.
On nous communique le procès-ver-
bal suivant:
A la suite d'un incident d'ordre privé survenu
entre MM. Numa Blés et Roger Ferréol, MM.
Dumény et Dominique Bonnaud, pour M. Numa
Blés ; MM. Sacha Guitry et Georges Coquet,
pour M. Ferréol, ayant au cours de trois entre-
vues épuisé tous moyens de conciliation, une
rencontre a été décidée. Elle aura lieu aux en-
virons de Paris, samedi 1er février. L'arme choi-
sie est le pistolet, deux balles seront échangées
à vingt-cinq pas.
M. Numa Blés, étant le directeur artistique
de M. Ferréol, les quatre témoins soussignés
n'ont souscrit à cette rencontre qu'après s'être
assurés que tout contrat, entraînant une respon-
sabilité pécuniaire entre les deux parties, était
annulé à la date du 31 janvier.
Fait en double à Paris, le 31 janvier 1908.
Pour M. Numa. Blés :
DUMÉNY.
Dominique BONNAUD.
Pour M. Ferréol:
Sacha GUITRY.
Georges CoougT.
LE QUATRAIN DU JOUR
TOUT A LA RIGOLADE !
Si tu veux voir un four, reste au coin de ton âtre ;
Car la joie est partout; la guigne, nulle part!
Car Tourtelin s'amuse et Bridache est veinard:
On ne s'embête pas, cette année, au théâtre.
D
usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète toujours comp-
tant: bijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison..
L
e prénom travesti.
On l'aDDelle Tean et cela étonne bien
un peu ceux qui ne sont pas initiés.
On l'appelle Jean, dans l'intimité, mais
on l'appelle Jean aussi à la Comédie-Fran-
çaise, car elle est de la Comédie-Française.
Elle en est depuis peu et a su déjà s'y
faire une place enviable et peut-être enviée,
grâce à son travail et à ses qualités qui sont
de premier ordre. C'est déjà une actrice de
talent et ce sera, plus tard, on peut l'espé-
rer, -une de nos grandes comédiennes..
Lorsqu'elle vint au monde — il n'y a pas
très longtemps!—ses parents eussent pré-
"Tèfe un fils, car ils avaient déjà une fille.
L'enfant n'en fut pas moins reçue avec joie
— ceci commence comme un conte de fées !
— mais si on la baptisa du nom de Jeanne,
on prit l'habitude de l'appeler Jean, nom
que devait porter le garçon attendu, et l'ha-
bitude s'implanta si bien que, depuis ditf-
neuf 'ans — tant pis, nous avons dit son
âge- Jeanne a gardé le nom*de Jean!
R
ectifions.
Nous nous étions trop pressés d'an-
noncer à nos lecteurs la rare saveur aune
conférence contradictoire sur l'^moar, et
voici la lettre que nous recevons:
Mon cher Masque de Verre,
C'est bien moi, n'est-ce pas, la femme de
lettres, femme d'homme de lettres, qui prépare
une conférence contradictoire sur l'amour? Il
s'agit seulement d'une plaisanterie; je veux bien
faire dialoguer les bêtes, mais pas les étoiles
de music-halls.
Soyez assez gentil pour en informer vos lec-
teurs et, croyez-moi, cordialement vôtre
Colette WILLY.
Rectifions donc, mais c'est dommage!
Q
u'ils appartiennent au bloc ou à l'op-
position, nos honorables se rerouvent
chaque soir chez Lapré, rue Drouot, et, là,
unanimes pour une fois, trouvent exquis les
vins, savoureuses les huîtres.
N
ous parlions l'autre jour des caricatu-
res en bois découpé, signées de Los-
ques, que la Société des Automobiles urne
expose en ce moment 15, boulevard des
Italiens, sous le titre: Tout-Paris dans les
voitures Unie.
Cette publicité originale a un tel succès
que de nombreux amateurs ont demandé à
acquérir une copie exacte du modèle ex-
posé.
Nous pouvons leur annoncer qu'ils auront
satisfaction. Mais, si cela continue, M. G.
Richard va être obligé d'adjoindre, à la
construction de ses élégants" et robustes
châssis, celle de ces charmantes et artisti-
ques petites voitures. Voici donc un nou-
veau débouché. Et l'on parle de la crise
automobile.
NOUVELLE A LA MAIN
u
n auteur dramatique peu chanceux
porte une pièce nouvelle à un direc-
- A - - J - - L --.1 A«1
teur ûe tneatre aes uuuievm us, ci lUI eu
explique le sujet:
- Il s'agit, dit-il, d'un enfant enlevé,
perdu, puis enfin retrouvé par sa mère. ,
- Hen! fait le directeur, ce n'est guère
neuf ! - >
--"- C'est possible, répond l'auteur drama-
tique toujours peu chanceux, mais je suis
resté mfttfr^ TÎans mon œuvre ; -imsi;"--teRez;.
j'ai eu soin de placer l'acte de la recon-
naissance. au Mont-de-Piété.
Le Masque de Verre.
Une cantatrice russe à l'Opéra
Nièce d'un des savants qui honorent le
plus la France, le docteur Metchnikoff, la
grande, très grande cantatrice de l'Opéra
impérial de Saint-Pétersbourg, qui incar-
nera, ce soir, Elsa de Lohengrin, n'est pas
une étrangère parmi nous.
Elle se fit entendre une fois déjà, à Pa-
Mme MARIE KOUSNIETZOFF
1 De l'Opéra Impérial de Saint-Pétersbourg.
ris, mais devant un petit nombre de privi-
légiés. C'était, il y a un an ou deux, au
Nouveau-Théâtre, où l'on avait organisé
une représentation au bénéfice de la re-
grettée Marie Sasse. L'affiche portait en ve-
dette quelques grands noms, celui de Cha-
liapine notamment. Deux jours avant la
matinée, un télégramme annonça que le cé-
lèbre chanteur était empêché.
Mme Marie Kousnietzoff, qui se trouvait
à Paris, en voyage d'agrément, accepta aus-
sitôt de remplacer, au pied levé, son com-
patriote.
Sa royale beauté, tout de suite, fit im-
pression. Mais lorsqu'elle eut chanté d'une
voix idéalement pure, ce fut un triomphe
indescriptible.
M. Broussan a fait le voyage de Saint-
Pétersbourg pour juger lui-même la grande
cantatrice. Il l'entendit dans ce même rôle
d'Elsa qu'elle va interpréter ce soir, et dans
un opéra très célèbre en Russie : Russland.
Son impression fut telle qu'il lui proposa
sur l'heure un engagement magnifique : cinq
mille francs par soirée.
Mme Kousnietzoff ne chante à la scène
que depuis trois ans et demie. Elle consa-
cra, auparavant, plusieurs années à étudier
les rôles de son répertoire au simple point
de vue dramatique. Sous la direction de
M. Pebrowski, régisseur du Théâtre Im-
périal de Saint-Pétersbourg, elle les parla
tous avant de les chanter.
Mais la èaractéristique la plus curieuse
peut-être de cette artiste très personnelle,
c'est qu'elle ne se grime jamais. - Coquet-
terie de jolie femme? Orgueil de la beauté
qui ne veut rien devoir à l'artifice? — Non
pas! Mais scrupule d'artiste désireusé de
conserver à sa physionomie toute la mobi-
lité nécessaire pour exprimer les sentiments
les plus subtils.
Mme Kousnietzoff devait donner huit
représentations. Mais on la réclame déjà,
paraît-il, à Saint-Pétersbourg, où elle doit
jouer, pour la première fois, Carmen dans
des décors d'une conception nouvelle.
Elle nous apparaîtra, en tous cas, mer-
credi, sous les traits de Marguerite. Et, de-
vant l'accueil du public, elle ne pourra pas
moins faire qu'adopter Paris pour sa se-
conde patrie,
P. MÉALY.
Le Rapport
Jacques Richepin
Les réformes nécessaires, "Les Agents généraux, «= Groupons*
nous contre l'ennemi commun : la Mairie
Le 8 janvier,' j'ai envoyé un exem-
plaire de ce rapport à chacun des mem-
bres de notre commission.
Je n'ai reçu en retour ni une réponse,
M. JACQUES RICHEPIN
ni un encouragement, - ni' un remercie-
ment, ni une convocation. -
J'ai pensé que ce rapport laisserait
moins indifférent mes confrères que nos
commissaires.
J'ai pensé également que l'attitude
trop réservée que - j'avâis choisie était
nuisible à, la tâche de reformes que j'ai
entreprise et à la défense. effective de
nos intérêts lésés.
C'est pourquoi j'ai pris la décision de
rendre mon rapport public.
J'ai dû en supprimer certaines préci-
sions de noms et de villes que je tiens à
la disposition de mes confrères, a litre
confidentiel.
A Monsieur Decourcelle,. président de la
sous-Commission chargée de la percep-
tion de nos droits en province.
Mon cher Président,
Voici le rapport que vous avez bien
voulu me demander au sujet des observa-
tions que j'ai pu faire, pendant plusieurs ré-
centes tournées, sur la perception de nos
droits en province.
Cette perception est à peu près bien faite
dans les grandes villes.
Elle n'est aucunement organisée dans les
villes moyennes et dans les petites villes
(villes mensuelles et trimestrielles).
La question des villes mensuelles me
semble spécialement urgente. Il s'agit là de
droits très importants.
Dans la dernière tournée que j'ai faite,
les villes de cet ordre donnaient des recet-
tes de 1.500 à 2.500 francs, et, par con-
séquent, de 150 à 250 francs de droits
d'auteur en une seule représentation.
Or, dans ces villes, généralement, le re-
présentant des auteurs, ou est absent, ou
encaisse les droits vers dix. heures, en si-
gnant aveuglément le reçu qu'on lui pré-
sente..
On rencontre là plusieurs sortes dè, re-
présentants:
10 Le représentant qui croît être parfai-
tement honnête et irrépréhensible en re-
mettant scrupuleusement à la Société les
sommes qu'on lui donne, sans contrôler si
ce sont celles qu'on lui doit;
20 Le représentant absent qui envoie
d'avance un reçu en blanc signé et chez qui
on porte le lendemain matin l'argent;
3° Le représentant chic, qui offre ses
places, qui passe devant le contrôle sans s'y
arrêter et qui dit: « S'il fallait s'en occuper,
j'enverrais tout promener »;
4° Le représentant gros commerçant ou
banquier qui se fait lui-même représenter
par un emplové; le patron est parfaitement
honorable; 'l'employé, nous ne savons pas
ce qu'il est et c'est de lui seul pourtant que
nos droits dépendent ;
5° Le représentant qui impose au direc-
teur un représentant payé par ce même di.
recteur, suivant le droit que lui donne la
Société. Ce contrôleur, qui se considère
comme un employé, un salarié du direc-
teur, déclare par ordre la recette que lui
indique son directeur ;
6° Enfin, le représentant malhonnête qui
se fait donner des places supplémentaires,
reçoit des gratifications, partage cassette et
le reste; il en existe certainement; je n'en
ai personnellement jamais rencontré.
D'une façon générale, notre correspon-
dit est tolérant et évite les histoires Darce
qu'il croit que c'est là sa consigne; il est
convaincu que la Société laisse volontaire-
ment une marge à la fraude (suivant le mot
de R., qui disait: Nous demandons 10
pour avoir 6 %) ; il redoute de s'immiscée
dans les comptes et croit, en fermant lesr
yeux, en ne rompant pas dans tout cela,
sauvegarder son honorabilité. -
Aussi, avant l'arrivée du correspondant,
presque partout contrôleurs et buralistes
échangent-ils la phrase traditionnelle:
- Combien déclare-t-on aux auteurs? -
- Comme d'habitude.
A moi qui exige qu'on porte la recette
totale, on répond :
— Jamais on ne l'a fait dans ce théâtre;
vous allez surprendre le correspondant qui
croit que-la-salle comble ne peut dépasser
1.000 francs. La recette dépassait 1.500
francs..
Nos correspondants, en général, ignorent
totalement leurs devoirs et l'a b c de leur
métier.
Voici quelques exemples de leur incom-
pétence, de leur naïveté, de leur indiffé-
rence, de leur inconscience:
1° L'un contrôlait sa salle d'un coup
d œi.l, en y entrant, et disait ne pas se trom-
per sur la recette à 20 francs près. Il esti-
mait 900 francs: il y avait 1.300 francs;
2lUn autre s'étonnait qu'une salle archi-
comble donnât une recette très minime. Le
directeur lui expliqua qu'au moment de
l'ouverture des bureau les étudiants anaient
envahi la salle, et qu'ainsi toutes les belles
places étaient occupées par des spectateurs
à cinq sous. Notre représentant se contentai
de cette explication sans la vérifier;
3° A X., en novembre 1907, le repré-'
sentant absent est lui-même représenté par
un afficheur qui, occupé de vendre des bil-
lets d'affiche, exhibe cinquante billets d au-
teur non datés, et que notre représentant
lui donnait par paquets avant de partir pour
des absences de six mois;
4 U A X., il y a quelques années, M. Ba-
ret fait évacuer les musiciens municipaux
qui s'étaient placés à l'orchestre pour voir
le spectacle, sans y être autorisés par 'a
mairie. L'un de ces musiciens vient trouver
M. Baret: « Vous nous expulsez, Monsieur.
je me vengerai ; vous ne saviez pas que j'é-
tais le représentant des auteurs; ie terme
les yeux toujours sur les comptes que me
soumettent les tournées; aujourd'hui, vous
paierez les droits intégralement, à un cen-
time près, Monsieur; ça vous apprendra! »
Du fonctionnement des carnets à sou-
che, nos représentants n'ont aucune idée.
— Comment les T vérifiez-vous? demandai-ie
à ! un d eux. Je compte les souches -ec
soin. - Comptez-vous aussi les coupon-:
T Pourquoi faire? — Or, c'est le nom-
de coupons détachés, correspondant au r.um-,
bre de souches, qui constitue toute la rai-
son d'être des carnets à souche. 1
Et à ce propos, en imposant le système
des carnets à souches, nos agents ont omis
de les imposer numérotés et datés, ce qUI elit
indispensable.
Pour faire la preuve de l'exactitude de la
recette, il ne faut pas seulement que le nom"
bre des coupons et des souches soit égle
mais encore que les numéros corresponden
Sans numérotage, et en faisant disparai.
tre un certain nombre de coupons, il est
facile de faire sauter à la recette un w oiu-
sieurs carnets à souche tout entiers.
Nos correspondants qui ignorent le fonc-
tionnement élémentaire d'un carnet à sou-
che sont loin, comme vous pensez, de pou-
voir deviner et déjouer les fraudes auxquel-
les ils prêtent.
Du reste, ignorant tout d'un contrôle ils
ignorent et par conséquent ne peuvent !é..
primer toutes les fraudes contre les^uete
Rédacteur en Chef : G» de PA WLOWSKl
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégrapbique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 >
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07 -
Adresse Télégraphique : COMOEDIA.PA is
ABONNEMENTS :
1 UN AN E MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 D 20 *
Vieux=Neuf
Il n'est pas pour l'écrivain pénétré,
comme je suis, de l'importance sociale
de sa mission, il n'est pas de plus grand
réconfort que de sentir battre à l'unis-
son du sien le cœur des foules. J'ai goûté
cette joie suprême, j'ai perçu les palpi-
tations de ce viscère collectif: au lende-
main du jour où je publiai, ici même
quelques échantillons - de mon Théâtre
classique modernisé, des témoignages
me sont parvenus, multiples, d'où il ap-
pert que ce travail — ivresse! orgueil!
— répond merveilleusement aux aspira-
tions de mes contemporains.
Une dame m'a supplié à genoux d'au-
toriser la représentation, dans ses sa-
lons, du Misanthrope de Molière et
Willy; un impresario sollicite, pour les
produire dans tous les théâtres de
France, de l'étranger et peut-être des
colonies, l'Andromaque, le Mithridate et
le Bajazet rajeunis par mes soins et une
subvention de cinq cent mille francs. Je
n'attends, pour donner suite à ce projet
si séduisant, que d'avoir obtenu l'agré-
ment des héritiers Racine et trouvé le
demi-million nécessaire: cela ne saurait
tarder.
Il n'est pas jusqu'à mon tailleur qui
ne soit venu me présenter ses félicita-
tions, bien sincères, et sa petite note, un
peu majorée, alléguant qu'un drama-
turge de ma sorte, à la veille de devenir
colossalement riche, ne se pouvait dis-
penser de régler son dernier complet
veston et son plus récent paletot. Cette
requête, assez inconsidérée, m'a suggéré
de mettre au goût du jour le Don Juan
de Molière, et j'ai improvisé, séance te-
nante, une version nouvelle de la fa-
meuse scène de Monsieur Dimanche :
j'ai reproché à l'importun ses prix ex-
cessifs, attendu que
Pour vingt-cinq francs bis, pour vingt-cinq francs
On a un pardessus [cinquante,
Avec du poil dessus.
Puis, comme il insistait, sans tact, je
l'ai éconduit fermement, ne pouvant ad-
mettre qu'on intervertît les rôles et que
Monsieur Dimanche eût la prétention de
représenter la statue du Quémandeur.
Mais la tragédie, plus que la comédie.
me sollicite. Je viens de terminer la ré-
fection de.J>.hèdre. Des extraits? Boum!
voilà !
Couplets de la douce Aricie (air: La
Petite Tonkinoise) :
Celui dont je suis la p'tite,
Oui, c'est Hippo bis, c'est Hippolyte;
J' lui trouve un' bobin' charmante:
Ah! c'est bath d'êtr' son amante!
Il m'appell' sa p'tit' bourgeoise;
Phèdre lui cherche bis, lui cherche noise
A caus' qu'il m' fait les doux yeux.
Chic! c'est moi qu'il aim' le mieux!
Couplets de Phèdre (air : La Pro-
mise) :
Hippolyt', mon gas,
Il faut oue j' te l' dise:
Si tu n' m'embrass' pas,
J' frai p't-être un' bêtise.
Ton père est là-bas,
Loin sur la mer grise,
J' suis dans l'inaction:
V'là ma position!
A quoi Hippolyte riposte, vertueux
(air : Non, ma mère):
Il m'appell' sa p'tit' bourgeoise,
Non, non, vous ne m'aurez pas,
J' suis fidèle à mon Aricie,
Non, non, vous ne m'aurez pas,
Je suis fidèle à ses appas.
Au récit de Théramène, longuet, je
substitue deux strophes, dont voici le
refrain (air : J'ai perdu ma gigolette) :
L'avez-vous vu sur le rivage,
Essayant de r'tenir ses ch'vaux?
Nous autr's on pleurait comm' des veaux
En voyant s'emballer l'att'lage:
I' s'est fait traîner sur la pla-a-ge!
Actuellement, j'ai, sur le chantier, un
Britannicus; mais je respecte trop le pu-
blic et ma gloire pour en rien publier
avant qu'il soit au point; je suis occupé,
pour le quart d'heure, à polir une chan-
son d'Agrippine sur l'air: Néron, Né-
ron, petit patapon.
Enfin, quelques personnes m'ont de-
mandé de ne pas limiter mon effort au
répertoire classique ; alors, moi, pas dur,
je me suis attaqué au drame romantique
et je tiens un Hernani à la disposition
des amateurs. J'ai eu soin, en homme
de goût, d'atténuer certaines exagéra-
tions victorhugrotesques.
Au un, Hernani propose à Dona Sol
une existence paradisiaque (air : C' que
tu m'as fait) :
Ah! c'est bon, c' que tu m'as fait !
Ton baiser m' fait un effet:
Comm' t'es Castillan' tu sens la peau d'Espagne;
Viens dans ma montagne,
Au besoin au bagne.
Avec moi, tu rigol'ras:
Je suis un' force qui va.
ti Carlos nous pince, ça f'ra p't-être du vilain,
Mais on tâchera de l'envoyer au bain.
Des rythmes empruntés à Bruant at-
ténuent très heureusement la solennité
de la scène des portraits. Exemple pris
au hasard (air : Belleville-Ménilmontant):
V'là Machinchouett' ed' Silva,
Grand-maîtr' de Calatrava,
Vainqueur du tournoi d' manille,
En Castille,
Tenu pour un chaud d'la pince
Et braillard comme un dragon,
D'un bout à l'autr' d' la province,
Dans tout l'Aragon (bis).
pans le texte de Hugo, l'attitude du
rOi, durant cette scène, est — les plus
fervents admirateurs du maître regretté
e reconnaissent — absolument piteuse:
°n ne s'explique pas que ce monarque
laISse Ruy Gomez dégoiser interminable-
ment sa généalogie. Je supprime cette in-
vraisemblance ; mon Don Carlos à moi,
bien luné, prend à la blague les rado-
tages du vieillard et, à chaque cadre que
lui désigne le raseur grandiloquent,
.chantonne, gouailleur:
Oh! là, là! c'te g., c'te binette!
Oh! là, là! c'te g. qu'il a!
De même, je modifie complètement
l'allure de l'apostrophe fameuse où Her-
nani, révélant sa véritable identité, ré-
clame l'échafaud avec une insistance
vraiment agaçante. De nos jours, un
monsieur qui offre ainsi sa tête risque
fort qu'on se la paye, et moins cher
qu'au marché! Donc, au lieu de
s'écrier:
Je suis Jean d'Aragon, roi, bourreaux et valets,
Et si vos échafauds sont petits, changez-les!
ce qui est ridicule, le conspirateur fa-
cétieux, gazouille (air: Je me nomme
Popaul) :
Je me nomm' Jeanjean,
Je suis fort intelligent ;.
On n' guillotin' plus maintenant:
Alors, très impertinent,
J' fais mon p'tit Jeanjean!
Il va de soi que rien, dans ma ver-
sion, ne subsiste du dénouement primi-
tif : je n'ai vraiment pas le cœur de sup-
primer, par le poignard ou par le poi-
son, tant de personnages qui, après tout,
n'ont jamais cherché à m'être personnel-
lement désagréables. Avec moi, tout s'ar-
range : Dona Sol, fine comme toutes les
femmes (à vous, lectrices!), Dona Sol
trouve la solution la plus satisfaisante;
elle roucoule, pâmée (air: Vous êtes si
jolie) :
Vous êtes mon lion superbe et généreux!
Tous les deux, mon amour, on serait rien heureux
Au château de tes pères!
Mais, puisque Ruy Gomez vient pour nous embê-
[ter,
Bouclons notre valise, et puis, sans l'écouter,
Nous nous ferons la paire!
Ce malheureux Hugo, d'ailleurs,
manquait de goût à un point incroyable;
abondant en tirades oiseuses, il devenait,
au contraire, concis dès que l'illuminait
une inspiration heureuse et qui eût mé-
rité quelque développement. Ainsi, dans
Ruy Blas, ayant trouvé l'image superbe
du lombric pris de passion pour un corps
céleste, il accorde tout juste les trois
quarts d'un alexandrin à cette méta-
phore bien digne qu'on y insiste et dont
j'ai tiré toute une strophe (air: L'Etoile
d'Amour) :
Phénomène inouï d'histoire naturelle,
Je suis un annélide épri$-ji!im astre d'or.
(Heureux le tœnia qui, dans!'intestin grêle,
Sans souci dès baisers, tranquille, vît et dort!J
Cette étoile d'amour,
C'est la reine d'Espagne,
Et je bats la campagne,
- Dément, la nuit, le jour:
Je suis un ver de terre-amoureux d'une étoile
Que j'aimerai toujours!
Et, notez bien, moi, je n'ai jamais été
enseveli au Panthéon!
WILLY.
Nous publierons demain un manuscrit
inédit de
CHARLES GOUNOD
Modes d'autrefois
Rien n'est plus amusant que de feuilleter
la collection d'un vieux journal de modes.
A chaque page on se demande avec étonne-
ment en vertu de quelles idées spéciales,
de quelles conceptions momentanées il pou-
vait paraître indispensable, à certaines épo-
ques, de se grossir les bras ou les hanches
d'une façon démesurée à la façon des Hot-
tentots, et l'on ne conçoit pas ce qui pou-
vait plaire dans cette esthétique surannée.
En art dramatique, on éprouve à peu de
frais les mêmes étonnements lors de la re-
prise de vieilles pièces à succès. Je sais,
par exemple, telle comédie de l'un de nos
plus brillants écrivains et des plus spirituels
que l'on reprend en'ce moment et où se
trouve un effet qui, en 1908, demeure pour
moi infiniment incompréhensible.
A un moment, une dame, s'adressant à
son ex-mari, lui dit cette simple phrase:
— Vous accepterez bien une tasse de
thé ?
Un silence.
On sent que le mot d'esprit est imminent.
Elle ajoute, en .effet :
- Et quelques tartines?
La claque — témoignage irréfutable des
succès anciens — souligne bruyamment ce
mot d'esprit.
Quelle en était la portée au jour âe la
première? Quel était le sens de ce mot
qui, ainsi que vingt mots analogues de la
pièce, consacra jadis le triomphe de l'au-
teur ?
Faut-il, pour le savoir, faire un plébis-
cite? une enquête ? J'avoue que je n'en
dors point et que la mise au clair de cet
angoissant problème, depuis ce soir-là, me
hante jour et nuit.
G. DE PAWLOWSKI.
Echos
Ce soir, à huit heures trois quarts, aux
Nouveautés, reprise de Vous n'avez rien à
déclarer? de MM. Pierre Veber et Maurice
Rennequin.
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
Théâtre Mévisto, première représentation
de: Service d'été, de Léo Marches; Miou-
sic, de MM. Aug. Germain et Trébor; A la
Noce, de MM. Léon Frapié et Paul-Louis
Garnier; L'Etranger, de M. Edmond Lepel-
letier; La Vieille Dame d'au-dessus, de
MM. Robert Dieudonné et Jean Gusky.
Ce soir, à neuf heures, au casino de
Paris, première représentation de L'Esca-
dron de l'Amour, opérette en trois tableaux,
de M. Georges Spitzmuller.
Cet après-midi, à cinq heures, à La Pie
qui Chante, répétition générale de Comé-
die. y al revuette de MM. Charles Fattoi
et Paul Marinier.
Ce soir, à neuf heures, au XX0 Siècle,
première représentation de La Revue du
Vingtième, de M, Jean Peheu.
s
ur le pré.
On nous communique le procès-ver-
bal suivant:
A la suite d'un incident d'ordre privé survenu
entre MM. Numa Blés et Roger Ferréol, MM.
Dumény et Dominique Bonnaud, pour M. Numa
Blés ; MM. Sacha Guitry et Georges Coquet,
pour M. Ferréol, ayant au cours de trois entre-
vues épuisé tous moyens de conciliation, une
rencontre a été décidée. Elle aura lieu aux en-
virons de Paris, samedi 1er février. L'arme choi-
sie est le pistolet, deux balles seront échangées
à vingt-cinq pas.
M. Numa Blés, étant le directeur artistique
de M. Ferréol, les quatre témoins soussignés
n'ont souscrit à cette rencontre qu'après s'être
assurés que tout contrat, entraînant une respon-
sabilité pécuniaire entre les deux parties, était
annulé à la date du 31 janvier.
Fait en double à Paris, le 31 janvier 1908.
Pour M. Numa. Blés :
DUMÉNY.
Dominique BONNAUD.
Pour M. Ferréol:
Sacha GUITRY.
Georges CoougT.
LE QUATRAIN DU JOUR
TOUT A LA RIGOLADE !
Si tu veux voir un four, reste au coin de ton âtre ;
Car la joie est partout; la guigne, nulle part!
Car Tourtelin s'amuse et Bridache est veinard:
On ne s'embête pas, cette année, au théâtre.
D
usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète toujours comp-
tant: bijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison..
L
e prénom travesti.
On l'aDDelle Tean et cela étonne bien
un peu ceux qui ne sont pas initiés.
On l'appelle Jean, dans l'intimité, mais
on l'appelle Jean aussi à la Comédie-Fran-
çaise, car elle est de la Comédie-Française.
Elle en est depuis peu et a su déjà s'y
faire une place enviable et peut-être enviée,
grâce à son travail et à ses qualités qui sont
de premier ordre. C'est déjà une actrice de
talent et ce sera, plus tard, on peut l'espé-
rer, -une de nos grandes comédiennes..
Lorsqu'elle vint au monde — il n'y a pas
très longtemps!—ses parents eussent pré-
"Tèfe un fils, car ils avaient déjà une fille.
L'enfant n'en fut pas moins reçue avec joie
— ceci commence comme un conte de fées !
— mais si on la baptisa du nom de Jeanne,
on prit l'habitude de l'appeler Jean, nom
que devait porter le garçon attendu, et l'ha-
bitude s'implanta si bien que, depuis ditf-
neuf 'ans — tant pis, nous avons dit son
âge- Jeanne a gardé le nom*de Jean!
R
ectifions.
Nous nous étions trop pressés d'an-
noncer à nos lecteurs la rare saveur aune
conférence contradictoire sur l'^moar, et
voici la lettre que nous recevons:
Mon cher Masque de Verre,
C'est bien moi, n'est-ce pas, la femme de
lettres, femme d'homme de lettres, qui prépare
une conférence contradictoire sur l'amour? Il
s'agit seulement d'une plaisanterie; je veux bien
faire dialoguer les bêtes, mais pas les étoiles
de music-halls.
Soyez assez gentil pour en informer vos lec-
teurs et, croyez-moi, cordialement vôtre
Colette WILLY.
Rectifions donc, mais c'est dommage!
Q
u'ils appartiennent au bloc ou à l'op-
position, nos honorables se rerouvent
chaque soir chez Lapré, rue Drouot, et, là,
unanimes pour une fois, trouvent exquis les
vins, savoureuses les huîtres.
N
ous parlions l'autre jour des caricatu-
res en bois découpé, signées de Los-
ques, que la Société des Automobiles urne
expose en ce moment 15, boulevard des
Italiens, sous le titre: Tout-Paris dans les
voitures Unie.
Cette publicité originale a un tel succès
que de nombreux amateurs ont demandé à
acquérir une copie exacte du modèle ex-
posé.
Nous pouvons leur annoncer qu'ils auront
satisfaction. Mais, si cela continue, M. G.
Richard va être obligé d'adjoindre, à la
construction de ses élégants" et robustes
châssis, celle de ces charmantes et artisti-
ques petites voitures. Voici donc un nou-
veau débouché. Et l'on parle de la crise
automobile.
NOUVELLE A LA MAIN
u
n auteur dramatique peu chanceux
porte une pièce nouvelle à un direc-
- A - - J - - L --.1 A«1
teur ûe tneatre aes uuuievm us, ci lUI eu
explique le sujet:
- Il s'agit, dit-il, d'un enfant enlevé,
perdu, puis enfin retrouvé par sa mère. ,
- Hen! fait le directeur, ce n'est guère
neuf ! - >
--"- C'est possible, répond l'auteur drama-
tique toujours peu chanceux, mais je suis
resté mfttfr^ TÎans mon œuvre ; -imsi;"--teRez;.
j'ai eu soin de placer l'acte de la recon-
naissance. au Mont-de-Piété.
Le Masque de Verre.
Une cantatrice russe à l'Opéra
Nièce d'un des savants qui honorent le
plus la France, le docteur Metchnikoff, la
grande, très grande cantatrice de l'Opéra
impérial de Saint-Pétersbourg, qui incar-
nera, ce soir, Elsa de Lohengrin, n'est pas
une étrangère parmi nous.
Elle se fit entendre une fois déjà, à Pa-
Mme MARIE KOUSNIETZOFF
1 De l'Opéra Impérial de Saint-Pétersbourg.
ris, mais devant un petit nombre de privi-
légiés. C'était, il y a un an ou deux, au
Nouveau-Théâtre, où l'on avait organisé
une représentation au bénéfice de la re-
grettée Marie Sasse. L'affiche portait en ve-
dette quelques grands noms, celui de Cha-
liapine notamment. Deux jours avant la
matinée, un télégramme annonça que le cé-
lèbre chanteur était empêché.
Mme Marie Kousnietzoff, qui se trouvait
à Paris, en voyage d'agrément, accepta aus-
sitôt de remplacer, au pied levé, son com-
patriote.
Sa royale beauté, tout de suite, fit im-
pression. Mais lorsqu'elle eut chanté d'une
voix idéalement pure, ce fut un triomphe
indescriptible.
M. Broussan a fait le voyage de Saint-
Pétersbourg pour juger lui-même la grande
cantatrice. Il l'entendit dans ce même rôle
d'Elsa qu'elle va interpréter ce soir, et dans
un opéra très célèbre en Russie : Russland.
Son impression fut telle qu'il lui proposa
sur l'heure un engagement magnifique : cinq
mille francs par soirée.
Mme Kousnietzoff ne chante à la scène
que depuis trois ans et demie. Elle consa-
cra, auparavant, plusieurs années à étudier
les rôles de son répertoire au simple point
de vue dramatique. Sous la direction de
M. Pebrowski, régisseur du Théâtre Im-
périal de Saint-Pétersbourg, elle les parla
tous avant de les chanter.
Mais la èaractéristique la plus curieuse
peut-être de cette artiste très personnelle,
c'est qu'elle ne se grime jamais. - Coquet-
terie de jolie femme? Orgueil de la beauté
qui ne veut rien devoir à l'artifice? — Non
pas! Mais scrupule d'artiste désireusé de
conserver à sa physionomie toute la mobi-
lité nécessaire pour exprimer les sentiments
les plus subtils.
Mme Kousnietzoff devait donner huit
représentations. Mais on la réclame déjà,
paraît-il, à Saint-Pétersbourg, où elle doit
jouer, pour la première fois, Carmen dans
des décors d'une conception nouvelle.
Elle nous apparaîtra, en tous cas, mer-
credi, sous les traits de Marguerite. Et, de-
vant l'accueil du public, elle ne pourra pas
moins faire qu'adopter Paris pour sa se-
conde patrie,
P. MÉALY.
Le Rapport
Jacques Richepin
Les réformes nécessaires, "Les Agents généraux, «= Groupons*
nous contre l'ennemi commun : la Mairie
Le 8 janvier,' j'ai envoyé un exem-
plaire de ce rapport à chacun des mem-
bres de notre commission.
Je n'ai reçu en retour ni une réponse,
M. JACQUES RICHEPIN
ni un encouragement, - ni' un remercie-
ment, ni une convocation. -
J'ai pensé que ce rapport laisserait
moins indifférent mes confrères que nos
commissaires.
J'ai pensé également que l'attitude
trop réservée que - j'avâis choisie était
nuisible à, la tâche de reformes que j'ai
entreprise et à la défense. effective de
nos intérêts lésés.
C'est pourquoi j'ai pris la décision de
rendre mon rapport public.
J'ai dû en supprimer certaines préci-
sions de noms et de villes que je tiens à
la disposition de mes confrères, a litre
confidentiel.
A Monsieur Decourcelle,. président de la
sous-Commission chargée de la percep-
tion de nos droits en province.
Mon cher Président,
Voici le rapport que vous avez bien
voulu me demander au sujet des observa-
tions que j'ai pu faire, pendant plusieurs ré-
centes tournées, sur la perception de nos
droits en province.
Cette perception est à peu près bien faite
dans les grandes villes.
Elle n'est aucunement organisée dans les
villes moyennes et dans les petites villes
(villes mensuelles et trimestrielles).
La question des villes mensuelles me
semble spécialement urgente. Il s'agit là de
droits très importants.
Dans la dernière tournée que j'ai faite,
les villes de cet ordre donnaient des recet-
tes de 1.500 à 2.500 francs, et, par con-
séquent, de 150 à 250 francs de droits
d'auteur en une seule représentation.
Or, dans ces villes, généralement, le re-
présentant des auteurs, ou est absent, ou
encaisse les droits vers dix. heures, en si-
gnant aveuglément le reçu qu'on lui pré-
sente..
On rencontre là plusieurs sortes dè, re-
présentants:
10 Le représentant qui croît être parfai-
tement honnête et irrépréhensible en re-
mettant scrupuleusement à la Société les
sommes qu'on lui donne, sans contrôler si
ce sont celles qu'on lui doit;
20 Le représentant absent qui envoie
d'avance un reçu en blanc signé et chez qui
on porte le lendemain matin l'argent;
3° Le représentant chic, qui offre ses
places, qui passe devant le contrôle sans s'y
arrêter et qui dit: « S'il fallait s'en occuper,
j'enverrais tout promener »;
4° Le représentant gros commerçant ou
banquier qui se fait lui-même représenter
par un emplové; le patron est parfaitement
honorable; 'l'employé, nous ne savons pas
ce qu'il est et c'est de lui seul pourtant que
nos droits dépendent ;
5° Le représentant qui impose au direc-
teur un représentant payé par ce même di.
recteur, suivant le droit que lui donne la
Société. Ce contrôleur, qui se considère
comme un employé, un salarié du direc-
teur, déclare par ordre la recette que lui
indique son directeur ;
6° Enfin, le représentant malhonnête qui
se fait donner des places supplémentaires,
reçoit des gratifications, partage cassette et
le reste; il en existe certainement; je n'en
ai personnellement jamais rencontré.
D'une façon générale, notre correspon-
dit est tolérant et évite les histoires Darce
qu'il croit que c'est là sa consigne; il est
convaincu que la Société laisse volontaire-
ment une marge à la fraude (suivant le mot
de R., qui disait: Nous demandons 10
pour avoir 6 %) ; il redoute de s'immiscée
dans les comptes et croit, en fermant lesr
yeux, en ne rompant pas dans tout cela,
sauvegarder son honorabilité. -
Aussi, avant l'arrivée du correspondant,
presque partout contrôleurs et buralistes
échangent-ils la phrase traditionnelle:
- Combien déclare-t-on aux auteurs? -
- Comme d'habitude.
A moi qui exige qu'on porte la recette
totale, on répond :
— Jamais on ne l'a fait dans ce théâtre;
vous allez surprendre le correspondant qui
croit que-la-salle comble ne peut dépasser
1.000 francs. La recette dépassait 1.500
francs..
Nos correspondants, en général, ignorent
totalement leurs devoirs et l'a b c de leur
métier.
Voici quelques exemples de leur incom-
pétence, de leur naïveté, de leur indiffé-
rence, de leur inconscience:
1° L'un contrôlait sa salle d'un coup
d œi.l, en y entrant, et disait ne pas se trom-
per sur la recette à 20 francs près. Il esti-
mait 900 francs: il y avait 1.300 francs;
2lUn autre s'étonnait qu'une salle archi-
comble donnât une recette très minime. Le
directeur lui expliqua qu'au moment de
l'ouverture des bureau les étudiants anaient
envahi la salle, et qu'ainsi toutes les belles
places étaient occupées par des spectateurs
à cinq sous. Notre représentant se contentai
de cette explication sans la vérifier;
3° A X., en novembre 1907, le repré-'
sentant absent est lui-même représenté par
un afficheur qui, occupé de vendre des bil-
lets d'affiche, exhibe cinquante billets d au-
teur non datés, et que notre représentant
lui donnait par paquets avant de partir pour
des absences de six mois;
4 U A X., il y a quelques années, M. Ba-
ret fait évacuer les musiciens municipaux
qui s'étaient placés à l'orchestre pour voir
le spectacle, sans y être autorisés par 'a
mairie. L'un de ces musiciens vient trouver
M. Baret: « Vous nous expulsez, Monsieur.
je me vengerai ; vous ne saviez pas que j'é-
tais le représentant des auteurs; ie terme
les yeux toujours sur les comptes que me
soumettent les tournées; aujourd'hui, vous
paierez les droits intégralement, à un cen-
time près, Monsieur; ça vous apprendra! »
Du fonctionnement des carnets à sou-
che, nos représentants n'ont aucune idée.
— Comment les T vérifiez-vous? demandai-ie
à ! un d eux. Je compte les souches -ec
soin. - Comptez-vous aussi les coupon-:
T Pourquoi faire? — Or, c'est le nom-
de coupons détachés, correspondant au r.um-,
bre de souches, qui constitue toute la rai-
son d'être des carnets à souche. 1
Et à ce propos, en imposant le système
des carnets à souches, nos agents ont omis
de les imposer numérotés et datés, ce qUI elit
indispensable.
Pour faire la preuve de l'exactitude de la
recette, il ne faut pas seulement que le nom"
bre des coupons et des souches soit égle
mais encore que les numéros corresponden
Sans numérotage, et en faisant disparai.
tre un certain nombre de coupons, il est
facile de faire sauter à la recette un w oiu-
sieurs carnets à souche tout entiers.
Nos correspondants qui ignorent le fonc-
tionnement élémentaire d'un carnet à sou-
che sont loin, comme vous pensez, de pou-
voir deviner et déjouer les fraudes auxquel-
les ils prêtent.
Du reste, ignorant tout d'un contrôle ils
ignorent et par conséquent ne peuvent !é..
primer toutes les fraudes contre les^uete
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.63%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.63%.
- Auteurs similaires Pawlowski Gaston de Pawlowski Gaston de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Pawlowski Gaston de" or dc.contributor adj "Pawlowski Gaston de")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7646508v/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7646508v/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7646508v/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7646508v/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7646508v
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7646508v
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7646508v/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest