Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-12-18
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 décembre 1907 18 décembre 1907
Description : 1907/12/18 (A1,N79). 1907/12/18 (A1,N79).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645376p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
Ire Aràriêe. - NI, 7e (Quotidien) Le NUMêÀ i & eemmei
Mercredi 18 Décembre 1907.
Rédacteur en Chef: G. de PAWLOWSKl
*
FACTION & ADMINISTRATION :
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TÉLÉPHONE : 288-07
Presse Télégraphique : COMŒDlA"PARiS
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UN AN 6 MOIS
palil et Départements. 24 fr. 12 fr.
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Étranger. 40 » 20-w
CONTES PROBABLES
Les Dédicaces
i
Tous les jours, de deux heures à qua-
tre, M. Emile Franquette, l'éminent cri-
tique dramatique 'du Petit Quotidien,
s'astreint à faire une longue promenade
Il venait à' peine, hier, de claquer der-
rière lui la porte d'entrée. Joseph, son
valpf de chambre, s'est furtivement in-
ij, .yit dans le cabinet de travail. Sans
bruit, il a ouvert la bibliothèque. Sur le
premier rayon du meuble, il a pris, au
hasard, quatre volumes.
Il s'est rendu chez un bouquiniste.
– voici, monsieur., lui a-t-il déclaré
sur Un ton indifférent. Je possède quel-
qll VOlumes dont je voudrais me débar-
rasser. Ceux-ci peuvent-ils vous inté-
resser
Le bouquiniste a examiné les volu-
– Le Voleur, d'Henry Bernstein.
Tient c'est un exemplaire avec dédi-
cace. Parfait ! — Les Bouffons, de Mi-
guel amacoïs. Tiens, encore un exem-
plaire avec dédicace. Parfait! — La
Course du Flambeau, de Paul Hervieu.
Elle n'est pas dédicacée. Tant pis!
voyons le dernier, à présent. Que Su-
zanne n'en sache rien, de Pierre Ve-
ber £*e nouveau, un exemplaire avec
ber.De nouveau, un exemplaire avec
dédicace. Parfait, parfait!
Il Q conclu :
tout Je vous offre sept francs pour le
tout. Sept francs, oui. Je compte deux
fraCs Pour chacun des trois volumes
qui portent un « envoi d'auteur». Un
franc seulement pour l'exemplaire non
llcacé.
Le commerçant puisait des monnaies
dans sa caisse. Machinalement, Joseph
s ,
a soulevé les couvertures du Voleur, des
Bouffons et de Que Suzanne n'en sache
rien Sur les feuilles de garde des trois
brochures, il a successivement lu :
Mon cher Emile Franquette,
j'ai plaisir à t'envoyer ces trois actes,
ton vieil ami,
X Henry BERNSTEIN.
Pour Emile Franquette,
auquel j'espère avoir le plaisir de serrer
Prochainement la main,
Cet exemplaire des Bouffons,
Miguel ZAMACOIS.
Emile Franquette,
très sympathique confraternité
son
Pierre VEBER.
– Curieux, tout de même, — a-t-il
songé - curieux que le nom de Mon-
sieur, deux lignes d'écriture, et la signa-
ture ee l'auteur, cela suffise à doubler le
prix d'un bouquin!. Enfin, tant mieux!
C'est Pas moi qui m'en plaindrai!
II
Au retour de sa promenade, hier, M.
Emile Franquette a fouillé, à plusieurs
reprises, dans sa bibliothèque. Il ne s'est
point aperçu de la disparition de quel-
ques-uns de ses livres. Pourquoi, au-
hui, Joseph hésiterait-il à récidi-
de t est deux heures et demie. Porteur
de quatre volumes, dont il vient d'allé-
ger,non plus le premier, mais le dernier
rayon du meuble, il se rend chez le bou-
Chamin faisant, tout à coup, il
eprouve une curiosité. « Voyons., se
demande n nde-t-il, en ai-je là pour sept francs
Il pour huit ? »,
Il s'arrête sous une porte cochère. il
souleve les quatre couvertures des qua-
tre volumes.. Il examine les quatre
feuilles de garde.
4lè1Zut de zut, pas une dédicace! s'é-
Il Je perds quatre francs!
Il s'adresse des reproches : « Tu es
stupide, mon vieux Joseph! Tu aurais
Pu vérifier avant de te mettre en
route! » Il réfléchit: « Voyons, est-il
bien possible qu'un bouquiniste con-
naisse l'écriture de tous les écrivains?.
Le nombre des gens qui publient des li-
mes ne doit-il pas être énorme?. » Il
dicacés « Ces volumes ne sont pas dé-
conclut : (( Ces volumes ne sont Pas dé-
'CIcera' ":' Pourquoi, moi, ne les dédi-
Il gagne le bureau de poste le plus
proche .Il s'arme d'un porte-plume.
Aprés avoir fait un violent effort de mé-
moire, SUr la feuille de garde d'un des
At es, sans hésiter, il écrit :
Mon cher Emile Franquette,
j'ai CllSzr à t'envoyer ces trois actes,
e d un pas, pour juger son tra-
Il recule d'un pas, pour jUger son ira-
Il recule pour juger son tra-
c'est 3dn?lra^e' mon vieux Joseph,
c'est admirable ! Ce vieux maniaque de
~quiniste n'y verra que du feu!.
Sur II, à présent, la signature!
Soin, le a couverture, il déchiffre, avec
soin,le nom de l'auteur. En s'efforçant
de dessinier un imposant paraphe, il
compète son ceuvre:
ton vieil ami,
fro' SOPHOCLE.
A trois reprises, ensuite, il s'applique
à modifier son écriture. Sans désempa-
* ^Hric^ de trois dédicaces les trois
feuilles de garde des trois autres vo-
lumes :
Pour Emile Franquette,
auquel j'espère avoir le plaisir
de serrer prochainement la maint-
cet exemplaire du Cid,
Pierre CORNEILLE,
rA Emile Franquette,
en très sympathique confraiernité,
son
William SHAKESPEARE.
TA Emile Franquette,
avec l'assurance
de ma respectueuse admiration,
J.-B. POQUELIN, dit MOLIÈRE.
Max ù Alex FISCHER.
(Traduction réservée.)
Nous publierons demain un article de
G. DE PAWLOWSKl
La course du flambeau
Elle a lieu dans nos théâtres, mais ce
n'est point cependant de la pièce de M.
Paul Hervieu que je veux parler, ni même
de l'usage antique suivant lequel certains
personnages se voient accueillis à la porte
du Français par les représentants de la
maison porteurs de candélabres. Non, la
question est plus simple, et c'est le public
qui, dans cette course, est chargé d'éclairer.
Il s'agit tout simplement de la façon
dont les ouvreuses, chaque jour davantage,
se multiplient dans nos théâtres pour se
repasser les spectateurs en une chaîne
ininterrompue, depuis la porte du théâtre
jusqu'à la place où ils sont définitivement
traqués.
Jadis, on avait affaire à une seule ou-
vreuse. Elle n'ouvrait rien que votre porte-
monnaie, mais l'opération était vite faite,
et, somme toute, sans grand dommage.
Aujourd'hui, le supplice se prolonge et
se multiplie.
Dès la porte, une première ouvreuse
vous demande où vous allez et son petit
pourboire; une seconde, dans les couloirs,
vous indique l'étage et se rappelle à votre
bon souvenir; une troisième, en haut de
l'escalier, vous envoie du côté pair si vous
avez un liumérq impair et vous dêmande
de ne point l'oublier pour ce léger ser-
vice; celle du côté impair ne manque pas,
comme son nom l'indique, d'en faire au-
tant et de vous aboucher avec l'ouvreuse
qui gite dans le petit couloir conduisant
aux fauteuils.
Celle-ci, après avoir exigé un nouveau
pourboire et déchiré distraitement, pour la
forme, le coin de votre coupon, vous ren-
voie à la dame du vestiaire, qui parfois
ne néglige pas de s'assurer du concours
de quelques sous-ordres.
'C'est alors seulement que vous pouvez
entrer en relations directes et financières
avec l'ouvreuse de la salle, qui vous re-
commande à l'ouvreuse du petit banc, qui
vous présente à l'ouvreuse du programme,
chargée des discours et de vous expliquer
la pièce.
Je dois à la justice de dire que ce n'est
qu'au quatrième acte qu'apparaît l'ouvreuse
du véritable pourboire et celle qui, pour
vous éviter un dérangement, vous apporte,
avant la fin de la pièce, une lourde tour-
rure que vous n'avez plus qu'à tenir sur
vos genoux.
:'io: Pour un monsieur qui paie souvent assez
cher sa place, il faut avouer que la chose
est excessive, et il ne manque plus, à
l'heure actuelle, que l'ouvreuse du bureau
de location, qui réclamera son petit pour-
boire aussitôt que l'on aura payé.
Espérons donc que cette multiplication
des ouvreuses ne s'arrêtera pas là, et
qu'un jour ou l'autre on nous en laissera
au moins, une pour donner au spectateur
ahuri et dégoûte à tout jamais du théâtre,
la clef des champs.
G. DE PAWLOWSKl.
Échos
Ce soir, à huit heures un quart, 'à
l'Opéra-Comique, première représentation
d'Iphigénie en Aulide, opéra en trois actes
et quatre tableaux, paroles du bailli du
Roller, musique de Gluck..
Les
étrennes de M. Carré.
M., Albert 1 Carré, le sympathique;
directeur de 1 pra-omique, vient ae re-
cevoir une distinction extrêmement flatv
teuse.
Le roi Georges de Grèce lui a envoyé,
en effet, en souvenir de son passage à
Paris, la croix de commandeur de l'Ordre
du Sauveur de Grèce.
Tous les Parisiens applaudiront à cette
croix si bien méritée.
D
ernière heure littéraire.
On sait que l'initiative prise par
notre conrrere Le muun ae rendre compte
des pièces nouvelles le matin même de
leur prerhière représentation, a déplu à
M. Victorien Sardou, qui a engagé un
procès.
Les confrères de l'illustre académicien
paraissent partager son avis.
En effet, la Commission de la Société des
Auteurs dramatiques vient, dans sa der-
nière séance, de s'associer au procès in-
tenté par l'auteur de L'Affaire des Poi-
sons.
On voit que les choses se compliquent.
Attendons, maintenant, le dénouement.
L
'esprit d'autrefois.
L'Opéra-ComiQue représentera, ce
soir, l'Iphigénie en Aulide de Gluck, CM
fut créée, en 1774, à l'Opéra, par Mmes
Arnould et Duplant, Legros et Larrivée.
Une des artistes qui chantèrent le rôle
principal avait la coutume charmante d'ai-
mer les alcools de qualité et les vins gé-
néreux; son jeu se ressentait parfois de
la gaieté communicative des boissons.
Un soir, elle parut en scène manifeste-
ment grise.
- Ce n'est pas Iphigénie en Aulide,
s'écria un des spectateurs. C'est Iphigénie
en Champagne!
Telle était l'innocente façon du XVIIIe.
D
e la musique. ---
Les musiciens ont, paraît-il, moins
de difficulté à composer que les auteurs à
écrire. Dumas fils disait à Gounod: « Vous
êtes bien heureux, vous autres musiciens,
vous n'êtes pas obligés d'appeler les choses
par leur nom. »
Nos compositeurs, en effet, ne chôment
pas.
M. Massenet travaille avec acharnement
à Bacchus, suite d'Ariane, sur un libretto
de Catulle Mendès. M. Lévadé s'est « at-
telé » depuis 1899 à Une Rôtisserie de la
reine Pédauque, dont le principal rôle,
l'abbé Coignard, est destiné à M. Fugère.
M. Henry Février achève Monna Vanna;
M. Gabriel Fauré met la dernière main à
Pénélope ; M. Claude Debussy écrit LHis-
toire de Tristan avec Gabriel Mourey; M.
Marc Delmas finit Laïs; M. Georges Hue
a déjà terminé Le Miracle; M. Raynaldo
Hahn active Prométhée; M. Louis Brisât
Altaïr, etc., etc.
F
aux départ.
- C'est un bien pénible métier que
celui d auteur dramatique.
Un jeune homme jaloux des lauriers de
M. de Porto-Riche et des droits d'auteur
de M. Bernstein, avait composé, en de lon-
gues veilles, une comédie psychologique en
plusieurs actes, que nous appellerons, si
vous le voulez bien, La Ligne Droite.
Ce jeune homme avait déposé des exem-
plaires de son chef-d'œuvre chez tous les
directeurs de théâtre de Paris, mais il fon-
dait des espérances particulières sur un
accueil favorable de M. Gémier.
Car il connaissait intimement des amis
de M. Gémier.
Ceux-ci manœuvrèrent habilement, si
habilement qu'un soir un dîner offert par
eux réunit autour de la même table le di-
recteur et le jeune écrivain.
Insidieux, l'auteur et ses protecteurs
amènent, avec d'infinies précautions, la
conversation sur les pièces de théâtre.
Enfin, quand on croit le moment bien
choisi, on hasarde d'un air innocent:
- Au fait, avez-vous lu un manuscrit
qu'on a dû vous remettre et qui s'appelle
La Ligne droite? -
— Oui, en effet. C'est complètement,
idiot!
Le jeune écrivain dramatique en perdit
l'appétit pour la fin du repas!
La
pudique Albion.
Les élèves de Westminster viennent
de jouer, en représentation solennelle,
L'Eunuque, de Térence. Non seulement la
pièce a été donnée sans coupures, mais
le titre est devenu, pudiquement, L'Es-
clave.
Et la courtisane Thaïs a été transformée
en jeune veuve.
Térence aurait-il approuvé cette méta-
morphose anglaise? « Thaïs » is the ques-
tion, comme dirait Willy.
F
atalisme.
Nous avons conté, hier, que M.
d Annunzio venait d'être victime d'un ac-
cident qui faillit lui coûter un œil. Cet
accident advint au célèbre dramaturge ita-
lien un vendredi et un 13! Or, M. d'An-,
nunzio, qui est superstitieux à l'excès, at-
tendait l'événement.
Ce vendredi 13, M. d'Annunzio sortit
de l'hôtel Regina, où il habite, et prit
une voiture; il regarda par hasard le nu-
méro: le chiffre 13 était peint en blanc
sur fond noir, à la mode romaine. Après
de multiples courses, le-cocher réclama
13 francs. A son retour, M. d'Annunzio
trouva treize lettres qui constituaient son
courrier. Le soir, à dîner, treize convives
étaient réunis dans le salon de l'hôtel.
Et lorsque, en allant au théâtre Argen-
tina voir répéter son œuvre nouvelle, La
Nqve (ne dites pas Navet), il se heurta
douloureusement à l'arcade sourcillière, il
murmura : « C'était fatal ! » Et il s'éva-
nouit.
L
'art profane.
Avant-hier, à l'Opère pendant cet
entr acte d Ariane ou m. Liannara recevait
les hommages de son personnel, un intime
ami du directeur qui s'en va nous raconta
cette gentille anecdote:
La première fois que Gailhard vint à
Rome, il vit le pape Pie IX en audience
privée. Il était alors accompagné de son
oncle, curé à Toulouse, qui avait offert ce
voyage au jeune lauréat du Conservatoire.
Pie IX, ravi d'entendre parler par l'ado-
lescent un dialecte romain dont les barba-
rismes avivaient sans doute la couleur,
l'interrogeait sur sa vocation, sur les œu-
vres qu'il avait chantées en italien. Bou-
leversé, l'oncle commençait à comprendre
que le dialogue du pape et du jeune ar-
tiste ne roulait pas sur des sujets pieux;
il entendait des noms d'opéras, de musi-
ciens et même — ô sacrilège! - d'actrices
en renom. Il se dit que son neveu allait
être, pour le moins, excommunié ; et, com-
me celui-ci 'énumérait au Saint-Père tout
souriant les dernières œuvres qu'il avait
apprises: Norma, 1 Puritqjii, Gàzza Ladra,
Il Trovatore :
— L'enfant, s'écria le bon curé, perdant
la tête et recouvrant la parole, l'enfant
oublie de dire à Sa Sainteté qu'il chante
aussi le Stabat!
D
eux lettres de Wagner.
Une revue allemande, Die Musik,
vient de publier une série de lettres mé-
dites de Richard Wagner. Ces lettres sont
adressées à Mme Julie Ritter, mère du
violoniste et compositeur Alexandre Ritter,
mort à Munich en 1896.
Richard Wagner avait fait la connais-
sance de la famille Ritter en janvier 1849,
à Dresde, à l'époque où il y était chef
d'orchestre. Au mois de mai de la même
année, il dut quitter précipitamment la
Saxe et s'enfuir à l'étranger. Mme Julie
Ritter, femme intelligente et femme de
cœur aussi, avait pris Richard Wagner en
affection, et, ce qui plus est, avait une
confiance inébranlable dans son avenir.
Pendant des années, et bien qu'elle ne fût
pas très fortunée elle-même, elle l'aida de
sa bourse. Aussi Wagner lui témoigne-t-il,
dans ses lettres, une reconnaissance aussi
profonde qu'exubérante. Nous regrettons
de n'en pouvoir donner que ces courts
extraits :
Engw près de Zurich, 10 mars 1851".
Tout ce que je souhaite, c'est de devenir
paysan encore ! Le printemps me ramène la na-
ture et c'est là mon unique consolation ! Ce qui
est fâcheux, c'est que je me fais toujours l'ef-
fet d'être affecté quand je me démène avec
courage et plein d'espérance. Il n'y a qu'une
chose que je puisse dire avec orgueil : aussi
loin que je regarde, je ne crois pas qu'il y ait
eu un artiste qui a souffert pour son art autant
de souffrances que moi — parce que je suis
possédé de la lubie de ne plus pouvoir me re-
présenter l'art sans l'homme.
Zurieli, 6 mai 1857.
Le premier événement dans notre nouvelle de-
meure, fut une lettre de vous4 Je l'ai ouverte
avec précaution et, les yeux pleins de pleurs,
j'ai lu de quel amour superbe, divin, vous, chère
Madame, .me comblez. Cette lettre nous a ré-
chauffé et a transformé le jour de déménage-
ment dans notre asile en rayonnante journée de
fête et de soleil.
Portez-vous bien, admirable amie, et jouis-
sez du bonheur gue vous m'avez donné.
Votre,
Richard WAGNER.
u
recherche des cadeaux de Noël et
le Nouvel An conduit tout naturelle-
ment chez le Maître Orfèvre Leroy, 22,
rue Réaumur. On est certain de trouver
là d'exquis bibelots et les plus jolies fan-
taisies du monde dont on peut faire l'ac-
quisition à des prix insignifiants.
M
on cher, nous disait hier une artiste
que nous rencontrons, place de la
Bourse, au moment où elle se rend à son
théâtre, ça n'est plus la question des cha-
peaux qui est à l'ordre du jour, c'est la
question Champeaux, chez lequel le Tout-
Paris va dîner avant d'aller au spectacle.,
— Alors, « Champeaux ! Champeaux ! »
- Vous l'avez dit.
NOUVELLE A LA MAIN -
L
'esprit directorial.
Deux établissements, à Béziers, - se
disputent les faveurs du public: le Casino
et IJ Alcazar.
La Favorite tenait dernièrement l'affiche
du premier, et les Biterrois ne furent pas
peu surpris à cette représentation.
Le ténor, au lieu de chanter textuelle-
ment la phrase bien connue:-
Jardins fleuris de l'Alcazar
la modifiait légèrement et lançait avec as-
surance un:
Jardins fleuris du Casino
qui fit tressaillir les mélomanes méridio-
naux.
— C'est que - avait déclaré le direc-
teur à son ténor - pour rien au monde,
je n'accepterai de faire de la réclame à
mon concurrent.
Le Masque de Verre.
COIFFURES DE THÉÂTRE
, --- i( LA PETITE FILLE AU GRAND-GUIGNOL
La pièce d'Alldré de Lorde et Pierre Chaine vue à travers les chapeau%
LES MYSTÈRES DU VAUDEVILLE 'Z -
La réunion des directeurs de théâtre
Le droit des pauvres et les directions théâtrales. -=- Au
Vaudeville, en séance fermée, on agite cette question.
Depuis quinze ans que je suis dans la
Presse, c'est bien la première fois que je
rencontre chez des gens que je veux inter-
viewer un tel silence hermétique et un mu-
tisme aussi cadenassé. J'ai interviewé le pré-
sident Kruger à son arrivée en France, le
général de Galliffet (et chacun sait que ça
n'est pas commode!), des ministres, des as-
sassins, et bien d'autres personnages en-
core; mais, vraiment, essayer de faire par-
ler les directeurs de théâtres parisiens déj
passe, comme tâche, tous les travaux d'Her-
MM. Max Maurey, Franck, Fontanes et Ricou I
restent muets et fermés, malgré l'insistance de |
l'interview eur* 1
(Photos Branger.y
cule. Ces messieurs, aux répétitions, à l'a-
vant-scène, crient tout le temps, à leurs ar-
tistes:
- Jouez en dehors 1 Donnez-vous ! Par-
lez fort, que diable!
: Et quand vous les interrogez, eux, ils
sont muets comme des carpes! On n'a plus
devanusoi M. Porel ou M. Franck, mais
bien m. Bouche-Close et son collègue, M.
Lèvres-Cousues.
Hier donc, tous ces silencieux se réunis-
saient au Vaudeville, à dix heures du matin,
en grand mystère et discutaient sur la cam-
pagne de Comœdia et sur ce fameux droit
des pauvres qui paraît être un peu beau-
coup d'actualité, Ils sortaient à midi, fuyant
notre objectif, avec une modestie vraiment
trop grande.
- Ne nous photographiez pas, dit M.
Pore!, nous sommes trop laids !
-. Le fidèle. Branger manœuvre tout de
même au milieu des passants, ahuris par ce
spectacle. .: ,
Si ces messieurs répugnent à voir leurs
traits reproduits par la photographie, ils
s'enfuient tout à fait quand on leur de-
mande ce qui s'est passé en séance.
M. Fontanes, directeur du. Châtelet, au-
quel je m'accroche désespérément, me de-
mande de mes nouvelles et m'annonce
qu'il fait, « ce matin, un petit froid sec ».
M. Rolle, directeur de Déjazet, que j'im-
plore — oubliant qu'il a été journaliste -
prend, vers le boulevard, un petit galop
sans pitié. M. Franck, directeur du Gym-
nase, au moment où je vais enfin le tenir,
disparaît dans le café Américain, en me di-
sant •
— Mais, mon cher, je ne sais rien, je
suis arrivé en retard à la séance !
M. Franck, vingt francs d'amende, et,
comme « vous ne savez rien », écoutez,
Comœdia va vous instruire :
Messieurs les directeurs, réunis en séan-
ce, ont envisagé d'abord la question de
l'affichage.
Deux commissions ont été nommées,
chargées de rédiger, dans le plus bref délai
possible, un projet. Ce projet sera ensuite.
présenté à la Société Picard, à l'effet de
M. Franck déclare à Rouzier-Dorcièrts qit is
sait bien ne rien savoir.
rechercher une entente sur des tarifa tilli
les directeurs jugent trop onéreux. :,
L'assemblée s'est ensuite consacrée 8
l'étude de la question soulevée par Co4
mœdia : le droit des pauvres.
Il n'y a eu, parmi ces messieurs, aucurf
désaccord. Tous sont unis pour déclarer que
la dîme prélevée par l'Assistance publique
sur les spectacles parisiens. ne vise rien
moins qu'à l'étranglement. - ,¡
Les théâtres versent, chaque année, £
l'A. P. quatre millions cent quatre-vingt-
neuf mille trois cent. vingt-deux francs
(moyenne des versements de 1904, 1905"
1906) sans préjudice de leurs billets d'affi.
ches qui sont frappés du onzième de leur
valeur - ce que voyant, la Société des
Auteurs a immédiatement frappé ces bik
lets de 12 %, soit 23 au total.
- Les directeurs, hier, ont donc remis leut
sort entre les mains d'une commission quo
présidera M. Albert Carré, directeur de
l'Opéra-Comique.
Aussitôt après les fêtes de Noël et du
Premier de l'An, M. Carré réunira ses col.,
lègues et avisera avec eux aux moyens de
combattre l'impôt de l'A. P. par la pressa
et aussi par le monde politique.
R.-D.
A LA FONDATION ROSSINI
Une Matinée chez les Cigales
Comœdia s'est rendu à la maison de retraite Rossini pour
assister à une matinée chez les vieux artistes, ses
pensionnaires, les invalides de l'art.
On m'avait dit: « Connaissez-vous l'ad-
mirable legs que fit à la France et à la
Ville de Paris, une femme de bien, un
grand cœur, la veuve de l'illustre compo-
siteur Rossini, en faveur des artistes? »
Je m'en fus aux informations, là-bas, très
loin, dans le domaine de M. Mesureur ; et
des documents probants qu'on sortit pieu-
sement des archives que saupoudraient les
poussières des souvenirs, voici ce qui fut
exhumé pour Comœdia et que je copie tex-
tuellement. D'abord le testament de Ros-
gini :
Je veux qu'après mon décès et celui de mon
épouse, il soit fondé à Paris, exclusivement pour
les, Français, deux prix de chacun trois mille
francs pour être distribués annuellement: un à
l'anteur d'une composition de musique religieu-
se ou lyrique, lequel devra s'attacher principa-
lement à la mélodie, si négligée aujourd'hui;
l'autre à l'auteur des paroles — prose ou vers
— sur lesquelles devra s'appliquer la musique
et y être parfaitement appropriée.
A quelques années de là, la veuve de
Rossini mourait à son tour et voici ce qu'el-
le laissait comme volontés testamentaires:
Je désire que mon corps soit déposé définitive-
ment et à demeure au cimetière de l'Est, dans
le caveau où se trouvent, en ce moment, les
restes mortels de mon vénéré mari; j'y serai
seule après leur translation à Florence. Je fais
ce sacrifice en toute humilité. J'ai été assez
glorifiée par le nom que j'ai porté.
Ma fOl, mes sentiments religieux me donnent
l'ebvoir d'une réunion oui êchavoe à la terre.
Mme Rossini, par le même testament, lé-
guait à la Ville de Paris, une somme de
trois millions, pour donner « l'hos-
oitalité aux artistes chanteurs français
et italiens, que l'âge où les îrifirt l
mités mettraient dans l'impossibilité de sei
suffire à eux-mêmes. »
Les cendres de Rossini furent transpor-i
tées en Italie, aux côtés de celles de Ma-
chiavel, de Galilée, d'Alfieri et la Ville de
Paris fit construire à Auteuil une admira-
ble maison, « La Fondation Rossini » avec
les trois millions que M. Poubelle, alors
préfet de la Seine, qui inaugura l'œuvre,
appelait « le patrimoine de tous les artis-
tes ».
En visite
Je suis allé avant-hier chez ces braves
gens. On y donnait une matinée. Je ne re.
grette pas mon voyage.
Dans ce coin d'Auteuil, par cet après-
midi qui mettait sur les gens et sur les
choses, les brumes floconneuses d'un au-
tomne agonisant dans les larmes, qui sont
comme les regrets du passé, des gens, de
très vieilles gens, étaient rassemblés dans
un salon. Aux murs des tableaux aux ca-
dres dont les ors s'éteignent. En profon-
deur, des rangés de fauteuils dans lesquels,
confortablement assis, avec l'auréole de
leurs cheveux blancs et des gestes manié-
rés d'un autre âge',. se tenaient les pension-
naires de la maison. Devant eux, sur un
étroit tapis, la scène, et au fond, un piano
qui étendait sa boîtè sonore sur toute la
largeur de l'étroit « plateau >i.
Les vieilles gloires d'antan, celles qui fu-
rent applaudies par nos pères, ces gloi-
res qui, dans le chant ou la danse, s'illus-
trèrent autrefois, caquetaient. à qui mieux
mieux.
Ce qui frappait surtout à l'aspect de ces
Mercredi 18 Décembre 1907.
Rédacteur en Chef: G. de PAWLOWSKl
*
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Presse Télégraphique : COMŒDlA"PARiS
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CONTES PROBABLES
Les Dédicaces
i
Tous les jours, de deux heures à qua-
tre, M. Emile Franquette, l'éminent cri-
tique dramatique 'du Petit Quotidien,
s'astreint à faire une longue promenade
Il venait à' peine, hier, de claquer der-
rière lui la porte d'entrée. Joseph, son
valpf de chambre, s'est furtivement in-
ij, .yit dans le cabinet de travail. Sans
bruit, il a ouvert la bibliothèque. Sur le
premier rayon du meuble, il a pris, au
hasard, quatre volumes.
Il s'est rendu chez un bouquiniste.
– voici, monsieur., lui a-t-il déclaré
sur Un ton indifférent. Je possède quel-
qll VOlumes dont je voudrais me débar-
rasser. Ceux-ci peuvent-ils vous inté-
resser
Le bouquiniste a examiné les volu-
– Le Voleur, d'Henry Bernstein.
Tient c'est un exemplaire avec dédi-
cace. Parfait ! — Les Bouffons, de Mi-
guel amacoïs. Tiens, encore un exem-
plaire avec dédicace. Parfait! — La
Course du Flambeau, de Paul Hervieu.
Elle n'est pas dédicacée. Tant pis!
voyons le dernier, à présent. Que Su-
zanne n'en sache rien, de Pierre Ve-
ber £*e nouveau, un exemplaire avec
ber.De nouveau, un exemplaire avec
dédicace. Parfait, parfait!
Il Q conclu :
tout Je vous offre sept francs pour le
tout. Sept francs, oui. Je compte deux
fraCs Pour chacun des trois volumes
qui portent un « envoi d'auteur». Un
franc seulement pour l'exemplaire non
llcacé.
Le commerçant puisait des monnaies
dans sa caisse. Machinalement, Joseph
s ,
a soulevé les couvertures du Voleur, des
Bouffons et de Que Suzanne n'en sache
rien Sur les feuilles de garde des trois
brochures, il a successivement lu :
Mon cher Emile Franquette,
j'ai plaisir à t'envoyer ces trois actes,
ton vieil ami,
X Henry BERNSTEIN.
Pour Emile Franquette,
auquel j'espère avoir le plaisir de serrer
Prochainement la main,
Cet exemplaire des Bouffons,
Miguel ZAMACOIS.
Emile Franquette,
très sympathique confraternité
son
Pierre VEBER.
– Curieux, tout de même, — a-t-il
songé - curieux que le nom de Mon-
sieur, deux lignes d'écriture, et la signa-
ture ee l'auteur, cela suffise à doubler le
prix d'un bouquin!. Enfin, tant mieux!
C'est Pas moi qui m'en plaindrai!
II
Au retour de sa promenade, hier, M.
Emile Franquette a fouillé, à plusieurs
reprises, dans sa bibliothèque. Il ne s'est
point aperçu de la disparition de quel-
ques-uns de ses livres. Pourquoi, au-
hui, Joseph hésiterait-il à récidi-
de t est deux heures et demie. Porteur
de quatre volumes, dont il vient d'allé-
ger,non plus le premier, mais le dernier
rayon du meuble, il se rend chez le bou-
Chamin faisant, tout à coup, il
eprouve une curiosité. « Voyons., se
demande n nde-t-il, en ai-je là pour sept francs
Il pour huit ? »,
Il s'arrête sous une porte cochère. il
souleve les quatre couvertures des qua-
tre volumes.. Il examine les quatre
feuilles de garde.
4lè1Zut de zut, pas une dédicace! s'é-
Il Je perds quatre francs!
Il s'adresse des reproches : « Tu es
stupide, mon vieux Joseph! Tu aurais
Pu vérifier avant de te mettre en
route! » Il réfléchit: « Voyons, est-il
bien possible qu'un bouquiniste con-
naisse l'écriture de tous les écrivains?.
Le nombre des gens qui publient des li-
mes ne doit-il pas être énorme?. » Il
dicacés « Ces volumes ne sont pas dé-
conclut : (( Ces volumes ne sont Pas dé-
'CIcera' ":' Pourquoi, moi, ne les dédi-
Il gagne le bureau de poste le plus
proche .Il s'arme d'un porte-plume.
Aprés avoir fait un violent effort de mé-
moire, SUr la feuille de garde d'un des
At es, sans hésiter, il écrit :
Mon cher Emile Franquette,
j'ai CllSzr à t'envoyer ces trois actes,
e d un pas, pour juger son tra-
Il recule d'un pas, pour jUger son ira-
Il recule pour juger son tra-
c'est 3dn?lra^e' mon vieux Joseph,
c'est admirable ! Ce vieux maniaque de
~quiniste n'y verra que du feu!.
Sur II, à présent, la signature!
Soin, le a couverture, il déchiffre, avec
soin,le nom de l'auteur. En s'efforçant
de dessinier un imposant paraphe, il
compète son ceuvre:
ton vieil ami,
fro' SOPHOCLE.
A trois reprises, ensuite, il s'applique
à modifier son écriture. Sans désempa-
* ^Hric^ de trois dédicaces les trois
feuilles de garde des trois autres vo-
lumes :
Pour Emile Franquette,
auquel j'espère avoir le plaisir
de serrer prochainement la maint-
cet exemplaire du Cid,
Pierre CORNEILLE,
rA Emile Franquette,
en très sympathique confraiernité,
son
William SHAKESPEARE.
TA Emile Franquette,
avec l'assurance
de ma respectueuse admiration,
J.-B. POQUELIN, dit MOLIÈRE.
Max ù Alex FISCHER.
(Traduction réservée.)
Nous publierons demain un article de
G. DE PAWLOWSKl
La course du flambeau
Elle a lieu dans nos théâtres, mais ce
n'est point cependant de la pièce de M.
Paul Hervieu que je veux parler, ni même
de l'usage antique suivant lequel certains
personnages se voient accueillis à la porte
du Français par les représentants de la
maison porteurs de candélabres. Non, la
question est plus simple, et c'est le public
qui, dans cette course, est chargé d'éclairer.
Il s'agit tout simplement de la façon
dont les ouvreuses, chaque jour davantage,
se multiplient dans nos théâtres pour se
repasser les spectateurs en une chaîne
ininterrompue, depuis la porte du théâtre
jusqu'à la place où ils sont définitivement
traqués.
Jadis, on avait affaire à une seule ou-
vreuse. Elle n'ouvrait rien que votre porte-
monnaie, mais l'opération était vite faite,
et, somme toute, sans grand dommage.
Aujourd'hui, le supplice se prolonge et
se multiplie.
Dès la porte, une première ouvreuse
vous demande où vous allez et son petit
pourboire; une seconde, dans les couloirs,
vous indique l'étage et se rappelle à votre
bon souvenir; une troisième, en haut de
l'escalier, vous envoie du côté pair si vous
avez un liumérq impair et vous dêmande
de ne point l'oublier pour ce léger ser-
vice; celle du côté impair ne manque pas,
comme son nom l'indique, d'en faire au-
tant et de vous aboucher avec l'ouvreuse
qui gite dans le petit couloir conduisant
aux fauteuils.
Celle-ci, après avoir exigé un nouveau
pourboire et déchiré distraitement, pour la
forme, le coin de votre coupon, vous ren-
voie à la dame du vestiaire, qui parfois
ne néglige pas de s'assurer du concours
de quelques sous-ordres.
'C'est alors seulement que vous pouvez
entrer en relations directes et financières
avec l'ouvreuse de la salle, qui vous re-
commande à l'ouvreuse du petit banc, qui
vous présente à l'ouvreuse du programme,
chargée des discours et de vous expliquer
la pièce.
Je dois à la justice de dire que ce n'est
qu'au quatrième acte qu'apparaît l'ouvreuse
du véritable pourboire et celle qui, pour
vous éviter un dérangement, vous apporte,
avant la fin de la pièce, une lourde tour-
rure que vous n'avez plus qu'à tenir sur
vos genoux.
:'io: Pour un monsieur qui paie souvent assez
cher sa place, il faut avouer que la chose
est excessive, et il ne manque plus, à
l'heure actuelle, que l'ouvreuse du bureau
de location, qui réclamera son petit pour-
boire aussitôt que l'on aura payé.
Espérons donc que cette multiplication
des ouvreuses ne s'arrêtera pas là, et
qu'un jour ou l'autre on nous en laissera
au moins, une pour donner au spectateur
ahuri et dégoûte à tout jamais du théâtre,
la clef des champs.
G. DE PAWLOWSKl.
Échos
Ce soir, à huit heures un quart, 'à
l'Opéra-Comique, première représentation
d'Iphigénie en Aulide, opéra en trois actes
et quatre tableaux, paroles du bailli du
Roller, musique de Gluck..
Les
étrennes de M. Carré.
M., Albert 1 Carré, le sympathique;
directeur de 1 pra-omique, vient ae re-
cevoir une distinction extrêmement flatv
teuse.
Le roi Georges de Grèce lui a envoyé,
en effet, en souvenir de son passage à
Paris, la croix de commandeur de l'Ordre
du Sauveur de Grèce.
Tous les Parisiens applaudiront à cette
croix si bien méritée.
D
ernière heure littéraire.
On sait que l'initiative prise par
notre conrrere Le muun ae rendre compte
des pièces nouvelles le matin même de
leur prerhière représentation, a déplu à
M. Victorien Sardou, qui a engagé un
procès.
Les confrères de l'illustre académicien
paraissent partager son avis.
En effet, la Commission de la Société des
Auteurs dramatiques vient, dans sa der-
nière séance, de s'associer au procès in-
tenté par l'auteur de L'Affaire des Poi-
sons.
On voit que les choses se compliquent.
Attendons, maintenant, le dénouement.
L
'esprit d'autrefois.
L'Opéra-ComiQue représentera, ce
soir, l'Iphigénie en Aulide de Gluck, CM
fut créée, en 1774, à l'Opéra, par Mmes
Arnould et Duplant, Legros et Larrivée.
Une des artistes qui chantèrent le rôle
principal avait la coutume charmante d'ai-
mer les alcools de qualité et les vins gé-
néreux; son jeu se ressentait parfois de
la gaieté communicative des boissons.
Un soir, elle parut en scène manifeste-
ment grise.
- Ce n'est pas Iphigénie en Aulide,
s'écria un des spectateurs. C'est Iphigénie
en Champagne!
Telle était l'innocente façon du XVIIIe.
D
e la musique. ---
Les musiciens ont, paraît-il, moins
de difficulté à composer que les auteurs à
écrire. Dumas fils disait à Gounod: « Vous
êtes bien heureux, vous autres musiciens,
vous n'êtes pas obligés d'appeler les choses
par leur nom. »
Nos compositeurs, en effet, ne chôment
pas.
M. Massenet travaille avec acharnement
à Bacchus, suite d'Ariane, sur un libretto
de Catulle Mendès. M. Lévadé s'est « at-
telé » depuis 1899 à Une Rôtisserie de la
reine Pédauque, dont le principal rôle,
l'abbé Coignard, est destiné à M. Fugère.
M. Henry Février achève Monna Vanna;
M. Gabriel Fauré met la dernière main à
Pénélope ; M. Claude Debussy écrit LHis-
toire de Tristan avec Gabriel Mourey; M.
Marc Delmas finit Laïs; M. Georges Hue
a déjà terminé Le Miracle; M. Raynaldo
Hahn active Prométhée; M. Louis Brisât
Altaïr, etc., etc.
F
aux départ.
- C'est un bien pénible métier que
celui d auteur dramatique.
Un jeune homme jaloux des lauriers de
M. de Porto-Riche et des droits d'auteur
de M. Bernstein, avait composé, en de lon-
gues veilles, une comédie psychologique en
plusieurs actes, que nous appellerons, si
vous le voulez bien, La Ligne Droite.
Ce jeune homme avait déposé des exem-
plaires de son chef-d'œuvre chez tous les
directeurs de théâtre de Paris, mais il fon-
dait des espérances particulières sur un
accueil favorable de M. Gémier.
Car il connaissait intimement des amis
de M. Gémier.
Ceux-ci manœuvrèrent habilement, si
habilement qu'un soir un dîner offert par
eux réunit autour de la même table le di-
recteur et le jeune écrivain.
Insidieux, l'auteur et ses protecteurs
amènent, avec d'infinies précautions, la
conversation sur les pièces de théâtre.
Enfin, quand on croit le moment bien
choisi, on hasarde d'un air innocent:
- Au fait, avez-vous lu un manuscrit
qu'on a dû vous remettre et qui s'appelle
La Ligne droite? -
— Oui, en effet. C'est complètement,
idiot!
Le jeune écrivain dramatique en perdit
l'appétit pour la fin du repas!
La
pudique Albion.
Les élèves de Westminster viennent
de jouer, en représentation solennelle,
L'Eunuque, de Térence. Non seulement la
pièce a été donnée sans coupures, mais
le titre est devenu, pudiquement, L'Es-
clave.
Et la courtisane Thaïs a été transformée
en jeune veuve.
Térence aurait-il approuvé cette méta-
morphose anglaise? « Thaïs » is the ques-
tion, comme dirait Willy.
F
atalisme.
Nous avons conté, hier, que M.
d Annunzio venait d'être victime d'un ac-
cident qui faillit lui coûter un œil. Cet
accident advint au célèbre dramaturge ita-
lien un vendredi et un 13! Or, M. d'An-,
nunzio, qui est superstitieux à l'excès, at-
tendait l'événement.
Ce vendredi 13, M. d'Annunzio sortit
de l'hôtel Regina, où il habite, et prit
une voiture; il regarda par hasard le nu-
méro: le chiffre 13 était peint en blanc
sur fond noir, à la mode romaine. Après
de multiples courses, le-cocher réclama
13 francs. A son retour, M. d'Annunzio
trouva treize lettres qui constituaient son
courrier. Le soir, à dîner, treize convives
étaient réunis dans le salon de l'hôtel.
Et lorsque, en allant au théâtre Argen-
tina voir répéter son œuvre nouvelle, La
Nqve (ne dites pas Navet), il se heurta
douloureusement à l'arcade sourcillière, il
murmura : « C'était fatal ! » Et il s'éva-
nouit.
L
'art profane.
Avant-hier, à l'Opère pendant cet
entr acte d Ariane ou m. Liannara recevait
les hommages de son personnel, un intime
ami du directeur qui s'en va nous raconta
cette gentille anecdote:
La première fois que Gailhard vint à
Rome, il vit le pape Pie IX en audience
privée. Il était alors accompagné de son
oncle, curé à Toulouse, qui avait offert ce
voyage au jeune lauréat du Conservatoire.
Pie IX, ravi d'entendre parler par l'ado-
lescent un dialecte romain dont les barba-
rismes avivaient sans doute la couleur,
l'interrogeait sur sa vocation, sur les œu-
vres qu'il avait chantées en italien. Bou-
leversé, l'oncle commençait à comprendre
que le dialogue du pape et du jeune ar-
tiste ne roulait pas sur des sujets pieux;
il entendait des noms d'opéras, de musi-
ciens et même — ô sacrilège! - d'actrices
en renom. Il se dit que son neveu allait
être, pour le moins, excommunié ; et, com-
me celui-ci 'énumérait au Saint-Père tout
souriant les dernières œuvres qu'il avait
apprises: Norma, 1 Puritqjii, Gàzza Ladra,
Il Trovatore :
— L'enfant, s'écria le bon curé, perdant
la tête et recouvrant la parole, l'enfant
oublie de dire à Sa Sainteté qu'il chante
aussi le Stabat!
D
eux lettres de Wagner.
Une revue allemande, Die Musik,
vient de publier une série de lettres mé-
dites de Richard Wagner. Ces lettres sont
adressées à Mme Julie Ritter, mère du
violoniste et compositeur Alexandre Ritter,
mort à Munich en 1896.
Richard Wagner avait fait la connais-
sance de la famille Ritter en janvier 1849,
à Dresde, à l'époque où il y était chef
d'orchestre. Au mois de mai de la même
année, il dut quitter précipitamment la
Saxe et s'enfuir à l'étranger. Mme Julie
Ritter, femme intelligente et femme de
cœur aussi, avait pris Richard Wagner en
affection, et, ce qui plus est, avait une
confiance inébranlable dans son avenir.
Pendant des années, et bien qu'elle ne fût
pas très fortunée elle-même, elle l'aida de
sa bourse. Aussi Wagner lui témoigne-t-il,
dans ses lettres, une reconnaissance aussi
profonde qu'exubérante. Nous regrettons
de n'en pouvoir donner que ces courts
extraits :
Engw près de Zurich, 10 mars 1851".
Tout ce que je souhaite, c'est de devenir
paysan encore ! Le printemps me ramène la na-
ture et c'est là mon unique consolation ! Ce qui
est fâcheux, c'est que je me fais toujours l'ef-
fet d'être affecté quand je me démène avec
courage et plein d'espérance. Il n'y a qu'une
chose que je puisse dire avec orgueil : aussi
loin que je regarde, je ne crois pas qu'il y ait
eu un artiste qui a souffert pour son art autant
de souffrances que moi — parce que je suis
possédé de la lubie de ne plus pouvoir me re-
présenter l'art sans l'homme.
Zurieli, 6 mai 1857.
Le premier événement dans notre nouvelle de-
meure, fut une lettre de vous4 Je l'ai ouverte
avec précaution et, les yeux pleins de pleurs,
j'ai lu de quel amour superbe, divin, vous, chère
Madame, .me comblez. Cette lettre nous a ré-
chauffé et a transformé le jour de déménage-
ment dans notre asile en rayonnante journée de
fête et de soleil.
Portez-vous bien, admirable amie, et jouis-
sez du bonheur gue vous m'avez donné.
Votre,
Richard WAGNER.
u
recherche des cadeaux de Noël et
le Nouvel An conduit tout naturelle-
ment chez le Maître Orfèvre Leroy, 22,
rue Réaumur. On est certain de trouver
là d'exquis bibelots et les plus jolies fan-
taisies du monde dont on peut faire l'ac-
quisition à des prix insignifiants.
M
on cher, nous disait hier une artiste
que nous rencontrons, place de la
Bourse, au moment où elle se rend à son
théâtre, ça n'est plus la question des cha-
peaux qui est à l'ordre du jour, c'est la
question Champeaux, chez lequel le Tout-
Paris va dîner avant d'aller au spectacle.,
— Alors, « Champeaux ! Champeaux ! »
- Vous l'avez dit.
NOUVELLE A LA MAIN -
L
'esprit directorial.
Deux établissements, à Béziers, - se
disputent les faveurs du public: le Casino
et IJ Alcazar.
La Favorite tenait dernièrement l'affiche
du premier, et les Biterrois ne furent pas
peu surpris à cette représentation.
Le ténor, au lieu de chanter textuelle-
ment la phrase bien connue:-
Jardins fleuris de l'Alcazar
la modifiait légèrement et lançait avec as-
surance un:
Jardins fleuris du Casino
qui fit tressaillir les mélomanes méridio-
naux.
— C'est que - avait déclaré le direc-
teur à son ténor - pour rien au monde,
je n'accepterai de faire de la réclame à
mon concurrent.
Le Masque de Verre.
COIFFURES DE THÉÂTRE
, --- i( LA PETITE FILLE AU GRAND-GUIGNOL
La pièce d'Alldré de Lorde et Pierre Chaine vue à travers les chapeau%
LES MYSTÈRES DU VAUDEVILLE 'Z -
La réunion des directeurs de théâtre
Le droit des pauvres et les directions théâtrales. -=- Au
Vaudeville, en séance fermée, on agite cette question.
Depuis quinze ans que je suis dans la
Presse, c'est bien la première fois que je
rencontre chez des gens que je veux inter-
viewer un tel silence hermétique et un mu-
tisme aussi cadenassé. J'ai interviewé le pré-
sident Kruger à son arrivée en France, le
général de Galliffet (et chacun sait que ça
n'est pas commode!), des ministres, des as-
sassins, et bien d'autres personnages en-
core; mais, vraiment, essayer de faire par-
ler les directeurs de théâtres parisiens déj
passe, comme tâche, tous les travaux d'Her-
MM. Max Maurey, Franck, Fontanes et Ricou I
restent muets et fermés, malgré l'insistance de |
l'interview eur* 1
(Photos Branger.y
cule. Ces messieurs, aux répétitions, à l'a-
vant-scène, crient tout le temps, à leurs ar-
tistes:
- Jouez en dehors 1 Donnez-vous ! Par-
lez fort, que diable!
: Et quand vous les interrogez, eux, ils
sont muets comme des carpes! On n'a plus
devanusoi M. Porel ou M. Franck, mais
bien m. Bouche-Close et son collègue, M.
Lèvres-Cousues.
Hier donc, tous ces silencieux se réunis-
saient au Vaudeville, à dix heures du matin,
en grand mystère et discutaient sur la cam-
pagne de Comœdia et sur ce fameux droit
des pauvres qui paraît être un peu beau-
coup d'actualité, Ils sortaient à midi, fuyant
notre objectif, avec une modestie vraiment
trop grande.
- Ne nous photographiez pas, dit M.
Pore!, nous sommes trop laids !
-. Le fidèle. Branger manœuvre tout de
même au milieu des passants, ahuris par ce
spectacle. .: ,
Si ces messieurs répugnent à voir leurs
traits reproduits par la photographie, ils
s'enfuient tout à fait quand on leur de-
mande ce qui s'est passé en séance.
M. Fontanes, directeur du. Châtelet, au-
quel je m'accroche désespérément, me de-
mande de mes nouvelles et m'annonce
qu'il fait, « ce matin, un petit froid sec ».
M. Rolle, directeur de Déjazet, que j'im-
plore — oubliant qu'il a été journaliste -
prend, vers le boulevard, un petit galop
sans pitié. M. Franck, directeur du Gym-
nase, au moment où je vais enfin le tenir,
disparaît dans le café Américain, en me di-
sant •
— Mais, mon cher, je ne sais rien, je
suis arrivé en retard à la séance !
M. Franck, vingt francs d'amende, et,
comme « vous ne savez rien », écoutez,
Comœdia va vous instruire :
Messieurs les directeurs, réunis en séan-
ce, ont envisagé d'abord la question de
l'affichage.
Deux commissions ont été nommées,
chargées de rédiger, dans le plus bref délai
possible, un projet. Ce projet sera ensuite.
présenté à la Société Picard, à l'effet de
M. Franck déclare à Rouzier-Dorcièrts qit is
sait bien ne rien savoir.
rechercher une entente sur des tarifa tilli
les directeurs jugent trop onéreux. :,
L'assemblée s'est ensuite consacrée 8
l'étude de la question soulevée par Co4
mœdia : le droit des pauvres.
Il n'y a eu, parmi ces messieurs, aucurf
désaccord. Tous sont unis pour déclarer que
la dîme prélevée par l'Assistance publique
sur les spectacles parisiens. ne vise rien
moins qu'à l'étranglement. - ,¡
Les théâtres versent, chaque année, £
l'A. P. quatre millions cent quatre-vingt-
neuf mille trois cent. vingt-deux francs
(moyenne des versements de 1904, 1905"
1906) sans préjudice de leurs billets d'affi.
ches qui sont frappés du onzième de leur
valeur - ce que voyant, la Société des
Auteurs a immédiatement frappé ces bik
lets de 12 %, soit 23 au total.
- Les directeurs, hier, ont donc remis leut
sort entre les mains d'une commission quo
présidera M. Albert Carré, directeur de
l'Opéra-Comique.
Aussitôt après les fêtes de Noël et du
Premier de l'An, M. Carré réunira ses col.,
lègues et avisera avec eux aux moyens de
combattre l'impôt de l'A. P. par la pressa
et aussi par le monde politique.
R.-D.
A LA FONDATION ROSSINI
Une Matinée chez les Cigales
Comœdia s'est rendu à la maison de retraite Rossini pour
assister à une matinée chez les vieux artistes, ses
pensionnaires, les invalides de l'art.
On m'avait dit: « Connaissez-vous l'ad-
mirable legs que fit à la France et à la
Ville de Paris, une femme de bien, un
grand cœur, la veuve de l'illustre compo-
siteur Rossini, en faveur des artistes? »
Je m'en fus aux informations, là-bas, très
loin, dans le domaine de M. Mesureur ; et
des documents probants qu'on sortit pieu-
sement des archives que saupoudraient les
poussières des souvenirs, voici ce qui fut
exhumé pour Comœdia et que je copie tex-
tuellement. D'abord le testament de Ros-
gini :
Je veux qu'après mon décès et celui de mon
épouse, il soit fondé à Paris, exclusivement pour
les, Français, deux prix de chacun trois mille
francs pour être distribués annuellement: un à
l'anteur d'une composition de musique religieu-
se ou lyrique, lequel devra s'attacher principa-
lement à la mélodie, si négligée aujourd'hui;
l'autre à l'auteur des paroles — prose ou vers
— sur lesquelles devra s'appliquer la musique
et y être parfaitement appropriée.
A quelques années de là, la veuve de
Rossini mourait à son tour et voici ce qu'el-
le laissait comme volontés testamentaires:
Je désire que mon corps soit déposé définitive-
ment et à demeure au cimetière de l'Est, dans
le caveau où se trouvent, en ce moment, les
restes mortels de mon vénéré mari; j'y serai
seule après leur translation à Florence. Je fais
ce sacrifice en toute humilité. J'ai été assez
glorifiée par le nom que j'ai porté.
Ma fOl, mes sentiments religieux me donnent
l'ebvoir d'une réunion oui êchavoe à la terre.
Mme Rossini, par le même testament, lé-
guait à la Ville de Paris, une somme de
trois millions, pour donner « l'hos-
oitalité aux artistes chanteurs français
et italiens, que l'âge où les îrifirt l
mités mettraient dans l'impossibilité de sei
suffire à eux-mêmes. »
Les cendres de Rossini furent transpor-i
tées en Italie, aux côtés de celles de Ma-
chiavel, de Galilée, d'Alfieri et la Ville de
Paris fit construire à Auteuil une admira-
ble maison, « La Fondation Rossini » avec
les trois millions que M. Poubelle, alors
préfet de la Seine, qui inaugura l'œuvre,
appelait « le patrimoine de tous les artis-
tes ».
En visite
Je suis allé avant-hier chez ces braves
gens. On y donnait une matinée. Je ne re.
grette pas mon voyage.
Dans ce coin d'Auteuil, par cet après-
midi qui mettait sur les gens et sur les
choses, les brumes floconneuses d'un au-
tomne agonisant dans les larmes, qui sont
comme les regrets du passé, des gens, de
très vieilles gens, étaient rassemblés dans
un salon. Aux murs des tableaux aux ca-
dres dont les ors s'éteignent. En profon-
deur, des rangés de fauteuils dans lesquels,
confortablement assis, avec l'auréole de
leurs cheveux blancs et des gestes manié-
rés d'un autre âge',. se tenaient les pension-
naires de la maison. Devant eux, sur un
étroit tapis, la scène, et au fond, un piano
qui étendait sa boîtè sonore sur toute la
largeur de l'étroit « plateau >i.
Les vieilles gloires d'antan, celles qui fu-
rent applaudies par nos pères, ces gloi-
res qui, dans le chant ou la danse, s'illus-
trèrent autrefois, caquetaient. à qui mieux
mieux.
Ce qui frappait surtout à l'aspect de ces
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