Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-01-18
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 janvier 1908 18 janvier 1908
Description : 1908/01/18 (A2,N110). 1908/01/18 (A2,N110).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76464948
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
J5 ■— N° 11® (QuM""
:1
Le Numéro : 5 centimes ■■ ■_ v SÀme«l 18 Jauger 19M.
,
Réàactour en Chef : G* do PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
Boufeuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE ; 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOIS
1'0 lS et Départements 24 fr. 12 fr.
Etranger. 40 o 20 ib
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA>PAR!S
ABONNEMENTS :
UN AN 6 mots
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
Ions
conjugales
M. Maxime Four était, certes, un dra-
naturge fécond. Mais, sauf une juvénile
îassade t Sur des tréteaux suburbains,, il
restait à peu près vierge de toute repré-
sentation publique. Dans son home, les
manuscrits s'entassaient en piles crou-
lantes, déferlaient de tous les placards.
Mais, loin de s'attrister en regardant l'a-
mas des « laissés pour compte » des
grands Petits théâtres, loin de mettre
en doute son génie, M. Maxime Four,
merv eilleux de sage philosophie litté-
raire en concevait, tout au contraire, un
serein et souriant orgueil.
- C' est, se disait-il fièrement, le té-
moignage de ma haute probité artistique
et de génie novateur !
Et MaxIme Four, dramaturge olym-
pien, tr ouvait le bonheur en cette hau-
taine reslgnation. En son quatrième
étage df • r^e des Dames, il s'était pro-
clamé 1 ul-même avec une ferveur con-
vaincue, le premier auteur dramatique
de son temps. Lorsqu'il daignait aller au
théâtre, Pour s'offrir la ioie de se com-
parer aux triomphateurs de la saison, il
en revenait avec un indulgent mépris
pour 1eurs amusettes et avec beaucoup
plus d'estime pour lui-même.
D'ailleurs, il avait l'agrément de
Sa rnai Pas tout à fait sans gloire dans
Sa ai- son et dans son quartier. La carte
SUr visite qu'il tenait fièrement épinglée
sUr Sa Porte : « Maxime Four, auteur
dramatique », impressionnait les loca-
taires de 1, Immeuble et les fournisseurs,
qui tit aValent pas manqué de colporter
son titre dans le voisinage. Et le peuple
Parisie Se montre si naïvement épris
e tout Ce qui touche au théâtre, de près
ou e de très loin, que le respectable
M. Four j• ouissait, autour de chez lui,
d'un certain prestige.
Mais CMe quf complétait la sereine béati-
tude de e, - Maxime Four, c'était la ten-
dresse ^erveillée de Mme Four, deve-
nue sa légitime épouse après avoir été
longtemps sa maîtresse. C'est au feu de
la rampe, Sur les planches du théâtre de
Bécon-les-Bruyères, qu'il l'avait con-
quise, il Y ? trente ans, lorsque, tout
jeune, il était parvenu à y faire repré-
senter duon Premier ouvrage : Les Adul-
tères du Coeur. Sous le nom, tout à la
fois gal ant et pompeux de « Clara de
Beaugency "> cette personne dodue -
qui, à ses YEUX de dramaturge en herbe,
possédait le mérite d'avoir failli en-
trer au Conservatoire — lui avait joué
l'amoureuse de sa pièce et donné tant
soit peu d, amour, dont, sensuel et ti-
mide, il ne Put bientôt plus se passer.
D'ailleurs, Ce tranquille collage aux Bati-
Colles avec l'agréable usufruit des six
mille livres de rente que possédait M.
Four, ne tarda pas à réveiller au cœur
de 1 aPetite femme l'hérédité bourgeoise
qui y de Avec quel plaisir, au
bout de trois ou quatre ans, elle troqua
il CM de guerre dont elle s'était magni-
fiquement parée, contre celui, moins so-
nore mais beaucoup plus véridique, de
Clémence Moufle, sous lequel on l'avait
inscrite à 1 etat-civil, et devint experte
à faire SCrUPUleusement mijoter le fricot.
Très attaché à cette femme qui perpé-
tuait le souvenir de son unique représen-
tation devant la foule, et le dorlotait avec
la plus tendre gratitude, M. Maxime
Four l ui savait gré surtout d'avoir foi
en Son génie, et encore de réserver à
lui seul son talent, son savoir, son ex-
périence dramatique pour lui jouer ses
drames. S'il n'était pas représenté sur
les tréteaux Publics, désormais avilis, il
l'était chez lui, avec la plus candide pas-
sion, au ta t qu'il le voulait. Tour à tour,
depuis bientôt un demi-siècle, elle avait
%rlv rlïne frémissante, pathétique,
con vaincue, e La Vierge aux baisers,
des L an/ares amoureuses, de Saltarello
ou Les Flammes du Vésuve, ou de tant
d'autres chefs-d'œuvre promis aux dé-
lectations de l'avenir.
Ce qUI charmait M. Maxime Four, ce
n'est pas Seulement la vie que sa femme
donnait à S5S personnages, c'est surtout
son admiration éperdue, l'orgueil qu'elle
avait de son talent, les pieux, naïfs et
attendrissants hommages qu'elle s'ingé-
niait à lui rendre. ,
Ainsi, bien que M. Maxime Four n'a-
vouât point un regret si puéril, elle s'é-
tait fort bien aperçue qu'il ne passait
jamais a palais-Royal sans un peu de
mélancolie devant les vitrines où res-
plendissent les décorations. Evidemment
son art EPlanait au-dessus de telles ba-
bioles! Et M. Four, héroïquement rési-
gné à toutes les méconnaissances, n'at-
tendait point de l'Etat une justice que
ses contemporains ne se sentaient même
pas le devoir de lui rendre ! Mais enfin,
de cette iniquté-là, il semblait avoir une
secrète amertume
Un jour donc que Mme Four entendit
son époux explique négligemment que
tout citoy en français a le droit de se pa-
voiser chez lui, dans l'intimité de son
home, de t Outes les croix qui peuvent
lui plaire; que, en faisant ainsi sa toi-
lette, il n e tornbe sous le coup d'aucune
loi, l'excellente femme courut au Palais-
Royal, fit l'acquisition d'un beau ruban
rouge et, sous une averse de baisers ad-
miratifs, dra eurit le veston en velours
noir N draMaturge.
- Nul plus que toi ne le mérite!
s'exclama-t-elle en lui donnant l'acco-
lade. C'est la digne récompense de
l'émouvante série naturaliste, que tu
viens de finir: Le Zing, Le Collage, La
Retape, etc.
Un peu honteux, mais ravi et com-
prenant qu'il devait s'incliner par res-
pect pour la justice, M. Maxime Four
garda le filet rouge qui faisait si bien sur
le chatoyant drap sombre.
Mise en goût par ce premier et lé-
gitime hommage, lorsqu'un opportun
Symbolisme détrôna le Naturalisme
éculé, Mme Four eut le sentiment que
son strict devoir conjugal était d'hono-
rer du « rond » le cycle des pièces sym-
boliques dont son mari venait de grati-
fier la France. Après La Sphynge * et le
Faune, La Licorne et le Satyre, La
Plainte des jets d'eau, etc., la rosette fit
une belle tache sur le fin velours noir
du veston.
Hélas! Ayant payé son tribut à la
pièce sociale, qui commençait à sévir,
par ses drames palpitants: Jenny l'ou-
vrière où les Pâles couleurs, Le Crime
des machines à coudre, La Mévente des
vins, M. Maxime Four trépassa, as-
phyxié peut-être par le manque d'air
dans son cabinet trop plein de manus-
çrits < ,
Mais là tendresse de la pieuse, recon-
naissante et admirative Mme Four veil-
lait! Avant même de songer à son pro-
pre costume de deuil, elle s'écria :
— Il faut que ce noble artiste s'en
aille de ce monde avec toute la justice qui
lui est due! Si l'on peut, chez soi, por-
ter toutes les décorations que l'on dé-
sire, à plus forte raison dans l'inviolable
intimité de la bière ! Attends, pauvre
cher grand homme! Tu vas voir!.
Un auto-taxi la ramena bien vite de
la course mystérieuse pour laquelle, un
instant, elle avait quitté le corps du dra-
maturge défunt. Et avant que la petite
bonne, émerveillée et surprise, eût pu
faire glisser le gilet et l'habit sur la che-
mise de l'illustre mort, Mme Four se
donna la consolation suprême, elle qui
lui avait toujours remplacé, pour cet of-
fice, Ministre et Chancelier, de lui bar-
rer la poitrine, ainsi que disent les
comptes rendus, du Grand-Cordon de la
Légion d'honneur! Mais, pour sous-
traire cet attendrissant hommage à la
malice des visiteurs, elle se hâta de faire
visser le couvercle du cercueil sur la
splendeur de ce pavois usurpé.
C'est dans cet appareil que, rigide au,
fond de sa tombe, comme un Président
de République dessiné par Caran d'A-
che, M. Maxime Four, dramaturge, at-
tend l'immanente justice des siècles!
Georges LECOMTE.
Nous publierons demain un article de
Louis MARSOLLEAU
L'ordre règne.
Il paraît que les cochers de fiacre ont des
partisans et il faut reconnaître que ces par-
tisans n'ont point tort.
Sans doute, disent-ils, aux abords de
certains théâtres, les fiacres ont subitement
l'air, vers minuit et quart, d'être conduits
par des élèves de l'Ecole des sourds-muets,
mais il faut bien reconnaître que, devant
certains autres, ce sont les agents eux-mê-
mes de M. Lépine qui les empêchent
d'exercer leur métier.
Pour les agents, en effet, ce qui importe,
avant tout, c'est d'obtenir que l'ordre rè-
gne. Laisser les voitures défiler devant un
théâtre au moment de la sortie, cela pour-
rait sans doute rendre de précieux ser-
vices aux spectateurs qui en cherchent;
seulement, il est bien évident qu'il peut en
résulter quelques encombrements. En sup-
primant, au contraire, tous les fiacres dans
un périmètre de deux cents mètres, on n'a
plus à craindre aucun accident de voiture,
et il ne reste plus qu'à médailler l'agent qui
a su, par sa prévoyance, éviter de nom-
breux malheurs.
Seulement, à ce compte-là, il est très
difficile de savoir où la prévoyance peut
s'arrêter; c'est ainsi que, pour éviter l'en-
combrement à la sortie ainsi qu'à l'entrée
des spectateurs, il me paraît tout indiqué
d'établir un cordon tout autour de chaque
théâtre, empêchant qui que ce soit d'y péj
nétrer. Cela ne fera peut-être pas l'affaire
des directeurs qui paient le service d'ordre
et qui seront forcés de faire jouer devant
des fauteuils vides, mais je vous affirme
qu'aucun désordre ne sera jamais à crain-
dre dans des salles ainsi protégées.
Cela, bien entendu, provisoirement, et en
attendant le jour où une haie d'agents pla-
cée aux portes de Paris empêchera qui que
ce soit de pénétrer dans la Capitale, soi-
.gneusement évacuée. D'où suppression dé-
finitive de& assassinats, des attaques noc-
turnes et de tous ces incidents véritable-
ment inadmissibles qui désolent journelle-
ment Paris.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos -
Cet après-midi, à une heure et demie,
à la Comédie-Française, répétition générale
de Les Deux Hommes, comédie en quatre
actes, en prose, de M. Alfred Capus.
Ce soir, à huit heures un quart, au
Théâtre Lyrique Municipal (Gaîté), pre-
mière représentation (à ce théâtre) de Mi-
gnon, avec le concours des artistes de
l'Opéra-Comique.
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
Théâtre de l'Œuvre (théâtre Marigny),
pour les représentations, de la Compagnie
sicilienne de Giovanni Grasso : Cavalleria
rusticana, de G. Verga, et La Zolfara, de
Giusti Sinopoli.
¡ Ce soir, à neuf heures, aux Folies-Pari-
siennes, première représentation de Tu l'as,
l'allure, revue de MM. Alfred Moyne et
L. Ribert.
Ce soir, 'à neuf heures, au théâtre de
Montrouge, première représentation de:
Les Gaietés de Montrouge, revue satiri-
que en. deux actes, de MM. Foixrtier et
J. Marguerite.
LE QUATRAIN DU JOUR
LE CAR DE THESPIS
JRouli-roulant partout sur la terre infinie -
Le Théâtre-Français comporte, —à tous offert,,—
Une troupe? non pas, mais une Compagnie.
De chemins de fer !
E
lie est bien bonne!!
A Annonay, un de nos amis* avise
un kiosque :
— Donnez-moi Comœdia, je vous prie.
— Mossieu! il y a bien assez de jour-
naux pornographiques sans que j'en fasse
venir un de plus ; je préfère manquer Ja.
vente! ,.v-r
Efforcez-vous donc, après cela, de faire
chaque jour un journal qui peut être lu
même par les jeunes filles.
G
alanterie.
Un directeur, connu cour la ru-
desse de son langage et le pittoresque de
ses apostrophes, reçoit la visite d'une
jeune chanteuse qui demande à audi-
tionner.
Il l'écoute, et l'infortunée attaque un
air beaucoup trop considérable pour elle.
C'est en vain qu'elle s'efforce. Le résultat
est navrant.
Le directeur l'interrompt brusquement:
« Mon enfant, vous me ferez le plaisir de
chanter quelque chose qui soit dans vos
moyens. Vous êtes toutes les mêmes. C'est
toujours la grenouille qui veut se faire
bœuf.
» Comme bœuf, vous n'existez pas! Res-
tez la grenouille que vous êtes ! ! »
L
e Pré aux Clercs.
Le Trianon-Lyrique vient de repren-
dre Le Pré aux Clercs, et le chef-d œuvre
d'Hérold reparaîtra prochainement sur les
affïcbç^ de rQpéfa-Comique avec Mlle
Alice
Le moment peut donc paraître choisi pour
rappeler l'anecdote que voici:
On donnait Le Pré à l'Opéra-Comique
de la place du Châtelet, c'était en 1897.
Bernaert jouait Girot et Mme Molé lui
donnait la réplique dans le rôle de Nicette.
A un certain moment, au premier acte,
Nicette s'extasie sur l'accoutrement de son
époux, et Girot, fidèle au texte, doit lui
répondre:
— Que direz-vous lorsque vous me ver-
rez habillé comme nos élégants du Louvre!
Ce soir-là, Bernaert manqua de mémoire,
et, bravement, il s'écria:
— Que direz-vous lorsque vous me ver-
rez habillé au Louvre, comme nos élé-
gants!
Mme Molé doit en rire encore!
D
^tisausoy, joaillier expert, 4, boulevard
, des Italiens, achète - toujours comp-
tant: bijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison.
T
Trente ans après.
Le hasard qui a quelquefois - le
sens de l'actualité — nous a mis entre les
mains, hier, le premier volume de M. Al-
fred Capus. C'est un livre de 270 pages,
broché selon les éditions Fasquelle, avec
une couverture jaune un peu pâlie, mainte-
nant, et publié, en 1878, chez Auguste
Ghis, Palais-Royal, galerie d'Orléans,
1, 3, 5, 7.
L'exemplaire que nous avions porte :
deuxième édition. Dans Les Honnêtes
Gens (c'est le titre de cet ouvrage de dé-
but, écrit en collaboration avec son ami
Lucien Vonoven, aujourd'hui secrétaire de
rédaction du Petit Journal), cinq nouvelles
d'importance diverse ont été réunies: Bel-
hormeau père et fils, Les Haines de Ba-
zuchot, Les débuts de Me Cardillier, Le
square de Pontraillon, et enfin — que Mme
Tinayre ne nous en veuille pas - Le Ru-
ban rouge !
Les auteurs auront-ils, cet après-midi,
un souvenir pour les héros de leur œuvre
d'il y a trente ans — ce pendant que, sur
la première scène française, les meilleurs
de nos artistes interpréteront la pièce d'Al-
fred Caous?
A
sa voixL
Sur ia scène de Marigny, à un en-
tr'acte de La Fille de Jorio, l'acteur sici-
lien Grasso serre les mains à quelques
amis.
Un homme de haute taille, aux épaules
carrées, visage frais rasé, lorgnon sur le
nez, s'approche et, d'un geste spontané,
veut prendre, les mains de Grasso.
Etonnement dans la physionomie de l'ac-
teur Malien; interrogation muette devinée
par le nouveau venu, qui dit, avec discré-
tion, presque bas, son nom.
L'autre n'a pas encore compris.
Alors, d'une voix forte, presque toni-
truante, « l'étranger » prononce:
— Je suis Paul.
Il n'a pas le temps d'achever. Grasso,
dont le visage s'est transformé, lui saute
au cou, l'embrasse.
Il a reconnu la voix de don Diègue,.qu'il
avait applaudi la veille dans Le Cid, en
matinée, à la Comédie-Française — il a
reconnu Paul Mounet rien qu'à sa voix!
c
oppée comédien!
Nous avons de meilleures nouvelles,
ae notre eminent collaborateur t'rançols
[ Coppée. Sa santé s'améliore de jour en
jour, et prochainement l'illustre poète pour-
ra s'entretenir tout à son aise avec ses
amis.
Et qui sait? peut-être un de ces jours
aurons-nous un nouveau drame en vers.
Sàit-on, à ce propos, que François Cop-
pée ne s'est pas contenté d'être auteur,
et qu'il a été aussi acteur?
Parfaitement! Rien n'est plus exact.
C'était au dêbuLdu « Parnasse-Contem-
porain », dont les séances se tenaient dans
le luxueux hôtel de la générale de Ricard,
la mère de notre excellent confrère M.
Xavier de Ricard. Un soir, on joua Marion
de Lorme.
François Coppée jouait le rôle de Didier,
et Catulle Mendès celui de Faverny.
Catulle Mendès incarnait assez bien le
beau cavalier, mais il paraît que François
Coppée — et l'auteur des Jacobites en
convient lui-même — ne -faisait pas ou-
blier Boccage et était loin d'égaler Mounet-
Sully dans ce qu'il fut plus tard.
C'est égal, l'essai était drôle, et il est
resté très intéressant.
s
enator Poetaque Romanus.
Rien ne manquait à sa gloire, il man-
qur.t à la leur!
M. Gabriele d'Annunzio va faire partie
du Sénat de son pays.
C'est le ministre de l'Instruction publi-
que qui vient de proposer l'auteur de La
Nave pour un siège inamovible.
Le voilà définitivement promu poète na-
tional.
L
es deux écoles!
Un de nos auteurs les plus connus
n'aime pas que ses interprètes se laissent
interviewer. Suivant les, milieux et les per-
sonnes, il emploie un langage plus ou
moins académique. C'est ainsi que, derniè-
rement, à la Comédie-Française, il parla à
Mlle Sorel :
- J'ai lu votre article dans La Vie Par
risienne. Croyez-moi, ma chère et belle
amie, vous avez tort d'écrire dans les re-
vues: cela ne peut vous être que nuisible.
Et, maintenant, voici l'apostrophe à Mlle
Lavallière, aux Variétés:
— Comment ! tu vas signer une inter-
view dans Comœdia; mais tu vas te faire
f. de toi !
Comme on le voit, si le fond reste le
même/ ia forme diffère un peu. Que voulez-
vous? C'est toujours la -théorie des JDéUX
-~<~)M.'- ~-
A
mateurs d'huîtres à la chair exquise
l et délicate, allez déjeuner ou dîner
chez Lapré, dans les somptueux salons ae
la rue Drouot, à deux pas des boulevards.
La cave est de premier choix et lés prix à
là portée de tous.
NOUVELLE A LA MAIN
u
ne société financière projette d'atteler
à chaque expr.ess un wagon spécial,
réduction minuscule d'une salle de théâ-
tre, comprenant cinquante places. ,
Au départ, les voyageurs prendront leurs
billets pour une ou plusieurs représenta-
tions.
Espérons que, pendant le parcours, les
acteurs du caboting-car joueront des pièces
« dans le train », sinon la locomotive ne
sera pas seule à siffler.
Le Masque de Verre.
A la Commission
des Auteurs
Comœdia a annoncé, il y a quelques
jours, qu'à la réunion du vendredi 17 jan-
vier, M. Pierre Decourcelle devait déposer
le rapport qu'il avait été chargé d'élabèrer
sur les améliorations à apporter à la per-
ception des droits d'auteurs en province.
Le rapport aurait été lu s'il avait été prêt,
mais il est loin d'être au point, si nous en
croyons les échos certains qui nous par-
viennent de la rue Hippolyte-Lebas, M. De-
courcelle, en effet, rencontrerait dans sa
tâche, nous dit-on, de nombreuses difficul-
tés matérielles. Elles ne viendraient pas,
nous assure-t-on, des agents généraux, qui
se montrent empressés, à faire la lumière.
MM. Gangnat et Pellerin ont, d'ailleurs,
fait à la commission la proposition de créer
trois nouveaux inspecteurs - sur le mo-
dèle de M. Deschamps — et cela à leurs
frais. Ils accompagnent cette proposition de
l'offre de prendre plusieurs mesures admi-,
nistratives très importantes sur lesquelles
nous aurons l'occasion de revenir et qui
auraient pour résultat, sinon de supprimer
entièrement les manœuvres que Comœdia
signalait, du moins d'en diminuer les ef-
fets à un point tel qu'une grosse somme
rentrerait, chaque année, dans les caisses
de la société.
On assure que la commission est très di-
visée à ce sujet. Les uns — et ils sont en
petit nombre — voudraient déblayer com-
plètement le terrain. D'autres semblent de-
voir s'effrayer devant la besogne et de-
mander que tout s'arrange paisiblement et
« dans le silence ».
Mais il se pourrait que, d'ici peu, une
intervention très énergique se produisit
sous la forme d'une mise en demeure
adressée à la commission, de convoquer les
auteurs en assemblée générale et extraor-
dinaire, ce qui donnerait à la question toute
l'ampleur qu'elle mérite. Un grand nombre
de sociétaires, en effet, s'impatientent et
ne se gênent pas pour accuser la commis-
sion de lenteurs dans une affaire qui méri-
terait plus de clarté et plus de rapidité.
Nous apprenons également qu'à l'heure
où la commission de la rue Hippolyte-Le-
bas' tenait sa séance — très agitée — un
certain nombre de membres du Syndicat
des Auteurs, se réunissaient chez M. Geor-
ges Ohnet. Mais, là, rien n'a transpiré.
UN SOCIÉTAIRE.
,. cr
.., A PROPOS D'IPHIGÉNIE EN AULIDE
Une Lettre de C. Saint =Saëns
Le Caire, 9 janvier 1908.
Mon cher Torchet,
Je vous avais perdu de vue; et voici que
je vous retrouve, non sans plaisir, croyez-le
bien, grâce à Comoedia. Voulez-vous me
permettre de causer un peu avec vous?
Comœdia allant partout, vous ne vous
étonnerez pas que j'aie lu l'article de d'In-
dy sur Iphigénie en Aulide. N'ayant pas vu
la représentation de l'Opéra-Comique, je
n'en puis rien dire, mais je sais assez com-
ment, d'ordinaire, on en use avec Gluck,
pour supposer que ce qui a choqué mon
éminent confrère, m'aurait déplu égale-
ment.
M. d'Indy regrette que M. Carré ne soit
pas musicien.. Pour le directeur d'un théâtre
de musique,, c'est assurément regrettable,
mais M. Carré fûbil-musicien, qu'il en se-
---
M. C. SAINT-SAENS
rait seulement un peu plus coupable; les
Choses n'en iraient probablement pas
mieux, car il y a bien peu de musiciens,
à notre époque, assez versés dans les cho-
ses du passé pour comprendre Gluck; pour
la plupart d'entre eux, cette musique est
une langue qu'ils épèlent sans en connaître
la prononciation ni l'accent.
Il y a d'abord l'interprétation erronée des
indications de l'auteur. Comme le fait très
bien, remarquer M.; d'Indy, Andante, au
dix-huitième siècle, n'impliquait nullement
l'idée de lenteur que nous lui appliquons
aujourd'hui. L'indication Andante allegro
n'est pas rare chez Hændel: nous dirions
aujourd'hui allegro giocoso. L'allégro d'a-
lors répondait à l'allegro moderato d'au-
jourd'hui. C'est faute de méconnaître
ces principes qu'on a pris l'habitude de dire
avec une solennelle lenteur l'air célèbre:
Divinités du Styx, qui doit être dit, au con-
traire, avec-enthousiasme et emportement;
c'est ainsi que le faisait interpréter Ber-
lioz, qui avait vu, dans sa jeunesse, les ou-
vrages de Gluck, à l'Opéra, alors qu'ils
étaient encore au répertoire.
Il y a bien d'autres choses encore, dont
l'examen dépasserait les dimensions d'une
lettre; mais je ne puis passer sous silence,
parmi les erreurs d'interprétation, la plus
grande de toutes; celle qui a trait aux ré-
citatifs, qui tiennent une si grande place
dans l'œuvre de Gluck.
Ici, le grand coupable est l'illustre chan-
fenr Duprez. Ouvrez sa méthode: vous v
verez, érigée en principe, la diction
large du récitatif.
Qu'est-ce donc que le récitatif? Pas
autre chose que la déclamation notée. S'il
échappe à toute indication de mouvement,
s'il est dans son essence le royaume de
l'ad libitum, ce n'est pas pour -que les
chanteurs puissent à leur aise y déployer
leur voix et s'éterniser sur les notes ; c'est
pour qu'ils puissent, suivre, au contraire,
les mille nuances de la déclamation, et pré-
cipiter ou ralentir le débit suivant les exi-
gences de cette dernière, en se rapprochant
autant' que paisible du « parlé ». Cette
façon de dire le récitatif nécessite une.
étude approfondie du texte, et naguère la
diction du récitatif pétait u« département
tout entier de. l'art du. chant, alors au'on
l'étudiait à fond avant de se produire en
public.
La diction large ; supprime cette étude
laborieuse; elle y substitue un trompe-l'œii.
qui peut faire illusion pendant quelques
instants, mais qui engendre bientôt, avec
une parfaite monotonie, un cruel ennui.
Aussi les compositeurs modernes ont-ils,
sciemment ou même instinctivement, re.,
noncé au récitatif pour ne plus écrire que
des choses mesurées.
Avec cette largeur des récits, avec cette
lenteur que l'on croit devoir infliger aux
œuvres de Gluck, alors que, dans les œu-
vres modernes, on semble ne pouvoir ia-
mais courir assez vite, comment veut-or
que ces œuvres anciennes, ne paraisser
pas ennuyeuses?
Et puis, s'il faut tout dire, ce n'est pa-
sur une petite scène comme celle de l'Ope
rarComique que de telles œuvres peuve i:
être à leur place. De haut vol, de larg;
envergure, elles ont besoin d'air et d'es-
pace pour déployer leurs ailes; tout le tr.
lent du monde n'en saurait tenir lieu.
Aurez-vous le temps de lire mon bavar
dage? Vous devez. être fort occupé. Excu
sez-moi, et agréez mes meilleurs souw.
nirs, avec l'espoir de vous révoir en avr
quand je reviendrai de Barcelone, où :.
dois présider à l'apparition d'Henri Vi.
sur la scène du Liceo. ,
C. SAINT-SAENS,
LA RÉSURRECTION DU TÉNOR
Un Concours original
organisé par Comœdia et Musica.
»
« Il n'y a plus de ténors en France. »
Cela se. dit communénient;, et les direc-
teurs de théâtre lyrique, ambitieux de
couronner leur troupe d'une vedette ayant
l'ut de poitrine retentissant et facile, for-
tifient de leur autorité déçue la clameur
publique.
Pourtant, rien de très'précisément scien-
tifique n'a pu prouver, et ne prouverait,
qu'il n'y a plué de ténors en France.
Nous: sommes convaincus, bien au con-
traire, qu'on n'en trouve pas parce qu'on
ne les cherche point. Qui n'a été frappé,
surpris, au hasard d'une route, par les
champs,- sur les monts, du retentissement
d'une belle voix de ténor dont le posses-
seur demeure invisible. Dans les groupe-
ments français, on chante beaucoup, et,
souvent, il y éclate une voix exceptionnelle
qui fait dire aux auditeurs: « Ah! si cette
voix était cultivée!. » ou, plus 19 présomp-
tueusement: « Il pourrait être à l'Opéra. »
Telle était, telle est encore la croyance
de notre confrère Musica. Elle a levé des
partisans, des enthousiastes même.
Et Cnmœdia, à qui rien de ce qui touche
l'att ly ique ne saurait êtr* indîfférpjv, n'a
point balancé de partager l'initiative prisr
par Musica — prise aussi par de granJ
journaux régionaux: La Dépêche de 7
louse, La France de Bordeaux et du Su,..
Ollest, Le Petit Niçois et Le Petit Bour-
guignon, de rechercher, de découvrir de
ténors français. L'avenir de beaucoup de
braves gens. qui ont peut-être en eux une
richesse qu'ils ignorent, se trouve intéresse
à ce projet.
.Celui-ci est déjà en voie de réalisatior.
Un concours de ténors non professionnel-
a été ouvert entre tous les possesseurs
d'une belle voix. La foi, qui, dit-on, soi:
lève les montagnes, devait lever des té-
nors. Ils affluent, ils se ruent. Et ion
allait, répétant à l'envi, que l'espèce en
était épuisée.
Il était prudent cependant de. faire pi„
céder le concours définitif,
QUI AURA LIEU
DANS LE COURANT D'AVRIL PROCHAIN,
d'une et même de deux éliminatoires. Or.
savez-vous combien cette première éprem
réunit; tant à Paris qu'en provjice. de
:1
Le Numéro : 5 centimes ■■ ■_ v SÀme«l 18 Jauger 19M.
,
Réàactour en Chef : G* do PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
Boufeuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE ; 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOIS
1'0 lS et Départements 24 fr. 12 fr.
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27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
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UN AN 6 mots
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
Ions
conjugales
M. Maxime Four était, certes, un dra-
naturge fécond. Mais, sauf une juvénile
îassade t Sur des tréteaux suburbains,, il
restait à peu près vierge de toute repré-
sentation publique. Dans son home, les
manuscrits s'entassaient en piles crou-
lantes, déferlaient de tous les placards.
Mais, loin de s'attrister en regardant l'a-
mas des « laissés pour compte » des
grands Petits théâtres, loin de mettre
en doute son génie, M. Maxime Four,
merv eilleux de sage philosophie litté-
raire en concevait, tout au contraire, un
serein et souriant orgueil.
- C' est, se disait-il fièrement, le té-
moignage de ma haute probité artistique
et de génie novateur !
Et MaxIme Four, dramaturge olym-
pien, tr ouvait le bonheur en cette hau-
taine reslgnation. En son quatrième
étage df • r^e des Dames, il s'était pro-
clamé 1 ul-même avec une ferveur con-
vaincue, le premier auteur dramatique
de son temps. Lorsqu'il daignait aller au
théâtre, Pour s'offrir la ioie de se com-
parer aux triomphateurs de la saison, il
en revenait avec un indulgent mépris
pour 1eurs amusettes et avec beaucoup
plus d'estime pour lui-même.
D'ailleurs, il avait l'agrément de
Sa rnai Pas tout à fait sans gloire dans
Sa ai- son et dans son quartier. La carte
SUr visite qu'il tenait fièrement épinglée
sUr Sa Porte : « Maxime Four, auteur
dramatique », impressionnait les loca-
taires de 1, Immeuble et les fournisseurs,
qui tit aValent pas manqué de colporter
son titre dans le voisinage. Et le peuple
Parisie Se montre si naïvement épris
e tout Ce qui touche au théâtre, de près
ou e de très loin, que le respectable
M. Four j• ouissait, autour de chez lui,
d'un certain prestige.
Mais CMe quf complétait la sereine béati-
tude de e, - Maxime Four, c'était la ten-
dresse ^erveillée de Mme Four, deve-
nue sa légitime épouse après avoir été
longtemps sa maîtresse. C'est au feu de
la rampe, Sur les planches du théâtre de
Bécon-les-Bruyères, qu'il l'avait con-
quise, il Y ? trente ans, lorsque, tout
jeune, il était parvenu à y faire repré-
senter duon Premier ouvrage : Les Adul-
tères du Coeur. Sous le nom, tout à la
fois gal ant et pompeux de « Clara de
Beaugency "> cette personne dodue -
qui, à ses YEUX de dramaturge en herbe,
possédait le mérite d'avoir failli en-
trer au Conservatoire — lui avait joué
l'amoureuse de sa pièce et donné tant
soit peu d, amour, dont, sensuel et ti-
mide, il ne Put bientôt plus se passer.
D'ailleurs, Ce tranquille collage aux Bati-
Colles avec l'agréable usufruit des six
mille livres de rente que possédait M.
Four, ne tarda pas à réveiller au cœur
de 1 aPetite femme l'hérédité bourgeoise
qui y de Avec quel plaisir, au
bout de trois ou quatre ans, elle troqua
il CM de guerre dont elle s'était magni-
fiquement parée, contre celui, moins so-
nore mais beaucoup plus véridique, de
Clémence Moufle, sous lequel on l'avait
inscrite à 1 etat-civil, et devint experte
à faire SCrUPUleusement mijoter le fricot.
Très attaché à cette femme qui perpé-
tuait le souvenir de son unique représen-
tation devant la foule, et le dorlotait avec
la plus tendre gratitude, M. Maxime
Four l ui savait gré surtout d'avoir foi
en Son génie, et encore de réserver à
lui seul son talent, son savoir, son ex-
périence dramatique pour lui jouer ses
drames. S'il n'était pas représenté sur
les tréteaux Publics, désormais avilis, il
l'était chez lui, avec la plus candide pas-
sion, au ta t qu'il le voulait. Tour à tour,
depuis bientôt un demi-siècle, elle avait
%rlv rlïne frémissante, pathétique,
con vaincue, e La Vierge aux baisers,
des L an/ares amoureuses, de Saltarello
ou Les Flammes du Vésuve, ou de tant
d'autres chefs-d'œuvre promis aux dé-
lectations de l'avenir.
Ce qUI charmait M. Maxime Four, ce
n'est pas Seulement la vie que sa femme
donnait à S5S personnages, c'est surtout
son admiration éperdue, l'orgueil qu'elle
avait de son talent, les pieux, naïfs et
attendrissants hommages qu'elle s'ingé-
niait à lui rendre. ,
Ainsi, bien que M. Maxime Four n'a-
vouât point un regret si puéril, elle s'é-
tait fort bien aperçue qu'il ne passait
jamais a palais-Royal sans un peu de
mélancolie devant les vitrines où res-
plendissent les décorations. Evidemment
son art EPlanait au-dessus de telles ba-
bioles! Et M. Four, héroïquement rési-
gné à toutes les méconnaissances, n'at-
tendait point de l'Etat une justice que
ses contemporains ne se sentaient même
pas le devoir de lui rendre ! Mais enfin,
de cette iniquté-là, il semblait avoir une
secrète amertume
Un jour donc que Mme Four entendit
son époux explique négligemment que
tout citoy en français a le droit de se pa-
voiser chez lui, dans l'intimité de son
home, de t Outes les croix qui peuvent
lui plaire; que, en faisant ainsi sa toi-
lette, il n e tornbe sous le coup d'aucune
loi, l'excellente femme courut au Palais-
Royal, fit l'acquisition d'un beau ruban
rouge et, sous une averse de baisers ad-
miratifs, dra eurit le veston en velours
noir N draMaturge.
- Nul plus que toi ne le mérite!
s'exclama-t-elle en lui donnant l'acco-
lade. C'est la digne récompense de
l'émouvante série naturaliste, que tu
viens de finir: Le Zing, Le Collage, La
Retape, etc.
Un peu honteux, mais ravi et com-
prenant qu'il devait s'incliner par res-
pect pour la justice, M. Maxime Four
garda le filet rouge qui faisait si bien sur
le chatoyant drap sombre.
Mise en goût par ce premier et lé-
gitime hommage, lorsqu'un opportun
Symbolisme détrôna le Naturalisme
éculé, Mme Four eut le sentiment que
son strict devoir conjugal était d'hono-
rer du « rond » le cycle des pièces sym-
boliques dont son mari venait de grati-
fier la France. Après La Sphynge * et le
Faune, La Licorne et le Satyre, La
Plainte des jets d'eau, etc., la rosette fit
une belle tache sur le fin velours noir
du veston.
Hélas! Ayant payé son tribut à la
pièce sociale, qui commençait à sévir,
par ses drames palpitants: Jenny l'ou-
vrière où les Pâles couleurs, Le Crime
des machines à coudre, La Mévente des
vins, M. Maxime Four trépassa, as-
phyxié peut-être par le manque d'air
dans son cabinet trop plein de manus-
çrits < ,
Mais là tendresse de la pieuse, recon-
naissante et admirative Mme Four veil-
lait! Avant même de songer à son pro-
pre costume de deuil, elle s'écria :
— Il faut que ce noble artiste s'en
aille de ce monde avec toute la justice qui
lui est due! Si l'on peut, chez soi, por-
ter toutes les décorations que l'on dé-
sire, à plus forte raison dans l'inviolable
intimité de la bière ! Attends, pauvre
cher grand homme! Tu vas voir!.
Un auto-taxi la ramena bien vite de
la course mystérieuse pour laquelle, un
instant, elle avait quitté le corps du dra-
maturge défunt. Et avant que la petite
bonne, émerveillée et surprise, eût pu
faire glisser le gilet et l'habit sur la che-
mise de l'illustre mort, Mme Four se
donna la consolation suprême, elle qui
lui avait toujours remplacé, pour cet of-
fice, Ministre et Chancelier, de lui bar-
rer la poitrine, ainsi que disent les
comptes rendus, du Grand-Cordon de la
Légion d'honneur! Mais, pour sous-
traire cet attendrissant hommage à la
malice des visiteurs, elle se hâta de faire
visser le couvercle du cercueil sur la
splendeur de ce pavois usurpé.
C'est dans cet appareil que, rigide au,
fond de sa tombe, comme un Président
de République dessiné par Caran d'A-
che, M. Maxime Four, dramaturge, at-
tend l'immanente justice des siècles!
Georges LECOMTE.
Nous publierons demain un article de
Louis MARSOLLEAU
L'ordre règne.
Il paraît que les cochers de fiacre ont des
partisans et il faut reconnaître que ces par-
tisans n'ont point tort.
Sans doute, disent-ils, aux abords de
certains théâtres, les fiacres ont subitement
l'air, vers minuit et quart, d'être conduits
par des élèves de l'Ecole des sourds-muets,
mais il faut bien reconnaître que, devant
certains autres, ce sont les agents eux-mê-
mes de M. Lépine qui les empêchent
d'exercer leur métier.
Pour les agents, en effet, ce qui importe,
avant tout, c'est d'obtenir que l'ordre rè-
gne. Laisser les voitures défiler devant un
théâtre au moment de la sortie, cela pour-
rait sans doute rendre de précieux ser-
vices aux spectateurs qui en cherchent;
seulement, il est bien évident qu'il peut en
résulter quelques encombrements. En sup-
primant, au contraire, tous les fiacres dans
un périmètre de deux cents mètres, on n'a
plus à craindre aucun accident de voiture,
et il ne reste plus qu'à médailler l'agent qui
a su, par sa prévoyance, éviter de nom-
breux malheurs.
Seulement, à ce compte-là, il est très
difficile de savoir où la prévoyance peut
s'arrêter; c'est ainsi que, pour éviter l'en-
combrement à la sortie ainsi qu'à l'entrée
des spectateurs, il me paraît tout indiqué
d'établir un cordon tout autour de chaque
théâtre, empêchant qui que ce soit d'y péj
nétrer. Cela ne fera peut-être pas l'affaire
des directeurs qui paient le service d'ordre
et qui seront forcés de faire jouer devant
des fauteuils vides, mais je vous affirme
qu'aucun désordre ne sera jamais à crain-
dre dans des salles ainsi protégées.
Cela, bien entendu, provisoirement, et en
attendant le jour où une haie d'agents pla-
cée aux portes de Paris empêchera qui que
ce soit de pénétrer dans la Capitale, soi-
.gneusement évacuée. D'où suppression dé-
finitive de& assassinats, des attaques noc-
turnes et de tous ces incidents véritable-
ment inadmissibles qui désolent journelle-
ment Paris.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos -
Cet après-midi, à une heure et demie,
à la Comédie-Française, répétition générale
de Les Deux Hommes, comédie en quatre
actes, en prose, de M. Alfred Capus.
Ce soir, à huit heures un quart, au
Théâtre Lyrique Municipal (Gaîté), pre-
mière représentation (à ce théâtre) de Mi-
gnon, avec le concours des artistes de
l'Opéra-Comique.
Ce soir, à huit heures trois quarts, au
Théâtre de l'Œuvre (théâtre Marigny),
pour les représentations, de la Compagnie
sicilienne de Giovanni Grasso : Cavalleria
rusticana, de G. Verga, et La Zolfara, de
Giusti Sinopoli.
¡ Ce soir, à neuf heures, aux Folies-Pari-
siennes, première représentation de Tu l'as,
l'allure, revue de MM. Alfred Moyne et
L. Ribert.
Ce soir, 'à neuf heures, au théâtre de
Montrouge, première représentation de:
Les Gaietés de Montrouge, revue satiri-
que en. deux actes, de MM. Foixrtier et
J. Marguerite.
LE QUATRAIN DU JOUR
LE CAR DE THESPIS
JRouli-roulant partout sur la terre infinie -
Le Théâtre-Français comporte, —à tous offert,,—
Une troupe? non pas, mais une Compagnie.
De chemins de fer !
E
lie est bien bonne!!
A Annonay, un de nos amis* avise
un kiosque :
— Donnez-moi Comœdia, je vous prie.
— Mossieu! il y a bien assez de jour-
naux pornographiques sans que j'en fasse
venir un de plus ; je préfère manquer Ja.
vente! ,.v-r
Efforcez-vous donc, après cela, de faire
chaque jour un journal qui peut être lu
même par les jeunes filles.
G
alanterie.
Un directeur, connu cour la ru-
desse de son langage et le pittoresque de
ses apostrophes, reçoit la visite d'une
jeune chanteuse qui demande à audi-
tionner.
Il l'écoute, et l'infortunée attaque un
air beaucoup trop considérable pour elle.
C'est en vain qu'elle s'efforce. Le résultat
est navrant.
Le directeur l'interrompt brusquement:
« Mon enfant, vous me ferez le plaisir de
chanter quelque chose qui soit dans vos
moyens. Vous êtes toutes les mêmes. C'est
toujours la grenouille qui veut se faire
bœuf.
» Comme bœuf, vous n'existez pas! Res-
tez la grenouille que vous êtes ! ! »
L
e Pré aux Clercs.
Le Trianon-Lyrique vient de repren-
dre Le Pré aux Clercs, et le chef-d œuvre
d'Hérold reparaîtra prochainement sur les
affïcbç^ de rQpéfa-Comique avec Mlle
Alice
Le moment peut donc paraître choisi pour
rappeler l'anecdote que voici:
On donnait Le Pré à l'Opéra-Comique
de la place du Châtelet, c'était en 1897.
Bernaert jouait Girot et Mme Molé lui
donnait la réplique dans le rôle de Nicette.
A un certain moment, au premier acte,
Nicette s'extasie sur l'accoutrement de son
époux, et Girot, fidèle au texte, doit lui
répondre:
— Que direz-vous lorsque vous me ver-
rez habillé comme nos élégants du Louvre!
Ce soir-là, Bernaert manqua de mémoire,
et, bravement, il s'écria:
— Que direz-vous lorsque vous me ver-
rez habillé au Louvre, comme nos élé-
gants!
Mme Molé doit en rire encore!
D
^tisausoy, joaillier expert, 4, boulevard
, des Italiens, achète - toujours comp-
tant: bijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison.
T
Trente ans après.
Le hasard qui a quelquefois - le
sens de l'actualité — nous a mis entre les
mains, hier, le premier volume de M. Al-
fred Capus. C'est un livre de 270 pages,
broché selon les éditions Fasquelle, avec
une couverture jaune un peu pâlie, mainte-
nant, et publié, en 1878, chez Auguste
Ghis, Palais-Royal, galerie d'Orléans,
1, 3, 5, 7.
L'exemplaire que nous avions porte :
deuxième édition. Dans Les Honnêtes
Gens (c'est le titre de cet ouvrage de dé-
but, écrit en collaboration avec son ami
Lucien Vonoven, aujourd'hui secrétaire de
rédaction du Petit Journal), cinq nouvelles
d'importance diverse ont été réunies: Bel-
hormeau père et fils, Les Haines de Ba-
zuchot, Les débuts de Me Cardillier, Le
square de Pontraillon, et enfin — que Mme
Tinayre ne nous en veuille pas - Le Ru-
ban rouge !
Les auteurs auront-ils, cet après-midi,
un souvenir pour les héros de leur œuvre
d'il y a trente ans — ce pendant que, sur
la première scène française, les meilleurs
de nos artistes interpréteront la pièce d'Al-
fred Caous?
A
sa voixL
Sur ia scène de Marigny, à un en-
tr'acte de La Fille de Jorio, l'acteur sici-
lien Grasso serre les mains à quelques
amis.
Un homme de haute taille, aux épaules
carrées, visage frais rasé, lorgnon sur le
nez, s'approche et, d'un geste spontané,
veut prendre, les mains de Grasso.
Etonnement dans la physionomie de l'ac-
teur Malien; interrogation muette devinée
par le nouveau venu, qui dit, avec discré-
tion, presque bas, son nom.
L'autre n'a pas encore compris.
Alors, d'une voix forte, presque toni-
truante, « l'étranger » prononce:
— Je suis Paul.
Il n'a pas le temps d'achever. Grasso,
dont le visage s'est transformé, lui saute
au cou, l'embrasse.
Il a reconnu la voix de don Diègue,.qu'il
avait applaudi la veille dans Le Cid, en
matinée, à la Comédie-Française — il a
reconnu Paul Mounet rien qu'à sa voix!
c
oppée comédien!
Nous avons de meilleures nouvelles,
ae notre eminent collaborateur t'rançols
[ Coppée. Sa santé s'améliore de jour en
jour, et prochainement l'illustre poète pour-
ra s'entretenir tout à son aise avec ses
amis.
Et qui sait? peut-être un de ces jours
aurons-nous un nouveau drame en vers.
Sàit-on, à ce propos, que François Cop-
pée ne s'est pas contenté d'être auteur,
et qu'il a été aussi acteur?
Parfaitement! Rien n'est plus exact.
C'était au dêbuLdu « Parnasse-Contem-
porain », dont les séances se tenaient dans
le luxueux hôtel de la générale de Ricard,
la mère de notre excellent confrère M.
Xavier de Ricard. Un soir, on joua Marion
de Lorme.
François Coppée jouait le rôle de Didier,
et Catulle Mendès celui de Faverny.
Catulle Mendès incarnait assez bien le
beau cavalier, mais il paraît que François
Coppée — et l'auteur des Jacobites en
convient lui-même — ne -faisait pas ou-
blier Boccage et était loin d'égaler Mounet-
Sully dans ce qu'il fut plus tard.
C'est égal, l'essai était drôle, et il est
resté très intéressant.
s
enator Poetaque Romanus.
Rien ne manquait à sa gloire, il man-
qur.t à la leur!
M. Gabriele d'Annunzio va faire partie
du Sénat de son pays.
C'est le ministre de l'Instruction publi-
que qui vient de proposer l'auteur de La
Nave pour un siège inamovible.
Le voilà définitivement promu poète na-
tional.
L
es deux écoles!
Un de nos auteurs les plus connus
n'aime pas que ses interprètes se laissent
interviewer. Suivant les, milieux et les per-
sonnes, il emploie un langage plus ou
moins académique. C'est ainsi que, derniè-
rement, à la Comédie-Française, il parla à
Mlle Sorel :
- J'ai lu votre article dans La Vie Par
risienne. Croyez-moi, ma chère et belle
amie, vous avez tort d'écrire dans les re-
vues: cela ne peut vous être que nuisible.
Et, maintenant, voici l'apostrophe à Mlle
Lavallière, aux Variétés:
— Comment ! tu vas signer une inter-
view dans Comœdia; mais tu vas te faire
f. de toi !
Comme on le voit, si le fond reste le
même/ ia forme diffère un peu. Que voulez-
vous? C'est toujours la -théorie des JDéUX
-~<~)M.'- ~-
A
mateurs d'huîtres à la chair exquise
l et délicate, allez déjeuner ou dîner
chez Lapré, dans les somptueux salons ae
la rue Drouot, à deux pas des boulevards.
La cave est de premier choix et lés prix à
là portée de tous.
NOUVELLE A LA MAIN
u
ne société financière projette d'atteler
à chaque expr.ess un wagon spécial,
réduction minuscule d'une salle de théâ-
tre, comprenant cinquante places. ,
Au départ, les voyageurs prendront leurs
billets pour une ou plusieurs représenta-
tions.
Espérons que, pendant le parcours, les
acteurs du caboting-car joueront des pièces
« dans le train », sinon la locomotive ne
sera pas seule à siffler.
Le Masque de Verre.
A la Commission
des Auteurs
Comœdia a annoncé, il y a quelques
jours, qu'à la réunion du vendredi 17 jan-
vier, M. Pierre Decourcelle devait déposer
le rapport qu'il avait été chargé d'élabèrer
sur les améliorations à apporter à la per-
ception des droits d'auteurs en province.
Le rapport aurait été lu s'il avait été prêt,
mais il est loin d'être au point, si nous en
croyons les échos certains qui nous par-
viennent de la rue Hippolyte-Lebas, M. De-
courcelle, en effet, rencontrerait dans sa
tâche, nous dit-on, de nombreuses difficul-
tés matérielles. Elles ne viendraient pas,
nous assure-t-on, des agents généraux, qui
se montrent empressés, à faire la lumière.
MM. Gangnat et Pellerin ont, d'ailleurs,
fait à la commission la proposition de créer
trois nouveaux inspecteurs - sur le mo-
dèle de M. Deschamps — et cela à leurs
frais. Ils accompagnent cette proposition de
l'offre de prendre plusieurs mesures admi-,
nistratives très importantes sur lesquelles
nous aurons l'occasion de revenir et qui
auraient pour résultat, sinon de supprimer
entièrement les manœuvres que Comœdia
signalait, du moins d'en diminuer les ef-
fets à un point tel qu'une grosse somme
rentrerait, chaque année, dans les caisses
de la société.
On assure que la commission est très di-
visée à ce sujet. Les uns — et ils sont en
petit nombre — voudraient déblayer com-
plètement le terrain. D'autres semblent de-
voir s'effrayer devant la besogne et de-
mander que tout s'arrange paisiblement et
« dans le silence ».
Mais il se pourrait que, d'ici peu, une
intervention très énergique se produisit
sous la forme d'une mise en demeure
adressée à la commission, de convoquer les
auteurs en assemblée générale et extraor-
dinaire, ce qui donnerait à la question toute
l'ampleur qu'elle mérite. Un grand nombre
de sociétaires, en effet, s'impatientent et
ne se gênent pas pour accuser la commis-
sion de lenteurs dans une affaire qui méri-
terait plus de clarté et plus de rapidité.
Nous apprenons également qu'à l'heure
où la commission de la rue Hippolyte-Le-
bas' tenait sa séance — très agitée — un
certain nombre de membres du Syndicat
des Auteurs, se réunissaient chez M. Geor-
ges Ohnet. Mais, là, rien n'a transpiré.
UN SOCIÉTAIRE.
,. cr
.., A PROPOS D'IPHIGÉNIE EN AULIDE
Une Lettre de C. Saint =Saëns
Le Caire, 9 janvier 1908.
Mon cher Torchet,
Je vous avais perdu de vue; et voici que
je vous retrouve, non sans plaisir, croyez-le
bien, grâce à Comoedia. Voulez-vous me
permettre de causer un peu avec vous?
Comœdia allant partout, vous ne vous
étonnerez pas que j'aie lu l'article de d'In-
dy sur Iphigénie en Aulide. N'ayant pas vu
la représentation de l'Opéra-Comique, je
n'en puis rien dire, mais je sais assez com-
ment, d'ordinaire, on en use avec Gluck,
pour supposer que ce qui a choqué mon
éminent confrère, m'aurait déplu égale-
ment.
M. d'Indy regrette que M. Carré ne soit
pas musicien.. Pour le directeur d'un théâtre
de musique,, c'est assurément regrettable,
mais M. Carré fûbil-musicien, qu'il en se-
---
M. C. SAINT-SAENS
rait seulement un peu plus coupable; les
Choses n'en iraient probablement pas
mieux, car il y a bien peu de musiciens,
à notre époque, assez versés dans les cho-
ses du passé pour comprendre Gluck; pour
la plupart d'entre eux, cette musique est
une langue qu'ils épèlent sans en connaître
la prononciation ni l'accent.
Il y a d'abord l'interprétation erronée des
indications de l'auteur. Comme le fait très
bien, remarquer M.; d'Indy, Andante, au
dix-huitième siècle, n'impliquait nullement
l'idée de lenteur que nous lui appliquons
aujourd'hui. L'indication Andante allegro
n'est pas rare chez Hændel: nous dirions
aujourd'hui allegro giocoso. L'allégro d'a-
lors répondait à l'allegro moderato d'au-
jourd'hui. C'est faute de méconnaître
ces principes qu'on a pris l'habitude de dire
avec une solennelle lenteur l'air célèbre:
Divinités du Styx, qui doit être dit, au con-
traire, avec-enthousiasme et emportement;
c'est ainsi que le faisait interpréter Ber-
lioz, qui avait vu, dans sa jeunesse, les ou-
vrages de Gluck, à l'Opéra, alors qu'ils
étaient encore au répertoire.
Il y a bien d'autres choses encore, dont
l'examen dépasserait les dimensions d'une
lettre; mais je ne puis passer sous silence,
parmi les erreurs d'interprétation, la plus
grande de toutes; celle qui a trait aux ré-
citatifs, qui tiennent une si grande place
dans l'œuvre de Gluck.
Ici, le grand coupable est l'illustre chan-
fenr Duprez. Ouvrez sa méthode: vous v
verez, érigée en principe, la diction
large du récitatif.
Qu'est-ce donc que le récitatif? Pas
autre chose que la déclamation notée. S'il
échappe à toute indication de mouvement,
s'il est dans son essence le royaume de
l'ad libitum, ce n'est pas pour -que les
chanteurs puissent à leur aise y déployer
leur voix et s'éterniser sur les notes ; c'est
pour qu'ils puissent, suivre, au contraire,
les mille nuances de la déclamation, et pré-
cipiter ou ralentir le débit suivant les exi-
gences de cette dernière, en se rapprochant
autant' que paisible du « parlé ». Cette
façon de dire le récitatif nécessite une.
étude approfondie du texte, et naguère la
diction du récitatif pétait u« département
tout entier de. l'art du. chant, alors au'on
l'étudiait à fond avant de se produire en
public.
La diction large ; supprime cette étude
laborieuse; elle y substitue un trompe-l'œii.
qui peut faire illusion pendant quelques
instants, mais qui engendre bientôt, avec
une parfaite monotonie, un cruel ennui.
Aussi les compositeurs modernes ont-ils,
sciemment ou même instinctivement, re.,
noncé au récitatif pour ne plus écrire que
des choses mesurées.
Avec cette largeur des récits, avec cette
lenteur que l'on croit devoir infliger aux
œuvres de Gluck, alors que, dans les œu-
vres modernes, on semble ne pouvoir ia-
mais courir assez vite, comment veut-or
que ces œuvres anciennes, ne paraisser
pas ennuyeuses?
Et puis, s'il faut tout dire, ce n'est pa-
sur une petite scène comme celle de l'Ope
rarComique que de telles œuvres peuve i:
être à leur place. De haut vol, de larg;
envergure, elles ont besoin d'air et d'es-
pace pour déployer leurs ailes; tout le tr.
lent du monde n'en saurait tenir lieu.
Aurez-vous le temps de lire mon bavar
dage? Vous devez. être fort occupé. Excu
sez-moi, et agréez mes meilleurs souw.
nirs, avec l'espoir de vous révoir en avr
quand je reviendrai de Barcelone, où :.
dois présider à l'apparition d'Henri Vi.
sur la scène du Liceo. ,
C. SAINT-SAENS,
LA RÉSURRECTION DU TÉNOR
Un Concours original
organisé par Comœdia et Musica.
»
« Il n'y a plus de ténors en France. »
Cela se. dit communénient;, et les direc-
teurs de théâtre lyrique, ambitieux de
couronner leur troupe d'une vedette ayant
l'ut de poitrine retentissant et facile, for-
tifient de leur autorité déçue la clameur
publique.
Pourtant, rien de très'précisément scien-
tifique n'a pu prouver, et ne prouverait,
qu'il n'y a plué de ténors en France.
Nous: sommes convaincus, bien au con-
traire, qu'on n'en trouve pas parce qu'on
ne les cherche point. Qui n'a été frappé,
surpris, au hasard d'une route, par les
champs,- sur les monts, du retentissement
d'une belle voix de ténor dont le posses-
seur demeure invisible. Dans les groupe-
ments français, on chante beaucoup, et,
souvent, il y éclate une voix exceptionnelle
qui fait dire aux auditeurs: « Ah! si cette
voix était cultivée!. » ou, plus 19 présomp-
tueusement: « Il pourrait être à l'Opéra. »
Telle était, telle est encore la croyance
de notre confrère Musica. Elle a levé des
partisans, des enthousiastes même.
Et Cnmœdia, à qui rien de ce qui touche
l'att ly ique ne saurait êtr* indîfférpjv, n'a
point balancé de partager l'initiative prisr
par Musica — prise aussi par de granJ
journaux régionaux: La Dépêche de 7
louse, La France de Bordeaux et du Su,..
Ollest, Le Petit Niçois et Le Petit Bour-
guignon, de rechercher, de découvrir de
ténors français. L'avenir de beaucoup de
braves gens. qui ont peut-être en eux une
richesse qu'ils ignorent, se trouve intéresse
à ce projet.
.Celui-ci est déjà en voie de réalisatior.
Un concours de ténors non professionnel-
a été ouvert entre tous les possesseurs
d'une belle voix. La foi, qui, dit-on, soi:
lève les montagnes, devait lever des té-
nors. Ils affluent, ils se ruent. Et ion
allait, répétant à l'envi, que l'espèce en
était épuisée.
Il était prudent cependant de. faire pi„
céder le concours définitif,
QUI AURA LIEU
DANS LE COURANT D'AVRIL PROCHAIN,
d'une et même de deux éliminatoires. Or.
savez-vous combien cette première éprem
réunit; tant à Paris qu'en provjice. de
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