Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-12-11
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 décembre 1907 11 décembre 1907
Description : 1907/12/11 (A1,N72). 1907/12/11 (A1,N72).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645369j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
1re Année.- N" 72 (Quotidien)
i 6 _, A b;h & rd
M attiherd : ê t&UtfVftà
Mercredi il Débeinbre 1907.
COMŒDIA
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKi
FACTION & ADMINISTRATION :
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIAsPARIS'
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements. 24 fr. 12 fr,
Ëtranger 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Paissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlAa.PARIS
ABONNEMENTS:
"» UN AN 8 Mora
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
te bon .,
domestique
cette époque, fit Lucien Far-
nay J avais à mon service un bizarre
drio de chambre. C'était un grand flan-
irin désossé, aux mains vigilantes et à
Pres e corbeau, qui portait le cheveu
pres 6 aussi ras que la barbe et la
Hwrche. Malgré son adresse, il me
son adresse, il me
it assez mal, distrait par des rêves
le fa-fc9n^ue» si j'ose ainsi dire. Par
les àlt, Il avait rempli de vagues rô-
les Grenelle, aux Batignolles et dans
Si^xP^fondeurs de Montrouge. Sans
ces. u la pénurie des cachets, il s'é-
t résigné à remplir les rôles de Fron-
tVait u. naturel. Je crois bien qu'il avait
îvgjte chassé de dix ou douze places
Je f t d'échouer dans ma garçonnière.
moi aussi, sur le point de me
QOloer des services d'un homme qui mo-
Uoj0 pait au lieu d'ouvrir les portes et
me laissait la patte en l'air au milieu
d'une toilette. Mais il révéla une ingé-
si précieuse lorsqu'il s'agissait
enduire des importuns ou d'empê-
k des rencontres de petites femmes
D'^s, que je le gardai tout de même.
d'ailleurs , au fond, il m'était sympa-
thique Je l'écoutais parfois me dévelop-
per ses projets, car il était loquace.
et lent échoué dans la comédie, le drame
tt 1 vaudeville, il s'exerçait, pour lors,
aux transfo rmations. Quand je le son-
nais à l'improviste, je voyais parfois ap-
un demi-Félix Faure, un tiers
de f éroulède, un quart de Guillaume II,
lin fument de Brasseur, la barbe de
lajjjes ou le monocle du sieur Chamber-
de Viju m le jour où je tombai amoureux
de Mme B. Cette dame, qu'illuminait
iiriç enorrne chevelure passée à l'oxy-
gène et Qui réalisait, de toutes parts, les
de Ces de beauté que Baudelaire pré-
férat à la nature, était parfaitement sé-
la Lorsque les fards fondaient
sur flnte. Lorsque les fards fondaient
ch S?n visage, lorsque les pâtes se dé-
lent des bras et de la poitrine, on
Vait une peau claire comme l'ar-
| e* aussi douce que l'eider; lorsque
ttrne et le koheul ne pervertis-
parables aux pétales des convolvulus ;
et, n Ur peu qu'elle eût cessé de blondir
^Wtl'âge et magnifique chevelure d'Erèbe.
Elle appartenait à un mari formidable.
Qrcel B. avait la stature de Pons et
aurait Assommé Fitzsimmons; il prati-
quait tous les exercices qui enseignent
l'art de battre et de tuer son semblable.
Jaloux et impitoyable, il n'aurait pas hé-
à occire l'épouse adultère et son
complice En sorte que Mme B. et moi
Ndeyu °ns notre vie contre la satisfaction
Je ndus réunir deux fois par semaine,
le tr(ji, à six, dans ma garçonnière du
vard Malesherbes. -
le Jt ne- sais si cette situation pimentait
le plaisir de ma maîtresse; ce qui est
sûr, c'est qu'elle ne pimentait pas le
Un soir, Mme B. finissait de refaire
sa toilette, lorsque nous entendîmes son-
à la porte. Ensuite, il y eut des
de voix, puis mon domestique se
à glapir : <( A la garde ! Au voleur ! »
Des portes claquèrent ; des clefs grin-
cèrent dans les serrures; ma lumineuse
amie, dont l'ouïe est aussi fine que celle
sau-Rouge, tremblait de tous ses
res :
luU C'est mon mari! chu-
Itèr C'est lui.! C'est mon mari! chu-
tète ..t..eUe. Et il n'est pas seul. Son
Je est avec lui!
Je n'en menais pas large. Le frère
Etal, t , peu près aussi musculeux, aussi
49rojt, aussi féroce que Marcel B. lui-
ql¡lt¡ e. Je n'avais pas d'autre arme
qu'une mauvaise canne et un revolver
J:artouches ; par suite, on allait
tirer comme du gibier ou nous sai-
des moutons. Cependant,
SSp uSjjt rudement sur une porte et mon
tlclue continuait à piauler. Tout. à
coup Sa voix se rapprocha ; il nous ap-
parut dans un appareil fantasmagorique.
Une flamboyante perruque rousse lui
aIt le crâne, lui mangeait le front
; etonibait sur les épaules. Il avait ôté
l'ès s e, son gilet et passé par à peu
A Une chemise de nuit garnie de mau-
Ae dentelle; il portait sous le bras une
Un jupon de soie soufre, un pan-
Illltl f de surah rose, qu'il jeta précipi-
Sur un fauteuil. Et il balbutait,
- haleine:
~\¡Ser lte! ôtez votre veston. Allez les
r et que madame reste ici. Sur-
\M, a l'air de défendre l'accès de
^amrh5ïZ C- à coucher. Je me charge du
? dans un de ces vertiges où
h WsJT t ^re destinée. J'obéis passi-
Ch^nt ?. • mon valet, je sortis de la
re, Ie me dirigeai vers la porte du
l'on continuait à boxer:
Qui ètes-vous et que voulez-vous?
SSible -Je d'un ton aussi menaçant que
1 Uvrez 1 hurla la voix de Mar-
- .,Ou j'enfonce!
ÎT Qui u es~vous? insistai-je.
^ii Se n0 1111?3 avec un juron et reprit
d'une voix plus calme:
- vos tergiversations sont inutiles 1
Je me sentais pris dans une telle fa-
talité qu'il m'en vint une sorte de sang-
froid:
— De quoi vous mêlez-vous? m'é-
criai-je, en feignant l'indignation. Vous
ai-je pris votre maîtresse, par hasard?
Il ne répondit pas ; son épaule fit cra-
quer la porte. Alors, je tournai douce-
ment la clef et j'ouvris. B. et son frère
se ruèrent dans le salon :
— Monsieur, fis-je d'un ton grave,
votre conduite est inqualifiable!
— Trêve de bavardages! fit brutale-
ment le colosse, en me saisissant à la
gorge. Où est-elle?
Dans cette main formidable, je me
percevais une simple bestiole : B. me
tuerait aussi facilement qu'un goret.
— Si vous êtes un galant homme, ri-
postai-je, vous n'entrerez pas plus
avant. Il est vrai qu'une femme est ici,
mais cette femme est libre de ses actes.
et il serait indigne.
Il m'interrompit en me donnant une
bonne secousse, puis il me rejeta sur le
côté, dédaigneusement. Un calme féroce
se lisait sur sa face. Sûr du dénouement,
il ne se pressait pas ; il savourait sa ven-
geance. Après une demi-minute d'im-
mobilité et de silence, il dit à son frère :
— Fais bonne garde!
Le frère alla se poster dans le vesti-
bule. Alors, Marcel B., se dirigeant à
pas lents vers la chambre à coucher,
l'ouvrit et y pénétra. Des cris aigus et
furibonds retentirent :
— C'est affreux! C'est abominable!
Vous êtes un goujat!
Presque au même moment, B. re-
paraissait, effaré, ahuri, honteux, l'œil
ensemble hagard et joyeux. Il me dit,
presque humblement:
— Excusez-moi, j'ai commis une gaffe
absurde: c'est la faute de cette maudite
agence.
— Monsieur, répliquai-je avec rai-
deur, je ne vous excuse pas du tout ;
votre conduite est inqualifiable ! Et sur-
tout, je ? vous retiens pas.
II avait trop conscience de ses torts
pour insister; après un salut brusque, il
se retira.
Je me précipitai vers la chambre à
coucher, avec cette joie et cette épou-
vante si grande du danger passé, dont
parle Vigny.
Les rideaux de la fenêtre avaient été
entreclos ; on apercevait dans la pénom-
bre, sur~t1rjretîîer pâle, une grande per-
ruque rousse, un visage à demi-caché
par le drap et outrageusement semé de
poudre de riz, deux yeux phosphores-
cents. Je reconnus mon serviteur, mais
tout homme non prévenu devait le pren-
dre pour une femme, sans même pou-
voir distinguer, dans la lueur affaiblie,
si cette femme était laide ou jolie. Quant
à Mme B., elle jaillit de derrière la ten-
ture .du cabinet de toilette et, comme elle
a un vif sentiment du comique, toute li-
vide encore de terreur, elle éclatait de
rire.
Etonnez-vous, après cela, si j'adore
les acteurs à transformations, non seu-
lement les Frégolis, mais encore et sur-
tout les pauvres diables qui gagnent un
pain amer dans les antres du faubourg
ou les enfers de la province.
J.=H. ROSNY.
(Traduction réservée.)
Nous publierons demain un article de,
GEORGES LECOMTE
Variations sur Faust
Jouant dernièrement la partition de Car-
men, en s'occupant avant toute chose de
son exécution mécanique, une jeune
femme en arriva à la dispute des Ciga-
rières, puis s'arrêta un instant.
A côté d'elle sa petite nièce, âgée de
sept ans, la regardait anxieusement.
— 0 tante, fit-elle, c'était une dispute
que tu jouais là, recommence, veux-tu,
pour me faire plaisir.
La dame comprit alors seulement ce
qu'elle venait de jouer et, comme elle
aime à généraliser ses observations, elle
me demande par lettre si les critiques peu-
vent véritablement comprendre une œu-
vre à sa première audition.
Evidemment, sans aller plus avant, je
puis rassurer ma correspondante et lui af-
firmer qu'un critique est capdjblq, sans
même y prêter une grande attention, de
reconnaître, tout aussi bien qu'une petite
fille de sept ans, un motif musical et d'en
discerner les intentions.
Ceci dit, il n'en demeure pas moins vrai
qu'une trop grande connaissance de la
technique musicale empêche parfois de sai-
sir une œuvre avec toute l'ingénuité et
toute l'émotion que l'on pourrait y trou-
ver si l'on n'en connaissait point le côté
mécanique.
C'est ainsi que certains opéras, qui dé-
chirent littéralement les oreilles des proja-
nes, font les délices des gens qui en com-
prennent la technique savante et la prodi-
gieuse habileté.
Or, est-il bien sûr, en pareille circons-
tance, que leur jugement demeure parfai-
tement sain et qu'il ne faille point tenir
compte de l'opinion du public lorsqu'il
s'agit d'une œuvre dont le but doit être
somme toute de le charmer? Il est per-
mis de se le demander. Mais ce sont là de
ces questions trop connues pour que l'on
s'y appesantisse plus longtemps, et ce n'est
point au moment où l'on joue Prométhée
qu'il convient de rappeler une fois encore
le mythe ancien des hommes, à qui trop
de science ne laisse le plus souvent qu'une
maladie de joie.
, G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures trois quarts, aux
Bouffes-Parisiens, première représentation
de L'Ingénu libertin, conte galant en trois
actes, de Louis Artus, musique de Claude
Terrasse.
L
a tournée du Grand-Duc.
1 II est allé partout, comme nous l'ont
appris les échos indiscrets.
Toutefois, ils ne nous ont pas révélé cer-
taine aventure qui est pourtant bien drôle
et n'a rien de désobligeant.
C'était dans un de nos théâtres de genre.
Le Grand-Duc arrive avec son aide de
camp, entre dans un couloir assez obscur,
avise une porte ouverte, la franchit et se
trouve dans des cuisines. — Ce n'est pas
ici, Altesse, murmure l'aide de camp. —
Je m'en doute, répond gaiement le grand-
duc, qui reprend le couloir et poursuit son
chemin, jusqu'à ce qu'il rencontre une nou-
velle porte, fermée celle-là. — Ah! nous y
sommes, dit-il; ouvrez donc. — L'aide de
camp obéit. Mais c'était « sans issue » !.
Il referme vivement, non sans que le prince
ait eu le temps de reconnaître l'endroit. —
Diable! dit il, pas encore là. Enfin, ça porte
bonheur. — Sur ces entrefaites, le régis-
seur, prévenu, se précipite, balbutie des
paroles d'excuse, prie Son Altesse de vou-
loir bien le suivre, et le cortège monte cé-
rémonieusement au premier étage, où le
régisseur ouvre une porte en s'inclinant
profondément, sans souffler mot.
— Ah! par exemple!. fait le Grand-
Duc en fronçant les sourcils, que signi-
fie?.
— Pardon, Altesse, nous n'avons pas
mieux. C'est réservé au directeur!.
Le Granil-Duc n'y put tenir. Il partit d'un
éclat de rire homérique. auquel, dix mi-
nutes plus tard, tout le monde prenait part,
dans le fover des artistes!
D
édicace.
On s'occupe d'un monument à
Henry Becque. - _-n _---nn-_- -
Le grand écrivain des Corbeaux n'était
pas toujours tendre pour ses interprètes.
On nous montrait, l'autre jour, un exem-
plaire très curieux de La Parisienne, offert
à Mme Antonine, créatrice de la pièce, et
portant cette aimable dédicace autographe:
« A Madame Antonine.
« Sans rancune. — Henry BECQUE. »
C'est un rien !
L
a- -vie esrsi efeefré5!;.. -•
Un très brillant sociétaire de notre
Comédie-Française, qui incarna souvent
des héros titrés et prodigues, n'est pas com-
plètement titré, mais, surtout, n'est nulle-
ment prodigue.
On raconta sur lui beaucoup d'historiet-
tes vraies; mais il y a toutes celles qu'on
ne sait pas.
L'économie, chez lui, est, d'ailleurs, sys-
tématique.
Ainsi, quand il va en tournée — on sait
que les sociétaires vont, parfois, en tour-
née! — il se défend toujours, à l'heure du
souper, d'avoir faim. Mais, quand ses ca-
marades sont servis, il chipe une huître à
celui-ci, une écrevisse à celle-là, sous pré-
texte de les goûter, accepte d'un autre un
peu de. viande froide, mais discrètement,
car il a l'estomac sensible.
C'est lui encore qui, au Conservatoire,
chargeait ses élèves de menues commis-
sions chez les fournisseurs et oubliait tou-
jours — il a pourtant une excellente mé-
moire! — de leur rembourser les petites
sommes que ces jeunes gens timides n'hé-
sitaient pas à avancer.
Et voilà comment on fait les bonnes mai-
sons!
D
ans un café-concert de la périphérie,
on a trouvé un moven Dratiaue de
sauvegarder le matériel de l'établissement.
Comme on s'apercevait que les cuillers à
café disparaissaient, la direction a pris une
décision draconienne. Depuis quelque temps
le garçon qui sert les consommations au
« paradis » tourne le sucre lui-même dans
les tasses et emporte la cuiller.
— Mais, très cher! Quel dossier nous
apportez-vous là?
— Une surprise pour le rédacteur en
chef. Ce sont les 235 comptes rendus des
pièces qui seront créées en 1908.
— Mâtin!
]
1 est assez piquant d'observer que le
Prométhée de - J. Lorrain, Hérold et
Fauré, qui vient d'être donné à l'Hippo-
drome, fut représenté pour la première fois
aux Arènes de Béziers, le 27 août 1906,
et non le 26, comme l'indiquent tous les
livrets publiés jusqu'à ce jour.
Le dimanche 26, en effet, une pluie tor-
rentielle vint inonder les merveilleux décors
de Jambon, juste au moment où le specta-
cle allait commencer. En un instant, les
pittoresques gorges pratiquées dans les dé-
cors furent métamorphosées en ruisseaux
impétueux, et les gradins se couvrirent
comme par enchantement d'une nuée de
« pépins ». La représentation fut remise
au lendemain.
C'est égal, on ne pouvait choisir mieux
que Prométhée comme pièce pour secourir
les « inondés du Midi » !
L
a paix est faite.
L'un est un des auteurs dramatiques
de ce temps qui connut les plus retentis-
sants succès. Il eut des vaudevilles qui dé-
passèrent la millième et lui rapportèrent
des fortunes.
L'autre est un directeur de théâtre qui
gagna, dit-on, sept ou huit millions en
jouant toutes les pièces du premier.
Ils furent, jadis, intimes, et puis leurs
relations se refroidirent : le directeur, ca-
pricieux, ne témoigna pas à son auteur
tous les égards que celui-ci désirait. Il s'en
fâcha. Des lettres aigres-douces 'furent
échangées. Il en résulta une brouille qui fit
grand bruit, et l'auteur dramatique promit
dorénavant de réserver ses pièces à des
directeurs plus reconnaissants.
Mais, au théâtre, on ne saurait avoir de
bien durables rancunes et, hier, dans un
restaurant voisin du boulevard, l'auteur et
le directeur discutaient d'une pièce nouvelle
devant un excellent dîner.
Tout s'arrange! comme dirait Capus.
D
usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète toujours comp-
tant: Dijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison.
O
n a de rameur-propre!
Dans un de ces caboulots sombres
qui avoisinent le square du Temple, d'obs-
curs et pénibles acteurs répètent, à la lueur
vacillante d'un bec de gaz asthmatique —
dont le sifflement est comme une prophé-
tie — un grand drame en vers romanti-
que.
Le metteur en scène dirige dogmatique-
ment les mouvements des interprètes. Il
leur impose gestes et inflexions et leur
donne, de sa voix que les ans affaiblirent,
des modèles parfaits de diction pittores-
que.
Soudain, l'un de ses esclaves — un
jeune — mieux coiffé et mieux vêtu que
ses camarades, s'attire une longue démons-
tration. -, '-.
- On ne dit pas les vers ainsi! rugit
le maître.
— Mais, riposte l'audacieux, j'ai travaillé
le rôle avec M. de Féraudy!
Alors le visage du régisseur s'empreint
d'une dédaigneuse noblesse et il déclare
d'un ton olympien:
— Oui ! Mais nous ne sommes pas à la
Comédie-Française !
Tu parles!.
p
ensées et maximes:
« Il est impossible qu'une chose aille au
cœur, quand elle commence par choquer les
yeux et les oreilles. On a donc raison de
s'informer, dès le début d'une jeune ac-
trice, si elle est jolie; quelques années
après, on pourra demander si elle est bonne
comédienne. »
DUCLAIRON.
« Il n'est rien de plus vraisemblable que
la conformité et la relation du corps et de
l'esprit. »
MONTAIGNE.
« Si Didon, si Ariane sont laides, les
spectateurs sont de l'avis d'Enée et de Thé-
sée, et l'on. plaint moins l'amante abandon-
née. »
LARIVE.
« Lorsque nous n'écoutons que par amu-
sement et pour avoir du plaisir, la moindre
chose qui diminue ce plaisir nous mécon-
tente. »
ClCÉRON.
N
os deux plus élégantes actrices, Mlles
Louise Bignon et Lantelme, ne font
usage que du Dermophylax — la reine des
lotions, créée par Roberts, 5, rue de la
Paix.
M
Ernest Reyer vient d'entrer dans sa
Quatre-vingt-cinquième année et,
comme tout Marseillais fier de son Midi,
il porte gaillardement ce grand âge.
Il est vrai que le compositeur de Sigurd
ne s'inquiète pas au delà des limites per-
mises. Il jouit 'même très épicuriennement
de la vie. Ses deux passions principales
sont la pipe et le billard; le billard surtout.
Il dînait récemment chez une grande can-
tatrice, aujourd'hui rentée de scène, et qui
récolta de nombreux triomphes à l'Opéra.
Après le dîner, le mari de la cantatrice pro-
pose une partie de billard. Reyer accepte
avec joie.
La salle de billard est à côté du salon.
Les invités restent dans ce salon avec la
maîtresse de la maison, que l'on prie de
chanter. Celle-ci, pensant plaire au maître,
ouvre la partition de Sigurd et chante le
rôle de Brunehilde.
Reyer alors quitte la partie de billard -
qu'il perdait peut-être — en disant: « Du
moment qu'on ne peut pas jouer tranquille,
j'aime mieux ne pas m'en mêler. »
Et jamais on ne put le décider à se re-
mettre au jeu.
NOUVELLE A LA MAIN
L
a scie!.
Voici les derniers sous-titres des
pièces à succès:
Cœur à Cœur ou Un drôle de pistolet.
L'Amour en Banque ou Jouons à Guil-
bert gagne.
Samson ou Le Fort de la Halle.
Et Monsieur de Courpière ou L'Affaire
des Poissons.
Le Masque de Verre.
: UNE ENQUÊTE DE COMŒDIA
"Comment voyez=vous
SherlocK Holmès?'*
demande M. Gémier à nos lecteurs
« Celui que je préfère, c'est Gémier,
parce que c'est lui qui se déguise le
mieux !
C'est de cette façon qu'il y a quelques
années, un Brestois traduisait son admi-
ration pour Gémier —■ de passage, avec
quelques sociétaires de la Comédie-
C£MIER (Dessin de TOULOUSE-LAUTRBC).
GÉMIER
Française, dans notre grand port de
l'Ouest.
Le mot - qu'il surprit par aventure
— amusa fort l'arête qui est, on le sait,
un des maîtres dans l'art difficile du ma-
quillage.
Il me le rappelait hier en m'expri-
mant ses hésitations sur la « tête » qu'il
allait « se faire » dans le prochain spec-
tacle du Théâtre-Antoine.
Gémier va incarner Sherlock Holmès.
On sait la grande popularité dont jouit,
en France, en Angleterre et aux Etats-
Unis, le héros de Conan Doyle. Depuis
1891 — date à laquelle parurent, dans
le Strand magazine, les premières nou-
velles du romancier anglais — les aven-
tures du fameux policier ont passionné
des millions de lecteurs.
Et, depuis qu'est connue la mise en
répétition, sur la scène du boulevard de
Strasbourg, d'une traduction de l'œuvre
anglaise, il ne se passe guère de jour
que l'on ne pose à Gémier'la question :
« Comment allez-vous jouer Sherlock
Holmès? »
Car — le fait, pour le moins, est cu-
rieux — innombrables sont ceux qui
connaissent, en leurs moindres détails,
les exploits de Sherlock Holmès, mais
j
très rares sont ceux qui se souviennenL
de la « physionomie » que le romanci
prêta à son héros. D'aucuns se le repré-
sentent sous les traits classiques du poli-
cier anglais — cheveux courts, visag
rasé, costume. sobre ; — d'autres sa
l'imaginent plus pittoresque, et lui font j
subir de très nombreuses transformas
tions.
Sans s'attacher, outre mesure, auXI
termes mêmes du roman, soucieux sur-
tout de ne point choquer, puisqu'ils son
d'avis si divers, les spectateurs de son
théâtre, Gémier a eu la très heureuse
idée de prier Comœdia de demander à
ses lecteurs comment ils se représente
le fameux policier.
C'est d'une belle conscience artisti-f
que. Et Comœdia sera heureux d'appor-
ter au directeur du Théâtre-Antoind
l'aide amicale qu'il lui demande.
GEORGES TALMONT.
L'Opérette va renaître
Un fastueux impresario loue un théâtre du boulevard pour monter
avec un luxe exceptionnel une nouvelle opérette à grand spectacle.
L'opérette se meurt, l'opérette est morte,
vive l'opérette!
En définitive, que manque-t-il à cette
pauvre moribonde pour reprendre vie et
faire joyeuse figure? Un public sympathi-
que? Allons donc! le public, c'est vous et
moi, et, je vous le demande, avons-nous ja-
mais rêvé délassement plus agréable, après
un léger surmenage de nos méninges,
qu'une joyeuse opérette, bien française, un
brin sentimentale, avec de jolies mélodies
et d'amusants couplets qu'on fr'edonne le
soir, en rentrant au logis? 1
Non, le public n'a pas changé, le public
qui fit jadis fête à Offenbach, à Lecocq, à
Audrim, à Planquette, et, la preuve, c'est
qu'il va toujours applaudir à Trianon-Ly-
rique, La Fille de Madame Angot, La Fille
du Tambour-Major, Les Cloches de Corne-
ville, etc.
Mais, précisément, me dira-t-on, on ne
fait plus rien, aujourd'hui, qui ressemble à
ça! — En êtes-vous bien sûr? ou, du
moins, êtes-vous sûr qu'on ne fasse plus
rien qui vaille ça? -
Pour ma part, je sais une œuvre char-
mante qui pourrait bien rénover le genre et
être une révélation.
L'auteur? Devinez : le roi de la valse,
oui, Rodolphe Berger, qui, après s'être es-
sayé dans une opérette en un acte, va frap-
per un coup de maître avec Le Chevalier
d'Eon.
Les librettistes? Armand Silvestre et
Henri Cain. Une triple association qui,
vous l'avouerez, est pour le moins origi-
nale, et n'est pas, sans promettre. Je puis
vous confier dans l'oreille qu'elle a tenu
tout ce qu'elle promettait, et plus encore. ,
Je suis allé voir l'auteur d'Amoureuse.
- Eh bien! Votre Chevalier d'Eon? 1
— Mon cher, ce sera épatant 1 Ça va
faire courir tout Paris ! Je le dis sans gêne:
je dois tout au livret; le livret est unet
merveille!
D'une seule trotte, je courus chez Henri.
Cain.
— Le Chevalier d'Eon?
— Ah 1 mes enfants!. C'est gentff
comme tout; la partition est une merveillet
- Mais le livret?. On me dit que.
.— Le livret? Ce qu'il y a de mieux csé
d'Armand Silvestre; les vers du commen-
cement sont de lui: c'est une merveille!
Encore!. Il ne me restait plus qu'à al-
ler voir Armand Silvestre. Seulement,
voilà, le pauvre Armand, peccavit multumt
Il paraît qu'il fait un stage au Purgatoire,
et c'est le « diable » pour y entrer quand
on est un simple innocent comme moi. Au
Paradis, j'ai bien des relations; mais, par-
mi. les gens qui purgent, je ne connais per-
sonne.
Alors, j'ai préféré retourner chez Ber--.
ger et je lui ai dit : « C'est pas tout ça f
Je veux connaître Le Chevalier d'Eoni *
Sans trop se faire prier, le bon maestrt
s'est mis au piano, et, avec sa verve de
tzigane viennois, il m'a fait entendre une
suite de valses, de mélodies, de mazurka
i 6 _, A b;h & rd
M attiherd : ê t&UtfVftà
Mercredi il Débeinbre 1907.
COMŒDIA
Rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKi
FACTION & ADMINISTRATION :
27, Bouleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIAsPARIS'
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements. 24 fr. 12 fr,
Ëtranger 40 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27, Boulevard Paissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlAa.PARIS
ABONNEMENTS:
"» UN AN 8 Mora
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
te bon .,
domestique
cette époque, fit Lucien Far-
nay J avais à mon service un bizarre
drio de chambre. C'était un grand flan-
irin désossé, aux mains vigilantes et à
Pres e corbeau, qui portait le cheveu
pres 6 aussi ras que la barbe et la
Hwrche. Malgré son adresse, il me
son adresse, il me
it assez mal, distrait par des rêves
le fa-fc9n^ue» si j'ose ainsi dire. Par
les àlt, Il avait rempli de vagues rô-
les Grenelle, aux Batignolles et dans
Si^xP^fondeurs de Montrouge. Sans
ces. u la pénurie des cachets, il s'é-
t résigné à remplir les rôles de Fron-
tVait u. naturel. Je crois bien qu'il avait
îvgjte chassé de dix ou douze places
Je f t d'échouer dans ma garçonnière.
moi aussi, sur le point de me
QOloer des services d'un homme qui mo-
Uoj0 pait au lieu d'ouvrir les portes et
me laissait la patte en l'air au milieu
d'une toilette. Mais il révéla une ingé-
si précieuse lorsqu'il s'agissait
enduire des importuns ou d'empê-
k des rencontres de petites femmes
D'^s, que je le gardai tout de même.
d'ailleurs , au fond, il m'était sympa-
thique Je l'écoutais parfois me dévelop-
per ses projets, car il était loquace.
et lent échoué dans la comédie, le drame
tt 1 vaudeville, il s'exerçait, pour lors,
aux transfo rmations. Quand je le son-
nais à l'improviste, je voyais parfois ap-
un demi-Félix Faure, un tiers
de f éroulède, un quart de Guillaume II,
lin fument de Brasseur, la barbe de
lajjjes ou le monocle du sieur Chamber-
de Viju m le jour où je tombai amoureux
de Mme B. Cette dame, qu'illuminait
iiriç enorrne chevelure passée à l'oxy-
gène et Qui réalisait, de toutes parts, les
de Ces de beauté que Baudelaire pré-
férat à la nature, était parfaitement sé-
la Lorsque les fards fondaient
sur flnte. Lorsque les fards fondaient
ch S?n visage, lorsque les pâtes se dé-
lent des bras et de la poitrine, on
Vait une peau claire comme l'ar-
| e* aussi douce que l'eider; lorsque
ttrne et le koheul ne pervertis-
parables aux pétales des convolvulus ;
et, n Ur peu qu'elle eût cessé de blondir
^Wt
Elle appartenait à un mari formidable.
Qrcel B. avait la stature de Pons et
aurait Assommé Fitzsimmons; il prati-
quait tous les exercices qui enseignent
l'art de battre et de tuer son semblable.
Jaloux et impitoyable, il n'aurait pas hé-
à occire l'épouse adultère et son
complice En sorte que Mme B. et moi
Ndeyu °ns notre vie contre la satisfaction
Je ndus réunir deux fois par semaine,
le tr(ji, à six, dans ma garçonnière du
vard Malesherbes. -
le Jt ne- sais si cette situation pimentait
le plaisir de ma maîtresse; ce qui est
sûr, c'est qu'elle ne pimentait pas le
Un soir, Mme B. finissait de refaire
sa toilette, lorsque nous entendîmes son-
à la porte. Ensuite, il y eut des
de voix, puis mon domestique se
à glapir : <( A la garde ! Au voleur ! »
Des portes claquèrent ; des clefs grin-
cèrent dans les serrures; ma lumineuse
amie, dont l'ouïe est aussi fine que celle
sau-Rouge, tremblait de tous ses
res :
luU C'est mon mari! chu-
Itèr C'est lui.! C'est mon mari! chu-
tète ..t..eUe. Et il n'est pas seul. Son
Je est avec lui!
Je n'en menais pas large. Le frère
Etal, t , peu près aussi musculeux, aussi
49rojt, aussi féroce que Marcel B. lui-
ql¡lt¡ e. Je n'avais pas d'autre arme
qu'une mauvaise canne et un revolver
J:artouches ; par suite, on allait
tirer comme du gibier ou nous sai-
des moutons. Cependant,
SSp uSjjt rudement sur une porte et mon
tlclue continuait à piauler. Tout. à
coup Sa voix se rapprocha ; il nous ap-
parut dans un appareil fantasmagorique.
Une flamboyante perruque rousse lui
aIt le crâne, lui mangeait le front
; etonibait sur les épaules. Il avait ôté
l'ès s e, son gilet et passé par à peu
A Une chemise de nuit garnie de mau-
Ae dentelle; il portait sous le bras une
Un jupon de soie soufre, un pan-
Illltl f de surah rose, qu'il jeta précipi-
Sur un fauteuil. Et il balbutait,
- haleine:
~\¡Ser lte! ôtez votre veston. Allez les
r et que madame reste ici. Sur-
\M, a l'air de défendre l'accès de
^amrh5ïZ C- à coucher. Je me charge du
? dans un de ces vertiges où
h WsJT t ^re destinée. J'obéis passi-
Ch^nt ?. • mon valet, je sortis de la
re, Ie me dirigeai vers la porte du
l'on continuait à boxer:
Qui ètes-vous et que voulez-vous?
SSible -Je d'un ton aussi menaçant que
1 Uvrez 1 hurla la voix de Mar-
- .,Ou j'enfonce!
ÎT Qui u es~vous? insistai-je.
^ii Se n0 1111?3 avec un juron et reprit
d'une voix plus calme:
- vos tergiversations sont inutiles 1
Je me sentais pris dans une telle fa-
talité qu'il m'en vint une sorte de sang-
froid:
— De quoi vous mêlez-vous? m'é-
criai-je, en feignant l'indignation. Vous
ai-je pris votre maîtresse, par hasard?
Il ne répondit pas ; son épaule fit cra-
quer la porte. Alors, je tournai douce-
ment la clef et j'ouvris. B. et son frère
se ruèrent dans le salon :
— Monsieur, fis-je d'un ton grave,
votre conduite est inqualifiable!
— Trêve de bavardages! fit brutale-
ment le colosse, en me saisissant à la
gorge. Où est-elle?
Dans cette main formidable, je me
percevais une simple bestiole : B. me
tuerait aussi facilement qu'un goret.
— Si vous êtes un galant homme, ri-
postai-je, vous n'entrerez pas plus
avant. Il est vrai qu'une femme est ici,
mais cette femme est libre de ses actes.
et il serait indigne.
Il m'interrompit en me donnant une
bonne secousse, puis il me rejeta sur le
côté, dédaigneusement. Un calme féroce
se lisait sur sa face. Sûr du dénouement,
il ne se pressait pas ; il savourait sa ven-
geance. Après une demi-minute d'im-
mobilité et de silence, il dit à son frère :
— Fais bonne garde!
Le frère alla se poster dans le vesti-
bule. Alors, Marcel B., se dirigeant à
pas lents vers la chambre à coucher,
l'ouvrit et y pénétra. Des cris aigus et
furibonds retentirent :
— C'est affreux! C'est abominable!
Vous êtes un goujat!
Presque au même moment, B. re-
paraissait, effaré, ahuri, honteux, l'œil
ensemble hagard et joyeux. Il me dit,
presque humblement:
— Excusez-moi, j'ai commis une gaffe
absurde: c'est la faute de cette maudite
agence.
— Monsieur, répliquai-je avec rai-
deur, je ne vous excuse pas du tout ;
votre conduite est inqualifiable ! Et sur-
tout, je ? vous retiens pas.
II avait trop conscience de ses torts
pour insister; après un salut brusque, il
se retira.
Je me précipitai vers la chambre à
coucher, avec cette joie et cette épou-
vante si grande du danger passé, dont
parle Vigny.
Les rideaux de la fenêtre avaient été
entreclos ; on apercevait dans la pénom-
bre, sur~t1rjretîîer pâle, une grande per-
ruque rousse, un visage à demi-caché
par le drap et outrageusement semé de
poudre de riz, deux yeux phosphores-
cents. Je reconnus mon serviteur, mais
tout homme non prévenu devait le pren-
dre pour une femme, sans même pou-
voir distinguer, dans la lueur affaiblie,
si cette femme était laide ou jolie. Quant
à Mme B., elle jaillit de derrière la ten-
ture .du cabinet de toilette et, comme elle
a un vif sentiment du comique, toute li-
vide encore de terreur, elle éclatait de
rire.
Etonnez-vous, après cela, si j'adore
les acteurs à transformations, non seu-
lement les Frégolis, mais encore et sur-
tout les pauvres diables qui gagnent un
pain amer dans les antres du faubourg
ou les enfers de la province.
J.=H. ROSNY.
(Traduction réservée.)
Nous publierons demain un article de,
GEORGES LECOMTE
Variations sur Faust
Jouant dernièrement la partition de Car-
men, en s'occupant avant toute chose de
son exécution mécanique, une jeune
femme en arriva à la dispute des Ciga-
rières, puis s'arrêta un instant.
A côté d'elle sa petite nièce, âgée de
sept ans, la regardait anxieusement.
— 0 tante, fit-elle, c'était une dispute
que tu jouais là, recommence, veux-tu,
pour me faire plaisir.
La dame comprit alors seulement ce
qu'elle venait de jouer et, comme elle
aime à généraliser ses observations, elle
me demande par lettre si les critiques peu-
vent véritablement comprendre une œu-
vre à sa première audition.
Evidemment, sans aller plus avant, je
puis rassurer ma correspondante et lui af-
firmer qu'un critique est capdjblq, sans
même y prêter une grande attention, de
reconnaître, tout aussi bien qu'une petite
fille de sept ans, un motif musical et d'en
discerner les intentions.
Ceci dit, il n'en demeure pas moins vrai
qu'une trop grande connaissance de la
technique musicale empêche parfois de sai-
sir une œuvre avec toute l'ingénuité et
toute l'émotion que l'on pourrait y trou-
ver si l'on n'en connaissait point le côté
mécanique.
C'est ainsi que certains opéras, qui dé-
chirent littéralement les oreilles des proja-
nes, font les délices des gens qui en com-
prennent la technique savante et la prodi-
gieuse habileté.
Or, est-il bien sûr, en pareille circons-
tance, que leur jugement demeure parfai-
tement sain et qu'il ne faille point tenir
compte de l'opinion du public lorsqu'il
s'agit d'une œuvre dont le but doit être
somme toute de le charmer? Il est per-
mis de se le demander. Mais ce sont là de
ces questions trop connues pour que l'on
s'y appesantisse plus longtemps, et ce n'est
point au moment où l'on joue Prométhée
qu'il convient de rappeler une fois encore
le mythe ancien des hommes, à qui trop
de science ne laisse le plus souvent qu'une
maladie de joie.
, G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, à huit heures trois quarts, aux
Bouffes-Parisiens, première représentation
de L'Ingénu libertin, conte galant en trois
actes, de Louis Artus, musique de Claude
Terrasse.
L
a tournée du Grand-Duc.
1 II est allé partout, comme nous l'ont
appris les échos indiscrets.
Toutefois, ils ne nous ont pas révélé cer-
taine aventure qui est pourtant bien drôle
et n'a rien de désobligeant.
C'était dans un de nos théâtres de genre.
Le Grand-Duc arrive avec son aide de
camp, entre dans un couloir assez obscur,
avise une porte ouverte, la franchit et se
trouve dans des cuisines. — Ce n'est pas
ici, Altesse, murmure l'aide de camp. —
Je m'en doute, répond gaiement le grand-
duc, qui reprend le couloir et poursuit son
chemin, jusqu'à ce qu'il rencontre une nou-
velle porte, fermée celle-là. — Ah! nous y
sommes, dit-il; ouvrez donc. — L'aide de
camp obéit. Mais c'était « sans issue » !.
Il referme vivement, non sans que le prince
ait eu le temps de reconnaître l'endroit. —
Diable! dit il, pas encore là. Enfin, ça porte
bonheur. — Sur ces entrefaites, le régis-
seur, prévenu, se précipite, balbutie des
paroles d'excuse, prie Son Altesse de vou-
loir bien le suivre, et le cortège monte cé-
rémonieusement au premier étage, où le
régisseur ouvre une porte en s'inclinant
profondément, sans souffler mot.
— Ah! par exemple!. fait le Grand-
Duc en fronçant les sourcils, que signi-
fie?.
— Pardon, Altesse, nous n'avons pas
mieux. C'est réservé au directeur!.
Le Granil-Duc n'y put tenir. Il partit d'un
éclat de rire homérique. auquel, dix mi-
nutes plus tard, tout le monde prenait part,
dans le fover des artistes!
D
édicace.
On s'occupe d'un monument à
Henry Becque. - _-n _---nn-_- -
Le grand écrivain des Corbeaux n'était
pas toujours tendre pour ses interprètes.
On nous montrait, l'autre jour, un exem-
plaire très curieux de La Parisienne, offert
à Mme Antonine, créatrice de la pièce, et
portant cette aimable dédicace autographe:
« A Madame Antonine.
« Sans rancune. — Henry BECQUE. »
C'est un rien !
L
a- -vie esrsi efeefré5!;.. -•
Un très brillant sociétaire de notre
Comédie-Française, qui incarna souvent
des héros titrés et prodigues, n'est pas com-
plètement titré, mais, surtout, n'est nulle-
ment prodigue.
On raconta sur lui beaucoup d'historiet-
tes vraies; mais il y a toutes celles qu'on
ne sait pas.
L'économie, chez lui, est, d'ailleurs, sys-
tématique.
Ainsi, quand il va en tournée — on sait
que les sociétaires vont, parfois, en tour-
née! — il se défend toujours, à l'heure du
souper, d'avoir faim. Mais, quand ses ca-
marades sont servis, il chipe une huître à
celui-ci, une écrevisse à celle-là, sous pré-
texte de les goûter, accepte d'un autre un
peu de. viande froide, mais discrètement,
car il a l'estomac sensible.
C'est lui encore qui, au Conservatoire,
chargeait ses élèves de menues commis-
sions chez les fournisseurs et oubliait tou-
jours — il a pourtant une excellente mé-
moire! — de leur rembourser les petites
sommes que ces jeunes gens timides n'hé-
sitaient pas à avancer.
Et voilà comment on fait les bonnes mai-
sons!
D
ans un café-concert de la périphérie,
on a trouvé un moven Dratiaue de
sauvegarder le matériel de l'établissement.
Comme on s'apercevait que les cuillers à
café disparaissaient, la direction a pris une
décision draconienne. Depuis quelque temps
le garçon qui sert les consommations au
« paradis » tourne le sucre lui-même dans
les tasses et emporte la cuiller.
— Mais, très cher! Quel dossier nous
apportez-vous là?
— Une surprise pour le rédacteur en
chef. Ce sont les 235 comptes rendus des
pièces qui seront créées en 1908.
— Mâtin!
]
1 est assez piquant d'observer que le
Prométhée de - J. Lorrain, Hérold et
Fauré, qui vient d'être donné à l'Hippo-
drome, fut représenté pour la première fois
aux Arènes de Béziers, le 27 août 1906,
et non le 26, comme l'indiquent tous les
livrets publiés jusqu'à ce jour.
Le dimanche 26, en effet, une pluie tor-
rentielle vint inonder les merveilleux décors
de Jambon, juste au moment où le specta-
cle allait commencer. En un instant, les
pittoresques gorges pratiquées dans les dé-
cors furent métamorphosées en ruisseaux
impétueux, et les gradins se couvrirent
comme par enchantement d'une nuée de
« pépins ». La représentation fut remise
au lendemain.
C'est égal, on ne pouvait choisir mieux
que Prométhée comme pièce pour secourir
les « inondés du Midi » !
L
a paix est faite.
L'un est un des auteurs dramatiques
de ce temps qui connut les plus retentis-
sants succès. Il eut des vaudevilles qui dé-
passèrent la millième et lui rapportèrent
des fortunes.
L'autre est un directeur de théâtre qui
gagna, dit-on, sept ou huit millions en
jouant toutes les pièces du premier.
Ils furent, jadis, intimes, et puis leurs
relations se refroidirent : le directeur, ca-
pricieux, ne témoigna pas à son auteur
tous les égards que celui-ci désirait. Il s'en
fâcha. Des lettres aigres-douces 'furent
échangées. Il en résulta une brouille qui fit
grand bruit, et l'auteur dramatique promit
dorénavant de réserver ses pièces à des
directeurs plus reconnaissants.
Mais, au théâtre, on ne saurait avoir de
bien durables rancunes et, hier, dans un
restaurant voisin du boulevard, l'auteur et
le directeur discutaient d'une pièce nouvelle
devant un excellent dîner.
Tout s'arrange! comme dirait Capus.
D
usausoy, joaillier expert, 4, boulevard
des Italiens, achète toujours comp-
tant: Dijoux, diamants, perles et pierres
fines. Il donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison.
O
n a de rameur-propre!
Dans un de ces caboulots sombres
qui avoisinent le square du Temple, d'obs-
curs et pénibles acteurs répètent, à la lueur
vacillante d'un bec de gaz asthmatique —
dont le sifflement est comme une prophé-
tie — un grand drame en vers romanti-
que.
Le metteur en scène dirige dogmatique-
ment les mouvements des interprètes. Il
leur impose gestes et inflexions et leur
donne, de sa voix que les ans affaiblirent,
des modèles parfaits de diction pittores-
que.
Soudain, l'un de ses esclaves — un
jeune — mieux coiffé et mieux vêtu que
ses camarades, s'attire une longue démons-
tration. -, '-.
- On ne dit pas les vers ainsi! rugit
le maître.
— Mais, riposte l'audacieux, j'ai travaillé
le rôle avec M. de Féraudy!
Alors le visage du régisseur s'empreint
d'une dédaigneuse noblesse et il déclare
d'un ton olympien:
— Oui ! Mais nous ne sommes pas à la
Comédie-Française !
Tu parles!.
p
ensées et maximes:
« Il est impossible qu'une chose aille au
cœur, quand elle commence par choquer les
yeux et les oreilles. On a donc raison de
s'informer, dès le début d'une jeune ac-
trice, si elle est jolie; quelques années
après, on pourra demander si elle est bonne
comédienne. »
DUCLAIRON.
« Il n'est rien de plus vraisemblable que
la conformité et la relation du corps et de
l'esprit. »
MONTAIGNE.
« Si Didon, si Ariane sont laides, les
spectateurs sont de l'avis d'Enée et de Thé-
sée, et l'on. plaint moins l'amante abandon-
née. »
LARIVE.
« Lorsque nous n'écoutons que par amu-
sement et pour avoir du plaisir, la moindre
chose qui diminue ce plaisir nous mécon-
tente. »
ClCÉRON.
N
os deux plus élégantes actrices, Mlles
Louise Bignon et Lantelme, ne font
usage que du Dermophylax — la reine des
lotions, créée par Roberts, 5, rue de la
Paix.
M
Ernest Reyer vient d'entrer dans sa
Quatre-vingt-cinquième année et,
comme tout Marseillais fier de son Midi,
il porte gaillardement ce grand âge.
Il est vrai que le compositeur de Sigurd
ne s'inquiète pas au delà des limites per-
mises. Il jouit 'même très épicuriennement
de la vie. Ses deux passions principales
sont la pipe et le billard; le billard surtout.
Il dînait récemment chez une grande can-
tatrice, aujourd'hui rentée de scène, et qui
récolta de nombreux triomphes à l'Opéra.
Après le dîner, le mari de la cantatrice pro-
pose une partie de billard. Reyer accepte
avec joie.
La salle de billard est à côté du salon.
Les invités restent dans ce salon avec la
maîtresse de la maison, que l'on prie de
chanter. Celle-ci, pensant plaire au maître,
ouvre la partition de Sigurd et chante le
rôle de Brunehilde.
Reyer alors quitte la partie de billard -
qu'il perdait peut-être — en disant: « Du
moment qu'on ne peut pas jouer tranquille,
j'aime mieux ne pas m'en mêler. »
Et jamais on ne put le décider à se re-
mettre au jeu.
NOUVELLE A LA MAIN
L
a scie!.
Voici les derniers sous-titres des
pièces à succès:
Cœur à Cœur ou Un drôle de pistolet.
L'Amour en Banque ou Jouons à Guil-
bert gagne.
Samson ou Le Fort de la Halle.
Et Monsieur de Courpière ou L'Affaire
des Poissons.
Le Masque de Verre.
: UNE ENQUÊTE DE COMŒDIA
"Comment voyez=vous
SherlocK Holmès?'*
demande M. Gémier à nos lecteurs
« Celui que je préfère, c'est Gémier,
parce que c'est lui qui se déguise le
mieux !
C'est de cette façon qu'il y a quelques
années, un Brestois traduisait son admi-
ration pour Gémier —■ de passage, avec
quelques sociétaires de la Comédie-
C£MIER (Dessin de TOULOUSE-LAUTRBC).
GÉMIER
Française, dans notre grand port de
l'Ouest.
Le mot - qu'il surprit par aventure
— amusa fort l'arête qui est, on le sait,
un des maîtres dans l'art difficile du ma-
quillage.
Il me le rappelait hier en m'expri-
mant ses hésitations sur la « tête » qu'il
allait « se faire » dans le prochain spec-
tacle du Théâtre-Antoine.
Gémier va incarner Sherlock Holmès.
On sait la grande popularité dont jouit,
en France, en Angleterre et aux Etats-
Unis, le héros de Conan Doyle. Depuis
1891 — date à laquelle parurent, dans
le Strand magazine, les premières nou-
velles du romancier anglais — les aven-
tures du fameux policier ont passionné
des millions de lecteurs.
Et, depuis qu'est connue la mise en
répétition, sur la scène du boulevard de
Strasbourg, d'une traduction de l'œuvre
anglaise, il ne se passe guère de jour
que l'on ne pose à Gémier'la question :
« Comment allez-vous jouer Sherlock
Holmès? »
Car — le fait, pour le moins, est cu-
rieux — innombrables sont ceux qui
connaissent, en leurs moindres détails,
les exploits de Sherlock Holmès, mais
j
très rares sont ceux qui se souviennenL
de la « physionomie » que le romanci
prêta à son héros. D'aucuns se le repré-
sentent sous les traits classiques du poli-
cier anglais — cheveux courts, visag
rasé, costume. sobre ; — d'autres sa
l'imaginent plus pittoresque, et lui font j
subir de très nombreuses transformas
tions.
Sans s'attacher, outre mesure, auXI
termes mêmes du roman, soucieux sur-
tout de ne point choquer, puisqu'ils son
d'avis si divers, les spectateurs de son
théâtre, Gémier a eu la très heureuse
idée de prier Comœdia de demander à
ses lecteurs comment ils se représente
le fameux policier.
C'est d'une belle conscience artisti-f
que. Et Comœdia sera heureux d'appor-
ter au directeur du Théâtre-Antoind
l'aide amicale qu'il lui demande.
GEORGES TALMONT.
L'Opérette va renaître
Un fastueux impresario loue un théâtre du boulevard pour monter
avec un luxe exceptionnel une nouvelle opérette à grand spectacle.
L'opérette se meurt, l'opérette est morte,
vive l'opérette!
En définitive, que manque-t-il à cette
pauvre moribonde pour reprendre vie et
faire joyeuse figure? Un public sympathi-
que? Allons donc! le public, c'est vous et
moi, et, je vous le demande, avons-nous ja-
mais rêvé délassement plus agréable, après
un léger surmenage de nos méninges,
qu'une joyeuse opérette, bien française, un
brin sentimentale, avec de jolies mélodies
et d'amusants couplets qu'on fr'edonne le
soir, en rentrant au logis? 1
Non, le public n'a pas changé, le public
qui fit jadis fête à Offenbach, à Lecocq, à
Audrim, à Planquette, et, la preuve, c'est
qu'il va toujours applaudir à Trianon-Ly-
rique, La Fille de Madame Angot, La Fille
du Tambour-Major, Les Cloches de Corne-
ville, etc.
Mais, précisément, me dira-t-on, on ne
fait plus rien, aujourd'hui, qui ressemble à
ça! — En êtes-vous bien sûr? ou, du
moins, êtes-vous sûr qu'on ne fasse plus
rien qui vaille ça? -
Pour ma part, je sais une œuvre char-
mante qui pourrait bien rénover le genre et
être une révélation.
L'auteur? Devinez : le roi de la valse,
oui, Rodolphe Berger, qui, après s'être es-
sayé dans une opérette en un acte, va frap-
per un coup de maître avec Le Chevalier
d'Eon.
Les librettistes? Armand Silvestre et
Henri Cain. Une triple association qui,
vous l'avouerez, est pour le moins origi-
nale, et n'est pas, sans promettre. Je puis
vous confier dans l'oreille qu'elle a tenu
tout ce qu'elle promettait, et plus encore. ,
Je suis allé voir l'auteur d'Amoureuse.
- Eh bien! Votre Chevalier d'Eon? 1
— Mon cher, ce sera épatant 1 Ça va
faire courir tout Paris ! Je le dis sans gêne:
je dois tout au livret; le livret est unet
merveille!
D'une seule trotte, je courus chez Henri.
Cain.
— Le Chevalier d'Eon?
— Ah 1 mes enfants!. C'est gentff
comme tout; la partition est une merveillet
- Mais le livret?. On me dit que.
.— Le livret? Ce qu'il y a de mieux csé
d'Armand Silvestre; les vers du commen-
cement sont de lui: c'est une merveille!
Encore!. Il ne me restait plus qu'à al-
ler voir Armand Silvestre. Seulement,
voilà, le pauvre Armand, peccavit multumt
Il paraît qu'il fait un stage au Purgatoire,
et c'est le « diable » pour y entrer quand
on est un simple innocent comme moi. Au
Paradis, j'ai bien des relations; mais, par-
mi. les gens qui purgent, je ne connais per-
sonne.
Alors, j'ai préféré retourner chez Ber--.
ger et je lui ai dit : « C'est pas tout ça f
Je veux connaître Le Chevalier d'Eoni *
Sans trop se faire prier, le bon maestrt
s'est mis au piano, et, avec sa verve de
tzigane viennois, il m'a fait entendre une
suite de valses, de mélodies, de mazurka
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