Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-01-09
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 janvier 1908 09 janvier 1908
Description : 1908/01/09 (A2,N101). 1908/01/09 (A2,N101).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76464859
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2e Année. - N" 101 (Quotidien) Lîtfa/kêro : 8 anlliius ;
Jeudi 9 Janvier 1908. .,
COMŒDIA
l Rédacteur en Chef : CF. DE PAWLOWSKI
REDACTION & ADMINISTRATION :
27, boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Télégraphique : C0MŒDIA=PARÏ5
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UN AN E MOtS
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Étranger. 40 » 20 »
^éâtre
de quartier
L'autre jour, lisant, dans Compta,
que M. Dupin, directeur des Folies-In-
cohérentes, théâtre de quartier, avait la
bonne inspiration de mettre sur son af-
fiche, le soir même, une pièce de moi,
je résolus d'aller, dans la journée, faire
un tour ce lieu de plaisir.
Connaissant de réputation le nommé
Dupin, Je me promis mille délices. Je ne
fus point déçu.
Au moment où j'arrivai, on terminait
le premier acte.
Le directeur me présenta ses artistes,
qui tous très polis, me donnèrent du
« cher MaÎtre » gros comme le bras, me
témoignant à l'envi leur ardent désir
d'être le m'eux possible dans leur rôle
respectif.
— Dix minutes d'entr'acte, mes en-
fants, dit le patron; je vais montrer à
votre illustre camarade (c'était moi, l'il-
lustre!) le théâtre des Folies-Inconé-
rentes. Vous n'échapperez pas au tour du
propriétaire, me dit-il.
Et laissant les comédiens rouler des
cigarettes et les actrices reprendre leur
crochet à tricoter, mon bonhomme m'en-
traîna >, sa suite.
— Vous verrez que ces lascars-là (les
lascars, c'étaient ses pensionnaires) ne
jouent pas dans un bouge. Tenez, venez
par ici Attention !. trois marches à
monter, six à descendre. Ah! vous
vous f cogné. Oui, j'ai oublié de
vous prévenir, il Y a là un sacré mur
Donnez-moi 1 la main. Là, passez!.
passez le premier. C'est le foyer des
artistes!
Ceux de mes lecteurs qui ont visité le
foyer de la Comédie-Française auraient
tort d'en conclure que tous les foyers
d'artistes se ressemblent. Sur dix théâ-
tres, il y en a onze où ledit foyer n'est
autre qu'un capharnaüm où s'entassent
pêle-mêl meubles, rideaux, statues, ac-
céssoires encombrants. Parfois, on y
trouve des sièges, mais comme ils sont
tous, sous des housses, les quatre pattes
en l'air, il serait malaisé de s'y asseoir.
On n'essaye même pas.
Le patron reprit:
— Et la police intérieure, comme elle
est faite; entrez moi! Pigcc ce règlement.
Pigez!. Non, non, tisez le 'tableau.:. Ii-
sez!
— Oh! ie connais.
— Pas celui-là!
Le directeur me désignant d'un index
impératif l'avis emprisonné derrière un
grillage, je lus
Je renonce à vous reproduire les ar-
ticles rigolos que son imagination fantai-
siste lui avait suggérés. Savourez seule-
ment ceiiv
Art. 7. - Tout artiste qui se servira
du souffleur sera à l'amende de deux
frans.
Art. 16. - Toute liaison contractée
dans l'intérieur de la troupe entraînera
la résiliation Immédiate de l'engagement,
Art. 25. - Pour les avances, la caisse
est toujours ouverte. — Afin d'éviter les
complications de comptabilité, en de-
mander le moins possible.
— C' est comme pour le gaz! éclata
Dupin, avez-vous remarqué?
— Je suis le directeur qui ait con-
servé le gaz.
— ?.
— Ça m' évite un calorifère. Econo-
mie.
— Bravo! hochai-je.
— Voyez-vous, mon petit. J'ai com-
mencé par être plongeur.
—Scaphandrier?
— Non, pas. ce que vous dites.
Polongeur dans une gargote, et, aujour-
d'hui, je suis seul directeur-propriétaire
des Folies-Incohérentes. Pas d'action-
naires, ici; je suis mon maître. Et de
tous mes confrères, c'est encore moi qui
fais le mieux mes affaires. Oh! je ne
suis pas plus nialin qu'un autre. seule-
ment, j'ai l'œil à tout. Je suis là, tout
le temps! Voilà le secret. Il est simple.
Je fais tout par moi-même. On ne me le
pas, à moi. Ainsi, vous allez rire.
— Peut-être.
— Si.
— Soit!
— Le soir, Pendant la représentation,
quand arrive l'entr'acte, je me mets de-
vant la porte d es water-closets et je re-
çois moi-même les sous des consomma-
teurs. Quand ce n'est pas moi, c'est ma
fille. Ça ne rapporte pas grand'chose,
mais cette Petite recette me paye mon
machiniste. Et aïe donc!
— Rebravo!
— Mais les dix minutes sont écoulées.
Remontons.
Soyez indulgent, me murmura Du-
pin, alors que, relevant les housses qui re-
couvraient les fauteuils d'orchestre, nous
nous assîmes. Vous savez, avec le mé-
tier qu'ils font ici. Songez! une pièce
par semaine!. et encore on ne répète ni
le dimanche ni le jeudi, à cause des ma-
tinées. J'ai monté Michel Strogoff avec
une répétition.
— Et ça a a marché?
— Parfaitement. Ils ne se sont pas ar-
rêtés. Donc.
— Mais oui, mais oui, fis-je, je suis
sûr que ce sera très bien; et puis,
comme voUs Passez ce soir, ce serait inu-
tile.
Je Vo :. ,,..
Us ,
j~ US Caréné la descriotion de la
sensation que réprouvai pendant cette
répétition, parce que je ne possède au-
cun talent descriptif -et qu'il me faudrait
la plume d'un Zola pour vous dépeindre
mon état d'esprit durant ce massacre.
Certes, le vaudeville est un genre plu-
tôt décrié — surtout par ceux qui se-
raient incapables d'en faire, mais.qu'eût
dit notre grand Catulle s'il avait vu ce-
lui-là joué de la sorte!.
Je n'ai pas besoin d'ajouter que je ne
soufflai mot pendant l'exécution, mais
comme je suis affligé, hélas! d'un faciès
qui reflète malheureusement toutes mes
pensées, et de quelle façon ! le grime de
l'endroit, lisant nettement sur mon vi-
sage mes impressions douloureuses, s'ar-
rêta soudain et, se penchant au-dessus
de la rampe, me dit :
- Ce n'est pas très mûr. mais j'ai
encore jusqu'à ce soir!
! ! !
Et trouvant sans doute que ce baume
consolatif était insuffisant, le souffleur,
passant sa binette au-dessus de sa cara-
pace, me fit — étrange décapité parlant :
— Et vous savez, mon petit (lui aussi
m'appelait « mon petit ». je ne suis pas
grand, mais lui l'était encore moins que
moi, puisqu'il n'avait que la tête!) si
vous reveniez seulement après-demain,
vous ne reconnaîtriez plus votre pièce!
Félix GALIPAUX.
Nous publierons demain un article de
PIERRE MORTIER
Il est toujours debout
Antoine doit être content. On a sifflé,
hier, quelques passages de L'Apprentie,
et l'on sait que c'est, à notre époque, un
indice certain que le public s'est trouvé
touché. 1
Le fait n'en demeure pas moins des plus
amusas au point de vue psychologique.
Depuis des mois, depuis des années, on
nous présente partout des spectacles volon-
tairement opposés à la morale la plus élé-
mentaire. Je ne parle point des scènes de
second ordre, ou la glorification des apa-
ches et le culte des cambrioleurs est de-
venu de règle, mais bien de nos meilleurs
théâtres et, sans chercher plus loin, des
meilleures pièces de l'Odéon.
Voyez, par exemple, Son Père; il n'est
point de pièce de tenue plus littéraire/ plus
honnête; elle a fait fesdêtlées deg ttamrett-
res tamilles de notre ville; or, il y était
tout simplement question d'une petite jeune
fille qui, après avoir été élevée avec un
dévouement véritablement touchant par
une mère abandonnée, l'oublie en quelques
heures et ne veut plus retourner chez elle,
tout simplement parce que le père qu'elle
retrouve a beaucoup d'argent et mène une
vie quelque peu élégante et débauchée. Il
faut bien reconnaître, du reste, que la mère,
également séduite par ce luxe, se récon-
cilie avec son mari, et que toute la famille,
avec un accord touchant, se met sous le
lustre à détacher des coupons de Rente
française.
Au surplus, tout le monde comprend fort
bien que, si la mère avait été riche et que,
si le père eût été un vieux poète habitant
dans une mansarde, les choses ne se se-
raient point passées de même. C'est logi-
que, c'est normal, mais c'est, somme toute,
parfaitement révoltant.
Au contraire, dans la pièce de Geffroy,
c'est avec une naïveté 1830 et d'une façon
qui eût touché jusqu'aux larmes Mme Des-
borde s-Valmore que l'on glorifie la jeune
fille honnête.
Dans cette pièce, si rigoureusement, im-
partiale et juste, on peut même dire que
c'est un peu trop sortir de la réalité que
de taire de cette entant la représentante
de toute une race, l'héritière de toutes les
gloires françaises et de toutes les aspira-
tions de notre pays.
Remarquez bien que nous n'entendons
pas défendre les pièces dites morales et
les pièces à thèse.. Elles sont, en gênera
ennemies de toute tonne littérature. Cons-
tatons simplement ici avec curiosité com-
bien l'absence de luxe et de richesse au
théâtre impressionne défavorablement. le
public. L'on peut même penser que, si
M. Geffroy consentait à modifier la fin
de sa pièce, que, s'il nous montrait la
sœur malhonnête vivant, avec toutes les
apparences de la vertu, dans un très beau
château et accueillant auprès d'elle sa mère
et sa sœur, tout le monde, s'en trouverait
ravi.
Et les applaudissements se feraient en-
thousiastes lors de la scène finale, au mo-
ment où Céline, devenue raisonnable, achè-
terait à sa sœur, la pauvre apprentie, une
belle automobile de soixante mille francs
pour se rendre le matin à son travail.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, 'à huit heures trois quarts, au
théâtre Mtarigny, première représentation
de la compagnie sicilienne de Giovanni
Grasso. fAu programme: Malia (Le Malé-
fice), tr;tJlS actes de L. Capuana.
Q
ui paye ses dettes. -
M. Paul Gavault est un aimable
confrère et un auteur dramatique spirituel,
mais il est d'un naturel- un peu trop scep-
tique- ;
A l'apparition de Comœdia, il avait dé-
claré: -
— Je suis prêt à en payer dix louis lé
centième numéro.
Trois mois sont bien vite passés, et le
centième numéro de Comœdia a paru hier
matin.
Nous le tenons volontiers a la disposi-
tion de M. Paul Gavault. .,"
Ou'il prenne seulement la peine d'en-
voyer cent francs aux Trente Ans de
Théâtre et cent francs à l'Association des
Artistes dramatiques.
Les droits d'auteur de Mademoiselle Jo-
sette, ma femme, doivent le lui permettre.
Et il aura acquitté l'enjeu de son pari
perdu!
V
~rs le pré.
A la suite de la dernière lettre de
M. Vincent d'Indy, M. Jules Bois lui a
envoyé ses témoins: MM. G. Breittmayer
et Louis d'Hurcourt, pour lui demander
une réparation par les armes.
c
ommuniqué.
1 Un souvenir délicieux à propos d'un
des auteurs de Coralie et Lie, dont le mea-
tre des Nouveautés vient de faire une si
heureuse reprise.
Valabrègue avait, sur l'affiche, une pièce
à succès, mais il y avait à Paris d'autres
affiches, d'autres pièces à succès, plus un
monarque et un prince héritier.
Le Gymnase annonce, dans le Courrier
des théâtres, qu'il a eu la visite du mo-
narque.
Le Vaudeville signale que le prince hé-
ritier a pris une loge pour son spectacle.
Valabrègue saisit alors sa plume des
bons jours et fait envoyer, aux journaux la
petite note suivante:
« Dieu le père a assisté, hier soir, à la
représentation de la pièce du Palais-Royal.
Il avait pris une place de Paradis. Rentré
chez lui, il a raconté la pièce à son en-
tourage. Tous les saints se sont tordus! »
Aucun journal n'inséra cette céleste com-
munication, mais, comme on le voit, elle
n'a pas été perdue pour tout le monde.
H
amenée.
Nous apprenons avec plaisir le ma-
riage de M. Monteux, l'excellent comédien
de la Porte-Saint-Martin, avec sa char-
mante camarade, Mlle Guerraz.
La cérémonie, purement civile, a été
célébrée, avant-hier, à la mairie du neu-
vième arrondissement, rue Drouot.
A
propos de titres.
A propos de Occupe-toi d'Amélie!
nous avons dit, hier, que M. Feydeau a
le génie des titres originaux. Il a aussi le
génie des titres exacts, ce qui est assez
rare.
Quand Georges Rodenbach, d'affec-
tueuse mémoire, fut reçu à la Comédie-
Française, nos sociétaires discutèrent assez
vivement le titre qu'il convenait de donner
à sa pièce. Le Voile ne leur plaisait pas ;
ils es.fimajent. que ce titrfr n*est pas* aIS'
titre efd'ci, fjUîfeqtl'Uhe religieuse fie dis-
simule pas ses cheveux sous un « voile » ;
cette expression, à leur avis, ne pouvait
aller. Il en fallait trouver une autre. Ro-
denbach, impatienté, s'écria:
- Je ne peux cependant pas appeler
ma pièce Le Béguin !
Alors un sociétaire insinua :
— Non, mais on pourrait l'intituler La
Cornette !
Vous voyez l'effet d'ici; de M. l'admi-
nistrateur jusqu'au bon Silvain, ce fut un
éclat de rire général; et, à défaut d'un titre
vraiment exact, la pièce de l'auteur de
Bruges-la-Morte garda celui que le poète
lui avait donné: Le Voile.
Elle ne s'en porta, d'ailleurs, pas plus
mal.
L
1 Compagnie Sicilienne à Comœdia.
Comœdia a eu, hier, la visite de
Mme Mimi Agugna et de m. uiovanni
Grasso, les grands artistes siciliens, qui
ont débuté, hier, à l'Œuvre.
Ils étaient accompagnés de M. Lugné-
Poë, le sympathique directeur de l'Œuvre,
et de notre distingué confrère M. Jean Car-
rère, correspondant du Temps en Italie.
Nous avons été heureux de souhaiter la
bienvenue aux admirables artistes qué Pa-
ris va fêter.
C1
iez Molière.
C'était au mémorable Comité d'ad-
ministration qui élut M. Grand sociétaire
et, en refusant Mme Louise Silvain et M.
Siblot, causa une perturbation; publique
dont notre République athénienne n'est pas
encore tout à fait remise.
✓ M. Coquelin cadet, gravement malade,
n'ayant pu, malgré son désir et en dépit
de tous ses efforts, se rendre au Théâtre-
Français, avait été remplacé par M. Albert
Lambert fils, sociétaire suppléant.
Or, M. Albert Lambert fils est de longue
date un ami très dévoué de M. et Mme
Silvain. Ceux-ci comptaient donc sur sa
voix.
Mais, comme il allait, en effet, accorder
son suffrage à l'interprète d'Electre, un
membre du « triumvirat » lui fit remarquer
que c'était bien inutile.
— Elle ne sera pas nommée, dit-il, puis-
que nous votons tous contre elle. Laissez-
nous donc au moins le bénéfice de l'una-
nimité.
M. Albert Lambert fils est un homme
charmant et d'une adorable douceur. Il
crut superflu de s'opposer à la majorité de
ses camarades. Il s'associa à leur refus.
Mais ce refus ne fut pas unanime. M.
Mounet-Sully - le doyen - avait voté
« pour ».
Alors, M. Albert Lambert, intimement
désolé, courut voir M. et Mme Silvain. Il
leur raconta l'histoire en détail. Il protesta
de sa sympathie et de ses regrets. Certes,
le résultat aurait été le même, disait-il,
mais je n'aurais du moins pas eu le cha-
grin d'avoir paru lâcher Mme Silvain et
trahir, .de la sorte, une amitié ancienne.
Et ce chagrin était si sincère qolil tou-
cha tout le monde, même l'insensible M.
Leloir..
Aussi, depuis ce jour-là, on n'appelle
plus, rue de Richelieu, l'excellent et sym-
pathique sociétaire, qui est, on le sait,
le mari de l'artiste applaudie Mme Angèle
Albert Lambert, que. l'Angélique Albert
Lambert..
A
u foyer.
On se demande quelquefois pour
quoi M. Mounet-Sully, le glorieux doyer
de la Gomédie^Fraftpai^e. semble avoir re
noncé aux fructueuses tournées qu'il effec-
tuait jadis régulièrement pendant ses con-
gés annuels.
C'est qu'il est, paraît-il, un peu dégoûté
de l'art dramatique départemental.
Et il raconte quelquefois, pendant un
entr'acte, au foyer, l'amusante anecdote
suivante:
Un jour, le directeur d'un grand théâtre
de l'Ouest lui avait proposé un très joli
cachet pour venir jouer Hernani.
Hernani, on le sait, est un des plus
beaux rôles de l'éminent tragédien et un
de ceux qu'il aime le mieux. Il s'empressa
donc d'accepter.
Mais, quelle ne fut pas sa stupeur, en
arrivant pour répéter le jour même de la
représentation, quand il constata que les
artistes chargés de l'entourer ne savaient
pas un mot de leurs rôles.
Ruv Gomez de Silva, particulièrement,
Ruy Gomez de Silva pataugeait comme à
plaisir dans les vers de Victor Hugo.
M. Mounet-Sully, n'y pouvant plus tenir,
s'écrie :
— Je ne peux pas jouer dans ces con-
ditions-là.. Ce garçon va se faire huer.
— Ne craignez rien, lui répond le di-
recteur, très calme. C'est mon premier co-
mique (sic). Le public l'adore. Il n'a qu'à
paraître pour taire rire!.
Et, le soir, le premier comique fut très
comique en effet.
Dès son entrée, il accommoda bizarrement
le texte de son rôle, et, au lieu de s'excla-
mer, noblement:
Deux hommes chez ma nièce à cette heure de
[nuit !
Venez tous! Cela vaut la lumière et le bruit.
— Comment! s'écria-t-il, deux hommes
chez ma nièce à deux heures du matin!
C'est un peu trop fort! Venez tous voir ça!
Et, quand il se rappelle ce Ruy Gomez
mémorable, M. Monnet-Sully frémit en-
core d'indignation.
Le grand artiste est, d'ailleurs, un con-
teur fort agréable.
Dernièrement, il narrait la mésaventure
d'un jeune tragédien fameux dans le monde
des théâtres — car le grand public l'ignore
- pour sa naïve outrecuidance.
- Croyez-vous que, le mois dernier,
il est allé trouver mon imprésario habituel.
« Je vous en prie, lui a-t-il dit, emmenez-
moi jouer la tragédie. Vous balladez tou-
jours Mounet, c'est monotone! Moi, pour-
tant, je suis intéressant aussi. D'abord, j'ai
un genre personnel. » C'est vrai, observe
en passant M. Mounet-Sully, il fait des
choses. que je ne fais pas. « Ainsi, tenez,
aloute-t il, Mounet joue avec un maillot.
Mali jë joue la tragédie les pieds nus. »
Alors, l'autre de lui répondre:
- Eh bien, mon cher ami, pour cette
seule raison, je ne peux pas vous engager.
Car, de deux choses l'une: ou vous avez
les pieds propres, et ce ne sera pas na-
turel; ou vous aurez les pieds sales, et ce
sera dégoûtant!
Et, quand il a prononcé cette phrase,
M. Mounet-Sully éclate joyeusement d'un
bon rire méridional.
On ne passe pas toujours son temps à
se chamailler dans la maison de M. Cla-
retie.
c
eux qui s'en vont.
M. Charles Quinel, le revuiste ap-
plaudi, vient d'avoir la douleur de perdre
son père, M. Edouard-Charles Quinel, dé-
cédé en son domicile, 2, rue Charles-
Nodier, à l'âge de quatre-vingt-trois ans.
Les obsèques auront lieu aujourd'hui, à
midi très précis, en l'église Saint-Jean-
l'Evangéliste.
On se réunira à !a maison mortuaire.
Toutes nos condoléances.
p
ensée d'album.
La gloire, dont rêvent tant de jou-
venceaux, a pourtant ses inconvénients.
L'un des plus redoutables est le sup-
plice de l'album. Nul écrivain un peu
classé n'échappe à cette obsession. Les pre-
miers temps, cela flatte un peu. Le roman-
cier ou l'auteur dramatique notoire depuis
peu se torture l'esprit pour trouver une
pensée profonde ou une tournure originale
à inscrire sur la feuille d'album que lui
tend une admiratrice — généralement
mûre.
Mais, bientôt, cette petite cérémonie
mondaine perd tous ses charmes pour le
malheureux à qui on l'impose sans pitié.
Et comme, malgré ses réticences, il ne
peut pas se dérober, il ne tarde pas à de-
venir enragé. Il emplit alors les albums
d'épigrammes et de facéties. On en cite
de cruelles d'Alexandre Dumas fils et de
charmantes de Donnay.
Notre indulgent Tristan Bernard se con-
tente d'être fantaisiste, et voici le, quatrain
dont il gratifia récemment un jeune direc-
teur de théâtre:
LE CENTAURE ET L'AMAZONE
L'amazone passait sur le bord de la route,
Un Centaure y pensait. ému visiblement!
Et la jeune amazone, avec un air de doute :
— Est-ce à moi qu'il en veut, où bien à ma ju-
fmeht ?
L
es abonnés en voient de belles!
Sur une de nos principales scènes
lyriques on venait de reprendre un opéra
historique. A la fin du deuxième acte, l'hé-
roïne de la pièce, une Espagnole, se' jette
aux genoux d'un certain duc farouche et
sanguinaire afin de lui arracher la grâce de
son mari et de son amant; mais le cruel
duc refuse et c'est sous les furieuses im-
précations de la femme que le rideau
tombe.
Le soir de la première, le machiniste
avait relevé le rideau plus vivement que
d'habitude et l'on vit ce spectacle peu banal
de la femme et du duc, qui, tout à l'heure,
se lançaient les plus sanglantes injures, se
tenant étroitement enlacés et bouche à bou-
che ! ! !
Quoique ce ne fut pas dans la note du
théâtre, les abonnés, tout en poussant quel-
ques cris d'indignation, rirent de bon cœur
ce soir-là.
Le Masque de Verre.
DES VARIÉTÉS A LA RENAISSANCE
Chez Mlle EVe LaVatîière
Rue de Rivoli — à mi-maison, un appar-
tement coquet et blanc d'un Louis XVI très
pur, — Mlle Eve Lavallière va sortir, elle
nous reçoit, fort aimablement, dans sa ja-
quette de chinchilla et coiffée d'un délicieux
chapeau que nous ne Jui conseillons pas de
mettre au théâtre, car son ovale qui enca-
dre de dentelles et de plumes l'ovale de sa
figure spirituelle, dépasse les dimensions
modestes. Au travers de la voilette grise,
EVE LA V ALLIE RE iPftYfo Boyeri
EVE LAVALLIERE
ses yeux brillent - lac à l'eau brune où
tremble le reflet d'une étoile. :
- Alors, monsieur, c'est une interview?
- Mais oui, mademoiselle, au sujet de
votre engagement à la Renaissance.
— Comœdia a déjà dit toute la vérité sur
lui, que voulez-vous de plus?
— Etes-vous heureuse d'aller là-bas?
— Oui, très. Je regretterai mes cama-
rades des Variétés, toujours si bons, si ai-
mables pour moi; mais je voudrais prouver
que je ne suis pas qu'une fantaisiste. Quand
on a dit la fantaisiste Lavallière, on croit
avoir tout dit. J'ai autre chose en moi,
j'ai de l'émotion!.
— En effet, Miquette et votre rôle dans
Le Vieux marcheur étaient déjà une indica-
tion. Et c'est une pièce de Maurice Don-
nay que.?
— Je ne sais encore. De lui ou dt
Pierre Wolff. Du reste, depuis mon enga
gement, beaucoup d'auteurs m'écrivent
Pour le moment, je suis contente de jouer
Estelle. Je me reposerai pendant Gene-
viève de Brabant, et après je créerai le
rôle — un fort joli rôle — que MM. dot
Fiers et de Caillavet écrivent en ce mo-
ment pour moi.
« Ah! vous pouvez dire que i'on.a été
bien méchant — oh! pas dans ConUBdiQ*
beau et sincère journal, très intéressant e$
qui devient l'Officiel des artistes — pouf,
Madame Talloire. D'autant que je ne vou-
lais pas du rôle, que je ne le sentais pas
dans mon tempérament et que c'est sur
les instances de. M. Picard que j'ai fini
par l'acéepter: Je le vois encore, là, sur
ce fauteuil, me suppliant. Mais je prou-,
verai que je ne suis pas qu'une fantai-
siste, dites-le bien. » i
Et nous quittons la charmante artiste,
tandis que, pendu au plafond, un dirigea-
ble jaune — le Lavallière 1908 — set
balance, évoluant pour piquer droit sur la
Renaissance, et qu'un magnifique colley,
blanc et feu, implore, de son œil intelli-
gent et doux, la caresse accoutumée.
Thomas MAISONNEUVE.
La Vérité sur le trust italien
La Société des Auteurs de Milan cherche=t=elle à "boycotter ta
les œuvres françaises? == Non, répond M. Marco Praga,
Vous n'avez qu'à suivre l'exemple de
M. Victorien Sarcîou. r
L'incident Traversi-Riccardi attire à nou-
veau l'attention sur le fameux trust des
troupes Chiarella, dont on a déjà beaucoup
parlé, sans que personne ait fourni des
explications définitives à ce sujet.
La question, je le sais, est assez com-
JVURCO PRAGA
Le célèbre auteur dramatique italien, président
de la Société des Auteurs de Milan, qui sou-
tient la lutte contre le trust.
plexe, et les informations tendancieuses.
souvent contradictoires, reproduites par les
journaux, n'ont pas contribué à l'éclaircir.
Mais il s'agit d'une affaire de quelaue
importance pour nous; il n'est donc pas
sans intérêt de chercher à y mettre quelque
clarté.
Qu'est-ce que ce trust? Pourquoi s'est-
il attiré. les foudres de la Société des Au.
teurs de Milan?
A première vue, cela paraît être une
réédition en plus grand de ce que nous
vîmes il y a trois ans à Paris.
Vous vous souvenez de ce petit trusi
en miniature ébauché par les directeurs
de l'Athénée, des Bouffes et des Folies-
Dramatiques; et vous n'avez certainement
pas oublié le tollé général qui partit de
la rue Hippolyte-Lebas dès qu'on y. cOP.
nut le projet. Protestations, diatribes, rap-
ports, sommations, fallait voir! On par!:-
de la dignité de la Société des Auteur:,
menacée, de la nécessité de sauvegarde
l'Art contre les entreprises des spécula-
teurs; bref, on invoqua les grands pris-
cipes, comme il sied en pareille cireon-
tance. lorsqu'il s'agit de gros sous.
L'affaire de Milan est plus sériens-
elle présente aussi quelques différence-
qui tiennent aux usages italiens en m.'
tière de théâtre.
Il faut savoir, en effet, que, chez nos
voisins, le théâtre n'est pas organisé eon
me ici: dans toute la péninsule, on ne
saurait trouver de troupes sédentaires, t,
manentes; il n'y a que des compagne
nomades qui vont de ville en ville colporte:
leur répertoire.
Pour prendre un exemple, au théâtre
Manzoni, trois ou quatre troupes se soin
succédé depuis le début de la saison la
troupe Novelli y joua du 1er au 15 ocu
bre; elle fut remplacée par la troupe Gram
matica, qui, à son tour, a cédé la pîac<.
le 26 décembre, à la troupe Mariani..,
Jeudi 9 Janvier 1908. .,
COMŒDIA
l Rédacteur en Chef : CF. DE PAWLOWSKI
REDACTION & ADMINISTRATION :
27, boulevard Poissonnière, PARIS
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Télégraphique : C0MŒDIA=PARÏ5
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UN AN 6 MOIS
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Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
^éâtre
de quartier
L'autre jour, lisant, dans Compta,
que M. Dupin, directeur des Folies-In-
cohérentes, théâtre de quartier, avait la
bonne inspiration de mettre sur son af-
fiche, le soir même, une pièce de moi,
je résolus d'aller, dans la journée, faire
un tour ce lieu de plaisir.
Connaissant de réputation le nommé
Dupin, Je me promis mille délices. Je ne
fus point déçu.
Au moment où j'arrivai, on terminait
le premier acte.
Le directeur me présenta ses artistes,
qui tous très polis, me donnèrent du
« cher MaÎtre » gros comme le bras, me
témoignant à l'envi leur ardent désir
d'être le m'eux possible dans leur rôle
respectif.
— Dix minutes d'entr'acte, mes en-
fants, dit le patron; je vais montrer à
votre illustre camarade (c'était moi, l'il-
lustre!) le théâtre des Folies-Inconé-
rentes. Vous n'échapperez pas au tour du
propriétaire, me dit-il.
Et laissant les comédiens rouler des
cigarettes et les actrices reprendre leur
crochet à tricoter, mon bonhomme m'en-
traîna >, sa suite.
— Vous verrez que ces lascars-là (les
lascars, c'étaient ses pensionnaires) ne
jouent pas dans un bouge. Tenez, venez
par ici Attention !. trois marches à
monter, six à descendre. Ah! vous
vous f cogné. Oui, j'ai oublié de
vous prévenir, il Y a là un sacré mur
Donnez-moi 1 la main. Là, passez!.
passez le premier. C'est le foyer des
artistes!
Ceux de mes lecteurs qui ont visité le
foyer de la Comédie-Française auraient
tort d'en conclure que tous les foyers
d'artistes se ressemblent. Sur dix théâ-
tres, il y en a onze où ledit foyer n'est
autre qu'un capharnaüm où s'entassent
pêle-mêl meubles, rideaux, statues, ac-
céssoires encombrants. Parfois, on y
trouve des sièges, mais comme ils sont
tous, sous des housses, les quatre pattes
en l'air, il serait malaisé de s'y asseoir.
On n'essaye même pas.
Le patron reprit:
— Et la police intérieure, comme elle
est faite; entrez moi! Pigcc ce règlement.
Pigez!. Non, non, tisez le 'tableau.:. Ii-
sez!
— Oh! ie connais.
— Pas celui-là!
Le directeur me désignant d'un index
impératif l'avis emprisonné derrière un
grillage, je lus
Je renonce à vous reproduire les ar-
ticles rigolos que son imagination fantai-
siste lui avait suggérés. Savourez seule-
ment ceiiv
Art. 7. - Tout artiste qui se servira
du souffleur sera à l'amende de deux
frans.
Art. 16. - Toute liaison contractée
dans l'intérieur de la troupe entraînera
la résiliation Immédiate de l'engagement,
Art. 25. - Pour les avances, la caisse
est toujours ouverte. — Afin d'éviter les
complications de comptabilité, en de-
mander le moins possible.
— C' est comme pour le gaz! éclata
Dupin, avez-vous remarqué?
— Je suis le directeur qui ait con-
servé le gaz.
— ?.
— Ça m' évite un calorifère. Econo-
mie.
— Bravo! hochai-je.
— Voyez-vous, mon petit. J'ai com-
mencé par être plongeur.
—Scaphandrier?
— Non, pas. ce que vous dites.
Polongeur dans une gargote, et, aujour-
d'hui, je suis seul directeur-propriétaire
des Folies-Incohérentes. Pas d'action-
naires, ici; je suis mon maître. Et de
tous mes confrères, c'est encore moi qui
fais le mieux mes affaires. Oh! je ne
suis pas plus nialin qu'un autre. seule-
ment, j'ai l'œil à tout. Je suis là, tout
le temps! Voilà le secret. Il est simple.
Je fais tout par moi-même. On ne me le
pas, à moi. Ainsi, vous allez rire.
— Peut-être.
— Si.
— Soit!
— Le soir, Pendant la représentation,
quand arrive l'entr'acte, je me mets de-
vant la porte d es water-closets et je re-
çois moi-même les sous des consomma-
teurs. Quand ce n'est pas moi, c'est ma
fille. Ça ne rapporte pas grand'chose,
mais cette Petite recette me paye mon
machiniste. Et aïe donc!
— Rebravo!
— Mais les dix minutes sont écoulées.
Remontons.
Soyez indulgent, me murmura Du-
pin, alors que, relevant les housses qui re-
couvraient les fauteuils d'orchestre, nous
nous assîmes. Vous savez, avec le mé-
tier qu'ils font ici. Songez! une pièce
par semaine!. et encore on ne répète ni
le dimanche ni le jeudi, à cause des ma-
tinées. J'ai monté Michel Strogoff avec
une répétition.
— Et ça a a marché?
— Parfaitement. Ils ne se sont pas ar-
rêtés. Donc.
— Mais oui, mais oui, fis-je, je suis
sûr que ce sera très bien; et puis,
comme voUs Passez ce soir, ce serait inu-
tile.
Je Vo :. ,,..
Us ,
j~ US Caréné la descriotion de la
sensation que réprouvai pendant cette
répétition, parce que je ne possède au-
cun talent descriptif -et qu'il me faudrait
la plume d'un Zola pour vous dépeindre
mon état d'esprit durant ce massacre.
Certes, le vaudeville est un genre plu-
tôt décrié — surtout par ceux qui se-
raient incapables d'en faire, mais.qu'eût
dit notre grand Catulle s'il avait vu ce-
lui-là joué de la sorte!.
Je n'ai pas besoin d'ajouter que je ne
soufflai mot pendant l'exécution, mais
comme je suis affligé, hélas! d'un faciès
qui reflète malheureusement toutes mes
pensées, et de quelle façon ! le grime de
l'endroit, lisant nettement sur mon vi-
sage mes impressions douloureuses, s'ar-
rêta soudain et, se penchant au-dessus
de la rampe, me dit :
- Ce n'est pas très mûr. mais j'ai
encore jusqu'à ce soir!
! ! !
Et trouvant sans doute que ce baume
consolatif était insuffisant, le souffleur,
passant sa binette au-dessus de sa cara-
pace, me fit — étrange décapité parlant :
— Et vous savez, mon petit (lui aussi
m'appelait « mon petit ». je ne suis pas
grand, mais lui l'était encore moins que
moi, puisqu'il n'avait que la tête!) si
vous reveniez seulement après-demain,
vous ne reconnaîtriez plus votre pièce!
Félix GALIPAUX.
Nous publierons demain un article de
PIERRE MORTIER
Il est toujours debout
Antoine doit être content. On a sifflé,
hier, quelques passages de L'Apprentie,
et l'on sait que c'est, à notre époque, un
indice certain que le public s'est trouvé
touché. 1
Le fait n'en demeure pas moins des plus
amusas au point de vue psychologique.
Depuis des mois, depuis des années, on
nous présente partout des spectacles volon-
tairement opposés à la morale la plus élé-
mentaire. Je ne parle point des scènes de
second ordre, ou la glorification des apa-
ches et le culte des cambrioleurs est de-
venu de règle, mais bien de nos meilleurs
théâtres et, sans chercher plus loin, des
meilleures pièces de l'Odéon.
Voyez, par exemple, Son Père; il n'est
point de pièce de tenue plus littéraire/ plus
honnête; elle a fait fesdêtlées deg ttamrett-
res tamilles de notre ville; or, il y était
tout simplement question d'une petite jeune
fille qui, après avoir été élevée avec un
dévouement véritablement touchant par
une mère abandonnée, l'oublie en quelques
heures et ne veut plus retourner chez elle,
tout simplement parce que le père qu'elle
retrouve a beaucoup d'argent et mène une
vie quelque peu élégante et débauchée. Il
faut bien reconnaître, du reste, que la mère,
également séduite par ce luxe, se récon-
cilie avec son mari, et que toute la famille,
avec un accord touchant, se met sous le
lustre à détacher des coupons de Rente
française.
Au surplus, tout le monde comprend fort
bien que, si la mère avait été riche et que,
si le père eût été un vieux poète habitant
dans une mansarde, les choses ne se se-
raient point passées de même. C'est logi-
que, c'est normal, mais c'est, somme toute,
parfaitement révoltant.
Au contraire, dans la pièce de Geffroy,
c'est avec une naïveté 1830 et d'une façon
qui eût touché jusqu'aux larmes Mme Des-
borde s-Valmore que l'on glorifie la jeune
fille honnête.
Dans cette pièce, si rigoureusement, im-
partiale et juste, on peut même dire que
c'est un peu trop sortir de la réalité que
de taire de cette entant la représentante
de toute une race, l'héritière de toutes les
gloires françaises et de toutes les aspira-
tions de notre pays.
Remarquez bien que nous n'entendons
pas défendre les pièces dites morales et
les pièces à thèse.. Elles sont, en gênera
ennemies de toute tonne littérature. Cons-
tatons simplement ici avec curiosité com-
bien l'absence de luxe et de richesse au
théâtre impressionne défavorablement. le
public. L'on peut même penser que, si
M. Geffroy consentait à modifier la fin
de sa pièce, que, s'il nous montrait la
sœur malhonnête vivant, avec toutes les
apparences de la vertu, dans un très beau
château et accueillant auprès d'elle sa mère
et sa sœur, tout le monde, s'en trouverait
ravi.
Et les applaudissements se feraient en-
thousiastes lors de la scène finale, au mo-
ment où Céline, devenue raisonnable, achè-
terait à sa sœur, la pauvre apprentie, une
belle automobile de soixante mille francs
pour se rendre le matin à son travail.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, 'à huit heures trois quarts, au
théâtre Mtarigny, première représentation
de la compagnie sicilienne de Giovanni
Grasso. fAu programme: Malia (Le Malé-
fice), tr;tJlS actes de L. Capuana.
Q
ui paye ses dettes. -
M. Paul Gavault est un aimable
confrère et un auteur dramatique spirituel,
mais il est d'un naturel- un peu trop scep-
tique- ;
A l'apparition de Comœdia, il avait dé-
claré: -
— Je suis prêt à en payer dix louis lé
centième numéro.
Trois mois sont bien vite passés, et le
centième numéro de Comœdia a paru hier
matin.
Nous le tenons volontiers a la disposi-
tion de M. Paul Gavault. .,"
Ou'il prenne seulement la peine d'en-
voyer cent francs aux Trente Ans de
Théâtre et cent francs à l'Association des
Artistes dramatiques.
Les droits d'auteur de Mademoiselle Jo-
sette, ma femme, doivent le lui permettre.
Et il aura acquitté l'enjeu de son pari
perdu!
V
~rs le pré.
A la suite de la dernière lettre de
M. Vincent d'Indy, M. Jules Bois lui a
envoyé ses témoins: MM. G. Breittmayer
et Louis d'Hurcourt, pour lui demander
une réparation par les armes.
c
ommuniqué.
1 Un souvenir délicieux à propos d'un
des auteurs de Coralie et Lie, dont le mea-
tre des Nouveautés vient de faire une si
heureuse reprise.
Valabrègue avait, sur l'affiche, une pièce
à succès, mais il y avait à Paris d'autres
affiches, d'autres pièces à succès, plus un
monarque et un prince héritier.
Le Gymnase annonce, dans le Courrier
des théâtres, qu'il a eu la visite du mo-
narque.
Le Vaudeville signale que le prince hé-
ritier a pris une loge pour son spectacle.
Valabrègue saisit alors sa plume des
bons jours et fait envoyer, aux journaux la
petite note suivante:
« Dieu le père a assisté, hier soir, à la
représentation de la pièce du Palais-Royal.
Il avait pris une place de Paradis. Rentré
chez lui, il a raconté la pièce à son en-
tourage. Tous les saints se sont tordus! »
Aucun journal n'inséra cette céleste com-
munication, mais, comme on le voit, elle
n'a pas été perdue pour tout le monde.
H
amenée.
Nous apprenons avec plaisir le ma-
riage de M. Monteux, l'excellent comédien
de la Porte-Saint-Martin, avec sa char-
mante camarade, Mlle Guerraz.
La cérémonie, purement civile, a été
célébrée, avant-hier, à la mairie du neu-
vième arrondissement, rue Drouot.
A
propos de titres.
A propos de Occupe-toi d'Amélie!
nous avons dit, hier, que M. Feydeau a
le génie des titres originaux. Il a aussi le
génie des titres exacts, ce qui est assez
rare.
Quand Georges Rodenbach, d'affec-
tueuse mémoire, fut reçu à la Comédie-
Française, nos sociétaires discutèrent assez
vivement le titre qu'il convenait de donner
à sa pièce. Le Voile ne leur plaisait pas ;
ils es.fimajent. que ce titrfr n*est pas* aIS'
titre efd'ci, fjUîfeqtl'Uhe religieuse fie dis-
simule pas ses cheveux sous un « voile » ;
cette expression, à leur avis, ne pouvait
aller. Il en fallait trouver une autre. Ro-
denbach, impatienté, s'écria:
- Je ne peux cependant pas appeler
ma pièce Le Béguin !
Alors un sociétaire insinua :
— Non, mais on pourrait l'intituler La
Cornette !
Vous voyez l'effet d'ici; de M. l'admi-
nistrateur jusqu'au bon Silvain, ce fut un
éclat de rire général; et, à défaut d'un titre
vraiment exact, la pièce de l'auteur de
Bruges-la-Morte garda celui que le poète
lui avait donné: Le Voile.
Elle ne s'en porta, d'ailleurs, pas plus
mal.
L
1 Compagnie Sicilienne à Comœdia.
Comœdia a eu, hier, la visite de
Mme Mimi Agugna et de m. uiovanni
Grasso, les grands artistes siciliens, qui
ont débuté, hier, à l'Œuvre.
Ils étaient accompagnés de M. Lugné-
Poë, le sympathique directeur de l'Œuvre,
et de notre distingué confrère M. Jean Car-
rère, correspondant du Temps en Italie.
Nous avons été heureux de souhaiter la
bienvenue aux admirables artistes qué Pa-
ris va fêter.
C1
iez Molière.
C'était au mémorable Comité d'ad-
ministration qui élut M. Grand sociétaire
et, en refusant Mme Louise Silvain et M.
Siblot, causa une perturbation; publique
dont notre République athénienne n'est pas
encore tout à fait remise.
✓ M. Coquelin cadet, gravement malade,
n'ayant pu, malgré son désir et en dépit
de tous ses efforts, se rendre au Théâtre-
Français, avait été remplacé par M. Albert
Lambert fils, sociétaire suppléant.
Or, M. Albert Lambert fils est de longue
date un ami très dévoué de M. et Mme
Silvain. Ceux-ci comptaient donc sur sa
voix.
Mais, comme il allait, en effet, accorder
son suffrage à l'interprète d'Electre, un
membre du « triumvirat » lui fit remarquer
que c'était bien inutile.
— Elle ne sera pas nommée, dit-il, puis-
que nous votons tous contre elle. Laissez-
nous donc au moins le bénéfice de l'una-
nimité.
M. Albert Lambert fils est un homme
charmant et d'une adorable douceur. Il
crut superflu de s'opposer à la majorité de
ses camarades. Il s'associa à leur refus.
Mais ce refus ne fut pas unanime. M.
Mounet-Sully - le doyen - avait voté
« pour ».
Alors, M. Albert Lambert, intimement
désolé, courut voir M. et Mme Silvain. Il
leur raconta l'histoire en détail. Il protesta
de sa sympathie et de ses regrets. Certes,
le résultat aurait été le même, disait-il,
mais je n'aurais du moins pas eu le cha-
grin d'avoir paru lâcher Mme Silvain et
trahir, .de la sorte, une amitié ancienne.
Et ce chagrin était si sincère qolil tou-
cha tout le monde, même l'insensible M.
Leloir..
Aussi, depuis ce jour-là, on n'appelle
plus, rue de Richelieu, l'excellent et sym-
pathique sociétaire, qui est, on le sait,
le mari de l'artiste applaudie Mme Angèle
Albert Lambert, que. l'Angélique Albert
Lambert..
A
u foyer.
On se demande quelquefois pour
quoi M. Mounet-Sully, le glorieux doyer
de la Gomédie^Fraftpai^e. semble avoir re
noncé aux fructueuses tournées qu'il effec-
tuait jadis régulièrement pendant ses con-
gés annuels.
C'est qu'il est, paraît-il, un peu dégoûté
de l'art dramatique départemental.
Et il raconte quelquefois, pendant un
entr'acte, au foyer, l'amusante anecdote
suivante:
Un jour, le directeur d'un grand théâtre
de l'Ouest lui avait proposé un très joli
cachet pour venir jouer Hernani.
Hernani, on le sait, est un des plus
beaux rôles de l'éminent tragédien et un
de ceux qu'il aime le mieux. Il s'empressa
donc d'accepter.
Mais, quelle ne fut pas sa stupeur, en
arrivant pour répéter le jour même de la
représentation, quand il constata que les
artistes chargés de l'entourer ne savaient
pas un mot de leurs rôles.
Ruv Gomez de Silva, particulièrement,
Ruy Gomez de Silva pataugeait comme à
plaisir dans les vers de Victor Hugo.
M. Mounet-Sully, n'y pouvant plus tenir,
s'écrie :
— Je ne peux pas jouer dans ces con-
ditions-là.. Ce garçon va se faire huer.
— Ne craignez rien, lui répond le di-
recteur, très calme. C'est mon premier co-
mique (sic). Le public l'adore. Il n'a qu'à
paraître pour taire rire!.
Et, le soir, le premier comique fut très
comique en effet.
Dès son entrée, il accommoda bizarrement
le texte de son rôle, et, au lieu de s'excla-
mer, noblement:
Deux hommes chez ma nièce à cette heure de
[nuit !
Venez tous! Cela vaut la lumière et le bruit.
— Comment! s'écria-t-il, deux hommes
chez ma nièce à deux heures du matin!
C'est un peu trop fort! Venez tous voir ça!
Et, quand il se rappelle ce Ruy Gomez
mémorable, M. Monnet-Sully frémit en-
core d'indignation.
Le grand artiste est, d'ailleurs, un con-
teur fort agréable.
Dernièrement, il narrait la mésaventure
d'un jeune tragédien fameux dans le monde
des théâtres — car le grand public l'ignore
- pour sa naïve outrecuidance.
- Croyez-vous que, le mois dernier,
il est allé trouver mon imprésario habituel.
« Je vous en prie, lui a-t-il dit, emmenez-
moi jouer la tragédie. Vous balladez tou-
jours Mounet, c'est monotone! Moi, pour-
tant, je suis intéressant aussi. D'abord, j'ai
un genre personnel. » C'est vrai, observe
en passant M. Mounet-Sully, il fait des
choses. que je ne fais pas. « Ainsi, tenez,
aloute-t il, Mounet joue avec un maillot.
Mali jë joue la tragédie les pieds nus. »
Alors, l'autre de lui répondre:
- Eh bien, mon cher ami, pour cette
seule raison, je ne peux pas vous engager.
Car, de deux choses l'une: ou vous avez
les pieds propres, et ce ne sera pas na-
turel; ou vous aurez les pieds sales, et ce
sera dégoûtant!
Et, quand il a prononcé cette phrase,
M. Mounet-Sully éclate joyeusement d'un
bon rire méridional.
On ne passe pas toujours son temps à
se chamailler dans la maison de M. Cla-
retie.
c
eux qui s'en vont.
M. Charles Quinel, le revuiste ap-
plaudi, vient d'avoir la douleur de perdre
son père, M. Edouard-Charles Quinel, dé-
cédé en son domicile, 2, rue Charles-
Nodier, à l'âge de quatre-vingt-trois ans.
Les obsèques auront lieu aujourd'hui, à
midi très précis, en l'église Saint-Jean-
l'Evangéliste.
On se réunira à !a maison mortuaire.
Toutes nos condoléances.
p
ensée d'album.
La gloire, dont rêvent tant de jou-
venceaux, a pourtant ses inconvénients.
L'un des plus redoutables est le sup-
plice de l'album. Nul écrivain un peu
classé n'échappe à cette obsession. Les pre-
miers temps, cela flatte un peu. Le roman-
cier ou l'auteur dramatique notoire depuis
peu se torture l'esprit pour trouver une
pensée profonde ou une tournure originale
à inscrire sur la feuille d'album que lui
tend une admiratrice — généralement
mûre.
Mais, bientôt, cette petite cérémonie
mondaine perd tous ses charmes pour le
malheureux à qui on l'impose sans pitié.
Et comme, malgré ses réticences, il ne
peut pas se dérober, il ne tarde pas à de-
venir enragé. Il emplit alors les albums
d'épigrammes et de facéties. On en cite
de cruelles d'Alexandre Dumas fils et de
charmantes de Donnay.
Notre indulgent Tristan Bernard se con-
tente d'être fantaisiste, et voici le, quatrain
dont il gratifia récemment un jeune direc-
teur de théâtre:
LE CENTAURE ET L'AMAZONE
L'amazone passait sur le bord de la route,
Un Centaure y pensait. ému visiblement!
Et la jeune amazone, avec un air de doute :
— Est-ce à moi qu'il en veut, où bien à ma ju-
fmeht ?
L
es abonnés en voient de belles!
Sur une de nos principales scènes
lyriques on venait de reprendre un opéra
historique. A la fin du deuxième acte, l'hé-
roïne de la pièce, une Espagnole, se' jette
aux genoux d'un certain duc farouche et
sanguinaire afin de lui arracher la grâce de
son mari et de son amant; mais le cruel
duc refuse et c'est sous les furieuses im-
précations de la femme que le rideau
tombe.
Le soir de la première, le machiniste
avait relevé le rideau plus vivement que
d'habitude et l'on vit ce spectacle peu banal
de la femme et du duc, qui, tout à l'heure,
se lançaient les plus sanglantes injures, se
tenant étroitement enlacés et bouche à bou-
che ! ! !
Quoique ce ne fut pas dans la note du
théâtre, les abonnés, tout en poussant quel-
ques cris d'indignation, rirent de bon cœur
ce soir-là.
Le Masque de Verre.
DES VARIÉTÉS A LA RENAISSANCE
Chez Mlle EVe LaVatîière
Rue de Rivoli — à mi-maison, un appar-
tement coquet et blanc d'un Louis XVI très
pur, — Mlle Eve Lavallière va sortir, elle
nous reçoit, fort aimablement, dans sa ja-
quette de chinchilla et coiffée d'un délicieux
chapeau que nous ne Jui conseillons pas de
mettre au théâtre, car son ovale qui enca-
dre de dentelles et de plumes l'ovale de sa
figure spirituelle, dépasse les dimensions
modestes. Au travers de la voilette grise,
EVE LA V ALLIE RE iPftYfo Boyeri
EVE LAVALLIERE
ses yeux brillent - lac à l'eau brune où
tremble le reflet d'une étoile. :
- Alors, monsieur, c'est une interview?
- Mais oui, mademoiselle, au sujet de
votre engagement à la Renaissance.
— Comœdia a déjà dit toute la vérité sur
lui, que voulez-vous de plus?
— Etes-vous heureuse d'aller là-bas?
— Oui, très. Je regretterai mes cama-
rades des Variétés, toujours si bons, si ai-
mables pour moi; mais je voudrais prouver
que je ne suis pas qu'une fantaisiste. Quand
on a dit la fantaisiste Lavallière, on croit
avoir tout dit. J'ai autre chose en moi,
j'ai de l'émotion!.
— En effet, Miquette et votre rôle dans
Le Vieux marcheur étaient déjà une indica-
tion. Et c'est une pièce de Maurice Don-
nay que.?
— Je ne sais encore. De lui ou dt
Pierre Wolff. Du reste, depuis mon enga
gement, beaucoup d'auteurs m'écrivent
Pour le moment, je suis contente de jouer
Estelle. Je me reposerai pendant Gene-
viève de Brabant, et après je créerai le
rôle — un fort joli rôle — que MM. dot
Fiers et de Caillavet écrivent en ce mo-
ment pour moi.
« Ah! vous pouvez dire que i'on.a été
bien méchant — oh! pas dans ConUBdiQ*
beau et sincère journal, très intéressant e$
qui devient l'Officiel des artistes — pouf,
Madame Talloire. D'autant que je ne vou-
lais pas du rôle, que je ne le sentais pas
dans mon tempérament et que c'est sur
les instances de. M. Picard que j'ai fini
par l'acéepter: Je le vois encore, là, sur
ce fauteuil, me suppliant. Mais je prou-,
verai que je ne suis pas qu'une fantai-
siste, dites-le bien. » i
Et nous quittons la charmante artiste,
tandis que, pendu au plafond, un dirigea-
ble jaune — le Lavallière 1908 — set
balance, évoluant pour piquer droit sur la
Renaissance, et qu'un magnifique colley,
blanc et feu, implore, de son œil intelli-
gent et doux, la caresse accoutumée.
Thomas MAISONNEUVE.
La Vérité sur le trust italien
La Société des Auteurs de Milan cherche=t=elle à "boycotter ta
les œuvres françaises? == Non, répond M. Marco Praga,
Vous n'avez qu'à suivre l'exemple de
M. Victorien Sarcîou. r
L'incident Traversi-Riccardi attire à nou-
veau l'attention sur le fameux trust des
troupes Chiarella, dont on a déjà beaucoup
parlé, sans que personne ait fourni des
explications définitives à ce sujet.
La question, je le sais, est assez com-
JVURCO PRAGA
Le célèbre auteur dramatique italien, président
de la Société des Auteurs de Milan, qui sou-
tient la lutte contre le trust.
plexe, et les informations tendancieuses.
souvent contradictoires, reproduites par les
journaux, n'ont pas contribué à l'éclaircir.
Mais il s'agit d'une affaire de quelaue
importance pour nous; il n'est donc pas
sans intérêt de chercher à y mettre quelque
clarté.
Qu'est-ce que ce trust? Pourquoi s'est-
il attiré. les foudres de la Société des Au.
teurs de Milan?
A première vue, cela paraît être une
réédition en plus grand de ce que nous
vîmes il y a trois ans à Paris.
Vous vous souvenez de ce petit trusi
en miniature ébauché par les directeurs
de l'Athénée, des Bouffes et des Folies-
Dramatiques; et vous n'avez certainement
pas oublié le tollé général qui partit de
la rue Hippolyte-Lebas dès qu'on y. cOP.
nut le projet. Protestations, diatribes, rap-
ports, sommations, fallait voir! On par!:-
de la dignité de la Société des Auteur:,
menacée, de la nécessité de sauvegarde
l'Art contre les entreprises des spécula-
teurs; bref, on invoqua les grands pris-
cipes, comme il sied en pareille cireon-
tance. lorsqu'il s'agit de gros sous.
L'affaire de Milan est plus sériens-
elle présente aussi quelques différence-
qui tiennent aux usages italiens en m.'
tière de théâtre.
Il faut savoir, en effet, que, chez nos
voisins, le théâtre n'est pas organisé eon
me ici: dans toute la péninsule, on ne
saurait trouver de troupes sédentaires, t,
manentes; il n'y a que des compagne
nomades qui vont de ville en ville colporte:
leur répertoire.
Pour prendre un exemple, au théâtre
Manzoni, trois ou quatre troupes se soin
succédé depuis le début de la saison la
troupe Novelli y joua du 1er au 15 ocu
bre; elle fut remplacée par la troupe Gram
matica, qui, à son tour, a cédé la pîac<.
le 26 décembre, à la troupe Mariani..,
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