Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-01-31
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 janvier 1908 31 janvier 1908
Description : 1908/01/31 (A2,N123). 1908/01/31 (A2,N123).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646507f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
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2" Année. - No 123 (Quotidieril tê Numéro : 5 centimes Vendredi 31 Janvier 1908
Rédacteur en Chef : o. de PAWLOWSKi
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN « mois
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE: 288 -07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA.PARIS
ABONNEMENTS:
UN AH 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger:. 40 » 20 a
Le Critique
bienveillant
Après certaines mésaventures dans les
affaires où sa jeune ardeur avait multi-
plié les prouesses, M. Grincieux-Mulot,
en quête d'un nouveau champ d'action
pour son savoir-faire, s'était dit que la
littérature, le théâtre surtout, pouvaient
devenir entre les pattes d'un ingénieux
gaillard de sa trempe, un négoce fruc-
tueux, facile et honorable.
Un beau jour donc, il s'était évadé de
la Bourse, qui lui avait été cruelle et où
il avait conscience de ne plus jouir d'un
suffisant prestige. Et, de la même plume
qui, naguère, incitait les dévotes de pro-
vince à lui confier leurs économies et les
prêtres besogneux pour leurs œuvres à
utiliser ses adroits offices, il s'é8t mis
allègrement à griffonner quelques fantai-
sies humoristiques.
Comme elles n'avaient fait rire per-
sonne et surtout pas le libraire qui avait
eu l'imprudence de les éditer, M. Grin-
cieux-Mulot, trop subtil commerçant
pour s'obstiner à une camelote de piètre
Vente, s'était vite résolu à ouvrir le
rayon du sentiment qui semblait rede-
Venir à la mode.
Mais encore que notre éminent auteur
- ainsi se qualifiait-il -lui-même dans
Ses notes aux journaux, qu'il ne laissait
à personne le soin de rédiger — pillât
sans vergogne ses aînés, ses contempo-
rains et même ses cadets, et fabriquât
avec une prestesse de singe tous les « ar-
ticles » qui, chaque saison, paraissaient
convenir au caprice du public, M. Grin-
cieux-Mulot ne réussit pas plus à faire
lIre ses historiettes sentimentales et ses
ressemelages pathétiques qu'il n'était
Parvenu à divertir les gens par ses feux
d'artifice toujours ratés.
C'est alors que le théâtre lui apparut
comme un excellent guichet pour rafler
beaucoup d'or. Et l'exemple d'innom-
brables, hommes qu'il avait naguère cou-
doyés sous le péristyle du temple aux
Valeurs et dont quelques-uns étaient
Maintenant les triomphateurs de la
Scène, les égaux — en recettes — des
Plus illustres dramaturges, lui donnait
la rassurante certitude que la littérature
fêtait pas indispensable a ce jeu.
Vivotant des bonnes petites renier Que
SOn anicroche financière lui avaient lais-
ses, M. Grincieux-Mulot s'évertua donc
•J combiner des vaudevilles, à machiner
ee sombres drames, à rajeunir le vieux
ricanement de l'opérette. Vaines tenta-
tives. Tout ce papier dramatique lui resta
Pour compte. Ses vieux copains de la
Bourse plaçaient à merveille leurs pro-
duits similaires. Chaque jour, ils avaient
la gloire de confier aux feuilles publiques
leurs grosses recettes et leurs pensées
beaucoup moins impressionnantes. M.
j^rincieux-Mulot en verdissait de rage.
Personne ne consentait à le jouer ni
Même à subir la lecture de ses manus-
.¿ lUS.
Encore, tant que M. Grincieux-Mùlot
ne fut qu'une espérance, sa situation ne
fut pas trop compromise, mais eHe se
gâta tout à fait le jour où un ancien ca-
marade de ses campagnes financières,
9u'il avait soutenu de ses deniers au
lioir d'une culbute, lui prouva sa grati-
tude en lui jouant un mélodrame rosse
ans son théâtre des Bouffes-du-Sud,
(font il s'était rendu acquéreur pour faire
jjpe étoile de son ambitieuse petite amie.
Malgré tous les stratagèmes que M.
ririncieux-Mulot déploya pour l'atten-
drir, la Presse dut reconnaître que ce
dramaturge n'avait d'égal en maîtrise
qUe le pavot, la pluie et le rasoir.
La Bourse lui restait fermée, M. Grin-
cIeux-Mulot n'avait plus qu'une res-
source: la critique. Mais, comme son
Prestige littéraire ne s'imposait pas d'em-
blée au choix des directeurs de journaux,
il dut attendre longtemps l'orgueil d'a-
\lOIr le sceptre en mains.
Lorsque de subtiles combinaisons fi-
nancières lui eurent assuré la critique
Pratique du Bon Sens, journal des in-
térets matériels, quelle satisfaction et
Hueîle ivresse pour M. Grincieux-Mulot!
E nbfin, il avait trouvé le levier indispen-
sable! Enfin, il était — gratis — du
T Out-Paris des premières ! Enfin, on au-
rait intérêt à lui faire plaisir ! Enfin, on
lui écrirait autrement que pour lui refu-
r des manuscrits et même des places!
Assagi par sa longue piaffe, M. Grin-
cieux-Mulot eut assez de raison pour ne
pas céder aux impulsions de sa rancune
et de son fiel. En attendant d'être assez
fort Pour soulager sa bile sans risque, il
su,l.ngénia à se faire des amis par sa
d lenveilIance éperdue. Dans ses critiques
U Bon Sens, que tous les gens tant soit
p doués de cette vertu négligeaient
avec la méfiance la plus légitime, sys-
tématiquement, imperturbablement, M.
Grincieux-Mulot glorifiait la pire came-
lote dramatique. Pas une babiole qui ne
fQt un chef-d'œuvre! Pas un four qui,
so Us sa plume, ne devînt un succès ! Et
il persévère dans cette attitude qui lui
vaut Précieux renom de bienveillance.
M. Grincieux-Mulot — qui, au fond,
jubile de toutes les tapes reçues par ses
confrères — n'a, d'ailleurs, aucun mé-
rite à mettre ainsi une sourdine à ses
hain es, car il sait bien que l'auteur dont
Il parle sera à peu près seul à lire son
journal sans clientèle. C'est donc à peu
de frais qu'il peut s'offrir, aux yeux des
intéressés, l'élégance d'être bienveillant
et acquérir un semblant de titre à leur
estime reconnaissante.
Sans compter qu'il s'est, au préalable
donné la joie de soulager son envie!
Car, ayant essayé de tout sans réussir
en rien, il exècre et jalouse tous les ef-
forts et toutes les œuvres, quel que soit
leur genre, et tous les créateurs, quelle
que soit leur nature. En secret, même
aux plus méritants et aux plus talen-
tueux, il souhaite les pires catastrophes,
par la seule raison qu'on les joue, qu'ils
sont connus et fêtés!
Voyez-le aux répétitions générales et
aux premières : pendant les entr'actes, il
se faufile dans les groupes, chuchotte
hargneusement ses acerbes propos, dis-
tille avec volupté son venin, s'évertue à
créer autour de la pièce une atmosphère
défavorable. Et, rentré chez lui, pour
prendre toutes ses garanties contre une
indiscrétion possible, il ne trouve pas
d'épithètes assez dithyrambiques pour
exalter dans son article la pièce sur la-
quelle il vient de mordre trois heures
durant !
Tout récemment, à la première - qui
fut triomphale — d'un de mes amis, je
me suis donné le plaisir de suivre le
manège de M. Grincieux-Mulot. Deux
ou trois fois, j'ai senti que ma présence
obstinée dans son sillage gênait un peu
sa sournoise malveillance — qui, pour-
tant, s'en donnait à cœur joie. Mais je
pus constater tout de même avec quelle
maîtrise et quel avantage il joue son
double jeu.
Comme, deux jours plus tard, j allai
voir mon cher vieil ami pour m'associer
tendrement à son bonheur, et comme
nous parlions de l'accueil fait à son œu-
vre par la critique, j'eus, sinon la sur-
prise, du moins l'ironique plaisir de l'en-
tendre s'écrier :
— J'ai eu d'excellents articles! Ceux
de X., Y. et Z., et, en particulier,
un délicieux, un enthousiaste article de
Grincieux-Mulot! Tu le connais? Ah!
c'est un critique, celui-là ! Compréhensif
et bienveillant! Aussi, de quel cœur je
l'ai remercié!
Comme il est cruel d'attrister les sens
sans avantage pour eux, je me gardai de
rien dire qui pût empêcher mon ami de
croire à la bienveillance et à la justice
de M. Grincieux-Mulot.
Mais que les auteurs dramatiques s'en
méfient comme de la guigne! -,
Georges LECOMTE,
Nous publierons demain un articA t
WILLY
Durant
Voici deux fois en moins de dix ans que
j'entends parler de Dante dans le monde
des lettres.
La première fois, ce tut par l'intermé-
diaire d'un catalogue analytique d'ouvra-
ges mis en vente provenant de la biblio-
thèque de Sarcey et de celle du château de
Valençay. En tête du chapitre consacré aux
ouvrages de théâtre se trouvait, en effet,
mentionné le livre suivant: ALIGHIERI
DANTE : Divine Comédie. Il est vrai
qu'un peu plus loin, après Corneille, Du-
mas et Molière, l'œuvre d'un autre drama-
turge était ainsi décrite: OVIDII NASONIS
Opéra.
Plus dernièrement, ce tut sur le nom
même de Dante que des polémiques inter-
minables se poursuivirent dans les journaux.
Il s'agissait de savoir si le grand poète ita-
lien s'appelait, oui ou non, Durand, et l'on
disserta pendant des semaines sur cette im-
portante question en invoquant le témoi-
gnage de fautes typographiques différentes
existant sur des textes anciens.
Il est regrettable qu'un seul texte -n'ait
pas été invoqué, celui de ce bon vieux La-
rousse, par exemple, lequel a toujours porté
depuis des années, pour Dante, la mention:
Durante ALIGHIERI (dit par abréviation:
Dante). Cela eût, je crois, mis fin très ra-
pidement à ces interminables polémiques et
nous eût prouvé sans plus que Dante n'était
pas Français. A la rigueur, il eût été pos-
sible aussi de recourir au témoignage de
François Ier lui-même, qui proscrivit l'ou-
vrage du célèbre Italien parce que celui-ci
avait dit qu'Hugues Capet était le fils d'un
boucher.
Je ne serais pas revenu sur ce petit -in-
cident s'il ne caractérisait pas la façon de
procéder habituelle de nos contempotains.
Pendant des semaines et des semaines on
disserte dans les journaux sur tel ou tel
passage de Dante, de Voltaire ou de Cor-
neille; on invoque les raisons les plus sub-
tiles pour défendre des opinions de seconde
main, et personne ne s'avise de recourir
tout simplement aux sources et d'ouvrit di-
rectement le livre dont il est question.
C'est ainsi que personne aujourd'hui n'a
lu Voltaire et que tout le monde en parle,
que personne n'a lu Dante et que chacun
s'intéresse à la question de savoir si, oui
ou non, il s'appelait Durant. C'est là une
marque évidente de décadence littéraire qui
devrait, je crois, nous inquiéter.
G. DE PAWLOWSKI.
Echos
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
Théâtre Mévisto, répétition générale de:
Service d'été, de Léo Marches; Miousic,
de MM. Aug. Germain et Trébor; A la
Noce. de MM. Léon Frapié et Paul-Louis
Garnier; L'Etranger, de M. Edmond Lepel-
letier: La Vieille Dame d'au-dessus, de
MM. Robert Dieudonné et Jean Gusky.
1
ncombustible.
- - C'était la semaine dernière.
L Opéra, pimpant, remis à neuf, presque
gai de toutes ses dorures, était parcouru en
tous sens par une petite troupe affairée où
se remarQuaient. en outre de MM. Messa-
ger et Broussan, la silhouette courte de
M. Lépine,
Soudain, l'énergique préfet s'arrête de-
vant des parties refaites du plancher:
— Ce parquet est sans doute ignifugé?
demanda-t-il à l'architecte.
— Non, répond celui-ci. Mais on l'a in-
jecté d'un liquide chimique qui le rend par-
faitement incombustible.
— Très bien. Faites-en donc l'expérience.
Aussitôt on prélève un copeau, on en
approche une allumette enflammée et, à la
stupeur générale, il se met à flamber genti-
ment avec un petit air de feu d'artifice.
Sous sa moustache, M. Lépine eut un
sourire. Mais il ne voulait pas priver « ses »
Parisiens de Faust; il donna l'autorisation
de jouer à la date fixée, d'autant plus —
hâtons-nous de le dire et de le répéter —
que les parties refaites du plancher sont
insignifiantes.
F
aut-il le croire?
Et puis, je suis bourgeois de Gatid,
dit au vieux Kuy Uomez, Don Carlos
d'Hernani.
S'il faut croire ce qu'on raconte un des
plus brillants interprètes de ce rôle songe-
rait à quitter la Maison de Molière. L'ai-
mable Comité d'administration. du Grand
Théâtre gantois lui aurait fait de tentatrices
et flatteuses propositions.
Il s'agirait —voyez si les choses sont
d'importance — de la constitution d'une
sorte de Comédie-Française belge — en
supposant qu'il soit permis de parler ainsi.
Voilà ce qu'on dit. Mais que ne dit-on
pas, dans les couloirs d'un grand théâtre
un jour de grande « générale » ?.
D
ans la rue.
Au moment du déjeuner, hier, aux
environs du Palais-Royal, par une rue dé-
serte, un homme était arrêté devant un
mur. Il était grand, rasé, portait un binocle
et un haut-de-forme. Il lisait une affiche,
une petite affiche bleuâtre qui ne semblait
pas méchante pour le sou du timbre.
Et pourtant, c'était le placard de Mme
Sarah Bernhardt relatif à Comœdia. Et le
lecteur était le bon poète Louis de Gra-
mont.
Que pense l'auteur de tant de jolis vers
de la prose de l'illustre tragédienne?.
p
aris-New-York.
Ce soir, à l'Opéra-ComiQue. Jean Pé-
rier, Dufrane et Claire Friché chantent Le
Chemineau, et demain matin, à sept heu-
res, ils s'embarquent au Havre pour New-
York.
Or, Le Chemineau finit à minuit et le
train transatlantique pour le Havre part de
la gare Saint-Lazare à minuit précis.
Comment faire? Les trois voyageurs
ne pouvaient songer à aller à la gare
Saint-Lazare prendre leur train.
Ils ont loué une automobile qui les con-
duira au Havre. Mais, comme il faut tout
prévoir, ils ont loué une seconde automo-
bile qui suivra la première et recueillera les
voyageurs en cas de panne.
Très américains!
c
eux qui savent attendre.
- Quel est l'auteur qui ne se plaint
pas des retards apportes a la réception d une
pièce ?
Flaubert avait piqué, sur le manuscrit
d'une œuvre dramatique qu'il avait écrite,
la note suivante:
1° Marc Fournier a refusé de lire ma
pièce sous prétexte que j'étais incapable
d'en écrire une;
2° Gustave Claudin m'a demandé la
pièce pour Noriac, directeur des Variétés.
Enthousiasme dudit Noriac, qui a parlé de
la mettre en répétition immédiatement. Si-
lence de six mois au bout desquels je ne
pus obtenir mon manuscrit que par une in-
sistanpe vraiment brutale;
30 La pièce a été entre les mains de Hos-
tein, directeur du Châtelet, qui, vingt-qua-
tre heures après l'avoir reçue, a envoyé
son domestique avec ce message : « M. Hos-
tein m'a dit de dire à M. Flaubert que ce
n'était pas du tout ce qu'il lui fallait »;
4° Un directeur de la Gaîté m'a entendu
lire la pièce chez moi , et m'a exprimé son
admiration, mais je n'ai rien entendu de
lui ;
5° La pièce m'a été demandée de la part
des directeurs de la Gaîté, qui l'ont gardée
pendant trois mois, puis me l'ont renvoyée
avec mépris ;
6° Raphaël Félix l'a entendue lire chez
Michel Lévy et m'a proposé de la monter,
mais il y a renoncé soudain parce qu'il s'est
souvenu qu'il devait donner Lucrèce;
7° L'année dernière, le directeur de la
Gaité a gardé le manuscrit une semaine et
alors m'a donné la même réponse que ses
collègues ;
8° Cet hiver, on a refusé de la publier
dans la Revue Française.
jeunes gens, ayez de la patience et du.
courage !
L
a série continue.
Encore un dupJ
M. Numa Blés et M. 0 Roger Ferréol,
avant d'échanger des balles, ou des coups
d'épée, viennent d'échanger des témoins.
Ceux de M. Numa Blés sont MM. Du-
mény et Dominique Bonnaud. Ceux de
M. FerréoI: MM. Sacha Guitry et Georges
Coquet qui par une amusante coïncidence,
doubla, au Gymnase, M. Dumény dans Ma-
demoiselle Josette, ma femme.
Comme on se rencontre !
L
es Deux Femmes.
Elles sont toutes les deux iolies et
célébrés.
L'une est une étoile de music-halls, qui
fit, par occasion, et avec grand-succès, de
la littérature. L'autre est une femme de let-
trGS - et une femme d'homme de lettres
- très considérable, qui fit, par occasion
- et d'une façon retentissante — du mu-
sic-hall.
Elles vont prochainement faire, à Nice,
une conférence contradictoire, une confé-
rence contradictoire sûf L'Àinour. oui nous
sera redonnée ensuite dans un coquet petit
théâtre parisien.
En quoi consistera la contradiction ?
L'une soutiendra peut-être une thèse ha-
sardeuse et chère, jadis, à la petite chan-
teuse grecque Bilitis, tandis que l'autre dé-
fendra les usages traditionnels.
Ainsi, le philosophe Lucien de Samosate,
autrefois, dans un de ses plus piquants dia-
logues, fit discuter deux hommes de ten-
dances contradictoires.
G
entilshommes.
L Les Hongrois sont des gens de goût
le comte Laslo Szechenyi l'a bien prouvé
en offrant à sa délicieuse femme, Miss Gla
dys Vanderbilt, une merveilleuse 40 HP,
munie du fameux pneu Samson.
p
our éviter les retards considérables de
la Compagnie des chemins de fer de
l'Ouest, de nombreux voyageurs habitant la
banlieue, en gens pratiques, se rendent cha-
que matin à leur travail sur leur fidèle bi-
cyclette La Française.
NOUVELLE A LA MAIN
U
n titre heureux.
Savez-vous Que! sera le titre de la
nouvelle pièce de M. Mouézy-Eon?
Les Collantes.
Si ces Collantes « collent » aussi bien
que Tire-au-Flanc — c'est en ce moment la
treizième centaine — en voilà au moins
pour jusqu'à la reprise de Cyrano au Théâ-
tre-Français, aux environs de 1940.
Le Masque de Verre.
NOTRE COMITÉ DE LECTURE
Première
Séance Publique
(6 Février, à 2 heures)
AU THÉÂTRE DES ARTS
C'est, rappelons-le, jeudi prochain 6 fé-
vrier. à deux heures de l'après-midi, au
Théâtre des Arts (boulevard des Batignol-
les), obligeamment mis à notre disposition,
qu'aura lieu la première séance publique de
notre Comité de Lecture.
, Qu'pn- nous permette de rappeler que le
Ccmtfté de Lecture de Comcedla fut fondé
par nous pour donner aux jeunes auteurs
inconnus l'occasion de se produire en pu-
blic, aux directeurs et aux critiques l'occa-
sion de les apprécier.
A cet effet, nous avons reçu, un mois
durant, plus de deux cents manuscrits. De
ces deux cents manuscrits, nous avons fait
un premier choix de vingt œuvres théâtra-
les: puis, parmi celles-ci, un second choix
de six ouvrages dont la lecture prendra, au
total, tout l'après-midi de jeudi.
Les six auteurs auront donc à lire ou à
faire lire, à jouer ou à faire jouer tout ou
partie de leur œuvre, et ils auront chacun,
pour cela, vingt minutes, sans qu'il soit tenu
compte du nombre d'actes.
'- C'est assez dire que presque tous auront
à faire des sélections dans leur œuvre.
L'ordre des 6 lectures
Voici dans quel ordre auront lieu les lec*
tures:
1. Le Grillon, un acte de M. Raymond Bou-
chard, sera joué par Mme Garay Mi-
rielet M. Albert Recroix.
2. L'Escarmouche, de M. Marcel Hyann,
interprétée par Mlles Fillacier, Blan-
che Albanne et M. Dieudonné.
3. La Mort du Scorpion, un acte de M. Ur-
bain Mô, lue par M. Duparc.
4. François Villon, cinq actes de M. Giaco-
metti, lu par M. Darragon.
5. Une Crise, un acte, lue par l'auteur
M. Cornet.
6. Les Rêveurs, quatre actes de M. Bar-
gas, lus par l'auteur, qui interprétera
une scène de son œuvre.
Les Intermèdes
Remercions chaleureusement les artistes
aimables qui ont bien voulu, entre deux lec-
tures, rehausser de leur talent notre pre-
mière séance publique.
C'est d'abord l'excellent Galipaux, l'un
des plus fins et des plus spirituels collabo-
rateurs de Comoedia.
Puis Mme Peltier, un joli et à la fois
puissant mezzo qui se produit trop rare-
ment et que l'une.de nos scènes subven-
tionnées finira bien par tenter un jour.
Et le quatuor féminin Morhange-Pelle-
tier qui comprend :
Mlle Hélène Morhange, premier prix du
Conservatoire ;
Mlle Line Talluel, prix du Conservatoire;
Mlle Juliette Coudart, des Concerts Co-
lonne;
Mlle Germaine Pelletier, premier prix
du Conservatoire de Bruxelles.
Le Jury
Le jury comprendra tous les assistants
dans la salle, et notamment:
Les membres du Comité de Lecture;
Les critiques;
Les directeurs de théâtre;
Les abonnés de Comœdia reçus sur pré-
sentation de leurs cartes d'abonnés;
Nos invités.
Le Vote
A chaque assistant il sera remis un bul-
letin de vote et il lui suffira dénoter, dans
une colonne ad hoc, à côté du. nom dç cha-
cune des six pièces, un chiffre d'apprécia-
tion qui pourra évoluer de 1 à 20, 20 étant
considéré comme la perfection.
A la sortie, les bulletins seront recueillis
,et emportés à Comœdia, où le dépouille-
ment aura lieu.. En totalisant les votes, cha-
que pièce sera donc pourvue d'un nombre
de points. Nous remettrons à chacun des
six intéressés un certificat constatant le
nombre total des points par lui obtenus.
COMŒDIA.
N.-B. — Nous avons réservé une cen
taine de places pour ceux de nos lecteur:
aui Mus en feront ia demand <
THÉÂTRE DE L'ATHÉNÉE
Le 'Boate=en=train
Comédie=vaudeville en trois actes,
de M. Alfred Athis.
SOMMAIRE
Autant mon dernier sommaire était long, au-
tant celui-ci sera court. Il ne comporte que ces
trois lignes, une pour chaque acte:
ACTE I. - On commence à rire.
ACTE II. - On continue à rire.
ACTE III. — On est las de rire.
Quant à vouloir résumer, rendre claire à
la lecture, et surtout amusante, sous cette
M. BULLIER Mlle DULUC M. GALIPAUX
Mlle VERMEL, Mlle DONATY el M. BOSC Mlle VERMEL
(Branger, phot.) Mlle CAVELL et M. LEFAUR
forme sèche, les imbroglios, quiproquos-sur-
prises dont se compose un vaudeville, non,
n'est-ce pas?
A chaque jour suffit sa peine, et il faut
bien se garder des peines tout à fait inuti-
les.
Ecrire avec soin et méthode le net et
minutieux sommaire d'une oeuvre comme
Un Divorce, c'est déjà faire besogne de cri-
tique, et très bonne besogne même, si l'on
s'en acquitte avec succès. La chose est peu
commode, puisqu'il s'agit de réduire à une
sorte de graphique toute une bataille tu-
tultueuse d'idées; mais la chose est utile,
puisque ce graphique sert de fil' d'Ariane
dans le labyrinthe des discussions phIloso-
ohiques soulevées par une pièce de cette
force passionnelle et de cette importance
sociale.
Il n'en va certes pas de même avec Le
Boute-en-train. Cela soit dit, au reste, sans
mépris pour le vaudeville, et en ajoutant
que, si à chaque jour suffit sa peine, les
amateurs de vaudeville diront volontiers de
celui-ci:
- A chaque goût suffit son plaisir.
Et, donc, point ne chicanerai-je leur goût,
qui fut de rire à cette histoire, drolatique,
aux situations cocasses qui découlent fort
naturellement de préparations soigneuse-
ment faites, à l'ahurissement falot des fan-
toches bousculés dans ces folles aventures,
et aux mots spirituels partis en pois fulmi-
nants sous les pas trépidants de leurs ca-
brioles.
Que le goût de ces rieurs soit absolument
le mien, voilà qui ne fait rien à l'affaire, et
qui n'intéresse personne, d'ailleurs. Tout ce
que j'ai à chercher ici, c'est si leur goût,
à eux, fut satisfait. Or, je crois qu'il le fut,
et largement. Et je le dis, sans plus.
On m'excusera si. je n'analyse pas tech-
niquement et par le menu les moyens em-
ployés pour obtenir ce résultat. Je manque-
rais du sérieux et de la conviction nécessai-
res à cette enquête. Car il en faut, du sé-
rieux et de la conviction, n'en doutez pas,
pour combiner, mathématiquement, cette
horlogerie du vaudeville qui sonne les spas-
mes du rire-forcé.
Aussi bien n înstruirais-je âme qui vi-
ve, et serais-je certain d'ennuyer ferme tout
le monde, si je tentais de narrer, fût-ce en
petit nègre, pourquoi et comment rizard
est cru être le prince de Sylvanie, tandis
que son patron Radinot passe pour son aide
ie camp, et que madame Radinot, la belle
drienne, réellement maîtresse de Brizard,
)ue le jeu d'être Nini Gobbler, la maîtresse
àu vrai prince de Svlvanie, lequel a enlevé
cette jolie Nini au sportsman de Vavin-
court.
Et je ne distrairais pas le quart de la
moitié d'un lecteur, en insistant, pour expli-
quer ce qu'est la station balnéaire'de Viller-
bœuf, et que Malardier, le maire, l'exploite
avec, pour homme à tout faire, Théodore
Poulette, professeur de musique et de dan-
se, amant de cœur de Léa Tasselin.
A la suite de quoi Vavincourt est arrêté,
comme étant Balkan, conspirateur qui veut
tuer le prince; et ce qui advient du duel
entre le vrai prince et le faux, et la nuit
passée dans la même chambre pour madame
Radinot et Brizard; et l'émeraude de ré-
conciliation que Vavincourt fait tenir à Nini,
et qui arrive aux mains d'Adrienne, et que
le faux prince veut revendre au vrai; et i
que tout cela se déroule parmi des gens en
peignoir de bain et même avec une jeune
personne en maillot violet et les jambes
nues ; et que, finalement.
Assez ! Assez ! Ne te crois pas obligée à
plus, ô ma conscience ombrageuse. On voit
suffisamment que le critique intègre a écou-
té la pièce, qu'il l'a comprise pendant qu'il
i écoutait, mais qu'il serait incapable de la
raconter sans migraine, et que, néanmoins
il n'a point de rancune contre l'auteur.
Bien loin de là l Car, même sous cet
appareil mécanique que le vaudeville actuel
affecte trop souvent, le critique a constate
chez l'auteur une sorte de fraîcheur naïve
en ses farces. Il y a là comme une verve
de potache, qui n'est pas sans agrément.
Et, en fin de compte, c'est de bon cœur
que le critique croit pouvoir conclure com-
que le critique croit pouvoir conclure com-
me il a débuté, par ces trois lignes dont
ne se plaindra pas l'auteur:
Acte I. - On commence à rire.
Acte II. — On continue à rire.
Acte III. —r On est las de rire.
P.-S. - Si le critique n'a pas, tout le
temps, fait comme ce brave on, » tant pis
pour lui 1
JEAN RICHEPIN.
Comment ils ont joué
Alfred Athis a intitulé sa pièce: comédie-
vaudeville; il a, sans nul doute, voulu in-
diquer par là qu'il nous amenait dans la
farce, mais non dans le vaudeville écheve-
lé. Le Boute-en-Train doit donc être joué
avec du mouvement, mais surtout avec de
la fantaisie.
C'est ce qu'a surtout compris Galipaux.
n H a fait de Brézard un être pirouettant,
pimpant, hannetonant; sa physionomie est
d'une mobilité toute « sicilienne » ; un sourd
pourrait suivre la pièce en regardant Gali-
paux. Il n'y a pas une réplique, si simple
soit-elle, dont ce désopilant acteur ne sache
tirer parti ; il trouve, il improvise même des
jeux de scène au cours de l'action.
Bullier (Radinot) est d'allure plus sage,
de gaieté plus tempérée; il représente le
riche bourgeois de province décidé à s'a-
muser, mais qui a conservé de sa petite
ville l'appréhension d'être vu s'amusa: Il
~'-~ -
2" Année. - No 123 (Quotidieril tê Numéro : 5 centimes Vendredi 31 Janvier 1908
Rédacteur en Chef : o. de PAWLOWSKi
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
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Adresse Télégraphique : COMŒDlA.PARIS
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UN AN « mois
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
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UN AH 6 MOIS
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger:. 40 » 20 a
Le Critique
bienveillant
Après certaines mésaventures dans les
affaires où sa jeune ardeur avait multi-
plié les prouesses, M. Grincieux-Mulot,
en quête d'un nouveau champ d'action
pour son savoir-faire, s'était dit que la
littérature, le théâtre surtout, pouvaient
devenir entre les pattes d'un ingénieux
gaillard de sa trempe, un négoce fruc-
tueux, facile et honorable.
Un beau jour donc, il s'était évadé de
la Bourse, qui lui avait été cruelle et où
il avait conscience de ne plus jouir d'un
suffisant prestige. Et, de la même plume
qui, naguère, incitait les dévotes de pro-
vince à lui confier leurs économies et les
prêtres besogneux pour leurs œuvres à
utiliser ses adroits offices, il s'é8t mis
allègrement à griffonner quelques fantai-
sies humoristiques.
Comme elles n'avaient fait rire per-
sonne et surtout pas le libraire qui avait
eu l'imprudence de les éditer, M. Grin-
cieux-Mulot, trop subtil commerçant
pour s'obstiner à une camelote de piètre
Vente, s'était vite résolu à ouvrir le
rayon du sentiment qui semblait rede-
Venir à la mode.
Mais encore que notre éminent auteur
- ainsi se qualifiait-il -lui-même dans
Ses notes aux journaux, qu'il ne laissait
à personne le soin de rédiger — pillât
sans vergogne ses aînés, ses contempo-
rains et même ses cadets, et fabriquât
avec une prestesse de singe tous les « ar-
ticles » qui, chaque saison, paraissaient
convenir au caprice du public, M. Grin-
cieux-Mulot ne réussit pas plus à faire
lIre ses historiettes sentimentales et ses
ressemelages pathétiques qu'il n'était
Parvenu à divertir les gens par ses feux
d'artifice toujours ratés.
C'est alors que le théâtre lui apparut
comme un excellent guichet pour rafler
beaucoup d'or. Et l'exemple d'innom-
brables, hommes qu'il avait naguère cou-
doyés sous le péristyle du temple aux
Valeurs et dont quelques-uns étaient
Maintenant les triomphateurs de la
Scène, les égaux — en recettes — des
Plus illustres dramaturges, lui donnait
la rassurante certitude que la littérature
fêtait pas indispensable a ce jeu.
Vivotant des bonnes petites renier Que
SOn anicroche financière lui avaient lais-
ses, M. Grincieux-Mulot s'évertua donc
•J combiner des vaudevilles, à machiner
ee sombres drames, à rajeunir le vieux
ricanement de l'opérette. Vaines tenta-
tives. Tout ce papier dramatique lui resta
Pour compte. Ses vieux copains de la
Bourse plaçaient à merveille leurs pro-
duits similaires. Chaque jour, ils avaient
la gloire de confier aux feuilles publiques
leurs grosses recettes et leurs pensées
beaucoup moins impressionnantes. M.
j^rincieux-Mulot en verdissait de rage.
Personne ne consentait à le jouer ni
Même à subir la lecture de ses manus-
.¿ lUS.
Encore, tant que M. Grincieux-Mùlot
ne fut qu'une espérance, sa situation ne
fut pas trop compromise, mais eHe se
gâta tout à fait le jour où un ancien ca-
marade de ses campagnes financières,
9u'il avait soutenu de ses deniers au
lioir d'une culbute, lui prouva sa grati-
tude en lui jouant un mélodrame rosse
ans son théâtre des Bouffes-du-Sud,
(font il s'était rendu acquéreur pour faire
jjpe étoile de son ambitieuse petite amie.
Malgré tous les stratagèmes que M.
ririncieux-Mulot déploya pour l'atten-
drir, la Presse dut reconnaître que ce
dramaturge n'avait d'égal en maîtrise
qUe le pavot, la pluie et le rasoir.
La Bourse lui restait fermée, M. Grin-
cIeux-Mulot n'avait plus qu'une res-
source: la critique. Mais, comme son
Prestige littéraire ne s'imposait pas d'em-
blée au choix des directeurs de journaux,
il dut attendre longtemps l'orgueil d'a-
\lOIr le sceptre en mains.
Lorsque de subtiles combinaisons fi-
nancières lui eurent assuré la critique
Pratique du Bon Sens, journal des in-
térets matériels, quelle satisfaction et
Hueîle ivresse pour M. Grincieux-Mulot!
E nbfin, il avait trouvé le levier indispen-
sable! Enfin, il était — gratis — du
T Out-Paris des premières ! Enfin, on au-
rait intérêt à lui faire plaisir ! Enfin, on
lui écrirait autrement que pour lui refu-
r des manuscrits et même des places!
Assagi par sa longue piaffe, M. Grin-
cieux-Mulot eut assez de raison pour ne
pas céder aux impulsions de sa rancune
et de son fiel. En attendant d'être assez
fort Pour soulager sa bile sans risque, il
su,l.ngénia à se faire des amis par sa
d lenveilIance éperdue. Dans ses critiques
U Bon Sens, que tous les gens tant soit
p doués de cette vertu négligeaient
avec la méfiance la plus légitime, sys-
tématiquement, imperturbablement, M.
Grincieux-Mulot glorifiait la pire came-
lote dramatique. Pas une babiole qui ne
fQt un chef-d'œuvre! Pas un four qui,
so Us sa plume, ne devînt un succès ! Et
il persévère dans cette attitude qui lui
vaut Précieux renom de bienveillance.
M. Grincieux-Mulot — qui, au fond,
jubile de toutes les tapes reçues par ses
confrères — n'a, d'ailleurs, aucun mé-
rite à mettre ainsi une sourdine à ses
hain es, car il sait bien que l'auteur dont
Il parle sera à peu près seul à lire son
journal sans clientèle. C'est donc à peu
de frais qu'il peut s'offrir, aux yeux des
intéressés, l'élégance d'être bienveillant
et acquérir un semblant de titre à leur
estime reconnaissante.
Sans compter qu'il s'est, au préalable
donné la joie de soulager son envie!
Car, ayant essayé de tout sans réussir
en rien, il exècre et jalouse tous les ef-
forts et toutes les œuvres, quel que soit
leur genre, et tous les créateurs, quelle
que soit leur nature. En secret, même
aux plus méritants et aux plus talen-
tueux, il souhaite les pires catastrophes,
par la seule raison qu'on les joue, qu'ils
sont connus et fêtés!
Voyez-le aux répétitions générales et
aux premières : pendant les entr'actes, il
se faufile dans les groupes, chuchotte
hargneusement ses acerbes propos, dis-
tille avec volupté son venin, s'évertue à
créer autour de la pièce une atmosphère
défavorable. Et, rentré chez lui, pour
prendre toutes ses garanties contre une
indiscrétion possible, il ne trouve pas
d'épithètes assez dithyrambiques pour
exalter dans son article la pièce sur la-
quelle il vient de mordre trois heures
durant !
Tout récemment, à la première - qui
fut triomphale — d'un de mes amis, je
me suis donné le plaisir de suivre le
manège de M. Grincieux-Mulot. Deux
ou trois fois, j'ai senti que ma présence
obstinée dans son sillage gênait un peu
sa sournoise malveillance — qui, pour-
tant, s'en donnait à cœur joie. Mais je
pus constater tout de même avec quelle
maîtrise et quel avantage il joue son
double jeu.
Comme, deux jours plus tard, j allai
voir mon cher vieil ami pour m'associer
tendrement à son bonheur, et comme
nous parlions de l'accueil fait à son œu-
vre par la critique, j'eus, sinon la sur-
prise, du moins l'ironique plaisir de l'en-
tendre s'écrier :
— J'ai eu d'excellents articles! Ceux
de X., Y. et Z., et, en particulier,
un délicieux, un enthousiaste article de
Grincieux-Mulot! Tu le connais? Ah!
c'est un critique, celui-là ! Compréhensif
et bienveillant! Aussi, de quel cœur je
l'ai remercié!
Comme il est cruel d'attrister les sens
sans avantage pour eux, je me gardai de
rien dire qui pût empêcher mon ami de
croire à la bienveillance et à la justice
de M. Grincieux-Mulot.
Mais que les auteurs dramatiques s'en
méfient comme de la guigne! -,
Georges LECOMTE,
Nous publierons demain un articA t
WILLY
Durant
Voici deux fois en moins de dix ans que
j'entends parler de Dante dans le monde
des lettres.
La première fois, ce tut par l'intermé-
diaire d'un catalogue analytique d'ouvra-
ges mis en vente provenant de la biblio-
thèque de Sarcey et de celle du château de
Valençay. En tête du chapitre consacré aux
ouvrages de théâtre se trouvait, en effet,
mentionné le livre suivant: ALIGHIERI
DANTE : Divine Comédie. Il est vrai
qu'un peu plus loin, après Corneille, Du-
mas et Molière, l'œuvre d'un autre drama-
turge était ainsi décrite: OVIDII NASONIS
Opéra.
Plus dernièrement, ce tut sur le nom
même de Dante que des polémiques inter-
minables se poursuivirent dans les journaux.
Il s'agissait de savoir si le grand poète ita-
lien s'appelait, oui ou non, Durand, et l'on
disserta pendant des semaines sur cette im-
portante question en invoquant le témoi-
gnage de fautes typographiques différentes
existant sur des textes anciens.
Il est regrettable qu'un seul texte -n'ait
pas été invoqué, celui de ce bon vieux La-
rousse, par exemple, lequel a toujours porté
depuis des années, pour Dante, la mention:
Durante ALIGHIERI (dit par abréviation:
Dante). Cela eût, je crois, mis fin très ra-
pidement à ces interminables polémiques et
nous eût prouvé sans plus que Dante n'était
pas Français. A la rigueur, il eût été pos-
sible aussi de recourir au témoignage de
François Ier lui-même, qui proscrivit l'ou-
vrage du célèbre Italien parce que celui-ci
avait dit qu'Hugues Capet était le fils d'un
boucher.
Je ne serais pas revenu sur ce petit -in-
cident s'il ne caractérisait pas la façon de
procéder habituelle de nos contempotains.
Pendant des semaines et des semaines on
disserte dans les journaux sur tel ou tel
passage de Dante, de Voltaire ou de Cor-
neille; on invoque les raisons les plus sub-
tiles pour défendre des opinions de seconde
main, et personne ne s'avise de recourir
tout simplement aux sources et d'ouvrit di-
rectement le livre dont il est question.
C'est ainsi que personne aujourd'hui n'a
lu Voltaire et que tout le monde en parle,
que personne n'a lu Dante et que chacun
s'intéresse à la question de savoir si, oui
ou non, il s'appelait Durant. C'est là une
marque évidente de décadence littéraire qui
devrait, je crois, nous inquiéter.
G. DE PAWLOWSKI.
Echos
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
Théâtre Mévisto, répétition générale de:
Service d'été, de Léo Marches; Miousic,
de MM. Aug. Germain et Trébor; A la
Noce. de MM. Léon Frapié et Paul-Louis
Garnier; L'Etranger, de M. Edmond Lepel-
letier: La Vieille Dame d'au-dessus, de
MM. Robert Dieudonné et Jean Gusky.
1
ncombustible.
- - C'était la semaine dernière.
L Opéra, pimpant, remis à neuf, presque
gai de toutes ses dorures, était parcouru en
tous sens par une petite troupe affairée où
se remarQuaient. en outre de MM. Messa-
ger et Broussan, la silhouette courte de
M. Lépine,
Soudain, l'énergique préfet s'arrête de-
vant des parties refaites du plancher:
— Ce parquet est sans doute ignifugé?
demanda-t-il à l'architecte.
— Non, répond celui-ci. Mais on l'a in-
jecté d'un liquide chimique qui le rend par-
faitement incombustible.
— Très bien. Faites-en donc l'expérience.
Aussitôt on prélève un copeau, on en
approche une allumette enflammée et, à la
stupeur générale, il se met à flamber genti-
ment avec un petit air de feu d'artifice.
Sous sa moustache, M. Lépine eut un
sourire. Mais il ne voulait pas priver « ses »
Parisiens de Faust; il donna l'autorisation
de jouer à la date fixée, d'autant plus —
hâtons-nous de le dire et de le répéter —
que les parties refaites du plancher sont
insignifiantes.
F
aut-il le croire?
Et puis, je suis bourgeois de Gatid,
dit au vieux Kuy Uomez, Don Carlos
d'Hernani.
S'il faut croire ce qu'on raconte un des
plus brillants interprètes de ce rôle songe-
rait à quitter la Maison de Molière. L'ai-
mable Comité d'administration. du Grand
Théâtre gantois lui aurait fait de tentatrices
et flatteuses propositions.
Il s'agirait —voyez si les choses sont
d'importance — de la constitution d'une
sorte de Comédie-Française belge — en
supposant qu'il soit permis de parler ainsi.
Voilà ce qu'on dit. Mais que ne dit-on
pas, dans les couloirs d'un grand théâtre
un jour de grande « générale » ?.
D
ans la rue.
Au moment du déjeuner, hier, aux
environs du Palais-Royal, par une rue dé-
serte, un homme était arrêté devant un
mur. Il était grand, rasé, portait un binocle
et un haut-de-forme. Il lisait une affiche,
une petite affiche bleuâtre qui ne semblait
pas méchante pour le sou du timbre.
Et pourtant, c'était le placard de Mme
Sarah Bernhardt relatif à Comœdia. Et le
lecteur était le bon poète Louis de Gra-
mont.
Que pense l'auteur de tant de jolis vers
de la prose de l'illustre tragédienne?.
p
aris-New-York.
Ce soir, à l'Opéra-ComiQue. Jean Pé-
rier, Dufrane et Claire Friché chantent Le
Chemineau, et demain matin, à sept heu-
res, ils s'embarquent au Havre pour New-
York.
Or, Le Chemineau finit à minuit et le
train transatlantique pour le Havre part de
la gare Saint-Lazare à minuit précis.
Comment faire? Les trois voyageurs
ne pouvaient songer à aller à la gare
Saint-Lazare prendre leur train.
Ils ont loué une automobile qui les con-
duira au Havre. Mais, comme il faut tout
prévoir, ils ont loué une seconde automo-
bile qui suivra la première et recueillera les
voyageurs en cas de panne.
Très américains!
c
eux qui savent attendre.
- Quel est l'auteur qui ne se plaint
pas des retards apportes a la réception d une
pièce ?
Flaubert avait piqué, sur le manuscrit
d'une œuvre dramatique qu'il avait écrite,
la note suivante:
1° Marc Fournier a refusé de lire ma
pièce sous prétexte que j'étais incapable
d'en écrire une;
2° Gustave Claudin m'a demandé la
pièce pour Noriac, directeur des Variétés.
Enthousiasme dudit Noriac, qui a parlé de
la mettre en répétition immédiatement. Si-
lence de six mois au bout desquels je ne
pus obtenir mon manuscrit que par une in-
sistanpe vraiment brutale;
30 La pièce a été entre les mains de Hos-
tein, directeur du Châtelet, qui, vingt-qua-
tre heures après l'avoir reçue, a envoyé
son domestique avec ce message : « M. Hos-
tein m'a dit de dire à M. Flaubert que ce
n'était pas du tout ce qu'il lui fallait »;
4° Un directeur de la Gaîté m'a entendu
lire la pièce chez moi , et m'a exprimé son
admiration, mais je n'ai rien entendu de
lui ;
5° La pièce m'a été demandée de la part
des directeurs de la Gaîté, qui l'ont gardée
pendant trois mois, puis me l'ont renvoyée
avec mépris ;
6° Raphaël Félix l'a entendue lire chez
Michel Lévy et m'a proposé de la monter,
mais il y a renoncé soudain parce qu'il s'est
souvenu qu'il devait donner Lucrèce;
7° L'année dernière, le directeur de la
Gaité a gardé le manuscrit une semaine et
alors m'a donné la même réponse que ses
collègues ;
8° Cet hiver, on a refusé de la publier
dans la Revue Française.
jeunes gens, ayez de la patience et du.
courage !
L
a série continue.
Encore un dupJ
M. Numa Blés et M. 0 Roger Ferréol,
avant d'échanger des balles, ou des coups
d'épée, viennent d'échanger des témoins.
Ceux de M. Numa Blés sont MM. Du-
mény et Dominique Bonnaud. Ceux de
M. FerréoI: MM. Sacha Guitry et Georges
Coquet qui par une amusante coïncidence,
doubla, au Gymnase, M. Dumény dans Ma-
demoiselle Josette, ma femme.
Comme on se rencontre !
L
es Deux Femmes.
Elles sont toutes les deux iolies et
célébrés.
L'une est une étoile de music-halls, qui
fit, par occasion, et avec grand-succès, de
la littérature. L'autre est une femme de let-
trGS - et une femme d'homme de lettres
- très considérable, qui fit, par occasion
- et d'une façon retentissante — du mu-
sic-hall.
Elles vont prochainement faire, à Nice,
une conférence contradictoire, une confé-
rence contradictoire sûf L'Àinour. oui nous
sera redonnée ensuite dans un coquet petit
théâtre parisien.
En quoi consistera la contradiction ?
L'une soutiendra peut-être une thèse ha-
sardeuse et chère, jadis, à la petite chan-
teuse grecque Bilitis, tandis que l'autre dé-
fendra les usages traditionnels.
Ainsi, le philosophe Lucien de Samosate,
autrefois, dans un de ses plus piquants dia-
logues, fit discuter deux hommes de ten-
dances contradictoires.
G
entilshommes.
L Les Hongrois sont des gens de goût
le comte Laslo Szechenyi l'a bien prouvé
en offrant à sa délicieuse femme, Miss Gla
dys Vanderbilt, une merveilleuse 40 HP,
munie du fameux pneu Samson.
p
our éviter les retards considérables de
la Compagnie des chemins de fer de
l'Ouest, de nombreux voyageurs habitant la
banlieue, en gens pratiques, se rendent cha-
que matin à leur travail sur leur fidèle bi-
cyclette La Française.
NOUVELLE A LA MAIN
U
n titre heureux.
Savez-vous Que! sera le titre de la
nouvelle pièce de M. Mouézy-Eon?
Les Collantes.
Si ces Collantes « collent » aussi bien
que Tire-au-Flanc — c'est en ce moment la
treizième centaine — en voilà au moins
pour jusqu'à la reprise de Cyrano au Théâ-
tre-Français, aux environs de 1940.
Le Masque de Verre.
NOTRE COMITÉ DE LECTURE
Première
Séance Publique
(6 Février, à 2 heures)
AU THÉÂTRE DES ARTS
C'est, rappelons-le, jeudi prochain 6 fé-
vrier. à deux heures de l'après-midi, au
Théâtre des Arts (boulevard des Batignol-
les), obligeamment mis à notre disposition,
qu'aura lieu la première séance publique de
notre Comité de Lecture.
, Qu'pn- nous permette de rappeler que le
Ccmtfté de Lecture de Comcedla fut fondé
par nous pour donner aux jeunes auteurs
inconnus l'occasion de se produire en pu-
blic, aux directeurs et aux critiques l'occa-
sion de les apprécier.
A cet effet, nous avons reçu, un mois
durant, plus de deux cents manuscrits. De
ces deux cents manuscrits, nous avons fait
un premier choix de vingt œuvres théâtra-
les: puis, parmi celles-ci, un second choix
de six ouvrages dont la lecture prendra, au
total, tout l'après-midi de jeudi.
Les six auteurs auront donc à lire ou à
faire lire, à jouer ou à faire jouer tout ou
partie de leur œuvre, et ils auront chacun,
pour cela, vingt minutes, sans qu'il soit tenu
compte du nombre d'actes.
'- C'est assez dire que presque tous auront
à faire des sélections dans leur œuvre.
L'ordre des 6 lectures
Voici dans quel ordre auront lieu les lec*
tures:
1. Le Grillon, un acte de M. Raymond Bou-
chard, sera joué par Mme Garay Mi-
rielet M. Albert Recroix.
2. L'Escarmouche, de M. Marcel Hyann,
interprétée par Mlles Fillacier, Blan-
che Albanne et M. Dieudonné.
3. La Mort du Scorpion, un acte de M. Ur-
bain Mô, lue par M. Duparc.
4. François Villon, cinq actes de M. Giaco-
metti, lu par M. Darragon.
5. Une Crise, un acte, lue par l'auteur
M. Cornet.
6. Les Rêveurs, quatre actes de M. Bar-
gas, lus par l'auteur, qui interprétera
une scène de son œuvre.
Les Intermèdes
Remercions chaleureusement les artistes
aimables qui ont bien voulu, entre deux lec-
tures, rehausser de leur talent notre pre-
mière séance publique.
C'est d'abord l'excellent Galipaux, l'un
des plus fins et des plus spirituels collabo-
rateurs de Comoedia.
Puis Mme Peltier, un joli et à la fois
puissant mezzo qui se produit trop rare-
ment et que l'une.de nos scènes subven-
tionnées finira bien par tenter un jour.
Et le quatuor féminin Morhange-Pelle-
tier qui comprend :
Mlle Hélène Morhange, premier prix du
Conservatoire ;
Mlle Line Talluel, prix du Conservatoire;
Mlle Juliette Coudart, des Concerts Co-
lonne;
Mlle Germaine Pelletier, premier prix
du Conservatoire de Bruxelles.
Le Jury
Le jury comprendra tous les assistants
dans la salle, et notamment:
Les membres du Comité de Lecture;
Les critiques;
Les directeurs de théâtre;
Les abonnés de Comœdia reçus sur pré-
sentation de leurs cartes d'abonnés;
Nos invités.
Le Vote
A chaque assistant il sera remis un bul-
letin de vote et il lui suffira dénoter, dans
une colonne ad hoc, à côté du. nom dç cha-
cune des six pièces, un chiffre d'apprécia-
tion qui pourra évoluer de 1 à 20, 20 étant
considéré comme la perfection.
A la sortie, les bulletins seront recueillis
,et emportés à Comœdia, où le dépouille-
ment aura lieu.. En totalisant les votes, cha-
que pièce sera donc pourvue d'un nombre
de points. Nous remettrons à chacun des
six intéressés un certificat constatant le
nombre total des points par lui obtenus.
COMŒDIA.
N.-B. — Nous avons réservé une cen
taine de places pour ceux de nos lecteur:
aui Mus en feront ia demand <
THÉÂTRE DE L'ATHÉNÉE
Le 'Boate=en=train
Comédie=vaudeville en trois actes,
de M. Alfred Athis.
SOMMAIRE
Autant mon dernier sommaire était long, au-
tant celui-ci sera court. Il ne comporte que ces
trois lignes, une pour chaque acte:
ACTE I. - On commence à rire.
ACTE II. - On continue à rire.
ACTE III. — On est las de rire.
Quant à vouloir résumer, rendre claire à
la lecture, et surtout amusante, sous cette
M. BULLIER Mlle DULUC M. GALIPAUX
Mlle VERMEL, Mlle DONATY el M. BOSC Mlle VERMEL
(Branger, phot.) Mlle CAVELL et M. LEFAUR
forme sèche, les imbroglios, quiproquos-sur-
prises dont se compose un vaudeville, non,
n'est-ce pas?
A chaque jour suffit sa peine, et il faut
bien se garder des peines tout à fait inuti-
les.
Ecrire avec soin et méthode le net et
minutieux sommaire d'une oeuvre comme
Un Divorce, c'est déjà faire besogne de cri-
tique, et très bonne besogne même, si l'on
s'en acquitte avec succès. La chose est peu
commode, puisqu'il s'agit de réduire à une
sorte de graphique toute une bataille tu-
tultueuse d'idées; mais la chose est utile,
puisque ce graphique sert de fil' d'Ariane
dans le labyrinthe des discussions phIloso-
ohiques soulevées par une pièce de cette
force passionnelle et de cette importance
sociale.
Il n'en va certes pas de même avec Le
Boute-en-train. Cela soit dit, au reste, sans
mépris pour le vaudeville, et en ajoutant
que, si à chaque jour suffit sa peine, les
amateurs de vaudeville diront volontiers de
celui-ci:
- A chaque goût suffit son plaisir.
Et, donc, point ne chicanerai-je leur goût,
qui fut de rire à cette histoire, drolatique,
aux situations cocasses qui découlent fort
naturellement de préparations soigneuse-
ment faites, à l'ahurissement falot des fan-
toches bousculés dans ces folles aventures,
et aux mots spirituels partis en pois fulmi-
nants sous les pas trépidants de leurs ca-
brioles.
Que le goût de ces rieurs soit absolument
le mien, voilà qui ne fait rien à l'affaire, et
qui n'intéresse personne, d'ailleurs. Tout ce
que j'ai à chercher ici, c'est si leur goût,
à eux, fut satisfait. Or, je crois qu'il le fut,
et largement. Et je le dis, sans plus.
On m'excusera si. je n'analyse pas tech-
niquement et par le menu les moyens em-
ployés pour obtenir ce résultat. Je manque-
rais du sérieux et de la conviction nécessai-
res à cette enquête. Car il en faut, du sé-
rieux et de la conviction, n'en doutez pas,
pour combiner, mathématiquement, cette
horlogerie du vaudeville qui sonne les spas-
mes du rire-forcé.
Aussi bien n înstruirais-je âme qui vi-
ve, et serais-je certain d'ennuyer ferme tout
le monde, si je tentais de narrer, fût-ce en
petit nègre, pourquoi et comment rizard
est cru être le prince de Sylvanie, tandis
que son patron Radinot passe pour son aide
ie camp, et que madame Radinot, la belle
drienne, réellement maîtresse de Brizard,
)ue le jeu d'être Nini Gobbler, la maîtresse
àu vrai prince de Svlvanie, lequel a enlevé
cette jolie Nini au sportsman de Vavin-
court.
Et je ne distrairais pas le quart de la
moitié d'un lecteur, en insistant, pour expli-
quer ce qu'est la station balnéaire'de Viller-
bœuf, et que Malardier, le maire, l'exploite
avec, pour homme à tout faire, Théodore
Poulette, professeur de musique et de dan-
se, amant de cœur de Léa Tasselin.
A la suite de quoi Vavincourt est arrêté,
comme étant Balkan, conspirateur qui veut
tuer le prince; et ce qui advient du duel
entre le vrai prince et le faux, et la nuit
passée dans la même chambre pour madame
Radinot et Brizard; et l'émeraude de ré-
conciliation que Vavincourt fait tenir à Nini,
et qui arrive aux mains d'Adrienne, et que
le faux prince veut revendre au vrai; et i
que tout cela se déroule parmi des gens en
peignoir de bain et même avec une jeune
personne en maillot violet et les jambes
nues ; et que, finalement.
Assez ! Assez ! Ne te crois pas obligée à
plus, ô ma conscience ombrageuse. On voit
suffisamment que le critique intègre a écou-
té la pièce, qu'il l'a comprise pendant qu'il
i écoutait, mais qu'il serait incapable de la
raconter sans migraine, et que, néanmoins
il n'a point de rancune contre l'auteur.
Bien loin de là l Car, même sous cet
appareil mécanique que le vaudeville actuel
affecte trop souvent, le critique a constate
chez l'auteur une sorte de fraîcheur naïve
en ses farces. Il y a là comme une verve
de potache, qui n'est pas sans agrément.
Et, en fin de compte, c'est de bon cœur
que le critique croit pouvoir conclure com-
que le critique croit pouvoir conclure com-
me il a débuté, par ces trois lignes dont
ne se plaindra pas l'auteur:
Acte I. - On commence à rire.
Acte II. — On continue à rire.
Acte III. —r On est las de rire.
P.-S. - Si le critique n'a pas, tout le
temps, fait comme ce brave on, » tant pis
pour lui 1
JEAN RICHEPIN.
Comment ils ont joué
Alfred Athis a intitulé sa pièce: comédie-
vaudeville; il a, sans nul doute, voulu in-
diquer par là qu'il nous amenait dans la
farce, mais non dans le vaudeville écheve-
lé. Le Boute-en-Train doit donc être joué
avec du mouvement, mais surtout avec de
la fantaisie.
C'est ce qu'a surtout compris Galipaux.
n H a fait de Brézard un être pirouettant,
pimpant, hannetonant; sa physionomie est
d'une mobilité toute « sicilienne » ; un sourd
pourrait suivre la pièce en regardant Gali-
paux. Il n'y a pas une réplique, si simple
soit-elle, dont ce désopilant acteur ne sache
tirer parti ; il trouve, il improvise même des
jeux de scène au cours de l'action.
Bullier (Radinot) est d'allure plus sage,
de gaieté plus tempérée; il représente le
riche bourgeois de province décidé à s'a-
muser, mais qui a conservé de sa petite
ville l'appréhension d'être vu s'amusa: Il
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